(banjo) cry me a river

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Esteban pleure souvent.
C'est pas le genre de personne qui lâche genre une larme et tout le monde est genre "omg chara development". Les Alvarez ont toujours mis un point d'honneur à régler leurs crises en famille, quitte à ce que ça commence en gueulantes, et finisse en jérémiades communes. Esteban était pas timide du sentiment; il avait l'ugly cry facile et varié, entre les hoquets interminables, les vagissements bruyants ou le visage couvert de morve. Quand il était petit, il était courant de le voir chouiner pour tout et n'importe quoi, parce qu'il a toujours eu du mal à se faire comprendre.
Non, par contre, quand il pleure en silence, c'est là que ça devient compliqué.

Tant qu'il était tout seul dans sa cellule, il avait pas eu trop de mal à cacher ses chagrins et ses angoisses des samedis soirs. Ironiquement, ça lui avait permis de garder le compte des jours qui passent, tant son corps et son cerveau traumatisé était habitué à passer en mode "am i going to die" chaque nuit du samedi au dimanche.
Mais une fois qu'Elena l'a sorti de là et qu'il s'est retrouvé à côtoyer tout le beau monde de Little Italy et, par la même occasion, à partager une piaule avec il savait pas encore trop qui, la situation était devenue plus délicate. Il était nouveau dans le tieks, aussi, il ne voulait pas qu'on le prenne pour une mauviette si on le surprenait à chouiner au beau milieu de la nuit, bien qu'il mette un effort particulier à pleurer en silence. D'où le "c'est compliqué".

Il a essayé de faire une nuit blanche, mais le problème c'est qu'il dépense tellement (et inutilement) d'énergie dans la journée qu'il lui ait impossible de rester debout trop longtemps. Même si son temps de sommeil ne se résume qu'à quelques heures -quelques minutes!-, il sait qu'il finira par se réveiller en larmes, la poitrine comprimée par une terreur sourde, la gorge étouffée par un chagrin qui en plus de neuf ans, n'était pas passé.
Et c'est plus ou moins ce qui est arrivé ce soir-là. Il a veillé jusqu'au beau milieu de la nuit, papillonnant auprès des occupants de Little Italy comme une mouche à crotte, jusqu'à ce que la fatigue le fasse somnoler debout. Suite à ça, il s'est rendu à reculons dans son dortoir, où, reclus dans un coin, il s'est glissé dans son sac de couchage, nerveux. Le sommeil avait tôt fait de le gagner et, avec lui, les mêmes cauchemars qui le hantaient depuis le massacre de sa famille, près de dix ans auparavant.

Et Esteban de se réveiller en catastrophe aux premières heures du jour, tiré du sommeil par ses propres geignements, et par une lumière allumée par un voisin de chambrée qui lui demande c'est quoi son problème???? Trempé de sueur, honteux et confus, Esteban s'est enfui de la chambre sans demander son reste, les épaules rentrées et l'échine courbée, comme si son cœur était un trou noir qui voulait tout aspirer autour de lui. Il suffoque, les images cauchemardesques encore vivides derrière ses paupières. Et les larmes qui coulent, inlassablement, alors qu'il est infichu de produire un seul bruit que sa respiration haletante.
Il remonte les couloirs de la planque avec brusquerie, jusqu'à atteindre l'une des portes de sortie qu'il ouvre à la volée, ses pieds nus rencontrant avec un certain soulagement l'herbe trempée de rosée.

Il s'éloigne un peu de la planque, malgré les recommandations d'à peu près tout le monde. Ce n'est qu'une fois qu'il se pense dérobé aux regards de tous.tes que ses jambes se dérobent sous son poids, et, recroquevillé dans l'herbe, dans un t-shirt (rose, à croire que Lena lui refile toutes les fringues roses de la planque) et encore en calbut, il se laisse pleurer comme s'il voulait arroser toutes les fleurs alentours, bafouillant de temps à autres des "Lo siento" confus.

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To heal is to touch with love
that which we previously touched with fear.

@Esteban Alvarez / at dawn on the 16 septembre 2007

Johannes ne dormait plus, enfin, il ne dormait pas beaucoup, surtout ces dernières semaines. Il était occupé et préoccupé. Depuis sa visite à l’Iron Institute (une erreur selon lui), le vampire s’était retrouvé à avoir un besoin de mettre son focus sur l’Ordre, entre les stages d’animagie, les cours de duel qu’il donnait à côté à quelques sorciers et les travaux à la Fawkes, il n’avait pas le temps de s’ennuyer, ou de penser à Baruch, à la NSFW qui était toujours chez lui et à quel point cette situation était ridicule. Bon sang, pourquoi avait-il eu des rêves éveillés dans la prison de l’Ordre ou pourquoi fallait-il que les choses se passent au pire moment, que ce soit sa réalisation qu’il s’épanouissait plus en tant que professeur, que sur le terrain (qui vraiment faisait ressortir le pire en lui, sorcier et vampire confondu) ou ses sentiments pour Baruch qu’il avait laissé germer. Et il se demandait quelle serait la prochaine mauvaise surprise qui l’attendait au détour d’un couloir ou d’une ruelle, alors qu’il comptait les jours qui le rapprochaient de ses quarante ans inespérés et donc sa mort certaine. Car elle l’était. Aucun Runcorn n'y avait échappé jusqu’à présent, alors pourquoi serait-il l’exception ?

Autant de questions et réflexions qui ne cessait d’aller et de venir dans son esprit, ce n’était pas faute de considérer utiliser l’occlumencie pour tenter de calmer l’orage, c’était ce qu’il faisait constamment, et s’il était capable d’enfoncer certains souvenirs au plus profond de sa psyché, à l’abri des regards curieux. Il ne pouvait pas échapper à ces derniers, surtout lorsqu’il n’y mettait aucune volonté une fois allongée sur ce qui lui servait de lit. Johannes avait eu du mal à s’endormir, mais il avait fini par le faire, que ce soit par épuisement ou acquis de conscience, puisqu’il avait accepté d’effectuer une livraison pour Little Italy. C’était la parfaite échappatoire, et un heureux hasard puisqu’il avait prévu de s’y rendre pour discuter avec Elena, c’était une occasion de faire d'une pierre deux coups. De plus, la plus jeune des Alvarez (du core trio), lui avait reproché de ‘ne pas passer souvent, alors qu’il était toujours en vadrouille’ (citation inexacte, celle-ci étant dépourvue du vocabulaire coloré de la demoiselle et de son sarcasme). Johannes venait surtout la voir parce qu’il était inquiet, ayant eu vent de plusieurs hoquets depuis le retour des battues, sans compter ce qui s’était passé avec Baruch (voilà, il y pensait une fois de plus) et ils n’avaient pas eu le temps, chacun étant occupés. Ainsi, il avait récupéré tous les biens nécessaires qui incluaient notamment des légumes et de quelques produits du coin avant de filer.

Évidemment, il était trop tôt lorsqu’il débarquait la planque somnolant encore, le responsable du tour de garde pour la nuit lui conseillant de se mettre à son aise, lui offrant un thé en échange de son précieux colis avant de disparaître à l’intérieur laissant le vampire seul avec sa cigarette. Un bruit se fit entendre venant de l’intérieur, Johannes ne s’inquiétait pas, car s’il était tôt, il n’était pas surpris que la planque tenue par Elena soit animée. Il souriait doucement, laissant un nuage de fumée s’échapper de ses lèvres, accompagnant un soupire fatigué. Le regard fixait la piste de l’aérodrome un peu plus loin. À cette heure de la matinée, il était encore calme et dans d’autres circonstances peut-être qu’il aurait pu se permettre se fermer les yeux quelques instants pour une micro-sieste, mais voilà, une voix s’élevait du calme et des murmures environnant. « Lo siento. » Le vampire se redressait, les oreilles aux aguets, il regardait en direction de là où provenait le son. La brise matinale mélangeait l'odeur du kérosène à celle des sorciers présents dans la planque. Johannnes gardait la cigarette entre ses lèvres, la tasse de thé dans la main, il hésitait un instant, alors qu'il passait de l'autre côté du hangar, réalisant qu'il s'éloignait de la planque, mais surtout que la personne en question n'était autre que le frère d'Elena. Il avait croisé ce dernier qu'une seule fois, un peu par accident, et ils avaient sympathisés assez rapidement, le moldu affimant à l'époque que c'était tout ce qui faisait son charme. Ce qui avait fait rire Johannes. « Lo siento. - Esteban ? sa voix était mesurée, le vampire gardant ses distances pour ne pas l'effrayer. Hey, Esteban.» Insistait-il, laissant la tasse sur l'herbe, la cigarette s'écrasant sur le talon de sa chaussure alors qu'il s'accroupissait devant le moldu. « Esteban, look at me! Are you with me? » Répétait-il avec un ton un peu plus ferme.

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Cette planque avait quelque chose de rassurant, dans ses carcasses d’hélicoptère, l’odeur de l’essence et de crêpes brûlées. Esteban n’avait pas réalisé à quel point ce genre de parfums et de visions familières allaient lui être importants, comme une ancre en pleine tempête, au même titre que, plus tard, sa relation avec Leonora et sa délicieuse absence de magie au bout de ses doigts (enfin, pas cette magie-là, wink).
Esteban se doute que c’est pas le même gasoil que celui que mettait l’épouse de Rafael dans son énorme et ridicule moto (mais quand même un peu stylée) (même si Esteban se rappelle être plus impressionné par la réplique miniature du casque que portait leur fille aînée quand sa maman l’accompagnait à l’école en moto; how badass is that????), mais ça lui rappelle ça, aussi. Des fois, il se surprend à se rappeler de choses à partir de rien; à partir d’une odeur, vaguement similaire à une autre; à partir de la façon qu'a ce mec qui s’appelle Dean de se passer la main dans la nuque, qui lui rappelle quand son père devait monter un meuble et qu’il prenait trois ans pour le finir.

Pendant des années, Benny était parvenu à oublier tout ça, à s’inventer de nouveaux souvenirs, issues de nouvelles vies, et parfois même, de nouveaux mensonges (comme cette fois où lui et Mireia et les enfants sont allés à Disneyland; il a tellement rabâché cette histoire qu’il a l’impression qu’elle est devenue palpable dans sa mémoire, à l’instar des barbapapa ou de la nausée des manèges).
Et Benny déteste se rappeler.

Peut-être que c’est dû à ses retrouvailles avec ses magic siblings. Peut-être qu’il s’est lui-même infligé ça, qu’il s’est lui-même condamné à se rappeler, à l’instant même où il a commencé à gratter à la porte de l’Ordre et que les gens qu’il interrogeait au sujet de Lena tiraient une tête genre "un peu que j’la connais… but who are you again??"
"Esteban ?"
I’m esteban!! lenita’s big bro and javi’s small bro!! (oui, c’est peut-être de sa faute si beaucoup plus de gens se sont mis à appeler Elena Lenita, voire même, its happening, muerganita).
Esteban ne réagit pas, parce qu’il n’est pas pourvu de la super ouïe ou du super odorat ou du my magic senses are tickling qui lui feraient remarquer Johannes.
"Hey, Esteban." Le mouvement à côté de lui le fait enfin réagir, et pendant quelques secondes, Benny observe sans trop comprendre la tasse de thé déposée à côté de lui, puis remonte sur la main encore vissée à la céramique, puis remonte sur un bras, un regard doux et une haleine de cigarette. "Esteban, look at me! Are you with me? - Huu, Jo?" Réponse succincte et peu intelligible, mais c’est un début, qu’il élabore après un temps d’un: "What are you doing here?" Here, as in "dans ma bulle de darkness and despair", mais également "dans notre planque que tu ne visites qu’à de rares occasions et c’est bien dommage parce que de tous les mômes qui vivent ici, tu es techniquement celui qui a le plus mon âge" (même si Esteban était conscient que Jo était un vampire, mais que ça ne lui faisait pas plus d’effet que si on lui avait dit que Jo était gaucher).

Esteban s’essuie le visage du revers de son avant-bras (la morve laisse une traînée humide dans ses poils). Il se râcle grossièrement la gorge, comme si ça pouvait chasser le spectacle encore tiède de sa crise de larmes à l’attention du vampire. "When did you arrive? You’re here to see Lenita?"

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@Esteban Alvarez / at dawn on the 16 septembre 2007

Le vampire savait qu’Esteban n’avait pas peur de lui. Le vampire. Et surtout Esteban n'en avait surtout rien à faire, donc il ne pensait qu’il partirait en courant en réalisant que c’était lui. Il espérait aussi qu’il savait qu’il était en sécurité avec lui, et que tout secret qui pourrait avoir entre eux, dont ce moment précis, le resterait si c’était ce qu’il voulait. Elena n’en entendrait pas parler. Et Johannes ne le mentionnerait pas non plus. Il n’aimait pas particulièrement être surpris dans ses moments vulnérables, donc il comprendrait si Esteban lui demandait de ne pas le relever, et limite d’oublier ce dont il venait d’être témoin. Mais avant tout cela, il était important de le sortir de sa bulle, pour reprendre pied sur la réalité autour de lui, de réaliser sa présence aussi et se calmer, que le moldu sache qu’il était en sécurité. Rien ne viendrait lui faire de mal. Pas maintenant en tout cas.

« Huu, Jo? Reconnaissance. Le minimum, mais assez pour savoir que l’homme était bien avec lui. Good early morning to you.» Le saluait Johannes avec un sourire, posant une main sur le dos d’Esteban. Contact nécessaire pour confirmer qu’il était bien réel. « What are you doing here? Une bonne question, légitime aussi. Le sorcier riait doucement. And what about you, in this outfit, » murmurait-il tout en retirant son manteau pour le poser sur les épaules frêles du moldu. Leur regard se croisant de nouveau. Tout allait bien se passer. Le vampire s’éloignant un peu pour donner un peu d’espace, alors que son interlocuteur se mouchait sur son bras avant de lui demander, « When did you arrive? You’re here to see Lenita? - Just half a cigarette ago, everyone was still sleeping, I thought I took on the sights. » La vue n’était pas particulièrement belle, pas inintéressante, mais rien pour stimuler réellement les sens tant qu’il n’y avait pas au moins l’un de ces avions pour s’envoler dans le ciel. Il espérait que Esteban apprécierait le trait d’humour. « I’m here to deliver a package, but I think it’ll be an occasion to catch up with your little sister. » Ils n’avaient pas vraiment pu se parler, ils s’étaient croisés, il avait entendu ses exploits (le tabassage de Baruch notamment), mais il y avait beaucoup de blabla et finalement, le sorcier était curieux d’entendre de la bouche de la concernée, comment elle allait vraiment et plus s’il parvenait à la faire parler un peu (ce qui n’était qu’un challenge en plus, qu’un réel objectif). Johannes faisait partie de ces personnes qui venaient faire un check up sincère et partager un verre (ou dans ce cas-là une tasse de café / thé / chocolat chaud) que de venir à la pêche aux informations. Il n’était pas assez proche d’Elena pour prétendre qu’elle se confierait à lui.

Il n’était pas plus proche d’Esteban, et pourtant, le voilà qui le surprenait dans un moment de détresse et vulnérable. « Can I help you with anything ? » Le ramener à l’intérieur, lui proposer de faire un café, ou peut-être qu’il voulait rester là encore un peu. We can also stay here if you want. Talk or do nothing at all. Maybe you need this more than I do. Et il lui tendait la tasse de thé avec un sourire. Or I can make or find you something stronger. » Il se laissait tomber sur l’herbe, un léger soupire amusé passant ses lèvres, prêt à rester ici jusqu’à ce que le soleil n’avale l’ombre du bâtiment. Esteban avait peut-être besoin d’un peu de compagnie et Johannes n’avait aucun problème d’en être.

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