Johannes pensait que mentir à tout le monde lui pèserait plus sur la conscience, mais au final, ce n’était pas le cas. Déjà, parce que personne ne lui posait de question sur sa vie romantique, tout le monde à l’Ordre avait bien vu qu’il n’avait pas de vie à proprement parler. S’il n’était pas en cours ou en stage de formation, il préparait les cours, comme les activités, il gardait un œil sur les résidents de la petite école et résidence de fortune, il escortait certain élève pour rentrer chez eux, et tous les soirs de pleine lune, il était à Sweet River. La Fawkes était devenue sa vie, un peu comme Molly et Minerva. Les jours qu’il pouvait avoir off, il les passait avec son frère qui s’assurait qu’il ne s’amusait plus à se porter volontaire à tout-va. De toute façon, depuis Gracefield et Little Italy, Johannes avait un peu levé le pied, s’éloignant des missions dangereuses et de la politique de l’Ordre. C’était mieux pour eux, c’était mieux pour lui. Prendre de la distance et se concentrer sur ses forces. Le reste… Le reste, il n’avait aucun contrôle.

Travailler son lâcher prise n’était pas une mince à faire, Elias ne pouvait pas vraiment aider, mais son petit frère pouvait au moins menacer de le mettre en arrêt s’il poussait trop. S’éclipser pour aller voir Baruch, et passer du temps avec lui, était certainement ce qu’il y avait de plus proche en termes de lâcher pris. Lorsqu’ils étaient ensemble, ils ne parlaient pas de l’Ordre ou de la NSFW, et quand ils en parlaient, c’était pour donner des nouvelles, échanger quelques potins ou observations. Ça ne durait jamais très longtemps, et les deux vampires préféraient simplement profiter de cette parenthèse pour ne rien faire, parfois rien dire, profiter de l’instant. Un exercice difficile pour Johannes qui avait toujours le cerveau qui fonctionnait à vive allure, mais avec son compagnon, il parvenait à décrocher et profiter de la vie qui se passait à l’extérieur.

Un peu comme ce soir. À Golpsie, les tourments de la vie sorcière sont inexistants, pas de dérèglement magique, pas de menace du gouvernement. Comme beaucoup de ville moldu finalement, ils sont enfermés dans cette bulle, loin du monde dont ils ignorent l’existence. Fracture évidente, qui était parfois tentatrice, berçant des rêves de pouvoir se fondre dans la masse, de disparaître et devenir cet humain lambda, ce géant à l’accent irlandais qui ressortait automatiquement en croisant un acolyte. La possibilité d’une vie un peu plus douce, loin du chaos.

Une parenthèse festive qu’il s’octroyait après avoir eu la certitude, pour la énième fois, que son frère ne lui en voudrait pas. La réponse était non. C’était son idée, puisqu’il avait passé Noël avec Elias et l’Ordre (entre la pleine lune et le dîner du 25 décembre avec les Sacramoni-Martillo-et-compagnie), c’était normal qu’il passe le nouvel an avec Baruch. Et le plus dur à convaincre de sa propre idée avait été lui-même, évidemment. Parenthèse donc, dans laquelle il évoluait avec beaucoup plus d’aisance, un peu plus à chaque sortie, bien qu’il était toujours prudent, et qu’il était pris par la sensation de faire le mur comme un adolescent de dix-sept ans ou quand il rejoignait son frère en haut de la tour d’Astronomie en pleine nuit. Il ne s’y fera pas et c’était tant mieux. Alors qu’il saisissait le mug que lui tendait Baruch, les yeux pétillants en entendant l’échange entre son compagnon et l’homme qui tenait le kiosque.

« Cela fait des années que je n’ai pas assisté à des feux d’artifices - Et bien, ça sera l’occasion ! Répondait Johannes en léchant la légère moustache de lait sur le dessus de ses lèvres que venait de créer sa gorgée de nutmeg. Je propose qu’on aille se trouver un point de vue sur les falaises une fois que nous aurions fini notre tour du marché. Car sinon, les feux d’artifice criard allaient leur exploser leur tympan de créature sensible. J’ai vu un stand qui vendait des biscuits froissés au chocolat, j’en prendrais bien une ou deux boites. » Il entraînait Baruch bras-dessus, bras-dessous, dans l’allée du marché vers le stand repéré, afin de faire la queue derrière les familles, les deux sorciers dépassant aisément tout ce petit monde. Une fois, son tour, Johannes demandait finalement sept boîtes, attendant la monnaie, il croisait le regard de Baruch qui l’attendait un peu en retrait, un sourire s’étirant son visage qui rayonnait, riant doucement. « Promis, tout n’est pas pour moi. Assurait-il à l’intention du vampire, récupérant son sac plein de sucreries et retournant aux côtés de Baruch. Il avait deja ouvert une des boîtes, offrant un biscuit à son compagnon afin de libérer sa main, jonglant entre son verre, la boîte, le sac et les biscuits. So, où allons nous ensuite ? »

Of course. Baruch était en territoire connu, et si le sorcier ne se trompait pas sur les habitudes des moldus, ces derniers devaient certainement encore tirer les feux d’artifices d’un lieu qui existaient déjà à l’époque où le vieux vampire menait une de ses anciennes vies. Et peut-être dans deux cents ans, Johannes reviendrait ici, pour regarder les feux d’artifices en mémoire de ce soir de décembre. Un sourire doux s’était esquissé sur les lèvres de l’ancien auror, si la pensée était triste, consciente que son compagnon ne serait certainement plus à ses côtés, il voulait croire que cette soirée, restera un excellent souvenir auquel il serait capable de retourner avec beaucoup de tendresse. Il resserrait sa prise sur la main de Baruch, afin de revenir dans ce moment présent. Heureux d’être avec lui, heureux de prendre le risque et heureux d’avoir écouté son frère pour une fois.

Johannes ne lui ferait pas la liste des personnes auxquelles il avait pensé, il y avait les Sacramoni, les Weasley, Minerva, son frère, les élèves, Conan et Winston, une pour les affreux jojo de la NSFW, qu’il confiera à Baruch certainement le lendemain après leur nuit ensemble. Il reprenait un crinkle, avant de continuer de boire sa boisson, son regard croisant celui malicieux de son compagnon. Le sorcier lui rendait un regard, ses lèvres mimant un sexy, en riant doucement. À boire, à manger, il était temps pour eux de prendre la direction de leur point de vue, à regarder le spectacle de lumière en refaisant le monde. Ils poursuivaient leur chemin, quand l’attention de Baruch fut à son tour attirée par un petit stand tenu par une mère et sa fille, vendant des vêtements tricoté main, avec leur propre laine, faite avec leur mouton. Ça avait l’air si chaud et doux, les doigts glissant sur les chaussettes aux motifs hivernales. Le vampire reprenait la parole, pour partager une petite histoire sur sa vie passée.

Attentif, Johannes observait son compagnon lui raconter sa petite anecdote, avec une nostalgie presque palpable qui le rendait encore plus attendrissant. Il voyait le sourire, l’esprit partir un instant vers des souvenirs qu’il ne parvenait pas totalement à saisir. « Je te les offre. » Le sorcier haussait un sourcil en rigolant, je croyais qu’on s’était mis d’accord de ne pas le faire. Il laissait échapper un soupir amusé, Baruch ayant déjà sorti ce qu’il avait d’argent dans le fond de ses poches. « Merci, love. Il prenait les chaussettes pour les glisser avec soin dans son sac, avant d’embrasser le vampire. Je trouverai un petit quelque chose plus tard. » Les seules superstitions chez les Runcorn étaient autour de la malédiction, dont il avait brisé l’interminable cycle, il ne savait pas par quel coup de chance et à quel prix, chose dont il se soucierait plus tard. En repensant au nouvel, il se souvenait que chez son oncle Connor, ils célébraient les morts, laissant une chaise pour ces derniers pour partager le repas, puis c’était une séance d’astronomie sur le toit. Lorsque Elias et Abigaïl furent mariés, ils se rendaient en France pour passer les fêtes en famille, il y avait beaucoup à manger, de chansons et un peu de danse. Il reprenait le bras de Baruch, pour l’entraîner de nouveau sur le chemin en direction du fameux spot de Baruch. Il y avait d’autres stands, d’autre produit, pour une petite ville, le marché était clairement le rendez-vous de la région.

La foule avait commencé à s’installer, prêt à regarder les feux d’artifices dans les rires et l’insouciance, bravant le froid pour marquer l’entrée dans la nouvelle année. « C’est la première année, depuis longtemps que je profite du nouvel an. Un constat, son sourire s’étirant un peu plus. Je suis heureux de le passer à tes côtés. Et s’il était honnête, il ne voyait pas avec qui d’autre, il pourrait se sentir aussi bien. Est-ce que je dois m’attendre à d’autres petites surprises de ta part ce soir ? Je sais que tu es en terrain connu ici, donc je me méfie un peu. » Le taquinait-il en riant, avant de proposer au vampire un autre crinkle, clairement Johannes était tombé dans le piège chocolaté.