Depuis qu'il a retrouvé Joy, tout s'est enchaîné ; la séparation avec le reste du groupe, la débrouille au milieu de nulle part, la galère, le froid qui s'installe, la faim qui s'éternise. Et ils n'étaient pas plus avancés dans leur recherche des Graymalkin. Herbert a commencé à perdre espoir, Joy s'impatientait. Alors, en désespoir de cause, il a proposé de contacter Caleb. He'll help us, maybe. Hopefully. il ne s'attendait pas à ce que son ami soit devenu fugitif, membre de l'Ordre à plein temps. Retour à la case départ donc quand celui-ci leur proposa de passer quelques temps dans la cabane aménagée de sa planque. Ils n'étaient pas trop partants à cette idée au départ, mais c'est mieux que de crever de froid en errant sans but, sans refuge. C'est temporaire, juste le temps de panser leurs blessures aussi bien physiques que mentales. Il est avec Joy - et Herbert ne pensait pas dire cela un jour, mais c'est tout ce qui compte.

Ils se cachent depuis quelques jours dans la cabane au fond du jardin (encore en travaux qui devrait par la suite devenir un atelier ou une serre, ce n'est pas très clair), Caleb n'a apparemment pas parlé de leur présence à l'autre membre de l'Ordre, une certaine Hannah. Ce n'est pas grave, cela reste mieux que la forêt, mieux que Gracefield, mieux que tout ce que le brun a vécu depuis un an. On s'approche de sa date d'anniversaire. Celle de sa deuxième naissance qu'il n'a pas trop envie de fêter. N'a pas envie de faire un état des lieux, ni même de penser à des bonnes résolutions qu'il n'a jamais été doué pour tenir de toutes façons.

Maintenant qu'il n'est plus suivi par le fantôme de sa culpabilité (il a un peu honte d'avoir cru que c'était un véritable fantôme), maintenant qu'il ne court plus, maintenant qu'il ne fuit plus ; Herbert a perdu l'énergie qui le faisait tenir. Point positif, il ne vomit plus en se nourrissant, ressent encore des nausées mais cela reste gérable. On prend les petites victoires comme elles viennent.

Joy est sortie, Herbert suppose qu'elle ne doit pas trop aimer rester en place. Et puis, même si les choses se sont quelques peu améliorées entre eux, ce n'est pas non plus toujours simple. Quand il la regarde, c'est Gracefield qu'il revoit parfois, le sorcier imagine que cela doit être pareil pour elle... Son absence n'est pas plus mal, il commençait à suffoquer avant qu'elle ne décide de sortir un peu, et il n'avait pas envie de bouger. Il n'a pas envie de faire grand chose. Ses pensées s'entrechoquent mais tout son être lui paraît ralenti, ramolli. Même son corps l'abandonne alors les idées n'ont plus de prises, plus rien à quoi s'accrocher et elles s'envolent et elles s'essoufflent, sans plus faire sens. Cela l'inquiète un peu. Il s'en fiche aussi.  

Sans but, Herbert a l'impression de perdre pieds avec la réalité, avec la temporalité. Qu'a-t-il à donner maintenant, recroquevillé dans cette cabane au milieu de nulle part, un vivant qui ne l'est plus vraiment ? C'était bien plus aisé de faire semblant avant, c'était même sa spécialité. A quoi bon, maintenant.