hope is a dangerous thing for a woman like me to have (malachi)

hope is a dangerous thing for a woman like me to have / malachi

début novembre 2007, glasgow.

L’hiver commençait à pointer le bout de son nez et en même temps que les températures chutaient, les couches de vêtements augmentaient. Vêtue d’un joli manteau dans les teintes orangées, avec une coupe légèrement oversize, Olympe flânait dans les rues de Glasgow, à la recherche de pièces d’exceptions pour habiller son intérieur. La décoration et la mode avaient toujours été ses passions et maintenant qu’elle possédait, grâce à son merveilleux père, un adorable appartement, elle ne manquait pas d’en faire un lieu à image. Milan, son fiancé-mais-pas-vraiment se fichait bien de ce qui pouvait occuper l’espace et lui faisait parfaitement confiance pour ce genre de choses. Si la blonde avait choisi une ville si éloignée de la capitale, ce n’était pas uniquement pour ses enseignes, mais aussi pour venir à la rencontre d’une tête qui se faisait bien trop rare. Malachi Goyle, contrairement à la plupart des membres de sa famille, tout particulièrement sa saleté de cousine, était une personne qu’Olympe appréciait sincèrement. Depuis Poudlard, ils étaient restés en contact, une présence familière et stable qui lui faisait plaisir, d’autant plus que cela insupportait Tara, son ancienne meilleure amie devenue meilleure ennemie.

Cependant, cela faisait un moment qu’elle n’avait pas eu de nouvelles de sa part. Même s’il aurait préféré que son ami face l’effort de venir jusqu’à chez-elle, Olympe s’était dévouée à faire le trajet, curieuse de voir ce qui l’occupait temps. Elle connaissait plus ou moins les horaires du jeune homme, si bien que quand le clocher de la grand église sonna la demi, elle commença doucement à se diriger en direction du lieu de travail de ce dernier. Sur le chemin, elle acheta deux gaufres au chocolat, dont l’odeur s’avérait particulièrement alléchante. En manque de mains, elle supposa qu’ils trouveraient un café un peu plus tard, histoire de se poser au chaud. Ponctuelle, comme souvent, Olympe se posa sur un banc, pile en face de la sortie des lieux, afin d’être certaine de ne pas le manquer.

Le bout du nez un peu rouge, la jeune femme regardait les passants, avant de finalement remarquer la silhouette de son ami au loin. Sans plus attendre, elle se leva de son banc pour venir à sa rencontre. Comme toujours, Olympe respirait l’argent et l'opulence. A sa démarche et son style, on se doutait qu’elle n’était pas une lambda. Pour autant, il y avait quelque chose qui lui manquait pour briller dans la société magique. Quelque chose qu’elle ne pouvait acheter, malgré tout l’or du monde. Le sang qui coulait dans ses veines était impur, et même si elle avait digéré l’information depuis les révélations du test VB, elle éprouvait parfois encore un peu d’envie face à ceux qui disposait de tout sans rien faire.

Malachi était de cela et pourtant, il ne lui avait jamais fait ressentir cet écart. Une qualité qui faisait de lui une personne de valeur, suffisamment pour que Bitchy Bagshot viennent se perdre en Écosse. «‌ ‌‌‌‌Je te croyais mort.‌‌ ‌»‌ Souriante, elle se tenait juste devant le jeune homme, qui ne semblait pas aussi ravi qu’elle. Naturellement, elle s’inquiéta de sa moue déconfite et lui proposa la gaufre qu’elle venait de lui prendre. «‌ ‌‌‌‌Ca va ? Ca fait un petit temps que je t’ai pas vu, tu donnes plus de news.‌‌ ‌»‌ Cela faisait peut-être un mois, peut-être deux qu’il faisait le fantôme. Un comportement qui ne lui ressemblait pas vraiment, mais qui devait, sans aucun doute, avoir une bonne raison.

(@malachi walsh)

CW : brainwashed character, et tout ce qui va avec

Malachi a rarement été aussi pro-actif et déterminé que ces dernières semaines. En fait, sa vie est beaucoup plus facile depuis qu'il a pris la décision de rejoindre ses parents et le gouvernement. La vie a repris son cours comme si de rien n'était. Il y a bien eu un avant Gracefield et un après, mais avec une fissure si nette entre les deux que c'était presque comme si ces deux concepts ne pouvaient exister sur le même plan. L'avant ne mérite pas que l'on s'y arrête. L'après par contre est tout ce qui compte ! Le tatouage à son bras pèse depuis lors contre sa peau comme une marque de reconnaissance, la certitude d'avoir enfin accompli quelque chose d'important dans sa vie ainsi que le sentiment d'appartenance à sa famille pour la toute première fois.

On ne parle pas de son ancienne épouse chez les Goyle, on ne parle pas non plus de comment il était avant ce changement. Mais les repas autrefois austères sont maintenant emplis de discussions presque agréables et de visages quasi détendus. Malachi n'a pas revu Romilda, il ne pense jamais à celle qui les a trahis, il avance sans regarder en arrière. Après un mois d'arrêt, il est même retourné à la réserve de Wyvernes pour reprendre son petit train train quotidien. Rien n'a complètement changé et pourtant tout lui semble différent. Et tout va bien dans le meilleur des mondes. Il sourit, il est heureux (si on oublie l'absence de Luca dans sa vie, seule tache au milieu d'un tableau idyllique), il va aller loin, tout va bien. Tout va bien.

On ne parle pas des migraines, et des amnésies passagères. Et des rêves la nuit. Et des pensées parfois.

Tout va bien. Malachi suit enfin les bons rails et le bon chemin, rien ne doit se mettre en travers de sa réussite. C'est pourquoi lorsqu'il aperçoit une tête bien connue en sortant de son travail, le sang pur hésite presque à l'ignorer, prétendre qu'il ne l'a pas vue. Il sent soudainement une brûlante migraine s'insinuer dans son cerveau et il doit s'arrêter quelques secondes, assez pour se laisser aborder par celle qu'il souhaitait ne pas rencontrer. C'est la première fois qu'il revoit quelqu'un d'avant Gracefield, enfin la première fois qu'il revoit quelqu'un comme elle. Enfin, non, c'est la première fois,.. la première fois que,.. Malachi secoue la tête et fronce les sourcils. Ses épaules restent bien droites malgré tout - bien plus même qu'avant. "... Bonsoir." Ce n'est pas qu'il n'apprécie pas Olympe. D'ailleurs, ils se sont même toujours entendus. C'est juste que ... il a la sensation que deux antithèses se font la guerre dans sa tête parce qu'après tout si les Battues lui ont appris une leçon c'est bien que ses proches peuvent le trahir à n'importe quel moment, qu'on ne peut avoir confiance qu'en une poignée de personnes (et qu'ils portent tous - à quelques exceptions près - la Marque) et que les autres sangs sont ... Enfin voilà quoi.

Sa tête se tourne un coup à gauche, puis à droite et il regarde pour s'assurer que personne ne pourrait l'observer en compagnie de son ... amie(?). Il passe une de ses mains dans ses cheveux rejetés en arrière, une nouvelle lubie de sa mère qu'il doit admettre plutôt apprécier, cela le grandit. "Je n'ai pas eu beaucoup de temps." Pas d'excuses et un ton sec. Ne devrait-il pas prétexter un impératif, un rendez-vous, n'importe quoi pour s'extraire à cette situation plus qu'embarrassante ? Son pied (confortablement enfoui dans une chaussure dernier cri et bien éloignée de ses choix vestimentaires antérieurs) bat un tempo pressé contre le bitume. Malachi aimerait être partout ailleurs qu'ici, mais il doit se montrer poli d'autant qu'un certain élan indicible le maintient sur place. C'est à n'y plus rien comprendre.

En espérant que la rencontre ne se prolonge pas de trop, Malachi éprouve le plus grand mal à se concentrer avec les tambourinements contre ses tempes et le malaise qui ne fait qu'augmenter depuis qu'Olympe a croisé son regard.

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( en musique )

début novembre 2007, glasgow.

Le visage de Malachi restait étrangement neutre et terne, ce qui donna un mauvais départ à l’échange. Naturellement, la blonde supposa que son ami avait passé une mauvaise journée au travail et que ce n’était qu’une question de minute avant qu’il ne reprenne son comportement habituel. D’un regard rapide et affûté, elle remarqua une tenue quelque peu différente sur son ami, ainsi qu’une nouvelle coupe de cheveux qui lui allait plutôt bien. Des détails qui lui donnaient un nouvel aura qu'elle ne saurait vraiment qualifier. Visiblement amabilité avait été enterré avec ses anciennes chaussures. Un peu vexée de la froideur des premiers mots de son ami, Olympe haussa un sourcil, avant de reprendre très calmement. «‌ ‌‌‌‌Eh bien, cache ta joie ! ‌‌‌‌ ‌»‌ L’irlandaise ne le prenait pas pour elle. Factuellement, il n’existait aucune raison pour un changement de relation entre eux. La dernière fois qu’ils s’étaient quittés, ils étaient parfaitement en bons termes et aucun élément perturbateur ne lui venait en tête.

Agacée de lui tendre une gaufre sans réaction de sa part, elle souligna son geste par la parole. «‌ ‌‌‌‌C’est pour toi.‌‌ ‌»‌ Olympe le força plus ou moins à prendre la gourmandise, avant de s’approcher, comme mieux discerner une erreur dans le tableau. Quelque chose semblait différent, mais elle ne parvenait aucunement à en cerner la source. L’espace d’un instant, elle se demandait si quelqu’un avait pu inventer une fausse rumeur à son sujet, avant de se dire que Malachi était trop malin pour cela.

En quelques secondes seulement, Malachi avait créé une faille dans le système de Olympe, qui essayait de garder sa stature habituelle. «‌ ‌‌‌‌Je me disais qu’on pouvait se poser dans un café, comme ça tu pourras me raconter tout ce que j’ai raté dans la vie de Malachi Goyle.‌‌ ‌»‌ D’ordinaire, Malachi ne refusait jamais un café en sa compagnie. D’ailleurs, il était rare que les personnes de son entourage lui refusent ce genre de choses, principalement parce qu’elle savait désormais s’entourer de personne positive. Des véritables amis, trié sur le volet, afin de ne jamais revivre l’enfer de sa sixième année à Poudlard.

Goyle, l’unique de sa famille, comptait non seulement parmi les gens qu’elle estimait, mais surtout dans lesquels elle plaçait une grande confiance. Malheureusement, à ce moment précis, pour la première fois depuis la naissance de leur amitié, Olympe se sentait mal à l’aise en sa présence. Il lui portait un regard froid, presque méprisant, ce qui lui donnait l’impression d’être microscopique (sans parler de la grandeur de son ami). «‌ ‌‌‌‌Où alors ! Tu viens manger à la maison et on se pose tranquille.‌‌ ‌»‌ De manière presque enfantine, elle essayait de relancer la dynamique de l’échange, indécise sur les raisons de la froideur de son ami.

Olympe n’était plus habituée à ce genre d’hostilité, excepté avec certains sang-purs qui ne considérait pas son père comme un mangemort fiable aux vues de sa famille. Ce regard, elle ne l’aimait pas et de la part de Malachi, elle ne savait même pas comment le gérer. Si ce n’était pas lui, elle serait sûrement déjà partie, avec son meilleur lancer de cheveux derrière les épaules. Seulement, lui avait été là quand elle en avait besoin, elle se sentait redevable, suffisament pour lui accorder le droit à l’erreur.

(@malachi walsh)

cw : brainwashed

Olympe et Malachi se regardent. Ou plutôt, Olympe fixe Malachi qui lui-même évite soigneusement de planter son regard dans ses iris clairs. Sa taille l'aide, lui permettant de poser ses yeux sur le haut de sa tête, les sourcils fins et le front lisse. Il calcule la meilleure marche à suivre. C'est une Bagshot, une amie - mais on lui a fait comprendre qu'il n'avait pas la meilleure intuition du monde, donc ce point ne devrait pas entrer en ligne de compte - une sang-mêlé, pas une partisane du Lord - et cela doit compter plus que le reste - mais en même temps, elle n'a jamais rien fait de mal Olympe. Pas qu'il sache. Et s'il y avait bien une personne que le sorcier pensait connaître c'était sa meilleure amie - et épouse - pourtant, il a bien vite déchanté. Qu'est-ce qui lui dit que la petite blonde ne prépare pas un mauvais coup également ou ne souhaite pas lui soutirer des informations, sous couvert d'une pseudo amitié créée de toute pièce par sa naïveté ? Et si c'était pour cette raison que sa cousine avait arrêté tout contact avec la Bagshot en question ?

Une gaufre lui est mise sous le nez, qu'il regarde comme si le liquide pestilentiel d'une bavboule venait de se répandre dans l'air, le nez qui se retrousse. Sa gourmandise reléguée derrière une paranoïa qui tambourine contre ses tempes. Mais c'est une gaufre, offerte en plein jour devant plein de monde, sûrement une traîtresse ne se risquerait pas à l'empoisonner en plein milieu de la rue. Alors, avec lenteur, Kay se saisit de l'offrande mais ne fait pas mine de la goûter malgré la douce odeur qui s'en échappe (elle a choisi son goût préféré) — Merci, finit-il néanmoins par répondre, politesse oblige.

Puis de nouveau le silence, il n'a jamais été très bavard mais là on frise l'indécence. Pourtant, c'est bruyant dans son esprit, et les pensées continuent d'affluer les unes avec les autres ; mélange de souvenirs traumatiques, de trahison, et de mille possibles qu'il imagine quand elle lui proposer d'aller chez lui. Plan parfait pour un guet-apens, ou un meurtre, ou tout ce qu'elle pourrait avoir en tête derrière son visage angélique et ses sourires charmeurs !

Parce que si Malachi Goyle doit retenir une chose des récents événements, c'est qu'on ne peut faire confiance à personne et encore moins à ceux que l'on connaît depuis longtemps ; les terroristes se cachent partout, et même derrière les têtes les plus innocentes. Mais il ne doit pas penser à ça, parce qu'alors, un visage bien familier revient à lui, et la lividité et le sort lancé et ... — Un café c'est très bien. Il ne pleut pas aujourd'hui, ce serait dommage de s'enfermer. Ne pas attirer l'attention sur lui, c'est ce que lui ont demandé ses parents et si Malachi respecte bien les règles, il aura regagné leur confiance et il pourra s'installer dans un de ses nouveaux quartiers débarrassés des parasites moldus. — Je ne crois pas avoir grand chose à raconter. Menteur. — Mais je suis prêt à écouter. Ce qu'il a toujours fait de mieux. Ne pas trop changer ses habitudes, ne pas attiser la curiosité de ceux qui leur voudrait du tort. Malachi a bien appris la leçon.

Il se met en marche, mène Olympe jusqu'à la terrasse d'un café plutôt encombré, et choisit une place dans un coin avant d'enfoncer ses longues articulations tant bien que mal entre la chaise et la table, de poser la gaufre non entamée et de tenter un sourire. Celui qu'il s'entraîne à faire ces derniers temps, le sourire d'apparence dont sa mère s'est faite experte depuis des années. Celui qu'on adresse aux inconnus ou aux connaissances éloignées, pas celui qu'il devrait envoyer aujourd'hui à celle qui a toujours été son amie. Mais le sorcier ne sait pas - ou plutôt il ne sait plus - ce qu'il doit faire de sa tête, de son corps, de ses mots. Il ne s'est jamais senti aussi complet et vide à la fois.

Un trou noir occupe l'espace creux et dévore petit à petit tout ce qu'il peut attraper dans sa gueule de vorace.

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début novembre 2007, glasgow.

La froideur de son ami était palpable, à tel point qu’elle ressentait un profond malaise à se tenir debout devant lui. Ils se connaissaient depuis pas mal de temps, et jamais le brun ne s’était montré aussi distant ou désagréable. Olympe ne comprenait pas, mais elle tentait de garder le contrôle. Sous sourire sympathique ne s'affaissa pas, comme si tout était absolument sous contrôle. Ses yeux ne quittait pas ceux de son ami, comme si elle essayait de comprendre ce qui se passait à travers les iris fuyantes de ce dernier. Plus l’échange durait, moins elle se sentait à sa place, ce qui pour Bagshot était réellement difficile à vivre.

A contre cœur, de toute évidence, l’autre accepta la gourmandise qu’elle lui proposait. Un dédain qui lui donnait presque l’apparence de Tara, sa cousine détestable. Dubitative, elle lui accorda un regard suspicieux, comme pour lui faire comprendre qu’elle n’appréciait pas forcément ce comportement inhabituel. Pour autant, malgré son dégoût évident, le plus âgé proposa de se poser en terrasse de café, ce qui la rassura légèrement, suffisament pour continuer la conversation normalement. «‌ ‌‌‌‌Effectivement, profitons de la météo clémente.‌‌ ‌»‌ Bientôt, le Royaume-Uni redeviendra une contrée froide et hostile, autant en profiter maintenant. Elle qui avait vécu en Afrique du Sud savait à quoi ressemblait un climat lumineux et chaleureux, suffisament pour le regretter.

Alors qu’il marchait en direction d’une bonne adresse, le jeune homme affirma qu’il n’avait absolument rien à raconter, ce qui encore une fois lui donna un mauvais pressentiment. Quelque chose clochait, mais elle ne parvenait pas à savoir quoi. «‌ ‌‌‌‌Tu as forcément des choses à raconter depuis le temps… Tu as toujours des trucs à raconter d’habitude. Déjà, ce nouveau style !! Quel homme.‌‌ ‌»‌ Olympe considérait réellement Malachi comme l’un de ses meilleurs amis. Il avait toujours été là pour elle, et tacitement, elle s’était toujours promis d’être là pour lui. Seulement, alors qu’elle faisait preuve de bienveillance, l’autre la rejetait, ce qui la rendait naturellement en incapacité de l’aider.

Une fois la table trouvée, les deux amis se retrouvèrent face à face dans un silence aussi pesant que angoissant. Mal à l’aise, Olympe commença à jouer maladroitement avec ses doigts. Du bout de la langue, elle cherchait ses mots, avant de finalement opter pour une approche plus frontale. «‌ ‌‌‌‌Malachi… Je peux te poser une question ?‌‌ ‌»‌ Ce n’était pas vraiment une question, mais plutôt une manière d’annoncer la suite des événements. Sans attendre des réponses, Olympe garda la parole, afin d’en venir le plus rapidement possible aux faits. «‌ ‌‌‌‌Il y a un problème ? Tu n’as pas l’air ravi de me voir, j’ai dis quelque chose de mal ? ‌‌‌‌ ‌»‌ Au fond, elle savait parfaitement qu’elle n’avait rien fait ou rien dit de mal. Pour autant, elle savait se remettre en question lorsqu’il le fallait, d’autant plus avec un ami qui lui était cher.

«‌ ‌‌‌‌Si tu as des problèmes, tu peux m’en parler tu sais ? On est ami, c’est à ça que servent les amis. ‌‌‌‌ ‌»‌ La douceur de Bagshot était rare. Seules quelques personnes pouvaient en profiter. Dès lors, elle se montrait assez vexée lorsque quelqu’un, comme Malachi actuellement, pouvait la rejeter. Elle ne comprenait pas le comportement du plus âgé. Elle le trouvait idiot et aimerait réellement pouvoir entrer dans sa tête pour savoir quel chat pouvait bien l’avoir fouetté. Maintenant qu'elle avait interrogé le garçon, elle resta silencieuse, lui indiquant par ce fait qu’il était temps de répondre. Olympe n’aimait pas les noms dits. Si l’autre avait quelque chose à se reprocher, il pouvait le faire, mais inutile de se comporter de cette manière.

(@malachi walsh)

cw : pensées paranoïdes dues à un brainwashing

Est-ce que vous avez déjà été enfermés dans un aquarium ? Non, bien sûr que non. Et Malachi non plus, ce serait une activité des plus saugrenues. Quand il était enfant - et que le zoomagique ne suffisait pas à le distraire, sa nourrice l'emmenait à l'aquarium juste à côté. Il se demandait alors comment c'était que de vivre de l'autre côté de la glace, les sons étouffés par l'eau, les images déformées, l'impression de flotter et d'être là mais aussi coupé du monde.

C'est prou ou moins ce que Malachi ressent depuis les jours qui ont suivi Gracefield, depuis ce qu'il a vu, ce qu'il a fait. Depuis son entrevue avec le Lord. Depuis que son monde a explosé.

Il a à la fois l'impression de n'avoir jamais été aussi clairement lucide sur la réalité du monde qui l'entoure et en même temps la désagréable sensation que les sons ne lui parviennent pas normalement, que les images lui apparaissent déformées et qu'il est de l'autre côté de la glace avec tous ses proches - ceux qui restent - perdus dans un autre univers.

C'est ce qui rend cet échange avec Olympe d'autant plus compliqué et discordant. Malachi ne sait plus à qui il peut donner sa confiance. Le Lord, ses parents, son frère. Eux d'accord. Mais le reste du monde ? Romilda est à exclure, elle est proche de celle dont il ne peut plus prononcer le prénom. Même pour Luca, il a des doutes. Heureusement qu'ils ne se voient plus, s'en est presque un soulagement. Pour Olympe, c'est pareil. Et quid de tous ces gens autour - n'aurait-il pas mieux valu la suivre chez elle ou refuser l'invitation tout simplement - il est persuadé que l'homme assis deux tables plus loin l'observe avec un peu trop d'attention. C'est suspect. Pourquoi sa main est-elle dissimulée sous la table ? Malachi voudrait se pencher sur le côté et en avant pour mieux voir mais la voix d'Olympe le rattrape, le retient. Son dos se fait bien droit et son regard écarquillé revient se poser sur son amie/peut-être anciennement/peut-être traîtresse.

Au vu du regard qu'elle lui envoie, il a raté un bout de conversation. C'est raté pour faire bonne figure, comme le confirme sa question. Est-ce qu'elle sait ce qu'il a fait ? Est-ce écrit sur son visage ? Coupable en lettres brillantes. Accompagné d'un naïf sur la joue droite et d'un imbécile sur la gauche. — Bien sûr que non. Et il rigole, un peu trop fort pour que ce soit crédible. Malachi aurait dû faire un peu plus attention aux cours d'étiquette de sa mère. tu n'as rien fait. Rien du tout. Tout va bien. Ce que le Goyle se répète depuis plusieurs semaines - cela finira bien par sonner juste. En voyant son visage, Il veut la serrer dans ses bras et la repousser au loin à la fois. Et Olympe insiste et ses dents à lui se serrent. Et ses mains moites qui glissent contre le pantalon, d'avant en arrière, encore et encore. Et le mot qui résonne comme un courant d'eau chaude dans sa prison aquatique. Ami, ami, ami. Mais ne l'atteint qu'à moitié.

L'amitié abimée s'abandonne dans les abysses.

— S'il te plait ... Parlons d'autre chose. Des perles de sueurs éclosent dans ses cheveux, s'incrustent dans le gel utilisé et s'échouent contre sa nuque. Le s'il te plait s'entrechoque contre ses dents. Il ne peut pas, il ne peut pas, il. ne. peut. pas.

Faire semblant, savoir qui croire, déceler le vrai du mensonge. Faire attention. C'est épuisant. C'est éreintant.

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début novembre 2007, glasgow.

Le mal être est évident. Son corps parlait à sa place et malgré la main qu’elle lui tendait, Malachi la rejetait. Il prétendait n’avoir aucun problème avec elle, mais son comportement ne concordait pas avec les mots. Elle voyait bien qu’il voulait partir, lui tourner le dos. D’ailleurs, maintenant qu’elle y repensait, Olympe est persuadé qu’il l’avait bel et bien vu en sortant, et qu’il s’était contenté de détourner le regard pour ne pas avoir à lui parler. Peu habitué à ce genre de réaction, d’autant plus de la part de son ami, la blonde restait dans l’incompréhension la plus totale. Le brun voulait changer de sujet, détourner l’attention et noyer le poisson. Perdue, la sorcière resta un instant silencieuse, comme pour analyser la situation, comprendre ce qui ne pouvait l’être.

Le bleu de ses yeux se perdait dans les mirettes de son ami, qui transpirait les problèmes. Que s'était-il passé ? Pourquoi ne voulait-il rien dire ? Était-il en danger ? Des questions qui mettait en émulsion le cerveau de la fraîchement diplômée. Bagshot n’était pas la personne la plus empathique du monde, mais elle l’était bien plus qu’elle ne le laissait penser. Voir son ami dans cet état lui pinçait le cœur. Elle pardonnait son comportement, mais refusait pour autant de lâcher l’affaire. «‌ ‌‌‌‌Non, je ne vais pas ignorer ta détresse.‌‌ ‌»‌ Olympe se moquait bien d’insister. Elle ne possédait que très peu d’amis et si elle ne pouvait pas les aider, alors à quoi elle servait ?

D’un ton qu'elle voulait sérieux, elle se pencha vers lui pour éponger son front avec sa serviette. Il transpirait à grosses gouttes, comme si la mort le guettait. D’un regard, elle balaya la salle, comme pour vérifier que personne ne les surveillait, du moins quelqu’un qui semblerait trop curieux de l’échange. Elle ne comprenait pas la situation, alors elle imaginait le pire, comme une personne malveillante qui roderait autour d’eux. «‌ ‌‌‌‌Dis moi c’est quoi le problème ? Un truc perso ? Ta famille ?‌‌‌‌ ‌»‌ Sa voix était basse, comme un secret qu’on chuchoterait à l’oreille d’un ami.

Olympe tentait la bienveillance, mais le garçon se montrait réticent. Il ne voulait pas de son aide. Pire que ça, il ne semblait plus vouloir de son amitié. Un pincement au cœur se faisait sentir, alors qu’elle lui cherchait des excuses. Sa manière à elle de ne pas retrouver ses vieux démons, ceux qui l’avaient envoyé en Afrique du Sud. Olympe ne veut pas céder à la colère, mais ses sourcils se plissaient trop pour l’ignorer. «‌ ‌‌‌‌Je te reconnais à peine là !‌‌ ‌»‌ Première faille de son agacement, elle qui n’a pas l’habitude qu’on lui refuse quelque chose. Elle veut être là pour son ami, comme il a été là pour elle, mais il refuse. Pourquoi ? Qui lui a monté la tête ? Qui l’a changé ? Si elle le savait, elle pourrait agir, cela ne faisait aucun doute pour elle.

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La serviette que dépose Olympe sur le front de Malachi s’imbibe en l’espace de quelques secondes. Tout son corps se tend, un peu plus. Comme un ressort prêt à bondir au premier craquement. Sa main droite serrée autour de sa baguette, s’il continue c’est elle qui va craquer avant lui. La sollicitude de son amie l’aurait attendri il y a à peine quelques mois. Olympe a grandi dans une famille similaire à la sienne - il doit faire un effort pour se souvenir qu’elle n’est pas pure - où on ne montre pas aux enfants à utiliser la bienveillance et l’empathie. Qu’elle fasse autant d’efforts est en soit une déclaration d’amitié.
Ou une trahison de plus, un vilain stratagème voué à faire écran de fumée quant à ses réelles intentions. Son regard coule soupçonneux vers la serviette qu’Olympe tient toujours dans sa main, que pourrait-elle bien faire de sa sueur ? Existe-t-il une potion qui pourrait le charmer, le blesser, le tuer et qui nécessiterait un tel ingrédient ? Malachi ne se souvient plus. En mettrait sa baguette à couper pourtant. Et son regard se durcit, ne voit que dans les mots une façade. Se concentre sur les micro-expressions de ses sourcils, et sur leur voisin qui continue de le fixer. Mais qu’est-ce qu’il veut à la fin ? Que Malachi se lève et l’invective ? Il en aurait le droit, si ce n’est qu’un moldu, le gouvernement ne le lui reprochera pas. Si c’est un traître, on le récompensera. Il est à deux doigts de le faire, sent la magie crépiter dans son bras, ses poils se hérisser. Il va le faire. Il va leur montrer à tous qu’on ne peut pas se moquer de lui impunément. Il va le faire.

Et la part de lui qui se noie dans l’aquarium cogne et hurle contre la vitre. Mais Malachi ne peut pas l’entendre. Il s’enfonce un peu plus dans les abysses. Disparaît.

Il va le faire. Ses genoux sont sur le point de se tendre, le ressort va enfin céder à la pression. Ce sera grandiose. Quand la voix d’Olympe le rattrape. Et tout s’arrête. Et Kay tremble. la secousse part de ses épaules, descend jusqu’à la pointe de ses doigts - sa main lâche la baguette qui tombe au sol dans un claquement sourd. Il est cloué à sa chaise, les talons de ses chaussures font des claquettes sur le béton. clap-clapclap-clap-clapclap. Ses yeux se fixent sur les paumes de ses mains, mais tout est trouble. Est-ce sa vision ou les tremblements qui déforment tout ? Peut-être les deux. — Tout va bien. Tout va bien. Je suis. .. toujours moi. Tt-out va … bien ? Je-je … Olympe, Je …

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début novembre 2007, glasgow.

La serviette s’humidifie rapidement, alors qu’elle sent la respiration de l’autre se saccader un peu plus. Malachi ressemble à un chien apeuré, comme s’il guettait un danger dans l’ombre. Il panique, sans raison apparente et prend un air agressif. Son regard navigue entre terreur et noirceur. Olympe, comme beaucoup d’enfants issus du monde auquel ils appartiennent, n’a jamais développé une grande compassion pour les autres. Et pourtant, sûrement à cause de ses petits malheurs, elle sait se montrer loyale et bienveillante avec ses quelques alliés. Malachi lui fait de la peine et ce comportement pique, en profondeur, sa curiosité. Une inconnue se cache dans l’équation, elle veut la découvrir, la déceler.

De sa main droite, elle relâche la serviette pour la laisser tomber sur la table, avant de tirer sa chaise un peu plus proche du jeune homme. Il semble déconnecté de la réalité, portant son regard sur les autres usagers du café. Sans difficulté, la blonde ressent la haine qui se cache dans son regard. Il en veut à quelqu’un, mais elle mettrait sa main à couper que cette colère n’est pas vraiment dû à leur voisin de table.

Soudainement, la blonde remarque la baguette de son ami et comprend qu’il déraille. Contrôlé par une force obscure, il semble vouloir en finir avec un ennemi imaginaire. Olympe s’inquiète et espère se faire entendre. Sa voix se veut plus persuasive et plus incisive. Malachi est son ami et avec les amis, les véritables amis, on peut se permettre d’élever la voix pour leur dire leurs quatre vérités.

Pour la première fois, l’autre semble l’entendre et relâche sa baguette. Cloué sur sa chaise, il semble à bout de souffle, comme s’il venait de combattre un léviathan à l’intérieur de lui-même. Il prétend que ça va. Il essaye de garder la tête haute, mais son regard hurle le contraire. La blonde n’est pas dupe, elle refuse de rentrer dans son petit jeu. Elle sent une faille, une porte ouverte pour en savoir plus. Tête baissée, elle fonce dedans, s’assurant de rappeler à Malachi qu’il peut lui parler. «‌ ‌‌‌‌Tu vas aussi bien que moi, quand j’ai changé d’école pour avoir plus de soleil.‌‌ ‌»‌ A l’époque, aux prémisses de sa dépression, Olympe mentait à qui le voulait pour prétendre se porter à merveille. Malachi n’était pas tombé dans le panneau et malgré les refus de la blonde, il avait insisté pour devenir un allié et prouver, au passage, qu’il était moins bête que la plupart.

«‌ ‌‌‌‌Malachi, tu peux tout me dire. Ça restera entre nous. ‌‌‌ ‌»‌ Malgré le comportement distant de l’autre, elle lui attrape la main, comme pour essayer de recréer un lien évident. «‌ ‌‌‌‌Quelqu’un t’a fait du mal ? Quelqu’un te fait du mal ?‌‌ ‌»‌ Elle veut savoir. Savoir ce qu’il se trame. La curiosité de Bagshot a toujours été sans limite, d’autant plus que cette fois, elle concernait un allié, un ami.

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