Son cinquième et dernier snooze a été fait il y a déjà vingt minutes lorsque Felicia décide de se lever. Elle regarde l’horloge qui indique sept heures six. Elle devait être au ministère pour sept heures. Oups. Ça ne l’empêche pas de larver encore un peu dans son lit, de s’étirer longuement et de soupirer plusieurs fois. Qu’est-ce qui lui a pris d’accepter une rencontre aussi matinale alors qu’elle sait très bien qu’elle n’est pas très efficace avant au moins dix heures? Elle voulait sans doute bien paraitre pour cette collaboration orchestrée par Abbas, le directeur du département des mystères avec un collègue d’un autre domaine dont le prénom lui échappe déjà. Tant pis. Elle se traine les pieds jusque dans sa mini salle de bain personnelle de sa chambre à l'institut et se regarde dans le miroir. Elle fait une inspection rapide de ses traits et de sa tignasse, la douche attendra. Elle étend une pommade de sa création sur son visage qui rallume aussitôt son teint et une petite formule la maquille dans des teintes naturelles teinte. Elle sourit devant son reflet, satisfaite. Elle enfile une robe verte simple, un bas nylon noir et des bottillons. Elle cherche pendant un bon dix minutes son sac qu’elle trouve finalement dans le bureau d’Ephraim.  Une fois prête, elle se rend au ministère en passant par la cheminée du BITE.

Elle arrive dans l’atrium et passe par la cafétéria avant de monter au niveau neuf. Elle demande deux cafés, un pour elle et un pour son collègue sans savoir s’il en boit. Au pire, elle le prendra à sa place. Elle monte dans l’ascenseur suivit de deux hommes qui ont plutôt fière allure. (cf le dessin de Cast ) Encore trop endormie, elle ne se rend pas compte qu’il descend lorsqu’elle tente d’appuyer maladroitement sur le « neuf ». Elle entend un des hommes soupirer et l’autre grogner. L’atmosphère est tendue dans la petite cabine comme si sa présence empêchait les deux hommes de se lancer dans une joute verbale menaçante. Elle a envie de faire un commentaire pour détendre les deux rivaux de la BPM et de la VB – à voir leurs insignes respectifs – mais elle se retient. Au même moment, les portes s’ouvrent au deuxième niveau. Les deux hommes tentent de sortir en même temps, se coincent dans l’ouverture, il y a un échange entre dents serrées qui fait froncer les sourcils de la langue-de-plomb et finalement le plus petit laisser passer le plus grand et les portes se referment.

Après s’être trompée d’étage une fois, d’avoir discuté dix minutes avec une connaissance, d’avoir échappé un café au sol, il est passé huit heures quinze lorsqu’elle arrive finalement au lieu de rendez-vous dans les laboratoires. Sans surprise, son collaborateur du jour est déjà arrivé et concentré. Elle ne peut s'empêcher d'admirer sa belle tignasse bouclée. Peut-être qu'elle lui demandera ce qu'il utilise comme produit ou sortilège pour avoir une telle chevelure. "On avait bien dit huit heures, c’est ça?" Elle éclate de rire. "Désolée, je ne suis vraiment pas matinale. J’ai vraiment cru que je pouvais le faire, mais non. J’ai échoué lamentablement! " Elle sourit en haussant les épaules ne se sentant pas plus coupable. Abbas leur a donné deux mois pour arriver à un résultat, il n’y a donc rien qui presse. Elle dépose son sac et son café restant sur un bureau et attrape un sarrau blanc. Elle s’avance vers…Markus! Son prénom lui revenant soudainement. "Alors, j’ai pensé qu’on pourrait faire un débrief rapide de nos idées avant de commencer parce que vu la grosseur du tr….truc…Oh"Elle étire le cou vers les nombreuses pages de parchemins posés devant l’homme. "Bah dis donc, heureusement que c’est une collaboration hen. T’as déjà bien commencé. " Alors qu’elle n’a même pas lu tous les documents qui concernent le dossier. Elle grimace, mais prend une page entre ses doigts sans demander la permission pour vérifier le début de son travail. "Hmm…ouais. Pas mal. Juste…" Elle prend la plume qu’il a dans sa main et rajoute une virgule à l’une des réponses d’un calcul. C'est mieux comme ça. On aurait eu un résultat beaucoup trop haut." Elle continue sa lecture en diagonale, hoche la tête, murmure pour elle-même. "Pas mal pour un début. Tu as des bonnes idées." N’importe qui aurait pu être vexé qu’il aille autant avancer leur projet et qu’il ne l’aille pas attendu, mais pas Feli. Ça lui en prend plus pour la froisser. S’il a voulu prouver quelque chose et qu’il a préféré se donner du mal en travaillant seul, c’est son problème. "Je t’avais apporté un café, mais il est tombé. Tu veux le mien?"

Elle s’attend à des remontrances, des regards noirs et des soupirs ennuyés lorsqu’elle entre dans l’atelier qu’on leur a attribué. C’est généralement les réactions qu’elle reçoit lorsqu’elle arrive en retard et qu’elle en rigole pour mieux faire passer la pilule. Elle a appris à ne pas s’en soucier depuis le temps et à sourire quand on lui fait des remarques. Cette fois-ci, c’est toutefois de l’indifférence qui l’accueille et c’est nouveau. Markus ne semble pas préoccupé plus que ça par son arrivée plus tardive. Il est même presque surpris qu’elle soit là. Felicia hausse les épaules en s’approchant de lui. "On dirait que tu as dormi ici, oui!" Elle tente de rattraper le temps perdu en s’immisçant dans ses recherches déjà bien avancées. Trop même, puisque c’est à peine si elle a lu le contenu du dossier préliminaire. Elle connait les grandes lignes de la problématique, mais les écrits de son collègue sont un peu plus poussés et il est déjà au stade des suppositions et des solutions. Il est vraiment trop en avance et elle traine clairement de la patte. Mais, ça ne l’effraie pas et fait comme si elle maitrisait déjà bien le sujet. Elle réussit même à trouver une petite erreur de calculs, probablement une faute d’inattention, mais qui pose déjà les bases de son expérience et qui démontre que malgré son manque flagrant d’organisation, son attitude légère, voir naïve, elle n’est pas une idiote et ce n’est pas pour rien que le directeur lui as demandé de travailler avec lui sur ce projet.

Encore là, réaction surprenante de la part de l’homme. Aucun commentaire sexiste sur le fait qu’il est impossible qu’il se soit trompé, comme elle s’est souvent faite dire que ce soit au National Magical Research Centre ou dans d’autres projets de recherches effectués pendant sa carrière. Déjà là, il gagne des points. Il acquiesce sans broncher ou sans s’obstiner. La brune sait que ce ne sera pas une collaboration comme les autres. Elle n’aura pas à l’impressionner et à lui montrer qu’elle a sa place en alchimie malgré l’aura qu’elle dégage, qu’elle n’aura pas à se battre pour prouver ses points et les faire accepter comme c’est souvent le cas lorsqu’elle doit travailler avec des hommes, sauf ses collègues du BITE, bien sûr. Elle s’excuse pour le café qu’elle a échappé et le plus naturellement du monde, il lui propose de partager. Décidément, les réactions de ce Markus sont toutes contraires de qu’elle appréhende. À ce stade-ci de leur première rencontre, n’importe qui aurait fait preuve d’impatience devant son manque de professionnalisme – elle ne fait même pas exprès – mais lui, il reste calme. Loin d’être affecté par son côté plus frivole et moins coincé que les scientifiques en général. "Si tu les aimes bien noir, alors avec plaisir!" Il pousse une boite de scones devant elle et elle en prend un sans hésiter. Elle prend place sur l’un des bureaux, dépose le gobelet entre eux et croque dans les viennoiseries. Markus lui explique ensuite sa démarche. Elle plisse les lèvres en l’entendant parler de leur directeur avec autant de familiarité – ça lui a même pris un petit trois secondes pour comprendre qu’il parlait de lui, elle qui le désigne toujours comme monsieur Shafiq – Et c’est là qu’elle s’en veut un peu de ne pas avoir fait ses devoirs avant ce rendez-vous. Elle hoche la tête en faisant mine de réfléchir à ce qu’il raconte, mais le fait est qu’il a vite dépassé ce qu’elle connait du projet. "Bon, je vais être honnête avec toi. J’ai pas vraiment lu le dossier préliminaire. J’en sais juste ce que monsieur Shafiq m’a raconté pour me proposer la collab’." Elle fait une moue désolée, ses joues rougissant légèrement. Voilà pourquoi elle n’aime pas travailler en équipe, autre qu’avec sa mère ou les autres du BITE, toujours devoir quelque chose à l’autre. Ceux qui l’a connaissent bien savent qu’elle n’a jamais été bonne avec la pression. Ses plus belles réussites ont été faites à son rythme et selon ses conditions. "Mais tes scones sont délicieux." Elle avale sa dernière bouchée et prend une gorgée de café. "Donne-moi quelques heures et là on pourra mieux discuter."

Felicia se rend vite compte qu’elle a foiré. L’expression neutre de Markus se décompose alors qu’elle lui avoue ne pas avoir lu le dossier préliminaire et d’avoir simplement une vague idée du sujet du projet. Elle voit que c’est la goutte de trop. Il n’a pas réagi à son retard, à sa gaucherie ou d’être entrée dans sa bulle et oser le corriger, mais le fait qu’elle soit là presque en touriste semble le perturber. Il reste néanmoins calme, même si elle voit bien qu’il se retient pour ne pas s’énerver. Elle se mord la lèvre inférieure, mal à l’aise. Elle tente maladroitement de changer de sujet en parlant des scones dont il prend la peine de spécifier que ce n’est pas lui qui les a faits. "Oui, je me doute…enfin j’ai vu sur la boite le no…". Elle arrête, le voyant agacé et pas du tout heureux de la tournure des événements. Elle penche la tête vers l’arrière en soupirant. Elle sait qu’elle est fautive, qu’elle aurait dû se préparer, lire tout avant de débuter. Ça fait tout de même près de deux semaines qu’elle sait qu’elle va y travailler. Ça fait deux semaines qu’elle repousse, qu’elle procrastine, qu’elle fait autre chose et la voilà au pied du mur. "Désolée. " qu’elle dit d’une petite voix sincère, qui ne va toutefois rien résoudre. Et c’est elle la plus expérimentée. Elle a plutôt l’air d’une débutante, oui. Elle s’exaspère elle-même de ne pas être en mesure de trouver la motivation nécessaire pour collaborer avec une nouvelle personne qui semble être à son affaire, qui semble aimer son travail. Ce n’est pas tout le monde qui accepte sa paresse, son rythme lent, son désintéressement et son instabilité. Elle a déjà fait mieux comme première impression.

Elle essaie de désamorcer la tension qui monte doucement en lui proposant de prendre quelques heures pour se mettre dans le bain. Elle apprend et assimile vite les informations, elle en a pour l’avant-midi et ils auront toute le reste de la journée pour mieux s’y plonger. Il lui répond un « okay » pas certain, pensif. Elle reconnait les workaholics. Dans la tête de l’homme, ça fonctionne à toute allure, il voit le temps perdu, le retard qui commence à s’accumuler, l’attente insoutenable, l’ennuie, l’emmerdement. Il doit certainement se dire qu’il n’a pas besoin d’elle et qu’elle va le ralentir. Il doit se demander pourquoi Abbas l’a impliqué dans le projet. Il a raison et elle ne peut pas lui en vouloir.

Le bouclé ne répond pas à sa proposition et la questionne plutôt sur quoi elle a déjà travaillé. Elle fronce les sourcils. Elle ne sait pas s’il veut juste en apprendre plus sur elle et son expérience ou s’il l’attaque sur son incompétence et veut vérifier si elle est une fraude. "Je suis spécialisée dans les chimères alchimiques, alors oui je connais très bien les créatures magiques." Trop même. "Des maudits, j’en ai rencontré des dizaines et j’ai sauvé la moitié d’entre eux." Elle parle plus sèchement qu’à son habitude, mais il semble chercher une faille, une raison de l’éjecter et elle n’aime pas ça. "Je connais moins les hybrides par contre, mais j’ai pu en observer quelques-uns. Ils ne me sont pas totalement inconnus. " Elle relève le menton, fière. Un sentiment qu’elle ressent rarement, mais dans ce cas précis, elle ne doit pas s’écraser et montrer qu’elle est talentueuse. "Il ne m’aurait pas proposé s’il ne savait pas qui j’étais et ce que j’étais capable de faire. Il sait que je suis douée." Elle descend de la table et s’avance vers Markus. "Je sais que j’ai l’air de rien, mais crois-moi, tu as encore des croutes à manger pour m’arriver à la cheville."

Avec Felicia, c’est souvent tout ou rien. Soit, elle n’a aucune réaction, soit elle est excessive et réagit trop. C’est le cas présentement. Elle vient de monter sur ses grands chevaux pour aucune raison apparente. Mais quelque chose dans le visage ou le ton de Markus, sans doute inconscient pour le bouclé, a titillé sa fierté d’alchimiste d’expérience. Et c’est plutôt rare. Ça demande bien trop d’énergie, mais voilà. Elle s’est avancée vers lui avec aplomb. Il s’est levé à son tour pour la dominer, malgré sa taille qui est loin d’être imposante. Elle a relevé ses yeux azurs vers ceux plus sombres de l’homme. Sa petite montée de lait semble toutefois avoir fait son petit effet. Sa spécialité semble l’intéresser et ça pique la curiosité de la jeune femme qui ne voit pas en quoi ça peut servir – puisqu’elle n’a qu’une vague idée du but principal de leur projet – Il revient à la charge avec son air fier en lui indiquant qu’il ne sous-entendait rien du tout. Feli continue de soutenir son regard, même si elle se sent rougir. Oups. Bon, ça ne sera pas la première fois qu’elle se couvre de honte. Elle a pu montrer un peu de mordant et ça le Von Bäume devrait se compter chanceux. Elle s’en veut par contre, parce que là, elle est obligée de lui montrer ce qu’elle sait faire et ça, ça veut dire, travailler sans (trop) procrastiner. Sans la quitter de son regard amusé, il lui fou le dossier dans les mains. Elle plie les genoux sous le poids des parchemins et de la surprise. "Exactement. Reviens après le déjeuner et j’aurais déjà apposé des idées à côté des tiennes." Lui répond-elle avec une pointe de défi. Ses lèvres se sont étirées en un sourire amusé sans qu’elle ne s’en rende compte. Être fière trop longtemps est franchement épuisant. Elle le regarde attraper un scone et le café, puis quitter la pièce tout guilleret. Elle roule des yeux, sans bouger d’un quota. Puis, elle réagit. "Hey! Mon café!"

Ellipse lalalala

Dix heures et quelque chose.

Felicia est arrivée à la moitié du truc et elle est déjà emmerdée. Pas par le sujet qu'elle trouve assez intéressant, mais par tout ce qu’il y a à lire et à assimiler. C’est si long et elle est en manque de caféine sévère. À toutes les dix minutes, elle lève les yeux de sa lecture et fixe le vide. Elle soupire plus d’une fois n’aimant pas cette pression imposée. Bon, elle l’a cherché, mais ça l’a fait chier. Elle a l’impression de ne rien retenir ou de ne pas faire les liens qu’il faut. Elle sent que les concepts auxquels elle pense vont dans tous les sens et ne font aucun sens. Elle se sent nulle et inutile. Elle ne veut pas donner raison au brun. Ça part mal. Tant pis. Elle va se chercher un café. Ou deux.

Une heure et des poussières plus tard.

Felicia a fait un aller-retour à la cantine. Sans interruption, miracle. Elle reprend sa lecture avec déjà plus d’entrain. Plus de motivation aussi. Elle note des idées au fur et à mesure de sa lecture. Elle analyse celles de son collègue, les agrémentent et les complètent. Elle comprend vite où ses connaissances, ses expériences et son expertise pourront être utiles. Elle a un regain d’énergie et elle en profite. Si Markus est ponctuel, et elle se doute qu’il le soit, il devrait revenir dans moins d’une demi-heure. Elle mange les trois pâtisseries restantes dans la boîte comme lunch. Sa plume s’active. Elle puise dans ses expériences passées qui pourront être nécessaires, les calculs se font rapidement. Feli est quand même fière de ce qu’elle a pu accomplir en si peu de temps. Elle passe finalement au travers du dossier volumineux. Épuisée, n’étant pas très habituée de mettre autant d’énergie et de concentration dans un si court laps de temps. Au moins, elle a terminé dans les temps qu’elle s’est octroyée et ne va pas essuyer une nouvelle honte devant l’autre langue-de-plomb. Reste juste à savoir si elle a bien compris le truc et qu’il sera de son avis sur certains points.

Felicia termine la dernière page du dossier, griffonne rapidement un truc et lance sa plume le plus loin sur la table possible d’elle dans un geste de ras-le-bol total. Elle râle en envoyant sa tête vers l’arrière et laissant ses bras branlants le long de la chaise. Enfin ter.mi.né. Un vrai calvaire. Plus jamais elle ne se met au défi. C’est vraiment trop chiant. Elle ne sait même pas pourquoi elle s’est donné autant de mal. Certainement pas pour impressionner son collègue aux cheveux bouclés. Bien sûr que non. Elle soupire. Elle a envie de rentrer chez elle et de s’écrouler sur son lit. Son corps ne doit pas comprendre ce qui vient de se passer. Beaucoup trop de concentration et d’énergie en si peu de temps, ce n’est pas normal. Au moins, elle a réussi. Elle a lu la pile d’informations de trois mètres de long en une demi-journée. Est-ce que Markus peut en dire autant? Bon, elle ne devrait pas vraiment s’en vanter. Si elle avait lu un peu chaque jour au lieu de procrastiner, elle n’en serait pas là. Elle se permet de fermer les yeux quelques secondes, Markus ne devrait plus tarder à revenir se pavaner.

La porte s’ouvre brusquement et la brune sursaute. Elle ne peut pas dire combien de temps elle s’est permise de relaxer. Trente secondes? Cinq minutes? Vingt? Elle attrape le premier parchemin qui lui tombe sous la main et fait comme si elle est en train de travailler avec concentration. "Oh quoi? Déjà! Je viens juste de terminer! Ça tombe bien. " Elle lui offre un large sourire à peine forcé. Elle s’étire et la barquette de frites n’échappe pas à son regard. Ni à son estomac d’ailleurs. Les scones avalés en guise de lunch lui semblent bien loin. Elle suit la nourriture et s’humecte les lèvres d’envie lorsque Markus dépose la petite boite sur la table de travail entre elle et lui. Elle doit se retenir pour ne pas sauter dessus et avaler tout d’une traite. Elle lève plutôt la tête vers l’homme attendant une remarque cinglante de sa part. Elle le connait à peine, mais elle sait qu’elle type de personne il est. Hautain, fier, croit qu’il est meilleur que tout le monde, charmant, baveux. Avec son petit air fendant, il revient à la charge avec sa question sur les effets de l’utilisation du sable d’un Retourneur de Temps. Elle se redresse droite sur sa chaise, un doigt sous le menton le bras accoté sur l’accoudoir, jambe croisée et elle le fixe de ses yeux perçants. "On t’a déjà dit que t’étais chiant?" Son visage n’affiche aucun sourire, seuls ses sourcils sont relevés et trahissent son amusement. "Déjà, c’était vraiment emmerdant comme lecture. Il faut se le dire. " Elle décroise les jambes et attrape une frite. "Pour répondre à ta question, je crois qu’utiliser juste comme ça, il n’arrivera rien. Pas d’accélération, ni d’oxydation. Le sable dans le Retourneur de Temps est activé par un mouvement spécifique, l’air dans le verre a une température bien calculée et équilibrée, le verre en lui-même est spécial, sans oublier les anneaux qui tournoient qui ont aussi leur raison d’être. Tout est calculé avec énormément de précision pour éviter des catastrophes. Il faudrait recréer les conditions à plus grande échelle, si tu veux une quelconque réaction. " Depuis son arrivée dans la salle du temps au N9, Felicia a étudié, comme beaucoup d’autres, le fonctionnement de cet objet particulier. Encore aujourd’hui, c’est un mystère. Les recherches sont très avancées, mais il manque énormément de points à clarifier et c’est précisément leur rôle, de les découvrir. Bien sûr, ce n’est que sa propre hypothèse. Elle n’est pas complètement certaine de ce qu’elle avance. C’est seulement son interprétation de ce qu’elle connait de l’objet et du dossier qu’elle vient de lire. Elle ne crache pas sur ce que Markus avance. Elle prend une seconde frite et prend un parchemin sur lequel elle a barbouillé un petit croquis qui explique sa théorie. "Ça sera intéressant à vérifier. " Elle lui sourit, franchement cette fois. Parce que malgré tout, le sujet de recherche a piqué sa curiosité et elle a bien l’intention d’aller au fond des choses.