Inès fait les cent pas dans le couloir du troisième étage, bien mécontente de devoir attendre comme ça. Elle pensait que le statut de préfète-en-chef lui accorderait un statut un peu plus confortable auprès de ses camarades de classe mais il faut croire que non. Elle doit toujours faire face aux même bras cassés qui continue de la voir que comme une camarade lambda. Ce qu'elle n'est bien sûr pas le moins du monde. Comme son insigne l'indique.

Cela la rend encore plus furieuse étant donné qu'en tant que préfète-en-chef, la mise en place du planning de patrouille nocturne est sous sa responsabilité. Et que visiblement, personne ne semble vouloir le respecter. Toute la semaine, déjà, elle a eu le droit à un défilé, chaque préfet ayant LA meilleure excuse de devoir échanger leur place avec un autre "but only this once, I promise!" Loin d'être tyrannique, Inès a donné son accord à chaque fois, soulignant bien le fait qu'elle se montrait généreuse et qu'ils feraient mieux de se montrer reconnaissant la prochaine fois qu'elle leur demanderait quelque chose - ce qui est déjà assez rare comme ça, qui plus est. Mais là, c'est peut être la goute d'eau qui fait déborder le vase.

L'avantage quand on est en charge du planning de patrouille, c'est qu'on peut choisir quand et avec qui on s'y colle. Un fait qui arrange grandement Inès qui se retrouve ainsi toujours avec les seuls préfets qu'elle apprécie réellement. C'est pour cela que quand Marsh est venu la voir pour s'excuser et lui dire qu'il avait accepté d'échanger sa place avec le nouveau préfet de Serpentard - un certain Love (c'est quel genre de nom ça ?) - elle aurait pu le faire passer par la fenêtre. Bien sûr, elle s'est retenue et a simplement acquiescé, un sourire acide aux lèvres pour montrer à Silver qu'il le lui paierait, mais l'envie était bien là.

Et elle s'imagine le faire à présent, alors qu'elle attend son collègue préfet retardataire, qui finit par arriver avec vingt minutes de retard, tout sourire et débraillé. "Hey, sorry I'm late. I was busy doing... stuff."

Inès ne daigne même pas lui répondre quoi que ce soit, le dévisage simplement. Elle le regarde froidement, de bas en haut, une grimace tordant les traits de son visage afin que Love soit parfaitement conscient du sentiment de désapprobation qu'il lui inspire.

"You're quite difficult to please, Silver told me," il remarque, toujours en souriant, et Inès le dévisage encore plus, l'air purement offensée. "Excuse me?!"

"Oh no, sorry," il se corrige immédiatement même s'il n'a pas l'air si désolé que ça. Il rigole, ce qui ne lui fait toujours pas gagner de points auprès d'Inès qui n'en a pas finit de le tuer du regard. "I didn't mean it like that. I just... You have quite the reputation but I guess-"

"Whatever it is, I'm even worse," Inès le coupe alors qu'il essaye de s'expliquer, probablement de taper l'amitié comme si c'était quelque chose qu'Inès semblait vouloir également. Elle lui tourne le dos et commence à marcher, ne prenant pas la peine de s'assurer que Love la suit.

"I'm Dorian, by the way!" Love - Dorian donc - lui cri en trottinant pour la rattraper.

"I don't care," Inès rétorque.

Inès n'était pas vraiment sûre que le pub des Trois Balais soit réellement le meilleur des endroits pour cette soirée au début mais Dorian a insisté donc les voilà tous entassés au milieu de l’établissement, Madame Rosmerta plus que ravie d’accueillir un tel événement et une telle audience.

Force est de constater que ça donne une certaine ambiance, assez proche du livre, ce qui semble ravir tout le monde. Inès reste peu charmée par la simplicité des lieux mais le prestige de la compagnie comble facilement le manque de cachet qu’elle peut trouver au décor.

Elle a perdu Dorian de vue depuis un petit moment maintenant, arraché à ses côtés par son éditrice qui tenait absolument à ce qu’il parle à son frère ou son cousin ou elle ne sait plus trop qui. Elle a également perdu Nova de vue, celle-ci sûrement partie se cacher loin de la foule, préférant toujours agir dans l’ombre plutôt que de profiter d’un peu de lumière par procuration.

Inès est donc seule prêt du buffet, coincée dans une conversation interminable sur les rumeurs d’un prochain Tournois des Trois Sorcier, ici, a Poudlard. Elle laisse l’homme qui lui parle lui vanter les mérites d’un tel événement sans vraiment y faire attention - acquiesçant quand nécessaire - et scanne l’assemblée a la recherche de Dorian.

Elle ne le voit pas tout de suite mais dès que ses yeux se posent sur lui, elle est comme hypnotisée, incapable de défaire son regard de lui. Il est a cet air passionné planté sur le visage, signal clair qu’il est en train de parler de son dernier projet en cours. Quand il est comme ça, Dorian est absolument irrésistible. Enthousiaste, fascinant, lumineux.

Au bout d’un moment, Dorian doit sentir son regard sur lui puisqu’il finit par la regarder, un demi sourire à peine perceptible étirant ses lèvres. Inès le lui retourne avant de faire un léger signe de tête en direction de l’homme qui parle toujours, les yeux légèrement levés au ciel. Le sourire de Dorian s’agrandit et il fait un signe de tête vers l’étage. Inès pince ses lèvres pour retenir un plus grand sourire et acquiesce.

"Excuse me, sir," elle interrompt alors l’homme, ne se souvenant même plus de son nom. "I have to go."

Inès est bien trop familière avec ce genre d’événements. Il fut un temps où ils faisaient partie de son quotidien et elle s’y sentait bien, à l’aise. Aujourd’hui, elle n’a qu’une hâte, c’est de sortir de là.

C’est sa mère qui a insisté pour qu’elle vienne et Inès est presque sûre que cela n’a rien d’innocent. Aussi loin qu’elle se souvienne, sa mère n’a jamais été une grande passionnée de littérature, préférant l’art "plus concret". Pourtant la voilà soudainement fan absolue de Emery Kane. Et si Inès peut comprendre que ses écrits plaisent à sa mère, en être fan au point d’assister à ses séances de dédicaces semble un peu poussé.

Mais bien sûr, sa mère ne fait rien sans raison et la présence de Dorian n’est bien sûr pas à négliger. Inès pensait que ses fiançailles avait été suffisants pour convaincre sa mère qu’elle était passée à autre chose mais visiblement celle-ci a besoin de s’en rendre compte par elle même.

Elles sont donc là, assises au milieu de la foule, à écouter Kane s’écouter parler. Inès fait mine d’être captivée par ce qu’il dit pour éviter de regarder vers la gauche, dans le fond de la librairie, là où se tient l’équipe de Kane. Et donc Dorian.

Quand la réelle séance de dédicace commence, cependant, Inès perd un peu de son aisance, angoissant de plus en plus en voyant Dorian s’approcher de Kane pour lui apporter quelque chose. Elle ignore s’il l’a vu mais elle sera très rapidement fixée. La file avance vite et rapidement Inès et sa mère se retrouvent face à Emery Kane.

"Inès Keo-Prince! Long time no see," Kane commente en prenant le livre que lui tend sa mère sans vraiment trop faire attention à elle.

"Good evening, Emery," Inès le salut poliment, en prenant toujours garde à ne pas poser ses yeux sur Dorian qui se tient maintenant en retrait derrière son patron.

"I heard you soon would be Mrs Yaxley. Congratulation."

"Thanks." Inconsciemment, Inès tourne la bague qui se trouve à son doigt, et sert la mâchoire, un goût amer dans la bouche.

"Do you have a book for me to sign?" Kane demande ensuite, en rendant à sa mère le sien.

"Actually yes," Inès se surprend elle même à répondre en prenant un livre en haut de la pile posée sur la table. Elle le tend à Emery mais regarde cette fois-ci bien Dorian quand elle ajoute. "My compliments to the writer."