@Aberforth Dumbledore
Tes décennies de bons et loyaux services à Hogwarts t’ont façonné de bien des manières. La nuit, tu te réveilles encore au moindre craquement, au moindre bruit, prêt à te lever et à aller arpenter les couloirs en compagnie de Mrs Norris pour renvoyer les élèves récalcitrants dans leur dortoir. Et puis, lorsque tes yeux s’habituent à la pénombre, tu finis par te souvenir. Tu te rappelles que tu te trouves au Théâtre, que les étudiants ont été remplacés par tes colocataires cracmols, eux-aussi membres de l’Ordre, et qu’elle n’est plus là, qu’elle ne sera jamais plus à tes côtés.

Et la nuit qui avait précédé le jour de Noël ne fit pas exception à la règle. Tu te réveillas à l’aube. Le jour n’était pas encore tout à fait sorti de sa tanière. Plutôt que de te recoucher dans le vain espoir de parvenir à retrouver le sommeil pour achever ta nuit, tu décidas de rester éveillé. Tu entamas ta routine quotidienne, tout en y apportant un changement de taille. Aujourd’hui, tu accordas un instant de répit à tes camarades, et leur laissas apprécier la douceur d’une grasse matinée. Point de réveil en fanfare, à l’aide du premier objet en cuivre ou en métal qui te passait sous la main. Noël était une fête que tu avais étonnamment toujours appréciée. Certainement parce que le monde sorcier n’en avait pas le monopole.

Au cours des visites que tu avais rendues à Esteban ces dernières semaines, tu en avais profité pour chaparder ça et là quelques bricoles, qui, une fois assemblées faisaient office de décorations de Noël pour le Théâtre. T’étais pas peu fier de ce que t’avais accompli là, et tu espérais bien que les gamins complimenteraient ton travail. Et alors que tu pensais que l’un des rejetons venait enfin de se lever, tu te dirigeas vers la cuisine, dans laquelle tu venais d’entendre un bruit. La pièce était vide. Mais tu étais persuadé de ne pas encore être devenu aussi fou qu’on ne le prétendait. Laissant parcourir ton regard inquisiteur jusque dans le moindre recoin, tu finis par apercevoir, gisant sur le sol, une chope en étain. Tu t’approches lentement de l’objet, tout en prenant bien soin de ne pas y toucher avant de savoir de quoi il s’agissait. Alors que tu te penches en avant, ton fémur frémit et laisse échapper un craquement. Tes yeux se plissent, tes sourcils se froncent, et un grognement inaudible s’échappe d’entre tes lippes, lorsque tu distingues le sanglier gravé sur la surface de la chope. “I hate you, Dumbledore.” lâches-tu à haute voix, bien que personne ne soit à proximité pour t’entendre. Depuis que tu étais devenu membre de l’Ordre, tu ne t’étais pas véritablement entretenu avec Aberforth. Tu avais certes suivi à la lettre le parchemin qu’il t’avait envoyé pour t’inciter à prendre des cours de tir avec Alvarez, mais tu ne l’avais ni croisé, ni même contacté par quelconque moyen que ce soit. Tu étais d’ailleurs bien tenté d’ignorer son maudit portoloin, mais ta curiosité insatiable mourrait d’envie de savoir ce qu’il te voulait en ce jour si particulier. Et bien sûr, au fond de toi, tu espérais que la chope te mènerait jusqu’à lui et non à l’une de ses connaissances censée te former dans une nouvelle discipline tirée par les cheveux.

Ne sachant évidemment pas à quel moment le portoloin redeviendrait un vulgaire objet, tu ne te fis pas plus prier pour prendre ton manteau sous le bras, avant de t’emparer de la fameuse chope. Tu détestais toujours autant la sensation que ces voyages surnaturels te procuraient. Tu avais l’impression d’être prisonnier d’un tourbillon infernal. Aussi, c’est avec l’air ronchon et l’humeur irritable que tu apparus devant Aberforth. “A bloody portkey? You could have sent me a letter in advance. I’m quite busy today. The boys need me.” Dumbledore ne croirait jamais à ton mensonge, mais tu ne te voyais pas le saluer avec plus d’entrain que cela. A vrai dire, tu avais bien essayé de réfléchir à ce que tu lui dirais, le jour où vous vous feriez à nouveau face. Et plus tu avais tenté d’imaginer le moment de vos retrouvailles, plus tu l’avais redouté de plus belle. Qu’était-on censé dire à son amant, que l’on avait abandonné au passé et auquel on n’avait pas donné de nouvelles durant une décennie ? “What can I do for you?”

Aberforth n'en est pas forcément très fier mais il hésite avant d'envoyer le portoloin. Il regarde la chope longuement, la retourne un peu sous tous les angles avant de jeter le sort et de l'envoyer d'un coup de baguette - rapidement, pour que ça soit fait et qu’il n’y pense plus.

Il aurait peut-être dû accompagner l'objet d'un message, inscrire une quelconque invitation ou explication, mais quelque part, ça aurait été presque trop. Pour lui, la situation est claire et la balle est dans le camp d'Argus. Qu’il vienne ou pas, ça sera son problème maintenant.

Jusque là, Aberforth a préféré se tenir à l’écart, par rancœur, certes, mais aussi parce qu’il n’arrivait pas vraiment à jauger quelle place il devait avoir - ou quelle place Argus le laisserait avoir - maintenant qu’il est lui aussi à l’Ordre. Rester en retrait semblait alors le meilleur pari, s’assurant tout de même qu’il serait bien accueilli au Théâtre et capable de se défendre, au cas où. Il ne sait pas exactement comment ses “indications” ont été reçues mais il sait qu’elles ont au moins été suivies. C’est déjà ça.

Cela fait tout de même un moment qu’il hésite à tout simplement se déplacer directement au Théâtre pour le voir mais, sachant qu’Argus n’a pas les même libertés de déplacement que lui, s’imposer de cette façon semble le moyen le plus sûr de mettre de l’huile sur le feu et de transformer une tension implicite en un conflit ouvert et cinglant. C'est-à-dire l’opposé de ce qu’il souhaite.

Du coup, le portoloin. Argus peut ainsi décider de venir ou non et le calme relatif de la planque semble mieux convenir qu’une planque bruyante remplie de gamins beaucoup trop curieux pour leur bien.

Noël, disons que c’est le côté sentimental d’Aberforth qui joue. La fête n’a pas toujours été des plus joyeuses pour lui mais il a tout de même quelques bons souvenirs. Et Argus, Aberforth sait qu’il a un certain attachement pour cette fête, se souvient que l’humeur était plus légère à la taverne à la fin du mois de Novembre et à l’approche de Décembre, l’endroit rendu un peu plus chaleureux par ses timides tentatives de décorations - finalement reprises par Argus qui avait visiblement une meilleure idée de ce qu’il faisait.

C’est une main tendue, donc. Maladroite, certes, mais une main tendue quand même, qui le rend cependant légèrement nerveux.

Aberforth attend à peine quelques minutes sur la pelouse enneigée de la planque avant qu’un CRACK! retentisse et qu’Argus apparaisse devant lui, l’air peu amusé par son stratagème. “A bloody portkey? You could have sent me a letter in advance. I’m quite busy today. The boys need me.”

Aberforth laisse Argus cracher son indignation, s’y étant préparé, et s’applique à maintenir un visage neutre, seulement fendu par un très léger rictus qu’il ne peut retenir. Malgré tout, il lui a manqué. “It’s not like I had many options. It was either that or getting one of the kids to take you here. I doubt you would have liked that better… But of course if you prefer staying with the boys-” Il offre son bras pour le transplaner mais Argus l’ignore.

“What can I do for you?”

“It’s Christmas,” Aberforth répond sans autre explication, comme si ces simples mots suffisaient. “Come inside, I’ve made Fire Eggnog,” il ajoute en tournant les talons et en retournant à l’intérieur de la demeure sans même s’assurer qu’Argus le suit bien.

Lorsqu’il passe la porte, il se sent un peu gêné, conscient que l’espace a toujours été plus Albus qu’Aberforth, même si on y retrouve son éternel bordel organisé - aujourd’hui lié à celui du reste de la planque: des piles de livres en pagailles, des rouleaux de parchemins marqués et cornés qui devraient sûrement être mieux rangés que ça à en juger leur importance, des chaussures, des balais, des instruments, un tout qui contraste avec une haute cheminée, le riche velours vert des murs, et une bibliothèque immaculée qui associe précieux ouvrages, prestigieux trophées, et bibelots de valeurs.

Aberforth prend place au bout de la table - elle aussi recouverte d’affaires en tout genre, poussées sans grand ménagement histoire de faire de la place pour deux personnes - et agite sa main pour invoquer deux verres et la cruche de lait de poule préparée plus tôt. “Sit down,” il lance presque sèchement en les servant. “It won’t bite you.”

@Aberforth Dumbledore
Tu savais que cela te procurerait certainement un drôle de sentiment de le revoir, d’être seul à seul avec lui pour la première fois depuis si longtemps. Aussi, tu ne t’étonnes pas de sentir tes mains devenir moites, signe de ta nervosité grandissante. Bien sûr, Aberforth ne se laisse pas impressionner par ton humeur grincheuse. Il réplique même, quelque peu sur la défensive. En cet instant, il te rappellerait presque son frère, mais évidemment, tu te retiendras de lui partager ce commentaire. Car en face de toi se tient un homme, dont tu connais les forces, mais aussi les blessures. “I’m not complaining about the way I’ve arrived here, rather about the fact that there was no prior announcement.” Lui aussi te connaît plus que quiconque d’autre. Et il choisira certainement d’ignorer tes grognements, sachant pertinemment que tu les formulais plus pour le principe qu’autre chose.

Il n’allait certainement pas te faire gober qu’il t’avait invité simplement parce qu’il avait été soudainement frappé par l’esprit de Noel. Néanmoins, tu t’étais privé suffisamment longtemps de sa présence, pour refuser de rester quelques instants auprès de lui. “I guess I can’t say no to your Fire Eggnog.” Tu lui avais jamais dit que tu trouvais son lait de poule épouvantable, et de ce fait, Aberforth avait toujours cru que cela faisait partie de tes boissons favorites. Et devant son enthousiasme (qui se manifestait la plupart du temps par un rictus à peine perceptible), tu n’avais finalement pas osé lui révéler la vérité. Aujourd’hui encore, te voilà à jouer la comédie, comme un gamin devant ses premiers émois.

Tu le suis alors silencieusement à l’intérieur. Tu t’étais quelques fois demandé à quoi pouvais bien ressembler sa planque. Oui, tu étais curieux de voir l’endroit de plus près. Aussi, tu commences à te perdre dans l’observation des lieux. Jusqu’à la voix d’Aberforth résonne à tes oreilles d’un ton plus directif. Tu lèves un sourcil, d’un air perplexe, devant son affirmation. “Not that I’d be afraid of it, Dumbledore.” Ta réplique se veut un brin provocatrice, mais il n’y a absolument aucune amertume dans ta voix. Sans te faire prier plus longtemps, tu tires la chaise qu’il t’avait indiquée et prend place auprès de lui. “Your bloody goats are much more intimidating. I know they’ve never liked me, and would give everything to bite my flesh.” Comme toujours lorsque tu réalises que tu viens de prononcer des paroles potentiellement gênantes, tu enchaînes rapidement d’un air geignard et mécontent. Bien sûr, tu n’as pas accepté son portoloin pour venir l’accabler de reproches. Mais pour l’heure, tu ne sais tout simplement pas par où commencer. Tu n’es pas prêt à lui formuler des excuses, et ce, principalement parce que tu redoutes sa réaction bien plus que tu n’oses l’avouer. Alors, tu fais ce que tu sais faire de mieux : râler comme le vieux grincheux que tout le monde pense connaître.“It’s pretty messy here. You should hire a housekeeper.” Si seulement cela pouvait être si simple, si seulement vous pouviez fermer les yeux et oubliez les dix dernières années, pour tout recommencer comme avant.

L'amertume d'Aberforth est lourde, tangible presque, et amplifiée par le tic, toc de la grande horloge de la cuisine - un bruit flippant, lui a-t-on souvent fait remarquer. Lui n'a jamais été trop dérangé. Aujourd'hui, il tape ses doigts en rythme sur la vieille table en bois, peut être pour se concentrer sur autre chose que son appréhension de la conversation - faute de meilleur mot - à venir.

"Not that I’d be afraid of it, Dumbledore," Argus répond et Aberforth le fixe du regard jusqu'à ce qu'il attrape la chaise et daigne s'asseoir. "Your bloody goats are much more intimidating. I know they’ve never liked me, and would give everything to bite my flesh."

Cette remarque a au moins l'effet de tirer un petit sourire à Aberforth qui imagine assez bien la scène. Il le cache cependant rapidement derrière son verre. La boisson aurait le mérite d'être un peu plus corsée mais il sait que les gamins risqueraient de se servir et vu leur gabarie, il n'est pas sûr qu'ils tiendraient le choc. "Smart lil creatures, aren't they?" il répond, assez amusé, avec juste une pointe de tendresse pour ses chèvres. "Though, they won't bite if you're nice to them, y'know?" La détresse d'Argus face à ses chèvres à toujours été source de grand divertissement pour Aberforth, qui ne comprenait pas pourquoi Argus avait aussi facilement et catégoriquement pris en grippe les quelques chèvres qu'il avait avec lui à l'auberge. Argus a souvent prétendu que l'origine de cette rivalité était inverse mais Aberforth n'avait jamais rien observé de tel.

"It’s pretty messy here. You should hire a housekeeper," Argus remarque ensuite, avec toute l'aigreur qu'on lui connait.

Aberforth fronce les sourcils. Cette observation n'est clairement pas loin de la réalité mais il sent un grand sentiment de protection vis à vis de cette demeure. Et, comme toujours, il n'aime qu'on émette n'importe quelle critique sur quelque chose qui le concerne de près ou de loin. Alors il aboie en retour.

"I didn't invite you here so you could complain about the home decor. It's a safe house. Things happen here," il se défend, très clairement sur la défensive. "Now feel free to tidy up if you're itching for it. But when Austen complains about things going missing, you'll handle her." Il regarde son verre, le tourne, un peu distrait avant de se râcler la gorge et de demander, "How's it like at the Theatre? Perfectly clean and put together, I imagine?" Son ton est ironique, un peu âcre. Bien sûr, le réel problème n'a rien à voir avec l'état de rangement de telle ou telle planque. Mais toute sa vie, Aberforth a préféré se raccrocher aux petits accros plutôt que de faire face aux trous béants. L'agacement est un sentiment bien plus facile et familier que le chagrin.

@Aberforth Dumbledore
Même les Dumbledore ne sont pas épargnés par les affres du temps. Aberforth commence à se faire vieux, il rabâche encore et toujours des inepties à propos de tes soi-disants ressentiments à l’égard de ses précieuses chèvres. “Yeah, yeah, I know. You always say that.” Comme si t’avais jamais essayé de témoigner de l’affection à ces fichues bestioles. D’un signe las de la main, tu coupes finalement court à cette discussion qui n’aboutira, de tortue façon, jamais à un point d’entente entre vous deux. Cela avait toujours été votre sujet de dispute de vieux couple favori, et il en serait probablement toujours ainsi.

Mais alors que tu te permets un commentaire quelque peu acerbe sur les lieux qui t’entourent, les signes d’une discorde plus profonde refont à nouveau surface. Tu sembles avoir dépassé les limites invisibles fixées par Aberforth, durant ces dix dernières années d’absence. Et si ton ancien amant paraît très clairement sur la défensive lorsqu’il réplique, il en va de même pour toi. “So why did you invite me to this mighty place then?” Bien que tu puisses parfaitement imaginer quelles raisons avaient poussé Dumbledore à te faire quérir en ce jour, tu n’avais, pour l’instant, reçu aucune confirmation manifeste de sa part. Tu avais beau redouter le moment où il te faudrait aborder ton départ et le silence radio qui l’avait accompagné pendant plus d’une décennie, tu n’étais pas du genre à tourner autour du chaudron pendant une éternité. Et à l’époque, il en était de même pour Aberforth. Mais bien des choses avaient changé, semblait-il… “And who the hell is Austen?” Le ton est peut-être un peu abrupt, comme toujours, mais tu n’élèves pas la voix. Et pourtant, tu redoutes quelque peu l’importance que cette fameuse Austen pouvait bien avoir pris dans la vie d’Aberforth durant tes années d’absence.

Après la défense survient l’attaque. Dumbledore se reporte finalement sur le Théâtre. Peu importe l’état dans lequel était la planque, tu ne lui révélerais certainement jamais la vérité, préférant dépeindre une demeure impeccable du sol au plafond (la mauvaise foi ayant toujours été l’un de tes défauts les plus tenaces). “Go ahead, continue to mock my safe place.” Toujours est-il que tes colocataires et toi ne disposiez pas de la moindre magie pour entretenir la vaste bâtisse. Tout le ménage et le rangement se faisait à la main. Alors que s’il l’avait voulu, Dumbledore aurait pu mettre de l’ordre dans ses affaires en un coup de baguette magique. “The kids I live with may be quite messy. But I hate them less than the Hogwarts students… I guess.” Ta façon à toi d'exprimer ton affection pour tes colocataires, que tu appréciais suffisamment pour apporter des décorations de noël à la planque, ce qui signifiait déjà beaucoup. La simple évocation d’Hogwarts suffit à te serrer le cœur. Tu portes alors la tasse à tes lèvres et avales une gorgée de lait de poule, comme pour te donner un peu de contenance. “I know I should have come to you before I left.” Tu ne lui présentes pas encore tes excuses, mais c’est un début. Ces quelques mots si solennels et lourds de sens semblent alors résonner en écho dans la pièce.

”So why did you invite me to this mighty place then?”

Aberforth ne répond pas. Du moins pas verbalement. Il n’est pas encore vraiment sûr d’être capable de mettre des mots sur la raison de son invitation. A la place, il souffle fort, racle un peu son verre contre la table en signe d’agacement. Le ton d’Argus ne lui plait pas; pas nécessairement à cause de l’amertume qu’il y trouve mais plus parce qu’il le force à reconnaître la prétention de ses mots. Things happen here. Pas vraiment le genre de prétention dont il fait preuve normalement, ou qui puisse impressionner Argus. C’est normalement un point sur lequel ils se rejoignent. L’un comme l’autre, ils n’ont jamais eu de temps pour le prestige, les grandes pompes, l’importance. Mais être ici, baigné à longueur de journée dans l‘héritage de son frère, peut être que ça a fini par l’attaquer.

“And who the hell is Austen?” Le ton d’Argus est encore un peu plus cassant et Aberforth ne prend pas la peine d’entretenir le mystère plus longtemps, désireux de lever toute ambiguïté pour des raisons qu’il examinera plus tard.  “Elizabeth. Kid that lives here. She leads the whole archive operation. So young but so damn bossy,” il ajoute avec un peu plus de tendresse pour la gérante de la planque. Il ne sait pas si c’est passer autant de temps avec lui qui l’a rendue aussi grognon ou si elle a toujours été comme ça, mais il parait que les deux forment un sacré duo.

“Go ahead, continue to mock my safe place.” “I’m not mocking anything,” Aberforth le contredit rapidement avec un geste de la main. S’il n’a pas envie de dire exactement pourquoi il l’a fait venir, il peut au moins avouer que ce n’est pas pour qu’ils se prennent pas tête. Pas sur ça en tout cas. “The kids I live with may be quite messy. But I hate them less than the Hogwarts students… I guess.” Le ton redescend et Aberforth en est soulagé. Mieux même, il est content d’entendre qu’Argus se plaît au Théâtre, ou du moins d’entendre qu’il ne déteste pas totalement l’endroit. L’accueillir à l’Ordre, c’était peut être un pari risqué, mais un pari qu’il n’avait pas le choix de prendre. En dehors de la Résistance, difficile d’imaginer une place pour Argus que ce soit chez les sorciers que chez les moldus. Au moins là, Aberforth sait où il est, sait qu’il est en relative sécurité.

Aberforth acquiesce alors mais ne rebondit pas. N’importe quelle réponse pourrait être le mot de trop et, encore une fois, il n’a pas fait venir Argus pour qu’ils se prennent la tête. Pourtant, la prise de bec semble inévitable puisque après autant de temps sans avoir de nouvelles, presque tous les sujets semblent être un champ de mine à traverser. Et Argus décide de se jeter dans le pire de tous. “I know I should have come to you before I left.”

La mâchoire d’Aberforth se sert et il se remet à racler son verre contre la table, une habitude qu’il a prise quand il était enfant et qu’il était forcé de rester dans une situation qui le mettait mal à l’aise. Il pourrait le remercier de le reconnaître, balayer son aveu en expliquant que de l’eau à couler sous les ponts. A la place, il choisit la rancœur, parce qu’il ne peut pas s’en empêcher, parce que ça a toujours été comme ça avec lui. “It’s fine, I get it. Guess you were in a hurry. More important things to do.” Le regard qu’il jette à Argus est perçant, menaçant presque. Sa remarque n’a pas pour but d’être larmoyante mais plutôt cinglante, une façon détournée de lui faire comprendre que la page n’est pas tournée.

Rck, rck, rck A force, le verre risque soit de faire des marques sur la table, soit de se briser.

@Aberforth Dumbledore
Tu as beau poser et reposer la même question à Aberforth, celle-ci continue de demeurer sans réponse. Tu en viens à la conclusion que ton vieil ami ne sait pas lui-même pourquoi il t’a véritablement fait venir jusqu’à lui en ce jour. Ou plutôt, ne veut-il pas s’avouer les véritables raisons. Tu soupires presque silencieusement. Tu le connais suffisamment pour savoir à quel point il peut se montrer opiniâtre et renfermé quand il n'est pas d’humeur. Et Aberforth, il est rarement d’humeur. “Well, I’m glad that you’ve found that kid to help you with… all this.” Ta main fait un vague geste dans les airs pour désigner tous les documents qui vous entourent. Tu ne sais pas bien en quoi consiste le travail d’Aberforth auprès de l’Ordre, et en fin de compte, cela ne te regarde pas vraiment. Tu ne te sens plus légitime à lui demander de quelle façon il occupe ses journées. Néanmoins, une partie de toi s’avoue satisfaite d’en savoir plus sur Austen et de pouvoir l’étiqueter comme une personne tout à fait insignifiante, que tu pourrais ignorer sans problème. Si l’assistant d’Aberforth s’était avéré être un vieil homme acariâtre, alors tu aurais certainement cherché à enquêter plus en profondeur sur sa personne.

Mais alors que la tension semblait s’être enfin stabilisée, il te semble soudainement bon de te lancer dans une pitoyable tentative d’excuse. C’est sans grande surprise qu’Aberforth réplique avec tout le cynisme que tu lui connaissais, et qu’il réservait jadis à son frère. Le silence radio dont tu l’avais convié durant la dernière décennie n’était donc toujours pas pardonné. Et comment aurait-il pu l’être ? Si les rôles avaient été inversés, tu aurais certainement réagi de la même manière, sinon pire. Dès lors que tu l’entends, tu reconnus le raclement du verre d’Aberforth contre la table. Vous aviez partagé suffisamment de repas en compagnie l’un de l’autre, pour que ce signalement de son mal être ne puisse t’échapper. Tu avais bien conscience que le moment était venu de désamorcer la situation avant qu’il ne finisse par décaper la surface de la table. Mais il t’était tout bonnement impossible de laisser son impudence sans réponse. Comment osait-il remettre en question le danger qui avait alors couru sur tes épaules ce jour-là ? Comment osait-il balayer d’un revers de la main le sort funeste dont Miss Norris avait été victime ? Tes doigts se resserrent fermement autour de ton verre alors que tes pupilles viennent se planter dans celles d’Aberforth. “Yes, yes indeed. Saving my own life from the Carrow twins appeared to be a quite important thing to do.” Loin de toi l’idée de t’enfermer dans le rôle larmoyant du cracmol que le monde entier haïssait, mais tu demeurais convaincu, qu’il était des choses qu’Aberforth, du haut de son statut de sang-mêlé et frère de l’un des plus grands sorciers de tous les temps, ne serait jamais à même de comprendre pleinement.

Tu pousses finalement un long soupire, cette fois-ci bien plus audible que la précédente, avant de repousser ton verre sur le côté pour prendre appui sur la table et de te pencher quelque peu en direction d’Aberforth. “Come on, old man, you perfectly know what you meant to me.” La déclaration est prononcée au passé, comme pour mieux te protéger de l’éventuel rejet d’Aberforth. Mais tu as parfaitement conscience que les sentiments d’autrefois sont toujours là, enfouis dans tes souvenirs les plus chers. “I didn't leave you on purpose.”