tw: mention of grief and
sad stuff (i'm bad
at these i am sorry)

Il était à bout de souffle. Constat lorsque ses deux yeux clairs rencontraient le plafond de son appartement de Sweet River. Johannes ne dormait pas. Il ne dormait plus, pris par l'appréhension de la journée qui arrivait, mêlée d’une excitation teintée d’une tristesse muette, complétant le mélange d’émotion qui semblait être porté à ébullition, créant cet appel d'air alors qu’il tentait de reprendre sa respiration.

Ils étaient tous à bout de souffle. Si l’assaut des battues fut une victoire, quasi sans conteste, pour l’Ordre, il y avait ce sentiment amère qu’ils avaient perdu beaucoup plus qu’ils n’auraient dû. Et pourtant, il y avait eu tant de retrouvailles, d’éclat, de soulagement, tant de visages familiers ayant réapparu. La guerre était passée par là, ça se lisait sur les traits de chacun, ça se voyait dans la magie déréglée, et sur les visages endeuillés. Beaucoup de choses avaient changé et si chacun d’entre eux tentait de se raccrocher au positif, le chemin qui restait à parcourir était long. Johannes continuait de voir les visages fatigués de ses amis, la douleur, mais aussi la colère, parfois le déni et cette peine qu’il voudrait tant pouvoir leur aspirer, pour qu’il ne reste rien que la sensation d'un soulagement, et toute la force qui leur permettrait de mettre de nouveau un pied devant l’autre, pour avancer sans craindre la prochaine fois. Car il y aura une prochaine fois.

Johannes laissait un nouveau soupire douloureux s’échapper de ses lèvres, fermant les yeux un instant, dans une vaine tentative de penser à autre chose, et là, les pensées revenait vers Baruch, un autre élément qui apportait son lot d’émotion mixte, entre l’affection qui pouvait lui porter et cette colère de lui créer autant d’inquiétudes que ce perpétuellement sentiment de voir ses loyautés divisées. Il n’était pas le seul, mais il était certainement le seul qui comptait. Plus qu’il ne voudrait l’admettre, plus qu’il ne pourrait l’admettre. Il porta une main au visage pour se pincer l’arête du nez, quelques jours plus tôt, il avait eu l’autorisation d’aller lui rendre visite à l’Iron Institute, mais il ne savait pas quand il pourrait y aller, il ne savait pas non plus ce qu’ils pourraient se dire.

Nouveau soupire, et le vampire décidait que quitte à être éveillé, autant se lever, chassant de ses pensées le visage de Baruch, les fantômes et le reste, en ravalant le flot d’émotion qui commençait à le prendre au corps. Celui d’ailleurs lui faisant comprendre qu’il avait pourtant tout intérêt de rester plus longtemps allongé alors qu’il se redressait, pris d’une sensation de vertige accueillit d’un sifflement contrarié, qui fit écho à la bouilloire posée sur la gazinière quelques minutes plus tard. Habillé pour la saison, une pile de livres, sa baguette et casquette attendant sur la petite table, vérifiant la montre à son poignet. Johannes était réveillé, le corps dans son appartement, ses pensées flottaient et s'entremêlaient, alors qu’il versait l’eau dans une tasse ébréchée avant d’aller se poser sur le rebord de la fenêtre pour regarder l’aube se lever. Il abandonnait la tasse sur la table, baguette en main, casquette vissée sur la tête, livres en poche, le vampire quittait son appartement, puis Sweet River, dans un bruissement de plume familier. Il devait aller quelque part avant de rejoindre la Fawkes.

Quelques heures, plus tard, Johannes apparaissait dans un craquement sonore dans la forêt de Gwydir, non loin du manoir. Il était encore tôt, et ses entraînements à lui ne commençaient que plus tard dans la journée, mais il voulait rendre visite à Minerva. Ils s’étaient simplement croisés depuis les battues, et il savait à quel point Lee Jordan, qui devait l’assister pendant les cours, comptait pour elle. Lee comptait pour beaucoup de personnes autour de lui, et Johannes n’avait jamais été aussi proche du sorcier, différentes générations, où il était trop vieux pour l’avoir connu à Poudlard, trop jeune pour l’avoir pris sous son aile à un moment. Il s’était réjoui de pouvoir compléter ce trio dont Minerva été à l’origine et il n’avait pas de doute qu’ils auraient tous les deux formé un duo efficace. Ils avaient des choses en commun, il le savait. Occasion manquée, et le trio n’avait pas eu la chance d’être vraiment.

Il frappait de quelques coups secs à l'entrée du bureau du professeur de métamorphose. « Minerva ? Il poussait la porte, se permettant d'entrer une fois qu'il entendait la voix de la sorcière l'y invitant. Good morning, un léger sourire triste esquissé sur ses lèvres I know the training only start this afternoon but I thought I should come by early, it's back to school day.  Et évidemment, ce n'était pas uniquement une visite de courtoisie. How are you holding up ?  » Était-ce naïf de croire que son ancien professeur puisse se confier à son ancien élève ? Plus de vingt ans étaient passés depuis que Johannes avait quitté les bancs de Poudlard, et aujourd'hui, ils étaient devenu des collègues, peut-être même amis. Le sorcier avait envie de croire qu'après toutes ces années où la sorcière avait été là pour le soutenir dans ses ambitions, l'encourager à se dépasser jusqu'à lui tendre la main, en lui rendant ce qu'on lui avait retiré, il pouvait au moins être à son tour présent pour elle.

tw: deuil, mort

La rentrée a toujours été le jour préféré de Minerva. L'effervescence d'une nouvelle année pleine de promesses, de nouveaux visages qui seront les sorciers influents de demain. Le banquet, la répartition. L'excitation palpable de tous les élèves. Minerva se sent plus que jamais dans son élément le jour de la rentrée. Comme si tout l'univers était aligné et qu'elle se trouvait là où elle doit être, sans le moindre doute. Pourtant la rentrée de 2007 laisse un goût amer dans sa bouche. L'envie de fermer les yeux et de laisser passer cette journée sans y prendre part. Il faut dire qu'elle l'imaginait différemment, cette rentrée. Il y a quelques mois, même, elle se languissait de la voir arriver dans un vent d'espoir, une lueur au bout d'un très long tunnel. Mais la lueur s'est éteinte alors que les yeux de Lee Jordan se sont fermés pour la dernière fois.

Minerva est familière avec le deuil. Il fait partie de sa vie comme un vieil ami qui lui rend parfois visite. La douleur ne disparaît jamais vraiment, on s'y habitue, c'est tout. Il suffit de serrer le poing, fermer les yeux et respirer bien fort. Il suffit d'accepter la douleur, de la faire sienne et de continuer de vivre. Parfois, Minerva parle à ses fantômes, comme s'ils étaient encore là. Elle leur demande des conseils que seule sa conscience finit par lui prodiguer. Elle parle de sa journée, car ils sont les seules oreilles qui se tendent pour elle une fois la journée terminée. Les morts ne la quittent jamais vraiment.

Pourtant, ce matin-là, il lui faut tout l'effort du monde pour rouvrir les yeux et desserrer le poing. Il lui faut tout l'effort du monde pour observer son visage marqué par les années dans le miroir de sa chambre, et pour retrouver son bureau, ordonner de la paperasse qu'elle a déjà rangé maintes fois auparavant. Elle a besoin de faire quelque chose, de s'occuper les mains, de s'occuper l'esprit. Son regard glisse alors vers une pile de parchemins. En haut, on peut lire "L. Jordan, Transfiguration Teaching Assistant". Sa main noueuse saisit le contrat que le sorcier devait signer ce jour avant d'entamer son nouvel emploi. Elle tremble légèrement. “ Oh Lee... You were supposed to finally live. ” Elle ferme à nouveau les yeux, refusant de se laisser aller à son chagrin. Il était bien trop jeune, bien trop talentueux, bien trop cher à son cœur.

“ Minerva? ” La professeure de métamorphose renifle discrètement et relève la tête. Elle glisse le parchemin de Lee au-dessous de la pile, se râcle la gorge, et recompose sa posture. Les mains jointes devant elle, elle finit par répondre : “ Come in. ” La silhouette élancée de Johannes Runcorn apparaît dans l'embrasure de la porte. Avec lui, un fin sourire vient naître au creux de ses lèvres parcheminées, une vague de chaleur desserre l'étau qui lui prenait le cœur. “ Good morning. I know the training only start this afternoon but I thought I should come by early, it's back to school day. ” Son sourire s'agrandit imperceptiblement. “ You did well. You cannot be late on your first day back as a teacher. ” D'un geste automatique, elle fait venir à eux deux tasses et une théière, qui verse d'elle-même son contenu devant eux. “ I'm happy you are back, by the way. ” Si seulement il pouvait reprendre son ancien poste, il est bien plus aimable que cette vielle Prewett, mais elle garde la remarque pour elle-même. “ How are you holding up? ” Son nez se plisse légèrement, et elle se contente d'abord de boire une gorgée de thé - son earl grey préféré. Elle ne sait pas vraiment quoi répondre à cette question. Elle est triste, sans conteste. Mais elle n'est pas du genre à s'épancher sur ses sentiments. “ I really thought he would be here today. He was such a good man. A trouble maker, of course. But he would have been a good teacher. ” A great one, even. Il méritait bien mieux que ce que le destin lui a réservé, ça c'est certain.

“ Do you believe there is a justice, Johannes? demande-t-elle au bout d'un moment. I do. I do believe that someday, they will have to pay for what they did. ” Son regard est soudainement plus sévère, plus déterminé que jamais. “ Until then... It is our duty to help our students the best we can, dit-elle, ses traits se radoucissant légèrement. Welcome back! ” Elle lève sa tasse avant de boire une nouvelle gorgée.

tw: mention of more sad
stuff but it's light

« You did well. You cannot be late on your first day back as a teacher. » Le cœur prenait une légère accélération, alors qu’un léger sourire fier s’esquissait au bord de ses lèvres. Hochant humblement la tête. « I'm happy you are back, by the way. - Happy to be back. » Répondait-il, peut-être avec cette pointe d’enthousiasme un peu évidente. L’impression que c’était presque officiel, car maintenant, tout se ferait sur le terrain de la Fawkes. Il n’y vivait plus, mais il y était revenu cet été, maintenant en tant que professeur et peut-être, peut-être qu’il finira par reprendre sa place, même s’il ne viendrait pas sur les plates-bandes d’Augusta, et qu’il ne voulait pas être le remplaçant de Lee. Le sorcier se contentait de ce qu’on pouvait lui donner, qui lui allait un peu mieux surtout que de courir aux quatre coins de l’Angleterre, et même si le terrain l’animait, le combat sortait une part de lui qu’il préférait mettre de côté. Aussi utile soit-elle en temps de guerre. Molly et Minerva pensaient que sa place était ici, et lorsqu’il avait pu exercer à la Fawkes, lui aussi avait pu le constater. Et il n’avait pas arrêté depuis, même s’il n’était plus au sein de l’école. Jusqu’à maintenant.

Assez parlé de lui et de son retour, il était venu pour voir Minerva, prendre de ses nouvelles et certainement parler du grand absent en cette rentrée. Il rejoignait la sorcière alors que deux tasses et la théière s’activaient devant la sorcière. La question de Johannes n’était pas innocente, la réponse de Minerva était celle qu’il attendait, qu’il supposait. Un sourire triste sur ses lèvres, « A trouble maker, of course. But he would have been a good teacher. - I’m sure he would have been. » Affirmait le vampire venant s’installer face d’elle, saisissant la coupelle devant lui délicatement afin de la glisser vers lui. Il fallait au moins un fauteur de troubles de temps en temps, le sorcier n’avait pas oublié les interventions de Lee, et parfois, il se demandait si c’était son imagination de voir une version un peu plus jeune de lui. Et quelque part, il espérait que Kingsley l’avait remarqué, parce que ça le faisait rire intérieurement. Vraiment, une occasion manquée, une vie gâchée. Combien encore, et lui qui se demandait ce qu’il ressentirait si Winston ou Conan venaient à leur tour à mourir lors d’une mission. Il leur apprenait tout ce qu’il savait pour que ça n’arrive pas, mais personne n’était à l’abri d’un imprévu, lui y compris.

Et en plus, ces derniers jours, il marchait un pied dans la tombe, appréhendant l’approche de ses quarante ans, dans un silence assourdissant qu’il comblait de conversation et de préoccupation. Prendre des nouvelles de Minerva, prendre des nouvelles de Baruch, prendre des nouvelles de Fleurs, les squatteurs de la nsfw planqué chez eux, les stages d’animagie, les livraisons de sweet river, les nuits de pleine lune. Tout pour lui occuper l’esprit, pour ne pas y penser, pour régler des détails si la fin arrivait. Son frère lui demandait de lever le pied, mais le vampire s’entêtait à appuyer un peu plus sur l’accélérateur. Trop pressé de savoir si cette foutue malédiction allait le faucher à son tour.

Que penserait Minerva de tout cela ? Son reflet dans l’eau de son thé, alors que sa voix le sortait de ses pensées. « Do you believe there is a justice, Johannes? » La question lui arrachait un sourire, A broad subject, do you ? » Parce que le sujet le sorcier en était pas à sa première discussion.

Son oncle lui avait parlé de justice, de nécessité lorsqu’ils avaient évoqué son père. Et si l’adolescent qu’était Johannes ne pourrait jamais nier que l’absence de son paternel lui fut favorable, est-ce que c’était juste de le tuer ? Et là, venait alors de tout un débat personnel, et constant, car Johannes détestait l’idée de tuer. Il détestait l’idée de torturer. Il n’était pas un fan non plus des méthodes d’incarcération. Oui, lui, l’ancien auror. Que faisait-il des sorciers responsables de ce genre de crime alors ? Quelle sentence juste pouvait-il offrir aux familles des victimes, quelle est celle qui demanderait à l’encontre d’un sorcier qui tuerait son frère ? Personne n’aimerait sa réponse, son frère la connaissait et il n’en attendait pas moins de lui et c’est finalement tout ce dont avait besoin Johannes.

« I do. I do believe that someday, they will have to pay for what they did. - I’d like to think so too. » Répondait-il avec une certaine détermination, un sourire énigmatique sur ses lèvres. Il y avait au moins le karma de leurs côtés. « Until then... It is our duty to help our students the best we can. Le sorcier souriait, saisissant sa tasse, And inspire them to be better than us. - Welcome back! - To Lee. Ajoutait Johannes levant la tasse à son tour, un sourire aux lèvres, prenant une gorgée avant de reposer celle-ci. I’ll never thank you enough for everything you’ve done the last couple of months. If you need anything, a friend to talk to, a friend to be a little mad about our cruel world, a friend to help you. I’m here for you. » Il lui devait au moins bien ça, si ce n’était plus. Il se retenait de lui promettre qu’il serait toujours là, parce qu’il n’en était aussi pas sûr et il ne voulait pas la décevoir s’il venait à rejoindre Lee de l’autre côté. Leur amitié était importante pour lui, il ne voulait pas la marquer par une promesse qu’il ne penserait pas pouvoir tenir.

Johannes n’avait jamais pensé qu’un jour, ils puissent devenir amis, mais la guerre les avait au moins rapprochés. Le ramenant parfois à un temps un peu moins insouciant où il avait appris à devenir animagus. Il n’y avait pas beaucoup de choses positives que la guerre avait pu lui apportait, mais ses retrouvailles avec Minerva, sa rencontre avec Molly et sa découverte de l’enseignement, il le devait un peu à cette guerre, même s’il y avait eu des signes avant-coureurs. Il était, sans aucun doute, meilleur professeur qu'auror, et il espérait que cela faisait de lui un bon résistant, même s'il n'était pas un extrémiste, ni un militaire (mais cela, il l'assumait pleinement).

tw: deuil, mort, maladie.

“ To Lee. ” To Lee, répète Minerva pour elle même, son cœur pris dans une nouvelle étreinte. “ I’ll never thank you enough for everything you’ve done the last couple of months. ” Johannes la tire de ses pensées et elle relève la tête dans sa direction, le sourcil imperceptiblement arqué. “ If you need anything, a friend to talk to, a friend to be a little mad about our cruel world, a friend to help you. I’m here for you. ” Ses traits, jusqu'alors passablement tendus par la peine et le deuil, se détendent tout d'un coup, et ses lèvres s'étirent en un sourire bienveillant. “ That's very kind of you, Johannes. ” Elle trempe une cuillère en argent dans sa tasse de thé, en remue le contenu. Johannes Runcorn avait été son élève avant d'être son collègue, comme elle avait été l'élève d'Albus Dumbledore avant de prendre son poste en métamorphose. Et si les rapports avec son aîné s'étaient révélés étranges les premiers jours, il est rapidement devenu son plus fidèle ami, son mentor, son confident. Quelqu'un qui la prise sous son aile et qui la comprenait. Quelqu'un avec qui elle ne s'est pourtant jamais vraiment sentie sur un pied d'égalité, avec son passé dont il ne parlait jamais et ses décisions énigmatiques. Elle n'a pas toujours été d'accord avec lui. En particulier quant à sa manière de traiter le jeune Potter. Quand bien même, Albus demeure encore à ce jour l'un de ses plus proches amis. Il ne fait donc aucun doute que Johannes sera à son tour, quelqu'un d'important pour elle, en dépit de leur écart d'âge, et de toutes ces futilités qui devraient les éloigner selon la société.

Elle ne s'imagine cependant pas s'épancher à ses côtés, ni lui livrer un spectacle de sentiments divers. Non pas parce qu'elle n'a pas confiance en lui. Il est évident qu'il ne serait pas là ici si c'était le cas. C'est l'âge, sans doute, qui l'a adoucie. Qui lui a appris à encaisser les peines sans rien dire. A relativiser, autant qu'on le peut, sur sa situation lorsque celle-ci n'est pas souhaitable. Mais peu importe, elle lui est reconnaissante d'être là, malgré tout.

C'est si important pour elle de savoir que s'il devait lui arriver quelque chose, la relève serait bien assurée. Avoir quelqu'un de confiance avec elle, pour l'épauler, pour le guider et garantir que ses élèves auront toutes les armes nécessaire pour s'en sortir, quand elle ne sera plus là. Ils sont, tous autant qu'ils sont, même les plus pénibles d'entre eux, comme ses propres enfants - elle est d'ailleurs convaincue que si le destin l'a privée d'enfants biologiques, c'est pour qu'elle ait assez de place dans son cœur pour accueillir les centaines et les milliers d'élèves qui se sont rendus à ses cours. Son esprit vagabonde un instant vers Miss King, et c'est dans des cas comme celui-ci qu'elle sait combien elle ne pourrait rien faire d'autre de sa vie. Son dernier souffle, elle le donnera pour la protection et le bien-être de ses élèves.

Alors depuis que plusieurs sortilèges de stupéfixion l'ont frappée de plein fouet, depuis qu'elle sent sa mémoire se perdre par moments et ses mains trembler sans qu'elle ne puisse rien faire pour les calmer, elle ne pense plus qu'à assurer sa relève, sans parler à quiconque de sa condition. Sans doute que si Albus était encore là, elle lui en aurait touché un mot. Mais ils sont en guerre, et tout ce qui compte, ce sont ses élèves. Les protéger. Les former. Leur donner les armes nécessaires pour se battre. Elle, elle a déjà fait son temps. Ça n'est pas bien grave, tout le monde meure. Certains beaucoup trop tôt. Et sans vouloir paraître dramatique, Minerva sait qu'elle ne manquera à personne. Elle n'a pas d'enfant, plus d'époux, seuls quelques amis et collègues. Et beaucoup d'élèves. Elle se doute que sa mort en chagrinera plus d'un mais entre sa vie et l'éducation indispensable de tous ces jeunes résistants, il n'y a pas vraiment de question. Rien ne sert, donc, d'alerter l'Ordre car alors on lui demanderait de prendre quelques jours de repos, puis quelques semaines et, réalisant que ça ne s'améliorerait jamais, on la mettrait dans un coin, loin des décisions, loin des élèves, et on lui apporterait une petite tasse de thé vers cinq heure, en lui disant que tout irait bien. Hors de question, donc, de parler de sa condition.

En revanche, ce qu'elle peut faire et ce qu'elle a déjà commencé à faire, c'est s'assurer que lorsque le jour fatidique arrivera - plus tôt qu'elle l'espérait, elle doit bien l'avouer - ses élèves seront entre de bonnes mains. Et à le voir, un sourire aux lèvres, l'honnêteté dans le regard, Minerva sait qu'elle a pris la bonne décision. Johannes sera celui qui la remplacera. Il ne le sait pas encore, mais bien assez tôt il devra se tenir prêt. Et il le sera, Minerva fera tout pour. Y compris militer pour qu'il devienne officiellement son assistant.

“ You don't have to thank me, by the way. ” Elle boit une gorgée de thé. “ For all I know I should be thanking you. ” Elle marque une pause, ravale une quelconque remarque salée à l'égard de l'Ordre qui, sans aucun doute, devrait même s'excuser platement pour le traitement que Runcorn et les autres hybrides ont reçu. Comment pouvaient-ils s'estimer plus vertueux que les fanatiques de... de Voldemort - elle peine toujours à dire son nom, même dans sa tête - s'ils se comportaient avec la même ignorance qu'eux ? “ Thank you for taking this job. The students need you more than you think, and- and I need you as well. ” Elle repose sa tasse. “ This training will be life-changing for our students. It's a big responsibility, but I know you will do very good. And I hope- ” Elle se penche légèrement en avant, comme si elle s'apprêtait à faire une confidence. “ I hope it will help you find your way back to teaching. ” Et que peut-être, le moment venu, il considèrerait l'accompagner à plein temps. C'est ce que Lee aurait souhaité. Et c'est ce qu'elle souhaitait par dessus tout. “ And you, how are you doing? ”