Son statut de sang-pur et partisan de Voldemort lui permet de se promener un peu où bon lui semble et Felix s'en félicite assez, notamment lorsqu'il se glisse dans le monde moldu pour arpenter la rue qui mène à l'appartement de Chester. Une rue qui l'a déjà vu défiler à plusieurs reprises, parfois sous polynectar, parfois pas. Mais personne ne lui prête grande attention dans ce monde là, ici il n'est pas Rowle et la guerre ne semble pas faire rage malgré les différents événements qui secouent leur monde, sans se douter une seule seconde que des sorciers sont derrière tout ça. Felix grimace lorsqu'il enfonce ses mains dans les poches de son manteau, reliques d'habits moldus qu'il cache avec soin dans son appartement sorcier, lui-même plutôt secret aux yeux de ses parents, et se demande si ce ne serait pas plus simple si Chester venait habiter dans le monde sorcier. Pourquoi pas même dans son appartement, il n'y est que très peu au final, les soupçons ne risquent pas d'être nombreux. Mais le Rowle pense alors à sa voisine, Malia, au passage secret qui relie leurs appartements, au cas-où, ils se sont dit. Ca risquerait d'être délicat, ça. Felix ne peut pas se permettre de mettre autant de personnes en danger, surtout lorsqu'il tient à elles à ce point. Il joue un jeu dangereux avec cette relation et sa position actuelle mais il se sait assez intelligent pour ne pas tout foutre en l'air non plus, n'est-ce pas ?

D'un simple mouvement de tête, Felix envoie plus loin ses idées et monte les quelques marches qui le mènent jusqu'à l'appartement de Chester. Il ne frappe pas, utilise simplement le double des clefs qu'il lui a fourni, et entre avant de regarder un peu autour de lui. Par réflexe, sa baguette est dans sa main et il s'assure que tout va bien, un rituel qu'il s'impose à chaque fois qu'il entre dans l'appartement, pour être sûr que rien n'est arrivé à l'ancien Serdaigle. C'est stupide mais il se sent rassuré comme ça, tout comme les différents sortilèges qu'il jette ensuite sur la porte derrière lui. Un autre 'au cas-où' avec lesquels Felix a appris à vivre maintenant. "Chester ?" Il demande finalement, dans l'appartement, avant de s'accroupir pour voir le chat du sang-mêlé venir l'accueillir, comme à chaque fois. Si le matou est là, c'est que tout va bien. C'est ce que Felix se dit à chaque fois. Il finit par grattouiller le dessus du crâne de l'animal avant de se redresser et de s'étirer légèrement, son regard balayant l'appartement mais toujours aucune trace de Chester. Il doit certainement être dans la salle de bain ou dans sa chambre. Le Rowle s'avance encore un peu et remarque un gâteau d'anniversaire posé sur la table, avec ce simple coup d'oeil il se rappelle que ni l'un ni l'autre n'a réellement fêté leurs anniversaires et que ça devait être un gâteau pour marquer le coup.

Un sourire étire les lèvres de Felix alors qu'il vient plonger son doigt dans la crème pour le passer sur sa langue, pile au moment où il entend les pas de Chester annoncer son arrivée dans la pièce. Sans plus attendre, et prenant l'air le plus angélique possible, le Rowle se tourne vers lui. "Tu penses à tout." Il fait remarquer dans un début de sourire mais se fige un peu en voyant le drôle d'air qu'affiche Chester, il a l'air de quelqu'un sur le point de frapper sur quelqu'un et la personne la plus proche actuellement se révèle être Felix. "Chester, est-ce que ça v-" Mais il s'interrompt, son regard tombant alors sur les mains de l'ancien Serdaigle et du papier chiffonné entre ses doigts. Il ne faut pas longtemps au brun pour comprendre de quoi il retourne, il s'agit de la Gazette et ce que Chester devait être en train de lire et qui le mettait dans cet état, c'était sûrement l'interview du Rowle. "Ecoute", ce dernier commence en fronçant un peu ses sourcils, "je sais ce que tu penses de ce village, je sais ce que tu penses de tout ça mais c'est mon travail." La voix de Felix est un peu tendue, oui, c'est son travail, il porte le nom des Rowle et tout ce qui va avec, il a quelque chose de lourd et d'important à préserver et ce genre d'article en est la preuve. Il ne peut pas se permettre de tout envoyer en l'air avec le climat actuel.

Ses yeux défilaient rapidement sur le papier journal. Cinq fois. Il avait passé cinq fois malgré lui à relire le portrait dressé dans le journal sorcier, et sa réaction première restait pourtant la même. Un mélange d’incompréhension, de tristesse et de rage. Ce n’était pas le Felix qu’il connaissait, pas celui avec qui il partageait secrètement sa vie depuis maintenant tant d’années. Ce n’était pas tellement cette fierté quant à la participation des Rowle à la construction de Potter’s End qui le dérangeait, ça encore il pouvait le comprendre un minimum même si les mots que l’ancien vert et argent avaient utilisés n’auraient pas été ceux qu’il aurait lui-même choisis. Non, c’était cette vive sacralisation de la pureté du sang à chacune occasion qui lui était donnée qui le blessait. “Les Rowle ont toujours été et resteront toujours purs”; “ce nom n’a jamais été un fardeau”. Il avait cette impression de se retrouver face à l’interview d’un autre, Chester, d’un partisan du Lord de grande ampleur. Et les mots qu’il avait sous les yeux, même au bout de la cinquième fois, avaient presque un arrière-goût d’amère plaisanterie. C’était ceux du père Rowle qu’il lisait, c’était une apologie à l’empire familial délivrée que pour la fierté du paternel. Et ça finissait par doucement le ronger, Chester, par lui faire comprendre de nouveau que sa relation avec Felix n’aurait jamais rien d’officiel, qu’il y aurait toujours des artifices pour venir la dissimuler. Un rappel doucereux, désagréable, âcre qui se retrouvait balancé publiquement sous les yeux de toute la communauté sorcière. Et savait bien dans quoi il s’était engouffré et qu’il n’avait pas d’autre choix que de rentrer dans ce jeu-là. Néanmoins ça ne l’empêchait pas d’être blessé et de se sentir complètement stupide, d’autant plus lorsque l’article se concluait sur une énième annonce des futures fiançailles de l’ancien serpentard avec la Macmillan. Stupide. Il savait pourtant bien qu’il pensait trop, qu’il se faisait du mal en voulant croire que Felix allait finir par lui échapper ; mais la peur de progressivement le perdre avait un goût beaucoup trop rationnel à ses yeux. Ce n’était pas comme s’il tentait de l’oublier, de se rassurer quotidiennement par sa présence auprès de lui, d’étouffer les doutes derrière les gorgées de polynectar prises simplement pour entretenir leur liberté. Stupide. C’était comme si le mot avait fini par prendre possession de chacune de ses pensées, de ses gestes. Il avait même eu l’audace de tout venir remettre en cause, de se demander s’il valait la peine d’être avec Felix. Stupide.

L’écho de la voix du Rowle avait fini par l’arrêter dans son début de relecture pour la sixième fois de la journée. Comme pour être sûr, comme pour se persuader que chaque mot avait été délivré pour une bonne raison ; une raison qu’il n’était même plus sûr de comprendre. Et le condamner d’avance, repenser seul à ce que l’interview pouvait bien vouloir signifier, il comprenait bien que c’était complètement inutile. Le brun s’était donc décidé à sortir de la chambre sans grande idée de comment attaquer le sujet. À tel point qu’il en avait presque oublié ce qu’il avait passé la journée à faire avant la réception du journal par le hibou qui lui livrait le Daily Prophet. Le gâteau d’anniversaire pour marquer leur vingt-cinq ans respectifs. L’occasion paraissait bien mal choisie désormais. La vue du sang-pur était pourtant presque candide, innocente. Ça lui brisait le cœur, une fois de plus. Le mutisme de l’ancien serdaigle avait toutefois fini par le trahir autant que la violence de son emprise sur le journal. « Ton travail. » Il répétait les mots de Felix avait un calme dont il ne s’était même pas cru capable, sans même aucun ton accusateur. Oui, il n’avait jamais approuvé dans son intégralité le projet d’un village entièrement sorcier pour la gloire des sorciers ; mais ce n’était pas le problème. Felix était doué et il méritait que son travail soit mis en avant, c’était juste le contexte et cette glorification de son sang qui lui restait en travers de la gorge. « Tu penses vraiment tout ce que t’as dit là-dedans ? » qu’il finit par réussir à formuler, toujours sur le même ton. Il prenait sur lui pour ne pas se jeter sur les premiers mots qu’il pourrait finir par regretter et ça lui en demandait énormément. « C’était comme lire une attaque directe à ma personne...parmi d’autres. » Peut-être qu’il en faisait trop, qu’il était même un brin narcissique en ne pensant qu’à lui alors qu’il n’était pas le plus mal loti. Seulement il ne pouvait plus s’en empêcher, il cherchait qu’une manière de se rassurer.

Le regard du Rowle se pose sur Chester et il comprend rapidement que quelque chose ne va pas, notamment lorsque son regard se pose sur le Daily Prophet. Felix ne dit rien, pas tout de suite, et remonte son regard pour analyser le visage de l'ancien Serdaigle, il ne lui faut pas longtemps pour comprendre que rien là-dedans ne lui plaît. Il s'en doutait mais devoir l'affronter d'un coup comme ça, aussi violemment, ça a le don de le dépasser un peu. "Ton travail." Les mots de Chester font écho aux siens mais, étrangement, c'est plus le ton posé de sa voix qui inquiète Felix, il se doute bien de la colère qui doit grandir en lui et qu'il essaye de maîtriser du mieux qu'il peut. Ca fait des années maintenant qu'il le connaît, qu'il sait. "Tu penses vraiment tout ce que t’as dit là-dedans ?" Il l'entend rajouter et Felix peut voir le Daily Prophet trembler dans ses mains, trahissant sans doute ce que Chester essaye de dissimuler, à commencer par le ton de sa voix, bien trop calme. L'ancien Serpentard se doutait que ça allait arriver, réellement, il ne s'attendait juste pas à la suite, aux paroles prononcées par le sorcier. "C’était comme lire une attaque directe à ma personne...parmi d’autres." Un reniflement moqueur accompagne aussitôt ses paroles, impossible pour Felix de le retenir, et il se met à rouler des yeux en détournant ensuite le regard pour le poser sur la fenêtre de l'appartement. "Directe à ta personne, je n'ai pas fait une dédicace à un certain Chester Woolridge que je sache, ou je me trompe ?" rajoute-t-il, un sourcil arqué dans sa direction à présent. L'entendre dire qu'il s'agisse d'une attaque personnelle a le don de le mettre hors de lui, notamment parce qu'il ne pense pas une seule seconde que Chester n'a pas sa place au sein du monde sorcier, mais aussi parce que c'est trop facile de l'attaquer comme ça.

Le sang-pur se met alors à fouiller dans les poches de son manteau moldu pour en tirer des cigarettes -provenant du même monde- et finit par en allumer une en venant se placer sur le petit balcon qui donne sur la cour. Il inspire lentement, expire, et revient dans l'encadrement de la porte en pointant un doigt accusateur dans la direction de Chester, la fumée de sa cigarette s'élevant entre eux. "J'aimerais bien t'y voir à ma place, je te rappelle que j'ai bossé sur un projet qui glorifie les sorciers, qui met en avant l'élite, bien sûr que j'allais en parler de cette façon dans mon interview." Les mots pré-mâchés de Roland Rowle, qu'il a trop souvent entendu et qu'on a forcé dans son crâne, une suprématie du sang dans laquelle il berce depuis toujours. La cigarette vient retrouver ses lèvres et il tire dessus en fermant ses yeux pour se concentrer un peu sur la fumée qui passe dans ses poumons alors qu'il se détourne pour aller s'appuyer contre la barrière du balcon. Il ne reste pas loin de la porte, à proximité pour pouvoir continuer à parler avec Chester, même si ce n'est pas forcément nécessaire puisque ce dernier s'est rapproché à présent. "Il y a certaines choses que je pense, oui," reprend-t-il alors, le ton plus bas cette fois-ci, son regard fixé sur un point invisible sur le sol du balcon, avant de le remonter lentement vers Chester. "Comme le fait que c'est important que le village sorcier soit créée par des sorciers, les moldus ont beau faire des choses, ils ne les feront pas aussi bien que nous lorsqu'il est question de de notre confort." Felix annonce alors en venant cendrer sa cigarette avant de faire un pas vers l'ancien Serdaigle et de planter son regard dans le sien. "Je te rappelle que tout ce que j'ai dit là-dedans, je le fais pour toi. Je pense pas que ce soit extrêmement bien vu qu'au milieu de l'interview je me mette à crier que les nés-moldus et les sang-mêlés aient accès au village eux aussi et que le Lord devrait sans doute revoir quelques lois pour que je puisse vivre ma vie comme bon le semble. Je dis ce qu'on veut m'entendre dire." Felix rajoute, tire une nouvelle fois sur sa cigarette avant de venir l'écraser dans le cendrier.

Les tremblements de sa main, l’emprise de sa paume sur le papier journal. Ce n’étaient plus que des gestes qui le trahissaient sans qu’il ne tente de le cacher plus longtemps, Chester ; c’était une représentation parfaite du genre de situation qu’il méprisait sans qu’il n’ait d’autre choix que celui de la laisser se matérialiser sans fioriture. Laisser parler ses émotions, dévoiler une vulnérabilité que peu lui connaissait, se faire entendre au risque de rentrer dans un jeu de confrontation où il serait bien incapable de partager son point de vue sans que ça ne vienne se faire comprendre maladroitement. Il était en plein dedans. Lui qui avait habituellement le talent de faire taire ses opinions politiques en public, celui de jouer avec les mots sans rien laisser dévoiler de compromettant, semblait entièrement démuni face à l’ancien vert et argent. Car devant Felix, il n’y avait aucuns faux semblants, aucunes autres précautions prises. Il n’y avait que des réactions brutes, une vérité parfois amère. Rien que le Rowle ne savait pas déjà depuis le temps, rien qu’il ne puisse pas anticiper en le voyant aussi tendu. Pourtant ce fut un calme étrange, presque distant, qui s’échappa des premières paroles de l’ancien serdaigle. Comme pour vérifier qu’il était capable de se contrôler encore un peu avant de délivrer son ressenti. « Directe à ta personne, je n'ai pas fait une dédicace à un certain Chester Woolridge que je sache, ou je me trompe ? »  Un rire rien de sincère et plutôt nerveux se fit entendre face aux paroles de Felix. Aucune dédicace à sa personne, bien sûr. Pas directement peut-être, mais il n’avait pas eu besoin de le faire pour que le brun se sente compris dans ses mots. « Tu sais très bien ce que je veux dire, Felix, pas de besoin de prendre mes mots aussi littéralement. », qu’il réussit à formuler dans l’immédiat avec une certaine froideur. Il se doutait bien que ce n’était pas le cas, que le sang-pur était suffisamment sincère avec lui pour ne pas le mettre dans le même lot que les autres non-purs. Seulement l’interview laissait sérieusement penser le contraire et ne même pas avoir pu se préparer à sa lecture avait eu le même effet qu’un endoloris. Pourtant il n’en rajouta pas plus sur le moment, ne sachant pas quoi dire sans s’enfoncer davantage dans ses blessures. Il n’osait même plus le regarder en face sans avoir un millier de nouvelles pensées se bousculer dans sa tête, de pensées venant lui rappeler l’impossibilité de leur relation sur le long-terme sans continuer à la cacher. Et peut-être qu’il en demandait trop après tout, qu’il était trop pointilleux et qu’il laissait les mots l’atteindre trop facilement ; mais il n’arrivait pas à faire autrement, il avait besoin d’être rassuré, de se sentir encore en phase avec lui sans devoir passer par les mots du père Rowle avant de le retrouver lui.

Il finit par prendre un pas en arrière avant de rouvrir les yeux – qu’il avait réussis à fermer le temps de quelques secondes – pour découvrir le Rowle en train de chercher ses cigarettes moldues. Une preuve qu’un monde entièrement sorcier n’était pas si bien que ça que Chester n’osa pas venir souligner. Pas tout de suite. « J'aimerais bien t'y voir à ma place, je te rappelle que j'ai bossé sur un projet qui glorifie les sorciers, qui met en avant l'élite, bien sûr que j'allais en parler de cette façon dans mon interview.» entendit-il dire Felix. Oui, il avait mis son talent au service d’un nouveau projet qu’il devait vendre malgré lui. Et il n’y avait aucun intérêt à venir débattre sur le talent de Felix, ce n’était clairement pas le but. « Un projet qui glorifie les sangs-purs. » Une correction qui semblait avoir de l’importance, qui était peut-même au cœur du problème. Il ne rajouta pourtant rien d’autre pour mieux l’écouter se justifier sur son réel point de vue. Et pendant un temps, il réussit à ne pas l’interrompre, à l’écouter sans broncher en se contentant simplement de resserrer son emprise sur le pauvre papier qu’il tenait encore en main. « Pour moi ? », finit-il par laisser s’échapper de ses lèvres avec surprise. « Je ne t’ai jamais dit qu’il fallait leur livrer un discours scandant à la liberté des opprimés. » Non, il n’était pas complètement stupide pour lui dire de se mettre à prôner les valeurs de l’opposition, il ne fallait pas abuser. « J’ai juste l’impression d’avoir eu les mots de ton père sous les yeux. » Le vrai problème, sûrement. Il ne parlait pourtant jamais des valeurs des Rowle, c’était un sujet qu’il préférait ne pas aborder et le faire à l’instant sortait de ses habitudes de se mettre en retrait par rapport à tout ça. « J’ai juste peur que tu finisses par tourner le dos à tout ce qu’on a. » Pour vivre la parfaite vie qu’on attendait d’un sang-pur, pour mieux mépriser les hybrides et les sangs-mêlés,  pour mieux l’oublier lui. Une réalité qu’il n’arriva pas à exprimer. Il se sentait juste en trop dans sa vie et c’était encore tout ce que lui laissait l’interview.

Felix accueille le rire de Chester sans broncher, son regard simplement fixé sur lui et il se retient de rouler des yeux avant d’allumer sa cigarette pour venir tirer dessus, réprimant un soupir dans la foulée. “Tu sais très bien ce que je veux dire, Felix, pas de besoin de prendre mes mots aussi littéralement.” Et pour le coup, l’ancien Serpentard a envie de jouer au plus bête, sans doute parce qu’il ne s’attendait pas à une attaque aussi directe à peine arrivé, une attaque qui lui donne presque envie de transplaner directement dans Diagon Alley et laisser Chester ici. “Non je ne sais pas ce que tu veux dire, sois donc plus clair ?” lance-t-il en plantant son regard sur lui, un faux air de surprise sur son visage, il veut juste entendre les mots clairement prononcés dans la bouche de l’ancien Serdaigle, ce qu’il lui reproche exactement. Ils peuvent être deux à jouer à ce jeu, vraiment. La situation est déjà assez tendue et compliqué comme ça pour que Felix se refuse à donner une interview pour le Daily Prophet et, encore plus, à leur donner ce qu’ils veulent entendre. Il n’est pas fou, loin de là, et il ne va pas risquer sa vie, celle de Chester, leur relation et la réputation des Rowle pour dire que le village sorcier réservé à l’élite est une idée un peu trop fermé. Après tout, c’était bien sur la suprématie du sang que reposait leur dictature à présent, non ? Felix n’est pas stupide au point d’aller envers ça et si Chester ne peut pas - ou ne veut pas - comprendre ça, tant pis pour lui.

Lentement, Felix tire sur la cigarette moldue, encore une de ces conneries dont il ne peut se passer, il a clairement préféré la version non-magique de la chose, un peu perturbé par tous les effets que peuvent provoquer les cigarettes magiques et, pour du vrai tabac, c’était plus directement tourné vers la pipe. En somme, c’était n’importe quoi, et la cigarette moldue est bien plus pratique dans son genre. Dommage que le Lord ait imposé une restriction sur ces trucs là aussi. “Un projet qui glorifie les sangs-purs.” Felix entend alors Chester faire remarquer suite à son explication et il hausse très légèrement des épaules. “Pas que. Les sang-mêlés plutôt riches peuvent aussi se permettre de vivre dans le village,” souligne-t-il sans réellement élever plus que ça la voix, parce qu’il en a marre de défendre le sujet. Oui, les sang-purs et quelques rares sang-mêlés sont concernés par le projet mais, au cas où personne ne l’avait remarqué encore, c’était bien dans ce sens là qu’allait les choses aujourd’hui et les Rowle mettent bien une chose à l’honneur : de ne pas aller dans le sens contraire. Les affaires passent avant tout et le village en est la preuve, Roland n’a jamais été plus heureux que ces derniers jours.

“Pour moi ?” Cette fois-ci, l’ancien Serpentard tourne son regard vers Chester en sentant ce qui risque d’arriver et il ne peut s’empêcher de retenir un soupir cette fois-ci. “Je ne t’ai jamais dit qu’il fallait leur livrer un discours scandant à la liberté des opprimés.” “Pendant une seconde j’ai quand même pensé l’inverse, tu m’excuseras, à te sentir attaqué comme ça.” Felix répond presque aussitôt en sentant une pointe d’agacement percer dans sa voix. Ca le fatigue, clairement, et il ne pensait pas passer ce genre de soirée en arrivant dans l’appartement de Chester, il peut déjà sentir la migraine pointer le bout de son nez. “J’ai juste l’impression d’avoir eu les mots de ton père sous les yeux,” reprend alors l’ancien Serdaigle, s’aventurant dans une zone dans laquelle ni Felix ni lui ne va d’habitude. Parler des valeurs Rowle est délicat et Felix ne peut s’empêcher de hausser un sourcil dans la direction de Chester, l’air de lui demander s’il veut vraiment emprunter ce chemin là. Dans un raclement de gorge, la cigarette écrasée dans le cendrier, le sorcier finit par se redresser en décroisant ses bras et hausse des épaules en se rapprochant de Chester. “Ca sonne assez comme lui, oui.” Puisque c’est clairement ce qu’il voulait entendre de son fils. Finalement, Felix s’appuie contre l’encadrement du balcon pour pouvoir planter son regard dans celui de l’ancien Serdaigle.

“J’ai juste peur que tu finisses par tourner le dos à tout ce qu’on a.” Felix se retient de souligner que malheureusement, à l’heure actuelle, ils n’ont pas grand chose mise à part une relation cachée et des fiançailles prêtes à leur tomber sur le coin de la tête. A la place, il détourne un peu le regard pour observer le sol un instant, ses sourcils légèrement froncés en analysant tout ça. “J’ai juste une question pour toi,” commence-t-il finalement en redressant son regard vers lui ensuite. “Est-ce-que tu crois que tout ce que j’ai dis dans cet article, je le pense réellement ?” Si finalement le problème est là, il n’y a qu’un seul moyen de le régler et Felix appréhende un peu la suite.

Peut-être que Chester réagissait à l’article au quart de tour, qu’il s’énervait plus qu’il ne le devrait et sans avoir une véritable bonne raison à exposer à son principal intéressé. Du moins c’était ce qu’il arrivait à déceler du regard de Felix ; un regard froid, détaché, blasé, et qui refusait de comprendre ce qui se passait. C’était comme s’il lui imposait une scène à laquelle il ne serait jamais attendu à la publication de l’interview, comme s’il aurait été normal qu’il accepte de lire ses mots sans que ça ne lui provoque une quelconque réaction. Il s’estimait pourtant en droit de perdre patience à la lecture des mots de l’ancien vert et argent, Chester, et sa réaction lui paraissait presque normale, mesurée, polie. Il se sentait tout simplement indirectement attaqué par ce qui avait pu être confié aux journalistes de la Gazette des Sorciers pour les bienfaits de l’interview. Un village à la gloire des sang-purs et à l’image des Rowle qui reflétait leur fierté à appartenir à un monde selon les dictats du Lord. Tout n’était plus qu’une question de valeurs qui s’éloignaient de celles dans lesquelles les deux anciens préfets évoluaient depuis des années, des valeurs qui réduisaient Chester au statut de pauvre sang-mêlé bien loin d’être à la hauteur de Felix. “ Non je ne sais pas ce que tu veux dire, sois donc plus clair ? ”, l’entendit-il affirmer presque bêtement. Il connaissait cette méthode-là, Chester, la méthode de jouer au plus stupide pour lui arracher ce qu’il s’était jusque-là refuser de lui reprocher clairement. La réalisation lui arracha un nouveau rire moqueur qui ne délia pourtant pas sa langue. Il se savait incapable de parler au risque d’aller trop loin et de regretter ce qu’il lui répondrait.

Il s’était rapidement éloigné, refermant les yeux quelques instants pour effacer le visage de Felix et reprendre le contrôle de ses nerfs tranquillement. De simples secondes qui lui permirent ensuite de se replacer de nouveau devant le Rowle sans perdre ses objectifs de vue. Et tandis qu’il regroupait ses mots, il le regardait tirer sur sa cigarette avec calme. Une autre habitude refusée par le Seigneur des Ténèbres et qui faisait partie de leur quotidien sans que ça ne semble déranger personne ; une interdiction qui ne semblait pas beaucoup inquiéter le sang-pur compte tenu de son peu d’importance comparé aux autres lois qu’ils transgressaient dans le plus grand des secrets depuis des années. Puis les mots sur le projet s’étaient glissés au milieu de la fumée de cigarette relâchée, un projet que Chester avait bien vite qualifié de glorification de la pureté du sang comme l’ambiance de la politique actuelle aimait le rappeler. “ Pas que. Les sang-mêlés plutôt riches peuvent aussi se permettre de vivre dans le village, ”, se permit de rectifier Felix. «  Des sang-mêlés riches qui compteront peut-être à peine 5% de la population totale. » Il balançait des chiffres au hasard tout simplement pour lui faire comprendre que ces personnes-là resteront toujours une minorité, certes encore acceptée, mais presque par résignation et par dépit. Et Felix pouvait le justifiait comme il le voulait, mais Chester ferait toujours partie de cette catégorie-là. Sa famille s’était peut-être enrichie depuis la montée du Lord, elle avait peut-être des privilèges que d’autres n’auraient plus jamais, mais elle resterait toujours en dessous des sang-purs. Et ça ne le dérangeait pas toujours, la politique le dépassait la plupart du temps. Seulement dans les mots de Felix, tout semblait prendre une nouvelle proportion.

Il se recula de nouveau de quelques centimètres, passa sa main dans ses cheveux pour éloigner les quelques mèches venus se déposer devant ses yeux, avant de replanter son regard dans celui de l’ancien Serpentard. «  Pendant une seconde j’ai quand même pensé l’inverse, tu m’excuseras, à te sentir attaqué comme ça. ”  «  T’aurais voulu que je réagisse comment Felix ? Eclaire-moi un peu, je ne sais pas si t’as remarqué mais je ne fais partie des heureux chanceux à qui s’adresse le projet. » Il répondait sur le même ton que lui, avec peut-être moins d’agacement et plus de maîtrise dans la voix. Puis le sujet de Roland Rowle s’était échappé de ses lèvres sans qu’il n’ait le temps de véritablement se rendre compte de ce qu’il était en train de faire. Parler du climat de suprématie puriste, de la fierté de sa famille à aller dans le sens de Voldemort. Et en entendant Felix aller dans son sens, il se dit qu’il avait peut-être fini par voir ce qu’il essayait de lui dire depuis qu’il était arrivé dans son appartement. Le silence qui suivit l’affirmation du brun vint pourtant les laisser un moment à simplement se regarder dans les yeux. Un moment de répit avant que Chester finisse enfin par lui avouer ce qui le dérangeait le plus au final. Tout perdre, s’éloigner de lui et de leur monde de vie clairement en désaccord avec les régulations du Lord et pour lequel ils risquaient tous les deux un séjour à Azkaban s’ils se faisaient prendre – Chester, plus que Felix probablement. “Est-ce-que tu crois que tout ce que j’ai dis dans cet article, je le pense réellement ?” , finit-il par lui demander plus posément. La question se posait, était même au cœur du problème. Pourtant Chester resta dans un mutisme soudain le temps de trouver ses mots. Il ne savait plus ce qu’il devait croire, comment être rassuré. D’ordinaire, il n’aurait pas hésité une seule seconde à lui répondre qu’il lui faisait entièrement confiance. Et c’était encore le cas d’ailleurs. Seulement ses fiançailles, le climat politique, l’article. Ça commençait sévèrement à le peser et à remettre en doute sa présence auprès de lui. «  Je te fais confiance. Je- » Il s’arrêta aussitôt en déposant enfin le journal de ses mains, ne sachant pas réellement ce qui allait suivre et comment l’exprimer. «  C’est juste…une raison de plus pour me remettre en cause dans tout ça je suppose.  » Il ne savait pas vraiment si c’était clair, si Felix comprendrait réellement où il voulait en venir. Et cette vulnérabilité qui pendait sous leur nez était insupportable. « J’ai passé la journée sur ce gâteau d’anniversaire sinon, ce serait dommage de ne pas le manger.  » Un changement radical de sujet, comme pour tenter de ne passer à autre chose et d’anesthésier les sentiments de Chester.

Le moment de petit bonheur qu’avait ressenti Felix en voyant le gâteau s’est à présent totalement envolé, le laissant simplement avec un goût amer et un air chargé de reproche entre Chester et lui, tout ça à cause de cet article. Il ne sait même pas pourquoi il défend avec tant d’ardeur le projet ou même l’interview qu’il a donné, après tout ce n’était pas un réel reflet de ses propres pensées mais plutôt celles idéalisées de son père. Avoir un enfant Rowle aussi bien implanté dans l’actualité du monde magique était juste parfait pour les affaires de la famille.
“Des sang-mêlés riches qui compteront peut-être à peine 5% de la population totale,” lâche finalement Chester à ses côtés, une fois le sujet lancé et les quelques piques entre eux parfaitement installées. Un pourcentage que Felix n’est pas en mesure de rectifier, évidemment, même si l’envie est bien trop grande, juste pour pouvoir tenir ce jeu stupide, et il se mord le bout de la langue pour ne pas surenchérir. En venant ici, ce n’était clairement pas dans ses intentions de se disputer avec Chester, avec la personne qui comptait certainement le plus pour lui. C’est donc avec un certain effort qu’il ravale ses mots, l’amertume, et qu’il détourne le regard pour se concentrer plutôt sur sa cigarette.
Une fatigue semble s’installer brutalement en lui et l’envie de partir le gagne, retrouver son appartement dans le Londres sorcier et ne pas en déloger avant un bon petit bout de temps. Cette envie semble être soudainement plus importante que tout et il hésite presque à transplanner là tout de suite, regagner le Chaudron Baveur, le Chemin de Traverse, et son petit cocon. Pourtant, Felix sait qu’il ne le fera pas, tout ça parce qu’il voit bien que Chester est dépassé par la situation, même s’il ne semble pas comprendre le pourquoi du comment dans l’instant. L’ancien Serpentard sent bien qu’il y a quelque chose en-dessous et il ne compte pas non plus laisser toutes ces pensées tourner dans la tête de son petit ami.

Et effectivement, la confusion semble prendre forme lorsque Chester reprend la parole. “T’aurais voulu que je réagisse comment Felix ? Eclaire-moi un peu, je ne sais pas si t’as remarqué mais je ne fais partie des heureux chanceux à qui s’adresse le projet.” Les yeux du Rowle se darde rapidement sur lui et il secoue légèrement sa tête, presque trop fatigué de voir le projet en question prendre autant d’importance alors qu’il ne devrait pas. “Faire comme d’habitude ? Ta vie ne s’arrête pas là, que je sache, c’est pas parce qu’il y a un village sorciers qui vient d’ouvrir que maintenant il faut voir sa vie en catastrophe ? On va quand même pas pousser Merlin dans le ravin.” Les mots s’échappent rapidement de sa bouche alors qu’il se rapproche de l’encadrement du balcon, haussant simplement des épaules sous le regard de l’ancien Serdaigle. “Il a demandé à ce que toutes les familles quittent leurs domiciles pour venir dans le village, tu penses bien qu’il y a déjà un manoir adressé aux Rowle là-bas et un atelier d’architecture. Ce n’est pas pour autant que je déménage de mon appartement à Londres.” Parce qu’il est hors de question qu’il le fasse, il aura toujours ses appartements dans le manoir Rowle, son travail, mais aussi son appartement.
Finalement, accoudé contre l'embrasure, Felix observe Chester, mettant très loin dans son esprit les remarques sur son père qui n’a clairement pas lieu d’être dans cette discussion, et il observe simplement l’homme face à lui. Il attend un peu, se demandant si finalement il n’y aurait pas autre chose, un détail que Chester ne semble pas vouloir partager avec lui, certaines inquiétudes, et Felix a un don pour mettre le doigt dessus.

Il lui demande s’il pense que Felix affirme chaque mot de cet interview, qu’il y croit et y porte un quelconque intérêt, puisque c’est la question la plus importante. Le silence qui s’installe ensuite conforte assez le sang-pur dans ses pensées et sa mâchoire se serre légèrement, refoulant une énième envie de laisser parler le serpent en lui. Finalement, il en vient à la conclusion que ce n’est pas à lui de reprendre la suite, que c’est à Chester de s’expliquer s’il ne veut pas le voir transplanner subitement. “Je te fais confiance. Je-” Les mots restent suspendus entre eux, le temps semble même s’arrêter, rester un peu fragile, presque irréel alors que Felix réalise qu’il ne lui fait pas réellement confiance malgré ce qu’il affirme. “C’est juste…une raison de plus pour me remettre en cause dans tout ça je suppose.” Mais la suite apaise un peu Felix qui fronce simplement des sourcils, essayant de comprendre en quoi il serait en cause, à quel moment, il n’a pas réellement les moyens de dégager son esprit et de voir ce qui pourrait compromettre Chester. A ses yeux, il n’y a rien.
“J’ai passé la journée sur ce gâteau d’anniversaire sinon, ce serait dommage de ne pas le manger.” La discussion semble alors changer radicalement et Felix fronce un peu ses sourcils, se disant que Chester ne veut certainement plus continuer sur cette pente pour le moment et il hoche de la tête. “Effectivement, surtout qu’il avait l’air bon.” Il fait remarquer dans un souffle et hausse des épaules en se décollant finalement de l’embrasure pour se rapprocher de Chester, faisant glisser ses doigts sur sa nuque et dans ses cheveux. “On verra ça plus tard.” Pour le reste, pour cette histoire de remise en cause, pour le projet, le Daily Prophet, tout. Et il attire un peu son visage au sien pour venir poser ses lèvres contre les siennes, l’embrassant avec plus de douceur que l’atmosphère avait laissé entre eux, et s’éloigne ensuite pour revenir près du gâteau.
D’un coup de baguette, il fait venir à lui assiettes et attrape le couteau entre ses doigts avant qu’il ne touche la table, se mettant déjà à couper deux parts dans ce gâteau qui fête leurs deux anniversaires. Un mauvais timming sans doute, sans l’article ils auraient déjà fini le gâteau.