Quelques mois étaient passés depuis son arrivé en Angleterre. Et honnêtement, Wilfred n’arrivait pas à s’y faire. C’était l’hiver ici, il faisait froid, il faisait humide. Il était constamment emmitouflé dans différents manteaux et capes, ce qui rendait le tout absolument impraticable sur les chantiers. Il détestait cette météo affreuse. Son pays natal lui manquait, la magie déconnait, il venait de fêter le triste anniversaire du décès de sa femme, bref. Rien n’allait en ce début décembre et s’il était un workahoolic reconnu : il avait presque envie de se terrer dans son lit et d’y hiberner pour les deux prochains mois au minimum.

Mais il ne pouvait pas déroger au travail. Il avait un chantier à mener à bien. Il était tôt, quand il était sorti de sa petite maison à Canterbury, chaudement emmitouflé dans un manteau de laine épais. D’un mouvement de main léger, le voilà qui transplanait à l’abri des regards, disparaissant dans un claquement léger. Il arrivait dans un village, pas loin de la fouille qu’ils avaient organisé. Il était difficile de transplaner à même le chantier, en raison de sécurité, due aux perturbations magiques récentes. C’était qu’ils auraient presque reçu des moldus sur le chantier si leurs repousse-moldu s’était brutalement défait.

Un peu plus loin du village, il avait salué quelques collègues sorciers, de jeunes chercheurs, des sorciers qui cherchaient à finir leur thèse ou se portait juste volontaire pour le rejoindre ses recherches. L’un d’eux lui avait tendu un balai, Wilfred ne put retenir une petite grimace, il n’était pas friand de ses méthodes de transport, mais elles faisaient partie des plus pratiques. Ils étaient rapidement montés en altitude, protégés par quelques sorts d’illusions. Ils descendaient tous une dizaine de minutes plus tard, finissant la route à pied vers le chantier.

Et c’était ainsi que toutes les journées commençaient.

Plusieurs tentes avaient été montées, certaines plus spacieuses que d’autres. Il avait franchi la tenture de la sienne, se retrouvant dans son bureau, un thermos de café chaud à la main. Le voilà qui se penchait sur les compte-rendus de la veille, observant encore et encore les pages de manuscrits divers et variés, étalé sur le bureau, relatant des faits appartenant à une époque révolue.

Leurs fouilles étaient des plus curieuses, Wilfred s’était même étonné de ne pas avoir vu d’archéologues moldus s’y pencher plus tôt. Après tout, ils n’étaient pas loin des ruines d’un ancien monastère. Il avait mis du temps avant de cibler l’endroit, mais il lui semblait propice à trouver une ancienne relique. L’anneau noir du sang-de-fer, un anneau qui avait attiré son attention par sa présence dans quelques récits et manuscrits sorciers. Un vieil anneau qui se disait avoir donné quelques sombres pouvoirs à quelques mages au courant de quelques guerres. Un anneau dont il avait encore du mal à discerner l’histoire globale, tant les rumeurs et légendes s’y prêtait. Il avait été dit qu’il avait été trempé dans le sang de leurs propre alliés – ce qui lui avait conféré ce nom sombre. Rien n’était jamais sûr dans son métier, c’était à lui de s’efforcer de répondre à ses questions. Lui pariait sur un simple amplificateur magique.

Et vu les réactions magiques qui étaient survenues les semaines précédentes, il ne devait plus être très loin du compte. Si ce n’était pas l’anneau, il mettait sa main à couper qu’il y avait quelque chose de magique par ici. Mais il était difficile de savoir si les perturbations magiques qu’ils avaient ressenties étaient dues à ce qu’ils avaient pu ressentir dans le pays, ou si elles étaient dues à la présence d’une relique quelconque.

Il savait que ce n’était qu’une question de temps avant qu’il ne fasse appel à quelqu’un de bien plus caler que lui en sortilège. Et il avait la personne parfaite pour cela, Penelope Mtawarira. Une jeune femme qu’il avait déjà eu l’occasion de croiser et dont, par conséquent, il connaissait les qualités.

Il était sorti de sa tente, une tasse à la main. Le chantier commençait tout juste à se réveiller, les quelques bénévoles arrivant par salve. Ils étaient tout au plus une quinzaine pour le moment. Ce qui était déjà largement suffisant à ses yeux. Peut-être monteraient-ils à une vingtaine vers la fin de la fouille, quand il leur faudrait creuser un peu plus, mais pour le moment, une quinzaine était suffisant. Il avait bu lentement son café, frissonnant du froid ambiant, guettant l’arrivée de la briseuse de sort.

Pour sûr que pour elle, le projet serait intéressant. Elle avait de quoi se mettre sous la dent avec ses perturbations magiques.

Et il espérait avoir été assez clair dans ses directions : normalement, l’un de ses étudiants était censé l’attendre aux abords du village pour l’accompagner jusqu’au chantier.

Le temps faisait toujours son œuvre. Après tout, il était archéologue, c’était pour lui une nécessité absolue. Un vieux qui étudiait les vieilleries, c’était à se demander s’il serait étudié un jour, comme ses vielles babioles qu’il tenait entre ses mains, qui lui racontaient des histoires toujours plus passionnantes. Quelle serait la sienne, mis à part les avoir déterrées ? Ses pensées s’étaient égarées, se perdant dans les volutes de son café.

Et une silhouette était apparue au loin. Reconnaissable, même après le temps passé. Il aurait bien dit qu’elle n’avait pas changé, mais c’était qu’elle allait bientôt le rattraper sur les cheveux blancs, à ce rythme. Les dérèglements magiques ne devaient pas l’aider récemment, elle et sa malédiction. Un sourire avait étiré ses lèvres et il avait ouvert ses bras pour l’attirer dans une accolade. « C’est donc ici que tu te terres en ce moment ? Je n’aurais pas choisi meilleur endroit ! » Un léger rire avait quitté ses lèvres « Je t’avoue qu’un peu moins humide aurait été plus agréable, mais on fait avec ce qu’on a ! » Au moins, la Grande-Bretagne regorgeait de recherches et d’excavations, il ne pouvait pas s’ennuyer, en termes de magie. Et puis même si son pays lui manquait, il avait besoin de s’en tenir loin, encore un peu. There is so much that a mind can endure. Cela restait une épreuve, même si elle lui était bien moins grande maintenant, que de retourner chez eux.

« Ça fleure bon, mais je doute que tu ne m’aies fait venir pour ressasser de vieux souvenirs : qu’as-tu de beau à me montrer alors ? »

« J’aurais préféré ! » Un sourire avait étiré ses lèvres. Après tout, avec les perturbations magiques, il était bien peu sûr de la laisser s’approcher – elle avait assez mangé dans la vie avec la magie, après tout. Mais un chantier ouvert se devait d’avoir une deadline et il ne pouvait décemment pas attendre que le gouvernement anglais trouve des solutions à ce bordel sans fin qui s’en prenait à leur essence même. Et puis Nell faisait partie des meilleurs, il ne pouvait l’ignorer.

« Un café d’abord ? Ou tu préférerais un thé ? » Il s’était élancé vers sa tente de bonne fortune, l’invitant à rentrer dans l’antre un peu plus chaleureuse que la météo écossaise. Un coin de la pièce était dédié aux breuvages en tout genre, une bouilloire posée, un semblant de vapeur s’échappant encore de son bec. Il avait posé sa tasse sur son bureau, se frottant les mains en faisant le tour. C’est qu’il y avait pas mal de choses à discuter avant d’espérer pouvoir mettre les pieds dans la fouille. . « Fais comme chez toi ! »

Le bureau était empli de papier en tout genre, de bouquins ouverts à diverses pages. Pourtant, tout était relativement ordonné. « Comme je te l'ai dit par hibou, on est sur un chantier des plus curieux. » Il ne lui fallut que quelques secondes pour trouver la carte qui l’intéressait et la déplier sur le bureau, après leur avoir fait un peu de place. Il s’attarda à lui expliquer les limites du chantier, lui expliquant vers quel endroit la perturbation qu’ils avaient ressenti semblait la plus forte, croisant ses données à l’aide de cartes plus anciennes. Malheureusement pour eux, l’endroit semblait assez vague, c’était une direction, tout au plus. Et quand les données ne suffisaient plus, il fallait se rabattre sur son instinct, ce qui n’était pas pour l’enchanter. Faire vivre une fouille pour une intuition était rarement une bonne chose, surtout qu’il ne voulait risquer la vie de ses collègues et employés. Mais noyé dans son travail,

« Difficile de savoir si la perturbation est due …. Aux dites perturbations qui s’en prennent dans tous le pays, ou si c’est l’artefact que l’on cherche. » Il tapota du bout du doigt les récits qui corroboraient ses recherches. « Dans tous les cas, la source ne peut être qu’intéressante à étudier. » Il se reversa une tasse de café de son thermos, buvant quelques gorgées, observant Nell de ce qu’il pouvait lui raconter. « Et c’est pour cela, ma très chère, que j’ai besoin de tes lumières. » Un éternel sourire sur les lèvres, il espérait bien pouvoir élucider ce mystère à ses côtés. S’il y avait bien une personne pour l’aider dans cette affaire, c’était Nell.