WAY BACK HOME (dobby)

WAY BACK HOME

25 avril 2007 - Gracefield - @Choi Dan-bi

tw : chasses humaines, violence, angoisse

She turned nineteen twenty-three ago, et pourtant, rien n'a changé.

Elle n'a pas eu de bougies à souffler faire un voeu, elle n'a pu qu'essuyer une nouvelle journée comme les autres à tuer le temps, à essayer de s'occuper l'esprit jusqu'au prochain glas.

She turned nineteen twenty-three days ago, mais ça ne veut plus rien dire.

Le temps, leur âge, leur identité, leur individualité: tout passe à la trappe dès l'instant où ils passent la limite de cette île. Alors qu'est-ce que ça veut dire, dans le fond, avoir dix-neuf ans? Parce qu'elle est exactement la même personne qu'elle était un mois plus tôt. Toujours terrifiée. Toujours la boule au ventre.

Lottie n'est pas plus mature qu'elle l'était lorsque la sentence l'a condamnée à fouler ces lieux maudits. Lottie n'est pas non plus plus intelligente, ni plus débrouillarde. Elle s'est longtemps demandé ce que ça fait, de dépasser les dix-huit ans.

La réponse est: rien. Absolument rien.

She turned nineteen twenty-three days ago, mais la petite voix dans sa tête n'a pas changé.

Elle est toujours aussi criarde, aussi agressive, aussi mauvaise. Elle lui hurle qu'elle va mourir ici avant même de pouvoir faire ses adieux à Ocean. Qu'elle n'est une bonne à rien, un poids mort. Que, de toute façon, elle ne manquera à personne: on aura bien vite fait de la remplacer. À cette voix, Lottie hurle d'aller se faire foutre.

La môme (qui a bien passé l'âge d'en être une, mais en a toujours l'attitude et le mordant) marche dans la forêt (parce qu'il n'y a, de toute façon, pas grand-chose à faire ici). Elle regarde les arbres, qu'elle a déjà étudié un nombre incalculable de fois.
D'un coup d'oeil, la rouquine serait bien capable de dire lequel serait une bonne cachette, ou dans laquelle elle pourrait grimper suffisamment vite pour se cacher de la vue des chasseurs - la force de l'habitude, qui est venue avec les mois.

Lottie marche, et marche. Fait tourner son lance-pierre de fortune entre ses doigts, salue (ou ignore) les silhouettes qu'elle peut croiser (car, sans surprise, beaucoup ont la même qu'idée qu'elle). Et elle marche, encore.

Jusqu'à croiser Dan-bi, seule.

Dan-bi n'est pas là depuis longtemps. Dan-bi est spéciale. Peut-être parce qu'on dirait qu'elle a toujours l'esprit ailleurs - vers la mer, vers le ciel. Lottie n'arrive pas à comprendre ce qu'il se passe, dans son esprit - et il faut croire que ce n'est pas quelque chose qui s'expliquer avec les mots. Mais Dan-bi est aussi sympa, et drôle. Lottie l'aime bien (enfin, elle croit)(ça n'est pas quelqu'un qu'elle a envie d'éviter lorsqu'elles se croisent)(c'est un bon début).

Alors, avec toute la délicatesse dont elle est capable (which is none), la rouquine la hèle. "Qu'es'tu fous?" À grandes enjambées, elle la rejoint. Pas de réponse. Lottie fronce les sourcils. Dan-bi est comme ça aussi, des fois. Un peu bizarre. Pas trop là. Et surtout, l'air triste. Almost as if she were longing for something invisible. "Hééééé!! Dan-bi est appelée à l'accueil!" Et elle continue de s'approcher, trottine un peu.

cw. dépression, idées suicidaires

La matinée est passée sans être troublée par le moindre son de cloche si bien que Dan-bi se détend peu à peu. Il fait même beau, ciel azur (fait exceptionnel) qui colore la mer d'une teinte semblable. Elle ressemble presque à celle qui entoure Jeju, si bien que la brune ne sait pas trop si elle en est contente ou si ça lui file encore plus le cafard. Pas comme si ça change grand chose dans le fond, le moral est dans les chaussettes (trouées) depuis des mois - elle a perdu le compte - et il n'y aurait pas Irene, Herbert et les autres qu'elle aurait sans doute pris le large (et ce serait faite rattrapée in extremis parce que leurs gardiens savent tous de leurs agissements).

Dan-bi tient elle ne sait pas trop comment, peut-être parce que ça fait des années qu'elle joue à ça, qu'elle en a vu d'autres, qu'il y a sa fille qui l'attend. Mais là, elle ne peut s'empêcher de penser que ça doit être le pire de ce qu'il lui est arrivé, plus terrible que le meurtre de sa mère par des trafiquants (au moins, son supplice n'a pas duré longtemps), et elle est quasi certaine de finir par y passer (à cause du froid, de la faim, d'une blessure qui ne cicatrisera pas). Alors à quoi bon ? Il y a une falaise au nord de l'île, elle descend droit vers la mer et il n'y a pas beaucoup de fond. Elle pourrait plonger, ce serait facile. Dan-bi y pense souvent, imagine l'impact (d'abord celle familière de l'eau puis la roche) et enfin elle serait libre.

Ses pas la menèrent donc là-bas - elle y vient souvent, comme pour apprivoiser l'endroit - et, les yeux plongés dans les vagues, elle finit par s'asseoir dans l'herbe asséchée par les embruns. Un goéland la rejoint et la brune sort de sa poche quelques miettes de vieux biscuit qu'elle lui tend. L'oiseau hésite, s'approche un petit peu mais maintient une distance de sécurité alors Dan-bi finit par les lui lancer. Il est trop vieux pour se laisser totalement amadouer par l'Homme (de toute façon, Dan-bi a déjà son oiseau, puis avec la faim qui lui sert le ventre...). La bête reste un moment à ses côtés avant de s'envoler de nouveau. La sorcière, elle, ne bouge pas. Elle rêvasse, songe aux poissons qui grouillent à quelques mètres en contre-bas. Ses cheveux sont encore mouillés de sa dernière baignade qu'elle veut déjà y retourner (mais il fait froid, elle a déjà passé l'hiver à moitié malade à cause de ses bains et s'en remet à peine).

"Qu'es'tu fous?" Aucun mouvement de Dan-bi, les mots se sont perdus dans le bruit des vagues et l'esprit de la brune flotte sur ses dernières. "Hééééé!! Dan-bi est appelée à l'accueil!" Battements de paupière, comme si elle se réveille d'un long sommeil et le regard mélancolique se pose sur la chevelure flamboyante de Lottie. Aussitôt, la figure de Dan-bi s'éclaire. La gamine lui fait penser à sa fille alors elle est toujours contente de la voir (mais elle en est aussi désolée, Lottie ne mérite pas d'être là, aucun gosse ne mérite ça). La brune se relève, enlève les brins d'herbes qui sont restés collés à son pantalon trop troué, trop sale et trop grand avant de sourire à Lottie. "Tu m'appelles depuis longtemps ? Désolée, j'étais un peu ailleurs !" Les excuses sont là pour la forme, ce n'est pas nouveau qu'elle passe son temps à se perdre dans ses pensées. Elle désigne le lance-pierre que tient Lottie. "Il faut vraiment que je m'en fasse un, il y a plein de galets du bon calibre sur le rivage. Il marche bien le tien ?" demande-t-elle d'un anglais parfait où seul l'accent trahit qu'elle n'est pas d'ici.

WAY BACK HOME

25 avril 2007 - Gracefield - @Choi Dan-bi

Lottie continue de trottiner, a enfin le droit à une réaction de la part de Dan-bi. Le regard de cette dernière semble soudain se réveiller sous les appels de la née-moldue. Ses cils noirs battent l'air à la façon de deux papillons aux ailes épuisées. La gamine sent le rose lui monter aux joues: c'est que, Dan-bi est très cool, mais aussi très belle. Elle se frotte vigoureusement vigoureusement les pommettes pour masquer le tout (ou mettre ça sur le dos de la petite course qu'elle vient de faire, et le vent marin qui leur fouette le visage). La brune se relève, essuie ses vêtements. Elle lui sourit. Et Lottie sourit aussi.
Elle l'aime bien, Dan-bi. Elle est mystérieuse, et discrète. Souvent, quand on ne la regarde pas, son regard est vissé sur la mer. À plusieurs reprises, Lottie a pu y lire de la mélancolie, ou de la tristesse, sans réellement en saisir le sens ou l'origine. Parce que Dan-bi est malade, mais ça, Lottie ne pourra jamais le comprendre. Dan-bi, elle a le sang coupé au sel de mer dans les veines, et l'écume dans les yeux. Elle tire ses racines des tréfonds de la mer.

"Tu m'appelles depuis longtemps ? Désolée, j'étais un peu ailleurs !" Lottie renifle, s'essuie le nez du plat de la main et frotte cette-dernière contre son pantalon qui n'est, de toute façon, plus propre depuis longtemps. (Ils n'ont pas une réserve infinie de kleenex sur l'île, alors, il faut apprendre à faire sans). "Bah ouais j'ai vu ça! J'aurai pu t'assommer d'ici!" qu'elle rétorque d'un ton réprobateur, la fière rouquine, sans pour autant se défaire de son sourire ni de l'éclat franc qui anime les prunelles acier. Elle pose un pied sur un gros rocher à côté d'elles, s'accoude sur son genoux et étudie Dan-bi. Cette-dernière montre son lance-pierre. "Il faut vraiment que je m'en fasse un, il y a plein de galets du bon calibre sur le rivage. Il marche bien le tien ?" Ça fait dingdingding dans le cerveau de Lottie. La môme est toujours contente de pouvoir faire sa propagande de lance-pierre auprès de ces foutus sorciers incapables de fonctionner autrement que par le biais de leur foutue baguette magique.

Le sourire s'élargit un peu plus - les pommettes constellées de tâches de rousseur s'étendent à la façon d'un ciel étoilé d'excitation. "Et comment qu'il marche! Tâte-moi ça!" Sans plus attendre, elle lui met (de force) le lance-pierre entre les mains puis recule d'un pas pour l'étudier, les poings sur les hanches (et particulièrement fier de son travail). "Mieux que leurs baguettes de merde ça, hein?" Lottie a une vendetta personnelle contre les baguettes magiques (et un complexe d'infériorité à creuser, aussi). Ces maudits bouts de bois ne sont jamais de bon augure (pas ici, et certainement pas pour elle). Elle se penche pour attraper un caillou et le tend à Dan-bi. "Si un mangemort se prend ça dans l'oeil ... c'est pas son stupéfix à la con qui va y changer quelque chose!" Et la voilà qui recommence. Toujours à vouloir prouver (quoi? bonne question). "J'te montrerai comment en tailler un. J'ai tout c'qu'il faut!" Un atelier lance-pierre, c'est bien ce qui leur manque ici tiens. Quelque chose pour s'occuper les mains. "Tiens vas-y essaye!!!" Et elle lui fourre le caillou au creux de la pomme. Les joues sont toujours roses (cette fois, d'excitation).

cw. dépression, idées suicidaires (mentions)

La remarque est accueillie par un éclat de rire. Assommée par un galet alors qu'une minute avant, Dan-bi faisait de l'œil au vide. Cela lui semble lointain maintenant que Lottie et son arme se tiennent en face d'elle. Brune s'approche de l'enfant en quelque pas et se retrouve avec le lance-pierre entre les mains. "Et comment qu'il marche! Tâte-moi ça!" Elle regarde l'objet sous toutes les coutures - déformation professionnelle ? curiosité ? peut-être pour faire plaisir à Lottie aussi - avant de tester l'élastique en tirant légèrement dessus. Ca tient, le contraire aurait été étonnant. "Mieux que leurs baguettes de merde ça, hein?" Il n'y a pas à dire. Chez elle, la magie se fait sans baguette, plus écologique, plus instinctif. Dan-bi n'a jamais réussi à se débarrasser de l'impression que les sorciers ont l'air couillons quand ils agitent leur petit bâton dont ils ne peuvent se passer. Elle, elle n'a besoin de rien pour faire de la magie (mais pas ici, ici tout est cassé, un peu comme son esprit). "Oui, beaucoup plus adapté à la situation" confirme-t-elle. Darwin a écrit adapt or die, Lottie est bien partie (elle, beaucoup moins, pourtant ça fait des mois qu'elle survit).

Après l'arme, un caillou est donné en offrande. Dan-bi l'analyse comme elle l'a fait pour le lance-pierre. Ses yeux s'arrêtent sur les minéraux visibles à l'oeil nu. Ses cours de géologie sont loin derrière elle, elle ne se souvient d'aucun nom ou presque. Elle referme ses doigts sur le galet, se dit que dans d'autres circonstances, il aurait fini dans la petite boîte qu'elle garde sur sa table de chevet. Elle est remplie de coquillages, de feuilles séchées et de jolis cailloux offerts par Iseul (il a même fallu faire le tri). "Si un mangemort se prend ça dans l'oeil ... c'est pas son stupéfix à la con qui va y changer quelque chose! - Puis si tu touches l'œil, ça te fait cent points, non ?" Comme aux fléchettes ! Et pas comme pendant les Battues mais tant que la gamine tire du sommet d'un arbre, elle ne craint pas grand chose, non ? "J'te montrerai comment en tailler un. J'ai tout c'qu'il faut!" L'enthousiasme est tel que Dan-bi n'ose pas lui dire qu'elle aussi a été jeune un jour et qu'elle aussi a arpenté une île sans supervision (et dans un contexte plus joyeux, certes) ; qu'elle sait faire des lance-pierres, des arcs et même des sarbacanes. "Avec plaisir ! En échange, je peux t'apprendre... A plonger ?" Elle sait même où il y a le spot parfait pour les débutants, avec suffisamment de fond et aucun risque de mauvais atterrissage. "Tiens vas-y essaye!!! - Je vise l'arbre là bas, ça te va ?"

Les gestes lui reviennent naturellement. Elle tend un bras fin vers l'arbre alors que son œil gauche se ferme. L'élastique est tiré au maximum, petit ajustement de position et hop ! Le galet file dans le tronc dans une trajectoire presque parfaite. "Vrai qu'il marche bien ! Le bois est encore mieux choisi que celui pour une baguette !" En bonne scientifique, Dan-bi ne croit pas aux histoires de bois selon la personnalité (cela lui semble encore moins réaliste que l'horoscope chinois), elle croit surtout que les différences de puissance des baguettes sont juste dues aux talents de leurs utilisateurs (plus logique). Le lance pierre est rendu à sa propriétaire dans un grand sourire et Dan-bi se tourne de nouveau vers la mer l'espace d'un instant. Le roulis des vagues résonne dans ses oreilles et l'envie de s'y jeter de nouveau se fait grandissante. "Tu veux aller te baigner ?" Et tant pis pour les cheveux mouillés, le rhume et le froid (sur cette île, ils passent tous leur temps à grelotter de toute façon).

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25 avril 2007 - Gracefield - @Choi Dan-bi

"Puis si tu touches l'œil, ça te fait cent points, non ?" La réplique lui arrache un sourire étincelant (enfin, autant que des dents pas brossées depuis des semaines peuvent briller). Le tourt agrémenté d'un clin d'oeil malicieux, lui-même saupoudré de tâches de rousseur et d'égratignures. "Dans le mille t'as tout compris." Tout pour passer le temps. Tout pour oublier la réalité atroce qui leur pèse sur les épaules. Si pour ça elles doivent s'inventer un jeu bancal, ainsi soit-il. It's a matter of survival. Cela fait bien longtemps que Lottie a, de toute façon, abandonné l'idée d'avoir un quotidien normal (la normalité même lui semble utopique et aussi tangible qu'un rêve).
Alors que la rouquine fanfaronne auprès de Dan-bi et lui promet qu'elle lui apprendra à faire des lance-pierres aussi géniaux que les siens, la selkie lui propose "Avec plaisir ! En échange, je peux t'apprendre... A plonger ?" Silence. Comment noyer le poisson de sorte à ce que ça ne soit pas trop criant ? La môme panique et continue plutôt de lui faire tâter le lance-pierre. Diffuse. Diffuse. La vérité, c'est qu'elle ne sait pas nager. "Euhhhhh -- hey regarde un peu comment le bois est taillé là!" Moyen comme reprise, mais on se rattrape aux branches comme on peut. Pas trop mal, pour de l'impro.

Dan-bi semble assez familière avec le lance-pierre. Ça n'est pas la première fois qu'elle en tient un - le corps ne ment pas. Et l'oeil (expert) de Lottie non plus. La gamine hoche de la tête, l'air satisfait. "Je vise l'arbre là bas, ça te va ?" Toute fière, le torse bombé, Lottie croise les bras et continue de hocher vigoureusement de la tête. "Vas-y j'te regarde, casse tout Dan-bi !" Et, sans plus attendre, la selkie s'exécute - le galet siffle, tranche l'air et va s'abattre exactement sur l'endroit visé. Lottie applaudit, siffle même. "Vrai qu'il marche bien ! Le bois est encore mieux choisi que celui pour une baguette !" Fierté renouvelée, la voilà qui caracole comme un poulain dans un pré ayant fraîchement appris à galoper. Elle en cabriole même. "T'as vu ça ?? J'mets Ollie Bender à l'amende !" Il n'y a malheureusement personne dans les alentours pour la corriger et lui dire que ça se prononce Ollivander et qu'il n'est plus vraiment en activité non plus. Dan-bi lui rend son lance-pierre.
"Tu veux aller te baigner ?" Retour de la proposition tant redoutée. Lottie tripote le lance-pierre, le passe dans sa ceinture et jette un regard inquiet vers l'océan. Elle n'y voit pas le même réconfort qu'a l'air d'y trouver Dan-bi. Si le tintement des vagues est familier à l'être de l'eau, il n'est que glas funeste aux oreilles de la née-moldue qui transpire à l'idée même de s'y plonger là tout de suite. "Hmmmm, il fait froid nan ? On va pas tomber malade ?" tente-t-elle d'abord, dans une bien maigre tentative de dissuader Dan-bi. Infructueuse, évidemment. Dan-bi pourrait bien chopper une pneumonie dans l'eau qu'elle n'arrêterait jamais d'y mettre les pieds: elle a l'écume dans les veines. "Puis c'est pas dangereux ?" À ça, on pourrait répondre qu'ils sont (de toute façon) en danger constant ici. Alors un peu plus ou un peu moins n'y changera pas grand-chose.

Lottie finit par baisser la tête, presque penaude. À quoi bon se chercher des excuses de toute façon: la brune a bien dû comprendre ce qu'il se passe (à moins qu'elle soit trop concentrée sur l'appel des vagues)(ce qui n'est pas impossible aussi). "T'sais .. J'sais pas vraiment nager .. c'est trop la honte." La voix, soudain toute petite et plus aussi fanfaronne, est presque avalée par l'air iodé. "J'vais devoir rester accrochée à toi et tout ça va être naze ... j'te regarde et j'reste là sur les rochers vazy !!!" Ça, c'est un bon plan ! Elle pourra surveiller comme ça, si quelqu'un arrive pour les embêter et leur jettera des cailloux dessus et Dan-bi pourra faire sa baignade tranquillement !

L'appel de la mer est particulièrement fort aujourd'hui et si Dan-bi ne semble pas en avoir conscience, tout son corps se tend vers l'eau. Le lance-pierre est à peine rendu - les mains de la brune sont glacées comparées à celles de Lottie - que les yeux reviennent vers les flots. Elle est comme une môme à peine débarquée sur la plage qui n'a qu'une seule hâte : se baigner et c'est tout étonnée qu'elle constate que ce n'est pas réciproque. "Hmmmm, il fait froid nan ? On va pas tomber malade ?" Vrai que l'on est en avril. Vrai que tout le monde n'est pas croisé selkie. "On a toujours froid" fait remarquer Dan-bi (elle veut se baigner, elle se baignera). "Puis c'est pas dangereux ?" Elle éclate de rire en secouant la tête. "La mer n'est pas dangereuse. Il faut juste comprendre qu'on ne l'apprivoisera jamais, qu'elle est toute puissante et qu'il ne lui faut aps grand chose pour nous écraser." Ce qui est exactement la définition de quelque chose de dangereux (mais pour Dan-bi, les hommes le sont plus encore).

Elle tend la main vers Lottie pour l'entraîner à sa suite (en cet instant, elle y voit un peu trop Iseul) mais sa main reste vide et la gamine a baissé la tête. "T'sais .. J'sais pas vraiment nager .. c'est trop la honte." Vrai que tout le monde ne sait pas nager. Un instant la brune semble désarçonnée avant de sourire de nouveau. "J'vais devoir rester accrochée à toi et tout ça va être naze ... j'te regarde et j'reste là sur les rochers vazy !!!" Elle est tentée de dire oui tellement le bruit des vagues résonne dans sa tête et pourtant elle ne le fait pas. Dan-bi ne laisse aucun enfant sur la plage (elle a été l'enfant et sa mère, drapée de sa peau de phoque, n'est jamais revenue), se fend d'un sourire rassurant. "Tu veux apprendre ?" demande-t-elle en toute simplicité. Loin d'elle l'idée de commenter (elle a grandi les pieds dans l'eau, sa fille a appris à nager avant d'apprendre à marcher, ça lui semble trop acquis pour se fendre d'une remarque) ou encore de se moquer et peut-être parce que dans le fond elle trouve ça triste (that means Lottie hasn't known the triumphs and defeats, the epic highs and lows of scuba diving. "Les conditions ne sont peut-être pas idéales mais tant que tu es avec moi, tout ira bien." Elle déborde de confiance. On ne peut pas apprivoiser la mer a-t-elle déclarée, mais Dan-bi et tous ses ancêtres dont certains arpentent peut-être encore le fond des océans la connaissent comme leur poche.

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