tw: mention explicite, toxicité masculine tbh, misogynie, psychophobie (?), insultes

Buck vient de dire une vérité. Du moins, il est à peu près sûr que c'est la vérité: il n'a pas d'autres mots pour définir ce qu'il ressent pour Dina que de dire qu'il est amoureux d'elle.
Et pourtant, il a l'impression d'avoir formulé la mauvaise réponse. Corban se pétrifie puis se retourne, se détourne. Buck continue de fumer comme si il n'avait pas remarqué. C'est le genre de comportement qu'on apprend dans les dortoirs des garçons, quand on fait semblant de ne pas entendre Snivellus pleurer sous ses draps ou Amycus avoir un cauchemar terrifiant quelques lits plus loin: une distante respectueuse, macho et toxique émotionnellement, qui érige des remparts entre tous ces garçons qu'ils n'auront jamais ni la force, ni le courage de briser.

Une partie de Buck est bien content de ce rempart: il se réfugie derrière timidement, caché aussi dans un nuage de fumée de cigarette, les yeux rivés vers le plafond. "I know…" La voix éraillée de Corban lui donne envie de le regarder mais il s'en empêche, regrettant le contact agréable et rassurant de son bras contre le sien. "And she loves you too…" C'est plus fort que lui, Buck se sent sourire. Un sourire amusé, triomphal et heureux. Un sourire un peu triste. "Yeah?" demande-t-il en connaissant déjà la réponse. Corban est son meilleur ami: évidemment qu'il va abonder en son sens.

Alors pourquoi est-ce que ce moment est si lourd et chargé, la petite chambre à l'étage des Trois Balais envahie de non-dits et de secrets et de choses pour lesquelles ils n'ont même pas de mots ou de noms? "You can have her back, you know." Buck baisse les yeux vers son meilleur ami, dont le ventre est recouvert de petites traces rouges douloureuses. Il n'en fait pas mention. Il lui donne la cigarette: leurs doigts s'effleurent. "I don’t even like her… She’s not even that good in bed… - Oh come on, mate, you don't mean that." Buck est extatique, fier comme un coq d'entendre Corban lui dire tout ça sur Geraldina, et puis il vient de ken, il a perdu sa V-card, il est heureux, il est heureux.

Il s'efforce d'être heureux en riant, fondant sur Corban avec un grand cri, se mettant à le chatouiller sans merci. "You were the one who was moaning like a little bitch, "uhhhh yeah just like that, Dina, yeahhhhh", or whatever, you wee slut," se moque-t-il, avec plus de tendresse et de gentillesse qu'auparavant, continuant de chatouiller Corban qui se tortille comme un ver. Il finit par carrément lui monter dessus, dans un display plutôt impressionnant de confiance en lui, comme si il en avait rien à foutre d'être en sous-vêtements et que Corban soit nu, comme si c'était normal, comme si il n'avait pas besoin de plus (you construct intricate rituals which allow you to touch the skin of other men). Il finit par s'asseoir sur son torse, faisant bien attention à épingler ses poignets avec ses genoux pour qu'il arrête de se faire du mal, et lui vole sa clope des lèvres pour la glisser entre les siennes. Il ne le lâche pas des yeux, joueur et pétillant. "Stop pouting so much, you absolute cunt, "woe is me, woe is me...!" Can't you just be happy for a second and not ruin everything? Jeez."

L’effet est immédiat: "Oh come on, mate, you don't mean that," gémit Buck de l’autre côté de la cigarette. Corban va pour grommeler un sombre et dramatique: I do, que son petit camarade se jette sur lui. Corban a le réflexe de lever le bras pour garder la cigarette hors de portée, mais expose ainsi sa garde et sa maigre poitrine à peine poilue aux chatouilles de Buck.
"What the fuck, J— - You were the one who was moaning like a little bitch, "uhhhh yeah just like that, Dina, yeahhhhh", or whatever, you wee slut!" Corban rougit et grogne exagérément pour mettre ses joues et ses oreilles rouges sur le compte de l’énervement. "Fuck you, James!" couine-t-il de sa voix éraillée d’adolescent, tandis qu’il fait des mains (enfin d’une main, l’autre toujours écartée pour ne pas brûler Buck) et des pieds pour se dégager de sous son copain.

Il finit par maladroitement coincer la clope dans sa bouche pour pouvoir utiliser ses deux mains, ses paumes moites glissant sur les bras et les épaules de Buck, ses poings brossant ses côtes, ses doigts pinçant son visage. La bagarre est brouillonne, désordonnée, et dans la lenteur de leurs gestes, dans la lourdeur de leurs points de contact, on devine le besoin de se toucher, de s’agripper et jamais se lâcher.
Buck était alors trop jeune pour empêcher Corban de plonger dans ses dark places, mais il venait toujours l’y chercher, le tirer de là avec peu de délicatesse, si ce n’est dans son sourire, insupportable et provocant.

"L—Let me go! - Stop pouting so much, you absolute cunt, "woe is me, woe is me...!" Can't you just be happy for a second and not ruin everything? Jeez." Corban réalise avec désarroi qu’il est désormais coincé sous Buck, les poignets épinglés sous ses genoux, ses fesses pressées sur son ventre. Ses épaules pivotent difficilement encore un peu, avant qu’il finisse par se calmer, son souffle court, sa respiration coupée par le poids de Buck sur lui. Ses yeux remontent vers lui, escaladent chaque détail de son ventre et de sa poitrine et de ses bras; Corban imprime ce qu’il peut dans sa mémoire avec ferveur.
Buck est si heureux et si beau quand il se sait aimé.
"I’m happy if you’re happy, James," confie-t-il à mi-voix, les yeux mi-clos comme si le sourire de son meilleur ami brillait trop.  

Un silence. Le cœur de Corban bat à tout rompre dans sa poitrine, écrasé par la cuisse de Buck. Corban espère que Buck le sent, son cœur; qu’il le sent pulser jusque dans sa poitrine à lui. Corban veut que Buck sache qu’il l’aime. Il ne sait pas comment lui dire, alors il espère juste qu’il se sente porté, emporté par les vagues des battements de son cœur pulsant sous sa jambe.
"The other day, Corban semble se remettre en branle, essayant de dégager ses bras, I was doing her, you know, doggy style, and she started moaning your name??? I couldn’t believe it!! Awh James, yeah, harder daddy!!!" Corban se remet à chahuter, ses pieds battant sous les draps, tandis qu’il dégage son bras droit qui vient pincer sans douleur la cuisse de Buck. "And you know what? I prefer Alecto anyway… Un sourire mesquin tortille son visage: her brother told me she’s super good at giving head!!!" Il éclate de rire, une banshee explosant de sa gorge. "Oh man, lemme go, I’m having a boner just thinking about it!!!"

tw: mentions explicites

Le regarde de Corban sur lui réveille sous sa peau une nuée de flammes brûlantes et presque désagréables par leur intensité. Buck essaye de ne pas trop y penser, sa clope victorieuse toujours coincée dans le coin de son sourire de travers, ses yeux clairs glissés par en-bas sur son meilleur ami. "I’m happy if you’re happy, James." Il ricane en l'entendant, se redresse en sa passant une main dans les cheveux, bouge un peu du cul comme pour mieux s'installer sur Corban: comme si il était prêt à rester là, comme ça, pour toujours.
Est-ce que ce serait si mal? Sa mère n'a pas apprécié entendre de sa bouche qu'il traînait un peu trop avec des sorciers de sang-purs et surtout des supposés futurs adeptes de magie noire. Buck se souvient comme d'hier de sa darrone lui attrapant l'oreille et la tordant dans tous les sens pour vainement tenter de le dissuader de ne plus revoir Corban. Mais toutes les protestations qu'il a pu connaître autour de lui - de sa famille comme de ses potes comme de ses anciens camarades wizlings comme de certains de ses profs inquiets - n'ont jamais connu que deux oreilles sourdes et un besoin irrépressible de leur prouver qu'ils avaient tort.

Corban n'a rien d'un Snivellus ou, erk, d'un Amycus. C'est littéralement son meilleur pote. Et comme pour mieux prouver au monde que ça c'est plus important que ce Lord de pacotille, Buck s'accroche toujours plus à lui, comme une moule à son rocher.

La seule raison pour laquelle ce n'est pas terrifiant, c'est parce que Corban en fait de même. Buck le sent s'agiter sous lui, son coeur battre dans sa poitrine; il lui sourit. "The other day, I was doing her, you know, doggy style, and she started moaning your name???" Buck ricane en levant les yeux au ciel. "Yeahhhh, right!" Ca le saoulerait si Corban avait vraiment perdu sa virginité avant lui... "I couldn’t believe it!! Awh James, yeah, harder daddy!!!" Buck se met à rire, alors même qu'il devient rouge comme un lardon, à la fois excité et embarrassé. "No she did not! ... did she?" Il a presque honte de la note d'espoir dans sa voix, et ses lèvres s'étirent toujours d'un grand et franc sourire de dents blanches. Il laisse un peu de place à Corban pour se débattre et libérer ses mains, poussant un glapissement de douleur quand il lui pince la cuisse en rétaliation. "Owh, mate! - And you know what? I prefer Alecto anyway… - ALECTO?!" Buck se met à rire aux éclats en secouant la tête. "Her brother told me she’s super good at giving head!!!" Leurs rires se joignent, presqu'aussi naturellement que leurs corps.

Buck insiste un peu pour le maintenir épinglé sur le matelas; mais pas tant que ça non plus. Il a envie de le libérer, il a aussi envie de le garder dans son emprise; il a surtout envie de continuer de le toucher. "Oh man, lemme go, I’m having a boner just thinking about it!!!" Buck saute presque au plafond en l'entendant. "EW!" s'exclame-t-il en roulant sur le lit pour laisser Corban tranquille, et puis tout aussi vite: "RIIIIIGHT that's why you're having a boner." Mais sa voix est moins plaisante, moins drôle, plus pleine de quelque chose qui ressemble presque à un reproche.
Ils ne peuvent pas adresser l'espace entre eux, tout comme ils ne peuvent pas adresser l'absence d'espace d'il y a quelques instants. Alors Buck se détourne, le moment est fini, en écrasant le reste de la cigarette bien entamée dans le cendrier sur la table de chevet. "We should probably get going," dit-il d'une voix tranquille, mais nettement équilibrée pour avoir l'air distraite et affable. "I can't be bothered staying here. This place gives me the heebie-jeebies at night..." Il attrape son pantalon pour commencer à l'enfiler, le dos tourné à Corban. "Let's go to Zonko's and see what they have in stock," propose-t-il sans enthousiasme, en arrangeant difficilement sa propre érection dans son pantalon pour le refermer sans se faire mal, l'air de rien. "Maybe we could get a thing for your twincest freak future wife... something to remove that stick from her bum."

Corban ne sait pas pourquoi, lorsqu’il est comme ça avec Buck, lorsqu’ils sont l’un contre l’autre, l’un sur l’autre, l’un avec l’autre, il ne sait pas pourquoi il se sent forcé de lui dire quelque chose qui va le repousser. Il est souvent celui qui va faire la blague salace de trop, la remarque déplacée de trop qui ne laisse d’autre choix à son petit camarade de lui lâcher les poignets, de le pousser, d’éloigner leurs deux maigres poitrines l’une de l’autre. Comme si, dans un dernier élan désespéré, le trou noir dans la poitrine de Corban émettait une onde pour libérer de son joug les sentiments de son ami.
Corban a souvent été celui qui mettait fin à leurs moments ambigus, par peur d’avoir été celui qui en avait forcé le commencement.

"RIIIIIGHT that's why you're having a boner." Buck roule sur le côté et Corban bondit aussitôt comme un ressort pour se dépêtrer des draps dans lesquels il s’était pudiquement entortillé. Sa réplique reste coincée dans sa poitrine tandis qu’il cherche négligemment ses vêtements. Le silence est pesant, mais Corban sait au moins que Buck s’en est tiré, en se tirant de lui. Il sent l’intérieur de sa poitrine comme si elle se refermait, ses côtes se compressant autour de ses poumons un peu essoufflés. Il palpe pensivement la ligne osseuse de son sternum, bouchant un trou qui ne se trouvait que dans sa tête.

"We should probably get going." Corban proteste en maugréant de manière incompréhensible, comme quoi il aurait payé la chambre pour rien (même si ce qui s’y était passé était loin d’être rien; il sent encore ses oreilles bourdonner du sang qui lui avait réchauffé le visage tout du long). "I can't be bothered staying here. This place gives me the heebie-jeebies at night... - Fucking pussy…" ricane Corban d’une voix suraigu en descendant du lit pour commencer à se rhabiller à son tour.
En se penchant pour ramasser son t-shirt, il remarque distinctement le renflement sous le nombril de Buck. Il retient son souffle, obnubilé, interdit, se refusant à comprendre ce que ça faisait là, alors que Dina était déjà partie, alors que tout à l’heure il n’y avait rien, il n’y avait rien d’autre qu’eux deux et Buck sur lui et—

Corban a les genoux qui tremblent et les mains moites. Il se demande ce qu’il se passerait s’il s’approchait de lui, s’il s’approchait et s’agenouillait, sans rien dire, s’il s’agenouillait et posait ses mains et— "James…"
La voix de Buck est étouffée en second plan, écrasée par les battements du cœur de Corban qui tourne la question en boucle dans sa tête, la perspective, terrible et merveilleuse, de ce qu’il se passerait si c’était juste eux deux, s’ils franchissaient les derniers millimètres les séparant encore, même lorsqu’ils se touchaient, s’ils rendaient cet espace négatif, fusionné.
De sous sa transe, Corban sent le regard de Buck qui l’interroge. Corban a la bouche pâteuse lorsqu’il reprend: "Those are my socks…" Il désigne la paire de chaussettes trouées d’où l’orteil de Buck dépasse.

Il se rhabille à son tour, reprenant ses esprits, tâchant avec application à ne pas rester fixé sur la ceinture de Buck; il le regarde dans les yeux, l’air espiègle: "Man, at this point, she’s got a full fucking whipping willow up her ass!!" Son rire éclate, perçant, désagréable, tandis que les deux garçons quittent la chambre, se chamaillant dans les escaliers puis dans les rues de Hogsmeade, épaule contre épaule.