Il y a quelque chose qui embête un peu Felix, qui le perturbe depuis maintenant quelques semaines. Au début il pensait que ce n'était rien, après tout il ne s'est jamais vanté de vivre la meilleure des amitiés avec Millicent, ou même d'appeler ça amitié tout court, à dire vrai, mais au bout d'un mois sans nouvelles, il commence à se dire que c'est n'importe quoi. Il a peut-être fait quelque chose qu'il ne fallait pas ? Il n'en a aucune idée, il préfère en avoir le coeur net et se rendre sur place, même si c'est au milieu de la nuit et que ça va peut-être la déranger. Felix agit par moment sur des coups de têtes, ça ne fait aucun doute, et il ne s'attend pas à avoir un accueil des plus chaleureux mais il est prêt à tenter le tout pour le tout. Quitte à ce que son ancienne camarade des verts et argents lui claque la porte au nez, il veut aussi s'assurer que rien ne lui est arrivé, le 'on ne sait jamais' plus que présent par ces temps.

Par chance, Felix se trouve dans son appartement dans le Londres sorcier et il ne lui faut pas longtemps pour regagner le Chemin de Traverse, longer les boutiques et arriver devant celle de Millicent. Son appartement, juste au-dessus de la boutique, laisse filtrer de la lumière à travers l'une des pièces qu'il sait être le salon et il ne se fait pas prier pour monter par les escaliers sur le côté de la boutique et venir frapper à la porte. Une fois, deux fois, puis une troisième fois, dans une impatience palpable. Il entend finalement des pas de l'autre côté et, quelques secondes plus tard, la porte s'ouvre, laisse apparaître le visage de Millicent qui a l'air de bien se demander qui vient l'emmerder en pleine nuit.

Sur le visage de Felix, l'ombre d'un sourire apparaît, prêt à la saluer, mais tout s'arrête un petit peu quand son regard tombe sur le triangle qui barre la joue de Millicent. Un triangle qui n'est certes pas des plus vibrants mais quand même impossible à dissimuler, un triangle qui souligne la nouvelle lubie du Lord, un triangle qui marque au fer les hybrides comme des bêtes. "Millie..." il commence avant de détourner le regard pour le planter dans ses yeux, il se demande pendant une seconde si les paroles qu'il va sortir vont être cohérentes, s'il ne va pas gaffer en parlant de cette marque. Cette marque qui met un peu à jour leur secret. "Je venais juste m'assurer que tu n'étais pas morte," il lâche finalement, une pointe de reproche dans la voix, comme pour souligner le fait qu'elle n'a pas donné signe de vie depuis tout ce temps.

Pendant une seconde, Felix se demande pas si Millicent va juste lui claquer la porte au nez, ou son poing à la figure, au choix. Mais il sent le plan foireux d'un coup et peut-être qu'il aurait dû s'annoncer avant. Surtout lorsque son regard s'attarde sur la marque et qu'il se rappelle de ça, il avait oublié que les hybrides étaient à présent marqués, mais voir ça lui rappelle grandement. C'est juste que cette marque maintenant fragilise tout entre eux, il ne veut pas la voir fuir, la voir se renfermer sur elle-même et le virer de sa vie. Ce n'est pas le but, non. "T'en fais pas, je suis tenace dans mon genre," qu'elle lui répond finalement et ça, l'ancien Serpentard n'en doute pas, il se rappelle l'avoir vu à l'oeuvre bien trop souvent pour oser penser une seule seconde qu'elle ne l'est pas. Et, alors qu'il s'apprête à lui répondre, elle relance. "Qu'est-ce que tu fais là felix ? tu n'as pas d'interview à donner ?" et ça fait encore plus mal avec le ton de sa voix, avec cette amertume qu'elle lui jette au visage. Comme de l'acide.

Il inspire, lentement, serre sa mâchoire, les réactions s'accumulent face à l'article ça ne fait aucun doute, mais celle-ci il ne s'y attendait pas. Peut-être parce qu'il n'a jamais vu Millicent comme le monstre que tout le monde voit, peut-être parce qu'il était là quand elle avait besoin d'aide, pour la construction de sa boutique et de cet appartement, qu'il était là pour elle à Poudlard quand elle se mettait dans des emmerdes pas possibles et qu'il utilisait son rôle de préfet un peu comme bon lui semblait. "Je vois que tu as lu l'article," il répond, peut-être un peu froidement, pris à défaut. "C'est pour ça que tu m'évites ?" Felix finit par demander en dardant son regard sur elle, ses sourcils un peu froncés, il a ses excuses au bord des lèvres, mais ça serait admettre qu'il la range dans le lot des monstres et compagnie. Quelque chose qu'il n'accepte pas. Et pourtant il la comprend, il comprend Chester aussi, blessé par les propos tenus. "Tu pensais que j'allais leur dire quoi au Daily Prophet ? Faisons entrer les sang-de-bourbes dans le village et puis pourquoi pas y mettre quelques appareils moldus ?" Le Rowle demande finalement, un sourcil haussé dans la direction de la brune, essayant de lui faire comprendre qu'il n'avait pas réellement le choix.

“Je ne t'évite pas,” balance-t-elle en pleine figure de Felix, un gros mensonge comme on les aime bien, et il ne peut s’empêcher de la regarder en haussant ses sourcils, incapable de dissimuler sa surprise. Est-ce-qu’elle pense qu’il va la croire ? Ca serait limite drôle si ça ne l’énervait pas autant, en fait. Et le Rowle serre un peu ses dents avant de secouer la tête. “Tu me prends pour un idiot, maintenant ?” Il rajoute en haussant ses épaules. “Ca fait quasiment plus d’un mois que je n’entends plus parler de toi, je sais que toi et moi on est pas les meilleurs amis du monde mais quand même, je pensais que tu répondrais au moins à mes hiboux.” C’est vrai qu’il n’avait pas eu de retour sur les différentes invitations proposées à la jeune femme, comme celle d’aller boire un verre, ou peu importe, du moment qu’il avait l’occasion de passer un peu de temps avec Millicent - comme ils avaient l’habitude de faire avant qu’elle ne passe aux abonnés absents, en somme.
Et puis finalement il comprend, aussi bien dans le sens où la lumière se fait et dans le sens où il est en accord avec les sentiments de Millie: elle a lu le Daily Prophet. Là où il rabâche cette pureté de sang, ce village sorciers conçus pour les sorciers, apparemment un affront de plus pour l’une des personnes de son cercle. “T’as raison Felix, t'avais pas l'choix…” Mais en l’entendant commencer comme ça, Felix est quasiment sûr que Millicent ne part pas dans son sens, qu’elle est plutôt en train de lui reprocher tout ça. Et évidemment ça ne manque pas, la brune tourne sa joue et la marque triangulaire sur son visage apparaît brutalement sous le regard du sang-pur. “Ca tombe bien, je pense que la personne qui m'a tatoué ça a dû se dire la même chose.” Sa mâchoire se serre légèrement sous les mots, ce n’est pas ce qu’il pense, loin de là, et il est même sûr que la personne qui a tatoué ça devait justement prendre son pied, mais passons. Le Rowle finit par lever son regard vers Millicent et baisse un peu ses épaules, fatigué de devoir se battre contre tout ça. “Tu sais très bien ce que je voulais dire par ne pas avoir le choix, je ne suis pas assez dingue pour aller contre ce que pense le Lord dans une interview pour le Daily Prophet.”
Il se retient d’ajouter la fameuse question: qu’est-ce-que tu aurais fais toi? Il est sûr qu’à ce moment là, Millie l’aurait frappé. La question tombe finalement des lèvres de la Bulstrode, lentement, comme si ça lui coûtait un certain effort. “T'as besoin de quoi Felix ?” Sans réfléchir plus longtemps, le sorcier s’avance d’un pas et la regarde. “De boire un verre. Avec toi.” C’est aussi simple que ça mais Felix ne veut pas perdre cette amitié, ne veut pas laisser cette marque venir gâcher ce truc déjà fragile entre eux.

Felix ne comprend pas le revirement de situation, la distance que Millicent s’applique à mettre entre eux, comme s’ils n’avaient jamais partagés de moments ensemble au sein de Poudlard, comme s’ils n’avaient jamais communiqué en langage des signes au milieu de Serpentard dans leur salle commune pour partager quelques sentiments personnels. Alors lorsqu’elle lui demande ce qu’il fiche ici, il n’hésite pas à lui répondre qu’il est là pour la voir, pour boire un verre avec elle, comme des vieilles habitudes. “Et c'est tout ? Boire un verre et faire comme si tout allait bien entre nous ?” L’ancien Serpentard fronce ses sourcils sous les mots de la Bulstrode, se demandant même si à ce stade le terme d’amitié est toujours d’actualité ou non. Pour elle c’est comme si le “nous” avait disparu et il ne peut s’empêcher de serrer un peu des dents, crispant sa mâchoire en imaginant ce qui a été perdu.
“Tu ne crois pas qu'il est temps d'arrêter cette comédie et d'se dire au revoir ?” Loin de faire dans la violence, Felix se retrouve à ne plus bouger, ses sourcils simplement froncés alors qu’il accepte les mots de la brune, qu’il les ingère lentement, qu’il se face une raison. “Donc c’est ça que tu penses?”, il demande finalement en plantant son regard dans le sien, d’habitude il est plus doué avec les mots, son venin fait souvent mouche, mais pour le coup il ne sait même pas quoi dire. Il n’a pas envie de la blesser, il n’a pas envie de mettre fin à cette “relation” aussi étrange qu’elle peut-être pour le commun des mortels, pour eux.

Et ses yeux reviennent sur la marque sur la joue de Millicent. Il la pointe d’un vague signe du menton, ses sourcils froncés. “C’est ça le problème ? Le fait que maintenant ça soit visible, que ce ne soit plus une espèce de secret qu’on garde ? Mais bordel, Millie, j’en ai rien à faire que ton sang sois mêlé. Tu crois que je serais venu te donner un coup de main pour la boutique et l’appartement si ça avait été le cas ?” Finalement, du moment où il ouvre la bouche, les mots semblent sortir tout seul sans qu’il ne puisse les arrêter. Ce qui n’est pas choquant, finalement, quand on le connaît on sait qu’on a du mal à le stopper Felix, avec sa pointe de vérité qui perce toujours. “Pour moi tout va bien, c’est pour toi que ça ne va pas, c’est toi qui n’a pas répondu à mes mails, c’est toi qui pense que j’en ai quelque chose à faire que ton sang ne soit pas pur, c’est toi qui pense que mes paroles sont vraies dans cet article.” Felix a tellement à protéger, il ne peut pas se permettre ça aussi facilement, il n’a pas envie de tout ruiner maintenant en défendant des idées douteuses dans le Daily Prophet.