tw: agression, violence (présent et incoming lol idk on prévient)

T'en as pas connu beaucoup des pleines lunes, depuis que tu es devenu ce que tu es aujourd'hui, mais t'as bien compris les effets. Les mêmes, ou presque, que t'as pu expérimenter en étant halfer, mais décuplés. Irritable à souhait, affamé, et surtout, incapable de fermer l'œil à une heure correcte. À tel point que tu passais ton temps à ronger ton frein, à partir te balader avec Argos ou avec Kali, quand il était pas encore trop tard pour le faire et que tu la réveillais par mégarde. T'as bien fait comprendre à Shanti que c'était tout à fait normal, et Javier n'irait sans doute pas dire le contraire non plus. De toute façon, les choses sont ce qu'elles sont, et t'irait bien t'en accommoder un jour.

Entre les stigmates traumatiques de l'île, l'arrivée de ces deux-là, dont une que tu n'arrivais toujours pas à intégrer, tes humeurs et autres déconvenues liées à ta transformation, ou encore tes allées-venues en dehors du camp pour respirer (ou on ne sait trop quoi d'autre d'ailleurs), t'en avais presque oublié certaines têtes, et notamment celle de Samuel qui s'était faite de plus en plus rare au camp, et sous votre tente. Un peu comme la tienne, d'ailleurs, il fallait bien se le dire ; alors lorsqu'il vous arrivait de vous croiser, vous vous voyiez seulement épuisés l'un en face de l'autre, bien incapables d'aligner grand-chose d'intelligible, et encore moins prendre le temps de vous défier aux échecs comme avant.

Tu captais bien quand il était là, déjà, car tes sens ont malheureusement décidé (tout comme ton loup) que son odeur vampirique ne te plaisait pas, ou plus. Ce qui n'ôtait certainement en rien l'estime que tu pouvais lui porter, maintenant que vous en étiez arrivés là.
Mais t'étais tellement happé par tant de choses, t'avais jamais pu te poser, ou même remarquer à quel point sa fatigue et sa faim s'accumulaient, là où toi, t'arrivais à te sustenter, au moins.

Alors ça t'es pas venu à l'idée qu'il puisse arriver quoi que ce soit à toi ou aux autres, pas ce soir-là. Les défenses installées par Kad sont en voie d'être consolidées, vous en avez discuté, tu comptes même ajouter ton grain de sel alchimique. Grain de sel que l'on sait particulièrement offensif s'il en est, on ne t'a pas apprit à chasser pour rien.

Chasser des vampires, d'ailleurs, du haut de tes onze ans…

Vampire.

L'odeur te tire de ta rêverie nocturne, alors que tu reposais tes paupières sans réussir à te laisser étreindre par le sommeil. L'odeur étrangement proche, alors que les deux respirations à tes côtés sont toujours aussi lentes et régulières.
Tu ne sais pas comment tu as su que ça allait arriver, vraiment ; tu n'es même pas sûr d'avoir ressenti quelque chose avant de te lever d'un bond, comme ça, en sautant sur la personne debout, qui s'était apprêtée à faire je-ne-sais-quoi vers la dernière de la rangée qu'il venait à peine de toucher, Kali. Tu le pousses d'un coup violent, pas du tout mesuré, c'est Samuel, et tu le vois un peu trop bien, dans cette obscurité, comme lui doit te voir aussi distinctement. Tu le jauges, très rapidement, et tu sens qu'il n'est pas dans son état normal. Ta voix n'a pas peur, pas même de réveiller la dernière personne encore inconsciente maintenant derrière toi. "Samuel."

T'essaies de savoir s'il est capable de t'entendre, ou même de te comprendre. T'es à deux doigts d'aller lui faire une clé de bras autour du cou, une morsure de l'un ou l'autre parti pouvant vous être fatal.

"Samuel, sors d'ici. — M-Maman ?" la petite voix de Kali se fait entendre, puis celle de Shanti, qui s'éveille à son tour. Tu t'approches un peu de lui, ne le quittant pas des yeux, aux aguets. Tu t'étonnes encore de ne pas l'avoir poussé à nouveau pour le foutre dehors, mais les pas dans sa direction, lents, l'y mènent peu à peu. "On sort."

Vous alliez sortir d'ici, il allait se calmer et il allait pouvoir prendre un en-cas… un en-cas ? T'es même pas sûr qu'il en reste, de ça. Tu réalises à peine que Samuel s'occupe de tout le monde, mais que personne ne s'occupe de lui. Qu'on se relaie bien volontiers pour donner son sang, mais que le cumul de ces derniers temps ont été particulièrement affligeants.

T'espérais juste ne pas à devoir y aller par la force, non seulement pour lui, mais aussi pour les yeux qui pourraient vous y surprendre.

tw: agression, violence, mention de morts violentes, mention de meurtres

A la question ça va ?, Samuel a pris l’habitude de toujours répondre un oui accompagné d’un léger sourire. Parce qu’il y a pire que lui. Il est en vie. Tout va bien. Enfin tout… non, le monde sorcier est toujours en guerre, mais ils ont eu droit à une petite victoire cet été et il espère au plus profond de lui-même que ça réchauffe le cœur de la résistance. Au moins un peu. Alors oui, Sam va bien. Il aide à soigner les autres. Il aide les autres à se relever. Il accepte les nouvelles têtes au camp des Avengers tout en se tenant éloigné d’eux pour éviter de les effrayer. Il reste un vampire et même s’il maîtrise à peu près son instinct, c’est un prédateur. Pour oublier, il s’adonne à ce qu’il sait faire de mieux : aider son prochain. Il a arrêté d’aller donner un coup de main pour les blessés des Battues, mais il continue de se donner toujours plus si bien qu’il s’oublie. Ça a commencé par ses repas de plus en plus espacés dans le temps et à chaque fois qu’on lui faisait remarquer il répondait par un t’inquiète je gère.

Et puis il a traîné.
Jusqu’à ce soir.
Il est affamé.

Imaginez juste quelques secondes avoir tellement faim que la seule pensée qui vous vient c’est de céder à vos plus bas instincts pour l’assouvir. Sam est en lutte depuis plusieurs heures déjà alors qu’elle le dévore de l’intérieur. Il tente d’ignorer les battements de cœur des personnes qui dorment sous la même tente que lui. Il y a une petite fille innocente ici. Il ne peut décemment pas faire ça. Surtout que c’est la fille de Logan. Oui, mais justement, c’est sa fille, celle qui te dérange tant avec sa bouille trop semblable à son père. Non, ça reste une gamine qui n’a rien demandé et encore moins à ce qu’un animal comme lui vienne planter ses crocs dans son bras. Oui, mais la faim ? Juste un peu. Juste assez pour que ça aille mieux. Stop.

Stop.

STOP.

Il se relève sur son lit un peu brusquement et pose une main sur son cœur. Son rythme est si lent. Il a retardé beaucoup trop le moment où il doit se nourrir. Encore un peu et il va tomber dans le coma. (stop). Sa tête se tourne vers les formes endormies. Est-ce que tu as envie de tomber dans le coma, Sam ? Non, hein ? Alors tu sais ce qu’il te reste à faire. Juste pour une fois. (stop). Dans un état second, il se retrouve à tituber en direction de la première silhouette. Ses doigts effleurent à peine le bras sorti des couvertures qu’il sent une bourrade qui le fait reculer. Il fronce les sourcils, grogne en se disant que c’est lui l’animal fort dans l’histoire. Qu’est-ce qui l’embête là ? Il veut s’avancer de nouveau lorsque dans la brume, il reconnaît la voix de Logan. "Samuel." C’est étrange. Il ne l’a jamais appelé par son prénom avant. Ça fait bizarre. C’est agréable presque. S’il n’avait pas si faim, peut-être qu’il s’attarderait un peu plus sur l’autre sensation qui essaie de se frayer un chemin parmi le reste. "Samuel, sors d'ici. — M-Maman ?" La voix de la gamine le fait cligner des yeux. Il reprend un peu conscience et réalise avec horreur ce qu’il s'apprêtait à faire. Non. "On sort." Sam baragouine des excuses en direction de Shanti et Kali sans oser les regarder par honte. Il n’obtempère pas lorsque Logan l’entraîne dehors un peu brusquement. Il faut qu’il s’éloigne du camp.

Dehors, au lieu de s’attarder sur les bruits de la nuit, il est obnubilé par les battements de cœur des Avengers. Si Logan lui parle, il ne l’entend pas. Il le repousse un peu… il croit. Il doit s’éloigner et partir du camp avant qu’il fasse un massacre. Des images s’interposent dans son esprit. L’épouvantard qu’il a dû affronter une fois lui revient en mémoire et il voit la pile de cadavres ensanglantés et lui au milieu en train de se lécher les doigts après un bon repas. Un gémissement pitoyable sort de ses lèvres alors que ses doigts s’accrochent à ses cheveux. Il n’a jamais connu une faim pareille. “Sors-moi d’ici.” Gémit-il à Logan s’il est encore là. Ses jambes ne lui répondent plus. Il voudrait aller en direction de la forêt, mais son instinct, lui, ne veut pas. Son instinct est en train de lui hurler à lui en faire mal au crâne qu’il est temps de manger sous peine de mal finir. Et Sam n’a pas envie de ça. N’est-ce pas ? “Aide-moi.” Murmure-t-il à peine, peu habitué à demander de l’aide. Mais il sait que s’il ne le fait pas, il va finir par faire une bêtise.

tw: angst, violence, agression, (petite) description de scènes macabres

Le faire sortir de leur tente sera sans doute l'étape la plus simple de la nuit. Le tacite et l'aura intimidatrice le poussent naturellement à reculer et à faire ce que tu lui as dit, mais tu sais - sens - très bien que l'équilibre est aussi fragile que tes nerfs, en ce moment. Placé sous pilote automatique, tu as récupéré ta baguette au vol avant de sortir et tu l'as suivi -- du regard, d'une part, car tu ne l'as pas lâché depuis qu'il… a fait ce qu'il a fait. (C'est vrai qu'elle a un peu de toi, Kali) Ce qu'il a voulu faire, précisément, mais n'est pas parvenu à faire. (C'est pourtant encore difficile d'y croire, mais l'animal le sait, il faut l'éloigner de là) Ta respiration est étonnamment lente et soupesée pour quelqu'un qui s'est levé d'un bond comme tu l'as fait, prit d'un réflexe violent. T'es même pas certain que t'arriveras à garder cette baguette intacte entre tes doigts, tu mesures pas ta force. Et si tu la brisais ? Et s'il ne te restait plus grand-chose pour le calmer ?

Non, il te resterait bien toujours quelque chose. Les excuses, envolées dans le noir de la tente, alors que l'air frais vous griffe les membres. T'es même pas chaussé, t'as juste un pantalon et des yeux acérés pour le fixer.

Tel un chasseur aux aguets, ni plus ni moins.

Tu n'as pas le temps de réfléchir, et il faut se le dire, tu ne le fais même pas. Argos ne s'est même pas levé, il doit dormir avec Han et Tony ce soir. Y'a rien qui bouge d'un iota, et Samuel non plus, quand t'essaies de le faire reculer toujours un peu plus loin sans même le toucher. "Sam-" Tu t'arrêtes net, tenant une distance raisonnable mais suffisante pour te permettre d'agir s'il se décidait à tracer vers l'une des tentes du campement. "Sors-moi d'ici." qu'il te dit d'une voix que t'as jamais entendue jusqu'à cette nuit. Si la part animale n'était pas déjà trop installée comme elle l'est déjà, tu serais certainement piqué par quelque chose qu'il ne te semblait pas être possible de ressentir : l'empathie.
Cette empathie inexistante, chez toi.
Raison pour laquelle tu ne te rappelles pas de la dernière fois qu'on t'a dit quelque chose comme "Aide-moi."

(En réalité, la dernière fois qu'on t'a dit ça, et tu t'en rappelleras peut-être après tout ça ; c'est la fois où ce Hound s'est foutu à tes pieds, alors qu'il lui manquait déjà un bras. À te regarder avec des yeux aussi noyés de sang que l'était sa gorge et sa bouche, juste avant que tu…)

T'as l'instinct de protéger la marmaille plus que le reste, que t'assimiles pas encore forcément à de la famille -- concept encore flou et désarticulé dans ton esprit. Tous s'entendront sur le fait que tes derniers faits d'armes comportant un tant soit peu de finesse ne sont plus dans les mémoires.
Alors tu lèves ta baguette dans sa direction et tu lui assènes un "Incarcerem" concis, net, et particulièrement incisif. Des liens magiques l'enserrent presque aussitôt en haut du corps, et tu viens l'attraper d'une clé de bras à son cou pour l'attirer loin, le plus loin possible, jusqu'à la lisière des lignes protégées du camp caché.

Sur le chemin, tu lui murmures des mantra à l'oreille, sans pourtant t'y pencher, le vampire n'ayant pas besoin de ça pour bien t'entendre. "Concentre-toi sur ma voix" que t'insistes toutes les deux-trois phrases, grimaçant par intermittences à force de t'esquinter la plante des pieds sur les quelques excroissances de roche et de racines prises sur votre chemin.

(#1) Pendant votre avancée, tu guettes un endroit qui pourrait faire l'affaire pour l'y poser, pour faire ce que tu souhaites faire : mais cet endroit ne se présente pas, aussi dois-tu te résigner à faire un premier arrêt non loin du loch… (#2) T'es pas médicomage ni même vétérinaire pour vampire, bien au contraire ; ce qui ne t'empêche pas pour autant de mettre à exécution un plan B tout à fait improvisé. T'emmènes Samuel jusqu'au loch, tu le fais rentrer dedans, toi avec, le glacé te faisant certainement plus d'effet qu'à lui, sur le coup ; mais tu continues, tu te dis qu'à reprendre contact avec d'autres sensations, il reviendrait plus vite. Le temps que tu trouves une issue, et un meilleur endroit pour l'y faire patienter. Tu coinces ta baguette dans ta ceinture, l'attention toujours dirigée vers lui.

"Hep, regarde-moi" tu l'as lâché et t'as pris son visage dans tes mains brûlantes - t'as pas tes gants, bordel de merde, tu pourrais l'y blesser à force d'y rester - "Tu restes avec moi." pour le moment, du moins ; vous êtes là, et il a, tout comme toi, de l'eau glacée jusqu'aux genoux habillés. T'ôtes tes mains, et tu le guettes, toujours, encore, toujours prêt à rendre l'offense s'il lui venait à l'idée.
Morgane, que ton loup a du mal avec cette odeur de vampire qui te prend aux narines. Tu prendrais quand même sur toi le temps qu'il faudra, qu'il se calme, d'une part, et que tu lui trouves de quoi s'abreuver.

S'il en était capable…

T'es décidément pas le premier qui se serait imaginer jouer le rôle d'un Sire auprès d'un vampire, mais voilà où t'en es. À renfiler le costume d'un imposteur, pour changer.

Sam n’a même pas l’envie de lutter quand il sent des liens lui enserrer le torse. Si ça pouvait le serrer à l’en étouffer. Tout pour que la faim s’arrête et que les images qui lui viennent en tête s’éloignent le plus possible de lui. Il se tend en sentant Logan le tirer en arrière dans la forêt. Ses pieds raclent le sol, le font trébucher par moment, mais pas de panique, à chaque fois qu’il se sent tomber, le loup-garou est là pour l’en empêcher. "Concentre-toi sur ma voix" Il essaye. Il s’accroche comme il peut, mais il entend toujours les battements de cœur et il sent que s’il avait la force nécessaire… c’est bien fichu la nature quand on y pense. On affaiblit les vampires quand la faim commence à être trop dévorante pour éviter les massacres. Et par moment, son instinct tente de le faire lutter alors il bouge un peu les épaules, mais les mouvements sont clairement trop mous, il n’y a plus trop de force dans son corps. Pas suffisamment du moins pour lutter contre un loup-garou. Parfois, aussi, ses pieds tentent des choses sans grand succès visible.

Et puis enfin… enfin c’est le silence dans sa tête. Le campement doit être suffisamment loin pour que la cacophonie qui y résonne ne l’atteigne.

Sam finit par reprendre un peu ses esprits. Surtout quand il réalise à quel point il a froid et que le bas de ses jambes est dans l’eau ? "Hep, regarde-moi" Les paumes chaudes de Logan se posent sur ses joues. Pendant un court instant un peu idiot, Sam se demande comment il fait pour avoir les mains aussi chaudes alors qu’il fait froid et qu’ils sont dans un lac glacé. "Tu restes avec moi." Il tente d’hocher la tête et de fixer son attention sur lui. C’est difficile, il commence à avoir l’impression d’entendre les battements de cœur des autres êtres vivants de la forêt. Mais il ne sait pas si c’est réellement le cas ou si son esprit est en train de craquer. Il a envie de dire à Logan qu’il est bruyant. Il a de la chance qu’il ne soit pas comestible pour le vampire. Quoiqu’à ce stade, Sam est prêt à croquer absolument tout pour pouvoir apaiser cette faim violente.

Il se concentre sur Logan. Puis par moment, lorsque l’instinct est trop fort, il ferme les yeux et appuie fort comme si ça pouvait le faire taire. Et juste après, il replonge dans le regard clair de Logan pour tenter de faire comme il dit : rester avec lui. Au bout de plusieurs minutes, Sam arrive enfin à ouvrir la bouche pour parler. “Est-ce que j’ai… est-ce que…” Il ne se rappelle pas être arrivé à ses fins, mais il a besoin de l’entendre de la bouche de Logan. Merlin, si jamais il a fait du mal à la gamine… “Elle va bien ? J’ai rien fait… hein ?” Son regard est rempli de désespoir. Il ne peut pas rester avec les Avengers maintenant. Pas après ce soir. Il sait que lorsque l’incident sera rapporté le lendemain, plus personne ne voudra de lui au camp. A commencer par Shanti et Kali. “Je voulais pas… je voulais pas…” Ses mains froides trouvent celles de Logan, toujours posées sur les siennes. Il serre un peu. “Je suis désolé, Logan… désolé. Je l’approcherais plus. J’approcherais plus personne.” C’est fini. Il a réussi à tout gâcher. En s’abandonnant complètement, il a réussi à tout foutre en l’air. Il avait fini par trouver une famille qui voulait bien de lui… est-ce ça, alors, le destin des vampires ? Être toujours seul.e pour éviter de blesser les autres ? Il doit aller voir Norah. Il doit lui dire d’activer la rune. Pour le bien de tous.tes. Il n’a rien fait, mais la culpabilité vient de le faucher et de lui donner un tel coup dans l’estomac qu’il n’est pas près de s’en relever. Il a failli attaquer une enfant, la fille de Logan. Comment le loup-garou ne peut-il pas avoir envie de lui arracher la gorge en cet instant ?

tw: violence, agression, langage familier, lowkey acte de torture

La patience est une vertu que l'alchimiste possède (possédait) et ce dont il semble s'affranchir à mesure que les lunes s'emplissent d'argent. Il n'est certainement pas question d'attendre qu'un ingrédient en bain-marie soit prêt à être transféré pour daigner avoir l'effet du réactif recherché. Auquel cas le bain-marie est particulièrement glacé et attise la nervosité que tu as jusque là plutôt bien contenue. Et ça sous la lune ? Qui l'eût cru.
Tu le fixes, l'observe, sans le lâcher des yeux - le reste, à savoir tes mains dégantées, tu l'en as libéré depuis un moment maintenant - et tu crois le voir (le sentir) lutter face à quelque chose qu'il ne contrôle pas aussi bien que toi avec ton propre souffle. Le fait d'ainsi te concentrer te permet au moins de ne pas te laisser aller à tes bas instincts, peu anoblis à la suite de ta transformation.
De rester celui que tu as pu être, blindé d'un sang-froid herculéen ; alors que tu as tout fait pour l'enterrer jusqu'à maintenant, cet autre.

Il est mort, et cette odeur t'insupporte, et ce foutu cœur qui…

"Est-ce que j'ai… est-ce que…" …qu'est-ce qu'il va encore te chier, là, au juste ? Froncement de sourcils dans cette presque-obscurité qui n'en est pas une pour vous, réaction progressive et annonciatrice d'un débordement potentiel. Il était en train de reprendre ses esprits, cela semblait évident, mais les mots qui suivent n'ont pas l'effet escompté chez toi. L'empathie s'est aussitôt envolée. "Elle va bien ? J'ai rien fait… hein ? — Rien fait ?" que tu répètes avec incision, tes arctiques le bardant de couteaux invisibles. "Je voulais pas… je voulais pas…" tu te dégages aussitôt de ces mains qui cherchent les tiennes, aussi brûlantes de colère que ton plexus qui commence à se faire asséner de vagues chaud-froid. "Je suis désolé, Logan… désolé. — Ferme-la," tu hais ce mot, ce comportement, ces excuses perpétuelles, ces émotions merdiques qui ne font rien avancer, qui n'y changeraient même rien : il a voulu la bouffer, point. Tu n'attends rien de lui, si ce n'est qu'il meure se calme et que la prochaine fois… s'il y a une prochaine fois-- tu imploses à l'entendre continuer. "Je l'approcherais plus. J'approcherais plus personne."

(#1) Quelque chose d'invraisemblable se produit, alors que tu pensais que ces écarts n'étaient encore possible que lorsque ta conscience s'endort pour laisser le loup courir. Le loup est là et gronde, tu ne réalises pas la portée de ton geste, ni avec quelle intensité cela est fait — il est là et tu vas t'en souvenir, de ça, et le vampire aussi.
Tu le pousses et l'accompagne dans sa chute, tes doigts serrés autour de son cou, les autres pressant sur son avant-bras — membres immergés, vous êtes en partie dans le glacial des eaux du loch. Tu lui laisses à peine le temps d'une inspiration que tu le précipites sous l'eau, enfonçant sa tête d'une pression de la main. Ignoble détail que de t'apercevoir que cette action et aussi simple que d'écraser un escargot. (#2) Sensations dans lesquelles tu te perds alors, comme dans cet instant qui s'étire alors que tu sens qu'il se débat comme il peut ; et c'est long, beaucoup trop long sans doute, jusqu'à cette étincelle venue de nulle part, ce réflexe brutal qui te prend de le repêcher de ces profondeurs ingrates.

Il crache ce qu'il peut alors que tu le tires sur la berge bien proche de vous, lui lâchant enfin le cou pour ne faire que presser sur son torse dans un poing fermé — tu ignores comme tu peux les marques qui se sont imprimées sur sa peau, là où tu l'as accroché un peu plus tôt.

Les secondes qu'il faut pour que tu reprennes autant tes esprits que les siens.

"Mort, t'es inutile", que tu craches comme si tu l'annonçais également pour toi-même — t'avais aucun intérêt à aller aussi loin, pas vrai ? Aucun intérêt. Mais la bête qui se meut encore là-dessous se fiche bien des intérêts et de la logique froide du sorcier. Samuel est inutile mort, c'est un fait, vous aviez tous besoin d'un médicomage au camp, et c'était pas l'heure pour lui de faillir à la seule mission qu'il réussissait encore à honorer.

(Il pense même pas à se nourrir.)

Les autres croiraient que t'as voulu tuer leur ami, que t'as fomenté ça avec ta fiancée revenue d'une société sorcière gangrenée, et là, peut-être, tu te dirais que t'aurais mieux fait de lui arracher les crocs toi-même, de l'étouffer avec-- "M'fait pas changer d'avis" tu lui assènes ces mots en tremblant un peu, non pas de peur mais de froid, ce dernier s'emparant progressivement de tes membres. Le ton est tout aussi agressif mais moins virulent, comme si le sorcier reprenait les rênes.
(Si seulement c'était vrai.)
Tu vas le piéger ici, tu vas l'y laisser, et tu reviendras pour le nourrir — y'a pas d'autre solution à ce stade, et quitte à réveiller le groupe, t'irais toi-même les saigner pour récupérer ce nectar qu'ils auraient dû stocker pour leur soit-disant ami bien-aimé.

tw: mention de pensées suicidaires

Trop enfermé dans ses pensées, Samuel n’entend pas les injonctions de Logan ou ne veut pas les entendre. Il ignore parfaitement la gestuelle du loup-garou et l’aura de menace qui se dégage de lui. La seule chose dont a envie Samuel c’est de disparaître. Là. Pour toujours. Alors lorsque Logan mène ses mains à son cou et le serre et le fait basculer dans l’eau, il ne réagit pas. Il aurait dû lutter. Le corps humain lutte quand il sent qu’il manque d’oxygène, c’est un réflexe, l’instinct de survie il paraît. Mais pour le coup, Sam n’a pas eu le temps de réaliser ce qu’il se passait. Il a la tête sous l’eau et tout d’un coup, les rares battements de cœur qu’il perçoit n’existent plus. Ça lui rappelle les rares fois où ils sont allés en vacances au bord de l’eau avec sa famille. Ce qu’ils préféraient faire ses frères et sœurs et lui c’est se mettre sous l’eau et hurler à plein poumon. Le son était tellement différent. On peut exprimer la peine la plus déchirante et la colère la plus vive sous l’eau sans que personne ne l’entende. Pendant un instant, c’est presque trop apaisant pour Samuel s’il n’avait pas les mains de Logan autour de son cou. Le manque d’air commence à se faire sentir pour le vampire et bientôt son corps entre en mode survie. Il se débat, tente de faire lâcher le loup-garou avant de laisser échapper un cri des plus primal. Une multitude d'énormes bulles remontent à la surface.

Et finalement, le cri s’arrête au moment où il sent qu’on le ramène à la surface. Il recrache l’eau qu’il a dans la bouche et tousse. Il a l’impression qu’il a avalé une algue ou n’importe quelle herbe présente dans ce lac. Sam se laisse traîner jusque sur la berge, toujours en train de tousser et cracher et tenter de se libérer des mains de Logan. La vérité le fracasse à l’instant où il entend de nouveau les animaux dans la forêt : Logan a tenté de le noyer. "Mort, t'es inutile" Le vampire n’a pas la force de se lever à l’instant où il l’entend dire ça. T’as tenté de faire quoi au juste là ? Il a envie de lui cracher ça, mais ça ne sort pas. "M'fait pas changer d'avis" Sam est toujours allongé, il étire ses bras de part et d'autre et regarde les étoiles. Après un long silence où il a l’impression que ses pensées sont plus que jamais trop bruyantes, il tourne sa tête vers Logan. “Pourquoi t’as pas…” Il soupire. Pourquoi t’es pas allé jusqu’au bout ? est la question qu’il aurait dû poser, mais à la place, il s’est interrompu une nouvelle fois. “Nevermind…” Il ne préfère pas déchaîner encore plus la colère de Logan, alors il préfère ne rien dire. Sa voix est plus rauque, d’avoir crié, d’avoir été étranglé. Il tousse encore une fois, la gêne dans sa gorge ne disparaît pas.

Le silence s’installe, Sam ne sait pas quoi dire. Quand il pense à ce qu’il a failli faire, il n’a qu’une envie c’est se mettre en boule et chialer. Mais hé, vieux, t’as vingt-neuf ans, l’heure n’est plus à la chialade. Assume. Logan ne veut pas de ses excuses visiblement. Et il ne sait pas comment interpréter tout ce qui vient de se passer. “Je pensais réussir à tenir le coup sans me nourrir.” Il ne sait pas si tenter d’expliquer la situation à Logan changera quelque chose, mais le dire lui fera réaliser, à lui, à quel point son comportement est absurde et dangereux. Il n’est plus un simple sorcier depuis longtemps. Il n’est pas un surhomme non plus. C’est un vampire sans aucune éducation vampirique qui aime bien pousser ses limites toujours plus loin. Malgré lui. Penser aux autres avant de penser à soi. “J’ai été stupide.” Il n’ose pas regarder Logan. Son regard est toujours tourné vers les étoiles. Il doit aller parler à Tony et à Norah dans les prochains jours. Pour dire quoi ? Il ne sait pas encore, mais il ne peut pas rester chez les Avengers après tout ça.