La nuit avait toujours été secrètement une alliée pour Johannes, même s’il restait un early bird, lorsque l’obscurité tombée sur les villes, il était empli d’un léger frisson d'excitation qui l’avait toujours grisé. Et même en y voyant plus clair que le jour, cette sensation ne l’avait jamais quitté. Le vent frais de ce début d’automne caressait les plumes de jais, alors qu’il venait de décoller, après avoir eu une conversation avec Riker. L’animagus avait toujours trouvé cela plus discret de faire une partie du trajet à vol d’oiseau, avant de rejoindre Sweet River, où il y passerait la nuit, afin d’être déjà sur place pour un de ses entraînements avec Winston, avant de rejoindre la Fawkes pour les stages. Depuis le retour des battues, le sorcier avait enchaîné les activités comme responsabilités, sans prendre le temps de souffler. Il n’était pas le seul, une victoire aux battues ne voulait pas dire la fin de la guerre, et s’il était le premier à dire autour de lui de ne pas oublier de reprendre leur souffle, lui l’oubliait. C’était dans ces moments-là qu’il prenait sa bouffée d’oxygène, lui donnant un sentiment de liberté. Faux, bien évidemment, mais il avait cette impression de la toucher du doigt, juste un instant. Tout oublié, il en serait jamais vraiment capable, même avec tout le poids qu’il se mettait sur ses épaules, car il y avait bien cette forme animale pour lui offrir quelques échappées à chaque trajet qu’il effectuait. Les seuls moments d’ailleurs qu’il pouvait passer réellement seul, puisque le Raven’s Nest était toujours occupé, il partageait à présent le petit appartement transversal, puisqu’il avait fallu accommoder les nouveaux arrivants. Dans les deux cas, c’était de son propre fait et de toute façon, même seul, il maintenait son esprit occupé.

Les sens de la créature, mêlés à ceux de l’animal, le sortaient de ses pensées. Il atterrissait alors sur un toit, cherchant du regard les deux âmes qui était responsable de sa soudaine alerte. C’est alors que sous ses yeux, se jouait une scène inhabituelle, un sorcier venait de s’écraser sur le sol en tentant de s’enfuir d’une seconde silhouette. Johannes reconnaissant immédiatement l'homme au sol, il s’élançait, la métamorphose se dissipant dans ce saut dans le vide alors qu’il plaquait la créature au sol. Les deux vampires roulaient, avant de se redresser immédiatement, l’ancien auror avait sa baguette à la main qui crépitait, prêt à envoyer valser son adversaire quand un éclair jaillissait dans sa vision périphérique pour heurter l’inconnu de plein fouet. Johannes eut à peine un regard pour le corps figé sur le sol, avant de se tourner vers le sorcier qui était encore par terre.

« Joe? Le Runcorn levait sa main armée, Expelliarmus! » La baguette s'échappait de Lazarus, le vampire l’attrapant au vol, et sans donner une chance au sorcier de réagir, il le saisissait par le col de son manteau de sa main libre. Un craquement sonore résonna dans la ruelle qu’ils venaient d’abandonner.

C’était à l’intérieur d’une ancienne église en ruine dans la campagne anglaise que les deux hommes apparaissaient dans un CRAC distinct. Johannes tenait toujours le sorcier fermement, son cœur battait la chamade dans sa poitrine, ses pupilles étaient complètement dilatées et ses sens en alerte. Il sentait surtout le sang de Lazarus, la nature de celui-ci n’ayant aucun secret pour lui, aux arômes appétissants, cela ne faisait aucun doute. Sa langue passa sur ses lèvres et crocs, avant que d’un mouvement de poignet, le sorcier lançait un Episkey silencieux, ainsi qu’un sort pour lui nettoyer le visage et finalement, il libérait le juriste. « Lazarus, le saluait-il enfin, cinq ans que l’on ne s'est pas vus et je suis encore en train de jouer les gardes du corps ? Il levait sa main qui tenait les deux baguettes, je te la rendrais peut-être plus tard. » Par précaution, même s’il était un peu tard pour la prudence.

Il n’avait pas pu (une fois de plus), détourner le regard, choisissant de sauver la vie d’un homme dont il ignorait beaucoup de choses, mais pourtant si familier. Sauver de quoi ? De qui ? Et pendant l’espace d’un instant, l’image du vampire gisant sur le sol lui rappelait qu’il avait fait un choix, dicté une fois de plus par le cœur, plus que par la raison. Et maintenant ? Tout dépendait de son ancien ami, car rien, absolument rien, l’empêchait de le ramener à l’Ordre, car il était un membre du magenmagot, et il pourrait bien leur apporter des informations, comme explications sur certains événements. Et une fois de plus, le fait d’y penser lui rappelait à quel point il détestait cette guerre, et tout ce que cela impliquait. Trust no one. L’écho d’un Maugrey bel et bien mort dans sa tête, et le souvenir des sourires de Sofia et Grant.

Trust your gut.