tw:mention de drogue, de mort, hallucinations

C’est avec une assurance presque effrayante que Calix a accepté. Il a bien plus qu’accepté, il a même affirmé qu’il pourrait s’y mettre à n’importe quel moment, maintenant, tout de suite même si on le lui demandait. Il pratique l’alchimie depuis des années, et la confection de potions depuis plus longtemps encore, et il suffit simplement de suivre des notes bien organisées - aux dernières nouvelles, il sait encore lire, thank you very much. Il s’est néanmoins vu répondre qu’il valait probablement mieux qu’il prenne le temps nécessaire pour les étudier, ces notes, plutôt que de se lancer tête baissée dans un ouvrage bien trop complexe pour lui. ”It’s alright if you’re not ready, if you can’t. − Oh but I can, you’ll see.” Avec le recul, Calix est presque soulagé du temps qu’on l’a forcé à prendre pour se plonger dans les notes d’Aoife, et surtout, les étudier consciencieusement. Parce que son impulsivité a été rattrapée par la réalité de ce qui s’est révélé sous ses yeux, dans les différents carnets laissés derrière elle par la demi-selkie.

Tout d’abord, qu’Aoife était une génie, une vraie, de ceux dont les travaux resteraient probablement dans l’histoire.
Ensuite, qu’il a eu une chance incroyable, de la connaître, et d’avoir été son apprenti en bien des domaines.
Puis, qu’il aurait certainement dû s’intéresser un peu plus aux runes, plutôt que de se concentrer uniquement à l’alchimie et aux potions.
Et enfin, qu’il y a, en effet, une chance qu’il ne soit pas entièrement à la hauteur.

Mais cette dernière conclusion a disparu aussi rapidement qu’elle a cherché à s’installer dans son esprit, et avec la même passion qu’il sait se pencher et se perdre des heures dans la confection de ses potions, avec la même passion qu’il s’entraîne à utiliser les tatouages bien trop complexes qu’il a fait encrer sur sa peau, Calix s’est attelé à déchiffrer les notes d’Aoife. Des semaines, des mois à les recopier dans ses propres carnets pour assembler les éléments essentiels (parce que hors de question d’annoter quoi que ce soit sur les feuillets de son amie, il faut qu’ils finissent dans un musée, un jour), les comprendre, et les recopier encore, sur le sol, sur les murs du petit cabanon qu’il a décidé d’occuper quand ils ont trouvé ce cottage abandonné dans un coin reculé du Pays de Galles (en plus de sa chambre, évidemment).

”Do you need my help?” Calix, penché au-dessus des feuilles éparpillées sur son bureau de fortune, jette un regard par-dessus son épaule, et un sourire illumine son visage. ”Of course, always.” Dès la première semaine, ils ont fait installer un matelas dans le cabanon, à cause de sa manie à parfois s’endormir directement sur le plancher - ainsi qu’une planche de bois posée sur deux tréteaux, histoire qu’il puisse y installer tout son matériel de potionniste et d’alchimie. ”I should have listened when you were talking about runes. − You hardly ever listen. − I know”, répond-il en ayant un rire léger, relâchant sa plume pour passer une main dans ses cheveux et s’affaler sur sa chaise, les yeux clos l’espace d’un instant. ”It’s alright if you’re not ready, if you c-- − Yeah, you always say that, but you’re not really. − What do you mean?” Les yeux de Calix s’ouvrent de nouveau, et ses pupilles multicolores, dilatées par la trop grande dose de potions euphorisantes et hallucinogènes qu’il a ingérées pour tenir. ”Because you’re not real. But it’s alright, I love you still, and I like when you're coming over to give me a hand.” Et sa main se tend vers l’image un peu floue d’Aoife, qui s’avance vers lui avec un sourire avant de refermer ses bras autour de lui. C’est presque comme s’il pouvait la sentir, à chaque fois, et c’est réconfortant, en un sens. Elle est toujours là, quand il veille trop tard dans la matinée sur ses notes, aux moments où il se casse le plus les méninges sur son écriture en pattes de mouches. ”Do you think I can really help Dad? − Yes.” Et c’est toujours à ce moment-là, qu’elle disparaît, et c’est avec un sourire aux lèvres que Calix reprend son étude - ou s’endort profondément sur ses notes.

Aujourd’hui, il sait qu’Aoife ne sera pas là. Parce qu’il n’y a plus l’ombre d’un doute en lui, et qu’il sait qu’il est prêt - également parce qu’il a pris la décision de ne pas ingurgiter la moindre potion (ou du moins, rien de trop fort, juste de quoi lutter contre son habituelle fatigue qui commence à s’intensifier à mesure qu’ils progressent dans l’automne). Grâce à l’amie incroyablement belle de Numa, il a tout ce dont il a besoin, et grâce à Aoife, il sait tout ce qu’il a besoin de savoir. ”Oh hey Dad! I’m not 100% done, but you can sit on the bed if you want ” Ses yeux rieurs accueillent Numa qui vient d’apparaître dans l’encadrement de la porte du cabanon, et Calix lui désigne du menton le matelas, avant de réaliser soudainement : ”Oh, wait, I’ll help!” Cela fait des mois (presque un an) que Numa est cet état, et il n’arrive pas à s’y faire, l’information ne veut tout simplement pas rentrer dans sa cervelle. Parce qu’il ne voit que Numa, quand il pose ses pupilles sur lui, celui qui lui a montré la voie et a donné un sens à son envie de changer les choses - Dad, pour résumer cela en un mot. Aussitôt dit, Callistus se lève de sa chaise pour l’aider, lui prêtant son bras pour qu’il puisse s’installer sur le matelas au sol (peut-être qu’il devrait choper l’un des sommiers inoccupés, mais il verra tout cela plus tard). Il a déjà oublié ce qu’il était en train de faire, et il s’assied à son tour au bord du matelas, recroquevillant une jambe contre lui pour l’entourer de ses bras. ”Did you see the cake I left on the counter for breakfast? Did you like it? I put some raspberries in it but I couldn’t remember if it was your favorite fruit or Hydrus’. I really hope it was yours, you know, to have you in a good mood for the thing.” D’un regard en coin il désigne son bureau où fume une potion presque à point, ses yeux revenant rapidement à lui, posant sa joue contre son genou replié en lui adressant un sourire léger, de ces rictus un peu déconnectés qu’on lui connait bien. ”So did it work? Put you in a good mood?”

Il se regarde dans le vieux miroir de la salle de bain. Ce n'est pas un comportement que Numa a d'ordinaire, mais il en a eu l'impulsion avant de rejoindre Calix qui lui a dit - à plusieurs reprises, en insistant beaucoup - que c'était le grand jour. Alors, après s'être lavé les bras de haut en bas d'abord, puis de bas en haut, et encore de haut en bas. Entre chaque doigt, puis en cercle sur les épaules dans cette routine qui ne l'apaise que trop et ne fait que renforcer son impuissance ; Numa a levé son visage pour observer son reflet sur la glace poussiéreuse et fendue en son centre. Il a encore perdu du poids, ses joues sont creuses et des cercles sombres glissent sous ses yeux. Il est même certain d'apercevoir des poils blancs sur sa barbe ça et là. Too young for this shit, too old to die young. Et ce n'est que son visage, s'il devait poser son regard sur le reste de son corps, il sait qu'il apercevrait la perte de muscles, le dos un peu vouté, et les veinures qu'il a senti quelques secondes plus tôt. Il ne le fera pas et se détourne même de cette image démoralisante, un peu trop vite, assez pour que sa tête ne tourne et qu'il doive se rattraper au lavabo.

fuck.

Avec un peu de chance tout cela sera bientôt derrière lui, soit Calix réussira soit ... il n'y aura plus de Numa du tout. le Leader de la NSFW ne préfère pas imaginer une option où rien ne se passe, ce serait pire que le reste. Vivre ainsi lui est insupportable, voir dans le regard des siens la pitié ou la compassion, il n'en peut plus. Il ne leur a pas dit pour ne pas les inquiéter (ils viennent après tout de trouver une maison et de se retrouver presque tous) mais Numa s'est laissé une dernière deadline, il a commencé à prévoir un plan de secours au cas où. Un plan D comme il ne nomme dans sa tête non sans un certain cynisme. Aujourd'hui sera déterminant pour la suite.

C'est avec cette idée en tête, et après avoir retrouvé le contrôle de son corps, que Numa se met en route lentement (trop) vers Calix. Il doit à plusieurs reprises s'appuyer contre les murs et faire des pauses et il est soulagé de ne croiser personne sur son chemin. Il ne supporte plus les regards et les silences qui en disent trop long.

Quand il arrive après ce qui lui paraît être une éternité dans l'entrebâillement de la porte, Numa regarde en silence Peanuts s'affairer et cette image fait apparaître le flashback d'Aoife. Ses dents se serrent avec son cœur. Il a encore du mal à se faire à l'idée de leur mort bien qu'il ait maintes fois répété le contraire. Il les voit parfois dans des souvenirs et dans ses cauchemars, imagine ce qu'ils pourraient dire dans telle ou telle situation. Les humains vivent tous avec des fantômes d'une certaine manière, mais la NSFW commence à en avoir que trop. C'est Calix qui rompt le silence en premier en se retournant. ”Oh hey Dad! I’m not 100% done, but you can sit on the bed if you want ” Un sourire se dessine sur le visage de Numa, le jeune a toujours eu cet effet sur lui, il éprouve une certaine tendresse pour ce gamin et c'est pourquoi ni sa prolixité ni ce surnom un peu ridicule qu'il a décidé de lui donner ne l'exaspèrent. "Okay," répond-il avant d'être rapidement aidé par Calix. ”Oh, wait, I’ll help!” Numa le remercie par un hochement de tête et un autre sourire qui n'atteint cette fois pas complètement le coin de ses yeux. Un boulet. Un vieillard avant l'heure. Un faible homme. Trop d'impressions qu'il rejette de toute son âme en posant ses fesses sur le matelas au sol.

A peine assis et rejoint par Peanuts que celui-ci s'empresse de l'assaillir de mots qu'il a un peu de mal à suivre. Sa bouche est pâteuse et ses pensées s'enlisent,   tout lui paraît comme ralenti. Pour un sorcier d'action et de vitesse c'est la pire des situations. ”Did you see the cake I left on the counter for breakfast? Did you like it? I put some raspberries in it but I couldn’t remember if it was your favorite fruit or Hydrus’. I really hope it was yours, you know, to have you in a good mood for the thing.” Il se laisse bercer par les mots pourtant, continue de sourire malgré lui et cela même si ça lui fait un peu mal, le tire de partout. ”So did it work? Put you in a good mood?” "Yeah it did." Numa n'a en réalité qu'à peine touché au cake. Rien à voir avec les talents de son ami qui sont indiscutables, mais chaque aliment qu'il ingurgite s'amasse dans sa bouche et lui colle au palais. Même ce truc vital de la vie ne lui apporte plus grand réconfort. "Do you need help with aything? Sorry if I'm a little bit early." Numa était trop impatient pour rester à attendre dans sa chambre à s'arracher les cheveux, seul avec ses pensées qui s'obscurcissent de plus en plus. "Don't worry if it's not ready, I can wait." He can't really, he's feeling it in his bones, que cette chose est en train de tout lui prendre, bout par bout, morceau par morceau, mais ce n'est pas comme s'il avait le choix, et il a bien vu avec quelle détermination Calix s'était emparé de sa mission (au moins n'a-t-il pas perdu son sens de l'observation avec le reste, ye-fucking-ah), il ne veut pas le presser, ne voudrait pas qu'un échec repose sur ses épaules. Ils portent déjà tous beaucoup trop de choses.

tw:ugly arm (sorry dad), mention de drogue

”Yeah it did.” Un éclat s’illumine au fond des pupilles de Calix, un éclat presque tendre – il se doute qu’un simple gâteau ne saurait alléger l’esprit certainement embrumé et épuisé du leader de la NSFW. Small gestures can make a difference, a retenu Calix de ses jeunes années passées à l’orphelinat Rhodes, une ligne de conduite gravée à même son squelette, qu’il respecte sans avoir besoin de se forcer. C’est ce qu’il fait, au quotidien ; et c’est ce qu’ils font, plus largement, à la NSFW, en tapant plus ou moins fort, sur plus ou moins gros, pour faire bouger les choses et make a difference. C’est ce que fait Numa, aussi, même dans cet état, et même s’il ne doit certainement pas s’en rendre compte. ”Nice nice nice, I’ll bake more of those then”, répond Calix avec un sourire en refermant ses bras sur ses jambes qu’il replie contre son torse.

Parfois (souvent) Callistus oublie que Numa a un peu changé. Il l’appelle au travers de la maison comme s’il pouvait aisément se déplacer jusqu’à lui, et comme s’il ne dormait pas la plupart du temps. Il continue de lui proposer de l’accompagner à droite à gauche, comme s’il pouvait encore venir avec lui. Il continue de faire des plans sur la comète, avec l’assurance qu’ils pourront se réaliser. Il lui parle de l’attaque du Dancing Phoenix, du mariage, comme si Numa y était avec eux. Et puis, il se rappelle.

Il se rappelle, mais il refuse de dire que Numa a changé – il traverse juste une mauvaise passe, qui va bientôt s’achever, et tout redeviendra comme avant. Évidemment, que Calix est capable de constater à quel point il a maigri, à quel point il a l’air constamment épuisé, à quel point son état se dégrade un peu plus chaque jour, chaque semaine, chaque mois où il est laissé dans cet état. Mais les yeux de Numa ne trompent pas, quand bien même y est désormais logé quelque chose d’un peu plus sombre – it’s still the same Numa, the same leader and the same warrior. Et c’est cette simple pensée qui motive Calix, et il n’en doute pas, qui motive les leurs à se reconstruire petit à petit.

”Do you need help with anything? Sorry if I'm a little bit early”, s’excuse Numa, et les sourcils du vampire se haussent sur son front, ramené à la réalité et à ce qu’il était en train de faire juste avant l’arrivée du sorcier. ”Oh shit, you’re right!”, s’exclame-t-il en ayant un rire léger avant de se lever presque précipitamment pour revenir au bureau de fortune où il a élu domicile ces derniers temps. ”Don’t be sorry, you’re right on time.” Un peu en avance, certes, mais pile à l’heure quand même. ”Don't worry if it's not ready, I can wait.” Calix se laisse tomber sur sa chaise et rabat ses cheveux en arrière pour les dégager, puis les maintenir ainsi avec des lunettes de protection qu’il pose sur son crâne. ”No no no, I’m so ready. I mean– okay, so.” Il s’interrompt de lui-même pour mieux reprendre à zéro et rendre ses explications aussi claires que possible, autant pour lui que pour Numa (surtout pour lui, histoire de faire l’inventaire de ce qu’il lui reste à faire). ”The potion for you to have a good time is still cooking,” débute Calix en pointant de ses deux index joints l’alambic contenant une mixture aux teintes pâles frémissant doucement, et laissant d’échapper une fine fumée – cette partie là n’était pas dans les carnets d’Aoife, mais il a semblé évident au jeune potionniste que de quoi anesthésier et détendre Numa serait essentiel (c’est l’une de ses spécialités, après tout). ”The potion for me to have a good time right after is still cooking too, but this one is not urgent”, ajoute-il en ayant un rire avant de se concentrer à nouveau pour énoncer la suite, s’emparant d’une petite fiole au contenu bien moins appétissant, un liquide épais et marron. ”So this is ready, I added sugar and mint in it but… yeah, I think it’ll still be awful, I’m sorry. Basically I need some ingredients to be, like, in your body directly for the transmutation, so I had to mix the grossest– you know what, I’ll spare you the details.” Mieux vaut éviter de rendre Numa encore plus malade avant de commencer ; Calix repose la fiole sur le bureau et s’empare de son carnet, plissant les yeux pour relire ses notes. ”So, uh, this, this, and this we’re good, that one too”, marmonne-t-il pour lui-même, jetant un coup d’oeil à chaque ingrédient au fur et à mesure qu’il repasse sur la liste. ”Yeah, okay, so I’m done with preparing the ingredients, bless Auntie for that. So I guess while your potion is cooking, I can start drawing the circles and glyphs.” Et Calix remonte ses yeux dans ceux de Numa, une seconde de silence s’installant, avant qu’il ne précise : ”On your arm. I need to draw on your arm.”

Plus d’un plisserait le nez face au bras rongé par le mal de Numa, et Calix, de fait, a été surpris la première fois qu’il lui a demandé de lui montrer, pour savoir exactement ce à quoi il aurait affaire. Mais pas par dégoût, loin de là ; au contraire, il y a une certaine beauté aux veines saillantes descendant de son épaule à son poignet, comme un tatouage naturel, organique, vivant, et s’il avait encore de la place sur ses propres bras, il aurait souhaité pouvoir marquer à l’encre sa propre peau d’un motif similaire, pour rendre hommage à celui ornant le corps de Numa, en dépit de ce qu’il représente. Aussi un sourire creuse le coin de ses lèvres quand il regarde le sorcier retirer son haut pour découvrir son bras, et c’est baguette à la main qu’il se dirige vers lui pour se rasseoir au bord du lit. Il enroule ses doigts autour de sa main, là où le mal ne s’est pas encore étendu, pour rapprocher le bras nécrosé de Numa de ses yeux, qu’il relève vers lui. ”It shouldn’t hurt, but you never know, you tell me if it does, okay ?” Et c’est sur cet avertissement que Calix murmure une formule, et commence à tracer les glyphes alchimiques du bout de sa baguette à même la peau meurtrie de Numa.

Quand Callistus referme ses bras autour de ses jambes repliées, Numa a l'impression de voir à quel point il est jeune - ce qu'il est, mais on a tendance à oublier ce genre de détails quand on se bat, quand on résiste. Aoife, Riv, Sofiane, tous ils étaient jeunes. Trop jeunes pour périr ainsi en tout cas. trop jeunes pour avoir vécu toutes ces horreurs. Numa lui n'a jamais eu l'impression d'avoir eu une jeunesse. Quand il était à l'école, il ne profitait pas comme les autres de l'insouciance de leur âge - trop occupé à prouver sa valeur malgré son statut. Puis, à peine diplômé qu'on l'envoyait déjà en missions sur le terrain où les pires images l'attendaient. Il n'aurait même pas su quoi faire d'une journée de repos si on lui en avait offert une sur un plateau. Puis, le départ et direction l'Ordre. Puis, la NSFW. Son plus bel échec. Il sait qu'il ne doit pas penser ainsi, que ce n'est pas bon pour le moral des troupes. Mais voilà trop de mois passés à ne rien faire, spectateur forcé d'une pièce qui le désespère. Une tragédie qui semble n'avoir pas de fin.

Sans Sav, sans Baruch, sans Callix, Numa aurait déjà abandonné. On lui a appris des sorts pour s'assurer de son silence en cas de capture par les ennemis - il ne les oubliera jamais. Il doit se battre, une dernière fois, si ce n'est pour lui au moins pour eux. Numa se sent responsable de leur groupe. Ils sont tous trop jeunes (sauf Baruch) pour supporter tout cela, mais ce sont les cartes qu'ils ont choisi de jouer et c'est ainsi. Jusqu'au bout, pas de retour possible.

Alors, il tente encore. Compte sur les notes d'Aoife - il lui a toujours fait confiance avec sa vie - et sur la détermination de Callix pour que enfin il puisse sortir de cette apathie qui lui bouffe le bras et lui dévore les entrailles. — I knew you'd think about the good-time potion, that's why you're the best for this job,  plaisante-t-il en écoutant son ami lui expliquer la marche à suivre. Il cherche à le rassurer aussi, sent peut-être que la nervosité agite l'esprit de Peanuts bien plus qu'il ne le montre. Ce job en question aurait dû revenir à Aoife, ce n'est jamais facile d'avoir l'impression de remplacer quelqu'un. Surtout dans de telles circonstances. Alors, Numa le laisse parler, opine du chef - laisse de côté la migraine à chaque soubresaut de son visage - puis conclut. — Seems like you have everything under control. I trust you, I know you got this.

Numa retire son t-shirt, se mord l'intérieur de la joue pour ne pas grincer des dents. Cherche à garder le peu de dignité qui lui reste bien qu'il se sente que trop vulnérable dans cette posture. Mais Callix sait à quoi s'attendre et ils sont là pour ça, pas pour faire la causette. ”It shouldn’t hurt, but you never know, you tell me if it does, okay ?” — I think it attacked my nerves, can't say I feel a lot when I touch my arm. don't think it'll hurt. but I'll tell you if it does.

Un silence s'installe tandis que des glyphes apparaissent sur la peau viciée de Numa, comme un tatouage dont le symbole lui échappe complètement. Il sent un léger picotement, quelque chose de désagréable mais comme il s'y attendait, aucune douleur. Ce n'est pas forcément un bon signe. La douleur est une information normale, son absence en revanche ... Sa voix descend d'un octave lorsqu'il reprend la parole, un chuchotement. — Want to tell me what they do or do you need to focus? Il a toujours été curieux - et méfiant. L'idée de ne pas comprendre le démange et le dérange bien plus qu'il n'est prêt à le reconnaître. Il a beau compter trois par trois dans sa tête rien n'y fait. Le silence l'oppresse, rien à faire que de se laisser manipuler et espérer pour le mieux. Pourtant si on lui proposait de l'endormir et de se réveiller à la fin, Numa refuserait. Question de contrôle. Il a toujours été mauvais lorsqu'il est question de le laisser à d'autre, d'autant plus lorsqu'il est question de sa vie et de son corps. — Will they stay forever or are they temporary?