"What the hell am I doing here?" Corban ronchonne tout bas, à l’intention de la fin de sa cigarette qui se consume au bord de sa bouche. Il fait froid, le bout de ses oreilles est rouge (adorable). Avec sa température corporelle, c’est sa patience qui baisse à vitesse grand v, tandis qu’il fait le pied de grue devant la façade d’un établissement un peu underground (mais pas trop pour que ce soit risqué pour lui d’en franchir le pas) et apparemment très branché de la jeunesse sorcière (beaucoup trop pour qu’il ait l’air crédible dans ce cadre, et au contraire, même suspect, malgré l’effort qu’il avait fait pour porter les vêtements les plus casuels possibles).  

Ce qu’il faisait ici? Well, une fois n’’est pas coutume, Corban allait tenir sa parole.
Pendant les mois qui avaient suivi sa petite escapade avec Göran, il s’était penché sur l’origine de la malédiction de l’étranger, et plus précisément sur qui était susceptible de lui en dire plus, as in qui en était responsable. Au cours de leur soirée, le géant avait parlé de sa vie à Malte, et, tout naturellement, c’était par là que Corban allait commencer ses recherches.
Corban est un limier (see what i did there?). Il ne l’avouera que d’un pâle sourire en coin, mais il adore enquêter, foutre son nez partout, avec une telle insistance et si peu de scrupules qu’on était susceptible de comparer sa manie à une véritable traque.
Que ce soit chez lui ou au Ministère, il s’épuisait les lombaires, penché au-dessus de son bureau, à recouper des articles, des noms et des dates pendant des heures, après que les technicomages de surface aient fait leur ronde, ou qu’Inès soit allée se coucher.

Il avait donc remonté la piste de Malte, dépoussiérant les contacts de l’entreprise de nettoyage (as in extermination) de créatures magiques de son père (un moment de silence douloureux alors qu’il épluchait les fiches des anciens employé.e.s, et qu’il avait vu passer celle de Buck, sa photo de lui plus jeune, encore un peu frais, avec ce léger coup d’œil sur le côté avant que le flash ne le fige au papier (Corban se souvient; il était là quand la photo avait été prise, ce coup d’œil est pour lui), tamponnée d’un suspended en rouge bavant.)
Il était finalement tombé sur l’un des employé.e.s de la branche maltaise qui n’avait pas eu grand-chose à lui renseigner, si ce n’était le nom de la responsable de l’entrepôt de stockage. La responsable en question s’était montrée un peu plus récalcitrante, ce qui avait mis la puce à l’oreille de Corban.
A force de la cuisiner, il avait découvert qu’un commerce de sous le manteau se déroulait au nez et à la barbe de son daron, quand il était encore de la partie, comme quoi il ne payait pas assez et n’avait pas le nez pour estimer sa marchandise à l’étranger ("Vous auriez dû voir à quel prix il revendait ses peaux de kelpie! De l’argent jeté par les fenêtres!").
D’autres noms, d’autres appels. Un déroulement fastidieux qui n’avait pas débouché sur grand-chose.

Jusqu’à ce jour où, au lieu de passer un énième appel, c’est Corban qui en reçut un.
La source avait souhaité rester anonyme et, au point où il en était, le Mangemort n’avait pas fait de manière. A vrai dire, il s’attendait peut-être à ce que son manque de discrétion et ses incessantes interventions remontent dans les oreilles d’organismes de l’ombre qui sévissaient sur l’île (i mean, si Göran travaillait dans le marchandage de bestioles, mais qu’il n’était pas au service de son père, alors ça ne faisait aucun doute qu’il faisait ça sous le manteau, lui aussi) (oui c’est limite du délit de faciès, mais c’est de Corban dont on parle).
L’information relayée par cette source était concise: Corban devait trouver l’Araignée (imaginez un peu sa tête, quand il a pris ça en notes).

Ceci dit, ses autres pistes s’essoufflaient et, avec un pitch pareil, ça aurait été triste de ne pas l’explorer (et ainsi mettre en exergue ses incroyables talents de chasseur détective). Quelques notes envoyées aux contacts du Département dans les milieux malfrats sorciers, et, si Corban n’avait pas débusqué un nom un peu moins romanesque que l’Araignée, cette dernière avait convenu d’une date et d’un lieu de rencontre.

"I hope I’m not going to regret this…" gémit-il en écrasant sa cigarette, avant d’entrer juste derrière un jeune couple qui a l’air un peu embarrassé qu’un homme de cet âge juge bon de passer la soirée dans le même pub qu’eux. C’est que, bien qu’il n’attire pas spécialement l’attention (Corban n’est ni très grand, ni très beau, juste un peu trop vieux), le Mangemort se sent extrêmement mal à l’aise, et pis encore, puisqu’il ne peut même pas dire qu’il est en service; son uniforme et son badge de la Brigade sont restés chez lui, et il garde son bras tatoué de la Marque contre son flanc, comme si les épaisseurs de tissus de ses manches ne pouvaient pas la dissimuler complètement à son environnement (une erreur stratégique, qu’il réalise, puisque personne ne semble porter de manches une fois à l’intérieur de l’établissement!).

But you know what they say? Fake it till you make it! No, really? Who say that? They do! The golden youth, the next gen! "Great…" Corban s’immisce au comptoir, commande le cocktail mis en avant pour la soirée, le "sexy widow" (widow, black widow, how convenient) et, faute de pouvoir réellement repérer sa cible dans la foule, applique un air légèrement soucieux, les yeux plissés, comme s’il cherchait à retrouver des ami.e.s. Think! Someone named Spider should be easy to notice! Well, the only one who seems to be older than forty is the bouncer… Could it be? Wait, what if that spider asked you to meet here because, unlike you, they fit perfectly here! "I regret this already…"

Dio…i’m not going to say it a g a I n. I haven’t seen Swall since … elle soupire et se décide à raccrocher avant de finir sa phrase. La main passe sur son visage en signe de fatigue puis la sorcière croise les bras sur le dépotoir qui lui sert de bureau de fortune. Perséphone allume une cigarette contrariée alors que Michael, le patron de la taverne qu’elle squatte pour passer ses appels persos, se présente avec son jus de pomme de l’après-midi. Is everything ok Tula ? ; Not your business. Get out. le subalterne s’exécute : il n’était pas vraiment bon de chercher à faire causer la diablesse en temps normal alors quand elle se sentait piégée, tout ce que l’aubergiste risquait de gagner était un aller simple dans les cellules de la Ruine en attendant qu’elle s’occupe de son cas. Il disparaît donc. Ooooh fuck. souffle la sorcière une fois seule. Sa main tremble : Dio ouvrait un peu trop sa gueule ces derniers temps et ce n’était pas au goût de l’araignée. Elle mord sa cigarette un moment avant de secouer la tête pour reprendre ses esprits : s’il continue de remuer la merde, il va la trouver et s’y enfoncer jusqu’au cou.

Le verre offert disparaît d’une traite dans son gosier ; une appétence qui ne traduit qu’une seule chose : son inquiétude grandissante de se faire découvrir. Tula se sent traquée depuis plusieurs semaines, depuis qu’elle a commencé à reprendre contact avec Swall en fait. Néanmoins, elle restait convaincue que Göran était trop à la masse et à la marge désormais pour se douter de quoi que ce soit.

Le cri de l’horloge la sort soudain de son cauchemar anxieux et alors elle se souvient de son rendez-vous de ce soir. Pas le temps de se faire démasquée et encore moins par un quelconque avorton anglais. Quand elle avait reçu le message loin d’être bienveillant, une vague de méfiance et surtout d’agacement l’avait gagnée et, sans continuer dans les politesses, Perséphone avait fait envoyer un lieu et une heure sans ouvrir plus de discussion.

Le bar (boîte ?) choisi lui fout le cafard. Il est bien trop entretenu pour que la sauvage s’y sente véritablement à l’aise, mais bon, selon Michael il est assez bondé pour pouvoir passer inaperçue si l’envie lui prend de menacer de mort son rencard de ce soir. Ses bottes battent le pavé alors qu’elle rentre, désagréablement éblouie par une lumière rougeâtre et un brouahahah de jeunes adultes qui viennent s’encanailler et se pavaner dans leur tenue sophistiquée.
Tula pénètre donc dans la fausse aux chatons, arbore un sourire qui lui déforme la gueule (par manque d’habitude) quand elle réalise qu’elle doit être la plus menaçante à des mètres à la ronde (toute forme de pouvoir étant bonne à prendre) avant de filer au comptoir chercher le malheureux qui a osé la défier.
Il n’est pas difficile à repérer : il a l’air aussi à l’aise qu’un elfe de maison au milieu d’une réunion de mangemorts. Persé sourit à nouveau et finit par s’approcher de sa potentielle victime. If I hadn’t known why you’re here, I would have taken you for a psycho staring at people like that. s’il n’était pas un stalker ou quelqu’autre dérangé, il était bien tout à fait inconscient de ce qu’il avait provoqué chez la femme en mettant les pieds dans le plat de la sorte.

What is this ? demande l’occlumens en lui lançant au visage le papier contenant le fameux message : I know what you did que Marv lui avait apporté pour son petit déjeuner. Ses ongles grincent sur le marbre du comptoir alors qu’elle lève le doigt pour commander le premier rafraîchissement qui tomberait sous la main de la barmaid. Elle plisse les yeux, toise l’autre du regard, se demande un instant si, dans son message, il parlait du trafic clandestin de créatures magiques (auquel cas elle était hors de danger) ou s’il existait une infime chance pour qu’il mentionne Göran, se mettant immédiatement dans un funeste embarras.
La mâchoire se serre sous la pression qu’elle n’a jamais vraiment su parfaitement gérer depuis le départ de Swall. Les mirettes continuent de faire le tour du propriétaire et plus Perséphone se perd sur ce visage mesquin, plus elle se sent tiraillée entre une irrésistible attirance et un désir profond de lui enfoncer son verre à cocktail au fond de la gorge.
Pas de chance pour le sorcier : quand l’araignée est à la fois obnubilée et menacée par ses pairs, ils ne ressortent jamais de là entiers.
Tula from Malta. lance-t-elle en tendant sa main chargée de bagues oxydées et de tatouages presqu’effacés vers le futur martyr.

Corban aurait pu la chercher longtemps; il n’aurait jamais deviné que son interlocutrice puisse ressembler à la jeune femme qui s’approche de lui. Et il s’en voulait, puisqu’à y regarder de plus près, elle ne pouvait qu’être son contact: elle n’avait pas la stature ou le regard glacé de Göran, et pourtant, Corban sentait qu’ils avaient évolué dans le même bouge, qu’ils buvaient le même alcool mortel pour n’importe qui d’autre, et qu’ils sentaient la même odeur douteuse de cuir et de sueur, en plus d’un parfum plus lointain. Et, de fait, de sous la lumière battante et rouge, Corban pouvait deviner que le bronzage de la nouvelle venue était autrement plus réussi que celui du le reste des sorciers dans le bar qui consommaient sans doute des potions pour obtenir au final un peau vaguement orangée et pas du tout naturelle.
Il ne bouge qu’à peine quand elle s’installe à côté de lui, juste de quoi être certain qu’il s’agissait bien de l’Araignée. If I hadn’t known why you’re here, I would have taken you for a psycho staring at people like that. Corban laisse échapper un rire nerveux en détournant le regard.

What is this ? Son accent aussi est fort, différent de celui de Göran; sa voix est éraillée, comme si, chaque matin, elle avalait un cocktail de clopes et de clous rouillés. Corban glisse son regard sur le petit bout de parchemin qu’elle a jeté entre eux. Il ne s’agissait pas là de sa meilleure missive; il s’était trouvé bien démuni, ne sachant qu’écrire pour alerter suffisamment l’Araignée sans pour autant se faire dézinguer avant même qu’il n’ait pu s’expliquer. Il avait décidé de copier le style de ses supérieurs et d’user d’un peu du drama propre à Flint, l’ancien directeur.
Tula from Malta. Elle tend sa main chargée de bagues et de tatouages, et là encore, Corban est impressionné par la ressemblance avec Göran.
Il se demande alors si tous les malfrats de Malte étaient ainsi grimés, ou s’il ne s’agissait que d’eux deux. Il se dit qu’il ferait bien de deviner au plus vite ce qui les avait liés par le passé.

"Corban, from eeeh— here?" Il lui serre la main, la sienne, blanchâtre et seulement accessoirisée de sa boring alliance de mariage, ses deux tatouages bien à l’abri sous ses manches.
"And this, il tapote la note du bout de l’index, is an overdramatic note to ask you to meet me… Il hausse une épaule avant d’y foutre le feu d’un discret mouvement de baguette: I’m not very good at introduction."
La barmaid revient vers eux et demande à Tula ce qu’elle veut commander.
"Anyway, I want to talk to you about our— common friend… Il se penche en avant, son haleine de sexy widow et de Crimson Bull effleurant à peine les énormes cheveux de Tula. I’m talking about Göran, l’accent est un peu brinquebalant. Il se redresse, jouant avec l’ombrelle qui avait une grossière forme de femme sexy.
"From what I understand, you guys used to be coworkers, right? Before he had to— leave Malta for some reasons… You don’t happen to know why he left his mates and his perfect little life for a place like this?" Son pouce ne désigne pas le pub à proprement parler, mais plutôt les ruelles glacées et humides dans lesquelles Göran avait creusé sa pauvre échoppe, et au fond de laquelle il tentait de se faire oublier.

Le naturel impatient de l’araignée aurait conduit Corban dans une vieille ruelle remplie de pisse et de rats et bientôt décorée de son cadavre tout juste chaud. Car, si Tula lui avait fixé un rendez-vous aussi précipité, elle avait tout de même pris le risque qu’il crache le morceau à Swall au cours de la journée. En tant normal, ce n’est pas un danger dont elle se serait encombrée ; dès lors, elle se serait mise à sa recherche -et l’aurait trouvé- et l’aurait entraîné par quelques simagrées dans un coin reculé pour qu’elle puisse lancer son Impardonnable ni vu, ni connu. Cependant, même si Perséphone n’avait pu y avoir recours car elle aurait été obligée de se justifier, l’ombre d’Iggy planait toujours au-dessus d’elle. Elle pouvait d’ailleurs sentir son manteau de fourrure lui chatouiller le menton comme pour, sans cesse, lui rappeler qu’il faut toujours laisser le poisson faire ses dernières bulles avant de le noyer : on ne savait jamais ce qu’on pouvait y trouver.
Yaxley s’y trouve fort chanceux. Il a au moins eu l’opportunité de lui dévoiler son identité. La rustre avait déjà entendu parler de lui. Et, s’il avait l’air tout à fait charmant et accessible, elle ne remettait en aucun cas en cause son pouvoir et sa dangerosité qui étaient bien les deux seules choses qu’elle comprenait et respectait.

Persé et ses ongles terreux serrent la main du sorcier et la lâchent lourdement pour se rattraper au verre qui se trouvait devant elle (qui ne lui appartenait pas). La Black Thumb avala la moitié du contenu, baissant les yeux vers ce maudit papier qui l’effrayait plus que de raison. Elle reprit alors conscience de sa position de dominée : car si Corban était un sorcier puissant et charismatique, il n’en restait pas moins un fouille-merde (comme Dio) et la garce ne pouvait le tolérer.
Elle plisse les yeux sous son explication et daigne enfin lâcher son verre, seule bouée de sauvetage.
Perséphone fixe la note s’embraser, ressentant aussitôt un soulagement qui n’est malheureusement que de courte durée, car la menace, elle, est toujours là. Elle balaie les petites cendres d’un revers de la main. No indeed. elle grogne et finit par lâcher. You could have just introduced yourself. car le renom attirait Persé comme un papillon à la lumière et elle n’avait aucun mal à le reconnaître.

One Great Outback. ordonne la sorcière sans autres amabilités, attendant son verre comme un camé attend sa seringue. Perséphone saisit la boisson au vol quand la barmaid revient et s’hydrate le palais de cet immondice tristement célèbre pour être le pire whisky du monde (il était d’ailleurs étonnant que ce genre de club en ait en stock mais elle ne va pas s’en plaindre ; ni chercher une quelconque explication). Elle soupire de satiété, engloutissant cette piquette âcre avant de se concentrer à nouveau sur Corban.
Les lèvres se serrent à peine quand il prononce le nom de Göran. Pourtant tout son intérieur s’est instantanément retourné. Le creux de ses joues se décompose sous les violents mais discrets coups de dents que la garce y plante. Ses yeux fatigués rencontrent ceux du mangemort. From what I understand, you guys used to be coworkers, right? Before he had to— leave Malta for some reasons… You don’t happen to know why he left his mates and his perfect little life for a place like this ? Elle tente de reprendre rapidement ses esprits et finit par simplement hausser nonchalamment les épaules. He had an accident. ; Several accidents. reprend-elle la mine sévère.

Elle passe une main dans sa tignasse. He couldn’t approach the creatures so he just asked me to replace him. Perséphone secoue la tête. I don’t know why he just left behind everything and ran away like that. I fucking hate this place. l’araignée grogne à nouveau. En maudissant Swall, elle ne pensait pas qu’il fuirait loin d’elle comme le rat qu’il est. Elle aurait pensé (préféré) qu’il reste près d’elle, sans quoi, elle ne se serait pas sentie aussi abandonnée.
L’occlumens ricane. Anyways, what happens to the Black Hands of Malta is none of your business.
Elle termine son verre d’une traite, se reculant du bar désireuse de foutre vite fait le camp : quand elle se sent prise au piège, Tula devient aussitôt aigrie et menaçante. I don’t know what you’re looking for, but it’s never good to be obsessed with the past. Son air soudainement plus renfrogné ne dupe personne et encore moins Corban Yaxley, mais elle ne se laisse pas (ou du moins elle essaie) impressionner. Give me one reason not to kill you. Car Corban ou pas Corban, Perséphone n’a pas peur de se salir les mains pour sauver sa peau ; qu’elle doive se débarrasser d’un puissant ou d’un vagabond. Les nuisibles ont le même sang après tout.

La réaction ne se fait pas attendre; Corban sent que tout le corps de Tula se crispe lorsqu’il évoque Göran. La jeune femme n’avait pas l’air bien lunée de base, mais prononcer, même maladroitement, le nom de son brigand de collègue avait eu le même effet qu’un accident de Magicobus; il restait juste à savoir si elle en était la victime ou la perpétratrice. Et en parlant d’accident, justement: He had an accident. Several accidents. Jusque là, rien qui ne sortait de l’ordinaire, des quelques fois où Corban avait vu la malédiction de Göran à l’œuvre; un coup du sort bien emmerdant pour un trafiquant de bêtes. He couldn’t approach the creatures so he just asked me to replace him. Corban boit une gorgée de sa boisson, là où les lèvres de Tula ont laissé une marque tiède, en hochant doucement la tête. Quel heureux hasard, que Tula soit là au bon endroit au bon moment; ça fleurait bon le mobile du crime, si ça n’était pas si évident, justement. "I don’t know why he just left behind everything and ran away like that. I fucking hate this place." Le ton de sa voix change subrepticement; Corban a l’impression d’y sentir davantage de peine et de frustration. "I mean, it makes sense if he felt like something or someone was after his ass…" Et, bien que le Mangemort puisse comprendre qu’on puisse en avoir après le cul de Göran (dans tous les sens du terme), il se demande pourquoi la jeune femme avait l’air si étonné de sa décision; comme si elle avait estimé que quelque chose ait pu le faire rester. Quelque chose ou quelqu’un.

"Anyways, what happens to the Black Hands of Malta is none of your business." Corban repose son verre dans un raclement de gorge: "Well, I beg to differ; Malta used to be my business, you know…" Pour ne pas dire que les Black Hands eux-mêmes avaient fait du business avec Yaxley père, il fut un temps. Et pour ce qui était de l’affaire en cours, well, tout ce qui se passait sur le sol britannique, était son affaire, du fait de son rang, et de sa tendance à traquer les emmerdes. "I don’t know what you’re looking for, but it’s never good to be obsessed with the past." Corban pouffe de rire dans un petit grincement étouffé par la musique; il hausse les sourcils et marmonne un ironique: "You don’t say…" en égarant son regard sur le rebord de son verre. "Give me one reason not to kill you."

A la suite de cette menace, Corban lève de nouveau les yeux vers Tula. Sa jambe droite qui était jusque là parcourue de tics nerveux s’immobilise complètement. Il secoue doucement la tête: "I’d advise you not to do such a thing, love… répond-il à mi-voix. I’m a pretty big deal around here, so if you kill me, that might be the last thing you’ll do…" Un sourire en coin, insupportable, histoire de la sortir encore un peu plus d’elle-même. Il transpirait l’assurance du haut de son statut de tout-puissant. "You wouldn’t be surprised of how much the criminal world is flirting with the government here; the Ministry is not an exception." Il ne lui avait pas révélé qu’il était Mangemort, mais elle allait sans doute faire le rapprochement d’elle-même. Il voulait éviter d’exhiber son tatouage au milieu du bar.

Il reste silencieux un moment, le temps que l’accès d’agressivité de Tula se calme. Corban va même jusqu’à lui commander un second verre. "Well, now that the threats are out of the way, Göran seems to believe that the creatures attacking him are no coincidence, and that he’s been cursed." Un temps pour observer sa réaction. "Any chance you’d know who could have done such a thing?"

Il y avait longtemps que Tula n’avait pas eu à faire à une personnalité assurée. Elle se demandait même si les Britanniques avaient présenté un jour une once de caractère. Pour le moment, seuls les étrangers avaient su se faire comprendre ou obéir voire respecter. Elle ne comprenait alors pas bien pourquoi les batailles aux enjeux visiblement capitaux se jouaient sur ce territoire habités par plus d’agneaux portant des déguisements de loups que par de véritables nuisibles. Quand elle voyait Corban, elle pouvait enfin apercevoir le pouvoir. Cependant, elle n’appréciait pas plus qu’il mette son nez dans ses affaires ; affaires qui peuvent lui coûter très chères qui plus est. Elle hausse une épaule pour toute réponse. Perséphone n’avait jamais vu ce minois sur son île et présumait que si les Black Hands avaient déjà traité avec lui, ce dernier avait probablement envoyé son homme de main pour récupérer ses caprices. Dès lors, il importait peu qu’il soit un client rare, régulier ou qu’il eusse été derrière leur cul.
La menace de mort est maladroite, abrupte et ne sert nullement la crédibilité de l’araignée. Elle n’est pas de ces truands élégants et distingués qui font froid dans le dos. Disons que si elle avait été une créature magique elle aurait été probablement un troll (et pas que pour son odeur de feu de bois). Perséphone lève les sourcils devant l’égo qu’affiche son interlocuteur : elle n’est nullement impressionnée mais plutôt agréablement surprise de son tempérament (et aussi de sa position).

Quand elle comprend qu’il est du Ministère, Persé lève son verre vide comme pour trinquer avec lui. So. Does this mean that the elite of Great Britain is actually looking for me ? flatée plus que de raison, la Thumb agite ses cheveux corbeaux, tapotant ses ongles trop longs sur le comptoir. You wouldn’t be surprised of how much the criminal world is flirting with the government here; the Ministry is not an exception. effectivement ; elle avait toujours constaté que les personnes les plus riches et les plus puissantes avaient les mœurs les plus douteuses, les plus illégales (et elle imaginait bien que dans le privé, c’était pire).
Ses phalanges entourent le pied du verre qui vient à point nommé de se présenter devant elle. Elle baisse légèrement le menton en guide de remerciement. Son air renfrogné s’estompe un peu et ce, même quand Yaxley revient à la charge avec Swall. Son rictus tique à son interrogation. Elle se sent toujours prise au piège et a l’affreux pressentiment que finalement Corban l’a déjà démasquée et ne cherche qu’un aveu. I know nothing about any curse.

L’air las et surtout sentant le vent tourner en sa défaveur, Tula abandonne soudainement sa coupe et se lève de son tabouret, l’idée de prendre la fuite lui tambourinant la tête sans qu’elle ne puisse rien contrôler. Pour autant, Perséphone continue de fixer Corban, s’approchant finalement de son oreille traînarde I can’t help you. And if I could, I won’t. après ces confessions, elle avait conscience d’avoir mis la vie de Corban entre ses mains et que, saisissant sa culpabilité, elle devrait l’éliminer.

Le poids de la responsabilité l’éclipse de quelques pas en arrière. L’instinct de survie la fait se retourner définitivement, abandonnant Corban à son bar. Elle décide de prendre la poudre d’escampette et de s’enfuir dans cette foule intense où les autres la collent, la bousculent et l’entraînent malgré elle dans la direction inverse de la sortie. Perséphone grimace, constate que Yaxley ne la quitte pas des yeux. Elle grogne, tente de se frayer un passage en vain. La truande est prise dans le mouvement des fêtards qui l’emmènent au milieu de la piste de danse. Elle est physiquement piégée. Sa main tressaille, elle tâte sa baguette soigneusement rangée dans la poche de son cargo, se retient de lancer des Impardonnables à tout va tant la pression et la colère montent jusqu’à sa caboche. Ses yeux et ses joues sont rouges. Corban est toujours posté dans son champ de vision. Il n’a désormais que quelques pas à faire pour la rattraper. S’il s’approche, elle fera jouer sa copine pour lui faire ravaler son caquet. Fuck. conclut la sorcière.