SELL YOUR SOUL

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sell your soul

fin sept.-début oct. 2007 | @Taliesin de Briancourt

Knight a tenu parole.
Autant pour la solitude de sa cellule que pour leur marché.

Considérant la contrepartie de cet exil au grenier de l’Iron Institution, le vampire ne s’en soucie presque pas. Pas quand sa santé s’est améliorée à vue d’oeil et qu’à d’être laissé seul si longtemps, son cerveau revenu à une capacité convenable n’a eu qu’une chose à faire pour occuper le temps : réfléchir.
Réfléchir à comment sortir de cet endroit.
C’est dangereux de laisser Baruch Moran réfléchir.

Ainsi, entre ses séances autodidactes de rafraîchissement de son irlandais (la visite de Johannes au début de septembre a définitivement fait ses miracles sur sa motivation à ce sujet), il a mémorisé les horaires des gardiens assignés à son étage de la prison de l’Ordre du Phénix. Ceux des repas des autres résidents, des sorties extérieures auxquelles il n’a généralement pas le droit (bien rarement, sous une surveillance ridicule), des ablutions dont on le coupe (la solitude maintenue jusque là), observé les systèmes de sécurité mis en place (runes partout). Informations emmagasinées par habitude de l’étude, de l’observation de milieux étrangers, et c’est pratiquement dans une posture d’anthropologue que Baruch s’est placé. Un anthropologue soudain bien calme, bien sage, presque docile, à côté du petit cirque comique du mois d’août qui a ajouté à sa réputation.
Un anthropologue aux crocs bien acérés à chaque fois que Knight vient à sa cellule lui porter, seul, la ration spéciale promise. Pas un mot n’a été échangé sur le sujet, depuis. Sur aucun sujet, même. Le silence en dit bien assez sur le dégoût de l’hybride à son sujet et sur son propre triomphe, à chaque fois que le sang frais et riche tapisse sa gorge.

Cette nuit, bien sûr, il réfléchit, dans un demi-sommeil vague qui se dissipe dès qu’un craquement de l’escalier se fait entendre. L’instant se suspend jusqu’à ce que le silence soit à nouveau brisé, cette fois-ci par la voix rauque et basse du vampire : « You are not supposed to be here. » La personne n’a même pas passé le pas de l’escalier qui mène aux quelques cellules du grenier, mais il n’a pas besoin de sa vision nocturne (pourtant excellente), uniquement de son odorat, pour savoir qui s’avance vers lui à pas de loup.

Le parfum doucereux, presque écoeurant, de Cloak le précède, et il ne peut pas se retenir de plisser le nez alors que le jeune sorcier s’avance jusqu’à sa cellule. Il ne sait pas ce qui l’irrite le plus, entre ses tatouages magiques qu’il ne peut pas voir, mais clairement sentir (ugh, vraiment, ces originaux du SWAMP ont eu la pire idée, avec cette affaire de systèmes), et l'odeur de ce qu’il cache. Ce que lui ne peut plus ignorer à chaque fois qu’il croise Knight et ce qu’il a aussitôt reconnu sur la peau claire et délicate du encore plus jeune gardien. Probablement l’alliance des deux.
Le dégoût est ravalé et la curiosité reprend ses droits sur le visage pâle du vampire, alors qu’il se relève enfin de sa couchette et sort de l’ombre de sa cellule afin de faire face à son visiteur impromptu (habituellement, à cette heure approximative, ce n’est pas lui qui est assigné à son étage). Qui est encore plus blafard que lui, dans la pénombre : un soupçonneux exploit.

Baruch n’a pas quitté le ton presque trop bas précédemment employé, ni la nonchalance typique qui traverse sa voix dans ses interactions (rares) avec les différents gardiens de l’Iron Institution : « I fear that killing me would upset your crumpsy boss a whole lot. Il ne croit pas que l’hybride (parce que c’est ce qu’il est, n’est-ce pas ?) soit là dans ce but, mais il ne sait rien du tout de sa venue, alors autant tâter le terrain sans tarder. You would deny him all the fun. »

"And don't forget to get some rest, Dae!" ponctue Taliesin pour mettre fin à la conversation. Une fois que Knight s'est détourné en gromellant quelque chose d'inepte, Tal laisse retomber son sourire et ferme les yeux, ignorant le fourmillement familier de ses illuminaries gravés à même son dos. Cela fait quelques semaines déjà qu'il use et abuse de son talent pour manipuler les émotions des gens autour de lui pour relâcher un peu la tension permanente qui semble habiter le corps et les pensées de Knight - un travail subtil et ardu, qui requiert une patience à laquelle Taliesin n'est pas habitué. Mais c'est pour la bonne cause, et il serait bête de réduire à néant tous les efforts de ces dernières semaines à cause de son agacement pour la droiture exacerbée de Dae-won Song, chien de garde trop zélé de l'Iron - et ce, peu importe son tour de biceps impressionnant.
Plateau-repas en main, Taliesin fait signe à Percival de suivre Dae (et s'assurer qu'il ne lui emboîte pas le pas) et lui demande silencieusement de faire le guet alors qu'il commence à monter les escaliers menant à la cellule où se trouve Baruch Moran.

« You are not supposed to be here. » Taliesin arque les sourcils en entendant la voix du vampire - patience, patience, patience - et finit sa course dans un silence relatif ("okay, rude," souffle-t-il tout de même sous sa respiration, se fiant à la la superouïe du vampire pour qu'il l'entende tout de même). La vision de l'autre côté de la porte barrée de Baruch Moran, un peu plus perky que d'ordinaire, a néanmoins le talent d'amener un véritable sourire aux lèvres de Tal. « I fear that killing me would upset your crumpsy boss a whole lot. You would deny him all the fun. » Un reniflement accueille cette phrase cryptique et très vampiresque. "Monsieur Moran," répond-t-il d'un ton douceureux et très fortement accentué (Crumpsy - quel vieux con prétentieux), "I would never dream of upsetting my crumpsy boss." Le manipuler, le tripoter, l'empoisonner, oui, à la rigueur. Mais Taliesin aime bien Dae-won, au fond. Wrong place, wrong time, wrong person.

Un sourire asymmétrique vient se hisser sur ses lèvres fines, et Taliesin fait passer le plateau de nourriture dans l'encoche prévue à cet effet dans la porte barrée. Une bonne poche d'AB+ et un grand verre d'eau. Pas beaucoup de glucides, note Taliesin, mais les hémovores font comme ils peuvent. "You don't have anything to fear from me." Impossible d'en douter: avec sa silhouette frêle, son teint pâle de garçon victorien sur le point de tragiquement mourir d'une pneumonie et les cernes violets sous ses yeux, Taliesin n'a rien de menaçant. "I think we could learn a great deal from each other. You see, my inclinations these days towards this place are..." Il fronce les sourcils d'un mouvement bizarrement agaçant par sa simplicité délicate et vaniteuse, comme si il s'était entraîné à ce geste devant son miroir ce matin pendant des heures. "...Not Suitable For the Workplace," achève-t-il dramatiquement, Parlant Comme Ça pour se faire comprendre. Il lui fait un clin d'oeil appuyé. Au cas où.

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« Monsieur Moran, (en français, qu’importe cet accent américain si franc ― mais quel prétentieux) I would never dream of upsetting my crumpsy boss. » Ça n’explique pas sa présence, loin de la surveillance constante de Knight, loin des heures de passage qui sont les siennes, loin de tout ce qu’il peut penser. « You don't have anything to fear from me. » Le regard noir passe une nouvelle fois sur la silhouette gracile, comme pour s’assurer de la chose ― qui, à son sens, est de toute façon un mensonge. Il a toujours sa baguette, après tout. Il a toujours ses tatouages (même si leur effet sur lui est complètement contraire à ce qu’ils sont supposés faire, mais ça, il ne le sait pas). « I think we could learn a great deal from each other. You see, my inclinations these days towards this place are… Not Suitable For the Workplace. » L’emphase mise par le sorcier sur ces mots précis ne passe pas inaperçue aux oreilles de Baruch et il ne faut que quelques secondes pour que lumière se fasse dans son esprit affûté. Ses yeux déjà étroits se plissent davantage, en réaction au clin d'œil qui accompagne les propos de Cloak. Un commentaire rauque, définitivement intéressé : « Are they, now ? »

Il tire à lui le plateau-repas, dont la seule existence est suspicieuse. Il a l’habitude de Knight et du repas pris en tête-à-tête avec le référent de l’Iron Institution, une fois par semaine, pas plus, pas moins. Cette ration-là est donc supplémentaire ― et l’étiquette AB+ plaquée sur le côté du sac pourrait presque le faire ronronner de satisfaction.
Et évidemment, on ne lui a même pas offert de paille. Comme s’il risquait de tuer quelqu’un avec cela… quoique.
Le sorcier a un petit soupir et met le sac de côté, décidé à ne pas tout de suite y planter les crocs. Un temporaire zeste de pudeur devant l’inconnu aux mystérieux motifs. Pour autant que ceux-ci soient véritables : il n’est pas impossible que tout ceci soit une arnaque afin de lui faire avouer quelques informations à propos de ses camarades de la NSFW. Il a su que certains étaient vivants grâce à Johannes et il n’en a rien dit, afin de ne pas trahir la confession du vampire, ni sa confiance. Il est une source suffisante de problèmes pour le Runcorn.

Il préfère s’intéresser à Cloak, toujours debout devant la cellule. À lui et au verre d’eau dont il tire une parcimonieuse gorgée, non sans avoir prudemment vérifié que rien ne se cache dans le précieux liquide. « They do not know what you are, I suppose. » À vrai dire, lui non plus ne sait pas ce qu’est exactement le gardien ― il sait seulement qu’il cache quelque chose, de la même façon (ou presque) que Knight, et qu’il ne peut plus être floué. Une seule goutte de sang dans l’air et le vampire pourrait pointer plus exactement ce qu’il en est ; et s’il advenait à goûter cette dite goutte de sang… plus aucun secret ne tiendrait. Ses ongles claquent contre le verre, avant qu’il le substitue pour la poche de sang, sans l’entamer. « Are you tired of hiding yourself, Cloak ? Pour quelqu’un qui n’a jamais eu honte de sa nature et n’a jamais fait l’effort de la cacher, allant jusqu’à piger dans tous les stéréotypes vampiriques pour mieux servir son image (y compris du temps de son PhD à Princeton), l’idée de se dissimuler ainsi est… saugrenue. Ridicule. Surtout au prix de la force, de la vitalité, de ses pouvoirs. La faiblesse de Cloak, il peut presque la goûter. Or only tired of our friends ? »

Les yeux de Baruch se plissent et Tal sent une nuée d'étincelles descendre le long de sa gorge pour exploser dans sa poitrine. Appréhension, désir ou impatience, difficile à dire. Et peu important, en cet instant tendu où chacun des membres de Tal est crispé, ses sens aux aguets de peur de se faire surprend à parler de choses impossibles avec le prisonnier contre lequel Dae-won lui-même a une dent. Dans un coin de son esprit, Percy lui fait parvenir que pour l'instant, ils sont saufs. Mais qu'ils travaillent contre la montre. « Are they, now ? » Tal hoche la tête. "That they are." Il regarde d'un oeil prudent le vampire tirer à lui son plateau repas d'un mouvement vif et il reste immobile face à sa cage, les mains nonchalamment plongées dans les poches de son pantalon, une hanche plus haute que l'autre (il est clairement en tran de poser).

Taliesin, malgré l'impatience qui lui grignote les entrailles, ne bouge pas et ne réagit pas alors que Moran étudie puis boit de son verre d'eau et l'examine d'un regard méfiant. Son dos le démange toujours un peu, un inconfort diffus et familier, qu'il doit se forcer de ne pas étendre en direction de Moran. Il ne veut pas le braquer tout de suite. « They do not know what you are, I suppose. » Tal sourit et penche la tête sur le côté. "And you do?" Sa voix est moqueuse et arrogante, forte du savoir intrinsèque qu'il n'y a personne comme lui dans le monde et encore moins dans le pays - du moins, c'est ce qu'on lui a répété pendant des années. Et à part Phoebe, il n'a jamais rencontré un autre individu comme lui. « Are you tired of hiding yourself, Cloak ? Or only tired of our friends ? » La tête de Tal penche de l'autre côté d'un air interrogateur, comme un oiseau changeant d'avis. "I am also a we," dit-il lentement. "My sister is tired of this place. I am tired of these people, their lives." Ils sont loin d'être ses amis, malgré le temps qu'il a passé avec eux: le choix de ses mots, et le ton posé et détaché qu'il emploie, parlent pour lui de ce que Taliesin ressent pour ses pairs.

Vient le moment de vérité. Son père adore pêcher, et il emmenait parfois Tal pendant les vacances en France pour lui montrer les bons spots. Taliesin trouvait ça nul, chiant, dormir dans une tente quand ils y passaient la nuit était infernal, les moustiques, l'humidité (ses cheveux!), la boue (ses vêtements!) - et tout ça pour quoi? Pour passer des heures à regarder la surface de l'eau des rivières françaises, le solel battant sur sa nuque, les conseils idiots de son père dans l'oreille.
Il se souvient des longues heures d'attente; il se souvient aussi des conseils. Comment ferrer le poisson, le ramener, garder la ligne tendue sans qu'elle ne craque, laisser aller pour mieux ramener. Du lest, de la tension. De la tension, du lest.

Taliesin sent son coeur battre un peu plus vite et fort dans sa poitrine en plongeant la main dans sa poche. "Here's a show of good faith. Grown by yours truly." Il lance, à travers les barreaux de la cage, la petite fiole de sang. Il l'a fait couler ce matin-même, avant de le recouvrir des enchantements prescrits par Phoebe pour le garder frais et, surtout, caché par les multiples sortilèges de sécurité déployés dans l'Iron. Tal connait la sécurité de l'endroit par coeur - il n'a pas eu de mal à déjouer ses théorèmes magiques complexes. "A couple more shots of these and you could take my crumpsy boss head on. Wouldn't you like that?" demande-t-il d'une voix douce et encourageante, qui n'a pas sa place sur son visage froissé par quelque chose ressemblant à du dédain. "I think we can help each other." Plus précisément, Taliesin peut aider Baruch - mais autant prétendre les mettre sur un pied d'égalité, pour le moment.

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Tout ceci semble grandement amuser le taulier, ce qui fait changement de la tête de porte de prison (si vous aimez l’humour) que lui sert Knight depuis qu’il a été transféré de cellule. Autant la situation que les mots de Baruch : « And you do? Only that you are not entirely human, commente-t-il platement. Il pourrait tenter de deviner, dans un jeu de questions et réponses humiliant, mais la figure narquoise de Cloak n’invite guère au jeu. (quoique… part merfolk, peut-être ?) La tête se penche un peu. Congratulations. » Félicitations et ses compliments au chef qui réussit cet acte de prestidigitation qui fait passer un hybride (mixed, comme disent les jeunes) pour un sorcier presque lambda.
Le diable est dans les détails et Baruch ne peut que remarquer les artifices grossiers qui cachent la vérité. Il en sait à la fois trop et pas assez. Autant sur Cloak et sa nature que sur ses intentions, alors que cette discussion entretenue à demi-mots penche dangereusement vers une insurrection de l’insurrection. « I am also a we. My sister is tired of this place. I am tired of these people, their lives. » La froideur des termes employés en dit plus que le jeune sorcier ― these people, their lives. Comme s’il parlait de quelques insectes dérangeants devenus inutiles.

« Here's a show of good faith. Grown by yours truly. » Heureux pour tout le monde que le régime au sang de quart-Vélane ait ramené un peu de vivacité dans le vieux vampire, parce que ç’aurait sinon été gênant qu’il rate la fiole et que celle-ci se casse au sol. Heureux, donc, qu’il l’attrape vivement, ses longs doigts refermés autour du verre froid. « A couple more shots of these and you could take my crumpsy boss head on. Wouldn't you like that? Ses prunelles détaillent le liquide carmin et porteur de promesse, sans qu’il ose pour le moment ouvrir la fiole, de la même façon qu’il n’a pas planté les canines dans la poche de sang. I think we can help each other. » Le sourire du chercheur porte une nuance d’indulgence un peu méprisante. Ses doigts font rouler la fiole dans la paume de sa main, en attente de vérifier ce qu’il en est de ce signe de bonne foi, et ses yeux noirs reviennent au gardien. « Helping you and your sister would mean a lot to me, but I am not in an ideal position to do so. » Rapport à la grille enchantée qui les sépare, à cette cellule où il est enfermé la majorité des longues heures de la journée et de la nuit, et vous connaissez l’histoire. Disons que son apport est assez limité, mais il est certain qu’ils sauront trouver un terrain d’entente. « Did you come into contact with my colleagues ? » Ce sont eux qui importent, dans l’affaire, et qui peuvent faire une différence autant pour Baruch que pour Cloak et sa sœur. Ce sont eux qu’il ne veut pas trahir en se prenant au jeu d’un gardien un peu trop poseur, un peu trop arrogant. Il n’est pas prêt à jurer que tout ceci n’est pas une mascarade destinée à l’amadouer et à lui faire cracher les quelques informations qu’il possède à propos de la No Safety For Wizards.

La fiole mystérieuse est enfin débouchée et aussitôt, le parfum qui s’en émane lui donne honteusement faim ― il en saliverait presque, ceci sans même avoir goûté au contenu (autrement plus tentant que l’actuelle odeur du sorcier de l’autre côté de la grille). Peut-être Cloak peut-il voir sa pomme d’Adam tressauter dans sa gorge ? Son expression changer, se teinter d’une avidité incontrôlée ? « Interesting », que se contente de dire le Moran, comme s’il n’était pas du tout touché. Comme si sa voix éraillée ne portait pas une vibration nouvelle.

« Helping you and your sister would mean a lot to me, but I am not in an ideal position to do so. » An ideal position to do so - Tal serre les dents en réprimant un roulement d'yeux face aux manières du vampire et à la place parvient à étirer un sourire qui ressemble plus à une grimace sur ses lèvres fines. « Did you come into contact with my colleagues ? » Un frémissement dévale le long de son échine et il a presque l'impression de sentir la canne à pêche antique de son père tressauter dans ses mains; maintenant, il est question de resserrer sa prise et de ne rien lâcher, pour ramener le trophée à la rive. "Not as of yet," murmure Taliesin, sans préciser que si c'était le cas, Phoebe et lui n'auraient même pas pris la peine d'essayer de le libérer ou de prétendre penser y parvenir.

Il n'élabore pas tout de suite, observant plutôt d'un regard curieux Moran ouvrir la fiole qu'il lui a lancée, se concentrant sur ses infimes réactions et réprimant à grand mal un sourire satisfait en voyant l'effet quasi-immédiat que ça a sur lui. « Interesting. » Taliesin renifle. "I get that a lot," répond-t-il du tac-au-tac. "Tell me how to find them. My sister and I have a plan. We'll get you out, take you to them and you'll talk to them into letting us in." Il est plus impatient et précipité qu'il aimerait - eager, un relent de peur venant s'installer dans le fond de sa voix à la perspective de rester s'enraciner dans l'Ordre jusqu'à la fin.

Phoebe et lui ont été d'accord très rapidement: ils ne peuvent plus faire de vieux os parmi les résistants. Taliesin les méprise, alors qu'elle les trouve trop mous. Il leur faut agir, et vite, et Baruch s'est vite révélé comme une évidence à l'instar du reste de la NSFW: c'est avec un espoir qu'il a du mal à réprimer que Tal regarde Moran, ainsi qu'une teinte paradoxale de désespoir. Il a du mal à imaginer une raison pour laquelle Moran préférerait pourrir dans une cellule de l'Institute, même si il imagine qu'il vit là dans un confort tout relatif vue la préférence que semble lui donner Dae-won. Est-ce qu'il lui cache le mauvais traitement que pourraient leur réserver les membres de la NSFW? Difficile à dire, et de lire le visage de Moran. "Do you need privacy?" raille Taliesin quand il ne le voit toujours pas se jeter sur son sang qui, il le sait pourtant, est aussi délicieux qu'entêtant pour les gens de l'espèce de Moran. "There's more where that came from, you know. Doesn't that sound just like a dream," ajoute-t-il avec un accent américain rétro exaggéré, et un sourire tout aussi factice mais, il l'espère, encourageant.

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TW : blood drinking

« Tell me how to find them. My sister and I have a plan. We'll get you out, take you to them and you'll talk to them into letting us in. Hold your Abraxans, will you, Cloak. » Le plan est exposé presque trop rapidement et en réponse, le vampire ne peut que laisser sa méfiance reprendre le dessus. Celle qui lui dicte que tout ceci est un potentiellement délicieux guet-apens et qu’il ne doit pas se laisser avoir par… par quoi ? Une fiole de sang un peu goûteuse (au point qu’il doive la reboucher pour ne pas être distrait par son parfum) et les demandes d’un parfait inconnu ? Il a le cœur tendre, mais pas à ce point.

Sa retenue ne semble guère plaire au jeune hybride. « Do you need privacy? As a matter of fact― Impossible de poursuivre et de oui, demander à ce que l’autre ait au moins la décence de se retourner. There's more where that came from, you know. Doesn't that sound just like a dream. You make yourself sound very valuable », et Baruch fait exprès de rendre son ton une nouvelle fois aussi plat que possible.

Le gamin est très full of himself et venant de quelqu’un qui n’est certainement pas en reste de ce côté, c’est remarquable à noter.

La fiole est débouchée à nouveau et bue entièrement, en une seule gorgée salvatrice. Le sang est chaud, riche, et son goût inattendu éclate dans toute sa bouche, sa gorge, laisse une traînée enflammée sur son passage dans son oesophage. « Very interesting, even », et un petit rire éraillé lui échappe alors que l’effet du sang hybride a un effet quasi instantané sur son organisme avide qui prend de plus en plus de temps à se régénérer et trouve un soulagement dans l’hémoglobine absorbée. Une pensée fugace ― il avait raison pour les origines merfolk. Comme quoi, il a toujours l’oeil pour ce genre de chose. Le sang d’être de la forêt… une friandise supplémentaire à déguster.

Les joues se Baruch se colorent d’un rose soutenu, comme s’il avait bu un solide verre de scotch, et il s’empare de la poche de sang AB+ pour y planter les crocs, la pudeur mise de côté. Le sang régulier lui apparaît d’une fadeur incroyable, après le nectar bu, mais la ration supplémentaire calme adéquatement l’appétit déjà presque comblé par l’apport du sang d’être de la forêt (vraiment, une merveille). Lui permet aussi de réfléchir, les orbes noires de ses yeux plantées sur le visage pâle de Cloak. Dans le silence, seul subsiste le bruit grotesque, obscène, de sa déglutition gourmande.

Lorsqu’il relâche le sac de sang, celui-ci est vide. Crocs et babines sont pourléchés sans honte, dans un geste quasi sexuel, avant qu’il replace la poche de sang sur le cabaret-repas (ridicule). Il se sent… plein. Sensation vertigineuse dont il compte bien profiter, du fait de sa rareté, et qui donne au visage du vampire un air santé presque à l’excès ― lui donne un air encore plus jeune. Le verdict est asséné avec calme : « Make yourself bleed, Cloak. Une seconde de flottement. Here and now. »

C’est dangereux, bien sûr. Ici, à l’Iron Institution de tous les endroits où le Phénix fait sa loi, ce n’est pas un endroit sécuritaire où saigner. Pas pour un gardien, pas pour quelqu’un qui se cache, pas pour quelqu’un qui est venu en catimini le voir. Ils le savent tous les deux, mais le vampire n’en a cure. Ou il s’en soucie beaucoup. « Then, I will help you. » Quant au plan de sa sœur et lui… moins il en sait, mieux ce sera pour eux, suppose-t-il.

tw: sang, auto-mutilation, bloodplay at this rate

« You make yourself sound very valuable. » Taliesin acquiesce distraitement. Face au ton plat, presque sévère, de Moran, le sourire de Taliesin ne flanche pas: il l'immobilise sur son visage comme un expert. Il est trop tard pour rebrousser chemin. Maintenant, Moran doit lui faire confiance, coûte que coûte. C'est sa vie qui est en jeu. Pire, c'est la vie de Phoebe, aussi, quie st en jeu.

D'un geste rapide, Moran ouvre la fiole et la boit d'une traite. Fasciné, Taliesin regarder sa gorge travailler sous sa peau, et son visage trahir un modicum de surprise dans une esclaffe rapide: « Very interesting, even. » Peut-être que Tal ne devrait pas être si satisfait qu'on lui dise que son sang est délicieux; peu importe, on a connu pire fétiche. "Told you," souffle-t-il, avec un regard anxieux vers le couloir et le monde au-delà. Son coeur est lourd dans sa poitrine: depuis qu'iels sont jeunes, Phoebe et lui cachent leur nature d'hybrides sur les conseils de leur mère, animé.es par la peur d'un jour se faire... quoi exactement? Kidnapper, tuer, abuser, blesser? Toutes les mises en garde de leur mère sont restées en elleux sous formes de cauchemars et d'angoisses permanentes. Révéler ainsi leur plus grand secret à Baruch Moran, of all people, réveille en Taliesin quelque chose qu'il pensait avoir enfermé dans un coin de son esprit depuis longtemps.

Une chose à la fois. Ramène-le de notre côté, et sortons de là. La voix de Phoebe le guide comme un phare dans la nuit; Tal serre des dents en conservant son sourire, regardant Baruch reprendre des couleurs avec une impatience grandissante.

C'est avec une fascination morbide que Taliesin observe le vampire se nourrir. Il a l'impression d'être épinglé par son regard vissé sur lui: Moran ne le lâche pas des yeux en aspirant à grandes gorgées la poche de sang. Taliesin sent quelque chose de brûlant lui descendre dans le ventre (I hope this doesn't awaken anything in me) et pince légèrement des lèvres en attendant la fin de ce spectacle vulgaire et énervant, sa peau blêmissant à mesure que celle de Moran reprend vie.

Taliesin suit avec grande attention la langue de Moran nettoyer ses babines, et attend la suite de cette petite entrevue avec une certaine névrosité. Il n'est pas déçu: « Make yourself bleed, Cloak. » Il y a une pause, et Taliesin a l'impression que son coeur a cessé de battre dans sa poitrine. « Here and now. »
Impossible. Il lui a fallu plusieurs jours pour avoir la force de se faire saigner pour remplir la fiole: à cause de leur nature, les Briancourt sont chétif.ves, prônes à la maladie, aux infections, à l'hypoglycémie et aux saignements abondants; même si, paradoxalement, ils guérissent plus rapidement des blessures à vif. "I..." commence à protester Taliesin, le coeur battant sourdement dans sa poitrine, mais Moran est sans détours: « Then, I will help you. »

Tal évalue rapidement la situation. Phoebe saurait quoi faire en un instant; lui, hésite, pendant quelques secondes, avant d'arriver à la conclusion qu'il n'a pas le choix. Ou plutôt: il n'a pas le temps. Protester ne servira à rien, négocier ne fera que retarder l'échéance, et montrer patte blanche ne pourra que les aider. Il a besoin de Moran.
Tal déglutit et hoche fermement la tête. "Alright," souffle-t-il, produisant sa baguette de sa manche. "Don't..." go crazy. Il ne finit pas sa phrase en pointant sa baguette sur son avant-bras, concentré.

C'est le tabou le plus ultime: Tal et Phoebs ont toujours su qu'à se faire saigner, iels se feraient démasquer en un quart de tour. Leur sang est précieux, peut-être unique, et ne devrait pas être ainsi partagé avec quelqu'un qui pourrait l'utiliser contre elleux. Mais Taliesin n'a pas le choix, alors il pose le bout de sa baguette contre sa peau et, quelques secondes plus tard, son sang si précieux commence à couler le long de son avant-bras pâle, un ruisseau vermeil qui se divise en plusieurs branches jusqu'à son poignet.
Il serre le poing et le sang se met à couler plus vite, si bien qu'il retire sa baguette pour laisser ses veines faire le travail. Avec réticence, Tal fait lentement passer son bras à travers les barreaux de la cellule. "Oh god," bredouille-t-il sous sa respiration, bien conscient du risque inconsidéré qu'il est en train de prendre, alors qu'il est littéralement en train de s'offrir en pâture à un fauve en cage; il garde néanmoins sa baguette dans son autre main, un sortilège offensif en crépitant au bout. "Please don't bite me," couine Tal d'une petite voix pathétique, serrant de nouveau le poing jusqu'à en faire tomber des épaisses gouttes de sang rouge. "And be quick - I already feel faint."

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TW : sang, blood drinking, pensées noires/meurtrières obsessives

Les choix offerts sont plutôt limités. Oui, ou non, et bien peu de possibilités entre ces deux extrêmes. Ils ne sont pas là pour faire dans la demi-mesure ou se perdre dans davantage de négociations et la fermeté convaincue dans la voix du vampire laisse deviner que l’offre est à prendre, ou à laisser. Un test de foi autant que de caractère pour Cloak, quelque chose qui surpasse la superficialité de ce premier réel contact entre eux. Quelque chose de réel. « Alright. » La mise en garde incomplète du jeune homme est avalée dans la confirmation faible ― ignorée, à peu près, alors que Baruch ne le regarde plus dans les yeux, mais fixe plutôt son avant-bras.

L’odeur est obsédante, l’effet immédiat. Sa main attrape celle de Cloak avec une certaine douceur, puis remonte le long de son avant-bras jusqu’à atteindre son coude et immobiliser le membre de son côté des barreaux. Une force suffisante pour qu’il ne se dérobe pas. « Please don't bite me, and be quick - I already feel faint. Trust me, Cloak », ronronne le vampire à la poigne trop forte autour du bras blême et frêle du sorcier.
Il lui en demande beaucoup.

Il pourrait le tuer si aisément. Le laisser mourir. Attendre qu’il saigne encore un peu plus, qu’il soit faible, le tirer jusqu’à lui et se saisir de sa baguette. Une chance sur deux d’éviter le sortilège prêt à partir en sa direction, à bout portant, d’attraper l’arme, de sortir de cette cellule. Sortir d’ici pour de bon, tout tuer sur son passage, mourir peut-être. Sinon le regarder saigner, saigner, saigner encore, ne rien faire, regarder le sang tomber au sol, devenir une flaque tout autour du geôlier, admirer son corps inanimé comme on admire une oeuvre d’art, être à nouveau frappé, battu, presque tué, et son sang de se mélanger à celui de l’hybride.

Les pensées morbides sont chassées alors qu’il se penche et que la langue brûlante et rouge glisse le long de la chair nue, ses yeux à nouveau rivés dans ceux de l’hybride. Le sang de la fiole était savoureux ; celui frais, encore chaud des veines dont il coule avec une aisance suspicieuse, est un délice. Indécent, presque. Un danger, s’il n’était pas déjà rassasié, s’il avait faim, et si tout cela n’était pas que pire gourmandise. Don’t ― l’avertissement se marie au souvenir amer de Rivage, au goût âcre du sang de harpie, à la faiblesse impardonnable toujours inscrite dans sa mémoire. Don’t. L’éclat blanc des canines acérées brille dans le sourire meurtrier dès qu’il termine son oeuvre, sans jamais trop s’approcher de l’entaille. Sa bouche est aussi rouge que la coupure, simulacre de la blessure. L’avant-bras est relâché ; ses ongles laisseront leur marque dans la peau fine, cinq demi-lunes délicates et violacées. « It is a deal. Pacte scellé. I will lead you to my colleagues, once I am out of here. » Et si tout ceci est un plan longue durée très soigneusement élaboré destiné à traquer les deux pelés et trois tondus de la NSFW… well, il le saura bien assez tôt une fois sorti d’ici.

« I do not want to know your plan. The less I know, the better. We do not want our precious Knight to uncover anything. La mine est entendue. Le verre d’eau est avalé, une seule gorgée, déposé sur le plateau-repas, et celui-ci rendu à l’hybride avec la politesse la plus anodine. Thank you for your company Cloak. »

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