Les yeux d'Andromeda balaient la pièce, observant le petit bureau qui lui a été attribué à la Fawkes Learning Center. Ce n'est pas grand-chose, une petite pièce attenante à l'une des salles de cours, composée d'un petit bureau de bois écaillé, de deux sièges abimés et d'une petite armoire. La pièce est nue de toute décoration, si ce n'est une photo de sa famille posée sur le bureau, qu'Andromeda emmène toujours avec elle lorsqu'elle donne ses cours. Instant gravé d'un bonheur empli d'insouciance voilà bien des années. Au temps où la peur n'était qu'un lointain souvenir, bien avant que tout bascule. Andromeda aime bien cette pièce, qui est la sienne depuis qu'elle a rejoint la Fawkes. Son petit cocon, en quelque sorte.

Cela fait maintenant un peu plus de trois ans qu'elle a intégré l'école clandestine, lancée par Molly et Minerva. C'est qu'elle en a fait des choses, Andromeda. D'héritière promise à un grand avenir, puis simple libraire avant de devenir l'une des combattantes du premier ordre du phénix. Parfois, elle a l'impression d'avoir vécu mille vies en unes seules, tant les choses se sont bousculées tout le long de sa vie. Et la voilà maintenant ici, enseignant aux âmes égarées de la Fawkes Learning Center. Andromeda n'aurait jamais cru un jour devenir professeure, et pourtant, cela lui semblait désormais comme une évidence. Elle aimait le contact avec les étudiants, le fait de les aider et de les aider à se former, comme Hogwarts l'aurait fait si tout était resté comme autrefois. Après avoir passé une partie de sa vie à combattre, elle avait l'impression d'être utile autrement.

Elle pousse un soupir, lançant un regard vers sa montre - un objet typiquement moldu que lui a offert Ted pour l'un de leurs anniversaires de Mariage. Aujourd'hui, Andromeda a rendez-vous avec Nathan Brisbane. Cela fait quelques temps qu'on lui a attribué le jeune homme, lui demandant de l'aider à se réapproprier sa magie suite au traumatisme de Gracefield. Elle sent bien que c'est loin d'être évident pour lui, mais elle s'est donné pour mission de tout faire pour l'aider. Mais malheureusement, elle sent bien que Nathan n'est pas toujours des plus coopératif, en témoigne son absence lors de leur dernière séance. Elle pousse un léger soupir. Elle le sait, c'est loin d'être évident pour lui. Mais elle ne demande rien de plus que de l'aider. Enfin, elle entend les pas de l'élève. « Bonjour, Nathan. » lance-t-elle, avec un sourire. « Assieds-toi, s'il-te-plait. » dit-elle, en lui désignant une chaise. « Avant toute chose, peux-tu me dire pourquoi n'étais-tu pas là à notre dernier rendez-vous ?. » La voix reste douce, elle n'est pas là pour le disputer comme un adolescent. Mais simplement comprendre, pour tenter au mieux de l'aider.

Dire que Nathan se trouve dans l’enceinte de la Fawkes avec la conscience tranquille serait un beau mensonge, il est tout sauf tranquille quand il franchit les portes massives de l’école. Il n’est pas non plus particulièrement ravi d’être de retour ici, mais ça, le tyran qui lui fait office de sœur ainée n’en a pas eu grand-chose à cirer … Apparemment, le fait qu’il ait manqué UNE séance avec Andromeda, quand il aurait pu soyons honnête en louper bien plus, relevait du scandale. Elle avait fait tout son possible que ça soit elle et personne d’autre qui le prenne en charge, et se sentait blessée qu’il ne s’investisse pas davantage. Et s’il ne voulait pas qu’elle devienne sa professeure à lui, il avait tout intérêt à retourner travailler avec Andromeda. Il avait donc quitté le confort élémentaire des Docks tôt dans la matinée, pour transplaner sur les terres galloises dans le but de présenter ses excuses à celle qui prenait de son temps pour l’aider.

Sans peine, il retrouve le chemin jusqu’à son bureau dont la porte est déjà ouverte. Elle ne lui paraît pas fâchée, ni même contrariée, bien au contraire, elle l’accueille avec sa douceur habituelle. « Andromeda. » le sourire est moins franc que celui de sa professeure, mais il n’est pas encore capable de mieux ce matin. Il prend place sur la chaise qu’elle lui désigne et la laisse commencer. Il n’y a pas une once d’animosité dans le ton de sa voix, détail qui le laisse perplexe, est-ce que c’est pire ou mieux ainsi ?  « J’étais occupé, j’aurais dû te prévenir, j’ai pas vu le temps passer et – »

Et il croise son regard, un échange silencieux qui lui suffit à comprendre qu’il ne l’aura pas avec une histoire inventée sur le tas. Il soupire, il aurait dû s’en douter. La vérité c’est que le jour où ils avaient prévu de se retrouver pour travailler sur sa magie, le Brisbane avait passé une mauvaise nuit (une autre) replongeant tête la première dans ses pires expériences de Battues à Gracefield, son inconscient se chargeant d’y ajouter de nouveaux détails pour créer un tableau encore plus traumatisant qu’il ne l’était déjà. S’il n’y avait eu que le cauchemar, il aurait probablement assisté à sa séance, ça n’était ni le premier et ce ne serait pas le dernier, mais ensuite il avait eu l’idée d’aller courir pour se vider la tête. Projet qui avait mal terminé, quand après cinq minutes de courses environ, il avait entendu des cloches. Le même signal utilisé pour annoncer le début d’une Battue. Son cerveau s’était déconnecté à cet instant précis, réflexe profondément ancré dans son être. Il s’était mis à courir, vite, très vite, comme si ça vie en dépendait, pour finalement s’arrêter au pied d’un arbre, dans un parc, tremblant comme une feuille et à bout de souffle. Après ça, il avait été incapable de se présenter face à la bienveillance d’Andromeda, il n’était pas non plus rentré immédiatement à la planque préférant errer dans les rues de Liverpool de longues heures sans but. A son retour, il avait répondu comme à son habitude que la séance s’était bien déroulée.

Jusqu’à ce que Chérie ne lui tombe dessus …

Et s’il se trouve très bon dans l’art de jouer le gars qui va bien, il est en revanche très mauvais lorsqu’il s’agit de parler de ses problèmes. Depuis quand est-ce qu’il en a, hein ? Parce que les verbaliser, c’est les rendre réels, c’est reconnaître que non ça ne va pas aussi bien qu’il le laisse entendre à ses proches. Parce qu’admettre auprès d’eux que ça ne pas toujours, c’est rouvrir les plaies qu’il s’efforce de panser en rattrapant le temps perdu. Alors il préfère parler fort et bien manger, plutôt que s’arrêter sur son cas personnel, certains ont connu un sort pire que le sien, en comparaison, il va bien. « Ok. Très bien. Je le sentais pas, ça n’aurait servi à rien que je vienne, tu aurais perdu ton temps. » qu’il répond, les bras croisés, légèrement contrarié d’avoir déjà dû lâcher un morceau d’information à la femme face à lui. « Mais tu seras contente d’apprendre que je transplane de mieux en mieux ! » Nate, en train de noyer le poisson en détournant légèrement la conversation ? Absolument. « Je te montre ? » Ils devraient bien sûr sortir du bâtiment si elle acceptait, mais ça lui ferait peut-être oublier cette discussion qu'elle semble vouloir avoir avec lui.

Nathan entre dans la pièce et la salue avec un sourire qu'elle sent légèrement forcé. Et tout de suite, il commence une excuse guère convaincante et se stoppe rapidement sous le regard d'Andromeda. Elle n'a même pas à prononcer un mot, il comprend qu'elle n'est en rien dupe. Après tout, elle a élevé une adolescente. Les excuses foireuses, elle en avait entendu ! Tellement qu'elle aurait pu en faire un roman, comme elle disait souvent. Un instant, elle sourit presque en repensant aux excuses alambiquées que lui avait parfois sorti Nymphadora. Ça plus quelques années à la Fawkes, avait apporté à la professeure un certain talent pour détecter les mensonges parmi les mots les plus assurés. Un talent bien utile, il faut le dire.

Et visiblement, il sent bien que son assurance de facade ne trompe en rien Andromeda. Et après un bref silence, le voilà qu'il avoue. Ok. Très bien. Je le sentais pas, ça n’aurait servi à rien que je vienne, tu aurais perdu ton temps. Elle se contente d'acquiescer, alors qu'il détourne la conversation sur ses progrès en transplanage. Andromeda ne répond pas tout de suite, observant le jeune homme en silence. Ce n'est pas une grande bavarde, Andromeda. Depuis toujours, elle est ce genre de fille un peu réservée, plus dans l'analyse que dans l'action immédiate. Il faut dire qu'entre Cissy et Bella, il était bien difficile pour la gamine d'alors de trouver sa place. Ainsi, elle a toujours préféré rester en retrait, observer en silence. Se rendre invisible, imperceptible. Réfléchir et observer les détails parfois à peine palpables. Et lorsqu'elle prend enfin la peine de s'exprimer, c'est bien souvent pour viser juste.

Et comme à son habitude, la Tonks observe Nathan. Elle le sait, il a vécu des choses incroyablement difficiles. Des horreurs, qu'il porte encore en lui-même comme un fardeau, et ça s'il n'en parle pas forcément ouvertement. Cela ne se voit pas forcément du premier coup d'œil, mais Andromeda sait reconnaître une âme blessée. Et même lorsque celle-ci arbore un masque. « Bien-sûr, sortons pour que tu me montres ça. » Un endroit un peu plus neutre qu'un bureau, et un peu d'air frais ne peut pas faire de mal, après tout ?  Elle attire vers elle sa cape d'un coup de baguette avant de désigner la porte d'un mouvement de la tête. « Allons-y » Durant quelques minutes, ils avancent vers l'extérieur afin de pouvoir s'entrainer au transplanage. Quelques instants de silence avant que la Tonks ne reprenne la parole d'une voix douce. « Tu sais, je ne t'en veux pas. D'avoir séché la dernière séance, tu n'es pas obligé de me sortir une fausse excuse. Je ne vais pas t'enlever des points comme McGonagall. » Elle marque une légère pause après la boutade, adressant un sourire qu'elle espère apaisant à son protégé. « Je souhaite juste t'aider, Nathan. Il est normal que cela prenne du temps, après ce que tu as vécu. Mais on y arrivera. Tu y arriveras, j'en suis sûre. » Andromeda espère que ses mots parviendront à apaiser ses tourments. Mais elle le sait, il faudra bien plus que ça pour panser les plaies béantes de Nathan. On ne répare pas une âme brisée aussi facilement, après tout.

Il ne s’attendait pas à ce qu’elle accepte. Pas plus qu’il ne pensait pas que sa petite diversion marcherait aussi facilement. Et pourtant, c’est bien elle qui lui indique la porte de son bureau non sans avoir attraper une cape. Le chemin qu’ils empruntent aussi semble lui aussi les guider vers l’extérieur. Ils traversent un premier couloir sans qu’aucun mot ne soit échangé, ce qui ne manque pas de faire naître chez lui une forme de nervosité. Il n’a jamais été fan du silence, non-affection qui a grandi avec le temps et les expériences. Le silence est rarement porteur de bonne nouvelle, mais que dire ? Que peut-il dire d’autre à Andromeda à part cette demi-excuse qu’il lui avait donné?

« Tu sais, je ne t'en veux pas. D'avoir séché la dernière séance, tu n'es pas obligé de me sortir une fausse excuse. Je ne vais pas t'enlever des points comme McGonagall. » Il a un petit éclat de rire qui ne dure pas, à l’évocation du système des points de Poudlard. Qu’est-ce qu’il a pu en perdre des points à l’époque ! « Je ne peux pas non plus te donner la vraie raison. » Parce qu’il est prêt à parier que ce qu’il pourra lui dire sera rapporté dans l’heure à Chérie. Et est-ce qu’il souhaite voir sa sœur ainée s’inquiéter pour lui, alors que tout ce qui devrait la préoccuper c’est sa santé à elle ? Absolument pas. Et puis, si Chérie venait à l’apprendre, l’information circulerait automatique jusqu’à Tommy, peut-être que même Dwight l’apprendrait ? Sans compter Mira, Tony, Leo. Non, la liste serait alors bien trop longue, et il n’a pas besoin de se sentir observé par ceux qui l’entourent. Enfin, pas plus observé qu’il ne l’est déjà. Il s’est parfaitement débrouillé jusqu’à présent pour les garder loin de tout ça, ce n’est pas pour qu’ils découvrent tout maintenant. Sans compter qu’il n’est pas certain d’avoir envie de parler de ce qui lui arrive. Qu’est-ce que ça lui apporterait ? Qu’est-ce qu’il aurait à y gagner de partager ce genre d’anecdotes avec elle ?  « Je souhaite juste t'aider, Nathan. » Tout le monde ne fait que lui répéter ça depuis qu’ils sont de retour. Tout va s’arranger, ils sont là pour eux, pour les aider, ça n’est qu’une question de temps. Leur refrain ne change pas beaucoup d’une personne à une autre. Mais ces autres ne savent pas, ceux qui n’étaient pas sur l’île ne savent pas. « Il est normal que cela prenne du temps, après ce que tu as vécu. Mais on y arrivera. Tu y arriveras, j'en suis sûre. » Voilà. C’est exactement ce qu’il disait. Ils sont tous en boucle sur l’idée que tout finira par s’arranger, que c’est normal, mais que s’il acceptait la main tendue, les choses s’arrangeraient probablement plus vite. La vérité c’est que personne n’en sait rien. « Ça a l’air tellement simple quand tu le présentes. » A l’écouter, ce serait aussi simple que de jeter un Reparo sur un verre brisé. Mais ils ne sont pas de simples pièces d’un service à vaisselle en porcelaine. Ils sont humains, et ça, c’est autrement plus compliqué à remettre en état. « Dis-moi, comment tu réparerais quelqu’un comme moi, Andromeda ? » Quelqu’un qui a vu et vécu des choses qu’il n’aurait dû ni voir ni vivre. « Parce ce que de là où je me trouve il n’y a pas grand-chose que vous puissiez faire, ni toi, Kingsley, ni aucun autre. » Il n’y a pas de colère dans sa voix, plus une forme de lassitude qu’il ne s’attendait pas à laisser paraître. Lui aussi, il pensait qu’une fois rentrer tout reviendrait à la normale. Il avait bien imaginé une petite période de flottement, mais pas si longue ! Ils sont en octobre et rien ne semble vraiment avoir changé. Ok. Il arrive mieux à transplaner, ses sorts sont légèrement moins brouillons aussi, mais ça ne suffit pas. Ça ne lui suffit pas. « Je t’en veux pas d’essayer. » finit-il par ajouter, peut-être un peu tard, un peu moins fort aussi.  Il tourne la tête vers elle, premier regard depuis qu’ils sont sortis du bureau, avant de reporter son attention sur d'autres détails du bâtiment. « Mais je suis pas sûr que tu puisses faire grand-chose. » Ce n’est pas contre elle qu’il en a. Il veut croire en sa bienveillance, il se doute bien que c’est une des raisons pour lesquelles sa sœur s’est adressée à elle. Mais il fallait bien qu’il finisse par exprimer le fond de sa pensée à quelqu’un.

« Ça a l’air tellement simple quand tu le présentes. Dis-moi, comment tu réparerais quelqu’un comme moi, Andromeda ? » Comme Andromeda aimerait avoir la réponse à cette question. Elle voudrait tant trouver les mots justes, ceux qui panseront les plaies de Nathan. Mais que dire à quelqu'un qui a connu tant de choses ? Elle-même pensait avoir connu le pire, autrefois. Elle avait connu l'horreur de la première guerre, l'apogée du seigneur des Ténèbres. Et l'avait combattu. Elle était jeune alors, et tant déterminée. Mais malgré le courage, et la tête toujours gardée haute, elle ne pouvait nier que cette guerre lui avait laissé une empreinte indélébile. Après tout, comment oublier tout ça ? Comment oublier la peur si présente, si viscérale qu'elle en sert les entrailles à chaque seconde ? Comment oublier les Marques des Ténèbres flottant dans le ciel et le souffle qui se coupe à l'idée que ce soit au-dessus de sa propre maison ? Comment ne pas songer à ceux qui s'étaient battus, et qui avaient perdu la vie ? Oui, Andromeda pensait avoir connu le pire. Elle croyait qu'après avoir vécu tout ça, jamais plus son monde ne basculerait dans tant de terreur. Et pourtant. En Nathan, elle voit bien les affres de l'horreur qu'elle pensait ne jamais revoir. Pires encore, que celles de jadis. Gracefield. Un mot synonyme de tant de ténèbres, de douleur, de larmes. Elle le sait, même dans ses cauchemars les plus sombres, elle ne peut qu'à peine imaginer le quart de ce qu'il a vécu, lui et toutes les victimes de cette folie. Même elle, qui a connu la guerre, peine à réfréner le malaise qu'évoque ce lieu de terreur. Elle observe Nathan, consciente que ce jeune homme a vécu pire que l'horreur. « Parce ce que de là où je me trouve il n’y a pas grand-chose que vous puissiez faire, ni toi, Kingsley, ni aucun autre. »

Étrangement, la voix de Nathan n'est pas particulièrement sèche, ni même dure comme on pourrait s'y attendre. Elle n'y distingue pas de rage. Andromeda ressent autre chose, quelque chose d'à peine perceptible. Comme une lassitude profonde, et plus que cela, une douleur profondément ancrée. « Je t’en veux pas d’essayer. » Elle sourit légèrement. C'est bien mal la connaitre que de croire qu'elle est du genre à laisser tomber.  « Mais je suis pas sûr que tu puisses faire grand-chose. » Andromeda ne répond pas de suite. Elle sent son cœur se serrer devant le désespoir qui émane de chacun des mots de son protégé. Et comment lui reprocher ? Pourtant, elle sait qu'elle doit l'aider. Qu'importe le temps, l'énergie que ça prendra. « Tu sais, j'ai vécu les deux dernières guerres sorcières. J'ai vu la mort, la douleur et l'horreur bien trop souvent. J'ai perdu des êtres chers ...» Un instant, l'image de ses Bellatrix se dessine devant elle. Sa sœur qui avait choisi la voie du mal en embrassant les idées de ceux qu'Andromeda avait combattu. Mais rapidement, elle chassa cette pensée. Bellatrix avait choisi sa voie, après tout. Et elle avait payé pour ses actes. « Mais malgré ça, je n'ai pas la prétention de comprendre ce que tu traverses. Je crois que personne ne le peut, s'il n'a pas vécu ce que tu as vécu. Je dirai même ce à quoi tu as survécu. » Elle marque une pause, cherchant un instant ses mots. « Je ne te dirai pas que je peux faire des miracles, et tout régler d'un coup de baguette ou par quelques paroles. Et je ne suis pas là pour ça. Tu es fort, Nathan. Bien plus que tu ne le crois. » Elle plonge ses yeux dans ceux de Nathan. « Je ne suis là que pour t'accompagner, t'aider. T'écouter si tu as besoin. Mais surtout tu dois croire en toi, tu es capable. Ça prendra du temps, bien sûr. Tu as été brisé, et c'est normal. Quiconque aurait vécu ce que tu as vécu le serait, peut-être même après bien moins que ça. Mais aujourd'hui tu es là, devant moi. Et je sais que tu parviendras à réparer ce qui a été brisé en toi. Je crois en toi, et tu dois y croire aussi. »

Il y a comme un flottement dans l’air avant qu’elle ne réponde. A-t-il été trop franc ? C’est pourtant ce qu’on attend de lui : de l’honnêteté, une ouverture face à ses mains tendues. « Tu sais, j'ai vécu les deux dernières guerres sorcières. J'ai vu la mort, la douleur et l'horreur bien trop souvent. – son expérience fait vaguement écho à la sienne, comme si le passé venait le rattraper - j'ai perdu des êtres chers ...» Est-ce que c’est pour cela que Chérie a demandé à Andromeda de s’occuper de lui ? A cause ce qu’elle a vécu lors de la précédente guerre ? Il sait que sa sœur ne pensait pas à mal, mais il trouve ça parfaitement absurde. Ce n’est pas exactement le genre de point commun qui aide à tisser des liens. A moins que si ? Il y a de quoi s’en faire des nœuds au cerveau. « Mais malgré ça, je n'ai pas la prétention de comprendre ce que tu traverses. Je crois que personne ne le peut, s'il n'a pas vécu ce que tu as vécu. Je dirai même ce à quoi tu as survécu. » Là-dessus, ils sont d’accord. Les autres ne comprennent pas. Ils veulent bien faire, mais sont trop déconnectés de ce qu’il se passait sur le bout de terre où ils étaient coincés. «  Je ne te dirai pas que je peux faire des miracles, et tout régler d'un coup de baguette ou par quelques paroles. Et je ne suis pas là pour ça. Tu es fort, Nathan. Bien plus que tu ne le crois. » Il croise son regard sans réussir à s’identifier à ses paroles. Il est fort et pourtant, lui ne parvient pas encore à atteindre les objectifs qu’il s’est fixé. Il a l’impression que tous les autres ont réussi à surmonter tout ce qu’il leur est arrivé bien mieux que lui. Même ceux qui sont arrivés là-bas en même temps que lui ! Pourtant, sur l’île, il était de ceux qui prenaient leur situation avec le plus de détachement, qui plaisantait le plus, il n’avait pas l’air aussi abattu. Et dans ses souvenirs, il n’était pas incompétent, non plus. « Je ne suis là que pour t'accompagner, t'aider. T'écouter si tu as besoin. » Est-ce qu’elle veut vraiment écouter les aventures de Nate à Gracefield ? Ça n’a rien à voir avec les contes de Beedle, beaucoup moins sympathiques, et définitivement pas adaptés pour les enfants. D’accord, la guerre, elle l’a connue mais est-ce que c’est réellement la même chose ? Il a des doutes. « Mais surtout tu dois croire en toi, tu es capable. Ça prendra du temps, bien sûr. Tu as été brisé, et c'est normal. – c’est normal ce qu’ils ont vécu ? normal qu’il s’en soit sorti comme ça ? –  Quiconque aurait vécu ce que tu as vécu le serait, peut-être même après bien moins que ça. Mais aujourd'hui tu es là, devant moi. Et je sais que tu parviendras à réparer ce qui a été brisé en toi. Je crois en toi, et tu dois y croire aussi. » Son dernier commentaire le fait doucement sourire. Il croit en lui, au moins un peu, mais comment faire quand ce qui fait de lui un sorcier semble avoir abandonné ?

« Et ça va prendre combien de temps, encore ? » Il est lassé, fatigué de cette absence de résultats. La patience n’a jamais été son fort – même après toutes ces années à attendre qu’on vienne les chercher ! « C’est pas avec un Lumos et Stupefix que je vais pouvoir repartir en mission. » Ça aussi, il en assez. Il a l’impression de tourner en rond, de s’enfermer dans une routine qui ne fait pas sens et ne lui apporte rien.  «  Je sais, tu vas me dire que ça prend du temps … mais pourquoi moi j’arrive à rien de mieux ? » Le sentiment d’injustice est fort. Il en arrive régulièrement à se demander si le destin ne s’acharne pas sur lui. Y a qu’à voir les rêves – les cauchemars, plutôt ! – dans lesquels ils passent ses nuits.  Au détour d’un couloir, ils croisent quelques jeunes élèves de la Fawkes, et Nate se tait jusqu’à ce qu’ils soient suffisamment loin. Ils n'ont pas besoin d'entendre ce genre de choses, les rumeurs sont amplement suffisantes pour leurs jeunes oreilles. « Le jour j’arrive à rien, et je te parle même pas de mes nuits … c’est encore pire. » Pire parce que dans ses songes, il est de retour à Gracefield, il est de nouveau privé de sa magie. Pire parce que dans ces moments-là, le Gracefield dans lequel il évolue ne répond pas aux règles qu’il a connu, c’est simple : il n'y a plus de règles.

Ils atteignent enfin la porte qui les mènent à l’extérieur, jusqu’à rejoindre l’espace où ils peuvent s’entraîner au transplanage. Pour le moment, il n'y a personne et il espère que cela va durer.  « T’as connu ça aussi, les cauchemars à répétition ? » disant cela, il réalise que c’est la première fois qu’il le verbalise, qu’il confie cette part de son quotidien à quelqu’un. Si Andromeda voulait leur trouver des points communs, peut-être que ça en serait un. « Le genre qui te laisse en nage et sans repères, quand finalement t’arrives à te réveiller ?» Il aurait pu ajouter à bout de souffle et en larmes aussi, parfois même au sol, mais il ne sait pas ce qu’elle a vécu. Ne sait pas non plus à quel point Andromeda a pu être impactée.

« Et ça va prendre combien de temps, encore ? » Encore une fois, la question est directe. Avide. Des mots qui transpirent d'amertume, de doutes et de désespoir. Derrière les quelques palabres, elle ressent la douleur. Une douleur sourde, ancrée profondément dans l'âme du garçon. Ce genre de douleur capable de te pourrir de l'intérieur, gangrénant la moindre pensée. Une simple question, synonyme de tant de choses. Et surtout, une question à laquelle elle ne possède aucune réponse. « C’est pas avec un Lumos et Stupefix que je vais pouvoir repartir en mission .... Je sais, tu vas me dire que ça prend du temps … mais pourquoi moi j’arrive à rien de mieux ? » Elle comprend la détresse de Nathan. Elle imagine bien ce sentiment d'impuissance qu'il doit ressentir. Et d'injustice. Alors qu'ils continuent à avancer, elle remarque que Nathan se ferme alors que des élèves croisent leur route. « Le jour j’arrive à rien, et je te parle même pas de mes nuits … c’est encore pire. » Andromeda serre les lèvres, sentant encore une fois la douleur qui transparait dans la voix de Nathan. Parfois, elle se dit qu'elle aimerait revenir à l'époque simple ou elle était encore une jeune maman, qui parvenait à calmer les peurs juvéniles de sa fille par une étreinte et une berceuse. Malheureusement, les choses étaient loin d'être aussi simples. Et une telle blessure ne se soigne pas par des chansons. « T’as connu ça aussi, les cauchemars à répétition ? Le genre qui te laisse en nage et sans repères, quand finalement t’arrives à te réveiller ? »

(TW : MORT) Elle sent quelque chose a changé dans la voix de Nathan. C'est à peine perceptible. Mais elle sent que ses derniers mots résonnent différemment, elle ne saurait l'expliquer. C'est comme si quelques chose était sorti, quelque chose qui était enfoui en lui, ne demandant qu'à jaillir. Et ces mots, voilà qu'ils l'atteignent, Andromeda. Une question semblant anodine, mais qui la renvoie vers ses propres souvenirs. « Le genre qui te laisse en nage et sans repères, quand finalement t’arrives à te réveiller ? » Elle ne répond pas tout de suite. Ses yeux balaient le petit espace où ils s'entraînent pour le transplanage. Bien-sûr, elle a connu les affres de cette douleur. Les angoisses qui te prennent à la gorge, pensant comme ombre de fer sur son âme. « Oui. Je sais ce que c'est. » Enfin, elle se tourne vers Nathan. « Un jour, lors d'une mission avec l'ordre, on est tombé sur une maison dont les habitants avaient été tués par des mangemorts.  C'était ma première mission depuis la naissance de Nymphadora. On est entré dans la maison, et ... on les a vu. Ils étaient trois. Un couple et un bébé. » Elle marque une pause, les poings serrés. « Ils n'avaient aucune raison d'être tués, c'était un couple banal, ni des nés-moldus, ni des opposants à Voldemort. Rien qui, en apparence, aurait pu leur attirer les foudres des mangemorts. Pourtant, j'ai tout de suite compris que c'était ma soeur, Bellatrix qui était responsable de ce meurtre. Cette ... Elle avait laissé le faire-part de naissance qu'on avait envoyé à nos proches. Comme un message, pour me montrer qu'elle savait pour la naissance de ma fille. » Elle marque à nouveau une pause, reprenant à mi-voix. « Sur le coup, je n'ai pas vraiment réagi, j'ai continué la mission comme si de rien n'était. Mais, une fois seule dans mon lit, les images sont revenues. Comme si tout met rattrapait, je pouvais encore sentir l'odeur âcre de la fumée, voir l'éclat verdâtre de la marque qui flottait sur la maison détruite. Seulement, ce n'était pas ces pauvres innocents que je voyais, mais ma famille. Ted, et ...Et ma Nymphadora. »

D'un geste machinal, elle se saisit de sa baguette et attire vers elle les cerceaux d'entrainement utilisés pour les leçons. Un geste futile, destiné à occuper son esprit quelques instants pour reprendre contenance. « Pendant des semaines, j'ai fait et refait ce même cauchemar. C'est Ted qui m'a aidé à me sortir, à comprendre que me laisser bouffer par ces pensées ne mènerait à rien, et que le meilleur moyen de protéger ma fille était de combattre ces angoisses et de me mettre corps et âme dans l'ordre pour vaincre ce fléau de Voldemort. Et c'est ce que j'ai fait. Pendant toutes les années qui ont suivi, tout ce que j'ai fait, je l'ait fait pour elle. Pour Ted. Pour ce que nous avions construit. Rien ne comptait plus. Et on l'a vaincu, durant un temps du moins. Un rire légèrement amer s'échappe de ses lèvres. Si seulement ils avaient su, à l'époque. « Je sais que ce n'est pas comparable à ce que tu as pu vivre. Loin de là. Tout ce que je peux te dire c'est qu'on peut s'en sortir. Tu en es capable, Nathan. Alors non, je ne peux te dire combien de temps ça prendra. Mais je peux te dire une chose, raccroche-toi à ceux que tu aimes. Je sais que ça à l'air ... bête dit comme ça, tout droit sorti d'un film à l'eau de rose mais ...  c'est la vérité. Moi, c'est le désir farouche de protéger ma Dora qui m'a sauvée, qui m'a aidé à combattre la peur, et à la changer en détermination. Et tu peux le faire, Nathan. J'en suis sûre. »

Il se sait un peu ridicule, naïf même, à demander une date d’estimation sur la fin de ses problèmes. Personne ne peut dater ça. A part peut-être quelqu’un capable de prédire l’avenir, et encore, on lui a toujours raconté que ces choses là sont loin d’être une science exacte. Souvent l’ensemble est un peu fumeux. Même chez les bons, l’interprétation semble parfois laisser à désirer. Alors s’adresser à quelqu’un qui ne saura pas plus que lui prédire la suite de l’histoire, semble bien absurde. Andromeda ne lit pas l’avenir, non, mais elle a vécu des choses elle aussi, traversé des traumas qu’il n’avait pas envisagés. « Oui. Je sais ce que c'est. »  Il aurait pu pourtant, lorsque les noms tombent, il se rappelle l’arbre généalogique de celle qui se tient face à lui. « Sur le coup, je n'ai pas vraiment réagi, j'ai continué la mission comme si de rien n'était. Mais, une fois seule dans mon lit, les images sont revenues. Comme si tout met rattrapait, je pouvais encore sentir l'odeur âcre de la fumée, voir l'éclat verdâtre de la marque qui flottait sur la maison détruite. Seulement, ce n'était pas ces pauvres innocents que je voyais, mais ma famille. Ted, et ...Et ma Nymphadora. » Il n’a pas travaillé suffisamment pour le compte de l’ordre pour avoir expérimenté ça, mais il se retrouve malgré tout dans ses mots. Plus d’une fois il lui arrive d’entendre la cloche annonçant le début d’une battue, alors qu’il n’y aucune cloche – ou si, parfois il y en a vraiment une, et dans ces moments-là, l’instinct reprend le dessus et il se met à courir. Il lui est déjà arrivé de semer Leo quand elle lui propose de l’accompagner. Juste parce qu’il doit courir. La cloche sonne, il court. Le réflexe est ancré et il ne sait pas comment s’en défaire. La nuit, si la couette lui échappe, il pourrait presque avoir l’impression d’être de retour sur le lit de camp dans la bâtisse, sur l’île. Pas de franche barrière contre le froid. « Désolé, je savais pas. » C’est tout juste s’il avait fait le lien entre Andromeda et le lien qu’elle partage avec Nymphadora avant qu’elle ne l’évoque. Pourtant, avec des noms comme ceux-là, il aurait dû se douter. A bien l’observer, il peut même leur trouver quelques traits communs au niveau du visage.

Elle ne semble pas s’en formaliser, continuant histoire, le faisant regretter qu’elle ait dû rouvrir ses souvenirs pour lui. Les cerceaux volent dans leur direction avant d’être posés à distance respectable. « Pendant des semaines, j'ai fait et refait ce même cauchemar. C'est Ted qui m'a aidé à me sortir » Il lui faudrait un Ted, à lui aussi. Quelqu’un qui puisse l’aid – ok, il a déjà tout ça : sa sœur, ses frères, Mira, Leo, Tony, Lou aussi serait de ceux-là. Il est même sûr que Lena accepterait de l’écouter. Il sait qu’il n’a qu’à leur demander pour qu’ils l’écoutent, parce qu’ils le feront. Mais Nate ne raconte que des histoires drôles, des conneries pour justement éloigner les nuages qui lui occupent l’esprit. Il a tout un tas de Ted sur qui se reposer, il ne veut juste pas leur partager ce qu’il traîne depuis l’île de peur de contaminer leurs rêves aussi. Il a beau savoir qu’ils savent au moins partiellement ce qu’il a vécu – les rumeurs vont vite, les histoires également – il n’a jamais rien confirmé, tout simplement parce qu’ils n’ont rien demandé. Tommy s’y est risqué une fois, peu de temps après son retour. C’est le seul qui a eu droit à quelques informations.

En l’entendant rire, il tourne la tête vers elle. Il le sent plein d’amertume cet éclat. Comme lui, face à son état. « Je sais que ce n'est pas comparable à ce que tu as pu vivre. Loin de là. » Ce n’est pas comparable, et heureusement pour elle. Ils en plaisantent parfois, parlent de leur colonie de vacances avec les autres rescapés encore présents, mais Gracefield n’a jamais été un complexe pour vacanciers aisés. Le service n’a jamais été équivalent à un hôtel étoilé – il serait bien en peine de dire à quoi ça ressemble d’ailleurs, il n’y a jamais mis les pieds. « Je peux pas leur imposer ça. » Ni à eux, ni à qui que ce soit d’autre. Il en a déjà trop dit devant elle. « Je veux bien te croire quand tu dis que ça va revenir pour la magie, y a des trucs que j’arrive à refaire. » C’est ce qu’il va devoir lui prouver d’ici quelques instants.« Mais je veux pas être celui responsable de leurs cauchemars. » Il l’a déjà été une fois, c’est suffisant. « J’ai vu les autres, ils s’en sortent mieux que moi. » En tout cas ceux qui sont restés. C’est tout juste s’ils semblent encore garder des souvenirs de ce qu’il leur est arrivé.

Les cerceaux ayant été positionné, il va se placer dans l’un d’eux, toujours un peu sceptique. « Je peux protéger personne pour le moment. » Pas avec de la magie. Juste en taisant ce qu’ils savent déjà plus ou moins. « Bon. Transplanage, hein ? » Il claque ses mains comme pour si cela suffirait à ce qu’il soit concentré. « Les trois D … comme du temps de la formation à Poudlard. » l’ombre d’un sourire passe sur son visage. La belle époque … Destination. Détermination. Décisions. Avec le temps, c’était devenu machinal, il n’avait plus eu besoin de repasser par ça. Comme lorsqu’il avait appris à conduire. D’ailleurs .. est-ce qu’il serait encore capable de conduire une voiture ? Il faudrait qu’il essaye. « T’as eu le droit aussi à ça ? » La tentative de diversion ne marche pas aussi bien qu’il l’avait espéré, maintenant qu’il a les pieds dans le cerceau, il n’a pas d’autre choix que de lui prouver que tout va bien. Peut-être même que s’il arrive à transplaner du premier coup, comme l’autre jour, ils pourront mettre un terme à leurs séances ! « Ok, Ok. » Il visualise dans son esprit le cerceau placé à quelques mètres. S’imagine déjà là-bas. Y met tout son cœur – ou peut-être pas. Y met toute la motivation dont il est capable, et la détermination aussi – autant qu’il lui en reste, quoi. Et … « Et merde. » Il donne un coup sur un côté du cerceau, faisant remonter l’autre qui vient lui taper dans l’arrière du genou. Allez, il manquait plus ça. Génial. Il voit déjà le prochain rendez-vous s’ajouter à son agenda. « J’te promets, l’autre jour ça fonctionnait. Ce matin ça a marché ! Sinon, je serai pas venu, ici. » Reste à espérer qu’elle croit son histoire, il aurait tout aussi bien pu être emmené par une autre personne.

lancé de dés

« Je peux pas leur imposer ça. Je veux bien te croire quand tu dis que ça va revenir pour la magie, y a des trucs que j’arrive à refaire. Mais je veux pas être celui responsable de leurs cauchemars. J’ai vu les autres, ils s’en sortent mieux que moi. » Elle écoute en silence, essayant de comprendre cet entremêlement de sentiments qu'elle devine dans les mots tremblants de Nathan. Elle en a vu, des sorciers brisés depuis qu'elle avait rejoint la Fawkes. Des jeunes, parfois à peine sortis de l'enfance qui tentent de se reconstruire, et d'apprendre au mieux malgré ce contexte. Et en les voyant, Andromeda se dit que la Fawkes est une vraie chance pour eux. Elle se sent si reconnaissante envers Molly de lui avoir offert ce poste ; lui permettant d'aider tant de jeunes âmes. Avec cette école, Andromeda avait trouvé un nouveau but, une nouvelle voie. Après tout, c'est ce qui l'a toujours animée : Aider son prochain. Cela peut paraitre cliché, mais elle apprécie de se sentir utile, et d'avoir l'impression d'offrir à des sorciers un espace d'apprentissage. Un peu comme l'était Poudlard, fut un temps. Un autrefois aujourd'hui révolu, perdu dans les ténèbres d'une guerre semblant durer depuis des siècles. Et même si elle voit chaque jour des âmes cassées qu'elle tente de réparer. Et nul doute que Nathan fait partie de ces êtres à qui cette foutue guerre a tout arraché. Jusqu'à l'âme.

« Je peux protéger personne pour le moment. » La culpabilité qui transpire dans le moindre de ses mots. Une culpabilité sourde, ardente comme une braise sous la cendre. Bien cachée, mais toujours présente, et prête à jaillir. « Tu es là, en vie et prêt à te reconstruire, qu'importe le temps que ça prendra. » « Bon. Transplanage, hein ? » Un léger sourire se dessine sur les lèvres d'Andromeda, elle comprend que Nathan veut changer de sujet et se remettre au travail. Enfin surtout éviter les discussions trop intimes, elle suppose. Bien. Après tout, il n'y a pas que l'âme qui doit être réparée. La magie aussi, dans le cas de Nathan. Et c'est par ailleurs pour cela qu'elle est là, à la base, même si elle s'est aperçu au fil des années que bien souvent lorsque la magie défaille, les causes en sont souvent bien plus profondes. Comme si la magie était liée directement à l'âme, et aux blessures pouvant l'affecter. Elle acquiesce donc, s'éloignant de quelques pas pour le laisser tenter son transplanage.  

« Les trois D … comme du temps de la formation à Poudlard. » Un petit rire s'échappe des lèvres d'Andromeda à l'évocation de ce souvenir. « T’as eu le droit aussi à ça ? » Elle acquiesce en silence, les yeux rivés sur son élève. Oui, bien sûr qu'elle a connu les fameux trois D, lors de son apprentissage. Voilà bien des années. Elle observe Nathan qui semble tenter de se concentrer, les yeux clos. Mais rien. « Et merde. » Andromeda ne répond pas tout de suite, alors que Nathan donne un coup de pied rageur dans le cerceau, visiblement en colère de son échec. « J’te promets, l’autre jour ça fonctionnait. Ce matin ça a marché ! Sinon, je serai pas venu, ici. »  Elle hausse un sourcil, pas vraiment dupe. Elle s'approche à nouveau de son élève, prenant la parole d'une voix douce. « Qu'importe que ça ait marché ce matin, ou pas. L'essentiel est que tu parviennes à y arriver les fois suivantes. » Elle choisit de ne pas relever, de laisser le bénéfice du doute, après tout faire le contraire n'apporterait strictement rien. « Tu dois faire le vide dans ton esprit, et croire que tu peux y arriver. Si tu essayes en te disant que tu vas te planter, tu as déjà perdu. Je sais que tu peux le faire, tu as appris il y a longtemps. Avec ce vieil examinateur décrépi et ces trois foutus D. Tu peux le refaire, tes capacités n'ont pas disparu, elles sont là, encore présentes. Fais-toi confiance, Nathan. » Elle marque une pause, adressant un sourire empli de bienveillance à son protégé. « Je pense qu'on en a assez fait pour aujourd'hui, je te libère. On reprendra une prochaine fois, d'accord ?  » D'un coup de baguette, elle range les cerceaux d'entrainement dans un petit coffre laissé à cet effet. « Je sais que c'est pas facile. Mais tu peux y arriver Nathan. Tu peux sortir la tête de l'eau. Tu es plus fort que tu ne le crois, j'en suis convaincue. » Elle adresse un dernier sourire, puis tourne les talons en direction de son bureau. Esperant qu'elle parviendra à l'aider, lui comme tous les autres sorciers brisés par Gracefield.