Les jours de cavale avaient conduit les tourtereaux, fuyards de la meute Greyback chez les vieux de Vasco, dans le fin fond du Royaume-Uni, ce qui n’était pas vraiment pour plaire à la jeune femme. Cependant, ses blessures avaient bien du mal à se refermer et son avant-bras, fraîchement cicatrisé, lui laissait un vide qu’elle n’avait pas encore réussi à combler. Heureusement, Hoshi était accompagnée de la seule personne qu’elle voulait près d’elle et, même si Gy l’avait emmené moisir dans la vieille ferme pourrie de ses parents (les beaux-parents de la louve donc), elle ne pouvait pas lui en vouloir. La gamine avait tout perdu : sa caravane, son chien, son père, la meute. Tout s’était envolé en poussière dans cette explosion et, même si la sorcière reprenait petit à petit du poil de la bête, repenser à tout ça la rendait encore fragile émotionnellement.
Cette fuite et cette volonté de survivre lui avaient cependant montrer une chose non négligeable : il était possible qu’elle se satisfasse pleinement de la seule compagnie de Vasco à qui, désormais, elle devait la vie pour l’avoir extirpée de sa carcasse presque morte.
Les deux Greyback étaient restés ensemble dans le désarroi : lui avait eu peur de la perdre et elle, avait eu peur de s’égarer dans un espace ni semblable à la vie, ni semblable à la mort.

La louve pleurait encore beaucoup, et elle marquait davantage sa dépendance envers son compagnon de route, se plaignant auprès de lui, quand ils n’étaient pas en train de se tripoter à longueur de journée. La drogue l’aidait aussi beaucoup à oublier toute cette merde qui s’était accumulée. Et ce soir, c’était bien dans cette espèce de taverne remplie d’ivrognes que les tourtereaux s’étaient rendus pour boire un coup. La demoiselle avait revêtu une vieille chemise qui avait certainement appartenu au grand-père de Gy et qui lui servait de robe. Vasco lui avait prêté un vieux chapeau qu’elle s’était vissée sur la tête et, malgré quelques regards insistants dans ce bouiboui merdique, la louve se sentait à l’aise parmi les moldus.

Accoudée au bar, on ne pouvait entendre qu’elle ; indiscrète petite asiatique au milieu de ces affreux jojos déjà pleins comme des bariques depuis deux heures de l’après-midi. Hoshi commanda une première pinte, inspectant les lieux, écoutant la vieille musique que dégueulait le jukebox. Elle avait envie de chanter à nouveau, de danser à nouveau. Cependant, tout ce qu’elle trouva à sortir pour commencer était : Je crois que j’ai attrapé des puces à force de dormir avec les poules. plissant les yeux vers son homme aussi pouilleux qu’elle. Ou est-ce que c’est toi qui ne t’aies encore pas décrassé ? mh ?

Ce n’était pas faute de le pousser à aller sous la douche : l’asiatique essayant tout pour convaincre Vasco que se laver n’était pas si désagréable que ça, allant même jusqu’à lui proposer une gâterie à chaque fois qu’il acceptait de laisser le savon lui nettoyer la trogne. Efficace.