La pluie, elle pouvait l’entendre taper contre les tombes, comme une ruée d’insectes qui s’échouaient sur le marbre, venant apporter l’espoir que sous le soleil pourtant encore bien discret, la saison serait florissante. Mais voilà bien longtemps que l’espoir n’était plus permis. Le temps était à la tristesse et venait compatir au deuil irréalisé qui trônait encore en maître dans un cœur chagriné et violenté. Elle n’aimait pas la pluie Angelina, cela n’avait pas toujours été le cas mais aujourd’hui, le chagrin du ciel venait amplifier le sien, la berçant d’une mélancolie qu’elle avait déjà bien l’habitude de ressentir. Elle accueillait pourtant les gouttes de pluie comme une vieille amie avant d’ouvrir le parapluie qu’elle tenait entre les mains. C’était ce qu’elle était après tout, non ? Une vieille amie ? Cette nostalgie des années où le sourire était gravé sur sa peau ébène, où les soucis semblaient être futiles. Les belles années lui semblaient être un songe, avaient-elles seulement été réelles ? Angelina poussa un soupir alors que les pas la guidaient entre les allées du cimetière qu’elle finissait par connaître sur le bout des doigts.

Angelina s’y rendait une à deux fois par mois dans ce petit cimetière, c’était devenu son rituel, sa routine à elle. Elle disparaissait pendant des heures pour venir se perdre ici. Elle les connaissait par cœur ces tombes qu’elle croisait, les noms qu’elle arrivait à déchiffrer ne lui étaient plus inconnus et un nombre incalculable de fois, elle s’était imaginée quelle avait été leur vie, laissant l’imagination la sortir de la morbidité cruelle qu’avait pu revêtir le lieu autrefois à ses yeux. Les opalines repérèrent au loin le grand chêne frappé par l’éclair et un sourire discret et fébrile s’étira sur les traits ébènes de la résistante. Il était là Fred, reposant dans la paix qu’il méritait. Et elle était là Angelina, toujours répondant à l’appel. Elle était là, elle l’avait toujours été et même dans la mort, elle s’était jurée d’accompagner celui qu’elle n’avait su oublier. Jusqu’au bout du chemin, elle serait là et ce, même s’il n’était plus à ses côtés. Fred vivait encore en elle, dans ce myocarde déchiré par la perte d’un être cher, dans ce myocarde pris dans la tourmente. Aussi sombre pouvait-elle être devenue, elle se persuadait qu’il restait une parcelle de lumière en elle, celle qui lui permettait de ne pas sombrer entièrement, celle qui la poussait à se donner corps et âme dans l’Ordre, quitte à mourir pour le rejoindre. C’était lui, sa lumière. L’image de George s’imposa quelques secondes dans son esprit et elle dut papillonner des yeux pour faire disparaître le souvenir du goût des lèvres du second jumeau, une saveur qui faisait paniquer le cœur de la trentenaire, le souvenir de son grand amour jamais très loin pour lui rappeler toute la culpabilité qu’elle ressentait de s’être éprise du frère de son compagnon disparu.

Mais alors qu’elle s’approchait, le pas ralentit de lui-même. Au loin, elle aperçut une chevelure blonde se tenir devant la tombe de Fred et elle fronça les sourcils, à la fois étonnée de voir qu’elle n’était pas seule dans ce cimetière, à venir se recueillir sur la tombe du lion facétieux et à la fois, méfiante. Instinctivement, la main libre attrapa sa baguette, prête à dégainer le premier sort s’il s’avérait que la personne était mal intentionnée. « Qui êtes-vous ? » S’enquit-elle de demander d’une voix forte et autoritaire. Il était hors de question qu’elle s’approche un peu plus sans savoir l’identité de cette mystérieuse inconnue. Quand l’inconnue se retourna, Angelina resta pantoise et la baguette s’abaissa inconsciemment. « Alicia… » Souffla-t-elle, abasourdie de la voir se tenir là, devant elle. L’étonnement fut rapidement remplacé par une colère sourde. Comment cette traitresse pouvait-elle se permettre de venir ici, de venir se recueillir sur sa tombe alors qu’elle n’avait eu que faire de trahir tout ce en quoi elle croyait, ce en quoi il croyait. La main resserra sa prise sur le bois de prunellier alors que les opalines s’obscurcirent de rancœur. « Tu n’as rien à faire ici. » Du moins, du point de vue d’Angelina, un point de vue assombri par le ressentiment. La lionne la jaugea du regard alors que ses yeux semblaient lui crier quelque chose.

Eloigne-toi de Fred.

les goûtes de plus qui tombent lourdement sur le sol. le temps est nuageux, le temps est maussade et ton moral avec, Alicia. tu es assise par terre, sur la terre mouillée. tu en as que faire de salir tes vêtements, tu as bien trop l’habitude maintenant avec les années du Quidditch à ton actif. tes cheveux blonds qui tombent rapidement sur tes épaules, ton carré qui se voit bien plus. si tu rencontrais des personnes de ton passé personne ne pourrait te reconnaître. qu’est-ce que tu avais bien changé depuis tes années à Poudlard. une nostalgie profonde que tu venais enterrer au fin fond de ton coeur. une douleur aiguë qui te lacérait doucement le coeur, l’emportant dans une noirceur toujours plus grande au fur et à mesure que le temps défilait. tu sombres Alicia. de plus en plus. où est passé la lionne fière et vaillante ? celle qui voulait toujours sauver la veuve et l’orphelin ? qui rugissait dès que quelque chose n’allait pas ? qui n’avait pas peur de s’opposer contre les oppressant ? où était-elle ? Alicia où es-tu passé ? même toi tu ne savais réellement comment répondre à cette question. même toi tu ne savais pas ce qui s’était passé dans ta vie. trop d’émotions, trop de souvenirs douloureux, une mémoire qui veut oublier, qui veut s’effacer. tu savais juste qu’elle avait disparu. cette Alicia. disparu dans les méandres d’une rancoeur cachée, de pertes toujours plus douloureuses. tu es complètement perdue et ce constamment. perdue dans tes pensés, regardant cet arbre touché par l’éclair. un arbre qui avait souffert du temps, qui s’était soumis au caprice des cieux. un arbre qui avait une certaine valeur à tes yeux. un souvenir douloureux comme toujours et c’est les émotions qui te consument à petit feu. les yeux embrumés, tu ne peux résister aux souvenirs de celui qui se trouve en dessous de ce chêne.

Fred. un sourire qui transperce délicatement tes lèvres repensant à ce roux si important à ton coeur. une mort dont tu n’arrivais toujours pas à t’en remettre. qui t’avait plongé dans un tourbillon d’émotions, de solitude. tu avais vu Georges partir, Angelina complètement flancher et Lee ne devenir que l’ombre de lui même. tu avais essayé de rester forte pour eux de les soutenir. tu avais essayer de ne pas flancher toi. de rester droite dans tes bottes, de continuer. pour eux, pour Fred. mais ils t’avaient tous emporter dans les abysses de l’océan. ils t’avaient tirer avec eux. des éloignements, vous vous étiez perdue de vue. tu avais été seule. et la vie continue pourtant son cour, les choses changent parfois brusquement et ça avait été ton cas. l’idée même de continuer dans ce qui était devenue ton ancienne vie te donnait la nausée. tous ce que tu avais pu leur reprocher au cours des années avaient amplifier pour ne laisser dans ton coeur qu’une rancune certaine contre ceux que tu appelais pourtant, autrefois, des amis et même une famille. désormais la seule famille que tu avais c’était ton père. le seule et unique qui était toujours vivant et dont tu pouvais l’affubler de ce nom. famille. quelque chose de très particulier pour toi maintenant.

« qui êtes vous ? » une voix qui raisonne dans les airs, un son qui transperce les goûts qui ne cessent de chuter et un timbre que tu reconnais. tu lèves les yeux aux ciels, un soupire qui transpercent tes lèvres avant de tourner ton regard pour le plonger de celui de ton ancienne meilleure amie. « Angelina. » un ton qui se veut complètement neutre, presque dépiter. la baguette de la demoiselle pointé vers toi et pourtant aucun stresse, aucune peur qu’elle l’utilise. après tout tu pourrais accueillir la faucheuse les bras ouvert, la mort étant qu’une vieille amie qui t’attendait patiemment. « tu n’as rien à faire ici. » un rire surpris que tu pousses alors que tu ne daignes même pas te relever, restant en tailleur face à cet arbre qui reste si majestueux. « pardon ? » tu regardes la brune, la dévisageant même du regard avec un certaine mépris dans ce dernier. « je crois que j’ai tout autant de le droit que toi de me retrouver ici. » tu détournes le regard vers l’arbre, la laissant debout derrière toi. « mais je t’en pris reste si tu veux. je m’en fou. »

@Angelina Johnson