Dance Macabre - Armengel

Invité Invité

Ile de Man, près du manoir des Von Bäume.

Comme souvent Engel avait foncé la tête baissée dans cette situation. Non pas sans réfléchir car il avait réfléchi et avait décidé très consciemment qu'il n'en avait rien à faire du danger.

La décision s'étant, il l'avoue, consolidée quand son frère avait été contre l'idée. Ils en avaient discuté pendant plusieurs minutes avec Wolfram et Armand avant que le premier leur dise que l'île était remplie de malédictions d'harpie en tout genre et qu'ils ne devaient absolument pas toucher à leurs tombes.

Aussi dès leur sortie du bureau, Engel s'était penché vers son cousin et lui avait murmuré « Rendez-vous au cimetière à la tombée de la nuit ». Et après avoir reçu un hochement de tête affirmatif, Engel s'était préparé à sa petite soirée.

Armand était son cousin préféré. Bien sûr, il était souvent très compliqué de différencier les deux jumeaux tant leur personnalité semblaient se fusionner un peu plus à chaque souffle que l'un d'eux prenait. Engel lui-même qui les avait connu toute sa vie, n'était pas toujours sûr duquel était lequel mais il était sûr qu'Armand était son préféré. Il s'était en tout cas persuadé que c'était le cas.

Ses cousins lui faisaient souvent penser à Ulrike et ils avaient aussi passé des heures durant leurs enfances à essayer de les faire réagir, sourire ou même rire un peu. Autant qu'il avait essayé avec Markus de faire la même chose avec la fille de Wolfram.

Armé de sa baguette, un sifflement aux lèvres, il avait embrassé Svetlana et s'était glissé hors de la chambre pour sortir telle une ombre du manoir. Son frère n'aurait pas pu l’empêcher de partir, il est vrai. Et il est aussi vrai qu'Engel se serait fait en temps normal un malin plaisir à partir sous le regard excédé de son frère. Mais il n'avait pas tout à fait la tête à enrager son frère ces derniers temps, ou pas trop. Les choses avaient été suffisamment difficile pour les Von Bäume ces derniers mois. Il avait donc un peu calmé le jeu avec son aîné. Tout en continuant tout de même afin qu'il ne pense pas que son cadet l'ait pris en pitié ou toute autre idée saugrenue.

D'un pas brusque et sa cape de sorcier battant la mesure sur ses mollets, il s'était empressé de se diriger vers le portail du cimetière. Il pouvait sentir glisser sur sa peau une magie ancienne qu'il ne connaissait que trop bien. Des harpies. Il en avait capturé une bonne pelleté depuis son enfance et il en avait même quelques unes qui travaillaient au filet du diable pour lui.

Pourtant, il détestait ces saloperies.

Il les trouvait vicieuses. Elles lui avaient toujours donner beaucoup de fil à retordre et même quelques blessures. Pourquoi Wolfram s'était il amuser à les expatrier dans une île remplie de ces saloperies, dans un manoir qui leur avait appartenu, il ne le saurait jamais. Encore une brillante décision de son aîné si on lui avait posé la question. Mais personne ne l'avait fait pour son plus grand malheur.

Apercevant l'air taciturne de son cousin, pourtant parfaitement dans son élément, il s'approcha suffisamment pour lui donner une bonne tape sur l'épaule en guise de salutation et lui lancer un « Lothar » bien senti tout en s'amusant intérieurement de cette blague qu'il avait pourtant fait un million de fois.

« Je te suis, tu passes bien plus de temps dans ce genre d'endroit que moi. »

Invité Invité

"C'est ridicule. — C'est ridicule." les deux frères émettent la même conclusion suite à l'excès d'engouement de leur cousin Engel, pourtant estimé et à raison. Ils sont d'ailleurs loin de s'imaginer qu'ils vont le suivre dans son ouvrage quelques heures plus tard, d'une part parce qu'ils étaient à la racine même de cet écart, d'autre part parce qu'Engel serait tout bonnement incompétent pour retrouver la bonne tombe entre toutes celles qui étaient alignées non loin du manoir familial.
Les jumeaux ne pouvaient décemment pas laisser cet aîné n'en faire qu'à sa tête, quant bien même ils pourraient éventuellement réussir leur coup. Couper le fil rouge entre ces malédictions qui s'entremêlent sous leurs pieds, jusqu'à leurs murs ? Hm, moins qu'une mince affaire, dirions-nous, et le bon sens aurait voulu qu'ils prêtent cette tâche à une personne plus qualifiée, comme des briseurs de malédictions.
Mais… les Von Bäume s'occupent de leurs affaires, n'est-ce pas ? De plus, qui aurait souhaité s'aventurer dans les caveaux Bullstrode, ou dans le cimetière personnel de ces derniers, dont le sang est frappé par le fiel des harpies ? Peu de monde, vous en conviendrez. Les étoiles allaient donc s'aligner et une fois encore, Armand allait s'empêtrer dans les jupons d'un cousin bien moins calculateur qu'ils ne l'ont jamais été.
C'était sans compter que les véritables raisons d'y aller cette fameuse nuit étaient tout à fait louables, a priori.

Wolfram ne leur offre aucunement sa bénédiction sur ce coup-là, et ils doivent donc gérer la situation seuls. Seuls, ou presque.
"Il faut retranscrire son hymne à nouveau. — Elle souhaite recevoir sa broche." Ce soir-là, les deux frères traversent le couloir plongé dans l'obscurité, et ce soir-là, comme trop souvent depuis qu'ils sont arrivés d'Allemagne, la Bullstrode pleure : ils la voient. "Nous allons vous rapporter votre broche, madame, — N'ayez crainte." il n'y a rien de pire pour Armand et Lothar, que de recevoir les plaintes d'entités aussi tourmentées et dans le besoin. Cela faisait de toute façon des mois qu'ils laissent cette affaire de côté, songeant plutôt à la mission qui leur grignotait le clair de leur temps.

Une chance qu'ils ne soient pas à dormir sous ce toit.

Armand se stoppe brièvement face au miroir devant lequel elle a prit l'habitude de se poster — Lothar s'arrête doucement à son tour, et ensemble vous communiez : l'un a les yeux ouverts, l'autre les yeux fermés.

Il est temps d'y aller.

***

L'air est particulièrement chargé là où il met les pieds, et Armand n'est pas particulièrement à l'aise sur certains de ces carrés d'herbe qui sont pourtant à quelques bonnes foulées des pierres dressées. Sa main à couper que des corps gisent sous ses pieds, pour peu qu'on parvienne encore à en ressortir quelque chose que des ossements épars. L'archéologie n'était pas encore leur fort, même s'ils avaient dû apprendre des compétences transversales et… de manière plus générale : plus chez les morts que chez les vivants.

Les vivants qui parlent presque autant…

Armand remonte vers Engel, Lothar faisant le tour par l'autre côté, comme à son habitude. Jamais l'un sans l'autre. Oserait-il l'oublier ?

"Lothar." la tape dans son dos semble être bien creuse, et cette énergie qu'il retrouve chez Markus le dérange, bien qu'il ne l'avouera probablement jamais correctement. Le magister a toujours le chef droit, digne, et regarde par dessus l'épaule d'Engel - comme souvent, comme si d'autres personnes couraient les lieux. "Lothar est derrière toi." réplique t-il d'une voix monocorde, calme, empreinte d'aucune rancoeur que ce soit. Leur folle jeunesse aurait dû donner envie à ces alchimistes de le tuer et de le ranimer, si tel avait été le cas. Ils ne sont certainement plus à ça près. Il semble se rappeler de ces fois lointaines où l'énonce de cette seule phrase le mettait dans tous ses états. "Souhaitais-tu lui parler avant que nous commencions ?" car dans tous les cas, il les accompagnera. L'évidence même.

"Je te suis, tu passes bien plus de temps dans ce genre d'endroit que moi. — Cela ne te ferait pas de mal." le cadet lui passe devant comme à sa demande, Lothar restant toujours un peu plus en retrait, semblant déjà sonder les lieux, voire, les parcelles énergétiques que leur offraient cet endroit. Endroit qui, contrairement à ce qu'aurait pu sous-entendre leur cousin, n'était pas tout à fait connu d'eux, même s'ils y avaient déjà mit les pieds, parfois. La raison était sans doute dans cette oppression ressentie à peine arrivés. Aussi avaient-ils souhaité s'en tenir éloigné, jusqu'à investir un manoir pour leur seule âme, leurs deux corps liés.

"Madame Bullstrode souhaite que ses dernières volontés soient respectées." Marque le présent, comme si elle existait toujours : c'est bien le cas, au demeurant. Dans leur monde, elles ne l'ont pas été, de fait. L'amour d'une lignée toute entière pour cette femme dont la rancœur s'est cristallisée jusque dans sa décorporation. Décorporation qui n'en est pas une, diront les jumeaux. Histoire de point de vue, diraient d'autres. "Nous ne sommes pas en mesure de relever son prénom entier pour le moment. Il va nous falloir chercher." et dans le pire des cas, essayer. Couper le fil bleu ou rouge, jeu périlleux auquel ils devraient bien se prêter. Ou pas. Rien ne devrait l'y forcer ; mais la volonté de cette dame s'était, dirons-nous, un peu trop imprimée dans leurs esprits respectifs, à lui, à Lothar.

Si bien qu'Armand semblait lui aussi vouloir détruire certaines de ces tombes, qui devaient sans aucun doute appartenir à celles et ceux qui l'ont trahie. À chaque nouveau pas, effectivement, leurs énergies poreuses semblaient boire ces complaintes énergétiques.

Une noirceur qui l'investit, comme on investirait un phylactère vide.

"A, T." les paroles sont échangées en allemand, bien évidemment. Les indices aussi. Armand s'arrête un instant, sentant comme un poids lourd dans la poche de sa veste. La broche. "Son prénom commence par un A et est composé d'un T." drôle de façon de lancer les hostilités, mais ils allaient devoir se la jouer moins tête brûlée, au risque de s'y cramer les doigts et plus encore. Partie de qui est-ce qui ne réjouirait sans doute pas leur aîné, nouvelle évidence qui s'imposerait d'elle même.

De toute façon, au point où ils en étaient, ils seraient condamnés.

Invité Invité

S'il les aimait bien. Famille oblige. Et l'amusement qu'il avait toujours eu avec leurs personnalités étranges – personnalité sans doute plus juste. Il devait avouer qu'il lui foutait un peu les creeps. D'autant plus quand de sa voix éteinte Armand lui indiqua que son frère se trouvait derrière lui. Se retournant brusquement il jeta un regard à son autre cousin et lui lança un « Bonsoir » très énergique qui n'eut droit à aucune réponse. C'était exactement pour ça qu'il préférait Armand à son frère. « Ah mais je suis sûr que te parler à toi c'est comme lui parler à lui. »

Wolfram et Engel étaient très proches même si aucun des deux ne l'avoueraient à voix haute mais personne ne pouvait être aussi proche fraternellement que Lothar et Armand. Pas même ces moldus siamois qu'il avait apercu une fois durant sa jeunesse en Allemagne. Même eux n'arrivaient pas à leur niveau. Quand Armand inspirait, Lothar semblait expirer. Il ne savait pas vraiment à quelle profondeur ce lien les soudait. Engel avait lui-même des jumeaux, faux jumeaux, et s'ils étaient l'un et l'autre extrêmement proche, il n'avait pas ce lien presque maladif qu'avaient ses propres cousins. Et il en était heureux.

Au cela ne te ferait pas de mal. Il ravale goulûment la salive qu'il avait accumulé dans sa bouche. Il n'avait pas voulu mettre les pieds dans un cimetière depuis la mort de Valeska. Il n'avait pas assisté à ses funérailles, complètement saoul et dépressif dans son bureau du filet du diable. Son propre frère avait fait l'éloge funéraire de sa fille. Engel ne lui avait jamais parlé de ça. Il n'avait jamais parlé des funérailles de sa précieuse aîné. Il s'était contenté d'enlacer sa femme lorsqu'elle se réveillait la nuit en pleurs et qu'il était lui même à deux droits de pleurer. Il s'était contenté de serrer contre lui Anya lorsqu'il avait aperçu des larmes perler aux coins de ses yeux. Il s'était contenté de divertir Markus pour qu'il ne pense plus à elle l'espace d'un instant – et lui non plus. Il s'était même contenté de passer du temps avec Niklas pour le plus grand plaisir de ce dernier. Les enfants de Valeska, il les avait pris sur ses genoux, leur avait lu des histoires, leur avait donner l'amour que leur mère ne pouvait plus leur donner.

Mais il n'avait pas été se recueillir sur la tombe de sa fille.

« Armand, tu penses que... » murmura t'il dans sa barbe avant d'être interrompu par son cousin.

A ces prochaines phrases, il le regarde comme s'il venait de lui pousser une troisième tête puis lance un regard à Lothar pour voir ce que lui en pense. Fallait il attraper Armand et le ramener d'urgence à Ste Mangouste ? Mais Lothar hoche la tête en cœur avec son frère et Engel se retrouve démuni. Il n'allait pas porter les deux sur ses épaules pour les sortir d'ici puis transplaner. Ses cousins n'avaient pas toute leur tête mais il était persuadé qu'ils connaissaient beaucoup de sortilèges bien vicieux, bien laids et il ne voulait vraiment pas en faire les frais.

« Hm Arthrite ? Abruti ? Afucknotgiven ? » Puis soulevant ses deux épaules d'un air interrogateur et souhaitant à tout prix arrêter de penser à sa petite Valeska six pierres sous terre aux cotés de son petit cousin. Valeska abandonnée, Valeska à qui il aurait souhaité parler mais avec qui il ne pourrait plus jamais le faire. Pris par tous ces sentiments négatifs et ne voulant pas les exprimer les fuyant même avec une ardeur de lâche que personne ne lui connaissait. Engel décidé tout simplement que même si la soirée venait de commencer, il était temps qu'elle évolue. Il n'était pas venu pour que ses cousins sortent une table basse, un châle et une boule de cristal et commence à essayer de lui dire que sa grand mère pensait à lui dans l'au déjà. Non. Engel était venu pour se changer les idées, Engel avait besoin de quelque chose à faire. Engel était sur les nerfs. Alors il sortie rapidement sa baguette et d'un geste ample fit exploser la porte d'un caveau familial juste à coté de lui.

« Ces dernières volontés ? J'en ai rien absolument rien à foutre. On va déterrer tous les cadavres de ce foutu cimetière jusqu'à ce qu'elle nous foute la paix à tout jamais. » Il lança précipitamment à ses cousins, son énergie, sa colère, ses émotions qu'ils contenaient depuis plusieurs semaines étaient en train de crépiter à la surface de sa peau. Et même lorsque le cimetière devint soudainement très silencieux, qu'il ne pouvait plus entendre ni le vent, ni les oiseaux, ni les branches d'arbres. Même à ce moment là, il ne regrettait absolument pas ce qu'il venait de provoquer.

Contenu sponsorisé