In the heart of the city I'm alone and forgotten. It's where time has no meaning, where broken dreams go when they die and I'm trapped here inside ☽☽
Quelque part en 2008 Ça doit bien faire des heures que Marlowe tourne en rond, d’abord dans la salle commune puis dans le garde-robe qui leur fait office de chambre, à Bairagi et elle - des heures à faire semblant d’être occupée, à prétendre que dans quelques minutes seulement Félix franchira la porte (ou lui enverra une beuglante rigolote) pour lui dire de se bouger le cul parce qu’ils ont des nés-moldus à
chasser ramener sous le giron du bienveillant gouvernement. Ça marche pendant un moment, jusqu’à ce qu’un loup démontrant un brin trop de zèle ne se mette à la regarder suspicieusement: c’est qu’ils ne sont pas là pour rien faire, les Hounds. Pas payés à se regarder la mousse de nombril (pas payés du tout, que Marlowe a envie de dire), mais elle a un peu peur qu’il s’occupe de lui trouver du boulot, alors elle file s’enfermer entre les quatre murs aux relents d’humidité, à écouter les goules faire un tapage pas possible dans la pièce au fond du couloir. Et c’est après une fouille minutieuse (non) de sa chambre (a.k.a des poches de son trenchcoat) qu’elle trouve un petit morceau de parchemin frippé, gracieuseté de son cher Handler, qui lui laisse savoir qu’il sera absent pour une semaine pour cause de c’est-pas-de-ses-affaires, qu’elle peut faire ce qu’elle veut tout en observant les règles en place pour sa propre sécurité (merci Voldy) et qu’elle ne sera bien entendu pas payée pour ces heures non travaillées (bisous).
Il aurait pu le lui dire, au lieu de laisser un billet au fond de sa poche (quand a-t-il eu accès à son manteau ???) et la faire poireauter des heures.
Évidemment, maintenant il est trop tard pour aller embêter Bai, et elle ne peut pas retourner flâner pendant une semaine dans la salle commune (rien qu’y penser la fait frissonner de dégoût). Et hors de question de rester dans cette boîte de carton puante, non plus. Le soucis, c’est qu’à part sa chambre et les quartiers de la VB, il n’y a pas une foule d’endroits où elle est la bienvenue. Impossible d’aller chez ses parents, elle ne sait pas où trouver ni Baruch ni Johannes, et Lance a bien mieux à faire que d’être vu en train de fraterniser avec une hybride.
Ça ne laisse que très peu d’options. À moins qu’elle se risque à voyager un tout petit peu plus loin qu’à l’habitude, et quelques années dans le passé. Et qu’elle prenne le risque que ça tourne au vinagre – sait-on jamais. Au pire, le temps passé à voyager sera déjà ça de moins à devoir passer à se tourner les pouces.
Son bagage consiste en un amas de vêtements usés, deux chapeaux de rechange, une paire de lunettes de soleil en plastique blanches, et la seule paire de bottes qu’elle possède, le tout fourré dans un vieux sac dont le sortilège d’agrandissement commence à faillir. Pas un problème, puisqu’elle ne possède pas (plus) assez d’objets pour le remplir entièrement, de toute façon. Le trench sur les épaules, la tête bien cachée sous le bucket-hat assorti, les yeux protégés derrière des verres fumés dont le style jure entièrement avec le reste de son ensemble: fin prête à prendre le bus magique pour traverser le Royaume-Uni jusqu’en Irlande.
Elle ne pensait pas que les vampires puissent avoir la nausée… elle avait tort.
Le voyage est… comment dire…
bumpy.
Marlowe met pied à terre avec ce qui s’apparente au mal de mer, la démarche un peu ballotante. Elle refuse de prendre le portoloin à la gare, optant plutôt pour une bonne marche à travers champ, jusqu’à ce que le soleil soit suffisamment descendu à l’horizon pour qu’elle puisse retirer son chapeau et ses lunettes. Elle remonte l’allée qui serpente avec une anticipation grandissante, malgré le sentiment de plénitude qui enfle entre ses côtes. L’odeur des champs, celle de la magie des animaux élevés au ranch, si différente et si marquée depuis qu’elle a été mordue – et dans l’un des paddocks, l’objet de sa visite. «
Darragh ! Le bras qui se lève automatiquement, la salutation échappée sans même y penser.
Je, euh… J’ai pensé que vous auriez besoin d’aide ? » Évidemment qu’il ne s’attend pas à la voir: elle n’a pas fait signe de vie depuis… longtemps. Et elle a fait un beau Felix, sans prendre la peine d’envoyer une note avant de partir. Peut-être pour ne pas prendre le risque d’un refus avant même d’avoir mis les pieds en Irlande ? «
Et mon Handler est parti en vacances, et les goules font un boucan pas possible, et Boris, et je suis pas payée à rien faire de toute façon, et c’est un peu comme la maison, ici… » Elle inspire tout d’un coup, retient un peu son souffle, tout autant que les mots qui continuent à se bousculer sans passer par la case cerveau. «
Je pensais jamais dire que l’odeur du crottin est réconfortante. Pas que ça sente si fort que ça… non enfin oui je vais pas te mentir ça sent vraiment fort. » Et ça ne s’améliore pas, clairement.