cw : relation abusive, age-gap, abus d’autorité

Gawain te reproche parfois de ne pas avoir d’ami, à part lui (comme si votre relation avait quoi que ce soit d’amical). Il prétexte que tu n’as que des relations superficielles, des amitiés de passage et des groupes inconsistants de personnes qui ne se connaissent pas vraiment. Tu lui rétorques souvent qu’il est jaloux parce que toi tu as toujours été populaire quand il a clairement passé sa scolarité d’intello solitaire au fin fond de sa bibliothèque. Gawain aime rarement quand tu lui balances ce genre de choses. C’est arrivé la semaine dernière et te voilà bien puni, puisque tu ne l’as pas revu depuis.
Tu n’aimes pas les soirées seul, sans lui, tu n’aimes pas ne pas pouvoir squatter dans son appartement quand tu sèches les cours, tu n’aimes pas les réveils seuls et les départs à l’université à l’heure. Cela t’arrive d’ailleurs de moins en moins souvent s’il n’est pas là pour t’engueuler. Quelque part tu aimerais que ça l’incite à rester juste pour te surveiller, te forcer à aller à l’heure et régulièrement en cours mais ce n’est malheureusement pas comme ça que marche ta relation avec Gawain.
Tu n’es plus sûr que votre relation marche tout court mais ce n’est pas comme si tu pouvais t’arrêter maintenant.

Le quatrième soir, tu décides d’inviter tous ces « faux » amis que Gawain aime si bien critiquer quand tu les vois pour ensuite te reprocher de ne voir personne. Les anciens de la promo d’Hogwarts, les nouveaux de l’université, le mot passe vite avec des papiers volants qui battent des ailes à travers l’amphi. APO, bien sûr, en reçoit un même s’il refuse toujours.
Sur le mot que tu lui a envoyé, tu as juste donné ton adresse et une heure, en lui demandant de venir. Tu te dis que, sur un malentendu, ça pourrait marcher. Mais APO n’est pas un jeune homme de malentendus, il aime les choses claires le bougre, et à la fin du cours il vient directement te voir pour exiger des explications.
— C’est pour une soirée révision, tu sais qu’il y a les partiels qui approchent, hein ? expliques-tu avec un sourire goguenard qui ne fait pas rire ton interlocuteur. Allez viens, t’es majeur maintenant, ton père peut pas t’imposer un couvre-feu toute ta vie.
Vous vous chamaillez un moment avant qu’APO ne baisse les bras et que, sans rien te promettre, te dise qu’il verra. Il fronce les sourcils en disant cela et tu sais qu’il va vraiment y réfléchir. Tu te demandes s’il fera un tableau comparatif des avantages et inconvénients d’une séance de révision à une heure si tardive. Tu te demandes s’il comprendra avant d’arriver sur place de quoi il en retourne et s’il te pardonnera. Toi, en tout cas, tu te pardonnes à toi-même rien que pour avoir l’occasion de voir Atticus Postumus O’Neil au cœur d’une soirée étudiante qui, en plus, se passe dans ton appartement.
Il va voir, Gawain, si tu n’as pas d’ami.
Tu espères bien qu’il cherchera à te voir ce soir et qu’il se rendra compte que tu vas très bien sans lui, tu fonctionnes parfaitement sans lui, et que tu parviens même à attirer APO jusqu’à chez toi.

Tu ne sais plus quand tu as révisé seul pour la dernière fois. Les seules fois où cela t’arrive c’est à cause d’APO, parce que ce mec est incapable de passer plus de trente minutes avec quelqu’un sans parler des cours et qu’il ne faudrait pas se trouver devant une table sans sortir des livres et carnets de cours. Combien de fois tu as cru que tu allais passer un moment convivial avec lui, partager un café, parler des tics des profs et qu’APO a changé la discussion pour que vous finissiez par débattre sur le dernier devoir de droit public ?
Tu estimes que c’est ta petite vengeance quand tu entends quelqu’un à ta porte, pile à l’heure, et que tu sais que c’est lui.
— Je vois que Monsieur le Diplomate a trouvé le temps de se libérer pour mon humble personne ! Et tu es le premier avec ça, l’accueilles-tu sans même prendre la peine de le saluer.
Tu n’es pas vraiment nerveux, même si c’est la première fois qu’il vient chez toi après tout ce temps. Tu ne sais pas si c’est sa réticence, la sienne, ou un coup du hasard mais tu n’as pas vraiment envie de t’appesantir sur la question. Tu le fais entrer dans l’unique pièce de ton studio (hormis la salle de bain) en te félicitant d’avoir assez caché le bordel pour que ça fasse rangé.
— Vire ton sac dans un coin, les autres vont pas tarder à arriver, tu veux un truc à boire ?
Et à cette question tu lui offres un sourire un peu trop fier, de ton sale coup et peut-être de la possibilité de faire boire de l’alcool (merci Papa) au trop sérieux APO.

Ce n'est pas la première fois que Mordred l'invite à une de ses soirées de révision, mais Atticus lui a toujours offert un refus catégorique. Ce n'est pas tant l'idée d'aller dans l'appartement londonien de son ami slash rival slash camarade de classe qui le dérange que de se retrouver au milieu de presque inconnus à ne pas réussir à se concentrer. Atticus est partisan de l'idée générale qu'on révise bien mieux tout seul qu'à plusieurs, il a d'ailleurs toujours eu en horreur les différents projets de groupe qu'on a pu leur ordonner durant leurs études à Poudlard. Alors, il ne sait pas trop ce qu'il fait devant l'appartement de Mordred à triturer son sac en bandoulière et attendre l'heure pile pour faire son entrée. C'est malpoli d'arriver en avance.

Peut-être que c'est la pique envoyée par Mordred à laquelle il n'a pu répondre qu'en relevant la tête. "Mon père ne m'impose pas de couvre-feu." ou bien les commentaires de sa grande-soeur s'inquiétant de ne pas le voir assez entouré. Tu devrais sortir un peu Atti, tu pourrais être surpris et passer un bon moment. Si tu n'essaies pas, comment peux-tu dire que tu n'aimes pas quelque chose. Ce n'est certainement pas l'envie de passer du temps avec Mordred en tout cas, il le voit déjà suffisamment dans la journée - quand celui-ci ne sèche pas, une mauvaise habitude qu'il semble avoir pris ces derniers temps. Etrangement, la liste des pour et des contre qu'il a passé la journée à peaufiner de son écriture soigneuse entre deux cours a donné raison à sa grande-soeur et le voilà à régulièrement regarder sa montre à gousset en poussant des petits soupirs exaspérés. Pour faire passer le temps, Atticus imagine l'ordre des révisions à venir, il commencera par les définitions qu'ils doivent retenir pour le cours de code administratif, puis relira quelques cas de jurisprudence en droit civil. Il espère que les autres ne l'interrompront pas avec des questions idiotes comme ils le font régulièrement durant les cours.

C'était une mauvaise idée, se répète-t-il en montant les escaliers, je peux encore faire demi-tour, ajoute-t-il en arrivant devant la porte de l'appartement de Mordred. Mais, il y avait comme un air de défi dans le ton de son ami, et Atticus ne veut pas lui donner de raisons de supplémentaires de se payer sa tête lundi prochain. Il finit donc par toquer à la porte, en passant une main dans ses cheveux, allez savoir pourquoi. En présence de Mordred, Atticus a tendant à avoir des réactions et des comportements qu'il ne comprend et sur lesquels, du reste, il ne s'arrête que peu. Parfois, il faut savoir éviter les sujets dangereux. Mordred lui ouvre la porte, un sourire qui ne laisse rien présager de bon sur son stupide visage. — Je vois que Monsieur le Diplomate a trouvé le temps de se libérer pour mon humble personne ! Et tu es le premier avec ça. "Tu as dit 19h30, il est 19h30, commence Atticus en énonçant ce fait avant d'ajouter avec un léger sourire moqueur sur son visage autrement sérieux, ce n'est pas pour toi que je me suis déplacé, ne va pas prendre la grosse tête sur des idées saugrenues. Elle n'en a pas besoin.. Et cette routine au moins a le mérite de le détendre quelque peu. C'est confortable, Atticus sait comment se comporter face à ce Mordred là, il sait quoi répondre sans avoir trop à réfléchir. Tout va bien se passer.

Son château de carte s'effondre au moment où l'hôte de la soirée reprend  — Vire ton sac dans un coin, les autres vont pas tarder à arriver, tu veux un truc à boire ? les sourcils d'Atticus se soulèvent du même temps que sa main se serre contre son sac dans un geste défensif. "Pourquoi je mettrais mon sac dans un coin ? J'en ai besoin pour réviser." Ses yeux se plissent jusqu'à devenir deux petites fentes suspicieuses. En quelques secondes, ses épaules se tendent, puis se détendent d'un seul coup alors qu'Atticus pousse un soupir résigné et abattu. "Ce n'est pas une soirée de révision, n'est-ce pas ?". Il ne sait pas à qui il doit en vouloir le plus, Mordred de lui avoir menti, sa soeur et son inquiétude déplacée, ou lui-même pour être tombé aussi facilement dans le panneau.