T'es vraiment pas possible, mec. Tu sais très bien que ça va mal finir, y'a pas un seul monde dans lequel tu passes une soirée sympa. Tu pourrais rester tranquillement chez toi, te coucher tôt, profiter d'être seul pour faire quelque chose de pertinent. Genre réfléchir à ton avenir en essayant de t'endormir. Ca te ferai probablement du bien, parce que j'te le dis tout de suite, si tu comptes sur ton talent naturel pour survivre dans le pays, ça va très mal finir. Mais bien évidemment t'en fait qu'à ta tête, tu ne penses qu'à une chose, le plaisir immédiat. Espèce de petit con. Alors tu t'es renseigné rapidement, sur les bons endroits où traîner. Où est-ce qu'on s'amuse sur cette île ? La question est honnête, c'est pas forcément apparent à première vue. Certaines mauvaises langues répondraient nul part. Mais t'es pas difficile, te suffit essentiellement d'un public. Des gens à qui causer, des gens pour pas trop t'ennuyer, des gens à emmerder véritablement. C'est pratique d'être égocentrique, quand on aime autant s'entendre parler, on s'occupe très facilement.

T'as fini par trouver un endroit qui te plaît bien. Un petit bar un peu inquiétant, qui suinte clairement le criminel endurci, dont l'illégalité doit se manifester jusqu'aux notes de frais. Faudrait que tu commences à envisager de changer de goûts. Combien de fois tu t'es foutu dans la merde en magouillant avec la pègre ? Ici ton nom de famille suffira pas pour calmer les ardeurs, alors si tu comptes continuer, va falloir chercher des solutions alternatives. Ou apprendre un minimum à ta défendre. M'enfin je suis pas complètement idiot, je réalise bien que ça arrivera jamais. Tu finiras dans une tombe anonyme creusée d'un coup de baguette pour ne fatiguer personne. Pas d'illusions là dessus.

Ce sera peut-être pas pour ce soir au moins. La soirée se passe, pour l'instant, étonnement bien. J'imagine qu'ils sont pas encore habitués les briscards anglais, ton problème c'est surtout la répétition, une fois de temps en temps ça doit être supportable. Immédiatement arrivé t'as réussi à te faire payer quelques verres en t'incrustant dans un groupe de collègues déjà bien éméchés. T'as pas bien cerné ce qu'ils faisaient comme boulot, en même temps tu t'en fous. Quand ils ne t'ont pas montré l'attention que tu mérites, t'as changé de cible. Là tu parles de la patrie à quelques intéressés, en prenant bien soin de préciser à quel point tu es adoré et important là bas, à vrai dire tu penses pas qu'ils vont réussir à tenir bien longtemps sans toi, mais bon, le gouvernement anglais avait profondément besoin de ton aide, grand seigneur tu pouvais pas refuser. C'est ton discours habituel depuis que t'as débarqué sur le continent. T'es toujours lancé dans tes élucubrations grandioses quand tes yeux tombent sur une certaine brune. T'observais bien sûr les alentours depuis un moment, à la recherche de l'attirance. Jusque là y'avait qu'un loubard à l'air un peu abruti, mais pas dénié de charme, qui avait attiré ton attention. Elle est maintenant entièrement tournée vers la sorcière. Tu vas pouvoir te désengager des interlocuteurs actuels -doucement, tu vas pas éviter l'occasion de racontent encore quelques exploits imaginaires- en jetant des regards vers cette inconnue.

La revoilà sur cette foutue île. La revoilà à tenter de trouver la perle rare pour des clients russes. La revoilà en expédition sur les bons conseils d’Iggy, elle, qui venait à peine de rentrer sur Malte pour reprendre ses esprits après sa première rencontre avec Göran. Elle avait toisé son collègue du regard avant de partir dans sa piaule pour gueuler un bon coup. Pourtant, en un rien de temps elle avait déjà transplané, de retour à Londres. Elle n’irait pas voir Swall. Elle ne peut pas. Pas si vite en tout cas. Perséphone était concentrée sur sa quête. Elle partait pratiquement de rien mais le but du voyage était simple : choper l’exclusivité – ce qui voulait à la fois tout et rien dire. La sorcière n’est pas du genre à se laisser ronger par le stress. Sa frustration est rapidement évacuée par un coup de poing ou un coup de rein au choix. Mais la journée avait été des plus mauvaises et, de son humeur massacrante, Tula avait fini par se traîner dans un bar clandestin qui organisait, en son sous-sol, des combats de petites créatures magiques (dont la nature n’était pas belliqueuse bien entendu). Peut-être trouverait-elle une solution au fond de sa pinte de pisse.
Elle s’installe dans l’ombre, réfléchit à cette aubaine qui ne s’est pas présentée à elle. Quand un client des plus riches et des plus généreux te dit simplement qu’il veut de la surprise, rien n’est de bon augure car en général ces pourris-gâtés friqués ne cherchent qu’à tuer leur ennui. Dès lors, il faut partir du principe que plus rien ne les étonne et qu’ils ont déjà tout vu et tout épuisé. Pour autant, le sacré paquet de fric qu’on lui a agité sous le pif n’a fait que l’encourager à trouver l’introuvable.

Puis la providence. Non loin du bar, un homme vient de rentrer. Un japonais sans nul doute. Perséphone l’observe du coin de l’œil. Ses origines la font tiquer. Il fait tâche au milieu de ces coquins blancs comme des linges. Il a un côté excentrique, attiré par le danger et surtout, quand il se met à causer de son pays d’origine, Tula comprend qu’il est influent. Bingo. Le Japon regorge de créatures que l’Europe ne connaît pas, la perle rare que recherchait la Black Thumb se trouvait donc là-bas, elle en était convaincue.
Le sujet se dandine, grand orateur auprès de son public, Tula capte quelques phrases suffisamment intéressantes pour qu’elle daigne envoyer des sourires à cet inconnu. Quel ne fut pas le plaisir de l’araignée de constater que, par-dessus le marché, le fanfaron s’avère être un homme d’une grande beauté. Ni une, ni deux, la bête passe à l’attaque, lui lance des regards intéressés ponctués par des rictus qu’elle se veut les plus naturels et séducteurs possibles. Il a l’air d’aimer être dans la lumière et c’est un brasier que l’italienne s’apprête à lui donner. Elle le laisse débiter davantage d’informations sur sa position au Japon et quand elle considère en avoir entendu assez, elle prend son verre et se plante au bar devant lui.

En affaire, la plastique de Tula, son grand manque de vocabulaire et son sale caractère la font soit adopter la technique de la séduction quand elle en a l’occasion et que l’interlocuteur n’est pas trop repoussant (ce qui n’arrive donc jamais), soit adopter celle de la menace et de la torture délicieuse dont elle est, en réalité, la plus adepte. Ce soir, elle tenterait de la jouer persuasive et accueillante.
Bonsoir. Elle toise l’inconnu de son regard indiscret et mesquin, terminant sa pinte ignoble pour la repousser plus loin sur le comptoir. Qu’est-ce qu’un sorcier aussi important que vous fait dans ce bar merdique ? le barman en face de la trafiquante a à peine le temps de s’offusquer que la veuve noire lui lance un regard assassin qui veut dire occupe toi de ton cul sinon c’est moi qui vais le faire. Après cette incartade non-maîtrisée, elle reprend son sourire hypocrite. J’aimerai en entendre plus sur votre pays. Il doit regorger de créatures que nous ne soupçonnons même pas ici. habile malgré son fort accent ritale, Persé pense à Iggy qui, s’il la voyait, serait sans doute fier d’elle. Laissez moi vous payer un verre qu’on en discute.

Ses yeux coulent sur le public qui s’était amassé autour de l’asiatique et qui reste planté là. cassez-vous les sangsues. On doit causer. lâche Perséphone agacée, spontanée malgré elle.

Elle regarde carrément dans ta direction, non ? C'est probablement parce que tu matais de façon éhontée, mais quand même. J'vais m'en vouloir maintenant, avoir insisté pendant des heures pour que tu sortes pas, si au final ça se passe bien. M'enfin prends pas trop trop la grosse tête non plus, c'est pas, wow, elle a rigolé là ? Non ok, désolé d'avoir douté, y'a possiblement carrément quelque chose. Alors tu continues les élucubrations absurdes, ta bouche balançant de quelconques anecdotes alors que toutes ton attention est, en vérité, concentrée sur la sorcière. C'est impressionnant en soit, réussir à causer comme ça, à se vanter avec une telle maîtrise, sans savoir ce que tu racontes. Probablement l'une de tes capacités les plus développées, le flot incessant de paroles sans pour autant dire quoi que ce soit. Pas donné à n'importe qui de parler sans rien dire à un tel niveau compétitif. Tu continues doucement le petit jeu avec l'intéressée, attendant patiemment qu'elle aille plus loin. A lui adresser quelques sourires que tu voudrais discrets, dignes d'un mauvais photoshoot de mode. Le genre placardé en géant à la sortie des villes, là où on ne peut le voir qu'à 130 kilomètres-heure. J'te jure pour moi qui les ai vu des centaines de fois, dans des dizaines de bars, c'est gênant tes tentatives de flirt. Ca te donne peut-être un côté idiot sympathique et attendrissant, j'en sais rien, j'espère pour toi.

C'est pas impossible, vu qu'elle fini par s'approcher. Comme quoi les miracles ça existe. Un bonsoir qu'elle adresse avant de vider son verre. Elle a l'air confiante, probablement un peu trop, c'est louche. Tu devrais te méfier. Evidemment, tu vas pas te méfier, mais je tiens à dire que tu devrais. Après c'est pas comme si t'avais de l'argent sur toi, tu comptes comme toujours sur les quidams présents pour te payer tes consommations. Pas de risque qu'elle te chourre ton nouveau salaire d'employé. Qu’est-ce qu’un sorcier aussi important que vous fait dans ce bar merdique ? Ah tu vois, elle aussi elle se demande, j'suis pas le seul. Bon j'te l'accorde, tu serais pas tombé sur elle dans un établissement avec un peu plus de standing, mais j'suis pas encore convaincu qu'elle va pas juste tenter de te faire la peau. Tu souris en réponse, en jetant à ton tour un rapide regard vers le barman, il l'a pas volée. Oh vous savez, même dans les bars les plus merdiques on peut faire les plus belles rencontres. Ailleurs je ne vous aurait pas croisé. Ah bah super, tu me piques mes répliques maintenant. Et tu prends un air charmeur qui, ma foi, te va plutôt bien. J’aimerai en entendre plus sur votre pays. Il doit regorger de créatures que nous ne soupçonnons même pas ici. Laissez moi vous payer un verre qu’on en discute. Et beh, tout se goupille parfaitement. T'obtiens tout ce que tu cherchais, du divertissement, de la boisson gratuite. Une amatrice de zoologie magique peut-être ? Wow, t'as trouvé les bons mots en anglais, j'suis impressionné. Je pourrais vous parler pendant des heures de toutes les merveilles que l'on trouve dans mon pays. Autour d'un verre, ce serait parfait.

Tu lèves rapidement un sourcil, toujours avec ton sourire amusé alors qu'elle indique brièvement au public de dégager. Pourquoi est-ce que ça te plaît immédiatement ce côté peu commode ? Et maintenant qu'on est entre nous, je peux même vous partager une information top secrète. Heu, ah bon ? T'es sûr que tu peux ? Des créatures japonaises dont vous ne soupçonnez même pas l'existence, il y en a en ce moment même ici, en Angleterre. Et tu vides ton verre à ton tour, préparant le terrain pour le prochain.

La providence n’avait pas énormément frappé Perséphone ces temps-ci. Heureusement, quand elle ne l’attendait plus, la grande dame était revenue dans sa vie sans crier gare et ce soir, elle prenait la forme d’un sorcier japonais vantard mais qui avait de valables raisons de s’exposer ainsi. L’imprudence et l’impudence qui le guidaient l’emmenaient directement au beau milieu de la toile d’araignée qui, déjà, avait commencé à tisser une exclusivité pour qu’il ne s’intéresse qu’à elle, du moins, jusqu’à ce qu’elle en ait fini avec lui.
La première question n’est qu’une broutille déguisée en compliment pour alpaguer son interlocuteur, comme Iggy lui a appris jadis ; lui répétant des dizaines et des dizaines de fois qu’on ne conclut pas un marché en arrachant des ongles de pieds ou en lançant des endoloris à tout bout de champ par manque de patience ou de volonté. Une relation commerciale c’est comme un mariage, ça s’entretient, ça se travaille et souvent l’appât du gain le fait durer. La femme aux milles époux n’aurait jamais cru que son mentor avait à ce point raison.

La flatterie la fait rire. Un écart qu’elle contrôle rapidement pour ne pas effrayer le sorcier (elle n’a pas vraiment le doux éclat des jeunes femmes qui plaisantent une main devant la bouche pour rester gracieuse en toutes circonstances).
Le doigt pointu levé vers le barman (entamant une pirouette), Perséphone commande deux spiritueux sorciers aromatisés au piment dont seul, elle l’avoue, ce bar miteux de Londres a le secret. Une fois les verres embaumés sous son nez, la trafiquante est enfin prête à écouter avec la plus grande attention son précieux passe-droit à la richesse.

Et maintenant qu’on est entre nous, je peux même vous partager une information top secrète. Machinalement, la black thumb se penche vers le japonais. Des créatures japonaises dont vous ne soupçonnez même pas l’existence, il y en a ce moment même ici, en Angleterre. La veuve noire se redresse précipitamment, sans lâcher des yeux l’informateur qui vient de réveiller en elle une excitation nouvelle. Des créatures à porter de mains, exotiques à souhait, auxquelles personne ne croit ; ses pupilles scintillent. Cet inconnu venait de lui livrer une montagne de butin et elle n’avait eu qu’à bouger le petit doigt (littéralement).
Elle plisse les yeux, s’empêchant de remuer sur sa chaise pour ne pas paraître trop farouche, affichant mine de rien un air méfiant. Sa poitrine pouvait bien battre la chamade, cet Eldorado cachait peut-être quelque chose, demandait certainement un prix qu’elle ne pouvait pas payer.
Fausse ingénue, elle rapproche de nouveau son minois face à l’asiatique, posant son coude sur la table et son menton dans la paume de sa main qu’elle empêche de trembler. Les yeux lubriques divaguent presque, rêvent de bestioles splendides aux couleurs vermeils enfermées, à sa merci, dans les geôles de l’île. Un frisson la traverse et finalement elle reprend difficilement ses esprits. Vous semblez bien informé sur le sujet. peut-être les a-t-il gentiment transporté dans sa valise depuis le Japon. Je n’imagine même pas la chance que j’aurai si je pouvais découvrir cette faune si riche.

A défaut de dégainer la baguette pour la planter dans le cou du malheureux, Tula déplie son petit doigt et vient le poser sur les phalanges du japonais (tant de vilaines manières mais quand la thumb travaille, elle ne compte plus ses pirouettes pour arriver à ses fins). Mais j’en oublie la politesse. les caresses se stoppent et elle tend sa main vers sa poule aux œufs d’or Perséphone enchanté.
Maintenant que les convenances étaient passées, l’araignée allait pouvoir continuer son offensive vers l’abondance. J’ose penser que simplement apercevoir ces créatures se marchande. Votre prix sera le mien. Le soûler et le séduire ne seront peut-être pas suffisants, lui faire miroiter qu’elle pourra allonger quelques pépètes en plus n’est pas peu idiot au vue de la situation désespérante dans laquelle elle se trouve et de l’opportunité qui s’est ouverte comme une huître sans qu’elle n’ait rien eu à demander.

T'es bien certain que faut boire ça ? La boisson d'avant était dégueulasse, celle ci a carrément quelque chose d'inquiétant. Un aura menaçant. Un peu comme la femme qui te l'achète, d'ailleurs. Y'aurait pas du poison là dedans ? Si t'étais un sorcier sérieux, tu pourrais le repérer. J'suis sûr qu'un prof un jour a essayé de t'enseigner ça, éviter les potions maléfiques préparées par des esprits malicieux. Seulement comme d'habitude t'as soit rien écouté, soit rien retenu, alors tu respires insouciamment ce qu'on t'as apporté. Oulala, ça a l'air d'arracher. Je t'avais dis que fallait t'méfier, et toi bien sûr tu te le colle sous le nez. Ca te prend immédiatement les narines, les larmes qui remontent dans les yeux. Tu te contentes de décocher un sourire peu convaincant pour cacher tout ça. Bravo, toujours prêt quand il s'agit de passer pour un con. Avec un peu de chance elle est encore trop loin pour remarquer quoi que ce soit. Vous semblez bien informé sur le sujet. Je n’imagine même pas la chance que j’aurai si je pouvais découvrir cette faune si riche. Elle aussi elle se comporte un peu bizarrement d'ailleurs, un regard louche, peut-être qu'elle est pas habituée au verre non plus.

Tu devrais, wow, elle pose sa main sur la tienne ! Oublies la boisson, les yokai, toutes ces conneries, c'est important là. Suffit de bien se débrouiller pour que la soirée s'embellisse. Perséphone enchanté. Tu lui sers la main avec les deux tiennes, n'en fait pas trop non plus, hein. "Oh c'est moi qui le suis, enchanté. Isshin Hoshino." Tu t'es même souvenu qu'ils donnent le prénom en premier ici, et beh, je commence presque à être fier de toi. J’ose penser que simplement apercevoir ces créatures se marchande. Votre prix sera le mien. Bon je suppose que ça sert à rien que j'te le répète encore une fois. T'as pas besoin d'argent. Seulement j'vois déjà tes yeux briller, l'idée de pouvoir arnaquer quelqu'un d'une poignée de pièces te motivant encore plus que les caresses de n'importe quelle canon. T'es pas net.

"Et bien forcément, il y a des dépenses pour réussir à mettre la main sur des créatures aussi élusives. Des frais nécessaires. Mais ne vous inquiétez pas, pour une sorcière aussi charmante, je suis prêt à faire un prix d'amis." Le même sourire idiot pour accompagner les paroles, tu te rendras peut-être compte un jour qu'elle essaie, encore plus que toi, de te niquer. Dans tous les sens du terme, espérons. On croise les doigts. "Les bestioles dont je vous parle, on a de la chance de les apercevoir une fois dans sa vie, même dans mon pays. Alors j'ai déjà de nombreuses personnes intéressées, évidemment, parmi le gratin de votre gouvernement et toutes vos amusantes institutions." A force de raconter des conneries, t'en as oublié tes hésitations face à la boisson posée devant toi. Tu prends une gorgée et, grand surprise, c'est vachement bon. Elle est peut-être pas si dangereuse cette Perséphone. "Vous êtes tout de même différente des habituels intéressés. Vous me pardonnerez la curiosité, je vous retourne la question, qu'est-ce qu'une splendide amatrice de zoologie comme vous fait dans ce pays ?"

La raison et les sens affutés de la jeune femme la quittent aussitôt que le japonais entre dans son jeu. L’appât du gain en Perséphone est bien trop intense pour la mettre en garde. Les armes se baissent instantanément car, elle en est certaine, elle contrôle la situation et continuera à la tenir bien en main que Isshin termine dans le caniveau ou entre ses jambes. Dans le pire des scénarios, il lui reste toujours sa baguette et ses réflexes. Les contacts sont encore bien polis mais la tension est d’autant plus palpable que la sorcière se voit déjà couler sous une montagne d’argent. Les mots flattent et les sourires s’agrandissent au fur et à mesure que le vent tourne à l’avantage de la Black Thumb. Elle n’est pas surprise du prix exorbitant à dépenser pour apercevoir toute ce panthéon animal fantastique que les plus riches contes décrivent comme de véritables merveilles. Seulement, il n’est pas tout à fait garantie que Perséphone paie le prix demandé : il suffit simplement que le sorcier en face d’elle pense qu’elle lui donnera père et mère pour obtenir ce qu’elle veut. Lui faire la peau après avoir obtenu son gain n’est donc pas une option, sauf si joli minois la convainc de lui laisser la vie sauve.

Les bestioles dont je vous parle, on a de la chance de les apercevoir une fois dans sa vie, même dans mon pays. Elle a envie de lever les yeux au ciel mais se retient de justesse. Perséphone se revoit dans les souks marocains avec Swall, déambulant entre les marchands de tissus et de tapis, vous convaincant qu’ils ont une grande liste d’attente de clients venant de pays lointains rien que pour récupérer le précieux bien alors que les seuls à acheter le fruit de leur travail sont leurs frère, sœur et cousins. La sorcière joue les impressionnées face aux dires d’Isshin. Visiblement, il ne lui cèdera pas la visite des créatures si aisément. Elle trinque rapidement avec lui avant qu’il ne goute ce délicieux breuvage.
Alors j'ai déjà de nombreuses personnes intéressées, évidemment, parmi le gratin de votre gouvernement et toutes vos amusantes institutions. Je suis toute autant étrangère que vous. – au cas où il ne l’aurait pas remarqué avec sa façon énervante mais incontrôlée de rouler les r. Alors ces institutions, ce gratin et ce gouvernement ne sont pas les miens. Son œil perce les siens. Nous avons bien plus en commun que vous ne l’imaginez. Et j’espère que nous partagerons bien plus par la suite. La garce va vite en besogne, mais elle ne peut s’empêcher d’installer l’ambiguïté entre eux : en premier lieu Persé fait évidement référence aux créatures magiques que le japonais s’apprête à lui offrir, en second lieu, elle préfère laisser l’interprétation libre au prince asiatique.

Vous êtes tout de même différente des habituels intéressés. Vous me pardonnerez la curiosité, je vous retourne la question, qu'est-ce qu'une splendide amatrice de zoologie comme vous fait dans ce pays ? Voici donc la question à un million. Isshin vient d’inventer pour elle cet habile mensonge : ainsi à ses yeux, elle ne sera qu’une zoologiste en quête d’un chaperon. Ce rôle insignifiant lui convient et la couvre bien. Je suis démasquée. Les créatures magiques d’Italie et d’Espagne n’ont plus vraiment de secret pour moi. Alors j’ai ramené ma coquille en Angleterre et je suis ravie de voir ce qu’il s’y cache. Le regard insiste un moment. Et vous ? Ca se voit que vous êtes quelqu’un dans votre pays. Et je vois mal ce que le Japon peut avoir à envier au Royaume-Uni.
L’Asie était une terre sacrée dans l’esprit de la Thumb. Elle n’y avait jamais foutu un pied mais retardait malgré elle le précieux moment où elle pourrait enfin en faire son terrain de jeu et de chasse. Peut-être qu’à défaut de respecter qui que ce soit, elle respectait l’immense empire que représentait jadis ces contrées éloignées. Elles l’intéressaient bien plus que ce que l’on pouvait trouver par-delà l’océan Atlantique.

Son verre est fini et, engourdie sur sa chaise, Perséphone s’agite. Si je puis me permettre, je vous propose un marché. Vous m’avez l’air d’être un bon compagnon de festivités. Si je vous fais passer la soirée la plus mémorable sur ces terres, vous m’emmènerez demain voir les merveilles dont vous m’avez parlé – moyennant paiement évidement.
Deux nouveaux verres sont lourdement posés sur la table. Un hasard heureux que la sorcière s’empresse de saisir. Elle empoigne sa gnole et la tend vers Isshin comme pour signer le deal qui la mènera à la richesse et au respect éternel des autres Black Hands. A moins que vous n’ayez autre chose à me proposer.