"This is preposterous."

Peu importe le nombre de fois où Lesath l'a répété, le directeur du département de la cosmomagie a été impitoyable et inbrélanlable. Il a eu la bonne idée d'annoncer à Lesath et Fawley la nouvelle en les gardant séparés, de peur de provoquer une supernova sans doute - ainsi, quand il est sorti du bureau du directeur, Lesath a pu voir Fawley qui attendait sagement sur le petit banc en face de la porte et a pu lui jeter un regard noir comme si c'était de sa faute. Il n'a pas pu retenir une légère satisfaction à l'idée d'avoir été appelé en premier-- "Alphabetical order," a précisé le directeur en le faisant sortir, comme si il avait lu dans ses pensées. "Finnegan, please come in."

Lesath est rentré furieux chez lui, ignorant la brûlure de la distance de Shaula dans sa poitrine et le picotement de l'embarras dans sa nuque et le long de son dos. Il a passé la nuit suivante allongé dans son lit, les yeux grands ouverts à regarder son plafond garni de fausses étoiles lumineuses. Il a écrit trois lettre: la première à Shaula, la deuxième à son père, et la troisième à Fawley lui-même. Il n'a envoyé que la première, en express pour l'Irak, au petit matin. En revenant à sa petite résidence sur l'île de Muck, il a jeté un regard assassin dans la direction générale de celle de Fawley - tous les professeurs du CSSS sont logés à la même enseigne, dans l'endroit le plus apte à la cosmomagie au Royaume-Uni. Ils ont été voisins jusque là sans se croiser (heureusement) sauf une fois sur le ferry, trajet pendant lequel Lesath a fait mine d'être particulièrement être intéressé par ses mains posées sur son giron.

Désormais, il n'a plus le choix. Le directeur du département leur a donné une mission très importante: écrire, ensemble, un texte d'analyse sur la météorite qui s'est écrasée près de Dumfries en passant sous les radars sorciers. Il a bien fait de brosser Lesath dans le sens du poil en lui disant à quel point sa présence dans le département était appréciée, etc etc etc. Quand il lui a annoncé que Fawley travaillerait avec lui sur le projet, Lesath a cru avoir mal entendu; puis a cru à une farce; puis, enfin, a failli briser sa tasse sur sa coupole en se hâtant de l'y reposer d'une main tremblante.
Quelle idée farfelue.

Après avoir passé deux jours à bouder, Lesath s'est rendu à l'évidence. Impossible pour lui de décevoir le directeur du département et, surtout, improbable qu'il laisse à Fawley le soin de faire le premier pas et donc d'être le plus mature d'eux deux! Il irait lui-même le chercher pour discuter du projet et du dossier, de la météorite, de ses pensées (stupides) et de ce que leur centre de recherches pourrait en tirer.
Oui, parfait. Il ne manquera pas d'en toucher mot au directeur. Cela pourrait même soutenir sa demande de tenure et de financement pour l'année suivante...

Alors c'est avec un sourire satisfait et un entrain factice qu'il s'habille ce matin-là. Il choisit sa plus belle chemise, attache ses cheveux dans un catogan élégant et brosse sa barbe comme si se montrer aussi raffiné que possible allait impressionner Fawley. Et il tombe un peu des nues quand il ouvre la porte de son cottage pour y trouver Fawley, qui a l'air aussi surpris que lui de le voir.
Il a eu la même idée, l'enfoir-- "Professor Fawley." Lesath réprime (à grand mal) l'expression méprisante qui manque de s'immiscer sur ses traits, comme si il venait de mordre à pleines dents dans un citron. "You're... here." Il fronce les sourcils d'un air embêté. "I was on my way to come see you." Maintenant, il se sent un peu bête à avoir déjà enfilé sa veste. En grinçant des dents, Lesath s'efface pour le laisser entrer. "Just as well, just as well. It's about time we discuss this... dreadful business." Il lui fait un geste de la main pour l'inciter à pénétrer dans son cottage, aéré et bien rangé pour une fois. Il ne peut pas s'empêcher d'être un peu déçu: malgré tout, il se découvre plutôt curieux de découvrir l'antre de Fawley. Non pas qu'il l'intéresse! Au contraire. Lesath oudrait juste s'assurer q'il vit dans un taudis pour pouvoir le décrire en long en large et en travers à Shaula, qu'ils se moquent bien de lui et ses horribles manières d'homme britannique.

This is preposterous, se répète le chercheur en boucle alors qu’il attend le dos bien droit que le directeur en ait terminé avec Çelik pour le faire entrer. Les mains posées sur ses genoux, il ne bouge pas d’un iota si ce n’est pour le léger tressaillement de son sourcil gauche qui augmente à mesure que les minutes passent. On ne lui a pas indiqué la nature de cette convocation – un point que Finnegan ne supporte pas, préférant être préparé avant chaque entretien – mais en plus on le fait attendre et passer en second alors qu’il a des choses bien plus importantes à faire que de rester dans cette pièce exiguë et mal aérée. Ses pensées alternent donc entre Que me veut le directeur et pourquoi on me fait passer après Lesath Çelik, quand la porte s’ouvre – enfin – sur un collègue qui lui envoie un regard noir, auquel il répond bien entendu par une œillade blasée et un fin sourire narquois lorsque le directeur précise « Alphabetical order. ». Et le détail des capacités du Directeur à lire dans ses pensées est relayé au second plan face à cette explication complètement logique et légitime. Jamais on ne l’aurait fait passer en second pour une autre raison que celle-ci. Bien entendu, il aurait dû y songer lui-même.

Le reste de l’entrevue a eu tôt fait de lui faire ravaler cette petite victoire implicite et a laissé le professeur dans un état d’agitation peu commune. A tel point qu’Aziraphale a décidé de changer de pièce – un livre dans les pattes – en grommelant que son colocataire l’agaçait et que le bruit de ses pas sur le parquet l’empêchait de se concentrer et ce après avoir essayé de le cuisiner sur la raison de son attitude, sans succès. Lesath était un sujet tabou entre les deux depuis que le chat-ailé avait osé assurer que son dernier article était très prometteur et non pas un ramassis d’incohérences et d’élucubrations grotesques. Ce que Finnegan acceptait de reconnaître plus ou moins dans esprit mais se refusait à entendre le reste du temps, encore moins de la bouche de son estimé chat/ami/colocataire. Cela fait deux jours et Aziraphale ne lui a toujours pas adressé la parole – furieux de ne pas être dans la confidence et de ne pas trouver sa curiosité rassasiée.

Il a passé la première journée à bouder dans son bureau tout en tentant de trouver un moyen de se trouver en présence de son collègue le moins possible et quand même fournir un travail exemplaire. Il a même longuement entretenu la possibilité de ne lui adresser la parole par longues missives avant de réaliser que cela n’était pas une possibilité viable. Puis, la deuxième journée s’est déroulée dans un bruissement de feuilles et de recherches d’ouvrages sur d’autres occurrences de météorites afin de ne pas arriver les mains vides le lendemain quand il se déciderait (enfin) à se rendre chez son collègue. Le fait qu’ils doivent habiter l’un à côté de l’autre était déjà une difficulté en soi, mais devoir se rendre chez lui, dans son intimité ne lui plaisait guère. Finnegan préférait cela cependant à l’idée de l’inviter dans sa petite demeure et le présenter à son fan numéro un, il serait obligé de se séparer d’Aziraphale si celui-ci ne faisait qu’un compliment à l’autre scientifique en sa présence et cela était absolument inenvisageable !

Finnegan prend donc sur lui le troisième jour, enfile sa redingote et réarrange tous les dossiers dans sa sacoche de travail avant de boire un thé qui lui brûle la langue, étouffer une exclamation de circonstance et sortir de chez lui pour franchir les quelques mètres qui le séparent de la demeure de Çelik. Sur le perron, il attend quelques minutes et espère toquer pour ne trouver âme qui vive quand la porte s’ouvre avant même qu’il n’ait toqué pour se retrouver nez à nez avec un Lesath au moins aussi surpris que lui. Il ouvre la bouche, la referme en une fine ligne mécontente et répond « Professeur Çelik. » d’une voix qui suinte de toute l’affabilité qu’il ressent. « You’re… here. » Son sourcil se soulève face à la platitude de cette remarque, semblant dire of course I’m here, are you really that dumb? Mais reste sinon aussi silencieux qu’immobile, tout son corps tendu comme un ressort. « I was on my way to come see you. » reprend le brun en se décalant pour le laisser entrer. « Looks like I beat you to it, » ne peut-il s’empêcher de répondre en avançant dans le cottage de Lesath, son regard dévorant tout ce qu’il le peut de l’intérieur de la pièce. On ne peut certainement pas lui reprocher de se montrer curieux, il est humain malgré tout et s’il est déçu de constater qu’il ne semble rien avoir qui sort de l’ordinaire dans la maison extrêmement propre et rangée (dommage, il aurait pu en dire quelques mots à Aziraphale), Finn tente de n’en rien laisser paraître. « Just as well, just as well, It’s about time we discuss this … dreadful business. » A cela, le chercheur ne peut qu’opiner du chef. « Exactly. Glad we’re on the same page about … all this. » Sa main est accrochée à la lannière de sa sacoche jusqu’à en devenir blanche et il est soudain pris d’une raideur qui commence en haut de sa nuque et se répand jusqu’en bas de sa colonne vertébrale. « I’m sure we can collaborate. le mot est dit sur un ton qui laisse tout deviner de ce qu’il pense de cette dreadful situation comme le dit l’autre. in a way that’ll be both effective and not a complete waste of my time. » rien n’est moins certain, Finnegan n’a jamais apprécié travailler avec autrui, les gens ayant toujours tendance soit à le retarder soit à le distraire et il ne pense pas que Lesath fasse exception à la règle. « For this purpose, I took the liberty to free myself of any other imperative for three hours everyday, from five til eight and hope you can do the same. » Trois heures par jour, assez pour avancer (d’autant plus s’ils doivent à un moment se rendre sur les lieux du crash) mais pas trop non plus pour qu’il finisse avec une migraine carabinée. C’était déjà bien plus de temps qu’il ne tolérait passer avec des gens, sa jumelle y compris.

Looks like I beat you to it. Il y a quelque chose chez Finnegan Fawley qui a un don incommensurable pour énerver Lesath. Non, pour être honnête, il y a beaucoup de choses qui l'énervent chez lui. Lesath s'est toujours considéré comme étant lent à la colère, plus lent encore à agir dessus: avant, il n'y avait que l'idée de perdre Shaula qui pouvait le remplir d'une telle émotion si peu productive. L'idée qu'on insulte, dénigre, ignore, heurte sa soeur - de quoi le rendre presque violent.
Mais Finnegan... c'est son être tout entier qui sort par les yeux de Lesath. Ses moues, sa voix, sa présence ou, pire encore, ses idées toutes plus ridicules les unes que les autres...

Le laisser entrer chez lui... c'est d'autant plus mortifiante que Lesath aurait préféré avoir la main dominante et aller chez Fawley lui-même, pour faire ce que le britannique est en train de faire en cet instant précis: observer son lieu de vie et le juger. Il grince des dents en refermant la porte derrière lui, coupant net le vent écossais. « Exactly. Glad we’re on the same page about … all this. » Lesath pince des lèvres, soulagé qu'au moins Fawley soit sur la même page. « I’m sure we can collaborate in a way that’ll be both effective and not a complete waste of my time. » Lesath inspire profondément. "Quite," marmonne-t-il, le bout des oreilles un peu rouges - de colère, de frustration, de déception - avant de s'empresser de contourner Fawley pour aller en direction de la cuisine, retirant ses chaussures au passage. Il aurait pu le prévenir de sa venue, Lesath n'a même pas préparé de thé pour l'accueillir!

« For this purpose, I took the liberty to free myself of any other imperative for three hours everyday, from five til eight and hope you can do the same. - This sounds... adequate..." répond difficilement Lesath, la concession semblant lui brûler la langue. Il s'en veut que Fawley l'ait devancé. "I shall do the same. Please take off your shoes. I will make some tea and we can go to my study. I have prepared a cursory analysis based on the files that we have gotten back from the field team, as well as a scheduling spreadsheet for the upcoming weeks." Il ne comptait pas lui montrer tout ça avant plus tard dans la semaine... (il a commencé à demander diverses autorisations de voyage et d'études de documents rares pour lui seul). Il dépose son manteau qu'il avait mis sur l'une des chaises de la cuisine, alors qu'il incante du bout de la baguette pour mettre de l'eau à chauffer.

Rapidement, il mène le chemin à Fawley à l'intérieur du cottage, jusqu'à son bureau dont les murs sont alignés avec des livres antiques et anciens dans toutes les langues, dont le plafond est constellé d'étoiles fluorescentes magiques et dont le sol est recouvert d'un tapis à poils longs qui le rassure légèrement. Il fait signe à Fawley de s'asseoir face à son bureau, et lui sert le thé précautionneusement. Le silence n'est ni tendu ni confortable. Professionel. Machinal. Une fois son verre de thé en main, Lesath se lance: "It is... a once in a lifetime opportunity... I sincerely hope that we can keep it civil and put our many differences aside for the duration of this project." Il pince des lèvres. "I know your work well, as you do mine. I see no reason we wouldn't satisfy the Director's needs and desires with this joint project."

Finnegan, debout dans ce corridor presque identique au sien - les architectes ne se sont pas triturés les méninges longtemps - regrette presque sa décision qui l’a amené jusqu’ici. D’un côté, Aziraphale se serait comporté tel le pire des fanboy et le chat sert assez de remarques grotesques sur l’autre chercheur sans en rajouter une couche. De plus, que son rival intellectuel puisse laisser une quelconque marque chez lui - ses lèvres sur une de ses tasses, son odeur sur le tissu d’un fauteuil, la trace de ses doigts sur le bois sombre de son bureau - le fait frissonner par avance. D’un autre côté, Finnegan n’est pas chez lui et doit donc se montrer aussi poli que prudent ; ne sait pas où se trouvent les objets dont il pourrait avoir l’utilité et ne se sent pas à sa place entre des murs qu’il n’a jamais empruntés.

Le chercheur enlève ses chaussures, jette un regard sur ses chaussettes anthracites (un trou accidentel est si vite arrivé) avant de suivre son hôte en ne ratant rien de ce qui l’entoure. L’analyse se veut aussi complète que discrète (une simple curiosité architecturale, rien d’autre) mais ce qu’on lui laisse apercevoir est décevant, ennuyeux à en bailler, dénué d’intérêt … Jusqu’à ce qu’ils franchissent la porte du bureau, son tatouage magique vibre soudainement et en levant les yeux au plafond, Finnegan en découvre l’origine sous la forme d’un magnifique ciel étoilé. S’il en reste la bouche béante - entrouverte - cela ne dure qu’un instant. Son regard descend ensuite le long des murs recouverts de livres sur lesquels le professeur aimerait s’arrêter un à un, mais il n’est pas là pour cela. Il s’assied donc, prend le thé tendu en s’attendant à ne pas en apprécier la température. Mais le thé est bon et tandis qu’il croise les jambes, les propos de Lesath paraissent sensés. — I’m professional enough to not jeopardize my career for petty differences. C’est une chose de s’invectiver par articles interposés, s’en est une autre de se mettre des bâtons dans les roues alors qu’ils sont supposés travailler de concert. — Although if we're being civils, there are probably a few thing you should know about me to make this work. Les mots sortent avec difficulté et derrière une moue renfrognée, en se rappelant les anciennes (et rares) collaborations qui se sont toutes terminées en pleurs ou en fuite de la part de ses non estimés confrères et consœurs. — I dislike tardiness, I don't like to repeat myself or anything that could make me waste my time. It also has come to my attention that I can be insensitive. People just cannot take constructive criticism even to save their life. Les yeux se lèvent au ciel, une nouvelle gorgée avalée avant d'ajouter comme un après-goût un peu amer.  I drink a lot of tea and I have a noisy roomate that you'll meet soon enough unfortunatly. Is there anything I should know about you? A part tout ce qu'il croit savoir après des années passées à lire ses papiers ou à entendre parler de lui ici et là.  

— I thought I’d be the only one to ask for this project. Finnegan avait été étonné en apprenant quelques jours plus tôt qu'ils étaient deux sur l'affaire. Et s'il y avait une certaine surprise admirative derrière la formule, celle-ci s'étouffait bien vite en se souvenant qu'il s'agissait de Lesath. Finnegan aurait préféré n'importe qui d'autre. Même l'insupportable nouveau fraîchement arrivé. I guess that two brains can work better than one in the right conditions. Ce n’est pas dans les habitudes du sorcier solitaire de collaborer avec des collègues mais le directeur a été plus que catégorique sur la question. — You could show me this cursory analysis of yours now that everything is settled. Finnegan a sa petite idée, extirpe d’ailleurs plusieurs papiers de sa sacoche reliée directement à son bureau, mais laisse à l’autre professeur l’opportunité de débuter et ainsi de se ridiculiser en proposant une approche qui ne sera pas la plus optimale possible. Ou d’être agréablement surpris, ce dont il doute encore fortement.

Lesath se sent en contrôle, là où il se trouve assis derrière son bureau, face à Fawley. Même si il a l'impression que l'autre chercheur s'est introduit chez lui et qu'il aurait préféré faire ça en terrain neutre ou, au contraire, partir en conquête de la maison Fawley, il y a quelque chose de rassurant à être assis dans son fauteuil, dans son bureau, dans sa maison. Il peut ainsi lui montrer discrètement sa belle collection de livres et d'instruments en bronze qui viennent de partout dans le monde. Oh, qu'est-ce qu'il aimerait que Shaula soit là, pour que Fawley lui envie l'intellect et les compétences incroyables de sa soeur...!

Plus tard, peut-être, quand elle reviendra (si elle revient un jour - le coeur de Lesath se serre à cette pensée). Pour l'instant, le projet. "I’m professional enough to not jeopardize my career for petty differences." Lesath pince des lèvres, ses yeux s'étrecissant alors que son cerveau fait des heures supplémentaires pour essayer de déceler une marque de moquerie ou de reproche dans la voix de Fawley. Il n'en trouve pas. "Although if we're being civils, there are probably a few thing you should know about me to make this work. I dislike tardiness, I don't like to repeat myself or anything that could make me waste my time. It also has come to my attention that I can be insensitive. People just cannot take constructive criticism even to save their life. I drink a lot of tea and I have a noisy roomate that you'll meet soon enough unfortunatly." Lesath cligne des yeux, surpris par l'avalanche d'informations, mais un peu impressionné aussi par la maturité et de la légère vulnérabilité que Fawley est prêt à exhiber devant lui. Roommate? s'interroge-t-il. Il n'a jamais vu quiconque d'autre entrer ou sortir de la maison de Fawley. Non pas qu'il l'observe obsessivement...

"Is there anything I should know about you?" Lesath pose ses mains à plat sur son bureau, réfléchissant à la question. "I am very organised and don't like it when people touch my things or move it around. I work very well the way I've always done and don't wish to see this change. I do not work on Fridays. I enjoy my solitude and I dislike surprises of any kind." Quoi d'autre? Lesath a l'impression de ne pas assez en dire, ayant été pris de court par les soudaines révélations de Fawley qu'il est encore en train de tourner et retourner dans sa tête sans s'arrêter. "I really want to see this project through," ajoute-t-il après une courte hésitation.

"I thought I’d be the only one to ask for this project." Lesath aussi; il pince des lèvres en y amenant son verre de thé pour laisser à Fawley l'opportunité de continuer. "I guess that two brains can work better than one in the right conditions. - Yes." Lesath repose lentement son verre. "And it's not any two brains we're talking about," ajoute-t-il posément, du bout des lèvres, en détournant le regard. Malgré leur feud qui dure depuis des années, Lesath est bien capable d'admettre que Fawley, malgré certains de ses écrits les plus ridicules, est incroyablement intelligent. C'est bien pour ça qu'il est si frustrant!

"You could show me this cursory analysis of yours now that everything is settled." Lesath plisse des yeux, vexé que Fawley prenne aussi les rênes de la conversation, surtout quand il le voit attraper quelque chose dans son sac. Il n'aime pas l'idée d'être le premier à se lancer et d'ainsi se présenter en position de vulnérabilité, mais il se fait violence. Il sait ce que Shaula ferait à sa place et ce qu'elle lui conseillerait de faire. Et il ne peut pas la décevoir, même si elle est si loin. "Very well." Il ouvre un tiroir de son bureau pour en sortir lui aussi des diagrames animés de la trajectoire de la météorite et l'introduction sur laquelle il a travaillé plusieurs heures. "Let's see..."

Ils parlent pendant des heures. Lesath est le premier surpris, quand il lève les yeux vers l'horloge et qu'il voit que l'aiguille en a fait plusieurs tours. La nuit a commencé à tomber: Lesath a l'air absolument abasourdi quand il regarde par la fenêtre et qu'il voit que le soleil est en train de se coucher de l'autre côté de l'île. Il regarde sa montre, comme pour bien vérifier que tant de temps s'est passé, et relève un regard hagard vers Fawley.

Il ne pensait pas que c'était possble, de se perdre ainsi dans une conversation, surtout avec quelqu'un comme Fawley. Il repense à ce que Shaula lui avait dit de sa rencontre avec Quon, comment elle s'était perdue dans ses yeux et que le temps s'était suspendu pendant un moment.

Lesath fronce les sourcils. "It is quite late," dit-il lentement, d'un ton un peu perdu. La journée lui a filé entre les doigts sans qu'il s'en rende compte. Il a une vie si bien organisée, malgré tout, et la pensée le contrarie très légèrement. Il se lève du bureau avec une légère grimace d'inconfort. Le thé est froid, la pièce aussi: il ne l'avait même pas remarqué jusqu'à ce moment précis, ce retour soudain à la réalité. Son estomac gargouille alors qu'il se redresse. "I hope this discussion was to your liking. It has given me... much to think about... and a clearer view of our goal here." À vrai dire, Lesath réalise qu'il n'a pas envie que ce moment se finisse. Il a envie de s'y raccrocher, de le faire durer alors, avec beaucoup de maladresse, il ajoute: "What you said about stardust and its effect on Divination spells has tickled my attention in particular. Would you like to stay for dinner so that we may talk about this more?"