BIENVENUE SUR SMOKE & MIRRORS. Un forum Harry Potter alternatif qui diverge du canon à partir du tome 5 où Harry est capturé par les Death Eaters lors de la bataille du Département des Mystères. L'action se situe 12 ans après, en 2008, dans un Royaume-Uni gouverné par Lord Voldemort.

Le forum a pour but d'être collaboratif et possède donc un système de collaboration participative où tous les membres peuvent proposer des nouvelles annexes, évènements, voire même des idées de personnages pour les futur.es joueur.euses !

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 a paradox to blame (babie#2)

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Amabella Shacklebolt
DEATH EATER
Amabella Shacklebolt
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Âge : 44 ans
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Allégeance : Mangemorts
Particularité : occlumens (complexe, maître) + legilimens (maître)
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a paradox to blame
We've taken different paths
And travelled different roads

w/  @Abram Carrow


Novembre 2007 - Bristol | Il n’est pas courant que les portes du manoir occupé par l’héritier Shacklebolt, sa compagne née Carrow et leurs enfants, soient ouvertes au public. Pourtant, ce soir, la salle de réception bat du bruit de discussions animées entre les convives (tous triés sur le volet, tous de sang-purs bien entendu), de l’entrechoquement des coupes en cristal (bien sûr remplies de boissons autorisées), et résonne des éclats de rire des enfants qui se faufilent entre les jambes des adultes présents. C’est Amabella qui a tenu à organiser ces festivités, alors que la magie vacille ponctuellement ces derniers temps et qu’il faut peut-être plutôt être prudents, du style à éviter de regrouper trop de sorciers et sorcières dans un espace restreint, qui plus est avec des mioches qui sont pour certains incapables de contrôler leur flux magique.

La maîtresse de maison est absolument resplendissante, dans une longue robe moirée d’un vert émeraude qui n’est pas sans rappeler les tentures qui ornaient la salle commune de Serpentard du temps où elle y faisait ses classes. Ses cheveux, laissés épars coulent dans son dos comme une cascade de boucles d’un noir de jais, et elle s’est apprêtée comme si elle se rendait à une réception au Ministère, c’est-à-dire de façon à éblouir la galerie. C’est qu’il y a du beau monde qui s’est rendu à Brighton, pour l’occasion, et qu’il s’agit d’être digne en toute situation. En comparaison avec elle, Chadwick, qui déambule entre les différents groupes d’invités, est bien moins clinquant, vêtu d’une longue robe de sorcier bleu sombre. Il paraît qu’il est d’usage de faire en sorte que l’organisatrice brille et éclipse sans difficulté son époux, et c’est chose faite, sans que personne ne trouve rien à y redire.
Manquerait plus que ça.
L’ayant remis sous Imperium pour museler ses doutes et sa loyauté vacillante à son égard, Amabella lui jette de loin un regard que certains pourraient qualifier de tendre. Un signe de tête de son époux semble parfaire l’entente du couple pour tout être extérieur. L’illusion persiste.

Alpaguée bientôt par une de ses "amies" alors qu’elle voulait s’assurer que tout se passait bien, Amabella s’approche d’un groupe de femmes de son âge, anciennes camarades de Poudlard pour certaines, et avec un sourire charmeur et charmant, elle tend l’oreille à leurs persiflages (car ce ne peut être que de cela qu’elles veulent l’entretenir, elle n’en a aucun doute). L’une mentionne la sinistre figure de Regina Chang, rétrogradée d’une bien tragique façon (qui n’était nullement pour lui déplaire, d’ailleurs) et croisée au détour d’une promenade sur Diagon Alley. La mention du triangle inversé défigurant la sorcière pourrait faire sourire cruellement Amabella si elle n’était pas en public. À l’inverse, la voilà qui présente une mine plus grave et hoche la tête sans mot dire. Comme si elle avait encore une once de respect pour cette garce de Chang, qui en vérité a fini par avoir ce qu’elle méritait comme châtiment. Avisant son fils qui passe non loin, elle l’arrête dans sa déambulation, l’invite à saluer ses compagnes et en profite pour attirer l’attention de ses interlocutrices sur la perfection qu’elle a réussi à éduquer. Lorsqu’elle le libère enfin, et après l’avoir couvé du regard quelques instants, elle glisse enfin aux sorcières qui l’entourent encore : « Figurez-vous qu’il n’a toujours pas décidé ce qu’il voulait faire de sa vie ! Je ne dis pas que j’aurais su le dire à son âge, mais Chadwick commence à s’agacer… » Et les autres femmes de hocher la tête dans un signe de compréhension mutuelle, jusqu’à ce que l’une d’entre elles l’interroge sur une possible union entre Leander et une jeune fille présente à la réception.
C’est un rire cristallin bref qui s’échappe d’entre les lèvres d’Amabella, qui s’autorise une confession à voix basse, alors que les autres se pressent contre elle : « J’ai été mariée si jeune et, même si au final ça a très bien marché avec Chadwick, un mensonge énorme, mais rien dans les apparences ne pourrait indiquer qu’il n’y a pas une once de vérité là-dedans je dois avouer que j’aimerais laisser le temps à Leander de trouver la perle rare par lui-même… Je dois être une incorrigible romantique, il faut croire ! » Un coup d’œil circulaire lui permet de constater qu’elles ont toutes gobé ce semi-bobard et ont l’air presque attendries (voire certaines supposent probablement qu’il persiste une forme de naïveté chez Amabella). Très bien. La marque des Ténèbres orne son avant-bras (quoiqu’elle soit actuellement dissimulée par la manche de sa robe) mais ça n’a pas totalement altéré sa façon d’être dans les réceptions (d’autant plus celles qu’elle organise). Après tout, on l’a toujours connue charmante, attentionnée, une parfaite hôte, et il ne sera pas dit que la soirée dérogera à cette image qu’elle affiche constamment.

Prenant congé de ce petit groupe, elle s’éloigne de quelques pas sans perdre son air affable, alors qu’il y a encore certains sujets qui lui hérissent le poil (et les mariages arrangés chez les sangs-purs en font partie). Laissant trainer ses oreilles tandis qu’elle se fraye un chemin entre les trios et autres ensembles qui discutent, elle se tend néanmoins lorsqu’elle croit entendre quelque chose vis-à-vis d’une autre rumeur d’union, qui n’est pas sans assombrir son humeur. Sans s’attarder davantage dans les parages, elle se dirige vers le jardin à l’anglaise, plongé en partie dans la pénombre en cette soirée de novembre. Elle a l’air d’une maîtresse de maison qui semble vouloir vérifier qu’il n’y a pas de dérèglements magiques qui viendraient à se produire, même si elle a pu constater les jours précédents qu’elle aurait bien du mal à contenir quoi que ce soit s’il survenait une saute magique. Des enfants jouent dehors, sous le regard sombre de sa fille, Ianthe, dans une longue robe aux tons pastel. Amabella pourrait aller voir comment se porte la jeune femme, mais une silhouette familière s’immisce entre elle et sa progéniture, alors qu’Abram se présente devant elle.

Elle soupçonne son jumeau de s’imposer devant elle de façon aussi évidente, histoire qu’elle ne puisse pas le fuir comme elle a tendance à faire ces derniers temps. Fermant ses pensées dans un mouvement défensif (une précaution sans doute pas inutile), elle ancre ses yeux dans les prunelles de son jumeau et réussit quand même à esquisser un rictus railleur au coin de ses lèvres : « Mon cher frère ! Je dois t'avouer que je n’étais pas certaine que tu viendrais. » Difficile de voir à travers cette taquinerie entre adelphes : il est de notoriété que, des deux, Abram est celui qui raffole le moins des réceptions. Pourtant, il y a quelque agacement qui pointe dans le timbre de l’épouse Shacklebolt, quand bien même ses paroles semblent ravies : certes, il était évidemment invité (il aurait été suspect qu'il ne le fût pas), mais elle aurait préféré qu’il la laisse elle-même décider de quand elle l’aborderait (potentiellement : pas cette soirée)(que voulez-vous, elle aurait pu trouver des milliers de raisons pour ne pas avoir le temps de lui parler). C’est que les murmures qu’elle a pu percevoir çà et là lui font l’effet d’autant d’épines qui s’enfoncent dans ses chairs, et qu’il lui paraît intolérable qu’elle apprenne les projets de remariage de son propre jumeau par les cancans mondains. Alors, elle s’est fait fuyante, froide, pétrie d’une colère sourde qu’elle ne peut pas décemment verbaliser (qu'en penserait-il ?) mais qui lui noircit le cœur.
Et le stratagème fonctionnait bien… jusqu’à maintenant où il a forcé le destin et provoqué la discussion dont elle ne voulait pas.
Elle lui en voudra quelques instants, puis le pardonnera probablement. À moins qu’il ne donne raison aux rumeurs et ne l’enrage dans la manœuvre. Pour l’heure, elle pose une main sur son torse, premier contact qu'elle daigne avoir avec lui depuis quelques temps, en guise de mise en garde : « Est-il nécessaire que je te rappelle que tu n’as pas intérêt à finir cette soirée avec un duel ? » Elle se force à être charmante, à paraître amusée et enjouée. N’importe qui d’autre aurait pu tomber dans le panneau, mais Abram comprendra sans doute que sa sœur est fâchée et qu'elle tente probablement de détourner la discussion, de la lancer dans une direction qui ne la dérangera pas.
Peut-être finalement que c’est une bonne chose, qu’il soit venu s’imposer. Au moins elle sera fixée.


Dernière édition par Amabella Shacklebolt le Jeu 31 Mar - 15:32, édité 1 fois
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Abram Carrow
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Âge : Quarante-cinq quoiqu'Azkaban, entre autres joyeusetés, lui ait ravagé sa jeunesse relative.
Occupation : Mage noir™. Chef du bureau d’expérimentation sur les nés-moldus et traîtres consentants (a.k.a MuTEx Office), au Département des Mystères. Membre de la Chambre à la tyrannie facile (prochain édit : taxer l'air que tu respires).
Allégeance : Le Lord, qu'il a servi toute sa chienne de vie, et continuera de servir jusqu'à la mort.
Particularité : Maître Legilimens. S'enfonce dans les esprits comme une faux dans les blés ; y dévore aussi les émotions puissantes qui lui font dorénavant tant défaut. Le contrecoup, cependant, revêt parfois des allures de cauchemar.
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Quitter son atelier pour le manoir Shacklebolt : quelle drôle d’idée. Hilarante, même. Il n’y a qu’à voir le faciès du Mangemort pour se rendre compte d’à quel point il se marre. Ses traits de rapace n’ont jamais été aussi durs – quoique, si, ils ont probablement été plus durs que ça, ne nous leurrons point –, et son regard n’a jamais été aussi méprisant – non, vraiment, il y a eu pire, c’est même assez certain étant donné qu’il a été odieux pas plus tard qu’aujourd’hui, à l’aulne de quelque énième catastrophe magique se produisant dans son service et entre les mains malheureuses d’une langue-de-plomb. Dire qu’il a mieux à faire qu’être ici serait donc correct. Affirmer qu’il lui est horripilant de marcher (boiter) jusqu’à l’entrée pour se joindre aux mondanités serait en effet avisé. En conclure qu’il est au mieux venu déranger les festivités, au pire les gâcher, serait néanmoins erroné, en tout cas inexact ; car c’est sa sœur, qui organise celles-ci, et lorsque sa sœur reçoit, Abram a toujours le bon goût de ne pas trop contrarier les réjouissances – en ne s’y rendant pas, généralement. Mais cette fois, c’est particulier : Amabella le contraint à venir.

Le contraint, oui. Par son évitement, et, plus globalement, par son absence. En effet, et ce depuis un mois, elle ne lui rend plus visite. C’est à peine si elle daigne lui accorder un regard lorsqu’ils se réunissent auprès du Lord. Une attitude qui commence à lui courir ; d’autant plus damnable qu’elle sait – oh, elle sait – combien la distance lui est insupportable, combien la savoir loin de lui le barde de colère – de peur. Ce stratagème tout en furtivité, il suppose qu’il n’est toutefois pas gratuit – il n'a, tout du moins, pas intérêt à l’être –, il se trouve même qu’il a sa petite idée sur le pourquoi du comment de ces esquives. Car après tout, il n’y a pas grand-chose qui pourrait éloigner sa jumelle de lui : si ce n’est la possibilité d’un remariage.

Une possibilité somme toute réaliste, qu’il a pu évoquer ici et là depuis quelques temps à l’occasion de repas – ceux-là privés, dans son cercle très restreint ; la chose étant peu secrète, il n’a pris aucune mesure pour la tenir loin des ragots, a même laissé la machine aristocratique se mettre en branle à sa place histoire de commencer à tâter le terrain. L’hypothèse a dû se transformer, d’une bouche à une oreille, en certitude, et venir ennuyer le cœur d’Amabella. Ce cœur cruel et assassin qui a déjà frappé par le passé ; peut-être est-ce pour cela qu’Abram ne lui a pas confié la première ses desseins. D’un point de vue strictement pragmatique, il n’a pas tellement envie que les partis intéressants tombent comme des mouches – ça a son côté romantique, quand on est comme lui versé dans le sang et la passion immorale, mais c’est surtout peu pratique, quand on veut aussi d’un héritier.

De toute évidence, ils ne peuvent pas continuer comme ça. C’est pourquoi il abandonne sa cape de voyage à ce satané elfe, et rôde dans cette satanée salle de réception à la recherche de sa jumelle ; parce qu’il a toujours été le moins patient d’eux deux. Peu lui importe les enfants rieurs qui se chassent autour des convives, ou les pelotons de dames qui lui glissent des œillades, encore moins cet untel qui le salue avec déférence – elle lui est de toute façon due, rien d’étonnant à cela ; et puis merde, qu’est-ce qu’il s’en cogne. C’est Amabella, qu’il vient voir, pas son gratin, et certainement pas son mari qui fait d’ailleurs très bien de rester loin de lui, hors de sa portée. Abram ignore royalement un second pair qui se dirige dans sa direction lorsqu’il voit enfin sa sœur s’en aller vers les jardins. Il la suit et, avant qu’elle ait pu rejoindre Ianthe, l’interrompt dans son élan. Abram jure avec l’élégance moirée de sa jumelle, lui dont la tunique noire, somme toute de belle facture, cache des étoffes pas moins ternes – ni moins nobles –, un ensemble que d’aucuns considéreront trop raide et trop martial pour un tel évènement. « Mon cher frère ! Je dois t'avouer que je n’étais pas certaine que tu viendrais. » Narquoise et agacée, déjà. Le sourcil du jumeau s’arque, comme il en a tant l’habitude. « Nous étions deux, dans ce cas. L’effort m’a coûté. » Si Amabella a toujours été un monstre d’obséquiosités au charme dangereux, Abram en a toujours été le miroir brisé qui au contraire tranche sans rien dissimuler. Ils sont là dans leur plus beau rôle, donc, celui que tout le monde leur (re)connaît. La suavité feinte de la sœur coule comme un poison sur le visage inquisiteur et dur du frère.

La main qu’elle égare sur le buste d’Abram pourrait signer l’armistice, mais le geste est avant tout autoritaire. Si pas menaçant. « Est-il nécessaire que je te rappelle que tu n’as pas intérêt à finir cette soirée avec un duel ? » Le faciès du frère, surplombant sans peine la silhouette d’Amabella, se lève de sorte à voir, au-delà des cheveux de jais, la carrure de Chadwick qui devise derrière les grandes verrières de la salle de réception. En même temps que les billes sombres transpercent le beau-frère, le corps d’Abram se penche en avant, si bien que sa jumelle sentira son poids peser contre sa paume, pareil à une contre-attaque – lourde et grondante. Sur le ton bas de la confession, qui ainsi se poursuit, il s’enquiert. « Pas même avec ton époux ? Quel spectacle ce serait pourtant. » Le regard en revient au visage d’albâtre qui lui tient tête tout en affichant des airs graciles. Et parfaitement faux. En témoigne cet esprit qu’il sent être verrouillé à sa fouille impérative et, plus simplement, l’émotion corrosive qu’il sent crépiter en elle comme si elle crépitait en lui. Il n’a jamais aimé la savoir affectée, de quelque manière, ou à quelque degré que ce soit, et même avec l’âge – ou, même avec une âme pourrie –, rien n'a vraiment changé. C’est à peine s’il est moins direct qu’avant, quand il demandait de but en blanc ce qui pouvait la troubler, quoiqu'il cède, depuis qu’ils sont adultes, au miracle qu’est le dialogue – mordant, le dialogue, ne lui en demandons pas trop non plus. « Depuis le temps qu’on atermoie, son cerveau reptilien s’est probablement déjà fait une raison. » Et allez, on rappelle au passage qu’on est bien aimable de ne pas l’avoir passé au fil de sa baguette, celui-là. Contrairement à certaines qui sont moins conciliantes. « Le lui ravager t’occupe donc tant que ça que tu ne puisses plus me rendre visite, chère sœur ? » S’il ne jette pas encore sur le ring cette histoire de remariage, c’est parce que le sujet Chadwick mérite avant ça d’être râpé jusqu’à l’os ; en l’honneur de cette jalousie qu’ils se disputent décidément et pour le plus grand bonheur des rubriques nécrologiques.


Dernière édition par Abram Carrow le Ven 1 Avr - 12:54, édité 2 fois
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Amabella Shacklebolt
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Il était évident qu’Abram allait être odieux.
Après tout, il doit sans doute considérer qu’elle l’a forcé à venir sur son terrain à elle, et il ne faut pas être sang-pur pour se douter que Monsieur son Frère n’aime pas se sentir contraint, même par sa jumelle. Autant dire que la première mesquinerie ne la fait même pas ciller, alors qu’elle affiche une mine qui semble pourtant agréablement surprise de le voir. S’ensuit la taquinerie évidente, référence à la déplorable façon dont Abram a tendance à finir les réceptions auxquelles il a pu se présenter par le passé… Et bien sûr il bifurque sur le sujet de blocage constant, profitant de sa haute stature pour aviser l’époux d’Amabella. « Pas même avec ton époux ? Quel spectacle ce serait pourtant. - Abram, voyons… », le gourmande-t-elle dans un murmure, presque lassée d’une telle facilité.
Textbook Carrow, pourrait-on commenter en observant leur échange, si tant est qu’on pouvait les entendre maintenant qu’ils ont tous les deux baissé le ton.

C’est qu’il pousse et qu’elle pourrait croire qu’il veut lui tordre le poignet, avec ses âneries ! La main toujours posée sur le sternum de son jumeau, il y a une part de fierté qui la lui fait maintenir là : il ne sera pas dit qu’elle cédera contre une de ses provocations ridicules. Et ce, même s’il signe et persiste à continuer d’enfoncer le poinçon : « Depuis le temps qu’on atermoie, son cerveau reptilien s’est probablement déjà fait une raison. »
En temps normal (et en privé, rien qu’avec lui), il y a de grandes chances pour qu’elle lui donne raison. Mais cela n’avait rien d’un temps normal, parce qu’elle se sentait trahie par les manigances de son frangin, parce qu’il avait prévu de se remarier sans lui en toucher le moindre mot et qu’elle n’était pas sûre d’avoir jamais ressenti pareille morsure due à la perfidie fraternelle, ni pareille ire noire dans ses veines. Alors tandis qu’il secoue dans ses oreilles les menaces récurrentes d’en attenter à la vie de son époux (qui l’émeuvent fort peu, que ce soit en temps normal ou en période confuse, pour le coup), elle ne fait guère mine de s’adoucir, ou même de s’en amuser. Loin de baisser la garde, elle reste grave et attentive. C’est qu’à un moment, va venir le reproche qui a fait sortir le sinistre Abram Carrow de son domaine : « Le lui ravager t’occupe donc tant que ça que tu ne puisses plus me rendre visite, chère sœur ? »

Nous y voilà., songe-t-elle, alors que l’évidence est enfin formulée. Elle s’attendait à ce genre de justification, et ne s’y attendait pas en même temps, ne pensant pas qu’il aurait l’audace de venir la blâmer.
Ses doigts, posés contre le poitrail de son frère, se crispent un peu alors que les sourcils de la belle se froncent et que l’apparence aimable et enjouée s’efface le temps d’un battement de cœur, avant qu’Amabella cille et se reprenne. « Allons, donne-moi un peu plus de crédit que cela. », siffle-t-elle en redressant le menton et en lissant les plis qu’elle a tracés sur l’étoffe sombre. « Non, comme tu t’en doutes certainement, c’est cette réception qu’il fallait organiser pour qu’elle soit parfaite. Ça m’a pris beaucoup de temps et d’attention… » À elle de le prendre pour un imbécile. Parce que c’est en un, voyons. Quel genre d’individu garde sa sœur dans l’ignorance de ses projets les plus intimes, en espérant qu’elle ne l’apprenne pas dans une autre de ces parades pour gens issus de la bonne société ? Un sot, voilà tout. Et un lache, pour ne pas le lui dire en face. Que craint-il ? Qu’elle l’insulte ? Le frappe ? Le fige ? Qu’elle cherche à affirmer cette possessivité infernale et mal placée en écartant de nouveau de son chemin ces rivales indignes ? (Certes, elle en serait bien capable) Ou bien c’est la prendre elle-même pour une sotte que de croire qu’elle n’en prendrait pas ombrage,voire qu’elle ne saurait pas faire le lien entre les rumeurs...
Il la trouverait ridicule de s’offusquer de pareil délai dans l’acheminement de l’information officielle de toute façon. Et en retour, elle ne peut que voir l’outrage   consternant qu’il vienne la chercher dans son manoir alors qu’il aurait pu tout bonnement attendre qu’elle soit de meilleure humeur et daigne enfin lui rendre visite. Parce qu’elle aurait fini par revenir vers lui, voyons !

Il est déjà arrivé à Amabella de s’agacer (de s’offusquer, même) des agissements de son frère, voire d’agir parce qu’il n’avait pas la correction de se charger des obstacles lui-même (on ne parle bien sûr pas de celui qu’il propose régulièrement d’ôter de son chemin, charmant comme il est). Entendons-nous bien là-dessus : ce n’est pas parce qu’ils sont fusionnels qu’elle approuve tout ce qu’il dit, fait, pense, met en branle. Le fait qu’il travaille au Ministère, par exemple : complètement inutile si vous voulez l’avis d’Amabella. Ne parlons même pas de sa précédente tentative de se remarier : le choix de la promise avait été si déplorable qu’elle n’avait eu d’autre choix que de… l’écarter, dirons-nous, plutôt que de laisser son frère perdre du temps avec cette femme. Pour autant, jamais rien n’a pu la tenir aussi longtemps en rage contre son jumeau, et surtout, rien n’avait pu les séparer le jour de leur anniversaire commun… jusqu’à cette funeste affaire qui les tient occupés ce soir-là. Et peut-être est-ce cela, cet abandon un jour si important pour eux deux, qui, vraiment, a décidé Abram à forcer la confrontation.
Amabella n’est pas idiote : elle comprend tout cela, tout comme elle est parfaitement consciente de ce qu’Azkaban a pu produire comme méandres tortueux dans les esprits de ses adelphes, et tout particulièrement celui d’Abram. (Ce qu’elle se refuse à comprendre par contre, ce sont les motifs de son frère.) Toujours est-il qu’à ses yeux, se soustraire à la compagnie d’Abram, quelques temps, quand bien même cela impliquait de ne pas être ensemble comme ils en ont eu l’habitude depuis leur plus tendre (violente) enfance (à l’exception bien sûr des années d’emprisonnement - même le renvoi de Poudlard n’a pas empêché Abram de venir à Pré-Au-Lard pour fêter leur passage à la majorité), était un châtiment à la mesure de la peine qu’il lui avait infligée à éviter cette discussion et à laisser la rumeur parvenir d’elle-même aux oreilles de Bells. Lui demanderait-il de se justifier qu’elle affirmerait être dans son bon droit.
Mais à devoir anticiper un quelconque débordement de la part de son frère en plein milieu d’une réception mondaine où, tous triés sur le volet que soient les invités, rien n’empêcherait les cancans en cas d’esclandre, Amabella se demandait si elle n’avait été trop optimiste. Sa main toujours contre le torse d’Abram, la sorcière s’approche encore, réduit la distance entre leurs visages, et murmure, le timbre dangereux des sombres promesses : « Veux-tu que je te présente à certaines dames de l’assemblée ? Cette mise en jambe suffirait-elle à te détourner de tes inlassables envies assassines ? » Elle continue de sourire comme si la plaisanterie était entendue, mais une part d’elle ne demande qu’à voir se manifester la misanthropie presque naturelle d’Abram.
Parce qu’elle a peur.
Et qu’elle n’aime pas cette émotion.


Dernière édition par Amabella Shacklebolt le Jeu 31 Mar - 15:33, édité 1 fois
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Abram Carrow
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Occupation : Mage noir™. Chef du bureau d’expérimentation sur les nés-moldus et traîtres consentants (a.k.a MuTEx Office), au Département des Mystères. Membre de la Chambre à la tyrannie facile (prochain édit : taxer l'air que tu respires).
Allégeance : Le Lord, qu'il a servi toute sa chienne de vie, et continuera de servir jusqu'à la mort.
Particularité : Maître Legilimens. S'enfonce dans les esprits comme une faux dans les blés ; y dévore aussi les émotions puissantes qui lui font dorénavant tant défaut. Le contrecoup, cependant, revêt parfois des allures de cauchemar.
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( tw ; des jumeaux peu vertueux + mention de fausse couche )

La crispation des doigts de sa sœur ne lui échappe pas ; peu de choses, chez Amabella, lui échappent de toute manière, et celles qui esquivent son entendement, comme ce caprice qu’elle lui a fait de vouloir l’ignorer le jour même de leur anniversaire, le troublent parfois si fort que la gêne en devient physique. De là à dire que sa jumelle le rend malade, il n’y a qu’un pas. Il serait cependant inepte de croire que c’est un mal qu’il porte seul ; elle en souffre également, à des milliers de kilomètres quand lui pourrissait seul dans sa cellule, ou non loin de là quand les commérages menacent leur connivence, Amabella aussi est rongée par ces liens – magiques et pas – qui les unissent. C’est pourquoi il ne lui en veut pas. C’est pourquoi il peut comprendre. Lui qui ne cède ni à l’indulgence, ni au pardon, a néanmoins toujours amnistié sa jumelle ; elle pourrait lui planter une lame dans le poitrail, et recommencer par excès de zèle, qu’il l’épargnerait de tout ressentiment.

Aussi quand le vernis gracile se fend un instant sur la porcelaine d'Amabella, le poids que mettait jusqu’alors le corps masculin contre la paume tendue faiblit légèrement ; réaction mécanique, pour ne pas dire émue. Difficile de se faire la guerre quand le mobile est l’amour – crade, coercitif et à bien des égards défendu, mais enfin. « Allons, donne-moi un peu plus de crédit que cela. Non, comme tu t’en doutes certainement, c’est cette réception qu’il fallait organiser pour qu’elle soit parfaite. Ça m’a pris beaucoup de temps et d’attention… » L’inspiration profonde d’Abram accompagne les dernières syllabes prononcées. Comme dit, il n’a jamais été un parangon de patience, au contraire d’Alecto qui pourrait jouter avec Amabella des heures durant sans fatiguer un instant – au moins avec Amycus ils parlaient la même langue et savaient se comprendre, quoique parler est un bien grand mot pour décrire feus leurs pugilats, et se comprendre assez audacieux pour définir la nature de leur lien fraternel. Il lui est d’autant plus difficile de garder son calme que sa jumelle joue en général peu avec ses nerfs – pas par crainte, comme c’est le cas chez les esprits dotés d’un minimum d’intelligence qui sont amenés à le côtoyer, mais par considération pour leur complicité, d’une, et de deux probablement aussi par considération pour le décorum comme c’est le cas ici, en cette soirée de festivités. Que diraient les convives. Que diraient les tabloïds – friands comme ils sont de scandales et autres incidents sinistres, sûrement beaucoup avec un protagoniste comme lui. De toute évidence, Abram est tendu, et au plus Amabella minaude, au plus sa silhouette et ses traits se raidissent. Ce n’est pas leur première altercation ; loin s’en faut, même. Mais l’absence de ces dernières semaines, et la fuite physique comme émotionnelle d’Amabella, sont autant de branches cassantes qui font tomber Abram dans la psychose.

Et si, est un vilain refrain qui tourne parfois en boucle dans sa tête depuis son évasion. Depuis, en fait, ce jour où, entre deux lectures d’émotions permises par sa sœur, il a déterré par mégarde le cadavre d’un doute. Un doute ténu, à peine admis, et de l’aveux même du souvenir, nié aussi vite qu’il a été pensé, mais un doute quand même ; celui de leurs liens – magique et pas – qui les unissent donc. Elle a eu regretté d’en être victime, il sait. C’était à une époque trouble et douloureuse, et sûrement que ce regret était humain, mais pour Abram, dont la raison ne s’est jamais vraiment remise d’Azkaban, et est chaque jour un peu plus corrompue par l’art sombre dont il est l’adepte, ce souvenir a des allures de prophétie ; et si un jour elle décidait de rompre ces liens, et si cet évitement des dernières semaines en était les prémices, et si, derrière ses barrières d’Occlumens, elle gardait secrète une volonté d’en finir avec eux ? Les récents évènements qui l’ont vu perdre Flora n’attisent que plus encore la paranoïa d’Abram. Et si, cette fois encore, il était aveugle et sourd aux signaux d’alerte ? Comme il aimerait savoir, là, maintenant, tout de suite, qu’elle lui en veut simplement, comme il aimerait qu’elle confirme ses premières impressions, sans le faire tourner en bourrique sur le perron de ces jardins.

« Veux-tu que je te présente à certaines dames de l’assemblée ? Cette mise en jambe suffirait-elle à te détourner de tes inlassables envies assassines ? » La distance réduite par Amabella est définitivement brisée par son frère, qui d’un mouvement nerveux se saisit du bras tendu et l’attire à lui. Les nez se frôlent, se touchent même à certains moments quand Abram marque ses mots de saccades vertébrales. « C’est ma sœur, que je suis venu voir, pas ces péroreuses qui composent ta galerie. Quant à mes envies assassines… », il ne finit pas, comme si de répéter à voix haute le reproche de sa jumelle lui faisait prendre conscience qu’en effet, il s’est oublié dans la rage, et, qu’en effet, il tremble de vouloir la déverser sur autrui – Chadwick ou pas Chadwick, monsieur l’époux n’a pas toujours le monopole de ses ébullitions. Après un temps à se jauger en chiens de faïence, il relâche le bras et recule, non pas que l’attention, suscitée chez certains visages leur étant proches, l’affecte à quelque degré que ce soit – à ceux-là, il leur jette même une œillade noire, encore empreinte de cette colère qui l’anime –, mais son orgueil, tout du long dérangé par les yeux accusateurs d’Amabella, l’a poussé à se ressaisir ; il n’est pas animal, non plus un enfant colérique. Il sait se tenir. Jusqu’à la prochaine fois où elle le poussera vraiment à bout.

« Tu sais donc. » De toute évidence. Pourquoi diable lui proposerait-elle de le présenter à certaines dames ; elle ne s’est jamais abaissée à pareille chose, et il en aurait même été vexé – pour eux. Las de tourner autour du pot, et plutôt très pressé d’avoir le fin mot de son attitude, il rompt de lui-même le silence, à la fois celui qui s’est installé entre eux depuis quelques secondes, et celui qui s’est installé entre eux depuis des semaines. « Que je veux me remarier. Mais ne le savais-tu pas déjà ? C’est loin d’être un secret. Souviens-toi bien qu’il y a dix ans la chose était presque conclue. » C’est assez peu honorable de sa part que de se dédouaner de la sorte, excusant le fait qu’il ne lui ait cette fois rien dit en supposant qu’elle savait depuis le temps et ne lui en tiendrait de fait pas rigueur. D’autant que le souvenir qu’il lui demande de convoquer dans sa mémoire est loin d’être... anodin. Mais puisque la discussion est à la mauvaise foi. « Je n’ai pas le luxe de pouvoir m’en passer et tu le sais aussi bien que moi. » Retour aux faits, ceux-là indiscutables. Cette responsabilité qui lui incombe, il a fallu qu’elle se la porte aussi, avec plus de courage évidemment qu’il n’en faut à un homme, mais au contraire de leurs aînés, l’une égoïste et l’autre de toute façon crevé, eux ont toujours su porter la charge de l’héritage. Qu’il soit celui, au grand dam d’Abram, des Shacklebolt, ou celui des Carrow. « Il me faut un fils, Bells », léger effort de réconciliation par l’utilisation du surnom, « notre famille a besoin d’un héritier. » Notre famille, marqueur aussi orgueilleux que fédérateur, histoire de lui rappeler qu’il ne fait pas ça pour lui, mais pour la pérennité de leur lignée.

Après tout il est, et a toujours été, un pur produit de l’aristocratie, n’en déplaise aux cancans de couloir qui satirisent ses lacunes mondaines. Il est aussi un pur produit Sang-Pur qui a effleuré pendant plusieurs années l’idée d’avoir un fils en tous points Carrow, mais c’est un rêve (un rêve, oui, carrément, ou la moralité relative des Sang-Pur) qu’il a compris être impossible. Aussi odieux soit-il, il ne saurait pas demander à sa sœur de souffrir à nouveau l’enfer d’une grossesse. Pas alors qu’elle a déjà, par le passé, perdu le fruit de leurs unions.


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Amabella Shacklebolt
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Dans leur fratrie, il paraît évident, maintenant qu’ils ont tous réalisé des sacrifices plus ou moins grands pour leur famille et maintenant qu’ils sont adultes, que c’est leur paire, à Abram et elle, qui a toujours dû abandonner certaines choses, au nom des Carrow. Leurs aînés ont eu des passes-droits, des exemptions, qu’on ne pouvait plus se permettre de leur donner alors qu’on avait déjà passé toutes sortes de lubies à Alecto et Amycus. Pendant longtemps, Amabella avait cru que si ils suivaient sagement la route que leurs parents avaient tracée pour eux, à savoir deux mariages avec des bonnes familles au sang bien pur et avec des gamins bien purs aussi, alors on arrêterait un jour d’exiger des choses d’eux.
C’était sans compter sur la pression qu’ils finiraient par se mettre en ayant internalisé les impératifs familiaux.

Mais n’anticipons pas. D’abord, la maîtresse de maison se rassure brièvement de la réaction de son jumeau. La proximité qu’ils ont indiquera sans doute aux convives alentour assez curieuses pour les observer qu’ils sont dans une conversation particulièrement intense qu’il ne vaut mieux pas interrompre, au risque de se prendre un sort de la part de l’un d’eux, voire des deux. Il finit par la lâcher, par reprendre un peu de champ, et elle passe une main distraitement sur la manche froissée. Un coup d’œil en biais rapide lui fait croiser le regard un peu inquiet de sa fille, Ianthe, à qui elle intime en silence, en secouant la tête de gauche à droite rapidement, de ne pas s’en mêler.

Avisant un plateau qui transporte des coupes d’une boisson non alcoolisée, elle s’empare de deux d’entre elles et en tend l’une à son frère, alors même qu’il semble comprendre ce qui l’a tant tendue. « Tu sais donc. » Cling! font les coupes alors qu’elle fait tinter la sienne contre celle qu’elle a mis d’autorité dans la main d’Abram. De loin, tout a l’air assez normal, ils semblent même réconciliés, vu qu’ils viennent de trinquer ! (Ce n’était sans doute qu’une simple froisserie entre adelphes, rien de trop grave pour menacer les festivités).  Elle ne sait pas encore exactement quoi lui dire : les accusations et noms d’oiseaux sont un peu trop nombreuses pour le moment alors elle préfère se taire. Elle se tait parce qu’il ferait mieux aussi de parler tout de suite, et d’arrêter de lui laisser l’impression d’avoir été complètement laissée de côté, gardée dans l’ignorance comme une enfant. « Que je veux me remarier. Mais ne le savais-tu pas déjà ? C’est loin d’être un secret. Souviens-toi bien qu’il y a dix ans la chose était presque conclue. » C’est un sourire dangereux qui se peint sur la face d’Amabella alors qu’elle lève les yeux de son verre vers son frère, un de ceux qui -encore une fois- pour quelqu’un ne la connaissant pas vraiment (comme l’ensemble des péons présents à cette réception) pourrait paraître tendre et compatissant, comme si Amabella savait que son frère portait encore un deuil douloureux quant à la femme qui lui avait été si sauvagement arrachée par le sort (un sort vert clair, d’ailleurs, s’il est nécessaire de préciser). En vérité, ce qu’Abram y décèlerait était quelque chose de l’ordre du je n’ai pas hésité à tuer cette pauvre fille il y a dix ans, je n’hésiterai pas à le refaire maintenant, mâtiné d’un soupçon de Ne me prends pas pour une idiote : toi et moi savons parfaitement que ce projet avait été abandonné.
Compatissons à la douleur de ce pauvre Abram, et oublions qu’il avait subitement cessé de chercher le meurtrier sitôt qu’il avait obtenu une confession qu’il n’avait pas vu venir. Qu’il avait eu le choix, et qu’il l’avait choisie, elle.

Sauf que plutôt que de se contenter de ce statut quo, il s’était rappelé qu’ils ne s’appartenaient pas vraiment, ou probablement que leur mère s’était chargée de se faire oiseau de mauvaise augure. « Je n’ai pas le luxe de pouvoir m’en passer et tu le sais aussi bien que moi. - Conviens quand même que c’est un comble d’en venir à regretter la disparition d’Amycus aussi vite. », soupire-t-elle, comprenant trop bien où il veut en venir et le détestant quand même de sortir un tel argument. Détestant également le cadavre de son frère, qui n’avait plus à craindre d’entacher le nom familial puisque de surcroît, il n’avait pas fait l’effort de le faire perdurer. Elle n’aurait pour autant pas le mauvais goût de railler sur le décès de ses nièces, trop récent et trop symbolique (une des jumelles a tout de même péri de chagrin, si l’on s’en tient à l’analyse que les jumeaux ont pu en faire), mais Amycus est un marronnier dont il serait fâcheux de se passer.

Les pensées se mêlent et lorsqu’Abram poursuit, il y a sans doute cette influence de leur lien magique qui fait qu’elle a comme une impression de déjà-vu, comme si elle savait ce qu’il lui dirait parce qu’ils avaient eu la même discussion quelques minutes plus tôt. « Il me faut un fils, Bells », ses billes sont toujours assombries, et la colère persiste encore, mais une partie des raisons ont fini par faire sens, « notre famille a besoin d’un héritier. »
Tandis qu’elle a senti son cœur se comprimer lorsqu’il a formulé la première partie de la phrase, se refusant à le regarder droit dans les yeux, détournant ses billes lorsqu’il mentionnait le fils tant attendu, elle souffle à la mention de leur famille et d’un héritier. Elle connaît bien ces inquiétudes, pour les avoir vécues vingt-cinq ans plus tôt, lorsque Chadwick la pressait pour qu’elle enfante, remettant évidemment la faute sur la femme dans ce retard de conception d’un enfant.
Il y a quelque chose qui bat fort en elle, qui cogne dans sa cage thoracique et qui menace de lui faire perdre la face. Elle cille, inspire, rouvre les yeux sur son idiot de frère, presque sereine, presque apaisée.
Elle devrait l’assurer de son soutien indéfectible.
Ils se doivent d’être là l’un pour l’autre, après tout.

Mais à l’inverse elle se fait acide, se dérobe encore à la réconciliation qu’il tente d’obtenir à reculons. Il y a encore sa fierté de blessée qui a tôt fait de lui interdire l’apaisement, comme si l’argument du poids du nom familial ne justifiait pas qu’il l’ait tenue dans le noir. Plutôt que de lui présenter ses excuses (un comble, évidemment, quand on se place de son point de vue), elle attaque d’un « Et combien de filles accepteras-tu que l’heureuse élue te donne en progéniture, avant de lui donner congé ? » Elle n’est pas loin, physiquement : à vrai dire, elle reste à portée de main, s’il faut être précis. L’esprit reste néanmoins fermement clos. La mine riante, elle crache ses réserves quant à ce projet de remariage en donnant l’impression que leur conversation est particulièrement plaisante (on en viendrait presque à se demander si un sort les entourant ne ferait pas entendre d’autres paroles à quiconque voudrait être indiscret). Mais elle poursuit, dans les horreurs mauvaises, marques d’un dépit qu’elle ne formulera qu’en l’agressant verbalement : « Te feras-tu collectionneur d’épouses, comme d’autres collectionnent les cartes chocogrenouilles, jusqu’à ce que l’une d’entre elles accède enfin à ta quête d’héritier ? Ne crois-tu pas qu’un quelconque bâtard ne finirait pas par naître de ton dépit accumulé ? » Il y a ici une chance non-négligeable qu’elle n’ait nul pouvoir prophétique, car elle ne lui prédit pas des années de bonheur conjugal, c’est une évidence.
À travers tout le fiel qui jaillit de ses lèvres pourtant charmeuses, il y a une autre question qui les lui brûle, mais qu’elle ne pourrait poser qu’en privé, une relative à ce qu’ils sont encore l’un pour l’autre, à ce qu’il compte lui faire endurer une nouvelle fois, à l’inquiétude de n’avoir pas (plus) son mot à dire dans le choix de la promise d’Abram. Or de privé dans ce manoir, il n’y aurait bien que le fond des jardins ou les appartements qu’elle partage avec Chadwick, mais il serait fort malvenu pour une hôtesse de disparaître pendant quelques temps, surtout alors qu’une musique délicate envahit l’espace et indique pur les oreilles averties que la partie dansante ne devrait plus trop tarder.  

À ce sujet, une silhouette s’approche d’eux, arrivant dans le dos d’Amabella, mais à mesure que le fâcheux réduit la distance, la sorcière croit voir croître l’agacement dans les pupilles gémellaires. Il faut que la voix de Chadwick s’élève, suave et grave, et qu’il entre dans le champ de vision de sa femme, pour que la dispute privée s’interrompe quelques instants et que se crée furtivement un consensus contre le Shacklebolt. Tout sous imperium qu’il soit, ce dernier a encore quelque liberté de mouvement (sans cela, le stratagème serait sans doute éventé) et ose ainsi s’immiscer dans le conciliabule des jumeaux : « Amabella, ma chère, il me semble que ça va être à nous d’ouvrir le bal. » Le regard de la brune ne dévie pas d’un iota, toujours tournée vers Abram, et elle suggère en réponse : « Je suis à toi dans quelques instants (une telle promesse est bien sûr proférée pour la galerie, alors que ses yeux ancrés dans ceux d’Abram trahissent autre chose)(en d’autres circonstances, on aurait pu soupçonner qu’une telle disposition s’adresse davantage au fixé qu’à l’interlocuteur) mais je me demande si ça ne serait pas plus à propos que tu ouvres avec Ianthe, tu sais ? Et la nuque vrille, embrassant du même ensemble père et fille un peu plus loin derrière, avec un sourire éclatant, tandis qu’Amabella poursuit : Ce serait l’occasion de lui faire faire son entrée dans le monde, non ? » Le ton semble chargé de fierté, de douceur, d’espièglerie un peu. Difficile de ne pas se rendre à un tel argument, et Chadwick s’y rallie après avoir déposé un baiser sur la main de son épouse, qu’il a portée à ses lèvres avant de prendre congé sans accorder un regard à l’ombre sinistre qui l’accompagne.
Quelques brefs instants, la sang-pure couve des prunelles la jeune fille, qui suit docilement son père après un petit sourire à sa mère. Puis elle revient à l’objet de sa colère, sans que le sourire ne disparaisse pour autant. D’une voix assez basse, la voilà qui intime : « On nous regarde encore, Abie., le surnom, murmuré, semble proposer une trêve (car il serait sot s’il pensait qu’elle avait déjà complètement exorcisé son fiel), Il va falloir nous joindre aux danseurs. »


Dernière édition par Amabella Shacklebolt le Jeu 31 Mar - 15:35, édité 1 fois
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Abram Carrow
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Occupation : Mage noir™. Chef du bureau d’expérimentation sur les nés-moldus et traîtres consentants (a.k.a MuTEx Office), au Département des Mystères. Membre de la Chambre à la tyrannie facile (prochain édit : taxer l'air que tu respires).
Allégeance : Le Lord, qu'il a servi toute sa chienne de vie, et continuera de servir jusqu'à la mort.
Particularité : Maître Legilimens. S'enfonce dans les esprits comme une faux dans les blés ; y dévore aussi les émotions puissantes qui lui font dorénavant tant défaut. Le contrecoup, cependant, revêt parfois des allures de cauchemar.
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Elle n’a pas fait l’étonnée – une magnanimité dont il lui sait gré tant son jeu d’actrice le fatigue, pour ne pas dire qu’il l’ulcère. La mémoire d’Amycus a même été évoquée et copieusement profanée, ce qui, habituellement, aurait témoigné d’un retour à la normale entre les deux terribles cadets et leur alliance froide et cruelle à l’endroit des aînés – pas moins épouvantables, même si depuis la mort de leur frère l’éternelle guéguerre opposant les deux paires s’est fatalement essoufflée, faute de répondant. Autant de signes encourageants qui lui ont donc fait croire, l’espace d’un instant, qu’Amabella allait cesser son manège, d’autant plus que sur son visage, et pour la seconde fois consécutive, une faille a été avisée, comme un soupçon de capitulation pénétrant le masque hypocrite.

Mais non. « Et combien de filles accepteras-tu que l’heureuse élue te donne en progéniture, avant de lui donner congé ?Seigneur », des Ténèbres et de toute abomination sur Terre : qu’on lui donne la force de combattre l’opiniâtreté de cette femme. S’il a levé les yeux au ciel, ce n’est certainement pas pour demander un appui supplémentaire envers un Au-Delà auquel il ne croit de toute façon pas, mais bien pour s’arracher à la vue de cette moue faussement rieuse qu’Amabella continue de lui soumettre. Ce verre qu’elle a osé lui refourguer comme on accessoirise un figurant manque même d’éclater entre les doigts oblongs d’Abram. « Te feras-tu collectionneur d’épouses, comme d’autres collectionnent les cartes chocogrenouilles, jusqu’à ce que l’une d’entre elles accède enfin à ta quête d’héritier ?S’il le faut », les syllabes masculines sont aussi dédaigneuses que la voix féminine est riante. Tout l’ennuie dans ces prolongations, de l’exagération moralisatrice de sa sœur, au lieu-commun de cette hypothèse, en passant par son évidence fade contre laquelle il ne va bien entendu pas opposer des non ! et autres je ne serai pas de ceux-là !. Il s’est toujours donné les moyens de ses ambitions, qu’importe si ceux-là doivent être moyenâgeux – c’est encore les moins pires qu’il puisse piocher dans sa poche –, qu’importe aussi si cet acharnement déplaît à Amabella, il a même la prétention de croire qu’elle finirait par s’y faire ; il ne lui en laisserait de toute façon plus le choix. « Ne crois-tu pas qu’un quelconque bâtard ne finirait pas par naître de ton dépit accumulé ? » Tant qu’à faire, et sans que le regard sombre d’Abram ne quitte celui glacial de sa jumelle, le contenu du verre est avalé tout de go. A ce stade, il ne répond même plus. Les élucubrations d’Amabella ont atteint des sommets de désordre qu’il se refuse d’escalader. Tout aussi idiot le croit-elle, derrière le rideau de sa colère maquillée, il sent bien qu’elle charge son cas pour le dégoûter de la manœuvre, le provoquer peut-être même à dire des mièvreries qui pourraient la rassurer – non, ceci, il refuse d’y croire, ils n’ont pas été élevés par des mains de fer exemptes de gants de velours pour ronronner des préciosités mensongères dont le cœur, par dépit, se contente.

« As-tu fini ? Ou détiens-tu d’autres prédictions que tu crèves d’envie de partager ? », gonde-t-il, ramené à son antipathie chronique par le comportement non moins hostile de sa sœur, qu’elle continue de camoufler sous mont de manières et de charme. Chadwick débarque à point nommé, d’abord en hélant sa dame, puis en s’approchant du binôme comme un enfant s’approche des flammes ; guilleret, sans peur ni conscience du danger. Fort heureusement, Abram n’a pas encore atteint son point de rupture, il s’en est même éloigné tant le face-à-face avec sa jumelle lui fait l’effet d’un échange creux et faux. Le traitement qu’elle lui a tout du long réservé – celui-là même qu’elle réserve à ses fameuses péroreuses d’amies, par exemple et pour ne citer qu’elles – le blesse tellement dans son orgueil qu’il en néglige sa jalousie maladive envers l’époux Shacklebolt. Un dédain de second ordre proprement immature, qui ne pourra durer que quelques minutes seulement avant que la possessivité du jumeau ne se rappelle à son bon souvenir. « Amabella, ma chère, il me semble que ça va être à nous d’ouvrir le bal.Je suis à toi dans quelques instants, mais je me demande si ça ne serait pas plus à propos que tu ouvres avec Ianthe, tu sais ?Riche idée. » Quoiqu’on ne lui demande guère son avis. Il ne se sent d’ailleurs que trop figurant, cette fois-ci vraiment, alors que la mère adresse à la fille un regard empreint et que le père vient doucereusement embrasser la mère. Autant vous dire qu’il se serait très volontiers passé d’une telle scène. Et que ladite possessivité se rappelle, déjà, à lui. Ianthe, d’accord, passe, avec le temps il a appris à tolérer son neveu et ses nièces, d’abord par pragmatisme car ils sont après tout à moitié Carrow, ensuite par sentiment, car ils sont aussi et surtout les enfants d’Amabella. Il lui aura fallu un certain temps avant que ses regards soient lavés de toute animosité, mais il ne lui viendrait dorénavant plus à l’esprit d’en éliminer un – longtemps, ce fut Leander – pour supporter la présence des quatre autres. Que Chadwick, en revanche, vienne roucouler si près de lui, et cela tout contre sa sœur, souffle les derniers grains de patience qu’il restait à Abram.

« On nous regarde encore, Abie. Il va falloir nous joindre aux danseurs. » Un claquement cristallin lui répond comme le verre vide du frère rejoint un énième plateau passant par là – le geste a été si agressif que le plateau ensorcelé a manqué chavirer. « Ne sois pas ridicule. » Lui ? Danser ? C’est assez d’inepties pour ce soir. « Faut-il que je te répète les raisons de ma présence ? Crois-tu vraiment que j’aie envie de parader au milieu de tes convives ? » C’est de notoriété pourtant publique qu’il a en horreur les réceptions mondaines, alors imaginez les bals. Quel piètre cavalier ferait-il en plus, à boiter comme un vieux chien de chasse qu’on n’a pas le cœur d’achever. Pour peu, il la soupçonnerait de faire exprès, de proposer quelque chose qu’il ne peut décemment pas accepter. « Viens avec moi », rétorque-t-il plutôt, assez durement car lui chauffe encore l’apparition de Chadwick et plus globalement l’attitude d’Amabella, mais alors qu’on pourrait le croire peu emballé à l’idée qu’elle vienne en effet avec lui, le timbre de voix se pacifie d’un iota et il complète : « dînons au manoir, toi et moi seulement », Leto ira au diable dans ses appartements, « et parlons. » Loin de la cohue et du décorum, loin, aussi et surtout, des apparences factices avec lesquelles sa sœur joue, par nécessité et pas, depuis le début de leur conciliabule. « Et si tu crains tant que ça que ton absence froisse », l’ironie n’échappera pas à Amabella, non plus ce sourcil qui s’est arqué avec sarcasme, « allons simplement ailleurs qu’ici, là où nous n’aurons plus à souffrir tes simagrées d’apparat ; plus loin dans les jardins, s’il le faut, au moins là tes chers convives ne te verront pas m’incendier s’il t’en prend soudain l’envie. » Est-ce là une métaphore ? Peut-être. Peut-être pas. Il tâtonne encore trop dans le noir pour savoir avec certitude si elle lui en veut terriblement, passablement, ou pas du tout. Ironiquement, et parce que tourne encore en boucle ce et si aliénant, il préférerait bien sûr savoir qu’elle lui en veut, quitte à y laisser l’impeccabilité de sa tunique et quelques poils roussis.


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tw : textbook carrow (édition "the worst") = odieuse, famille ultra malsaine + tortures et utilisation d'un impardonnable

Elle a beau distiller son venin derrière un sourire, elle bout toujours trop. Elle se sent ridicule et se déteste de l’être, déteste aussi Abram de la laisser être aussi risible, et déteste également tous les convives réunis en ces lieux qui sont complètement aveugles et sourds à sa rage contenue derrière une façade marmoréenne.
Attendait-elle de son jumeau qu’il s’ébroue et fasse le fier ? Espérait-elle qu’il écarte les sottises qu’elle profère parce qu’elle est tiraillée, horrifiée, furieuse, toute pleine d’une ire qui pourrait la faire perdre pieds si elle la laissait ? Peut-être. Mais probablement pas. Si elle se fait agressive, mauvaise, ce n’est guère pour provoquer une réaction spéciale chez Abram. Elle n’agit pas pour qu’il réagisse. Elle agit, elle parle, elle déverse son fiel parce qu’elle est enragée, parce qu’elle est vexée, blessée. Au final, elle réagit davantage à une non-action d’information qu’à quelque chose qu’Abram aurait bel et bien fait (s’il avait agi, ils n’en seraient sans doute pas là).

Alors oui, elle est odieuse, mais à sa manière.
Elle use la patience de son frère. Elle autorise Chadwick à la cajoler devant les prunelles gémellaires, comme pour attiser une forme de courroux chez lui. Elle l’enjoint à danser alors qu’elle sait combien il exècre toutes ces minauderies finasses de l’aristocratie pure.
Le tout en ne cessant de sourire, voyons, parce qu’il y a toujours quelqu’un pour regarder.

Voilà pourquoi elle ne voulait pas le voir ce soir : parce qu’elle n’était toujours pas redescendue des montagnes de sa rage, que son ire n’était toujours pas apaisée, qu’elle voulait une nouvelle fois tout brûler, et que surtout elle ne voulait pas avoir l’objet de sa fureur sous les yeux, pas en public, pas dans une réception qu’elle avait mis du temps (là-dessus, elle n’avait pas menti) à organiser. (Bon, elle avait sans doute accordé tant de temps à la préparation de cette soirée pour justement ne pas en avoir à accorder à Monsieur Carrow dernier du nom. - Quel dommage !) (Ça, vraiment, elle ne savait pas si elle le pardonnerait un jour à Amycus, de s’être fait bêtement tuer et d’avoir forcé Abram à revenir sur le marché matrimonial.)
Et puisqu’il a quand même osé venir, sans aucun signe particulier de sa part à elle, elle était odieuse.
(Une part d’elle cherchait-elle à lui faire rebrousser chemin ?) (En même temps, maintenant qu’il était là…) (Mais avec tous ces fâcheux autour…)
Elle avait quand même maintenu le cap dans la mer des infamies, avec cette histoire de devoir rejoindre les danseurs.

« Ne sois pas ridicule. » À elle de rouler les yeux vers le ciel (ce qu’il ne s’est pas gêné de faire plus tôt, le fat !) « Faut-il que je te répète les raisons de ma présence ? Crois-tu vraiment que j’aie envie de parader au milieu de tes convives ? - Oh par pitié, Abie… », souffle-t-elle, exaspérée par ce numéro qu’il lui joue. Elle n’est pas mieux, certes, mais au moins n’est-elle pas celle qui est venue le chercher sur un terrain meuble et malaisé. Que cherche-t-elle à faire, à se refuser à reconnaître la main tendue par son frère, à nier les efforts qu’il a réalisés à son égard ? À le chasser, peut-être ? À lui faire comprendre qu’elle lui en veut ? (il y aurait bien d’autres manières de le faire)
L’inverse se produit, alors qu’il formule une proposition incongrue : « Viens avec moi » Elle devrait être ulcérée qu’il se permette de venir et d’exiger cela d’elle. Elle devrait être encore furieuse, l’envoyer valser d’un sort et lui faire passer l’envie de lui gâcher son plaisir (mais aurait-elle vraiment profité de la fête en étant fâchée à l’égard de son adelphe ? La réception n’était-elle justement pas là pour -gardons-nous de considérer que nous détenons la science infuse, bien sûr- la détourner de ses noires pensées, relatives à cette histoire de projet secret de remariage ?)
Alors quoi ? Venir avec lui ? « Ne sois pas ridicule. », rétorque-t-elle avec un soupir moqueur, le regard qui se détourne vers l’intérieur du manoir et les festivités musicales et dansantes. « dînons au manoir, toi et moi seulement », poursuit Abram, se fichant éperdument de ses protestations, on dirait, avant d’en venir à la touche finale : « et parlons. » Un ricanement s’échappe d’entre ses lèvres, qui dévoilent des dents serrées. Dans cet éclat sonore, il y a encore de la colère qui plane, alors qu’elle est consternée de constater qu’il veut parler, alors que tout ce qu’elle veut faire, c’est de lui faire aussi mal qu’il l’a meurtrie en la tenant à l’écart de toute cette histoire. Elle peste un : « Et puis quoi encore ? » qu’il n’entend peut-être pas, alors qu’il se fait lui aussi mesquin : « Et si tu crains tant que ça que ton absence froisse », elle le fixe soudainement, les yeux assombris qui ne perdent pas une miette du sourcil arqué de ce cuistre qu’est son frère, attendant de voir où il va pousser la provocation : « allons simplement ailleurs qu’ici, là où nous n’aurons plus à souffrir tes simagrées d’apparat ; plus loin dans les jardins, s’il le faut, au moins là tes chers convives ne te verront pas m’incendier s’il t’en prend soudain l’envie. »
Cette perspective là est presque alléchante, maintenant qu’elle y pense.

Un soupir profond soulève sa poitrine, alors que d’un mouvement circulaire, elle regarde d’abord la réception, puis en vient à dévisager Abram Carrow, sa moitié d’âme. Elle sent encore pulser en elle la haine, la douleur (nourrie par sa susceptibilité, mais par bien d’autres éléments encore), l’envie de violence, le besoin presque de lui faire mal. Elle n’est pas sûre de pouvoir contenir tout cela encore longtemps, maintenant que cet imbécile est venu au cœur de son domaine pour exiger qu’elle cesse de le fuir. Elle est néanmoins convaincue d’une chose : ce n’est pas dans cet état d’esprit qu’elle pourra vraiment profiter des réjouissances.
Autant ne pas s’y attarder.
Reposant la coupe qu’elle avait encore dans les mains (il est incroyable de se rendre compte qu’elle ne l’avait pas encore brisée net entre ses doigts) sur un plateau passant par là, elle s’approche de son frère, et l’on pourrait croire qu’elle va le forcer à venir danser, vu comment elle lui prend le bras avec un air grave et impérieux.
En un rien de temps, et dans un crac caractéristiques, elle transplane en l’embarquant dans le même mouvement, sans chercher nullement à l’informer au préalable de ce qu’elle compte faire, le visage fermé et la bouche close. Qu’il ait un voyage désagréable est vraiment le dernier de ses soucis, à l’instant.

Elle atterrit sur un parquet qui craque, les deux pieds fermement ancrés sur le sol familier, maintenant Abram par le bras pour lui éviter une chute (qui ne serait pas suffisamment douloureuse pour ce qu’elle a envie de lui infliger). Un craquement se fait entendre dans leur dos à peine a-t-elle lâché Abram et avant même que l’elfe de maison puisse dire quoi que ce soit, Amabella fait volte face et le congédie d’un geste sec de la baguette et d’un ordre manquant cruellement de douceur : « Fous le camp, Ordurr ! » Le sort qu’elle lui destinait laisse une trace sombre sur le parquet et une légère odeur de brûlé alors qu’il a loupé de très peu l’elfe qui a eu la bonne idée de dégager aussitôt après avoir reconnu le visage de Madame la fille de sa maîtresse. « Et toi ! » lance-t-elle à l’adresse d’Abram, la baguette pointée vers son visage, l’air beaucoup moins charmant que lorsqu’ils avaient du public, avant de préciser ses griefs : « Qu’est-ce que qui te prend de venir me provoquer, chez moi, devant mes invités ? » Elle fulmine. Se détourne de lui, s’en écarte comme s’il avait la dragoncelle. Regarde quelques brefs instants les murs et les meubles de leur vieille chambre d'enfants, où elle les a fait apparaître sans crier gare. Puis se retourne vers lui, terriblement solennelle dans sa robe de gala, la baguette toujours fermement tenue.
Le sourire factice est tombé, comme le masque.
Ne reste plus que le maquillage, seul artifice qui accentue certains de ses traits et fait ressortir son regard d’un bleu perçant.
C’est désormais une Amabella qui n’a (vraiment) rien d’aimable qui fait face à son frère.

Sa baguette s’abaisse un instant, alors qu’elle essaie de se calmer, hésitant peut-être un peu encore, jaugeant la position de son frère, anticipant peut-être qu’il tente de l’apaiser… Sauf que même de cela elle ne lui laisse en rien le moment, alors que le ressac de la rage la ramène à son paroxysme. La voilà qui relève sa baguette vers Abram, dont elle s’est éloignée de quelques pas tandis qu’elle fulminait : « Ça t’amuse de faire comme si tu ne comprenais pas que je ne voulais pas te voir, peut-être ? Ça te fait rire, l’idée d’un peu de feu sur ta tunique ? Le fait de m’arracher à mes invités ? » Ses yeux sont presque injectés de sang, son regard n’est en tout cas plus très clair, et elle n’a plus rien de beau alors que sa rage se voit clairement. Elle déglutit quelques secondes, et puis, finalement décidée et prête à franchir le point de non-retour, incante d’une voix blanche et distincte, un « Endoloris ! » qui frappe Abram avec force, fureur, colère, et détermination, et qu’elle maintient quelques dizaines de secondes avant de lever le sort en déviant sa baguette. Si ses yeux sont brillants de larmes, qu’il ne se leurre pas : ces lacs s’apparentent davantage à une fureur d’en avoir été poussée à une telle extrémité (alors que c’est bel et bien la première fois qu’elle l’attaque avec un sort pareil) (les séances d’entraînement de leur jeunesse l’opposaient souvent à Alecto, et ça convenait bien aux deux sœurs), qu’à un regret d’avoir basculé de ce côté des horreurs familiales (car après tout, n’ont-ils pas la torture dans le sang ? rien qu’à voir ce qu’il fait au Ministère)(et encore elle en ignore sans doute une grande partie). Finalement, elle crache presque, alors qu’elle s’est approchée d’un pas ou deux de la silhouette de son frangin endolori : « De quel droit as-tu OSÉ me maintenir dans l’IGNORANCE ?! », dévoilant sans plus aucune subtilité les raisons de sa colère aussi furibonde.


[ pour rappel, les dés de la famille-horrible ]


Dernière édition par Amabella Shacklebolt le Jeu 31 Mar - 15:36, édité 1 fois
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Abram Carrow
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Occupation : Mage noir™. Chef du bureau d’expérimentation sur les nés-moldus et traîtres consentants (a.k.a MuTEx Office), au Département des Mystères. Membre de la Chambre à la tyrannie facile (prochain édit : taxer l'air que tu respires).
Allégeance : Le Lord, qu'il a servi toute sa chienne de vie, et continuera de servir jusqu'à la mort.
Particularité : Maître Legilimens. S'enfonce dans les esprits comme une faux dans les blés ; y dévore aussi les émotions puissantes qui lui font dorénavant tant défaut. Le contrecoup, cependant, revêt parfois des allures de cauchemar.
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Leur arrivée laisse un Abram groggy qui chancèle sur place ; sa rotule abîmée n’a pas su recevoir son poids et, si ça n’avait pas été pour le soutien de sa sœur, il aurait probablement dû se rattraper maladroitement à la vieille commode près de laquelle ils sont apparus. Amabella se dégage aussitôt que son frère est droit, montrant par-là que la proximité établie était une nécessité et certainement pas un désir. Soit. Il lui passe pour cette fois l’outrecuidance d’un transplanage forcé et l’atterrissage ridicule qui en a découlé et la laisse filer, tandis qu’il jette à la pièce un regard entendu. Le choix de leur destination est, au contraire des conditions de voyage, un signe plutôt encourageant – ceci sans compter le fait qu’elle ait visiblement consenti à ce qu’ils se parlent seule à seul, loin, très loin de toute piste de danse et autres inepties mondaines.

L’apparition d’Ordurr et la manière dont sa jumelle le congédie a peu d’effets sur le maître de maison, quoique le sortilège qu’elle envoie à l’elfe et l’agressivité avec laquelle elle s’adresse à lui aient fait se hausser le menton masculin. D’une manière, dirait-on, satisfaite : c’est qu’il retrouve enfin sa sœur, aussi bien dans sa hargne que ses gestes impérieux. Il n’est pas sans se douter que la prochaine charge risque fort de lui être adressée, mais il préfère encore ça à l’affrontement ennuyeux qu’ils se sont livrés quelques minutes plus tôt. « Et toi ! » Le menton se baisse derechef, tandis que les billes noires du frère soutiennent le regard non moins noir que lui adresse Amabella. Elle n’a, de ses sourires et yeux rieurs, plus aucun reste, pas même un reflet qui aurait pu luire une dernière fois. Dans la pénombre de leur ancienne chambre, la porcelaine se brise enfin ; la voilà qui retrouve ce visage qu’il lui connaît mieux, sur lequel tout est net, acéré, sans le moindre fard. « Qu’est-ce que qui te prend de venir me provoquer, chez moi, devant mes invités ? » Parce que l’apaisement des humeurs et la conciliation n’ont jamais été des qualités encouragées entre ces murs, et parce que l’inimité, au contraire, est une chose qui leur est familière, Abram accueille ce changement de ton sans grand émoi ni grande surprise. Sans rien dire non plus qui puisse calmer sa jumelle. Chaque fois que sa baguette menace d’ailleurs de le viser, la magie d’Abram, plus pourrie encore que celle d’Amabella, grouille et grogne dans son crâne comme autant d’échos malveillants – dont il arrive malgré tout à faire abstraction, parce qu’il n’y a pas (pour l’instant) matière à riposter, et, surtout, parce qu’il s’agit d’Amabella : jamais, en quarante-quatre ans de vie, ne l’a-t-il attaquée.

« Ça t’amuse de faire comme si tu ne comprenais pas que je ne voulais pas te voir, peut-être ? » Un air indigné dérange l’immobilité de la gueule masculine et les épaules se tendent. « Ça m’amuse ?! » Ce sur quoi elle poursuit. « Ça te fait rire, l’idée d’un peu de feu sur ta tunique ? Le fait de m’arracher à mes invités ?Mais dans quelle langue faut-il te le dire ?! Je me fous de tes invités. » Un rictus puant s’est creusé sur son faciès, où le mépris se lie à la morgue. De toute évidence, il n’éprouve ni n’exprime le moindre remord ; Abram est un homme orgueilleux qui au contraire de sa sœur n’a jamais eu à faire semblant, jamais eu à se cacher parmi les agneaux pour prétendre avoir la patte blanche, en résulte ce sentiment de supériorité qu’il porte comme une cape, même et surtout au milieu de ces pairs qui sont pour lui rien de plus qu’une gale épuisant le cuir lustré de la noblesse. Des parasites ! De la vermine pour qui elle a, faut-il croire, plus de considération qu’elle n’en a pour son propre frère ! Là de son exaspération, il ne réalise pas que le bras levé en sa direction a cette fois pour but de le toucher.

Quand le sort l’atteint, le corps d’Abram se crispe, puis se contracte, parcouru de longs spasmes douloureux qui brisent sa posture altière. Ses flancs heurtent brutalement le meuble. Et il serre les dents. Si fort que sa langue, prise au piège sous l’émail, se coupe en long et répand un goût ferreux dans sa bouche par laquelle s’échappent des râles assourdis. Pour l’avoir tant de fois subi de la main d’Amycus, et l’avoir lui-même tant de fois utilisé sur ses victimes, on pourrait le croire habitué, rôdé, capable d’en surmonter le supplice, mais il faut se rendre à l’évidence : Carrow ou non, il se tordra et souffrira tant qu’Amabella n’aura pas décidé le contraire. Quand elle lève enfin le sort, la haute silhouette se plie, manque s’avachir et finir à genoux tant le relâchement est abrupt, mais se rattrape de justesse en tendant une main vers la vieille commode. « De quel droit as-tu OSÉ me maintenir dans l’IGNORANCE ?! » Les doigts s’y agrippent, s’écrasent tant et si bien contre le bois sombre que leurs bouts blanchissent ; les autres phalanges ont quant à elles dégainées la baguette, et quand le visage d’Abram, défiguré par la colère, se redresse, sa baguette se braque aussi.

A son tour de voir rouge. Ou plutôt noir. Car en fait rien : la magie crasse que l’attaque a réveillée est belliqueuse et infecte, se nourrit autant de son hôte que son hôte en est la source. Disons-le clairement : des corps ont été refroidis pour bien moins que ça. Parce que c’est Amabella, cependant, la raison parvient à faire foi après de longues et dangereuses secondes et, sans un mot de la part du Mangemort, sa baguette change de direction, cible cette fois la main qui l’a torturé, puis la désarme sur-le-champ. Le tout si rapidement que même son corps n’a pas eu le temps de s’en remettre ; un geignement glisse derrière les dents toujours serrées d’Abram que le sang macule à certains endroits. Il se redresse alors de toute sa hauteur et tire longuement sur sa nuque en la penchant d’un côté, puis de l’autre. Par craquements sinistres, s’y rompent la tension et sa folie meurtrière. Les ténèbres se retirent peu à peu de l’esprit d’Abram, si bien que, suffisamment lucide pour comprendre ce à quoi sa sœur a échappé de justesse, il repose de lui-même et dans un claquement sec sa baguette. Elle roule sur la vieille commode, comme vibrant encore d’une énergie antagonique, puis s’arrête contre le mur dans un toc mat, veule.

Tout au contraire, Abram s’avance d’un pas dissonant qui fait bizarrement grincer le parquet, et quand il arrive à hauteur d’Amabella ses mains fondent sur le visage féminin et le saisissent de part et d’autre de la mâchoire. Sans douceur, tremblant encore de spasmes musculaires. Le geste n’a rien d’affectueux. Il l’a eu été, en d’autres occasions, d’une tendresse parfois même insoupçonnable, mais les pouces qui s’enfoncent dans la chair de sa jumelle ne sont pas là pour y essuyer ses larmes de rage. Alors qu’on le croit prêt à la blâmer pour avoir osé l’Impardonnable, il se fend d’un rictus, presque pareil à un sourire si ce n’était pas pour son revers agressif. « Et tu me dis ça à moi. » Oser la tenir dans l’ignorance. L’haleine chargée par l’odeur du sang lâche un rire court, tout à fait amer. « Je ne crois pas me souvenir que tu m’aies demandé mon avis, ni ne m’as tenu informé, quand tu as décidé de tuer ma fiancée. Non, ma chère sœur », anticipe-t-il ses éternelles allégations, affermissant par-là sa prise sur les joues d’Amabella, « elle n’était pas indigne de mon rang ; je ne suis peut-être pas un mondain qui connaît sur le bout de la botte ses pas de danse, mais je sais quand même soigner mes alliances. » Tout ça pour dire : que s’il n’a jamais contesté les raisons – parfaitement discutables – proférées par sa sœur, c’était par choix et pas par naïveté.

« Je t’ai toujours tout passé », reprend-t-il sans desserrer les dents. « La vie de Chadwick. La mort de cette pauvre fille. » L’inégalité des compromis ne lui échappera pas. « Un doloris, maintenant », qui, tout bien considéré, a manqué de mordant ; c’est qu’en plus de vouloir la souffrance de l’autre il faut y prendre plaisir. Elle ne le hait pas, elle enrage seulement. Il n’a aucun doute sur le fait que les victimes de sa sœur ont essuyé bien pire douleur que lui. Il n’a plus aucun doute non plus sur la raison de cette distance qu’elle leur a imposée. C’est son orgueil blessé qui l’a faite s’éloigner, et non pas comme sa satanée paranoïa le lui murmurait depuis des jours : pour en finir avec eux. « N’y a-t-il donc aucune limite à ta cruauté. » Textbook Carrow oblige, sa colère s’est affadie, et plutôt que d’entendre dans la voix du frère l’éclat d’une critique, il y a celui de la fierté. Celui, même, d’un désir brûlant, pour cette femme impitoyable et possessive qu’est sa jumelle – s’il est une indignité qu’on pourrait en effet reprocher à feue sa fiancée, c’est qu’elle n’arrivait pas à la cheville d’Amabella. « Ne me fuis plus. Plus jamais. » Sous les mèches raides et décoiffées, les sourcils se sont froncés. On dirait que de tout ce qu’elle a eu de cruel, c’est son absence forcée qui l’a le plus atteint. Si elle espérait des excuses : c’est raté.
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Amabella Shacklebolt
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tw: relation toxique et incestueuse (textbook carrow, on vous a dit), violence, sang, meurtre (mention)

Un temps, alors qu’elle regarde son frère se redresser péniblement, la baguette dégainée, Amabella se demande s’il ne va pas lui rendre la monnaie de sa pièce (il serait bien mal avisé, parce que là, vraiment, peut-être qu’elle prendrait du plaisir à le lui faire payer). Mais non, ce n’est que le désarmement qui est visé, et nullement une punition. Sa baguette à elle est donc éjectée au loin, chassée par son reflet. La sorcière ne cherche pas à retenir l’objet, voulant bien concevoir qu’elle a peut-être flirté avec les limites de ce qu’ils peuvent se faire.
(Certainement pas dépassé, allons bon : elle était dans son bon droit, vous a-t-on dit.)

Elle reste là, les bras ballants, les mains vides, dans une posture fort peu élégante, mais en suspens, alors qu’Abram s’approche d’elle, la cadence familière de son pas lourd et inégal qui coupe le silence entre eux.
Ils ne sont pas loin, en vérité, mais c’est comme si un gouffre les séparait alors qu’elle ne décolère pas encore, pas même alors qu’elle a pourtant cru pouvoir décharger sa rage sur son frère. L’acte n’a en rien exorcisé sa fureur, l’a à peine trahie, mais ils ne sont plus que tous les deux alors qu’importe si elle dévoile son jeu et se démasque aussitôt arrivée. Son minois est toujours fermé, plein d’une ire noire, mais elle ne se dérobe plus, ne cherche pas à éviter le contact qu’il lui impose maintenant, les mains du sorcier tenant fermement le visage de sa jumelle. « N’espère même pas-, commence-t-elle à gronder mais le cuistre ne la laisse même pas placer une menace supplémentaire puisqu’il la coupe, revenant sur ce qu’elle lui a hurlé. Et tu me dis ça à moi. » Elle pourrait être outrée, elle pourrait l’insulter, mais le ton qu’il prend, le rictus qu’il affiche, les mots qu’il choisit, lui arrachent plutôt un ricanement narquois. Les sourcils se détendent, et l’on pourrait croire que le contact l’apaise, quoique ses prunelles soient toujours dures et glaciales. « Je ne crois pas me souvenir que tu m’aies demandé mon avis, ni ne m’as tenu informé, quand tu as décidé de tuer ma fiancée. Non, ma chère sœur » Les protestations qu’elle voulait opposer meurent entre ses lèvres. Amabella reste silencieuse, mais roule les yeux vers le plafond de leur chambre, un petit hoquet méprisant en guise de commentaire. « elle n’était pas indigne de mon rang ; je ne suis peut-être pas un mondain qui connaît sur le bout de la botte ses pas de danse, mais je sais quand même soigner mes alliances. » L’éclat du sourire mesquin s’en est allé et elle ne le regarde plus qu’avec dépit et peut-être même un peu de déception : « Oh je t’en prie, mon cher, ne réécris pas l’histoire. » Qu’importe qu’il ait fait un choix mûrement réfléchi : il avait élu une femme à laquelle elle n’avait pu souffrir qu’il fût lié, fin de l’histoire. Qu’importe d’ailleurs qu’un veuf ait besoin d’une présence ou d’une épouse pour maintenir son rang : Amabella n’était pas prête, à ce moment-là (et pas plus maintenant à bien y réfléchir), à partager son jumeau avec une autre.
Quant à demander l’avis d’Abram avant d’écarter cette rivale, c’était croire qu’elle n’avait pas un droit de regard.

Derrière cette remontrance qui n’en est pas une, mais un simple rappel de ce qu’elle avait déjà fait qui justifiait aux yeux de son frère qu’elle ne soit pas dans la confidence cette fois-ci, Amabella entendait bien les non-dits, la concession d’Abram quant au choix qu’il avait fait autrefois (la vivante ou la morte)(ne le louons pas non plus : le choix n’était pas bien difficile). « Je t’ai toujours tout passé », poursuit-il sans desserrer la prise sur son visage (Bells sait bien que protester n’aurait aucun effet) « La vie de Chadwick. La mort de cette pauvre fille. Un doloris, maintenantSi tu veux mon avis, j’aurais probablement dû le maintenir plus longtemps, puisque tu n’as pas l’air de comprendre le problème. », persifle-t-elle, la mine fermée, toujours courroucée d’avoir dû en venir à cette extrémité, ne serait-ce que pour lui faire comprendre une infime portion ce qu’elle avait ressenti. (Mais rien n’équivaudrait l’atroce sensation qui l’a étreinte lorsqu’elle a eu l’impression qu’Abram la trahissait.)(surtout que ce mufle persiste à ne pas vouloir comprendre l’offense pour laquelle elle estime devoir obtenir réparation)

Insensible aux commentaires odieux qu’elle se permet encore de faire, il semble s’apaiser à présent, et il y a quelque chose dans le timbre qui est familier, chargé, électrique peut-être. Ils se scrutent et elle écoute attentivement, ses bras toujours le long du corps, alors qu’il se fait presque admiratif : « N’y a-t-il donc aucune limite à ta cruauté. » Ce goujat la flatte. En temps normal, son visage s’éclaircirait probablement, car après tout, la cruauté coule dans leurs veines et elle ne peut pas lui en vouloir indéfiniment. Mais sa colère ne s’en est pas encore allée, probablement parce qu’elle s’était refusée à la déverrouiller. Sans se débattre, elle profite de leur contemplation mutuelle pour s’immiscer dans l’esprit d’Abram, y chercher ce qu’elle peut, sans qu’il n’en ait la conscience. Naviguant entre des sensations mêlant peur et colère (en cela, ils sont bien semblables), une émotion qu’elle reconnaît sans pouvoir la nommer, elle peut jeter un coup d’œil à ce qu’a été la soirée d’anniversaire d’Abram, maussade, seul face à leur mère, sans qu’il ne semble s’en soucier guère, recroise de nouveau l’ire fraternelle qui couve alors qu’elle se voit s’éclipser du champ de vision d’Abram à une autre reprise. Dans toutes ces pensées, le spectre le plus pesant qu’elle repère : l’absence, son absence. Lorsqu’après quelques secondes à sonder les pensées de son frère sans en avoir l’air, Amabella entend la voix d’Abram reprendre et sa demande (son exigence) se formuler, elle a la confirmation de ce qu’elle a pu comprendre des méandres psychiques de son jumeau. « Ne me fuis plus. Plus jamais. » Leurs billes se toisent quelques instants, elle a la tête un peu renversée en arrière, les yeux dans ceux d’Abram. Elle comprend la supplique et elle entend tout ce qu’il ne dit pas, tout ce qu’elle est allée grappiller dans l’esprit gémellaire. Consciente qu’il est encore sien, elle semble même s’apaiser un temps, comme si les mots prononcés par son jumeau avaient eu un effet lénifiant sur les plaies béantes. Ses mains se meuvent lentement tandis que de son menton, elle pousse contre les mains d’Abram, pour rapprocher son visage du sien. Elle semble être prise par ce même élan, ce même désir décrié par la société (mais depuis quand des Carrow se soucient-ils vraiment de ce que le reste du monde peut penser ?), alors que ses lèvres viennent arracher un baiser agressif, possessif, brusque au veuf, qu’une de ses mains se pose sur son aine, dans un geste qui ne peut vouloir dire  (attiser) qu’une seule chose, tandis que l’autre main s’empare un instant de la nuque fraternelle, renforçant la brutalité avec laquelle elle-même a franchi le gouffre qui les séparait jusque là. La possessivité à son paroxysme, dans un instant qui mêle avidité, pulsion et prise de ce qui -elle en est convaincue- lui est dû. Il y a, dans cet instant, un abandon mutuel, qui s’arrache pourtant par la force.

Le tour de la dispute pourrait dévier sur une pente forte peu recommandée pour une femme mariée et encore moins avec son frère jumeau, mais aussi vite qu’elle a imposé ces contacts, aussi vite qu’elle a réactivé l’envie, aussi vite qu’elle a confirmé sans mot dire à son frère qu’il n’était jamais question de le fuir jusqu’à la fin de leurs jours, aussitôt elle s’arrache à la prise d’Abram, profitant d’un instant d’allégement du joug, en s’essuyant la bouche d’un revers de la manche de sa robe en satin, le sang qui macule partiellement ses lèvres. Car elle n’est toujours pas satisfaite et qu’elle lui en veut encore. Se détournant de son jumeau, Amabella s’éloigne de quelques pas, va récupérer sa baguette qui a volé à l’autre bout de la pièce, l’époussette, puis la glisse dans l’étui à sa taille. Se relevant et se retournant vers lui, elle appuie son épaule contre le haut cadre en bois de leurs lits jumeaux, croise les bras et fixe le maître de maison d’un regard sombre, l’air mauvais : « Ainsi donc tu voulais me voir ? Me voilà. Rien que pour toi, comme tu l’escomptais. Sous son timbre mesuré, gronde une ire qui ne s’est toujours pas apaisée. Les contacts l’ont enrobée d’une ouate rassurante, mais l’abcès n’est pas encore totalement crevé. Amabella voudrait pouvoir ne pas être aussi enragée à ce sujet, mais la peur et la jalousie se disputent et font vaciller le calme qui tente de s’installer. Je méritais d’apprendre tes projets par ta bouche et pas par les commérages de ceux à qui tu m’as arrachée., dit-elle d’une voix blanche, avant d’établir d’un ton paradoxalement rieur, comme si tout ceci était une macabre plaisanterie, la conclusion éhontée du bouillon chaotique de ses pensées, sans toutefois baisser ses barrières mentales : Tu m’as trahie, Abie, voilà tout. » Le constat est lourd, mais les prunelles ne vrillent pas. Elle le fixe avec toute la gravité d’un Haut-Juge du Magenmagot, à cela près qu’elle n’est nullement vêtue de leurs ridicules vêtements. L’éclat de rire fin meurt dans un soupir contenté, comme après une bonne blague. Le met-elle au défi de nier la sentence ?

L’accuser d’une chose pareille, dans leur ancien domaine de prédilection, cette chambre qui a abrité maints secrets et maintes confessions, ne déroge pas à la cruauté dont elle fait preuve. Est presque une insulte à leur lien, forgé depuis leur plus tendre (violente) enfance. Formuler de tels mots relève certes d’une forme de théâtralisation de leur querelle mais il n’y a qu’eux qui sont à la fois public et comédiens. Finalement, exprimer verbalement les griefs qu’elle a à son encontre lui fait plus de bien qu’elle ne l’anticipait. Le ton est presque plus léger lorsqu’elle reprend : « Conviens donc que le châtiment était adapté, cher frère, et que ma cruauté t’épargne presque. » Elle pourrait poursuivre, lui rappeler qu’elle a beau ne plus porter leur nom, elle reste une Carrow. Elle ne le fait pas. À la place, elle s’informe, pour jauger de la qualité de la future Mrs Carrow, certaine qu’en un mois de rumeurs Abram avait déjà trouvé sa future promise : « Instruis-moi donc : accorde-moi la primeur et dis-moi quelle péronnelle tu comptes rendre intouchable. » Il y a dans ces ordres quelque chose d’impérieux, et dans cette distance qu’elle a rétablie entre eux un signe qu’il a des efforts à faire. Qu’elle lui en veut encore un peu, mais pas au point de repartir d’où elle est venue. Que la promesse de ne pas s’en prendre à l’élue d’Abram n’est néanmoins pas acquise pour l’heure.
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Abram Carrow
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Allégeance : Le Lord, qu'il a servi toute sa chienne de vie, et continuera de servir jusqu'à la mort.
Particularité : Maître Legilimens. S'enfonce dans les esprits comme une faux dans les blés ; y dévore aussi les émotions puissantes qui lui font dorénavant tant défaut. Le contrecoup, cependant, revêt parfois des allures de cauchemar.
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( tw ; inceste, mention de meurtres, purisme )

Il ne l’attendait plus, cette morsure. Ce baiser par lequel le venin de sa sœur vient lécher l’intransigeant de ses mots. Abram garde les yeux ouverts, pareil à une gargouille hideuse qui vous écrase de son regard, et ne les ferme qu’au terme de longues secondes pour mieux répondre à l’éros possessif d’Amabella. Ses paumes, presque en coupe, recueillent les cervicales, dérangent l’impeccabilité de la coiffe, se débarrassent peu à peu de leur dureté pour devenir plus chaudes, quoique toujours aussi captatives. Un peu plus bas, la patte de velours venue le cajoler fait s’accélérer son pouls et alourdir son souffle. Lorsqu’Amabella se dérobe, c’est sans surprendre son frère ; ils se connaissent autant de corps que d’esprit, se devinent dans les mouvements et intentions (pour peu qu’ils soient physiquement proches, là est tout le problème). Les lippes hispides, où traînent de fines traces rubicondes, se tordent en un bref sourire mauvais au moment où il voit que sa jumelle doit s’essuyer son sang — tout ce qu’il laisse sur elle, de marque et d’impressions, est toujours une victoire amère qu’il savoure en silence —, puis, par mimétisme, par empathie gémellaire, le voilà qui du bout du pouce efface également la salive rouge débordant de ses lèvres.

Amabella retrouve sa baguette, son timbre irascible aussi. “Ainsi donc tu voulais me voir ? Me voilà. Rien que pour toi, comme tu l’escomptais.” Le calme dans leur tempête aura été de courte durée — a-t-il jamais existé ? Qu’importe, au moins sa sœur confirme que si elle lui en veut, elle ne le déteste pas au point de repartir séance tenante et faire fi de sa sommation. Sans répondre encore, Abram tourne les talons et revient vers la commode où sa propre baguette a été posée. “Je méritais d’apprendre tes projets par ta bouche et pas par les commérages de ceux à qui tu m’as arrachée.” Les doigts trouvent le bois magique et sobrement ouvragé. Il le sent vibrer, comme si un magma coulait en dessous et que des gerbes brûlantes venaient quelques fois houspiller la raideur de l’if. Sûrement que la baguette d’Amabella gronde aussi et pareillement. “Tu m’as trahie, Abie, voilà tout.” Ses jointures blanchissent en se refermant autour de la baguette. Sa cabèche s’est baissée vers l’avant, si bien que de dos on croirait voir un corps sans tête aux omoplates saillantes. “Que ne faut-il pas entendre...” Dans un raclement assourdi, le poing traîne sa prise le long de la surface de la commode, lourd d’exaspération, de mécontentement, et ne s’arme que d’une légèreté relative pour s’en aller ranger la baguette à l’intérieur du pan de tunique — il s’en est fallu de peu, dirait-on, pour que l’irritation suscitée par le reproche se transforme en un confringo explosif.

Le rire de sa sœur s’étouffe enfin. Tout juste lorsqu’ils se retourne. “Conviens donc que le châtiment était adapté, cher frère, et que ma cruauté t’épargne presque.” Haussement de sourcils bref et torsion de ridules dédaigneuse. “Ne te sens pas obligée d’hériter de la verve d’Amycus.” C’est loin d’être un compliment quand on sait comme eux combien leur frère était un m’as-tu-vu de bourreau qui soignait davantage sa légende que son œuvre ; si elle pouvait laisser cette dite verve pourrir dans le caveau de l’autre, il lui en saurait gré. La distance est une nouvelle fois réduite de sa démarche longue et cassée, mais plutôt que de retrouver la silhouette de sa sœur, c’est vers la fenêtre qu’il se dirige. “Instruis-moi donc : accorde-moi la primeur et dis-moi quelle péronnelle tu comptes rendre intouchable.” Les mains se sont jointes dans le dos. Presque parfaitement aligné sur la position de sa jumelle, Abram jette un regard imprégné sur son domaine. C’est une nuit sans lune, constate-t-il en ne voyant pas les spectres habituels errer sur leur tombeau — construire un manoir sur des terres chrétiennes arrachées par la force, quelle idée ç’a été, mais il a bien fallu cela pour rassasier l’ire vengeresse des aïeuls et essuyer le deuil du château familial rongé par les flammes de l’Inquisition. Tout cela, cet héritage durement préservé, cette pugnacité atavique, ne tombera pas dans l’oubli. Pas sous sa tutelle.

Etant ce qu'elles sont (rictus appuyé) je ne sais pas exactement ce que les rumeurs t’ont rapportée, le profil daigne enfin revenir à elle, mais mes projets ne sont guère plus que des intentions.” Et tandis qu’il s’approche d’un pas, puis d’un autre, le boitement moins prononcé à cette allure lente, c’est derrière Amabella qu’il se retrouve, échappant à sa vue comme une menace le ferait alors qu'en vérité il n'a toujours été que son égide fiable et solide. “Les récents évènements ne m’ont pas vraiment laissé le temps de me pencher sur la question.” C’est on ne peut plus vrai quoique le ton las s’ennuie déjà des doutes qu’elle pourrait émettre. “Fouille-donc, dit-il, alors penché vers l’oreille de sa sœur, l'haleine ferreuse, tu n’y verras que des apartés, des discussions, à la rigueur, avec Antonin notamment.” Sans bouger son visage de là où il se trouve — volontairement en pâture — le regard d’Abram glisse sur le parquet, pensif. “Il se trouve que sa tante Nastassia cherche un parti pour sa fille. Tu connais Antonin aussi bien que moi, il en riait avec malice, moquant le conformisme bourgeois, mais je l’ai senti... étonnamment agité, aussi ai-je creusé le sujet.” Avec plus de subtilité qu’il ne les creuse chez ses prisonniers, cela va sans dire. Les billes noires retrouvent le profil de sa jumelle. Roulent dessus sans s’en cacher. “Figure-toi que la branche russe des Dolohov est, elle, des plus pures.” Contrairement à celle d'Antonin, un secret de polichinelle que nombre de Sang-Pur méprisent sans toutefois oser le lui dire en face — Abram, dans sa relation avec lui, omet sciemment le détail, comme il lui arrive très régulièrement de le faire auprès de certains de ses pairs pour peu qu’ils soient de l’Elite et qu’il ait fait ses armes avec eux. “Leur fortune est correcte, entendre opulente, et leur alignement politique prometteur, entendre qu'ils sont exempts de traîtres et qu'ils penchent adéquatement vers des valeurs qui sont chères et aux Carrow, et au régime du Lord, une alliance avec eux pourrait être profitable sur bien des plans.

Il hausse un sourcil, accompagnant ce lent mouvement de tête qui le fait se redresser — pas aussi droit qu’il le pourrait, prolongeant délibérément leur proximité. “J’en suis là de mes desseins. Tu vois bien que je ne complote pas dans ton dos comme un minable pleutre. Disons seulement que je comptais faire le tri et, le cas échéant, travailler mes arguments pour mieux savoir te raisonner. Parce qu’il va falloir que tu entendes raison, cette fois : je n’enterrerai pas une épouse tous les quatre matins. Ce domaine est assez hanté comme ça.
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