Isla accepte - non sans une légère contrariété - la présence de Bernardo à l'AMI de manière plutôt régulière. Après tout ils ""sortent ensemble"", ce qui s'était avéré être d'un grand réconfort après la mort de Benyamin (comme à chaque fois qu'elle y pense, une vague de chagrin, de colère et de désespoir s'abat sur elle; avant de se heurter comme à une digue à l'épaisse protection des Atoner qu'elle bouffe comme des M&Ms tous les matins) et d'une grande importance pour Jill et Joan (ses filles) (qu'on oublie souvent) (Isla comprise). Elles adorent Bernie, comme elles l'appellent, et grand bien leur fasse. Islabeth l'aime bien elle aussi. Il est, après tout, son ami depuis très longtemps. Il est attentionné, drôle et généreux. Ça suffit, non?

Pourtant, elle est un peu embêtée quand elle le fait entrer dans l'Institut, un pli entre ses sourcils blonds, une main impérieuse qui lui fait signe de se dépêcher. Aujourd'hui, elle ne voulait pas le voir; mais c'est Billy le vampire (yikes, by the way) qui a insisté. Une histoire de réalignement de chance, de malchance, de jours de congés et puis Isla a arrêté d'écouter au bout de dix secondes, elle sait juste qu'elle a accepté. "Well, come on in, darling, we don't have all day," ronchonne-t-elle d'une voix chantante, en collant un baiser sur sa joue après s'être pliée en deux pour l'atteindre. "Here, let's go to my office. I think Miles said there was a worm infestation just waiting to happen. Quick!" Elle pose une main (tendre mais lourde, comme une chappe de plomb) sur son épaule en le menant à travers les couloirs labyrinthiques de l'AMI, jusqu'à une porte en bois sombre décorée d'un œil doré qui cligne paresseusement en la reconnaissant et en la laissant entrer.

Le bureau d'Isla est grand, froid et vide. Il y a un cadre de ses filles qui prend la poussière sur une étagère, une autre de Benyamin dont le verre est cassé et a endommagé la photo et un post-it avec le numéro de boule cristal de Bernardo écrit dessus à la va-vite, sur le bureau. Isla appuie sur l'épaule de Bernardo pour le faire s'asseoir en face du bureau. "I'll make some tea," fait-elle d'une voix distante en se dirigeant vers le coin cuisine, la théière victorienne, les tasses ébréchées et le thé rassis. "What is it that you're here for, again?" Elle se tourne vers lui en semblant se rappeler de quelque chose. "Ah yes, our annivers--" Un cri à glacer le sang résonne tout d'un coup, suivi d'un grand coup à la porte qui manque de sauter sur ses gonds. Isla fronce les sourcils et soupire. "That will be the worms. Don't mind them, darling, we're safe here." Elle se remet à son ouvrage autour de la théière. "I think."

Bernie accepte, non sans une angoisse grandissante, de se rendre de temps à autres à l’AMI pour passer du temps avec Isla. Depuis le temps, il s’était habitué au malaise que lui procurait son amie; un malaise se lovant dans le moindre détail, allant de leur ridicule différence de taille à l’habitude qu’elle avait de ne jamais le regarder directement dans les yeux, mais toujours quelques centimètres sur la gauche, comme si Bernie était constamment suivi. Et de fait, Bernie était constamment suivi, par Billy, mais en l’occurrence, aujourd’hui, il ne l’était, and yet, Isla l’avait accueilli en souriant à quelque chose par-dessus son épaule gauche.

Bernie ne s’est jamais vraiment demandé pourquoi il continuait à la voir, malgré ce malaise inhérent à sa présence. Il avait dû estimer que cet embarras n’était pas une excuse valable pour rompre tout contact (alors que Merlin seul sait qu’il était bon pour inventer des excuses, à tel point que ça avait été partie intégrante de son travail, il fut un temps). Si on lui posait la question (et personne ne lui posait la question, parce que, généralement, personne ne savait qu’il fréquentait, et encore moins sortait avec Isla, il aurait haussé une épaule (par-dessus laquelle tant de choses semblaient se passer), et aurait répondu qu’il aimait bien Jill et Joan, et que les petites avaient besoin qu’on leur change les idées après la disparition de Benyamin (Bernie, en secret, espérait qu’une présence à peu près passe-partout et monsieur tout le monde dans le quotidien des fillettes les aideraient à ne pas devenir aussi étrange que leur mère) (et elles, au moins, étaient toujours plus petites que lui).

"Well, come on in, darling, we don't have all day, Bernie est bien trop occupé à se demander quelle était l’origine de cette étrange odeur pour relever l’empressement de sa douce, qui lui colle le baiser le plus sec de l’histoire des baisers. Pour l’occasion, il porte un cardigan un peu moins ringard. Here, let's go to my office. I think Miles said there was a worm infestation just waiting to happen. Quick! - A worm what?" coasse-t-il, sans espérer quelconque réponse de l’archiviste qui est déjà en route. Les premiers mètres sont difficiles à avaler, un pas d’Islabeth revenant à deux pas et demi de Bernie (surtout dans un lieu inconnu) (et infesté de vers).

Elle le guide et l’assoit dans son bureau, Bernie se laissant faire avec une impressionnante nonchalance (l’habitude, hein, n’essayez même pas, vous autres). Il est déjà venu quelques fois dans le bureau d’Isla, et chaque fois, il prenait un soin particulier à ne pas trop inspecter ce qu’il s’y trouvait, et plus encore ce qu’il ne s’y trouvait pas. "I'll make some tea. - Sweet." Bernie sort de sous le manteau qu’il avait au bras une boîte de gâteaux secs qu’il n’avait pas eu le temps de lui offrir correctement, et la glisse sur le bureau, entre une pile de dossiers poussiéreux et un pot à crayons dont les yeux incrustés à sa surface semblaient suivre les mouvements de Bernie qui range brusquement sa main. "What is it that you're here for, again? Bernie ouvre le bec mais n’essaye même pas de répondre avant elle. Ah yes, our annivers--"

Lorsque le cri retentit, Bernie bondit de sa chaise, à ceci près qu’il avait aussi crispé ses mains à ladite chaise; de fait, il bondit avec la chaise. Il fait volte-face, une fesse toujours vissée à sa chaise, lorsque la porte manque de l’expulser au fond du bureau. Le cri qu’il pousse est presque aussi fort mais moins impressionnant que celui de derrière la porte: "WHAT THE F— That will be the worms. Don't mind them, darling, we're safe here. Cette fois-ci, quand Bernie ouvre la bouche, c’est en espérant qu’elle ne conclura pas avant lui: I think."
Dans un geste un peu vain, Bernie a rapproché la chaise du bureau et se concentre sur l’interminable échine d’Isla penchée sur la préparation de son thé (infect, but love is love is love). "You sure it’s fine for me to be here? I mean, if you’re too busy, I can come back later— if your… colleagues need help? I don’t want to hold you back…" and more than that, Bernie n’a pas envie de l’accompagner aider ses collègues. "Are you guys experiencing the same issues like all over the country? La question est un peu stupide, mais Isla a l'habitude. It’s such a mess in the Ministry; but we can send someone over if you need help?"

Islabeth, avec ses longs doigts fins et rachitiques, laisse tomber en cascade les feuilles de thé dans la théière, les regardant tournoyer avec un petit sourire absent. L'odeur qui se dégage immédiatement du réceptacle est agréable et lui rappelle la maison, ce qui ne lui rappelle pas feu sa mère ou feu son mari ou feu son père ou feu-- "You sure it’s fine for me to be here? - Why, of course, darling." (la plupart du temps, Islabeth cache le fait qu'elle oublie parfois le nom de Bernardo en l'appelant par ce surnom) (d'autres fois, elle menace de l'appeler Ben, ce qui serait été pire encore) (même elle a un modicum de savoir-faire social) "I mean, if you’re too busy, I can come back later— if your… colleagues need help? - They're fine," le rassure-t-elle en ignorant de plus belle les cris (plus lointains et étouffés) provenant de l'autre côté de la prote. "I don’t want to hold you back…"

Elle rit en l'entendant et se tourne vers lui, ses yeux morts luisant d'une lueur amusé. "Bernardo Jiménez," roucoule-t-elle en prononçant mal son nom de famille avec un hard J, "you do not hold me back or bother me. I'm glad you're here!" s'exclame-t-elle, espérant le rassurer, avec la chaleur d'une trappe en fer. "Are you guys experiencing the same issues like all over the country?" Isla soupire en entendant Bernardo, lassée d'ores et déjà par ce cheminement de conversation. "It’s such a mess in the Ministry; but we can send someone over if you need help? - Oh no, we don't need help." Et ils n'ont certainement pas besoin qu'un.e employé.e zélé.e vienne mettre son gros nez dans leurs affaires. "There's just been a lot of happenings in the tunnels as of late... Weird magics... Adhémar says it's thanergic, thalergic, I don't know-ic! There is an unrest that's lingering. There is a change that's coming. There is a King that's undying. So many things are happening here. So many things." La ridule entre les sourcils d'Isla revient. "So many ghosts. So many voices, too... And the kid... she's coming..." La voix d'Isla, devenue un murmure, part dans les aigus alors qu'elle sursaute au moment où la théière magique se met à siffler.

Son air sombre et honté prend aussitôt une expression ravie. "Oh! Tea's ready!"

Elle ramène la théière vers le bureau, remarque le paquet de gâteau et ses lèvres sourient (le reste de son visage ne bouge pas). "How thoughtful." Isla dépose la théière sur la table et s'arrête, toujours debout, à côté de la chaise où est assis Bernardo. Sa main se pose sur son épaule, puis grimpe le long de son cou, jusqu'à son menton, qu'elle incline délicatement vers le haut. "Look how handsome you are." Elle se penche toute entière pour venir l'embrasser, ses doigts un étau de fer sur son menton. C'est un baiser rapide, mais pas chaste, qu'elle brise quand Bernardo ouvre la bouche contre la sienne. Isla s'éloigne de quelques centimètres pour le regarder dans les yeux, avec un air de menace. "Don't worry your pretty little face, Bernardo, hm? You're safe here with me. Just ignore the screams. You'll stop hearing them after a while." Elle dépose rapidement ses lèvres sur les siennes puis relâche sa mâchoire, y laissant la trace blanche de ses doigts nerveux.

Isla va s'asseoir; elle ouvre les gâteaux; elle serre le thé; elle ne fait pas le moindre mouvement pour manger ou boire. "But how are things at the Ministry?" demande-t-elle, grands yeux bleus vissés sur son ami, euh, copain? Elle oublie toujours où ils en sont. "And how is your..." Elle fait un signe dédaigneux de la main dans les airs. "Boytoy? Oh, non, pardon my French: bodyguard. Is that what he is? I always forget. After all, he is so insignificant." Elle rit légèrement en disant cela, attrapant sa tasse de thé brûlante sans pour autant y boire. Isla n'aime pas les gens et ne s'y intéresse pas; alors qu'elle aligne près de trois phrases à propos de la même personne, en finissant même par la traiter d'insignifiante, parle pour elle de son émoi quant à Billy le vampire (did I mention yikes?) qui, même en son absence, assombrit nettement l'humeur d'Isla en compagnie de Bernie (son Bernie, aimerait-elle préciser).

"Oh no, we don't need help. La bouche de Bernie s’arrondit autour d’un "oh" mi déçu, mi rassuré. Il était irrémédiablement attiré par tous les trucs sordides et glauques qui avaient l’air de se passer dans les tréfonds du titanesque monument, et d’autant plus lorsqu’Isla faisait semblant qu’il ne se passait rien de spécial ou de grave. Ça avait le don de secouer l’échine de Bernie d’un frisson qui le projetait dans des délires d’aventures dans les profondeurs de la terre, coincé dans un labyrinthe, poursuivi par des entités sorties des premiers cauchemars de l’humanité.
Bon, et aussi ça lui faisait super peur, mais il aimait bien ça.

Et, un autre phénomène qui avait tendance à l’emmener direct faire l’équilibriste entre une terreur sourde et une fascination morbide, c’était quand Isla se lançait dans d’obscurs discours, comme des prophéties: "There's just been a lot of happenings in the tunnels as of late... Bernie allait pour ouvrir la boîte de gâteaux mais interrompt son geste, l’oreille attentive, maintenant son regard légèrement baissé, comme si un contact visuel pouvait briser les prémonitions d’Isla. Weird magics... Adhémar says it's thanergic, thalergic, I don't know-ic! Bernie ne se souvient plus de qui est Adhémar: si c’est le type tout à fait normal, ou l’archiviste qui a l’air d’une araignée prête à pondre des œufs dans la bouche de Bernie s’il lui venait à l’idée de lui adresser la parole. Il déglutit. There is an unrest that's lingering. Le discours est de plus en plus méta et incompréhensible, aussi, Bernie lève enfin le nez de son cadeau, plantant son regard confus dans le lagon vide des yeux d’Isla. There is a change that's coming. There is a King that's undying. So many things are happening here. So many things. So many ghosts. So many voices, too... Là encore, bon public, Bernie se raidit un peu sur sa chaise, tendant l’oreille, comme si soudainement, il allait être doté du don d’Outre-tombe. On avait reporté une augmentation des affaires, au niveau des accidents magiques, comme quoi un buffet avait l’air hanté, ou alors un porte-cigarette se serait mis à bouger tout seul. Bernie n’y avait pas trop prêté attention (qu’est-ce qu’ils sont chiants comme la mort dans ce service! pire qu’Otto Fitzroy!), mais il ferait bien de mener sa petite enquête. And the kid... she's coming... Bernie est accroché au souffle d’Isla, et ne s’entend pas murmurer: - What k— - Oh! Tea's ready!"

Isla amène la théière sur le bureau et, pire encore, sa main sur le visage de Bernie. Il ne sait pas pourquoi il est secoué d’un tel sursaut: Isla est son amie d’enfance et désormais sa petite amie (bien qu’il soit certain qu’elle se moque de lui s’il expliquait ainsi leur relation), elle ne devrait pas lui faire peur. Son immense taille se pliant doucement en deux pour le regarder en face ne devrait pas lui faire peur. Ses doigts comme des stalactites mouvants prenant son menton en étau ne devraient pas lui faire peur. Son baiser un peu répugnant, comme si elle mangeait une pêche un peu trop mûre et molle, ne devrait pas le figer sur place, les yeux grand ouverts comme tous ses mômes qui ratent leur premier baiser parce qu’ils ne ferment pas les paupières.
"Don't worry your pretty little face, Bernardo, hm? You're safe here with me. Just ignore the screams. You'll stop hearing them after a while. Bernie réalise qu’il avait arrêté de respirer: - I— if you say so…"

Isla va se rassoir. Bernie a la gorge sèche et se saisit de l’une des tasses qu’il porte à ses lèvres, attendant un peu que la buée sur ses lunettes se dissipe. "But how are things at the Ministry? And how is your... boytoy? Bernie rougit et s’étouffe un peu dans son thé. Oh, *non*, pardon my French: *bodyguard*. Is that what he is? I always forget. After all, he is so insignificant." Bernie hausse les sourcils, impressionné. Il est malheureusement habitué à ce qu’on traite Billy comme un moins que rien, et a appris à ses dépens qu’il valait mieux pour lui laisser glisser.
Il prend un gâteau dont il trempe doucement le bout dans son thé. "The Ministry is a mess at the moment. We had to shut down one level and we moved everyone to other departments. I ended up where Billy works, by the way! Il marque une petite pause, pour voir si Isla faisait le lien entre l’anonyme toyboy et ce Billy… Il ne serait pas étonné qu’elle n’essaye même pas de s’en rappeler. And I met Nils a couple of times; the boy looks like he hasn’t sleep in ages! Il mâche son biscuit quelques instants. Perhaps we’re the ones who’d need some help, in the end…" Un sourire un peu désappointé plisse doucement ses yeux.

Il se répète les énigmatiques révélations d’Isla en boucle dans sa tête. "There’s this woman, at work, she has that… thing that makes her able to hear dead people’s voices; she could be of good use down here, if you guys have issues with ghost kids and undead kings… I c—" Il est interrompu par un nouveau cri, glaçant, et pendant quelques secondes, il a l’impression que tout l’air de la pièce est aspirée, et que les vitres vont se briser, comme sous la pression de millions de vers grouillants. "I kinda want to ask you where the bathroom is, but I’m worried that if I open this door, I won’t be able to come back, ahah, how silly of me!" se précipite-t-il de chuinter, dans un élan de panique, ses yeux vissés sur les mains ou sur un bout d’épaule d’Isla, pour se forcer à ne pas regarder derrière lui.

Islabeth écoute la réponse de Bernardo sans vraiment l'entendre, le reléguant (comme souvent) en compagnie des cris de douleur et bruits d'affrontement au background de ses pensées. C'est tristement une habitude qu'elle a pris avec lui, et pas entièrement négative. La plupart des gens sont si inintéressants aux yeux et aux oreilles d'Isla qu'elle ne fait même pas semblant de les écouter; alors que le chatter facile de Bernardo est un véritable baume à son coeur et ses pensées.
Elle l'aime vraiment. Comme un vieil ami à qui on trouve encore une utilité; comme un outil flambant neuf dont on cherche toujours le fonctionnement; comme un caniche bien dressé qui remplit un vide dont on ignorait l'existence jusqu'à ce qu'il soit rempli. Bernardo est intelligent, attentionné, tendre et elle le connait par coeur. Elle l'aime vraiment.

Pourtant, ce qu'il lui dit entre par une oreille et sort de l'autre jusqu'à ce qu'il prononce le mot magique. "(...) Billy works, by the way!" Islabeth cligne lentement des yeux et repose sa tasse de thé sur le bureau. "Is that so? How lovely." Son sourire absent ne confirme ou ne nie rien du tout sur le lien entre boytoy et Billy. Le deal qu'elle a passé avec le vampire (yikes) s'est fait dans le dos de Bernie, et ils sont tous les deux d'accord que ce qu'il ignore ne lui fera jamais de mal. Et eux non plus, d'ailleurs, ne lui feront pas de mal. "And I met Nils a couple of times; the boy looks like he hasn’t sleep in ages! - Oh." À la mention du jeune homme, en revanche, Isla s'égaye très légèrement (le coin de ses yeux se plisse infiniment). "That's worrying... keep an eye on him for me, will you?" Isla en garde toujours un sur Nils elle aussi: il est, après tout, l'une des seules personnes au monde qu'elle considère comme un ami. "Perhaps we’re the ones who’d need some help, in the end…" Isla renifle légèrement. "I'd offer, but our plate is quite full as it is." Surtout avec tout ce qui va leur tomber sur le coin de la tête dans les prochaines heures...

Le futur appartient au futur. Isla a déjà préparé l'arrivée des trois âmes perdues qui vont sortir des tunnels - même si sa dernière lecture a ce sujet ne parlait plus que d'une seule âme... Cette équation mystérieuse qui plane sur l'AMI depuis deux ans va enfin faire du sens, et Isla est impatiente. Pour autant, elle n'a aucune envie de participer à cette opération anti-vers qui est en train de bien mettre ses collègues à mal. "There’s this woman, at work, she has that… thing that makes her able to hear dead people’s voices; she could be of good use down here, if you guys have issues with ghost kids and undead kings… I c—" Isla arque les sourcils quand il s'interrompt, avant de réaliser que quelqu'un vient de crier (ça ressemblait vaguement à Iseul, étrange). "Not to worry darling," fait-elle d'une voix douce. "Go on. - I kinda want to ask you where the bathroom is, but I’m worried that if I open this door, I won’t be able to come back, ahah, how silly of me!" Elle se met à rire, un peu déçue qu'il ne continue pas son offre. "Yes, opening the door right now wouldn't be wise. If you really need to go, there is be a chamber pot in here." Comme rarement, dans les yeux d'Isla flotte une petite lueur amusée (ou cruelle), qui pourrait faire penser que c'est une blague... jusqu'au moment où elle attrape sa baguette pour faire apparaître, du buffet dans le coin de la pièce, un pot de chambre en argent (d'après son expérience, il est plutôt efficace; même si il est impossible d'en voir le fond et de savoir où va ce qu'on y expulse).

"Bernardo, you are free to use the baby's potty whenever," dit-elle d'un ton incroyablement sérieux parce qu'apparemment tous les rps d'Isla parlent de pisse maintenant. "Other than that - I would love to meet your... what did you say it was, your coworker?" (Une femme, a-t-elle noté) "We haven't had an otherworldling - is that what she is? Yes, well, we haven't had one of those here in ages. They tend to think the place is... saturated," définit-elle difficilement après une courte pause. "I'm sure my colleages and I would be thrilled to dissect her." Cette fois, Isla apporte sa tasse de thé à ses lèvres (wait, a-t-elle dit interrogate or dissect?) et fait mine d'y boire sans lâcher Bernardo du regard.

Au bout d'un petit moment, elle soupire en reposant la tasse. "Is something the matter, darling? You look uneasy." Et puis, d'une voix attristée et peinée, avec une petite moue qui pourrait presque paraître mignone autant qu'un serpent venimeux peut paraître mignon, en baissant un peu la tête pour laisser une mèche de cheveux blonds rebondir sur son front: "You're not even looking at me... have I done something wrong? I'm sorry my workplace is not up to your romantic standards..."

"Yes, opening the door right now wouldn't be wise. De l’autre côté de la porte, Bernie entend des bruits visqueux horribles, à faire pâlir de jalousie l’ingé son de Silent Hill. If you really need to go, there is be a chamber pot in here. - A chamber pot." Bernie reste tout d’abord interdit, comme à chaque fois qu’Isla fait une blague et qu’il met à peu près trois semaines à savoir si c’était effectivement une blague. Il est secoué d’un petit rire enchanté et nerveux lorsqu’elle fait apparaître le pot de chambre. "Oh my— of course you have a pot chamber. - Bernardo, you are free to use the baby's potty whenever. - Nah, I’m fine. No he’s not, il garde les jambes croisées, comme si ça pouvait soulager la pression sur sa vessie. I can’t— I can’t do it if someone’s looking at me…" La remarque peut paraître absurde, puisqu’il aurait fallu qu’il tourne le dos à Isla, ou qu’elle détourne le regard. Mais le problème, c’est qu’Isla aurait pu avoir les yeux bandés et se trouver dans une autre pièce qu’il aurait été saisi du même frisson que si elle avait le nez collé dans son dos. Isla avait cet aura et cette étrangeté qui donnaient l’impression qu’elle vous regardait même sans poser un œil sur vous; et ce, même sans évoquer son don de voyance, ou de sixième œil, ou du troisième type.

Bernie a un regard un peu frustré pour le pot de chambre, tandis qu’Isla est déjà passée à autre chose. "Other than that - I would love to meet your... what did you say it was, your coworker? We haven't had an otherworldling - is that what she is? - Yes, they’ve been given way more names than necessary… - Yes, well, we haven't had one of those here in ages. They tend to think the place is... saturated. Le timing est presque parfait, lorsqu’un hurlement semblant sortir tout droit des recoins les plus dangereux du Voile résonne en écho à son explication. Bernie va finir par croire que c’est Isla qui contrôle whatever is de l’autre côté de la porte; elle en serait capable, juste pour grappiller quelques minutes supplémentaires en sa compagnie. "I'm sure my colleages and I would be thrilled to dissect her. - I don’t think she would be thrilled, though…" rétorque-t-il d’une petite voix un peu cassée.
Bernie se promet soudain qu’il ne serait plus jamais jaloux du don d’Outre-tombe de Berxwedan.

"Is something the matter, darling? You look uneasy. You're not even looking at me... have I done something wrong? I'm sorry my workplace is not up to your romantic standards..." Bernie n’a jamais fait que deux véritables erreurs dans sa vie: la première, ça a été d’acheter cet affreux gilet en laine marronnasse qui le gratte terriblement. La deuxième, c’est d’avoir levé son regard vers Isla.
Il y a quelque chose de déconcertant à la surprendre faire une moue boudeuse et enjôleuse. Il y a quelque chose qui ne colle pas, ou qui ne colle pas assez, comme si on avait placardé l’emoji : pensive : sur son visage et que le scotch se barrait sur un côté. L’inclinaison de sa tête était trop juste, la mèche de cheveux trop mignonne, et l’ourlé de sa lèvre trop pouty.
Le cœur de Bernie parvient à réaliser l’exploit de s’arrêter et de battre à tout rompre en même temps; un peu comme une voiture qui cale dans une montée, ou comme un cheval qui meurt et qui rue en même temps.

"Nah, it’s probably nothing… It’s definitely something. Plus surprenant encore était la persévérance de Bernie à faire des manières, à se montrer buté pour des sujets anodins et futiles, à l’instar du banality token de sa douce. I mean, your birthday is soon, and —I’m not saying I’m throwing you a surprise party, even though I might just did… anyway! I don’t know, I have this weird feeling that something’s gonna be wrong… Et par là, il ne fait absolument pas allusion au fait que, depuis toutes ces années qu’ils se connaissent, Isla était parvenue à lui fausser compagnie pour l’intégralité de ses anniversaires, mis à part cinq ou six années (la septième ne comptant pas, puisque c’était elle qui, par accident, avait organisé quelque chose. I mean, everything is going batshit crazy these days, and with my natural bad luck, I’m wondering if I should just cancel everything, to avoid any kind of unfortunate events…" such as une invasion de vers faisant rage de l’autre côté de la porte, avec laquelle Bernie ne pense pas une seule seconde à mettre en perspective ses petits soucis.

"Nah, it’s probably nothing…" La moue boudeuse d'Isla se transforme en léger sourire - ding, ding ding, bonne réponse, semble-t-elle dire. Les inquiétudes indues de Bernardo ont tendance à la lasser très vite, il est bien plus distrayant quand il arrête d'essayer de comprendre ou de se préserver et laisse Isla le manipuler comme de la pâte à modeler pliable. "I mean, your birthday is soon," (le sourire se fige) "and —I’m not saying I’m throwing you a surprise party," (le sourire retombe) "even though I might just did… anyway! I don’t know, I have this weird feeling that something’s gonna be wrong…" Le sourire d'Islabeth, déjà bien mis à mal par la gymnastique improbable de ces dix dernières secondes, se force à revenir. "Bernardo, that is so sweet." Son ton extatique semble indiquer le contraire.

La perspective d'un anniversaire-surprise est incroyablement angoissante pour Isla qui, après le temps, devrait être habituée aux frasques de Bernie et ses tendance à célébrer ce qui ne devrait pas l'être. Elle sait combien c'est important pour lui, alors ça devrait nécessairement être important pour elle, sauf que ça ne l'est pas. Les anniversaires se passent avec sa famille et personne d'autre. Et malgré tous ses efforts, malgré tous les sentiments que lui voue Isla, malgré ci, malgré ça, Bernardo ne fera jamais partie de ce cercle restreint pour Isla.

C'est la triste inévitabilité de cette relation vouée à l'échec. Mais Isla, comme tous les Castaigne, n'aime pas l'échec. Eothain refuse d'admettre qu'il ne sera plus jamais un bon écrivain; Islene refuse de divorcer son mari qu'elle n'aime plus; Aldie refuse de réaliser que cette famille n'est pas pour lui; et Isla refuse  de laisser tomber la seule personne qui la fait se sentir un tant soit peu humaine. (On ne parle pas d'Eomer, parce qu'on oublie Eomer, et qu'Eomer préfère que ça reste ainsi).

Les longs doigts d'Isla se détachent de la tasse de thé intouchée pour disparaître dans les nombreux plis de sa longue robe, et elle commence à triturer dans une poche sa fiole contenant ses Atoners. "I mean, everything is going batshit crazy these days, and with my natural bad luck, I’m wondering if I should just cancel everything, to avoid any kind of unfortunate events… - No, no, no..." Bernardo aime tellement organiser ces petits évènements, et ça lui ferait du mal de le refuser. "I thought I was your lucky charm?" Le sourire sur son visage commence à se casser la gueule, et à reprendre la forme humaine et nerveuse qu'il avait quand Isla était encore une gamine.

Bernardo a ce don-là aussi, de la ramener à ce qu'elle n'est plus depuis longtemps. "My family will want to have dinner with me," ment-elle lentement, comme si ce n'était pas elle qui accourait après eux pour passer ses anniversaires en leur compagnie tous les ans, qu'ils le veulent ou non. "But maybe I can reschedule." Un autre mensonge. Isla n'a jamais su décevoir Bernardo à haute voix, préférant plutôt laisser faire ses gestes et ses actes.

"Nevermind all that." Le sujet est balayé d'un ton sec et d'un regard qui se détourne, tout d'un coup trop vulnérable et à vif pour supporter celui de son compagnon. "Everything might be going 'batshit crazy'," (Isla souligne l'expression avec une grimace condescendante et vaguement dégoûtée, genre ma bouche est trop bourgeoise pour parler comme ça) "but I won't let anything happen to you." Même elle espère que ce n'est pas un mensonge, cette fois. "Don't worry, dear. We'll make it out - everything else is background noise." Cue les hurlements qui n'en finissent pas derrière sa porte.

Ou plutôt, qui, justement, s'arrêtent un peu brutalement, genre en plein milieu.

"Oh! They're done." Dans un geste soudain et bizarrement habile vu la longueur et l'angularité de ses membres, Isla saute sur ses pieds en claquant des mains, l'air ravi. "Shall we go take a look?"

"I thought I was your lucky charm?" Tandis qu’Isla lutte avec elle-même pour continuer de sourire, il suffit de ce charmant commentaire pour arracher à Bernie le pouvoir d’un rictus plaisantin: "You bet…" soupire-t-il. Même Billy avait admis qu’il était de bon augure que Bernie reste avec elle, bien qu’elle soit creepy, et surtout, responsable (en partie) de sa malchance, dans un premier temps. Mais, même sans ça, Bernie restait persuadée qu’elle lui portait le bon œil (si on peut dire); après tout, les moldu.e.s avaient tendance à s’armer de porte-bonheurs parfois un peu glauques, du genre pattes de lapin (what are they doing with the rest of it???), os de poulet ou autres frasques de leprechaun (il en avait rencontré un, une fois, qui l’avait aussitôt fui comme la peste, et s’était fait piétiner par un troupeau de centaures en furie).  

"My family will want to have dinner with me," Bernie a cet insupportable réflexe d’hausser un peu l’épaule, signifiant sûrement un I told you so dont on se passerait bien. "But maybe I can reschedule." "That would be nice—" Et Bernie la croit, une fois de plus; il tombe dans le panneau comme si c’était un bain chaud. Il ne réfléchit même pas à savoir si son excuse était crédible; c’est une promesse, et il se fera un plaisir de s’en plaindre, si Isla ne la tenait pas. Isla était son porte-bonheur dont il adorait se plaindre des malheurs qu’elle lui faisait subir.

"Nevermind all that. Everything might be going 'batshit crazy'," Bernie qui allait enfin entamer son thé, interrompt son geste, réalisant que c’était quand même un peu hot quand Isla jurait, tant ça ne se produisait pas souvent, contrairement à lui et son langage aussi fleuri que les chemises de Billy, "but I won't let anything happen to you. Don't worry, dear. We'll make it out - everything else is background noise." Une fois encore, Bernie attend un écho du massacre de derrière la porte, pour la mise en scène, mais n’entend rien non plus.
"Oh! They're done. Shall we go take a look?" Bernie serre les dents et se force à reposer sa tasse sans un frisson (c’est peine perdue). "Yes, sure…" glapit-il avec moins de naturel qu’Isla. Il garde son manteau jeté sur son avant-bras, hésite à s’armer de sa baguette, tâte la poche dans laquelle elle se trouve possiblement et reste sur les talons d’Isla, à côté d’elle mais toujours quand même un peu en retrait (il avait usé et abusé de cette technique à force de marcher à côté d’Abram, qu’il n’avait pas intérêt à dépasser, et de fait, même s’il le voulait, n’aurait pas pu; Abram n’avait peut-être pas des jambes aussi longues qu’Isla, il pouvait néanmoins atteindre une vitesse de pointe considérable (oui, on dirait qu’il parle d’un oiseau de proie ou d’un bateau, mais après tout, Abram Carrow n’était-il pas un peu des deux?) (tout ce qui peut l’éloigner du genre humain, quoi).

Lorsqu’ils arrivent sur les lieux de l’invasion de vers, Bernie ne sait pas trop à quoi il aurait dû s’attendre qu’à un tapis de vers de tailles variées explosés partout sur les murs, le sol et même un peu au plafond?? Il n’essaye pas trop de deviner ce qui a pu se passer, trop occupé au départ à ne pas glisser (ce qu’il fait indubitablement, ne pouvant même pas se rattraper à Isla qui pourtant, de par sa taille et sa posture tendue, aurait constitué une aide non négligeable).
La poignée d’archivistes sur place se tournent au fur et à mesure vers Isla, et Bernie, une fois encore, met une certaine application à ne pas croiser leur regard (surtout celui de Adhemar, qui est pourtant difficile à éviter) (mais il fait ce truc où il serre ses dents du fond et sa mâchoire pulse comme le cœur erratique d’un lapin— comme le cœur de Bernie, presqu’à l’unisson, ce qui a tendance à terroriser Bernie).  
Ce qui relève du tour de force, en revanche, et sachant que Bernie ne regardait jamais les archivistes dans les yeux, c’est qu’il remarque aussitôt qu’il y a quelqu’un en plus: "Who is she?" Une jeune femme est allongée au sol, abandonnée dans une masse de vers écrabouillés, hormis pour son bras droit crispé autour du pommeau d’une horrifique épée, qui semble avoir littéralement aspiré la vitalité et la chair du bras de l’inconnue. "Shouldn’t you help her, guys?? Il avait naturellement levé les yeux vers Isla pour se dérober à ce morbide spectacle. Bring her to the infirmary… if there’s even one??"

Une fois qu'ils sont sortis de son bureau du même pas, Bernardo prend - comme souvent quand elle ne l'a pas sous les yeux - une importance d'arrière-plan pour Isla. C'est un arrière-plan plaisant, et familier, et qu'elle apprécie véritablement, comme la dizaine de figurants qui peuplent une scène de film-cristal en public. Sans eux, le film n'a pas de sens, et on n'y croit pas, et on ne peut pas s'empêcher de penser que c'est anormal, d'y chercher des défauts, des failles. Et c'est ça, aussi, Bernie. Il donne l'impression à Isla d'être normale. Personne ne l'a jamais faite se sentir comme ça avant, pas même Benyamin avec ses six frères et ses yeux tristes comme des pierres. Bernie est un homme simple, inoffensif et insignifiant. Du moins, c'est comme ça qu'Isla le voit. Et c'est aussi pour ça qu'elle l'aime.

Si bien que quand il fait sa petite marche professionnelle à côté-derrière elle, ne lui parvient même pas l'idée de lui jeter un regard par-dessus son épaule pour s'assurer qu'il la suive; elle l'oublie, comme on oublie son ombre, quelque chose qui fait partie de vous et qui vous définit et de laquelle vous n'avez aucune raison de douter. Isla produit d'une des poches de sa cape sa boule de cristal - qui fait, rappelons-le, un peu plus de trente-cinq centimètres de diamètre - et elle regarde dedans d'un air perplexe en emmenant Bernie à travers les tunnels labyrinthiques de l'AMI. Il a de la chance d'être accompagné par elle: dans certaines ombres se lovent poltergeists et mauvais souvenirs, malédictions et esprits médisants, mais aucun n'ose s'approcher de l'Archiviste, qui parvient à sa destination en suivant les vers ("Why can't it ever be 'follow the butterflies'?" rit Isla sous sa respiration, sans plus d'explication. "He was so right for this." La boule cristal semble amusée.)

Ils arrivent finalement dans la vaste antichambre où l'affrontement a eu lieu; Islabeth fait inventaire des cadavres de vers, des autres archivistes qui se tournent vers elle, et du regard bleu d'Adhémar vissé sur elle, enfonçant dans ses yeux un couteau à la lame froide. Il y a toujours un faux calme, une immobilité morbide et une froideur glaciale chez lui qu'elle n'apprécie pas; peut-être parce que ça lui rappelle un peu trop elle-même. Et pourtant, elle ne parvient pas à se détourner de son regard.
"Who is she?" Isla sursaute, ayant apparemment oublié la présence de Bernardo, vers lequel elle se tourne avec un empressement embarrassé; fort heureusement, il est trop occupé à regarder le corps de la gamine pour remarquer la rougeur coupable qui disparaît vite des joues d'Islabeth. "Shouldn’t you help her, guys?? Bring her to the infirmary… if there’s even one?? - She might be cursed," offre gentiment Isla à Bernardo, avec un sourire aimable. Voilà pourquoi elle lui dit toujours qu'ils n'ont pas besoin de son aide à l'Institut: les priorités de Bernardo sont malheureusement faussées.

Se drapant d'ombres, Isla s'approche de Bernardo et pose une main anguleuse sur son épaule, qu'elle serre gentiment. "I think maybe you should go home, darling. It was a mistake bringing you here." Déjà, derrière eux, les Archivistes se sont rassemblés autour du corps inconscient de la gamine comme un meurtre de corbaux, baguettes au poing. Isla appuie sur l'épaule de Bernardo pour le faire se retourner et le pousser vers les couloirs. "She'll be fine, she's breathing, and we have the best facilities here..." Même si pas d'infirmerie. "Come on, I'll walk you back." Les ombres les avalent, et la main d'Isla se crispe dans l'épaule de Bernardo.
Cette fois, le trajet dure quelques secondes à peine; ils sont désormais de retour à l'accueil de l'AMI, devant le comptoir en forme de pupille derrière lequel se tient un volontaire au teint cireux qui ne leur adresse pas un regard. "Thank you for coming today, Bernardo. I'm afraid I have some work, but I will remember to speak with my family about the birthday dinner, alright?" La main toujours sur l'épaule de Bernardo, Isla se penche et lui embrasse le coin des lèvres. "Oh and while I think of it - please tell Billy that you came here, okay?" ajoute-t-elle d'un ton un peu menaçant, comme une mère divorcée demandant à son enfant de ruiner la vie de l'autre parent à la garde partagée. "Okay, have a good day, love." Elle le relâche et disparaît presqu'aussitôt, sans attendre confirmation ni au revoir.