| | | camilla king I'm not afraid of anything at all, Not dying in a fire, not being broke again, I'm not afraid of living on a fault line, 'Cause nothing ever shakes me, nothing makes me cry, Not a plane going down, In the ocean, I'm drowning. tw: discrimination internalisée
Même si il refuse de l'utiliser, Sylas n'arrive pas à se séparer de la baguette qu'on lui a donné quand il a rejoint les Avengers. Tous les matins, il la prend avec lui en se réveillant, la glisse dans une poche ou un holster ou sous la boucle de sa ceinture. Il ne la manipule jamais et n'a pas lancé de sort depuis des années, mais il la prend avec lui tous les jours. Il ne s'était même pas rendu compte que c'était paradoxal jusqu'à ce que Hannah l'évoque, l'air de rien, au détour de ces conversations qui ressemblent de plus en plus à des séances. Parce qu'il aime bien parler avec elle, Sylas se rend de plus en plus au Vicarage, même si il répète avec angoisse à Ethan que ça ne veut rien dire. Il ne va pas abandonner son ami comme ça. Et puis il n'est pas malade.
Les choses sont tendues en ce moment, les semaines juste avant Noël. Plus le droit au téléphone (il a regretté son score à Snake pendant des jours et des jours), plus le droit de communiquer, changements politiques, missions qui ralentissent, gens qui s'énervent. Sylas passe le plus clair de son temps à être balloté entre la Tour, la nouvelle planque, le Vicarage et - un développement plutôt récent - la Fawkes. Avant, quand Sylas était un sorcier, il s'occupait des plantes, quand il était résistant, avant de partir, et de changer, et de le redevenir, sauf que maintenant il ne sert plus à rien, enfin si il a la radio mais c'est surtout Ethan qui travaille, pas lui. Il aimerait bien qu'Alexis voit qu'il a envie de progresser, de servir à quelque chose, alors il a accepté - sur le conseil d'Hannah et avec sa bénédiction - de prendre des cours de magie.
Et c'est dur. C'est horrible. Quand il n'a pas peur de ce qui va sortir de sa baguette, il se sent mal à sa place avec les autres étudiants qui sont bien plus jeunes que lui. C'est tellement facile que ça en devient complexe. Il n'a pas le droit d'avoir de baguette - il n'est qu'un sale sang-de-bourbe, après tout, une ordure, un moins que rien, un débile, une carcasse vide, la cartouche d'une balle de revolver: quelque chose de vide, mais le souvenir d'une violence.
Sylas finit généralement les cours frustré et énervé, et s'isole en attendant le sorcier qui pourra le ramener auprès d'Ethan, quand ce n'est pas celui-ci même qui vient le chercher. Il ne sait pas (ne sait plus) transplaner lui-même. Parce qu'il n'est pas un vrai sorcier, parce qu'il est un voleur de magie, parce qu'il n'a pas sa place ici, parce que, parce que, parce que. Les raisons sont multiples et s'entrechoquent douloureusement dans son crâne, là où il est assis sur le perron du manoir. Il pleut un peu mais un sort le protège. Il a son carnet d'ouvert sur les genoux mais il ne dessine pas: il tient entre deux doigts une cigarette qu'il n'a pas fumé et qu'il regarde se consumer avec un air concentré. L'odeur âcre lui rappelle Ethan et le calme.
Parfois, il regarde la cendre tomber sur le dessin. C'est le Vicarage, avec des champs fleuris et à la brique propre, un soleil couchant qui en effleure les tuiles sombres. Il y a la silhouette d'Hannah qui le salue depuis la porte d'entrée; celle de Caleb penchée sur un plant de tomates. Et à lui, elle est où sa place?
Sylas tourne la tête en entendant quelqu'un le rejoindre sur le perron; il reconnait immédiatement Cam, qui était en cours avec lui. Contrairement à lui, elle devra rester au manoir et n'a pas de ticket doré pour la sauver.
Elle a l'air tellement jeune et tellement frêle; Sylas a du mal à imaginer qu'il a pu être aussi jeune un jour. Elle a un paquet de cigarettes dans les mains et l'air effarouché de quelqu'un qui s'est vu prendre sa place. Sylas saute aussitôt sur ses pieds, maladroit et confus, sans réfléchir: la fin de la cendre de sa cigarette tombe, son carnet aussi, ses crayons, et ses pots de peinture. "Shit, shit, shit," gronde-t-il avec force en se penchant pour commencer à tout ranger et nettoyer, sans même penser à la baguette dans sa poche, dans des mouvements brusques et énervés. "Fuck, shit fuck, why am I like this?" |
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