(bolrike) valar morghulis

Tu étais en train de déguster le mets le plus raffiné qui soit pour le petit-déjeuner, lorsque tu reçus une missive du boss. L’odeur de Crimson Bull qui imprégnait la lettre te donna la nausée, au point de te faire presque recracher ton mélange de viande hachée crue et d’oignons. Mais apparemment, il s’agissait d’une affaire des plus urgentes, comme en témoignait les “!!!!!!!!!!!!!!!!!!” qui occupaient près de deux lignes entières dans la lettre, rédigée par l’assistant de Corban. Pas le temps de niaiser, donc ! D’un air passablement triste, tu remballas ton Mettbrötchen* dans son sac en papier et l’enfournas dans la poche intérieure de ton uniforme. Et alors que tu étais déjà sur le départ, un détail presque insignifiant te revint soudain à l’esprit. Bagshot ! Tu avais presque failli partir sans ton fidèle acolyte. Où était-il encore en train de traînasser ? Bizarrement, il avait pris la fâcheuse habitude de déserter le bureau lorsque tu commencais ta pause petit-déjeuner.

Avec plus de force qu’Il n’en fallait réellement, tu ouvris la porte de ton bureau, qui alla claquer contre le mur, emportée dans son élan. Depuis le couloir, tu parvenais à distinguer une voix familière (mais peu appréciée pour autant), qui résonnait depuis la cuisine. “Ecoute, je vais tester ma nouvelle crème de jour avec protection solaire pendant mon voyage autour du monde en bateau, et en rentrant je te dirai si elle est bien. Peut-être que je pourrais t’avoir un échantillon gratuit.” Comme à ton habitude lorsque tu surprends un monologue de Rodolphus, tu lèves les yeux au ciel et pousses un long soupir. Alors que tu t’apprêtes à passer la tête dans l'entrebâillement de la porte, tu aperçois Travers s’échapper en coup de vent, sans demander son reste. Tu l’aurais bien imité, mais l’odeur omniprésente du parfum de Bagshot, flottant dans l’air, te laisse penser qu’il y a de fortes chances pour qu’il s’entretienne avec Lestrange. Alors tu prends ta patience à deux mains et entres à ton tour dans la pièce. Bingo ! Ton hound est bel et bien coincé entre la machine à café et les griffes de Rodolphus. “Bagshot, arrête de cirer les pompes des autres départements ! On s’en va !” Tu n’accordes pas le moindre regard au frère de Rabastan, dont tu ne parviens toujours pas à expliquer la présence quotidienne et permanente au niveau deux.

Une fois Boris sur tes talons, tu attends d’entrer dans l’ascenseur pour lui expliquer de quoi il en retourne. “D’après les informations de certains témoins, des revenants seraient en train d’apparaître un peu partout sur Diagon Alley. Il est impératif qu’on les retrouve avant que la nouvelle ne s’ébruite.” Les portes s’ouvrent finalement sur l’atrium et sans plus attendre, tu te diriges vers les cheminées. Ta poigne de fer se referme sur l’avant-bras de Boris, et une fraction de seconde plus tard, les flammes verdoyantes vous emportent dans leur sillage. Quelques instants plus tard, vous vous retrouvez dans la cheminée du Chaudron Baveur. Avant d’affronter la foule et le tumulte au dehors, tu donnes un dernier conseil à ton hound. “Quand on verra un revenant, essaie de te montrer sous ton plus beau profil pour l'appâter. Ton teint blafard le mettra peut-être en confiance.” Tu n’avais pas vraiment meilleur plan que d’envoyer l’affable Boris à leur rencontre, mais il convenait évidemment de ne pas leur montrer l’ignoble glyphe trop tôt.

*

Spoiler:

Tu continues de cligner des yeux avec force, espérant que les combinaisons hasardeuses finiraient par déboucher sur un langage codé qui inspirerait à Billy l’envie de te tirer des griffes et des postillons de Rodolphus. Mais l’autre vampire est, comme à son habitude, obnubilé par le petit rat de bibliothèque du N9 qui rôdait dans vos bureaux, sur les talons du mangemort qui avait l’air d’un rat tout court (Abram, that one’s for you). Initialement, tu avais souhaité faire un passage éclair dans la salle de pause, le temps de checker si le distributeur avait été rechargé en pochettes de sang (non, évidemment, il n’était jamais rechargé, ou, les rares fois où ça arrivait, Rayane, certainement doté d’un sixième sens, venait faire une razzia sans en laisser une miette), le temps qu’Ulrike finisse son abominable petit déjeuner.

C’est finalement ton handler qui vient te sauver: "Bagshot, arrête de cirer les pompes des autres départements ! On s’en va !" Pour une fois, tu ne te fais pas prier pour lui obéir, glissant comme une longue anguille, rasant le mur pour contourner Rodolphus qui continue de piailler, sans même remarquer que tu t’étais dérobé. Tu suis Ulrike jusque dans l’ascenseur, celui dans lequel une juge serait restée coincée des jours, entourée de spectres!! (c’est faux, Frida Beckett n’était restée que quelques heures, mais les rumeurs ont tendance à gonfler comme les chevilles de Marlon Travers maintenant qu’il réchauffait le fauteuil de Roy Flint.)
"Vraiment, j’comprends pas; les Mangemorts, ils veulent jamais nous parler… alors pourquoi lui il me parle tout le temps???" chouines-tu dans ta barbe allégorique, tes gémissements étouffés par les explications d’Uli: "D’après les informations de certains témoins, des revenants seraient en train d’apparaître un peu partout sur Diagon Alley. Il est impératif qu’on les retrouve avant que la nouvelle ne s’ébruite." Tu soupires, retrouvant le confort de ton habituelle impertinence: "Encore? Mais on a passé la semaine dernière à faire ça!!" Enfin, pas vous spécifiquement, mais les discussions à la machine à café commençaient à tourner un peu trop autour du même sujet que tu en regrettais les missions boycott de l’emménagement d’une partie du N9 à votre étage.

Vous vous frayez désormais un chemin hors du pub bondé, toi dépassant le reste de la foule d’une bonne tête. "Quand on verra un revenant, essaie de te montrer sous ton plus beau profil pour l'appâter. Ton teint blafard le mettra peut-être en confiance." Tu la juges du haut de tous les centimètres que tu lui mettais dans les dents: "Ouais, ‘fin, j’sais pas trop ce qui arrive quand on mord un mort… Tu ne sais plus si c’est Billy ou Rayane qui t’a assuré que ça avait le même goût qu’une soupe de navet (en plus de l’odeur), mais j’pense qu’ils ont plus grand chose à craindre, hein…" Le Ministère était encore en train d’étudier le pourquoi du comment de leur retour, et surtout quelle force animait tous ces revenants. Bon nombre de tes collègues avaient raconté retrouver un.e proche revenu.e de l’au-delà. Pour ta part, tu n’attendais pas vraiment qui que ce soit, les gens qui te manquaient étant eux, encore bien en vie. Et, en parlant du loup, tu distingues une tête blonde s’affairant dans la foule à quelques mètres de vous: "Hey! Olympe!" Tu lèves le bras pour la saluer, et te diriges d’ores et déjà dans sa direction, sans te préoccuper de savoir si c’est là qu’Ulrike voulait t’embarquer: "Tu fous quoi ici?? demandes-tu, ton langage fleuri traduisant ton enthousiasme; bien qu’elle ait le caractère piquant propre à votre famille, tu appréciais davantage sa compagnie à celle de ton autoritaire collègue. "Dis, t’aurais pas vu des m— Tu te reprends au dernier moment, te souvenant qu’Uli ne voulait pas que votre mission ne s’ébruite. Euh, des gens un peu genre, mal en point? genre vampire mais en moins sexy?"

Ce n’est pas le froid de l’hiver qui allait empêcher Bagshot de faire les boutiques. Grâce à son argent durement gagné (et surtout celui de papa), la blonde s’afférait presque quotidiennement à flâner entre les rayons des différents magasins du coin. Vêtements, bijoux, meubles, décorations ou denrées de qualité, tout lui semblait indispensable. Milan, son fiancé, mais pas vraiment, la laissait faire, convaincu que par ce biais, elle évacuait la colère qui l’habitait. Sous ses traits d’anges, Bagshot cachait un caractère bien trempé et maintenant qu’elle travaillait aux côtés de Ines Yaxley, elle se sentait plus que jamais inspirée.

Olympe voulait devenir une femme forte et dangereuse. Du moins en apparence, afin que personne ne l’importune, à commencer par cette grognasse d'Anthéa Rowle. En attendant de tous leur rouler dessus, en dehors de dans ses rêves, Bagshot continuait de claquer son argent et de laisser ses oreilles traîner pour glaner des informations précieuses. La connaissance est une arme, surtout lorsqu’elle peut entacher la réputation des autres. En ce moment, tout ne tourne pas rond dans le monde magique et au détour d’un magasin bien trop cher pour les sorciers lambdas, elle avait entendu dire qu’au ministère beaucoup s’inquiétait de ce qui allait advenir du monde.

Comme tout le monde, elle voulait en savoir plus sur les problèmes de magie, surtout depuis qu’à Brighton, elle avait arrêté deux moldus qui se promenaient dans le plus grands des calmes, comme si aucune barrière n’existait. Malheureusement pour elle, des rumeurs il y en a à foison et beaucoup se contredisent. Il serait peut-être temps de rendre visite à Boris, son cousin préféré pour en savoir plus, bien qu’elle doute que ce dernier soit dans les petits papiers du ministère. Pour autant, Bagshot dans l’âme, il doit bien avoir écouté à quelques portes pour en savoir plus.

Quant on parle du loup, voilà que le vampire débarque. Enjoué, comme toujours, il s’approche vers elle à grands pas. Autant, Olympe adore Boris, depuis son plus jeune âge, mais depuis son changement de statut, la blonde évite de se montrer en sa compagnie. Le paraître est important et Boris ne pouvait pas lui en vouloir. Sans un sourire, elle le regarde arriver. «‌ ‌‌‌‌Les boutiques, comme tu peux le voir.‌‌‌‌ ‌»‌ Au bout de ses doigts, quelques sacs au papier précieux pendaient. Olympe joue la blasé, pourtant, dans son regard on ne peut lire aucune agressivité ou dégoût. Pour dire vrai, elle regarde son cousin, comme pour vérifier qu’il se porte bien.

Dans le dos de ce dernier, elle devine Ulrike. Sa présence n’est pas étonnante, mais signifie qu’ils sont actuellement en train de travailler. Qu’est-ce qui peut les amener ici ? La curiosité la pique, et Boris ne fait qu’en rajouter avec sa question innocente. «‌ ‌‌‌‌Autre que toi ? Non.‌‌ ‌»‌ Toujours dans son rôle de garce, elle offre un sourire narquois à son cousin. «‌ ‌‌‌‌Dis m’en plus.‌‌ ‌»‌ Que cherchent-ils ? Elle veut savoir et d’ailleurs, il est hors de question qu’elle parte sans savoir. «‌ ‌‌‌‌Bonjour Ulrike. Boris travaille bien ? Ça doit être fatiguant.‌‌ ‌»‌ Si Boris ne savait pas à quel point elle l’aime, il lui donnerait sûrement la couronne de la garce.

Les morts n’avaient peut-être plus rien à craindre, comme le supposait Boris, mais ce n’était pas forcément le cas des vivants. Il y avait bien quelques créatures répugnantes et hybrides en tous genres, que tu ne souhaitais pas spécialement voir revenir à la vie. Et il en allait très certainement de même pour tes pairs du Ministère. Tu avais presque eu la sottise d’espérer que Bagshot prendrait, pour une fois, le sujet de vos missions un peu plus au sérieux. Mais c’était sans compter sa décontraction légendaire. Vous voilà à peine sortis du pub à l’atmosphère moite et puante, que Boris tente déjà de te faire faux bond. C’est en ruminant dans ta langue maternelle que tu te lances finalement à sa poursuite, sans le quitter du regard. Physionomiste uniquement à tes heures perdues (aka lorsque tes sujets d’études s’avèrent être des hommes de plus de quarante ans), tu ne parviens absolument pas à mettre un nom sur le visage gracieux mais quelque peu hautain de la jeune sorcière que Bagshot était venu s’empresser de saluer. Le simple fait que la sorcière s’attarde à lui accorder un peu de son attention pour lui répondre, te mène à la conclusion qu’il doit s’agir là d’une personne tout à fait ordinaire (et certainement peu fréquentable). Tu lui accordes donc l’un de ces regards peu affables, dont tu avais le secret. Quoique sa remarque narquoise à l’égard de bagshot parviendrait presque à susciter ton amusement. Une toute petite once d’amusement qui s’évanouit dès l’instant où la jeune femme s’adresse alors à toi en te nommant directement par ton prénom. Cet élan de familiarité de la part d’une parfaite inconnue (ou du moins d’une personne, que tu ne te souvenais pas avoir déjà rencontré dans ta vie) te contraria à juste titre. Sourcil droit arqué, menton relevé à t’en briser la nuque, tu détailles un instant silencieusement celle qui osais s’adresser à toi comme si tu étais sa bonne copine. “Disons qu’il y a pire comme hybride sang-mêlé.” Mine de rien, ton hound ne te répugnait pas autant que les autres, et par certains moments, sa compagnie ne te dérangeait pas autant que tu ne l’aurais voulu. Pas autant que celle de sa nouvelle amie (cousine askip), qui se montrait un peu trop curieuse à ton goût. Si elle comptait s’incruster dans votre mission, c’était bien mal te connaître. “Boris, dis au revoir à ton amie. Je te rappelle que nous sommes en mission pour le gouvernement.” Il n’y avait décidément pas un sang-pur pour en rattraper un autre. Fallait toujours que vous soyez pris de cette manie de vous donner des airs importants, supérieurs. Tu accordes un nouveau (et tu l’espères, un dernier) regard à l’Inconnue qui se tenait entre ton hound et toi. “Quant à toi, si tu vois quelque chose ou quelqu’un de suspect, n’hésite pas à le signaler aux autorités.”

Tu n’avais pas manqué de zyeuter avec envie les sacs de shopping d’Olympe, n’ayant pas pu jouir d’un tel temps pour de telles activités depuis des mois (de nombreuses boutiques (surtout les plus chères) avaient interdit l’accès aux hybrides, et puis, tu bossais tellement que tu ne portais quasiment plus que l’uniforme plus ou moins règlementaires, t’envoyant par la même occasion dans un désert de fashion déprimant) (tout le monde ne portait pas le harnais aussi bien que cet sale fouine de Yaxley) (ça devait sûrement servir pour le retenir de sauter à la gorge de n’importe qui, comme un petit chien nerveux) (ok j’arrête les digressions) (mais la mode sorcière, c’est sérieux). ‌‌"Autre que toi ? Non.‌‌ - Merde, chouines-tu dans un murmure. ‌‌"‌‌Dis m’en plus.‌‌ Tu plisses les yeux, mitigé, cherchant le regard perçant et glacé comme un stalactite d’Ulrike, afin de savoir ce que tu avais le droit de révéler ou pas (si tu avais été seul, ça aurait été une autre histoire, et tu aurais spill the tea à ta chère cousine sans hésitation).

Le temps que tu te décides, les deux jeunes femmes échangent avec plus ou moins d’entrain. C’est fou ce que la politesse les force à faire, tu te paierais une bonne barre si tu ne craignais pas de voir ton cul se faire zébrer d’un impardonnable. ‌‌"‌‌Bonjour Ulrike. Boris travaille bien ? Ça doit être fatiguant. - Disons qu’il y a pire comme hybride sang-mêlé. - Aaawh!" minaudes-tu en écrasant ton talent dans le pavé, les doigts entortillés d’un faux émoi. Tu as l’impression d’assister à une embarrassante réunion parent-prof (en vrai, j’crois pas que ça existe à Poudlard, but you got the gist). "Toujours un plaisir, von B— - Boris, dis au revoir à ton amie. Je te rappelle que nous sommes en mission pour le gouvernement. Ta mine se renfrogne aussi sec: - Cousine, Olympe est ma cousine. T’es pas la seule à avoir une famille tentaculaire… - Quant à toi, si tu vois quelque chose ou quelqu’un de suspect, n’hésite pas à le signaler aux autorités. Tu rechignes dans ton coin avant que ton visage ne s’éclaire d’une idée légèrement douteuse. "Hé, Olympe, ça te dirait pas de nous aider? Quitte à alerter les autorités, autant que tu sois avec les autorités, nan? Petit service civique, tout ça, ça ferait bon genre de voir une digne représentante de la jeunesse dorée sorcière faire équipe avec la fine fleur des brigades du Ministère!" Il y a toutes les chances pour qu’Olympe comme Ulrike refusent, mais tu ne voulais pas laisser une occasion d’embarrasser ta Handler, et qui sait, de passer davantage de temps avec ta cousine, qui avait tendance à te fuir quand les obligations sociales l’y poussaient.

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