Est-ce possible d'autant aimer une personne ? La question avait traversé l'esprit de Fleur tant de fois, depuis très exactement un mois. Un mois, une trentaine de jours et une poignée d'heures depuis lesquelles la vie de Fleur avait tout bonnement basculé. Un mois depuis lequel sa vie avait basculé, pour toujours. Il y a un mois, Fleur avait donné naissance à la petite Hope. Et tout avait changé. Et maintenant, Fleur se surprenait à peiner à se rappeler qu'était son existence avant la naissance de sa fille, comme si Hope avait toujours été là, et que sa vie d'avant n'avait pas de sens. « Que tu es jolie, mon amour. » murmura-Fleur, en remontant la couverture sur le bébé profondément endormi, avant de lui déposer un baiser sur le front. Geste doux, qu'elle répétait chaque soir depuis un mois, toujours avec la même émotion.

Fleur resta là un instant, observant le bébé en silence, presque hébétée devant cette vision. Qui aurait cru ? Elle, la championne de Beauxbatons. Princesse d'un clan de sorciers renommés, née dans l'opulence et destinée à gravir les échelons. Elle qui aurait dû embrasser un tout autre destin, devenir une grande icône de la société magique, et qui avait tout quitté pour suivre la voie de l'amour. Comme elle était loin la Fleur d'autrefois. La belle héritière constamment tirée à quatre épingles à l'ambition dévorante. Si la Fleur d'autrefois s'était retrouvée face à la Fleur d'aujourd'hui, elle ne se serait surement pas reconnue. Elle qui était toujours tirée à quatre épingles, les cheveux blonds coiffés et brillants et arborant des vêtements à la pointe de la mode. Et pourtant, la voici là. Dans cette chambre d'enfant du petit cottage au bord de mer, les cheveux emmêlés ramassés dans un chignon sommaire, vêtue d'un vieux chandail et d'un pantalon de pyjama qui mériterait un bon coup de repassage. Mais une chose était sûre. Elle n'aimerait être nulle part d'autre en cet instant. 

Fleur poussa un soupir apaisé. En cet instant, plus rien ne comptait que cette bulle d'amour si pure et douce. Comme si les affres des ténèbres qui rythmaient leur quotidien depuis ces années avaient disparu. Car rien n'avait plus d'importance que la petite fille endormie. Le reste n'était rien. « Bon sang, j'ai encore du mal à réaliser qu'elle est vraiment là, pas toi ? »

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