that wasn't very cash money of you

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@Connor Flowers | Janvier 2008

C’est normalement la tâche de Fiona de faire le chemin jusqu’à la banque pour y effectuer tous les dépôts nécessaires, alors que sa fille connaît sur le bout des doigts toutes les subtilités de la comptabilité de l’élevage. Une normalité à laquelle il est aujourd’hui impossible de se plier, alors qu’un sursaut magique a transformé l’un des classeurs en déchiqueteur de fortune aux crocs de métal. Il a fallu les efforts combinés de Darragh et son père pour réussir à apaiser la bête, bien décidée à faire un festin de tous les bons de commandes soigneusement rangés dans ses dossiers.

Bonne nouvelle : ils ont réussi à retirer au classeur toute velléité d’attaque armée et à le retransformer en banal objet de rangement sans aucun appétit infernal pour le parchemin et l’encre.
Mauvaise nouvelle : une partie desdits bons sont en effet en bien mauvais état.

Le temps de récupérer tout ce qui était abîmé, il était temps de partir au rendez-vous mensuel avec la branche irlandaise de la BSM et… et c’est donc lui qui est là, dans le cubicule intime, avec devant lui une femme qu’ils occupent depuis déjà trente bonnes minutes. Facile. Et ce n’est pas fini, bien sûr. L’éleveur gratte sa barbe du bout des doigts, puis ses jeans usés qui n’ont pas fini d’embaumer le foin frais dans le cubicule. « Passe-moi… la sacoche bleue », demande Darragh à Connor, qui lui sert pratiquement de mulet, tout un paquet de sacoches remplies de Gallions sonnants autour de lui. Ah oui, parce que voyez-vous, tout ne peut pas être déposé simplement dans le même compte : il y a celui de remboursement du terrain, les revenus de l’élevage, ceux d’activités connexes, les taxes à acquitter au passage, certains gains du gang à passer sous couverture et à transférer ailleurs… Tout un paquet de bêtises que le Lynch faisait lui-même auparavant et qu’il a sans remords transmis à sa petite génie des chiffres dès qu’elle lui a fait comprendre que l’élève avait dépassé le maître dans ce domaine. Et sans doute qu’il s’en sortirait aussi très bien si Fiona n’avait pas tout réarrangé à sa sauce !

Il y a donc à la banque Darragh, Connor, six sacoches de couleurs différentes et un rouleau de parchemin à la longueur effarante rempli d’instructions numérotées où il ne manque bien que les moments où respirer tant c’est détaillé. Il ne le dira pas à sa progéniture : elle risque de le faire pour la prochaine fois, SI il y a prochaine fois. Rien de moins sûr, vu la lenteur du duo d'Irlandais.

Un fracas résonne hors du cubicule, accompagné de quelques voix. L'ancien Serdaigle lève un peu la tête, curieux, mais leur banquière ne semble pas être inquiète, et plutôt intéressée par le contenu de la dernière pochette à fouiller.

FIELD TRIP !!! Connie adore quand M'sieur Lynch l'emmène en mission quelque part. Ça pimente un peu le quotidien, même s'il ne s'agit que d'aller acheter du shampoing pour les puces de Tiens-toi-à-carrow. Ça change du décrottage de sabot et du décrottage de box et du décrottage de matériel, BREF, ça change. En plus, paraît que cette fois ils vont à Gringotts, genre l'endroit où Connie a dû se rendre une fois tout au plus, pour accompagner Ma. Mais comme il a passé tout le voyage à se foutre du nez des gobelins, elle a jugé plus sage de le tenir éloigné de la banque à partir de ce moment-là. Et puis normalement c'est le job de Fiona ça, il y touche pas. Fiona qu'il s'est pas gêné de narguer au passage. “ Dix noises qu'on va faire un meilleur taf. ” Stakes are high, mais vous comprenez, palefrenier ça paie pas des masses (faudra peut-être qu'il profite pour revoir les clauses de son contrat au passage, quitte à parler argent). Et puis qu'on soit honnête, s'ils ont une chance de faire mieux que Fio, ça sera évidemment pas grâce à lui. Mais bref, c'est à ce moment là que Lynch (père) lui balance une bourse de gallions dans les bras, coupant court à sa fanfaronnade, quoiqu'il soit toujours content de démontrer son incroyable force physique. Mais une sacoche devient bientôt six sacoches et Connie essaye tant bien que mal de répartir leur poids équitablement en trottinant derrière le boss. “ Attendez-moi ! ” Ouais, zéro crédibilité finalement.

C'est donc ainsi qu'ils se retrouvent à Gringotts, avec une pauvre dame qu'essaye de se dépatouiller avec leurs demandes, et sans doute de respirer le moins fort possible histoire de pas trop profiter de leur odeur campagnarde. Plus de gobelins, songe-t-il en observant l'air morne de la bonne femme. Le capital sympathie du personnel ne s'est cependant pas amélioré... “ Passe-moi… la sacoche bleue. ” Connor sort de ses pensées et tente de mettre la main sur ladite sacoche bleue, et manque de renverser les cinq autres au passage. “ Tenez m'sieur. ” Première interaction depuis qu'ils sont arrivés. Connie commence à regretter les sabots crasseux de ses pouliches tellement l'ennui lui pèse (et il pèse ses mots, hein, ces sacoches sont lourdes).

Y a du raffut dehors, rien qui ne laisse présager un quelconque grabuge mais juste de quoi attirer l'attention de Connor, qui préfère glisser ses yeux dans l'interstice entre le rideau et le mur du cubicule, plutôt que de s'attarder trop longtemps sur le poids qui heurte ses épaules. Ce qu'il voit au dehors... manque de lui faire lâcher jurons et sacoches à la fois. Il se contente d'un “ Holy mother of drag- ” Il s'interrompt. “ M'sieur. ” Voyant que Lynch ne lui accorde pas suffisamment d'intérêt, il insiste en lui tirant la manche. “ M'sieur, vous devriez voir ça. ”

Connie, lui, il avait jamais vu ça. Enfin si, techniquement, il en a déjà vu quatre en troisième année, lors du Tournoi des Trois Sorciers mais là ! La bête est immense, mais lui semble plus chétive que les autres qu'il a pu observer. D'une pâleur extrême, ses écailles semblent presque molles au toucher. Son regard est opaque, et Connor comprend vite que le monstre est aveugle, alors qu'il tente de se frayer un chemin au milieu d'une foule de plus en plus agitée. Des premiers sorts fusent mais ne font qu'énerver la bête. Ils ricochent même au contact de sa peau, laissant supposer que Connor avait tord de penser que ses écailles étaient fragiles. Et puis la voilà qui pousse un cri.

Un cri de dragon.

Fasciné, Connor finit par lâcher : “ On devrait élever des dragons à la place des chevaux, ce serait carrément stylé. ”

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L’Irlandais est rapidement revenu aux affaires bancaires, indifférent à ce qui pourrait très bien être une scène de ménage entre un client de la banque insatisfait du nombre de Gallions dans son coffre-fort. Il craint surtout que s’il se laisse distraire trop longtemps, il va rater une étape du plan détaillé fourni par Fiona et que le drame s’opère s’il manque une seule pauvre Noise dans le compte de l’élevage, ou pire, s’il doit revenir. Et tous les grands sorciers savent qu’il n’avait déjà pas très envie de venir, alors faire le chemin une seconde fois parce qu’il a fait une erreur… c’est non.

« M'sieur. Attends un peu, Connie, je suis occupé, répond Darragh sans même regarder l’ancien Gryffondor, avant que celui-ci tire sur sa manche et insiste : M'sieur, vous devriez voir ça. » Le Flowers est un homme adulte, en pleine possession de ses moyens, mais parfois, c’est comme avoir un enfant ― et comme lorsque sa Fiona était petite, l’éleveur accorde son attention à son employé, avec l’espoir que ça suffira pour acheter la paix quelques instants. Il écarte le rideau du bout des doigts et se fige lorsque ses yeux bleus voient… voient, par Rowena, et qu’il n’a qu’un « Holy shite » à répondre à ce qu’il tente d’assimiler.

Un dragon.
Bien évidemment, un dragon. Quoi d’autre, en cette belle journée, qu’un dragon qui débarque tout bonnement au milieu de cette expédition bancaire ? Il râlait de son classeur à crocs et de la tempête de bons de commandes : le voilà regretter de ne pas avoir simplement remis à une autre journée le voyage jusqu’à la BSM. Ça lui apprendra.

L’animal pousse un cri ― un véritable rugissement menaçant qui serre ses entrailles et réveille tous les frissons sur sa peau, alors qu’il se lève lentement de son siège pour mieux voir la bête, à travers l’interstice du rideau. Il se sent une seconde retourné en enfance, la première fois qu’il a vu ces bêtes. Il pense à Fionn, à son amour pour ces immenses sauriens cracheurs de feu. Et allez savoir pourquoi il répond, pris dans sa propre fascination, au commentaire de Connor : « C’est une autre classe de permis. »

Comme si c’était ce qui les dérangeait le plus, en ce moment.

La banquière a perdu une, deux, teintes côté couleur de peau, commence à tourner au grisâtre, alors qu’au-dessus du cubicule, la tête pâle et aveugle du dragon est visible. « Non, non non non, vous ne― vous n’allez pas vous évanouir, pas maintenant, que prévient le Lynch lorsqu’il se retourne vers elle et constate sa mine pâlichonne. Il s’approche pour l’attraper, tenter de prévenir le pire, essayer de la garder parmi eux. Connor, range, range les sac ― » La sorcière lui tombe dans les bras, inanimée, lourde comme seul peut l’être un corps complètement inconscient, ou mort.

“ C’est une autre classe de permis. ” Connie acquiesce, comme s'il s'agissait de la discussion la plus lambda du monde. Comme si quelques difficultés administratives étaient l'unique raison qui empêchait Lynches Magical Beasts de se transformer en élevage de dragons de huit mètres de haut. Comme si sous leurs yeux ne se déroulait pas un vrai carnage qui mettait sans doute leur vie en péril.

“ Non, non non non, vous ne― vous n’allez pas vous évanouir, pas maintenant. ” Connor se retourne finalement vers Lynch et la banquière, qui semble envier la pâleur remarquable de la créature qui surplombe à présent leur cubicule. “ Mais enfin Madame- ” “ Connor, range, range les sac, l'interrompt le boss. ” “ Oui m'sieur. ”

Connor s'exécute. Il tente de rassembler les différentes sacoches et de remettre leur contenu à la va-vite. La moitié des mornilles tombent à côté et le voilà à quatre pattes en train de ramasser une à une les pièces. C'est que Fiona va le tuer s'il met pas les bonnes pièces au bon endroit. Un nouveau cri de la bête suffit à lui faire abandonner cette entreprise et il tire enfin sa baguette. Les pièces reviennent pêle-mêle dans les sacoches, qu'il repasse lourdement sur ses épaules.

“ Elle est morte, demande-t-il avec plus de curiosité que d'inquiétude. ” Devant le corps inerte de la sorcière, il se demande si on peut vraiment mourir de peur. Si c'est le cas, c'est sans doute le moment où jamais.

La température ambiante grimpe soudainement de plusieurs degrés. Connor lève la tête pour voir de la fumée s'échapper au-dessus de leur cubicule. “ On devrait y aller m'sieur. ” Sa voix se fait légèrement pressante, ses yeux ne quittent pas le nuage de fumée. “ On fait quoi de la dame ? Je- J'vais pas pouvoir la porter j'pense. ” Il pense... Il en est sûr. Pour tout dire, il n'est même pas certain de pouvoir courir avec toutes ces sacoches mais il est bien trop fier pour l'admettre tout de suite.

Tout l'argent qu'il trimbale fait cependant un certain tintement en s'entrechoquant, un bruit pas tout à fait couvert par le vacarme ambiant. C'est sans doute pour ça que, surgissant de l'épaisse volute de fumée, la gigantesque tête du dragon aux yeux blancs s'abaisse dans leur direction. “ Fuck! ” De peur, il tombe à la renverse. Ses sacoches tombent elles aussi. “ D'où est-ce qu'il peut bien venir ?? ” Pas le temps de répondre, cela dit, puisque la créature ouvre grand sa gueule, d'où émane déjà les premières lueurs d'un rouge incandescent.

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« Elle est morte. Merci du commentaire rassurant, Connie, ça nous aide beaucoup. Seulement, seulement ???, seulement inconsciente. » Darragh espère vraiment ne pas se tromper et que son employé n’ait pas été touché par un quelconque don prophétique à cet instant. Il tâte maladroitement le poignet de la sorcière, y cherche un pouls qu’il réussit à trouver et qui le rassure. Elle n’est pas morte, seulement inconsciente. Et on en fait quoi, de la dame, d’ailleurs ? « Je m’occupe d’elle. » L’éleveur se penche et réussit à draper la commis sur son épaule droite, avant de se relever et de la bouger jusqu’à ce que son poids soit mieux réparti. Ce n’est pas optimal, mais hell no qu’il va la traîner à terre : il a besoin d’au moins une main libre et définitivement ses deux jambes.

C’est tout un chapelet d’injures toutes plus colorées les unes que les autres qui s’échappent des lèvres de l’Irlandais alors qu’il tente ensuite de remettre la main (serrée sur sa baguette) sur les papiers donnés par sa fille, sur les preuves de dépôt et celles de transfert. C’est qu’il est sûr que la Banque saura très bien trouver le moyen de dire que blabla tout a été perdu blabla Gallions pas comptabilisés et que tout tombera dans un néant administratif encore pire qu’un dragon. Oui, on a des priorités différentes, lorsque non seulement on dirige une entreprise, mais un gang, bien merci.

Connor tombe ― « Connie ! » ― Darragh voit le dragon, échappe tous les papiers à peine retrouvés ― « Shite », qu’il fait en écho déformé du Flowers ― et le feu rougeoyant dans la gueule de la créature ne les laisse pas réagir ―

Le bouclier magique sort plus rapidement de sa baguette qu’il le pense ― peut-être aussi marié à une prière silencieuse aux saints irlandais qui n’ont sans doute pas grand-chose à faire de ses fesses de criminel. La bulle aux reflets bleus l’enveloppe, lui et la commis de banque, ainsi que Connor et son chargement éparpillé. Les flammes se dispersent sur la surface du sortilège, brûlent tout ce qu’elles peuvent toucher (RIP les documents), mais pas eux. Ce sont des années à travailler sur l'élevage, à tout apprendre pour maîtriser une bête, pour se protéger, protéger les autres, c'est une vie de réflexes qui doivent être affûtés pour pouvoir survivre. Son cœur bat à ses tempes, il a tellement chaud que la sueur dégouline sur son front et dans ses yeux. Il ne lâche pas le dragon du regard, incapable de cligner des paupières, ou de respirer convenablement (il doit respirer). L’inspiration que Darragh réussit à prendre est bruyante et brûlante, comme respirer au-dessus d’un feu, et il recule jusqu’à son cadet. Un geste vers le bureau à côté d’eux. Le dragon est aveugle et croit les brûler vifs : s’ils se cachent efficacement et ne font pas de bruit, ils pourront s’en sortir… peut-être ?

“ Je m’occupe d’elle. ” Une vague de soulagement s'empare de Connor, qui décidément doutait de sa propre capacité à soulever autant de charges (no offense Ma'am, with the galleons and all...). Le jeune palefrenier observe donc son boss soulever la banquière comme un vieux sac à citrouilles, un air à moitié béat sur le visage. Quel homme. L'envie de devenir M'sieur Lynch quand il sera grand s'évapore cependant quand il sent chauffer le souffle du dragon sur le haut de son crâne. Il relève aussitôt la tête et fait face à sa gueule béante, d'où émanent déjà une haleine putride qui lui rappelle le fond de ses bottes en fin de journée, et quelques flammes qui deviennent bientôt plus grandes et-

Au-dessus d'eux s'est formé un dôme bleuté et Connie comprend bien vite que c'est une nouvelle fois l'oeuvre du boss. Malgré le sortilège de protection, Connor se sent étouffer. Une chaleur brûlante lui lèche l'épiderme et assèche ses yeux, qu'il cligne un trop grand nombre de fois dans l'espoir de les humecter. Chaque respiration est plus douloureuse que la précédente. Néanmoins, il parvient à comprendre l'intention du boss lorsque celui-ci désigne le bureau. Il acquiesce légèrement et tente de se défaire des sacoches encore accrochées à ses épaules. Heureusement, le dragon ne semble pas l'avoir entendu. Il se met donc à marcher à quatre pattes jusqu'au meuble.

Le dragon a cessé de cracher son souffle incandescent et reprend sa respiration. Si ses yeux vitreux ne regardent nulle part, Connie sait qu'il est en train de scanner les alentours, à l'affut du moindre bruit. Ça lui donne une idée. Connor se redresse juste assez pour saisir un des livres posés sur le bureau de la banquière. Un ouvrage assez massif, apparemment dédicacé par un certain G. Lockhart. Dude looks like a total goon. C'est donc sans sourciller qu'il se penche en avant pour observer hors du cubicule. La plupart des sorciers se sont eux aussi réfugiés derrière des bureaux ou dans d'autres salles. Il n'y a plus grand monde dans le hall d'accueil de Gringotts. Il saisit donc l'occasion et lance le livre au milieu de la pièce, là où il n'y a plus personne. Il ne reste, à ce jour, pas d'autre trace de cet ouvrage dédicacé qu'un petit tas de cendres rapidement balayé par un coup de queue.

Connie se retient de mimer une petite danse de la victoire et profite de l'inattention de la bête pour revenir près de la fortune des Travellers. “ Silencio, murmure-t-il, sa baguette pointée vers les sacoches. ” Il en soulève une. Le bruit du métal qui s'entrechoque est étouffé par le sortilège. “ J'pense qu'on est bon m'sieur. ” Il jette un coup d'œil hors du cubicule. “ Mais on devrait p't'être aider les gens, non ? ” En tant que deux mâles alphas héros de toutes situations.

Lancés de dés :

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Lorsque le dragon cesse son souffle meurtrier, Darragh retient le sien. Il étouffe, baigné dans l’air brûlant qui s’infiltre tant bien que mal dans ses poumons, tout l’oxygène dévoré par les flammes crachées. Il se recule à pas prudents et s’accroupit, toujours dans un équilibre très attentif afin de ne pas échapper la femme chargée sur ses épaules. Sa bouche est sèche comme un parchemin et tout ce qu’il goûte, lorsqu’il essaie en vain d’humecter ses lèvres, est sa propre sueur.

L’homme suit ce que fait son lad avec attention et retient lui aussi une simili danse de la victoire, quand l’attention de la créature magique se détourne d’eux pour se concentrer sur le bouquin sacrifié. Pas facile d’être un mâle alpha héros de toute situation (non)(oui) : il a juste le temps de faire un signe positif à Connie pour le féliciter de son initiative réussie, en plus du sort efficace, que celui-ci fait une proposition digne du rouge et or qu’il a porté à Hogwarts. Ah, pour ça… Gryffindors will be gryffindoring, dirons-nous. Et bien sûr que l’éleveur aimerait être suffisamment égoïste et autocentré pour dire que non, Connor, on sort d’ici et on sauve notre peau, c’est déjà bien assez, Fiona va nous tuer si on meurt, mais ce n’est pas le cas. Si c’était le cas, il n’aurait pas cet idiot de cercle tatoué au poignet.
L’Irlandais appuie sa tête contre le meuble qui leur sert de cachette, mais retient un soupir.
Bien sûr qu’ils vont aider les autres.

Il lui faut un instant pour ramasser assez de salive pour murmurer : « On sort mettre ça, un coup de menton vers les sacoches, un haussement d’épaules hasardeux pour désigner la femme toujours inconsciente, en sécurité, et on revient. » S’ils doivent aider les autres sorciers, ce sera toujours mieux sans être encombrés de leurs Gallions et de carrément un autre être humain.

Le dragon hume l’air, à la recherche d’une sortie. Un regard sur les grandes ailes décolorées, dont il ne pourrait pas estimer la puissance des muscles attachés ― pas dragonologue, on rappelle, simple éleveur de créatures pas trop dangereuses. Darragh se demande s’il peut voler, ce magnifique animal magique, et qu’il en soit peut-être incapable l’attriste. De penser qu’il ait été gardé ici illégalement, dans un état pas loin de la torture pour son espèce, qu’il soit probablement aussi apeuré qu’eux et tout le monde rassemblé, qu’il sera ensuite bêtement abattu… Il n’en est pas triste, mais furieux. Dans un autre monde, avec un autre permis, il récupérerait la bête et il -- Il fait un signe à Connor de se diriger vers la sortie et c’est avec un grand soin que les deux Irlandais marchent derrière les parois des cubicules, en direction de portes ouvertes par celleux qui ont réussi à s’enfuir. « Il me fait de la peine », dit-il au jeune criminel, dans un souffle déçu. L'élevage d'animaux n'est pas la vocation de Connie comme elle a été la sienne, un choix fait un peu malgré lui, mais il est certain qu'il peut comprendre.

“ On sort mettre ça en sécurité, et on revient. ” Après un coup d'œil fugace en direction des sacoches et de la sorcière, Connie hoche la tête avec détermination. Il se penche ensuite pour ramasser les poches de gallions et les remettre sur ses épaules - heureusement, son sortilège fonctionne toujours et elles ne font aucun bruit. Si elles pouvaient ne plus peser leur poids, il ne dirait pas non, mais lancer un Wingardium Leviosa a été placé dans la catégorie "mauvaises idées" car Connor n'étant pas un sorcier particulièrement talentueux, il doute de sa propre capacité à sécuriser le pactole si le dragon venait à reporter son attention sur eux. Taking care of two things at the same time, you know...

Connie prend donc la suite de Monsieur Lynch et avance le plus silencieusement du monde (littéralement sur la pointe des pieds). Il est hypervigilant quant à sa carrure, histoire de ne pas laisser traîner une main et de renverser un vase, ce genre de choses auxquelles il est habitué. “ Il me fait de la peine. ” Si Connor ne comprend pas tout de suite où veut en venir son boss, il finit par jeter un œil au dragon, dont les naseaux dilatés hument l'air frais s'échappant de la petite porte entrouverte vers laquelle ils se dirigent. Monsieur Lynch a toujours été un homme passionné par les bêtes. Comme Eugene. Connie, lui, n'a jamais eu une véritable passion pour les créatures mais il doit avouer qu'en dépit de sa love-hate relationship avec Tiens-toi-à-Carrow, il a fini par s'y attacher aussi. Et quand il regarde ce pauvre dragon, qui crache du feu dans le vide et hurle jusqu'à en faire trembler ses os... “ Qu'est-ce qu'ils vont lui faire ? ” Un dragon, qu'on a visiblement maltraité pendant des années, qui vient de s'échapper et qui détruit tout sur son passage... Ce dragon-là ne risque pas de faire long feu (lol).

Les deux sorciers parviennent enfin à se faufiler par la porte menant vers l'extérieur. Dehors, c'est la tumulte. Des sorciers apeurés ont renversé du mobilier urbain en fuyant et quelques badauds se sont amassés à une quinzaine de mètres de la banque pour être témoin de l'action. Connor leur jette un regard agacé tout en déposant ses sacoches. Il les fait léviter derrière un tas de poubelles et se tourne vers le patron. “ On devrait p't'être les enchanter histoire que personne n'y touche ? ”

Son attention est alors captée par l'arrivée en fanfare d'un escadron du Ministère, qui commence déjà à éparpiller la foule. Vu leur attirail et l'expression sur leur visage, Connie a sa réponse. Ils vont le tuer. Avec un air renfrogné, il se tourne vers Monsieur Lynch. “ Il mérite bien un peu de liberté, non ? ” Connor a très très envie de suggérer qu'ils le ramènent à l'écurie mais c'est sûr que M'sieur Lynch voudra pas. Mais voler librement au-dessus des lacs et des forêts et des plaines et sentir le vent frais sur ses écailles blanchâtres, c'est finalement une belle fin de vie pour la pauvre créature, non ?

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