ecosse - février 2008 | ♬
L’hiver berce depuis plusieurs mois les paysages écossais. La neige s’y installe par moment, laissant alors la joie des enfants se dessiner. Simone ne déroge pas à la règle et passe la majeure partie de ses journées à jouer dans la neige avec Alibi, l’elfe de maison qui joue les baby sitters. Léonilde a beaucoup de travail en ce moment, autant au ministère qu’à l’Angelus. Même si c’est le weekend, elle se retrouve à gratter du papier et réfléchir à des projets pour redresser les finances du gang. A son sens, il faudrait surtout virer les incapables, mais malheureusement, Fausto n’est pas de son avis.

Alors qu’elle garde un regard sur la gamine qui joue dans le jardin, un hiboux s’invite à sa fenêtre. Habituée à recevoir une tonne de courrier, elle le prend mécaniquement avant de donner une friandise à l’oiseau. Nonchalamment, elle pose la lettre sur le bureau, sans y prêter davantage d’attention. Ce n’est que quelques minutes plus tard, alors qu’elle cherchait un document particulier dans sa tonne de papiers, qu’elle porta un nouveau regard sur ce courrier. De toute évidence, il ne venait pas d’une instance officielle.

Curieuse, elle décocha l’enveloppe pour venir tirer les mots qui se trouvaient à l’intérieur. Jamais elle n’aurait imaginé recevoir un mot de la part de Nathan. Leur dernier échange avait été désastreux et elle avait presque commencé à accepter qu’ils ne se reverraient jamais. Suspicieuse, elle s’attarda sur une seconde lecture, comme pour analyser l’écriture. Intelligente, elle souligna la possibilité d’un piège. L’Ordre pourrait parfaitement utiliser Nathan pour l’approcher et lui faire payer ses mensonges.

Pour autant, malgré les mots violents et injustes de l’homme, elle ne le voyait pas la vendre. Du moins pas avant d’avoir pu discuter plus en détail. Léonilde hésite. Se rendre sur place pourrait être dangereux, mais ne pas y aller pouvait mener à la perte définitive d’un ami. Le dilemme était réel, mais une évidence lui sauta à l’esprit : malgré sa nature prévoyante, elle a toujours aimé prendre des risques.

Sans plus attendre, elle gagna le jardin. «‌ ‌‌‌‌Simone ! Alibi ! Je dois m'absenter.‌‌ ‌»‌ L’enfant fait une moue boudeuse, avant de finalement passer rapidement à autre chose. Simone a toujours été une enfant facile et intelligente. Elle a conscience que sa mère est seule pour s’occuper de tout, raison pour laquelle elle a décidé de lui rendre la vie facile. «‌ ‌‌‌‌Alibi, tu pourra cuisiner le poisson pour ce soir.‌‌ ‌»‌ Au même moment, Léonilde enfile ses gants en cuir avant d’embrasser sa fille et de transplaner.

Le lieu est désert et le vent étouffe la plupart des sons, à commencer par le clapotis de l’eau. Son regard navigue le long de la rive, à la recherche d’une silhouette. Nathan devrait déjà être présent. Au bout de quelques secondes, elle le trouve, aux abords d’un feu. D’un pas lent, elle s’approche du blond, non sans une certaine crainte. Léonilde appréhende le moment. Elle a peur d’être déçue, encore plus que la dernière fois.

L’homme tient sa baguette entre les mains. Il ne semble pas rassuré, comme si lui aussi doutait de sa fiabilité. La brune montre ses mains vides pour prouver son innocence, tout en restant silencieuse. Léonilde ne sait pas vraiment ce qu’il attend d’elle. Elle n’a pas envie de s’excuser, parce qu’elle l’a déjà fait. La dernière fois, elle a fait le premier pas, cette fois, elle préfère le laisser venir à elle.

Nathan s’excuse pour l’accueil. Il sent la culpabilité à plein nez. Léonilde ne comprend pas totalement le revirement de situation, mais elle reste. Elle l’observe en silence, comme pour essayer de comprendre la situation. Il semble sincère et honnête. En signe de paix, il mentionne le nom de sa fille, comme pour montrer qu’il est désormais capable de discuter.

«‌ ‌‌‌‌Elle est avec Alibi.‌‌ ‌»‌ Nathan ne connait pas l’elfe de maison. Il a été acheté un moment de la naissance de l’enfant. Une sorte de soutien d’éducation et un véritable ami pour la brune, qui vit, depuis des années, dans un parfait mensonge macabre. «‌ ‌‌‌‌Notre elfe de maison.‌‌ ‌»‌ Léonilde est assez étonné que Nathan ne pose aucune question sur Lawrence, le père de Simone. Sait-il pour la mort de ce dernier ? Sait-il qu’elle a accusé l’Ordre du Phénix pour cette mort ? A-t-il la moindre idée sur ce qu’elle a fait et sur ce qu’elle cache ?
Elle sourit vaguement lorsqu’il fait allusion à Azkaban. Le sujet est épineux, sans parler que c’est exactement l’endroit où elle pourrait finir si la vérité venait à éclater au grand jour. Pour autant, elle n’en peut plus de lui mentir, elle en a marre de n’avoir personne sur qui compter. «‌ ‌‌‌‌C’est moi qui devrait-être à Azkaban et pour dire vrai, j’aurai même dû être à ta place. Ce qui t’est arrivé est injuste Nate, tu ne méritais pas ça. Tu as toujours été quelqu’un de bien.‌‌ ‌»‌ Contrairement à moi. Ces quelques mots restent coincés dans le fond de sa gorge alors qu’elle s’approche du feu crépitant.

«‌ ‌‌‌‌Tu n’avais pas totalement tort la dernière fois.‌‌ ‌»‌ Les mots du blond l’avaient blessé, principalement parce qu’ils comportaient une part de vrai. Oui, elle aide le Lord. Oui, elle a choisi un chemin peu honorable. Oui, elle a tué un homme. Oui, elle afait porter le chapeau à d’autres. Bien sûr, il y a des circonstances atténuantes, mais cela ne la rend pas innocente pour autant. «‌ ‌‌‌‌Mais je n’ai jamais cessé d’être ton amie.‌‌ ‌»‌ Une vérité qu’elle tient à rappeler, parce qu’elle souffre de passer pour une personne peu loyale.

( Pando )

ecosse - février 2008 | ♬
Le fait qu’il avait pu douter de sa loyauté ne la surprenait pas vraiment. Dans la situation inverse, elle aurait sûrement été la première à faire preuve de méfiance. Cependant, malgré ses nombreux défauts, Léonilde possède des valeurs inébranlable, comme celles de protéger et soutenir les personnes qui comptent réellement à ses yeux. D’aussi loin qu’elle puisse se souvenir, Nate a toujours été une bonne personne avec elle, même si la plupart des personnes l’évitaient. Léonilde n’était pas une enfant facile et à Poudlard, elle avait rapidement agacé la plupart de ses camarades avec son air de miss-je-sais-tout. Plus ouvert d’esprit ou simplement gentil, le jeune garçon avait été capable de voir au-delà de ce masque, ce qui le rendait indéniablement meilleur que les autres. De l’eau avait coulé sous les ponts depuis l’école, mais à ses yeux, il comptait toujours autant, voire même plus qu’auparavant.

Une attachement qui s’expliquait par la durée de leur relation, qui avec le temps, s’était ancrée comme quelque chose de solide. «‌ ‌‌‌‌Tu peux me faire confiance.‌‌ ‌»‌ Ces quelques mots, elle les répétera autant de fois qu’il faudra pour rassurer son ami. Nate semblait ressortir de la culpabilité par rapport à leur dernier échange. Certes, les mots de l’autre l’avaient blessé, mais elle était capable de pardonner à un ami. Il avait traversé l’enfer, il méritait d’être accueilli à bras ouverts. «‌ ‌‌‌‌Ce n’est pas important, je comprends ta colère.‌‌ ‌»Bienveillant, comme toujours, l’homme s’excusa de ses propos, mais plus il parlait, plus Léonilde se sentait coupable.

Il n’y a rien que tu aies pu faire qui aurait mérité qu’on échange nos places. Son cœur se serra immédiatement. La brune était coupable d’un crime bien plus violent que celui de son ami. Elle méritait bien plus la prison que lui. Sous prétexte d’avoir parcouru l’enfer et de vouloir protéger sa fille, la sorcière était devenue une meurtrière. Elle avait commis l’irréparable et le pire, dans tout cela, c’était qu’elle ne regrettait pas vraiment son geste. Lawrence était un être abject, il méritait parfaitement de se retrouver six-pieds-sous-terre. Ce qui la gênait, c’était plutôt de passer pour la petite sainte devant son ami.

Alors que ce dernier expliquait que la prison n’était pas un lieu pour une mère de famille, la brune ne put garder plus longtemps l’information. «‌ ‌‌‌‌Je n’ai plus de mari.‌‌ ‌»‌ Elle avait essayé d’en parler au café, mais la tournure de la conversation ne lui avait pas permis d’aboutir à un échange plus profond. Maintenant que les tensions étaient apaisées, elle pouvait se livrer un peu plus. «‌ ‌‌‌‌J’y finirais sûrement en prison, peu importe qui gagnera cette guerre. ‌‌‌‌ ‌»‌ Un jour le Lord apprendra sûrement son acte et se vengera, et s’il n’agit pas, c’est sûrement l’Ordre du Phénix qui la punira pour ses fausses accusations. En pointant du doigt les révolutionnaires, elle avait sûrement condamné une âme innocente. Sa survie ne justifiait pas tout, elle en avait conscience et cela faisait déjà un moment qu’elle vivait avec ce crime sur la conscience.

( Pando )