BIENVENUE SUR SMOKE & MIRRORS. Un forum Harry Potter alternatif qui diverge du canon à partir du tome 5 où Harry est capturé par les Death Eaters lors de la bataille du Département des Mystères. L'action se situe 12 ans après, en 2008, dans un Royaume-Uni gouverné par Lord Voldemort.

Le forum a pour but d'être collaboratif et possède donc un système de collaboration participative où tous les membres peuvent proposer des nouvelles annexes, évènements, voire même des idées de personnages pour les futur.es joueur.euses !

Malgré son contexte sombre et mature, SM, c'est une communauté qui aime le drama et les rebondissements et qui a un Discord très actif sous l'égide du safe space et de la communauté bienveillante. Qu'attendez-vous pour nous rejoindre ?
FORUM À ACTIVITÉ LIBRE — PAS DE RESTRICTIONS
14 février 2023 — v12 installée, forum mis en activité libre. 19 octobre 2022 — préparation de la V12 et départ de mahrun. et midoriya du staff. 4 juillet 2022 — v11 installée, arrivée de castace dans le staff. 22 mars 2022 — v10 installée. 5 décembre 2021 — v9 installée. 13 septembre 2021 — v8 installée, départ de kazhan du staff. 21 février 2021 — v7 installée. 8 novembre 2020 — v6 installée. 2 août 2020 — v5 installée, départ de jeyne du staff, arrivée de tofu et jool. 1 mars 2020 — v4 installée. 19 octobre 2019 — v3 installée. 18 juillet 2019 — v2 installée. 12 avril 2019— ouverture du forum par mahrun, kazhan, midoriya, poupoune et jeyne. 16 mars 2019— préouverture du forum. juin 2018 — début du projet.
      
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 franshea > good at surviving

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MessageSujet: franshea > good at surviving    franshea > good at surviving  EmptyJeu 23 Mai - 11:23
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We'll never get free, lamb to the slaughter.
What you gon' do when there's blood in the water ?
(o)

Le dos contre le mur de l’établissement, Shea observait les quelques silhouettes assez hasardeuses pour s’aventurer dans les rues de la capitale à une heure aussi tardive. A la lueur des réverbères, les arabesques grisâtres qui se faufilaient d’entre ses lèvres pour s’évaporer dans le ciel étaient sa justification pour ne pas être entré dans le club en même temps que sa prétendue belle. A intervalles régulières, il fait glisser ce petit bâton blanc contre sa bouche, le laissant se consumer lentement. C'était un rancard comme un autre; comme les centaines d'autres; il les ramenait toujours ici en fin de soirée. Le Blue Moon, c'est son QG, c'est l'endroit où il passe le plus clair de son temps après son propre clan. Le bar est un peu près sécurisé, loin d'attirer une clientèle trop guindé, il pouvait se faire offrir des bières par Esmé jusqu'à la fin de la nuit sans jamais s'inquiéter. Les contrôles étaient rares au point que le dernier remontait à l'été passé; à croire que les charmes de la patronne n'y étaient pas pour rien.

Au moment où Shea laissait le mégot glisser d'entre ses doigts, une silhouette tourna à l'angle de la rue, attirant immédiatement son attention. Un gamin aux cheveux de jais, l'air autant assuré que affolé qui remontait les pavés d'un air fatigué. Non. Plutôt affamé. Y'avait qu'à voir ses traits creusés pour le deviner. Il mangeait rarement comme il le voulait. Mais ce n'était pas ça qui le marquait le plus. Ce qui le titillait, c'était cette impression de déjà vu. Et alors que Shea cherchait dans son esprit embrumé par les quelques pintes de bière à quelle occasion ils avaient déjà pu se rencontrer, Francis était déjà arrivé à sa hauteur. Méfiant.

Ils se jaugèrent du regard quelques instants. « T'es le mec qui bossait à la boutique d'antiquaire ?  termina par se rappeler Shea pas peu fier de ce flash de souvenir. » Maintenant il se souvenait. Il avait croisé ce môme plusieurs fois chez Henare. Il n'y avait que rarement eu des échanges, mais Shea était à chaque fois frappé par le regard éteint qu'affichait le gamin. « Je crois que vous confondez avec quelqu'un  se contenta t-il de grommeler comme réponse avant de pousser d'un air pressé la porte d'entrée. » Les sourcils froncés, Shea regarde le gamin disparaître dans la foule du bar bondé, l'air intrigué. Il était certain de ne pas confondre. Qu'importe. Il chasse de son esprit ce gosse un peu fêlé, en espérant simplement qu'il ne donnerait pas de fil à retorde à Esmé.

L’endroit est sombre, illuminé par quelques chandeliers de bougies disséminés à travers toute la pièce créant un effet de lumière tamisé. L'on devine aisément comment il est possible de devenir accroc à ce genre d’ambiance intimiste. Il règne une atmosphère agréable, sûrement propagée par les rires des quelques groupes de jeunes gens à l’humeur inaltérée par les guerres et les massacres. Shea repère Allie accoudée à une table, en train d’exécuter son numéro de charme qu’il connaît sur le bout des doigts, depuis une année qu'ils se connaissaient combien de fois ne l’avait-il pas vu jouer ? Combien de fois n'y avait-il pas succomber ?

Alors, admirateur, il reste à l’observer quelques secondes, à l’observer. Allie est ce genre de fille au visage d’ange et à l’âme de glace. Un cliché perché sur des jambes longilignes. Une beauté froide, fantasme inavouable pour la gente masculine, il n’avait qu’à voir combien ils étaient à avoir déjà pêcher à ses côtés. Allie c’est l’instable, la volage, elle a les yeux toujours maquillés de noirs pour cacher les bleus. Elle collectionne les amants comme certain le font avec les portes clés. Shea ne lui dira jamais, mais il trouve ça triste de la voir brûler sur ce bucher. Le bucher des vanités. Ca se voit que la vie la brûle. La solitude, cette impression de jamais compter assez ça l’incendie. Il est même sûr que des fois ça la fait chialer. C’est pas les murmures, pas les rumeurs, pas les paroles marmonnés sur son passage qui l’importe, c’est le chemin de croix que la vie lui impose de grimper sans jamais lui permettre de se reposer. Orpheline, jolie gamine à la peau opaline. Pourtant ils jouent, consentants, à ne jamais s'attacher, à juste s'amuser.

« Mon verre est vide» Elle le dit avec les cils qui papillonnent, la bouche en coeur. Reptile, elle n'a même pas laissé le temps à Shea de s'asseoir. Et lui, toujours victime de ses yeux qui racolent, il récupère le verre qu'elle fait glisser sur le bois de la table.  « La même ? » Elle acquiesce et il s'exécute. La faiblesse des hommes ...

De nouveau Shea se fraya un chemin à travers la foule pour rejoindre le bar bondé. Jouant des coudes, il parvint à s'extirper de la masse pour faire signe à Esmé d'approcher. J'arrive, lui fit-elle comprendre d'un signe de tête alors qu'elle s'éloignait de quelques enjambées avec deux assiettes entre les mains. Shea fut à peine surpris de la voir les déposer devant le gamin croisé plus tôt. Il l'est encore moins lorsqu'il le voit se jeter sur la nourriture. Il avait eu raison. Affamé. Pas fatigué. Esmé rapplique, croisant le regard de son compère de toujours, elle se penche dans sa direction, chuchotant juste assez fort pour couvrir le brouhaha. « C'est la deuxième fois qu'il vient cette semaine. Et je crois que c'est aussi que la deuxième fois qu'il mange cette semaine. » Elle a le regard meurtri en disant ça. Il faut dire qu'Esmé a toujours eu le coeur trop gros pour supporter ce monde insensé.

Résignée, elle préfère tendre la main pour récupérer la peinte que de s'étaler sur le sujet. Oui mais voilà, à l'instant où ses doigts auraient du se resserrer autour du verre, un collègue se pencha à son oreille pour chuchoter. Sous le choc de l'information révélée, la pinte tomba de son côté du bar et s'éclata en mille morceau. Il y avait cependant trop de bruit autour d'eux pour que qui que ce soit fasse attention à cela. Sans cérémonie, Esmé agrippa Shea pour le tirer vers elle. « Ils sont devant, barre-toi. » Barre-toi. C'est comme si Esmé venait d'enclencher un bouton dans sa tête. Soudainement, tout son corps se mit en alerte. Les sons ne parvenaient plus à ses oreilles. Il ne voyait qu'à peine le regard affolé d'Esmé. « Les toilettes ! Bouge ! » Comme depuis le début de la guerre, le contrôle n'avait sûrement pour but que d'arrêter les rebelles et les fugitifs. Les petits délinquants dans son genre étaient rarement arrêtés dans ce genre de descentes. Mais cela arrivait. Cela était arrivé à Francie. Et Francie n'était jamais revenu de ce contrôle.

C'est la main d'Esmé s'abattant sur sa joue qui sortit Shea de sa torpeur. Il bondit au moment où la porte du bar s'ouvrait à volé et que des voix grondaient « Ceci est un contrôle de la VB ! Personne ne bouge ! » Mais trop tard, Shea se mouvait déjà dans la foule aussi vite que ses jambes le lui permettait. C'était sans compter sur une silhouette qui venait de se frayer sur son chemin. Ne pouvant contrôler sa vitesse, il percuta de plein fouet Francis Catmack. S'agrippant l'un à l'autre pour ne pas s'écrouler sur le sol, ils se retrouvèrent nez à nez durant une fraction de seconde. Et la peur brutale, la peur primaire que Shea pu lire dans son regard le froudroya sur place. Il avait entre les mains un gosse apeuré. Non. Terrorisé. Alors sans réfléchir, ses doigts restèrent crispés à son bras, et il reprit sa course en l'entraînant à ses côtés.
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Isidore Oxley
ORDER OF THE PHOENIX
Isidore Oxley
Date d'inscription : 14/04/2019
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Crédit : Jool (avatar & gif).
Âge : 26 ans.
Occupation : Fugitif, medic de l'Ordre au sang chaud, formé par la guerre, ses aîné.e.s et son feeling de triton.
Allégeance : Ordre du Phénix.
Particularité : Demi-triton. Depuis qu'il le sait, c'est devenu une excuse pour ses coups de sang (et une bonne occasion de faire flipper les sorcier.e.s bien-pensant.e.s).
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C'est de la folie pure. En poussant la porte de l'établissement, Cat peut sentir sur sa nuque brûlante le regard furieux de Ruth ; il lui a promis de ne rien tenter d'impossible, d'éviter d'établir des habitudes -dans le Londres sorcier aussi bien que moldu- et surtout, surtout de rebrousser chemin sitôt que l'on fait mine de l'avoir reconnu. Ces trois conditions ont été violées en quelques secondes à peine : manger sans avoir de quoi payer la totalité des plats, la deuxième visite au troquet, et surtout, surtout la fléchette fichée en pleine lumière par le type de l'entrée. Francis a le cœur qui bat à cent à l'heure : reconnu, il l'a clairement été -il espère seulement qu'il s'agisse là de la moitié moldue de la clientèle de Hauata, et qu'il ne finira pas démasqué.

En longeant le mur, la silhouette mince disparaît derrière les rires et la chaleur étouffante, atmosphère presque tangible contre la peau pâle du sorcier ; Francis se glisse jusqu'à une table enfoncée dans un coin, s'y tasse comme pour se soustraire aux coups d'oeil éventuellement indiscrets. En réalité, c'est son corps qui s'affaisse et le lâche. Meurtri de courbatures physiquement difficilement explicables, le front chaud sous ses boucles humides, Catmack sent qu'il est en train de tomber malade -et il a cruellement besoin de reprendre des forces, s'il ne veut pas s'abandonner pleinement aux frissons qui le parasitent. « Une assiette de ragoût, s'il-vous-plaît », fait-il en relevant à peine les yeux vers la serveuse qui se tient à sa table, les marmonnements atteignant miraculeusement les oreilles opposées. « Et euh, vous servez encore le Full Irish ? » Un silence ; il revient de la porte qui s'est ouverte -sa connaissance de la boutique est entrée ; Francis se tasse un peu plus dans son jogging informe- aux grands yeux d'or de l'Irlandaise. « Je vais voir si on peut faire une exception. » Son sourire engageant achève de le faire détourner le regard ; ils semblent tous le connaître, et cette impression désagréable lui colle à la peau comme une douce paranoïa, brouillée, enflée, multipliée par la fièvre qui menace.

Il n'a qu'à se dépêcher d'avaler ses assiettes et filer sans demander son reste ; peut-être que ce soir, le dernier, il pourra se faufiler dehors sans se faire pincer. Il n'a, de toute façon, plus d'argent depuis quelques jours ; il a dépensé ses dernières livres lors de sa dernière visite. Francis se tient immobile, terré dans son coin de salle. Le corps parcouru de vagues froides, il se force à maintenir la vigilance constante qu'il s'impose -des coups d'oeil pénibles, l'effort de guetter les mouvements près de la porte, autour de lui. Le tout lui coûte une énergie sapée déjà par le mal et la faim.

Les assiettes lui parviennent en un temps record ; elles touchent à peine la table qu'il s'est déjà emparé des couverts, et plante vivement sa fourchette dans un morceau d'agneau. « Merci », fait-il avec un nouveau regard en-dessous, et s'arrachant au sourire empreint de compassion piteuse de la serveuse, Francis, joues rouges, entreprend d'engloutir ses deux plats.

Il a tout juste enfourné l'oeuf au plat dans sa bouche que la porte claque contre le mur de pierres. « Ceci est un contrôle de la VB ! Personne ne bouge ! » Francis a un hoquet et manque d'avaler son jaune de travers. Il se relève brusquement, renverse son siège, et détale au milieu de la clientèle en panique. Il évite un torse large comme une barrique, se précipite derrière une ossature maigrelette -et heurte de plein fouet un grand corps lancé comme lui à la fuite. Réflexe, Francis l'attrape ; ils se retiennent et valsent, et Cat, effaré, constate qu'il s'est fermement accroché au client de Hauata.
Pas une seconde pour relâcher l'étreinte et reprendre ses enfilades ; l'autre l'entraîne dans sa course, le propulse de sa force double.

Ils courent, dégagent des épaules-obstacles, et s'enfoncent comme deux flèches jusqu'aux toilettes. « On fait quoi ? », fait-il alors qu'ils déboulent dans les cabinets, la conscience tordue par un mélange douteux de fièvre, d'adrénaline et d'oeuf qui fait des vrilles dans son estomac. D'instinct, il a compris ; le type n'est pas un ennemi et la fenêtre doit donner sur une rue voisine. « Pourquoi vous m'aidez ? » voudrait-il lui demander ; mais derrière eux les cris retentissent, Francis s'active.
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Le bruit sourd de la clientèle derrière le panneau de bois qui s’affole.
Les voix sourdes des membres de la milice qui aboient.
Le martèlement des secondes dangereuses qui s’écoulent dans sa tête.
Le bruit imaginaire des battements cardiaques incessants du gamin dont la vie entière est en jeu.
Toute cette inépuisable cacophonie empêchait Shea de se concentrer et surtout d’agir avec autant de rapidité qu’il l’aurait voulu. Alors sans prendre le temps de le regarder dans les yeux, le Travellers demanda d’une voix raide. « Tiens la porte fermée au cas où quelqu’un voudrait rentrer ! »

Et il n’y a pas le temps. Ils n’ont pas le temps de laisser le doute s’immiscer. Pas le temps de laisser imaginer qu’il pourrait simplement se servir du mioche pour lui s’enfuir et le laisser en arrière. Il ne prend pas le temps d’expliquer. Il espère juste que Francis s’exécute sans s’inquiéter tandis que lui se tourne de l’autre côté. Shea sait qu’il doit pousser la porte du dernier cabinet pour avoir accès à la fenêtre qui donne sur la rue arrière.

Les secondes qui le séparent de la poignée sont horribles. Il craint le pire. Et si des gardes de la VB avaient été postés ici aussi ? Et s’ils étaient coincés, fait comme des rats ? Il allait finir comme Francie. Mort pour avoir traîné comme un idiot dans les bars. A croire que les Stokes n’apprenaient jamais la leçon correctement à mois d’avoir fait l’erreur au moins deux fois. Mais de toute évidence, son heure n’était pas venu. La voie était libre. Le soulagement l’envahit durant à peine quelques secondes jusqu’à ce que l’adrénaline ne revienne. Ils devaient sortir.

« Viens ! l’appela t-il finalement après avoir ouvert la lucarne. ». Et il avait rappliqué en bien moins de temps qu’il ne fallait pour le dire. A croire que le gosse volait à la place de courir. L'air frais de la nuit balaya le visage de Shea, mais il ne le sentit même pas, jugeant du regard la dédaigne de Francis. Il n’avait que la peau sur les os. Il était certain qu’il passerait par la petit fenêtre. Shea avait plus de réserve quant à sa personne. Malgré sa silhouette trop grande et trop fini, il était mieux nourri et bâti que ce mioche affamé. Il fallait donc le faire sortir le premier pour ne pas lui bloquer le passage s'il lui était impossible de passer. « Passe-le premier ! »

S'appuyant contre le mur juste au dessous de la fenêtre, Shea joignit les mains pour faire la courte échelle au gamin et lui faciliter l'accès à cet échappatoire. La seconde d'après, le pied de Francis s'y appuyait. De toute évidence très bien entraîné, il s'était faufilé à travers l'ouverture à une vitesse hallucinante. Mais le Travellers n'eut pas le temps de s'extasier plus longtemps sur l'agilité de son compère d'infortune. La porte d'entrée des toilettes s'ouvrit à volée de l'autre côté de la pièce. « Contrôle de la VB, sortez des cabinets, nous allons vérifier vos papiers d'identités ! »

Le coeur du brun rata un battement qui manqua de le faire flancher. Sans plus réfléchir, il se hâta de prendre appui sur la lunette des toilettes et de se hisser à travers l'ouverture. Il savait que sa manoeuvre allait faire du bruit et attirer l'attention de l'entrant mais espérait simplement avoir eu le temps de s'enfuir avant. Moins agile et plus grand que son prédécesseur, Shea eu du mal à s'extirper de l'encadrement, ses hanches frottant contre le tour de bois. Et alors qu'il se voyait déjà enfermé dans une cellule de Azkaban, il sentit des doigts se refermé autour de son avant bras.

En dessous de lui Francis  se mit à le tirer de toute ses forces. Un instant plus tard, Shea lui tombait dessus, enfin libéré. La chute fut douloureuse, les deux gamins gémirent de concert. Alors sans perdre un instant, Shea se mit à tâtonner les poches de son pantalon à la recherche de sa baguette magique. Lorsque ses doigts s'enroulèrent autour du morceau de bois, celui-ci était déjà pointé sur la fenêtre «  Collaporta. » Et la fenêtre se referma dans un succion. Tous les deux à bout de souffle, les deux sorciers restèrent à observer, l'air un peu hébété. Comme s'ils venaient d'être sauvés.

Les naïfs. La fenêtre explosa en un milliers d'éclats de verre. « JOHN, Y'EN A QUI SE BARRENT PAR DERRIERE ! »
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Isidore Oxley
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Isidore Oxley
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Pas le temps de tergiverser ; Cat ouvre la bouche sans qu'en sorte un son, rappelé à l'ordre de leurs priorités par un sens de la survie aiguisé par les situations d'urgence. En l'occurrence, ils sont à deux doigts de frôler la catastrophe -l'inconnu semble avoir autant de raison de détaler que lui, à en juger par l'attribution d'une tâche particulièrement inadaptée à la carrure maigrelette de Francis. Un instant le doute l'effleure ; l'existence lui a enseigné qu'en cet instant, il y a une chance sur deux pour que le type la lui fasse à l'envers et le laisse lui tenir la porte jusqu'à ce que la horde d'hybrides débarque. Ce ne serait pas la première fois ; sous son front fiévreux, Francis sent la peur de se faire enfler dévorer le regard bienveillant de son acolyte, de la poigne ferme qui l'a tirée hors du cataclysme fracassant qui s'est abattu sur le pub. C'est terrifié qu'il repousse la porte et y presse son épaule, basculant son poids plume contre le battant. Il guette, non pas les cris de l'autre côté du mur, mais le couinement dans les derniers cabinets ; quand il entend grincer la lucarne, Francis relâche la poignée et est déjà à mi-chemin dans les toilettes quand le « Viens ! » de l'Irlandais retentit nettement. Le poids sur son estomac se transforme ; la méfiance à l'égard du brun a entièrement laissé la place au pic de stress provoqué par la VB -et, désormais assuré de pouvoir compter sur l'autre dans une certaine mesure, Francis se sent lui pousser des ailes.

Sans s'embarrasser de politesse, sa vieille basket prend appui sur les mains liées du sorcier ; ses doigts se referment comme deux serres sur l'ouverture étroite et Francis, en un éclair, hisse son corps de squelette et se faufile comme un lézard à l'extérieur. Sitôt se retrouve-t-il sur les pavés que les hurlements péremptoires se font entendre ; Cat se relève précipitamment, le nez vers l'ouverture. « Dépêche ! » fait-il en sentant une sueur froide lui parcourir le dos à rebrousse-poil ; et lorsque le premier bras apparaît, il s'en saisit, et tire jusqu'à le déloger de la lucarne.

Ils chutent ; l'autre roule et dégaine sa baguette. Quelques secondes plus tard, la fenêtre explose et Francis, un bras levé vers son visage pour s'en protéger, se redresse aussi vivement que lui permet ses muscles gorgés d'adrénaline. Sans elle, il aurait déjà été cuit. « On dégage ! Si t'as un sort pour nous sortir de là, c'est pas de refus. » Cat l'attrape par le col pour lui insuffler l'élan nécessaire ; puis il détale, dans la direction opposée au Blue Moon et aux cris.
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Détaler. Courir. Cavaler. Déguerpir. Décamper. Il y avait tant de verbes pour qualifier la course poursuite qui venait de s’engager. Tant d’expressions aussi. Prendre ses jambes à son cou. Avoir le diable à ses trousses. S’enfuir à toutes jambes. Prendre la poudre d’escampette. Et le plus amusant c’est que tous illustraient parfaitement bien le tableau dépeint par les deux gamins s’élançant dans le quartier moldus à toute hâte, fuyant un danger aussi dangereux que mortel. Les habitants, habitués aux soirées aux débordement multiples ne prenaient même plus la peine de venir s’accouder à la fenêtre pour prêter attention aux fuyards et à leurs assaillants qui brayaient de s’arrêter.

« Tourne à gauche ! » cria Shea pour couvrir le bruit d’une voiture qui tournait au même endroit. Et d’un seul mouvement, ils bifurquèrent dans une petite ruelle éclairée à la seule lueur des quelques réverbères présents. Au même moment les éclairs des sortilèges que les membres de la VB jetaient commençèrent à les rattraper, s’évanouissant dans les ténèbres autour d’eux, faute de n’avoir pu atteindre leur cible. C’était le signe que les assaillants eux-même gagnaient du terrain. Brandissant alors sa baguette en direction des réverbères, et entre deux souffles, Shea marmonna « Confringo ! » à plusieurs reprises. Les sortilèges brisèrent un à un les cinq ampoules, plongeant la rue dans un noir réconfortant. Ils n’étaient plus autant à découvert, les membres de la VB ne devaient plus savoir où visier exactement pour les atteindre.

Malgré toute l’adrénaline qui ne cessait de traverser leur corps d’une même intensité, Shea se mit à ressentir les premiers signes de faiblesse, son souffle se faisait plus court et ses enjambées se réduisaient peu à peu. Ils traversèrent la rue perpendiculaire à toute allure, si une voiture était passée au même instant, elle les aurait percuter de plein fouet. Heureusement, les phares étaient à quelques mètres lorsqu’ils surgirent sur le bitume. «  Dans le parc ! ». Entouré des habituelles grilles noires en ferrailles, un petit parc se découvrait devant eux. Shea plongea alors la main dans sa poche et en sortit des clés. « Prends ça ! » Ne souhaitant pas prendre les risques de faire tomber leur seul moyen de s’échapper d’ici, Shea attrapa la main de Francis pour y fourrer les clés. « Ma moto est garée de l’autre côté ! Elle est rouge ! Démarre-la et reviens me chercher, je vais essayer de les retenir ici ! » Le plan était laborieux. Mais c’était le seul plan qu’ils avaient. Shea avait peur de ne pas avoir le temps de démarrer la vieille moto du premier coup et s’ils s’arrêtaient tous les deux autour de celle-ci, ils deviendraient une cible bien trop facile pour les sorciers d’élite qu’étaient les membres de la VB.

Visiblement choqué d’être investi d’une mission aussi cruciale, Francis ne broncha pas dans un premier temps. « Protego ! » Le charme du bouclier se créa juste à temps pour dévier un sortilège qui aurait percuté de plein fouet le gamin s’il n’était pas apparu, le sortant de sa torpeur, il bondit sans jeter un regard à son sauveur. Shea eu un pincement au coeur. Il ne pu s’empêcher de vouloir lui crier de ne pas oublier de revenir, réalisant soudainement que rien n’obligerait le garnement à revenir le chercher. Il n’eut cependant pas le temps de plus s’en inquiéter, une rafale d’éclairs rouges fondirent sur lui et il ne pu les éviter qu’en plongeant sous un bosquet. Pitié qu'il revienne.
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Son cœur poursuit sa course dans sa poitrine, prenant le rythme de ses jambes. La peur est redoublée par la nature sorcière de cette poursuite -s'il a couru pour échapper à des sorts similaires, voire plus létaux, du côté moldu, sa crainte de la magie reste ancrée en lui. Poussée par elle, Cat se sent naître des ailes ; il fonce comme un dératé, bifurquant sans savoir réellement vers quoi aux directions de son acolyte de fuite. Il lui fait confiance, depuis qu'il la fait passer le premier hors de la lucarne ; n'importe quel autre sorcier se serait simplement servi de lui comme poids mort contre la porte des toilettes, Cat en est certain. Un glapissement terrorisé lui échappe quand une vive lumière tombe à un mètre à leur droite ; aussitôt l'Irlandais réplique, et la rue se plonge dans une obscurité salvatrice.

Cat propulse sa carcasse des maigres forces qui lui restent, soutenu par l'adrénaline et l'habitude malheureuse de filer au nez des policiers de Londres. En dépit de ses efforts, son souffle en vient à manquer, ses jambes faiblissent ; un vertige furieux le saisit. Francis serre les dents, s'accroche à l'assurance d'être renvoyé aussi sec dans l'un de ces HLM sorciers où Sylas marine dans sa cervelle atrophiée, et déboule avec le sorcier sur la route, priant pour qu'aucune voiture ne surgisse à cet instant. Devant les grilles, ils freinent des deux fers. « Prends ça ! » Francis essuie vivement la sueur qui lui coule dans les yeux, attrape de justesse le jeu de clés qu'on lui lance.

Quelques secondes, pour comprendre ce qu'il lui demande. Les sourcils froncés dans l'effort se haussent d'un bond, laissant la voie libre à deux grands yeux ébahis, lorsqu'il percute. « J'ai jamais conduit... » « Protego ! » Un nouveau cri lui échappe au choc manqué ; secoué jusqu'à l'os, Francis se redresse, et déguerpit vers sa mission sans demander son reste.

D'un rouge flamboyant, la moto lui saute aux yeux sitôt qu'il franchit l'autre côté du parc. Il s'y précipite et, tremblant, s'y installe. Sous ses jambes maigrichonnes, la deux-roues lui fait l'effet d'un dragon de taille adulte -Francis, dont l'expérience motorisée se résume à un tour de mobylette autour des HLM, se demande s'il n'aurait d'ailleurs pas préféré un dragon plutôt que la responsabilité monumentale qui lui a échoué sur les épaules. De nouveau, il sèche la sueur froide sur son front, tandis que de l'autre main il tourne la clé dans le contact.

Rien.

Il tourne dans le vide, une fois, deux ; relève le nez en s'humectant les lèvres, sentant la panique le gagner, à la recherche de la combinaison qui le fera démarrer. Il se rappelle des cascades de Jamie sur l'énorme moto de son oncle ; paume sur le guidon, il tire sur la poignée, tourne la clé, et inspire en priant la petite pierre lovée dans son sac, tout contre son dos.

La bête pousse un rugissement mécanique, et projette sur la rue une lumière digne d'un phare ; sans attendre, Francis relâche l'embrayage, et décolle en manquant de tomber à la renverse. Par miracle, ses tours de HLM paient et il évite lampadaires, voitures garées, grilles du parc, tient miraculeusement sur sa monture jusqu'au point de rencontre ; les sorciers sont bientôt à la hauteur de l'Irlandais, et Cat, le cœur battant plus vite qu'il n'aurait cru possible, fonce, freine, dérape -tombe sur le bitume à quelques mètres de l'objectif. « Aouch, connerie ! » Aussi vite qu'il le peut, il prend appui sur sa jambe valide et la grille du parc, se redresse, s'assurant bien qu'il a toujours dans le dos son sac rempli de trésors. « Vite ! »
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Shea ne se fait pas prier plus longtemps, il a déjà été frôlé par au moins trois maléfices dont un avait manqué de lui arracher le bras gauche. Les agents de la VB auraient bientôt fini par le retrouver malgré l’obscurité des bosquets et il finirait en pâté pour les loups-garou à la botte du Ministère. Juste un petit tas de croquettes croustillantes sous leurs dents aiguisées. Quel triste destin songea t-il brièvement tandis qu’il ignorait les insultes et les menaces proférées par les membres de la VB dont les voix étaient désormais beaucoup trop proches.

Lorsqu’il entendit enfin le grondement de sa moto, il sentit un immense sentiment de soulagement s’abattre sur lui. Le premier sentiment positif depuis le début de cette évasion mouvementée, rocambolesque et totalement improbable.

Faisant apparaître un dernier sortilège comme un écran de fumée, Shea rejoint Francis en quelques enjambées puis sauta littéralement sur le siège de la moto qui s’ébranla beaucoup sous son poids. Si Francis n’avait pas été là pour la retenir de toutes ses forces, probablement qu’ils se seraient écrouler par terre avec elle.

Sans plus s’en soucier, Shea embraya, tourna la poignée vers lui et plus vite qu’il ne fallait pour le dire, les voilà qui étaient déjà en train de s’envoler dans le ciel. La violence de l’embardée aura au passage obligée Francis à s’accrocher a la veste de son aîné pour ne pas glisser par dessus la moto.

Le sol se mit à s’éloigner à toute allure et bientôt les membres de VB disparurent dans l’obscurité de la nuit. Il n’y eut plus que les lampadaires londoniens qui scintillaient, rassurantes, à la manière des lucioles. Bientôt même, les tâches de lumières se mirent à s’espacer, les pourtours sombres s’agrandissèrent et les grandes artères s’élargirent. Les gamins quittaient enfin la ville pour la périphérie, et bientôt se serait la campagne qui s’étalerait sous leurs pieds.

Depuis leur départ de Londres, aucun des deux n’avait encore prit la parole, chacun reprenant peu à peu leurs esprits. Cela devait bien faire trente minutes qu’ils volaient lorsque Shea se résoulut finalement à briser la glace. « J’habite en Irlande, près de Belfast, on devrait arriver dans une heure et demi. » La nouvelle était dure. Il le savait. Une heure et demi, c’était long. Mais de toute évidence, ce n’était pas ça qui avait le plus frappé le gamin. « On va traverser la mer d’Irlande ?  demanda t-il d’un ton assez peu assuré. » Sa demande arracha un petit rire à Shea qui se perdit dans les bourrasques de vent.
« Oui, mais ne t’en fais pas, j’ai l’habitude
Même dans le noir ? 
- Contente toi de ne pas t’endormir et je te promets d’arriver un seul morceau à bon port. »

Mais c’était plus facile à dire qu’à faire. Et Shea sentit très vite que Francis ne parviendrait pas à rester effectivement éveillé le temps restant du trajet. L’adrénaline avait cessée de faire effet pour ne laisser plus que la fatigue, le froid et la faim tirailler le corps du gamin. Il le sentait dans la poigne toujours accrochée à sa veste qui faiblissait. Sans trop savoir comme apprivoiser ce mioche aux instants de protection aiguisés, Shea avait préféré ne rien lui faire remarquer. Ce qui fut probablement la plus mauvaise idée de la soirée. Alors qu'il apercevait encore la côte irlandaise au loin, il sentit surtout le poids du corps de Francis chavirer sur le côté gauche de la moto. Son instant premier fut de faire une large embardée sur le côté droit pour rétablir l'équilibre de son corps inanimé par le sommeil. Il tira son bras droit en arrière pour l'empêcher de sombrer cette fois-ci du côté droit. « Gamin ?  l'appela t-il. » Aucune réponse.

La situation était inconfortable au possible, tenir le guidon de la moto de sa seule main libre lui demandait un effort difficile. Si proche de la côte, les bourrasques de vent l'obligeait à contrer les fluctuations en redressant toujours le cap. Shea avait bien une idée, mais celle-ci incluait au moins cinq longues secondes d'une improvisation qu'il ne pourrait contrôler.  « Gamin ?!  l'appela t-il une dernière fois. » Toujours pas de réponse. Shea soupira.

Concentrant toutes ses efforts sur les prochains geste qu'il allait effectuer, Shea se pencha lentement en avant, gardant juste la tête tendue pour voir où il allait. Cette nouvelle position parmi à Francis de trouver un maigre équilibre, se reposant sur le dos de Shea. Profitant de pouvoir récupérer sa main occupée jusque là à tenir le gamin, le Travellers parvint à récupérer sa baguette magique glissée dans la manche de sa veste. « Incarcerem  dit-il dans un souffle ». Et aussitôt, des cordes jaillirent de nul part, ligotant le corps chétif de Francis au sien. Il pu alors se redresser avec un soupire de soulagement. Cela n'avait rien de confortable, mais il pourrait conduire en toute sécurité jusqu'au camp.

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Le lendemain, les aiguilles de la montre de Shea indiquaient quinze heures quarante-huit lorsque Kathleen se pencha à son oreille. « Ton gadjo est en train de se réveiller Shean. Tu devrais aller le voir, je crois que je l'ai entendu chialer .. »
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Isidore Oxley
ORDER OF THE PHOENIX
Isidore Oxley
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Âge : 26 ans.
Occupation : Fugitif, medic de l'Ordre au sang chaud, formé par la guerre, ses aîné.e.s et son feeling de triton.
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Particularité : Demi-triton. Depuis qu'il le sait, c'est devenu une excuse pour ses coups de sang (et une bonne occasion de faire flipper les sorcier.e.s bien-pensant.e.s).
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Des fils d'argent fusent sur la nuit ; fusées discrètes, elles tracent leur cours, et en une courbe élégante, décrivent un arc-de-cercle vers le sol.

Puis la guerre commence.
Les fusées explosent et brisent la toile nocturne ; bombes pourpres et noires, elles aveuglent l'horizon de Francis. Ses orbites roulent, il crie sans un bruit ; quand il tente de s'enfuir, il s'aperçoit qu'on lui a attaché poignets et chevilles. Les liens, vivants, se resserrent, à blanc contre sa peau translucide, et tous côtés l'offensive résonne, assourdissantes, craquelant l'épiderme malade de Cat qui hurle, hurle, hurle...

Dans un sursaut gigantesque, Francis se réveille et se redresse comme un diable, précipitant son corps meurtri contre le mur. Son dos y colle, et lui donne l'impression d'un vieux chewing-gum crasseux ; yeux écarquillés, respiration sifflante, Francis doit prendre quelques instants pour saisir les contours de cette réalité brutale, frissonnant d'un mal qu'il n'entrevoit qu'après avoir cligné plusieurs fois des yeux. Premier constat : il est en sécurité -une sécurité domestique, un espace clos, un lit et l'absence de menace humaine, animale ou sanitaire à proximité de lui. Le silence, le pépiement des oiseaux à l'extérieur ; ses sens se déploient, inégaux, apaisant le rythme cardiaque erratique de Catmack. Il se passe une main sur le visage -moite serait un doux euphémisme pour caractériser les coulées de sueur qu'il y trouve- et défait la fermeture éclair de son éternelle veste de jogging où il étouffe, l'envoie valdinguer loin de lui, retire son T-shirt collant, se déshabille à un rythme effréné, allant crescendo au fil de l'effeuillage. Tout est trempé, sale, imbibé de la fièvre qui le secoue encore ; Francis a chaud, froid, voudrait vomir et hurler le rêve qu'il a encore au fond de la gorge. Les gestes violents lui pompent la maigre énergie qui lui restait au fond du corps, et à bout de souffle, il se retient au matelas, nu comme un ver -avec sur le crâne, cette tignasse où fourmillent encore les filets et les étincelles.

Des coups résonnent à la porte ; Francis sursaute, sent sa poitrine se serrer d'une angoisse sourde, encore imprimée sur sa chair. « Je peux entrer ? » Inspire, expire ; Francis balbutie : « Euh, u-une seconde... » Sa voix semble s'échouer à quelques centimètres de lui. Panique ; la porte s'ouvre après une hésitation, et Cat rabat précipitamment la couverture fine sur lui, rougissant jusqu'aux oreilles lorsque le regard du brun se braque dès la première seconde sur son torse nu. « Euh, pardon je suis pas... », marmonne-t-il encore en remontant les draps sur lui, mais le sorcier a un sourire indulgent aux lèvres. « Bien dormi ? Comment tu te sens ? », demande-t-il en repoussant la porte derrière lui, étouffant les bruits d'une maisonnée en activité. Francis sent sur lui son regard inquisiteur, ne lui jetant qu'un coup d'oeil, occupé à maintenir à flots sa contenance dans un océan fiévreux où l'embarras se distille comme un poison. « Oui. » Le cœur au bord des lèvres, il relève les yeux vers lui -son sauveur, ni plus ni moins, Francis se rappelle des morceaux de guerre, de la moto et de l'odeur du sel, de l'oeuf qu'il a fini par rendre, à son arrivée de l'autre côté de la mer. « On est où ? » Il tourne la tête vers la fenêtre. « Il est quelle heure ? » Revient à lui ; « comment tu t'appelles » reste coincé sous les premières couches de l'urgence. « On est chez moi -chez nous en Irlande, près de Lahinch. Tu connais ? » Francis secoue négativement la tête. « Et il est presque seize heures. On a dormi un bout de temps. » Un nouveau sourire étire les lèvres généreuses de son hôte, que Cat considère du coin des yeux -la confiance de la veille se réinstalle avec douceur dans ses synapses, mais la méfiance de toute une vie freine son évolution, quatre fers plantés dans le sol infertile de ses peurs. « Tu as faim ? » Francis a tout le temps faim ; au sortir du lit, la tête renversée par ses maux, il sent son ventre gronder en silence, croulant sous la confusion générale -quelque chose le tracasse visiblement, et après un signe d'hésitation, demande, incertain : « Euh, je peux prendre une douche avant ? » « Bien sûr. » Et, devant le regard que le géant adresse au caleçon usé jusqu'à l'os qu'il ramasse à ses pieds : « J'en ai de rechange dans mon sac. » Troué également, pas tout à fait propre -mais déjà plus sec que la serpillère à carreaux rouges et bleus qu'il enfile, sitôt que la porte se referme sur le sorcier et sa promesse alléchante de confort.
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