BIENVENUE SUR SMOKE & MIRRORS. Un forum Harry Potter alternatif qui diverge du canon à partir du tome 5 où Harry est capturé par les Death Eaters lors de la bataille du Département des Mystères. L'action se situe 12 ans après, en 2008, dans un Royaume-Uni gouverné par Lord Voldemort.

Le forum a pour but d'être collaboratif et possède donc un système de collaboration participative où tous les membres peuvent proposer des nouvelles annexes, évènements, voire même des idées de personnages pour les futur.es joueur.euses !

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 the great escape

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MessageSujet: the great escape   the great escape EmptyVen 22 Oct - 22:35
La proposition en l'air d'Alvarez, il y a quelques jours, n'est pas tombée dans l'oreille de sourds.
Il avait été temps de vous quitter, dernière lune avec eux te disais-tu, puisque la troisième serait autrement plus solitaire. Faire une croix sereine sur cette éventualité qui ne pointerait toute façon pas son nez, ta décision ayant été prise et exprimée auprès de ton Alpha : il n'aurait pas besoin de s'inquiéter outre mesure, tu prendrais tes dispositions avec l'aide de tes collègues de fortune.
Il en serait de même pour le guérisseur, Lucjan ; Samuel étant manifestement un Médicomage compétent.

La théorie, c'est une partie de l'histoire que tu préfères. Décortiquer chaque morceau, faire interagir les éléments entre eux, leur associer des réactifs et une compréhension toute particulière. Tu allais vite t'apercevoir que la pratique n'allait pas se passer comme prévu.
À vrai dire, rien ne se passait jamais comme prévu, depuis qu'on t'avait déchiré le visage avec de l'argent.

La proposition en l'air t'en fait respirer des plus purs, en cet instant précis : tu es au sommet d'une colline un peu trop haute, que tu as gravi avec une énergie un peu trop débordante. Une énergie que tu as besoin de consommer sitôt qu'elle réapparaît, quelques jours après la nuit de transformation. Cette proposition en l'air est aussi l'alibi rêvé pour pouvoir quitter le campement, aller te reconstruire ailleurs qu'à l'endroit où tout a été détruit.

Ça doit bien faire deux heures un quart que tu… vous crapahutez sur des sentiers qui ne sont balisés qu'à ton bon flair — tu te rappelles d'un endroit que tu souhaites retrouver, un endroit où des chutes d'eau s'éclatent dans les veines de montagnes. Il te semble bien étonnant de redécouvrir tout ce que tu connais déjà, depuis que tu es passé de l'autre côté. D'abord de prisonnier à être plus libre que tu ne l'as été, puis de halfer à lycanthrope. Tu sens aussi l'humidité qui s'accroche à vos carcasses et à la pluie que tu sais approchant.

Étrangement, tu ne t'es pas dit une seule fois que tu aurais préféré être seul à le faire, cette fois-là.

Ton sac à dos usé n'est pas tout à fait rempli de denrées utiles, contrairement à Lou, qui a dû penser à tout sauf à ta façon anormale de t'hydrater. Il pèse léger sur ton dos, autant que la bouteille d'alcool fort qui se cache en son ventre. Tu n'as pas vraiment fait attention au fait que Lou tienne ou non ton rythme, songeant certainement qu'en tant que nageur, il devait avoir plus de cuisse que tu n'en as jamais eu. An Steall Bàn, vous l'apercevez au loin. La brise fraîche et humide balaie vos carcasses respectives alors que tu vas chercher son visage - qui est à ta hauteur, quel bonheur. "Tu t'es pas arrêté une seule fois en deux heures un quart." lui fais-tu remarquer, les prémices d'un sourire au coin des lèvres, ton regard empreint toutefois d'une froideur toujours aussi caractéristique. "Dix points."

Son cœur cogne rapidement contre ses cages et il en va de même pour toi, la seule déconvenue résidant dans le fait que vos pouls ne soient pas tout à fait superposés - ni superposables. Il va pleuvoir. Ça fait bien une heure que tu le pressens et le léger soleil a été balayé il y a moins de dix minutes, donnant l'impression d'un micro-climat localisé. Quelques gouttes commencent à tomber sur vos chefs et tu lèves le nez vers le ciel, ne craignant pas le soleil qui s'est caché derrière d'épais nuages grisonnants.

Tu serais bien parti à toute berzingue pour profiter de la pluie et du vent qui cisaillerait ta peau, comme l'autre nuit, même si tu ne t'en rappelles pas. L'oiseau, lui, doit savoir. À quel point tu as foncé comme une fusée sous les torrents d'eau, et même, brièvement, essayé d'attraper ces gouttes épaisses dans ta gueule pleine de sang de gibier. Si tu pouvais te rappeler, tu ressentirais sans doute la même chose, à une nuance d'intensité près. Sans doute l'aurais-tu fait, si tu avais été seul sur le chemin, personne pour juger l'animal qui s'épanche sous un ciel qui pleure, mais…

"Je sais pourquoi tu as une odeur étrange." que tu lui balances de but en blanc, alors que l'averse se fait de plus en plus abondante sur vos épaules. (Tu ne vois pas l'intérêt de dire le mot, vous le connaissez tous les deux désormais.) Circonstances météorologiques qui ne semblent pas vraiment vous froisser plus que ça au demeurant. À vrai dire, vous sembliez demeurer dans votre élément, à commencer à vous tremper comme deux enfants enfermés dehors. Cela mis à part, tu remarques bien que l'expression faciale de ton comparse change perceptiblement. Il y a une part de toi qui s'en amuse, comme une victoire. C'est rare que tu dises la vérité, tu dois t'habituer, apprendre. Elle te fait un bien certain à être exprimée — et en relever les symptômes sur les autres est fascinant. "C'est pas un secret. Si ?" lui demandes-tu alors qu'il paraît évident que ça n'en soit pas un — sa chambre remplie d'odeurs de loups (détail que tu t'efforces d'occulter) n'aurait donc pas eu lieu d'être, sinon.
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MessageSujet: Re: the great escape   the great escape EmptySam 23 Oct - 6:36
Il ne saurait pas dire d’où lui est venue l’inspiration.
Le message-texte envoyé au contact sobrement nommé L dans son téléphone cellulaire, remerciant l’écran de ne pas pouvoir trahir dans les quelques mots la chamade furieuse des battements de son cœur.
Il sait que l’idée lancée sans en avoir l’air vient de Javier, alors s’il faut un jour quelqu’un à blâmer de quoi que ce soit, l’Alpha sera tout désigné.
Il sait aussi qu’il ne regrette pas.

C’est sans se plaindre, sans remettre en doute son flair et ses impressions, qu’il suit Logan à travers les landes écossaises, à la recherche d’un souvenir. Il lui a parlé de chutes, sans en dire plus, et ça a suffit à gagner le demi-Selkie à sa cause. À le convaincre d’enchaîner les kilomètres à travers la mousse, les arbres et la roche, à travers des sentiers qui n’en ont que la prétention, les yeux fixés sur son dos et un sac qui semble suspicieusement vide comparé au sien (heureusement allégé grâce à la magie).

Lucjan fait confiance à Logan.

Il rejoint le sorcier tout en haut de la colline et là, ils ont un point de vue impayable sur probablement les fameuses chutes. Là où la brise humide laisse planer la menace imminente de pluie, lourde et basse au-dessus de leurs têtes brunes. « Tu t'es pas arrêté une seule fois en deux heures un quart. Lou est pratiquement prêt à ce que Logan le gronde de ne pas avoir demandé d’arrêt, ou même pensé à le faire ― alors la surprise est d’autant plus grande lorsqu’au lieu d’un reproche, qu’il imaginait sur le même ton de son tu devrais manger de leur première pleine lune tous les (trois) deux, c’est plutôt un sourire qui se manifeste : Dix points. »
L’homme se sent sourire à son tour et son rire, soudain, éclate en même temps que la pluie, qui s’abat sur eux en quelques gouttes hésitantes, puis constantes, de plus en plus abondantes. Ondée bienvenue qui lave son front et sa nuque trempés lorsqu’il tourne le visage vers les cieux, et le ramène à la pleine lune, il y a quelques jours tout juste. Ils ont volé et couru dans des torrents d'eau sans y accorder d'importance, un peu comme à cet instant.

« Je sais pourquoi tu as une odeur étrange. » Il faut un temps à Lucjan pour comprendre ce que son camarade veut dire, par odeur étrange, et il ne peut pas empêcher son visage de refléter sa morgue lorsque le fil de la réflexion aboutit sur la solution évidente. Il n’y a pas d’insulte, dans le ton de Logan, et ce n’est même pas une question : c’est une affirmation. Conclusion à laquelle il est venu soit seul, soit en demandant directement à Javier. Ou peut-être à Samuel (et c’est gênant d’imaginer le vampire et le loup-garou parler de lui, alors il préfère penser que Ravenclaws will be ravenclawing et qu’il l’a deviné de lui-même). « C'est pas un secret. Si ? Non, ce n’est pas un secret. Il hésite un peu à terminer la confession ainsi, mais il se permet d’ajouter : Je ne l’ai pas toujours su, alors je l’oublie, parfois. » Surtout pas en ce moment, alors que tout va bien, que son humeur et sa magie reflètent le meilleur de lui-même, qu’il est capable de marcher plus de deux heures sans se fatiguer. Rendez-vous dans une dizaine de jours, où tout ce qui occupera son esprit sera la mer et avant tout, son absence.

Parfois, Lucjan oublie, et toujours, Lucjan n’aime pas en parler. Parce qu’il ne sait rien de son ascendance, du parent qui a troqué sa peau de phoque contre celle d’humain par amour, de celui, ou celle, qui lui a somme toute promis une vie meilleure en lui permettant d’être adopté par les Sacramoni. Ses réponses sont aussi inexistantes que ses questions sont nombreuses.

Ça soulève toutefois une question, du côté de l’hybride, qui la pose avec un intérêt non dissimulé : « Étrange comment, comme odeur ? Le mot n’est pas anodin. Étrange. Pas mauvais, ni bon, ni tout autre qualificatif qui pourrait lui offrir un semblant de piste. T’es le premier qui me dit ça. » Bien sûr qu’il sait qu’il doit sentir quelque chose pour les lycanthropes et les vampires, mais il n’a jamais su quoi exactement. Il se dit qu’il doit surtout lui-même sentir le loup à plein nez, avec un coloc Halfer et un autre lycanthrope (et c’est peut-être pas si mal, alors, que la pluie le lave de ces parfums étrangers).
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MessageSujet: Re: the great escape   the great escape EmptyMer 27 Oct - 19:24
Tu ne te rappelles pas d'avoir entendu Lou rire de cette façon-là, même lorsque ces foutues tartines noircies avaient fait son petit-déjeuner. Il y a quelque chose dans ce dernier qui te froisse, peut-être ; sans doute parce que tu n'es pas sûr de pouvoir en émettre un d'aussi clair et charmant. Sans doute qu'une part de toi pense qu'il t'es supérieur, à ce niveau-là, et ça ne lui plaît pas. Ce n'est pourtant pas celle-là qui le regarde d'une façon tout à fait singulière ; comme si tu redécouvrais un coucher de soleil pour la première fois.

Et ça ne change pas, même lorsqu'il confirme ces informations que tu soupçonnais déjà. "Non, ce n'est pas un secret." C'est que tu sais - sens - qu'il y en a d'autres, c'est évident. Vous êtes deux à en porter presque autant que vos cicatrices respectives, même si de ton côté, tu sembles en avoir bien moins que le demi-selkie. "Je ne l'ai pas toujours su, alors je l'oublie, parfois." il y a quelque chose qui change dans le poids de tes clairs sur son visage, cette fois, et tu t'étonnes à ne pas le dissimuler. Pas toujours su ? Comment peut-on naître sans savoir que l'on est… comme lui ? Ce qu'il te tend comme information est surtout traduite par les mots déni, souffrance, résilience qui s'impriment dans ton esprit. Mots que tu te gardes bien de comparer avec ceux qui font ta propre histoire, n'ayant pas suffisamment bu pour te prêter à ce genre d'exercice.

Le genre de choses dont on apprécie pas tant parler, en somme. Si c'était le cas pour toi, pourquoi ne serait-ce pas la même chose pour lui ? Comparaisons futiles de ton esprit qui préfère reporter son attention sur la chute au loin, te passant le dos de ton poignet sur ton front. Tu es en train de te demander s'il était judicieux de s'arrêter pour boire ici, mais ton instinct te dit encore - et toujours - de courir, d'une part, et d'y foncer tête baissée. Là-bas, vous verrez.

Malheureusement, ton fil de pensée, pourtant rapide, ne l'est pas autant que la réaction de Lou, qui ne se fait pas attendre. "Étrange comment, comme odeur ?" c'est vrai que le terme que tu as employé un peu plus tôt peut porter à confusion — c'est que tout en toi porte à confusion, disons-le. Que penses-tu ? Les dés en sont jetés à chaque fois. Tu as beau dire la vérité, tes mensonges paraissaient déjà plus limpides que cette dernière.
Un exercice des plus pénibles au demeurant, d'en revenir là où tu n'as jamais vraiment été.

"T'es le premier qui me dit ça." tu croises tes bras et tes perles froides vont le chercher de front, une fois que tu as pu faire quelques pas pour lui barrer la vue sur ce magnifique paysage. (Enfin, un magnifique paysage pour en remplacer d'un extraordinaire, il ne serait pas là pour se plaindre, n'est-ce pas ? Sacramoni sait très bien la chance qu'il a.)

Il y a une nuance encore, une énième, dans ce regard que tu lui lances, dans ce langage non-verbal qui se fait déjà plus parlant. Tu fais clairement mine de douter de ses paroles, alors que ce n'est pas le cas. Cela t'étonne pourtant, que ces loups étrangers que tu as senti sur lui, toutes ces fois, aient été aussi coi sur la question.  

Ou alors…

Ou alors, peut-être n'est-ce que toi ?

(N'importe quoi.)

"Tes colocataires ne t'ont jamais dit ?" à la tronche qu'il te rend, cela semble signifier non. Tu le suis des yeux alors que tu lui passes à côté, semblant vouloir continuer votre route, un petit chemin menant vers le contrebas vous étant tout justement présenté. Tu défais tes bras et tu reprends le chemin, disant un peu plus fort, et faisant toujours dos à Lou : "Goujats."

Réponse tout à fait claire s'il en est, et vous étiez reparti, et cette fois-ci, sous une pluie généreuse.

Pendant ces dernières crapahutades qui vous séparent de ladite chute, tu repenses à ces foutus colocataires qui n'ont pas été foutu de sentir à quel point… à quel point Lou a une odeur plaisante, d'une part ; et d'autre part, une odeur qu'on oublie pas. Tu fais passer tes nerfs sous cette pensée qui t'agace, à te dire, surtout, qu'il se pourrait que tu sois le seul à penser ça.

Ça n'a aucun sens, de penser des choses pareilles. Vraiment.

Y'a tellement de souvenirs qui remontent lorsque vous traversez cette vallée que tu ne saurais pas par où commencer, si tu avais voulu lui raconter. Et pour une fois, ça n'a pas grand-chose à voir avec ces chasses macabres auxquelles tes proches te conviaient, pour te préparer à l'avenir qui t'était tracé. Ou, rien qu'un peu.
Tu ne penses pas être capable un jour de pouvoir exprimer tout ça, même si on te le demandait. Pas dans ton état, aussi lucide sois-tu. Il y a des choses qui rentrent, qui sortent, de ta carcasse, mais il est bien trop tard pour te faire à l'idée que tu sois capable de devenir aussi bavard qu'un Ethan, aussi gentil qu'un Lucjan, aussi intrépide qu'une Shanti, et…

Autant de choses que tu ne pourrais être et qui te frustrent encore, même si elles ne te ressemblent pas. L'eau a trempé vos vêtements, ton sac à dos et ce qu'il y a à l'intérieur aussi - la fermeture est toujours cassée, en plus. Tout ça pour aller voir une foutue cascade, se dirait sans doute le guérisseur, alors qu'un trail habituel aurait certainement pu suffire, avec un arrêt à l'abri. T'es encore loin de t'imaginer toutes ces choses qui vous rassemblent, à vrai dire ; sans doute pour tenir encore la distance. Cet endroit-là, tu aurais même, peut-être, possiblement apprécié le montrer à Eli (que tu préfères appeler Kali). Elle n'y comprendrait sans doute rien, car à son âge, elle doit être aussi bête qu'un Noam dans son état normal.

Comparaison qui ne te ravit pas tant que ça, tu dois bien te l'avouer. Si elle a quelque chose de toi, elle ne devrait avoir rien à voir avec toute bêtise que ce soit, non ?

Quand vous êtes enfin arrivés, ça te fait un drôle d'effet. Aux pieds de la cascade qui fait un boucan du diable, à t'en faire un peu grimacer ; tu restes pourtant là, à la regarder. Des chutes d'eau qui s'écrasent sans jamais s'arrêter, sans jamais se tarir. Pendant de longues secondes tu crois être seul, d'ailleurs. Tu ne te rappelles pas de ces couleurs, de ce son-là. Tout est différent, depuis… depuis ce fameux moment où…

"Elle est glacée," constat évident, alors que tu as encore ta main dégantée pour l'occasion. Tu t'es retourné vers Lou, "Tu veux toucher ?" que tu lui proposes, le genre de truc que demanderait un gamin de dix ans et demi, mais avec une platitude pour le moins caractéristique du personnage.

Aussi tu recules un peu et redescend un peu, incapable de tenir vraiment en place. Tu commences à chercher du regard quelque chose, dans ces amas de pierres alignées de manière désordonnée. Et là où tu penses avoir trouvé, tu sautes sur l'une des pierres, puis une autre, menaçant de te viander à tout moment. Tu te retrouves au milieu du cours d'eau formé par les chutes, drôle d'idée au demeurant ; et tâte des pierres froides non pas au hasard, mais au rythme des souvenirs qui deviennent de plus en plus limpides au fur et à mesure que tu t'y appliques.

Le moins qu'on puisse dire, c'est que ton loup est content d'être ici. "J'ai trouvé !" qu'il a même dit, d'un timbre de voix tout à fait étonnant pour le concerné.
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MessageSujet: Re: the great escape   the great escape EmptyJeu 28 Oct - 5:39
Il ne saurait dire ce que la confession-confirmation à demi-mot de son hybridité a comme effet sur son camarade ― entre surprise et doute, voire soupçon. Il ne ment pas (ses mensonges n’en sont de toute façon jamais vraiment, qu’une dissimulation malhabile au mieux de ses capacités, que des sujets évités de tous les côtés), il ne joue pas. Logan ne relève rien, ne pose pas plus de question, et semble uniquement encore plus dubitatif lorsqu’il le questionne à propos de cette fameuse odeur qui, pour ce qu’il en sait, est une complète fabrication de la part du lycanthrope. La vue de la chute est remplacée par celle de l’homme, auprès duquel il appuie son interrogation d’un inquisiteur sourcil haussé, imitant sa posture sans le vouloir. Bras croisés, en attente d’une explication sur laquelle il n’a aucune légitimité, soutenant presque douloureusement le regard où tout se lit plus clairement que dans ses mots (et la narratrice ci-présente ne fera aucun commentaire à propos de cette affaire de paysage extraordinaire, si ce n’est en soulignant que Lou n’a émis aucune plainte à propos de la nouvelle vue).

« Tes colocataires ne t'ont jamais dit ? La mention explicite de Cormac et Dean ne devrait pas le surprendre ― il l’a lui-même pensé, il y a quelques secondes, qu’il devait empester le loup étranger pour l’odorat fin de Logan. Ça ne le surprend pas, mais ça lui confirme que s’il doit sentir quelque chose, l’autre est bien placé pour le savoir. Goujats. »

Nan mais ça y est.
Il pue la mort et personne ne lui a jamais dit depuis qu’il habite à Sweet River.

Ça suffit à occuper son esprit sur le chemin qui traverse le bois et la vallée, lorsque celui-ci ne s’attarde pas à éviter de méchamment se viander sur le terrain devenu mouillé et boueux. Lorsque ses prunelles ne se fixent pas sur le cou dénudé de Logan, en point de repère à travers le rideau de pluie qui ne tarit pas d’intensité. Tout ce qu’il y a de sec sur eux deux combinés doit constituer en le contenu de son sac à dos, imperméabilisé à grands coups de sortilèges, et encore… il n’en est même plus sûr, en ce moment. Il ne s’en soucie presque pas. Il n’y a que la pluie, que la cascade, que l’Écosse, que Logan, chaque élément intrinsèquement lié dans ce qui ressemble davantage à un pèlerinage qu’à une randonnée en forêt. À un acte de foi plus qu’à une activité, partagée par deux hommes qui à la fois ne se connaissent presque pas, et déjà presque trop.

Au pied de la cascade, ils sont seuls, les quelques moldus venus admirer la merveille de la nature probablement repartis sans demander leur reste. Sans être touchés par encore davantage d’eau, là où les deux sorciers se retrouvent aussitôt saisis par la chute. Par le silence qu’elle impose et comble d’un bruit assourdissant, battement qui impose à son cœur un rythme effréné. Qui lui impose le respect, en même temps qu’il inspire profondément l’air froid. Dans son regard, le jaune de la mousse, le vert vif de la végétation, le gris des pierres, le blanc des remous, le bleu piquant des yeux de Logan. « Elle est glacée. La voix basse lui parvient comme à travers de la ouate. Ses yeux se posent sur la main nue, sur le tatouage sombre au creux de la paume à peine perceptible sous l’eau. Tu veux toucher ? » Un signe de tête en assentiment et à son tour, il s’avance jusqu’à pouvoir toucher l’eau.
(il n’est pas du tout embêté par l’idée d’être trempé jusqu’aux os pour aller voir une foutue cascade)
L’eau qui semble glacée pour le lycanthrope déganté est tout juste froide pour le demi-Selkie, qui n’en apprécie pas moins la morsure redoutable. Qui y plonge les doigts, la paume, tout jusqu’au poignet, sans s’incommoder. Qui y plongerait tout son corps sans ciller, sans redouter les milliers de piqûres d’aiguilles qui se réveillent à la surface de sa peau. D’un regard en biais, il guette son camarade, curieux de savoir ce qu’il manigance ― non, ce qu’il cherche. L’oeil s'affute, s’inquiète malgré lui, lorsque le lycanthrope s’avance sur les roches mouillées, et que le guérisseur prend le dessus sur le randonneur hardi (bon, pas hardi, disons, enthousiaste). Plus préoccupé à l’idée qu’il se fende le crâne sur un caillou qu’ils attrapent la mort, à ainsi se tenir sous la pluie (ça, c’est un travail pour Attia, c’est elle la grande soeur).

« J'ai trouvé ! Le ton du Yaxley résonne d’une façon étonnante à son oreille ― satisfait ? surpris ? plû ? T’as trouvé quoi ? » Il ne doit même pas l’avoir entendu, d’où il est, en témoigne l’absence de réponse (quoique, ça peut aussi ne rien vouloir dire). Il est à deux doigts de lui dire que si c’est un piège pour le pousser à l’eau, il n’y va pas, mais le Poufsouffle tient sa langue : inutile de tenter le diable, de tenter la farce, en la suggérant à l’esprit qui n’en a peut-être même pas esquissé le dessein.
Surtout que, sombre dessein ou pas, le voilà à approcher chaque pierre d’un saut habile (laissez-le avoir un peu de la grâce de l’animal dont il aime tant revêtir les plumes), suivant les pas du Yaxley jusqu’au centre du cours d’eau, jusqu’au centre des remous, de l’eau glacée qui vole sur leurs visages et se mêle à la pluie fraîche de l’automne. « Comment on dit “cascade”, en gaélique écossais ? » Question pensive qui prend pour acquis bien des choses à propos de Logan et qui s’accompagne d’un regard curieux, lorsque celui-ci se détache enfin de la cascade. Et que disait-on, plus tôt, à propos de paysage magnifique et tout cela ? « Qu’est-ce que tu as trouvé ? » Jolie roche, passage secret, portail vers un autre plan, bijoux cachés, corps humain, les possibilités sont à peu près infinies et au plus fort de son énergie, Lucjan n’en redoute étrangement aucune. Il a déjà les deux pieds au milieu de l'eau.
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MessageSujet: Re: the great escape   the great escape EmptyJeu 28 Oct - 22:51
"…é…oi ?" il l'entend, cet espèce d'écho qui glisse sur la masse de l'eau — mais indistinct, voire incompréhensible, le brouhaha de la chute saturant ton audition déjà sensible. Raison tout à fait légitime pour laquelle tu ne relèves ni le nez, ni la carcasse à ce moment-là, te foutant une main dans l'eau pour pouvoir triturer on ne sait trop quoi. Tu ne te sens pas tout à fait stable sur tes appuis - à savoir, sur ces deux rochers mouillés, qui n'ont certainement qu'une seule idée, à savoir te faire glisser. Tes vieilles semelles n'étaient pas aidantes pour un sou. Tes gants non plus, tenant l'un des deux dans cette main encore gantée. Il suffirait d'un rien pour que tu…

C'est au moment où tu te redresses dangereusement sur tes jambes, pour de passer de la position accroupie à debout, que l'oiseau - que tu n'as pas entendu arriver, ni senti, la faute à la pluie ; se décide à te cueillir. "Comment on dit "cascade", en gaélique écossais ?Hein ?" Il te surprend, t'étais encore perdu dans ta tête quelques secondes plus tôt, à te repasser le fil de ces souvenirs que tu croyais enfouis. Tellement surpris que tu en as perdu l'équilibre brièvement, te raccrochant au seul piquet du coin, Lucjan.
D'une seule main contre son bras, l'autre dégantée ayant failli la suivre -- mouvement que tu arrêtes comme si tu allais te brûler à le toucher encore une fois.

"…T'as qu'à lire la pancarte là-bas ?" lui balances-tu comme si ça coulait de source. Et pour cause : il n'est certainement pas le premier à avoir posé la question. Tu as beau être fluent en gaélique écossais, tu ne le parles pas… avec des gens… comme… Lucjan, voilà tout. Aussi fais-tu mine de ne rien savoir, et surtout, de ne pas t'être rattrapé à lui. Bienheureux que vous êtes, tu ne l'as pas poussé dans ton mouvement, vous auriez fini encore plus trempés que vous ne l'étiez déjà.

Tu reprends un peu l'équilibre et ôte ta main -- et lui sa prise. "Qu'est-ce que tu as trouvé ?" c'est vrai que c'était un peu l'idée. Tu ôtes ton deuxième gant et tu les ranges dans tes poches arrière, bien coincées ; manquerait plus qu'ils tombent.
Rien d'intéressant aurait dit quelqu'un de sensé, de poli peut-être même, rétrogradant ses petites histoires personnelles au douzième rang. Mais tu n'es pas comme ça : soit tu en parles pour en parler, soit tu ne dis rien. Quand ça concerne des choses pareilles, du moins. Le reste c'est une autre affaire.

Tes perles brassent les environs rapidement, pour vérifier qu'aucun moldu - les mêmes que tout à l'heure, par exemple - ne soit dans les parages. Et rien d'autre non plus, bien sûr. Ce serait mieux ainsi.
Une fois fait, tu t'accroupis à nouveau en t'appliquant à ne pas te croûter sale dans l'eau - peu profonde au demeurant, mais tout de même. Saisi cette pierre conséquente, d'une forme presque pyramidale, si on avait un tant soit peu d'imagination - à la différence qu'elle était plus arrondie, une pierre en somme. Pour le moment, ta réponse silencieuse se serait résumée à : j'ai trouvé une pierre, une GROSSE pierre. Même un "vrai" loup ne serait pas aussi heureux pour aussi petite banalité.

Or, une fois que tu tes appuis sur la roche semble être bonne, tu la soulèves — prouesse qui, au vu de ton gabarit, était particulièrement anormale. Et tu la tournes, ne la lâchant pas dans le processus, te relevant. La face que tu lui montres est frappée d'un cercle alchimique à même gravé dans cette dernière. Et il luit d'un bleu nuit étrange, rien que pour lui.
Ça a presque l'air inoffensif, tant les couleurs hypnotisent.
Pourtant ces lignes réagissent à celles que tu as sur tes paumes.

Tu ne sais pas trop ce que tu lis dans le regard du guérisseur à ce moment-là, sans doute parce que tu ne veux ni le voir, ni t'y appesantir. Tu la reposes dans son lit, la laissant à nouveau à moitié immergée par les eaux qui l'accueillaient encore il y a de cela moins d'une minute. Une pensée qui n'a strictement rien à voir, mais qui t'a bel et bien tourné longtemps depuis le jour où vous êtes rencontré pour la deuxième fois, s'impose en toi. Tu ne tournes pas mille fois ta langue dans ta bouche, et quand tu t'exprimes, tu ne le regardes pas… "Comment on dit merci en italien ?" c'est pour un ami que je ne connais pas.
Quelqu'un à qui tu répondrais peut-être, s'il avait des questions, cette fois-là.
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MessageSujet: Re: the great escape   the great escape EmptyVen 29 Oct - 6:44
Il n’a pas prévu la surprise de son arrivée, n’y a pas pensé, et le mouvement de surprise du Yaxley se reflète dans le sien ― la main toujours gantée qui l’empoigne, les siennes qui attrapent une épaule, un bras, les semelles usées de leurs chaussures qui dérapent à peine avant que les corps se stabilisent sur les roches glissantes. Le contact accidentel, tout sauf prémédité, préparé, réfléchi, appréhendé, laisse Lucjan surpris, le souffle un peu bloqué dans sa gorge, tant qu’il lui faut quelques instants pour comprendre de quoi parle son camarade lorsqu’il prend la parole : « …T'as qu'à lire la pancarte là-bas ? » Il s’échappe de la prise de son regard avant de fuir celle de sa main, cherchant la pancarte en question. An Steall Bàn, et sous celle-ci, waterfall ― eas, comme une leçon de gaélique écossais mal administrée. Le chemin se fait alors qu’il reprend ses mains, qu’il les frotte entre elles, qu’il en chasse la sensation du tissu froid et mouillé, de la peau chaude.
S’il est déçu, il n’en dit rien.

La curiosité linguistique s’efface pour mieux laisser place à un fantôme de ce que vivent sans doute les briseurs de sorts, archéomages et autres aventuriers de l’arche perdue, alors que son compagnon retire son second gant et s’accroupit devant une pierre… une bonne pierre, quand même. Lou se déplace sur une autre, de pierre, une espadrille carrément dans le lit du cours d’eau, afin de lui laisser la place nécessaire pour bouger sans être dans son chemin. De bouger et de se relever avec entre ses bras, la pierre à la fois trop grosse et probablement trop lourde pour être soulevée par un homme du gabarit de Logan, mais celui-ci n’est pas qu’un homme. De lui montrer la face où luit un cercle formé de symboles inconnus, d’un bleu sombre et beau, autant qu’il est dérangeant. Il ne sent pas la magie, à la façon des lycanthropes et des vampires, mais il y a quelque chose qui se dégage de l’artefact, autant que du Yaxley. Lucjan lève délicatement la main, sans tout à fait oser s’approcher davantage pour mener à bien la fascination soudaine qui pulse en lui ― sans oser toucher. Le geste est suspendu, alors que la pierre est remise à sa place, et qu’il voudrait seulement demander à Logan de recommencer. De continuer. Fascination devenue frustration, coincée dans un endroit entre ses côtes d’où il ne peut la déloger (il a toujours si mal composé avec ses sentiments).

« Comment on dit merci en italien ? (Lou n’a pas assez d’ego pour être mesquin) Grazie. » C’est presque trop doux, bien que son corps se balance un peu pour se rapprocher de celui de Logan afin que son oreille fine l’entende. Afin d’à son tour de s’accroupir devant la pierre, celle-ci redevenue presque aussi banale que toutes les autres. Les traits délicats et précis du cercle alchimique devenus inactifs, invisibles dans le courant, sa surface froide et morte sous la main du néophyte. Il ne sent sur elle que les remous de l’eau, alors que celle-ci se rebute contre les angles arrondis de la matière, et lorsqu’il s’aventure à effleurer les lignes creusées dans le roc, son ton pensif lui revient : « Eas ? » La question sous-jacente dirigée à lui-même plutôt qu’à celui qui a déjà refusé une fois. Il prononce le mot en se fiant aux rudiments de gaélique irlandais qu’il a appris auprès de Mike et de Johannes (surtout du premier).

L’accent mélancolique du souvenir, de l’irlandais, rejoint la frustration lovée dans sa poitrine.
La pluie ne se calme pas.

Lucjan se lève, le visage pris dans une expression indéchiffrable. Les mains légèrement engourdies, bien davantage par la faute du froid que par celle de la magie diffuse, et un brin d’audace sur la langue : « T’es venu ici quand, pour la dernière fois ? » C’est insidieusement intime ― peut-être trop. Il touche peut-être quelque chose qui ne doit pas être approché, d’aussi tabou que l’existence des gants souples coincés dans la poche arrière du jeans de Logan, d’aussi mystérieux que les tatouages au creux de ses paumes, d’aussi brûlant que son épiderme. Possible qu’il regrette tout, qu’il se fasse planter là, au milieu d’An Steall Bàn, possible qu’ils ne se revoient plus (ce n’est pas supposé le chiffonner, comme perspective). La réaction de l'Écossais est guettée du coin de l'œil, mais le regard soudain se fait incisif, fixé sur le visage pâle où l'argent de la cicatrice luit avec le même éclat étrange que le cercle alchimique. Fixé, un instant, sur la bouche pleine devenue violacée, avant de revenir aux yeux de glace. La voix, trop souvent plate, est plus attentive : « T’as les lèvres bleues. » Ils doivent sortir de là (il n’en a pas envie, c’est lui qui a désormais les deux pieds dans l’eau et il n’en a pas envie).
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MessageSujet: Re: the great escape   the great escape EmptyLun 8 Nov - 13:07
"Grazie" la réponse ne s'est pas faite attendre, cette dernière te paraissant particulièrement aérienne -- mot qui s'imprime dans ton esprit, te ramène à tes appuis peu stables, au fait que toi aussi, tu sois à demi-flottant dans ce quelque part. T'es pas allé jeter un coup d'œil dans sa direction quand il s'est penché un peu pour te le dire, avec la vague impression (tout à fait erronée) qu'il te disait merci à toi aussi. Cela étant, tu lui rends non pas un écho (tu n'irais pas te couvrir de honte de l'avoir mal prononcé, manquerait plus que ça), mais quelque chose de plus catégorique, entier. "Ok, merci." a priori, du moins, car ce n'est pas tout à fait le cas. Tu ne sais pas s'il a comprit ta cabriole pour le lui dire enfin, ce merci, par deux fois même, semble t-il, mais le seul fait de l'avoir faite semble t'avoir déjà allégé d'un poids fantôme : ta promesse a été tenue.

Tu checkes tes appuis du regard, à nouveau, laisse encore tes clairs sur le rocher, vestige d'un passé que t'aurais peut-être mieux fait d'oublier -- ou à défaut, laisser à sa place. Pourtant, toute l'Écosse semblait être parsemée de ces morceaux-là, terre natale que tu ne peux quitter, et que tu ne quitteras sans doute jamais. Alors à quoi bon t'en crever les yeux pour si peu. "Eas ?" que tu crois entendre, tu lui jettes alors un regard de biais, le laissant sans réponse.
Après tout, on a bien dit que les personnes comme Lucjan n'étaient pas habilitées à t'entendre parler gaélique.
Et il te semble pourtant comprendre qu'il insiste.
Faut dire que ça a tout de contre-productif, puisqu'il n'y comprendrait pas grand-chose.
L'italien à l'accent irlandais, on aura tout vu.
Pourtant c'est pas de la réelle moquerie qui dégouline de tes clairs, quand ils croisent les siens. Ils doivent dire quelque chose comme tu vois que c'était pas si compliqué, pensant certainement transmettre sans rien émettre par la voix. C'est qu'il y a peut-être encore la part animale qui croit capable l'oiseau de lire ses pensées. Comme ce soir-là ; comme…

"T'es venu ici quand, pour la dernière fois ?" t'en aurais oublié la morsure du froid un peu plus longtemps, mais force est de constater que ça te prend les os d'un coup, presque aussitôt que sa phrase eut été prononcée. Et il ne te semble pas qu'il te laisse suffisamment de temps pour procéder à un tri des données que tu voudrais bien lui fournir, que le guérisseur aligne. "T'as les lèvres bleues.Les tiennes aussi." que tu réponds d'instinct, soupirant du nez en décrochant tes bleus de sa trogne ; un brin vexé.
1. D'où se permet-il de poser ses yeux de biche ici ?
2. Il raconte n'importe quoi.
3. Ça ne le regarde pas.
4. Il n'est pas en balade à visée professionnelle, là.
Il est… vous êtes--
Tu ne sais même plus trop ce que vous faites, sur le moment ; tu te rappelles seulement d'avoir échangé ces textos et vous aviez convenu de partir marcher ce jour-là. De quoi oublier ces derniers jours où Samuel a failli vider Kali sur le sol de ta tente, où t'as cru avoir encore à tuer quelqu'un pour la bonne cause, et jamais comme il faut.

Plus qu'une réelle envie de fuir, t'es pas à l'aise sur ce caillou, et tu vas pour traverser le cours d'eau (sans faire demi-tour, notez bien) qui vous mène de l'autre côté. Lèvres bleues, lèvres bleues… n'importe quoi. Sa rétine fragile a trop imprimé le bleu du tracé alchimique qui s'est illuminé sur ton rocher, ni plus ni moins. T'es là à ruminer ces mots bénins dans ta tête alors que tes jambes font le trajet toutes seules vers une petite grotte enfoncée dans la roche humide. T'en as donc naturellement oublié de lui signaler un peu plus tôt que ce n'était pas pour l'y abandonner, mais bien pour vous y abriter. Tu aurais certainement été un piètre guide touristique.

Cela étant, tu penches la tête pour y rentrer, c'est pas si grand là-dedans, et tu perds pas plus ton temps et t'assieds à même le sol. Tu tousses sur le côté une fois cela fait, et tu t'éclaircis la voix. "J'avais treize ans." que tu finis par dire alors que tu défais ton sac, donnant l'impression que ton information est aussi banale que ce que de faire une randonnée sous la pluie écossaise. C'est bien plus simple de se dévoiler quand l'esprit est occupé, ou paraît-il au moins l'être. Tu récupères également tes gants dans ta poche arrière, qui te font bien mal au cul au demeurant ; et tu vas pour les foutre dans ton sac au moins temporairement. Tes yeux sur ces derniers, ton fil de pensée s'arrête quand même sur l'idée du et si, mais vous alliez pas vous tripoter, c'est évident ; t'allais pas le blesser.

"T'as ramené la table et les couverts ?" que tu lui lâches non sans t'apercevoir de la basse taquinerie que tu lui sers. C'est typiquement le genre de chose qu'Ethan t'aurait dit, y'a quelques mois, quand tu demandais encore des putain de couverts pour tes repas. T'as bien remarqué que Lucjan était aux petits soins, de manière générale ; et qu'il transpirait quelque chose de raffiné, quelque chose dont tu ne jouissais plus. À ton humble avis, du moins.

Tes mots se sont même accompagnés de la découverte de ton tribut, une bouteille de rhum un peu trop fort pour être tout à fait innocente entre tes doigts. Sentant l'œil de l'oiseau sur toi, tu le jauges, pas honteux pour un sou. "Quoi ?" c'est que ça te ferait presque sourire, la tête qu'il te fait. T'auras qu'à lui dire que c'est pour te réchauffer les lèvres, et d'ici quelques minutes elles auront perdu ce bleu qui lui déplaît tant. "Je m'hydrate." que t'oses même rajouter par derrière, dévissant son bouchon métallique de quelques coups et allant perdre ton regard au loin devant vous, votre conversation bercée au son apaisant de la pluie.
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MessageSujet: Re: the great escape   the great escape EmptyLun 8 Nov - 22:28
« Les tiennes aussi. C’est moi le guérisseur », et ça va, le concours de maturité, hein. Ça va, de répliquer au tac-au-tac, bien que ce soit dépourvu de toute malice, comme deux adolescents en manque de prouver leur supériorité respective. C’est surtout assorti de l’esquisse brève d’un sourire. Puis, ça semble convenir pour le faire quitter le lit du cours d’eau et les mener jusqu’à une petite grotte point remarquée plus tôt et dans laquelle ils doivent plier les épaules et la tête afin de ne pas tout bonnement se décrâner contre la pierre. Et si Logan ferait un mauvais guide touristique, Lou est peut-être le meilleur touriste pour sa cause, alors qu’il l’a suivi sans faire d’histoires, ni sans douter de lui.

L’endroit est sommairement observé, d’un œil attentif de résistant qui hésite à encercler l’endroit d’un sort d’alarme, autant que par celui du jeune homme bien élevé prêt à sortir au moins une couverture pour les isoler de la pierre froide et pas moins humide. « J'avais treize ans. » L’attention revient au sorcier et à une réponse qu’il attendait plus ou moins, mais qu’il accueille avec… plaisir ? Il ne sait pas, alors : qu’il accueille. Calcul automatique ― presque vingt ans. Vingt ans et sans carte, sans rien, l’endroit a été retrouvé, l’instinct ou la mémoire en boussole. Image automatique ― l’homme, adolescent. Il s’en souvient. Les boucles blond vénitien, le regard hautain, la moue ennuyée, le visage presque trop lisse, dépourvu de sa balafre d’argent. « T'as ramené la table et les couverts ? Ses yeux marron tentent de décrypter l’expression toujours trop neutre des traits de Logan, ce ton un peu brusque sans être agressif, et il décide que c’est de l’humour. Que son camarade blague et que ce faisant, ça lui rappelle un peu Elena et leur nuit à la plage, où il a justement pensé aux couverts (et même aux serviettes de table) ; ça lui rappelle Javier et le petit-déjeuner brûlé. Seulement si signore Alvarez a ramené le reste », dit-il en moulinant de la main avec exagération, avant de s’installer lui-même directement sur le sol, à une distance raisonnable de Logan. Il n’a même pas porté attention au nom qui a passé ses lèvres et qui diffère de celui employé dans son esprit, lorsqu’il pense au lycanthrope ― réflexe tiré de ses études et connaissances sur les meutes et les clans. Réflexe pris à même la comparaison avec son amie, avec l’alpha.

Une fois assis, l’hybride remarque aussi ce qui a émergé du sac à dos détrempé du loup, c’est-à-dire : du rhum. Really ? Ils partent en trek improvisé à travers la lande et tout ce qu’il amène, c’est du rhum ? « Quoi ? Son expression dubitative n’a pas échappé à l'œil froid, toujours aussi aux aguets que le sien. Je m'hydrate. » Lou veut rire de cette excuse si ridicule, je m’hydrate, mais celle-ci lui tire surtout un roulement d’yeux et une expression que le guérisseur voudrait davantage excédée, mais qui se retrouve bien trop nuancée par son sourire. Par un petit tss qui ne peut pas servir de réprimande, à peine de commentaire éditorial. Il ne dit rien, ne rit pas, et fouille plutôt dans son propre sac, aussi nettement rangé que son coin de chambre à Sweet River, et en sort une flasque au fini patiné, usé, le métal encore plus froid que sa main. « J’avais prévu ça, et il secoue la flasque, dont le liquide s’échoue sur les côtés dans un glougloutement de vague, en cas d’urgence. »

De quelle urgence ? Dans quelles circonstances peut-il avoir besoin d’une flasque de peut-être whisky ? À quelles fins médicales ? Qu’est-ce qu’il y a dans cette fameuse flasque d’urgence ? Il n’en dit rien et remet l'objet dans son sac quasi sans fond, entre son nécessaire de suture, la fameuse couverture et un stock de pansements suffisant pour tenir un siège. Il doit quand même y avoir quelque chose de… plaisant, dirons-nous, à partir sans presque rien. Sans angoisse.
Comme lorsqu’il survole l’océan avec rien d’autre que ses ailes.

Il repousse d’une main ses cheveux mouillés et il ne lui vient pas l’idée de sécher leurs vêtements. « Est-ce que je peux en avoir ? Il coule les yeux jusqu’à la bouteille de rhum, puis sur le visage de Logan et les siens, de cheveux aux mèches longues collées contre les joues. Sur le reflet délicat de la cicatrice sur la chair claire. Pour m’hydrater. S’il te plaît. » Allez savoir ce qui convainc le lycanthrope, une fois l’instant de doute et de moquerie expié (peut-être le fait qu’il lui ramène son propre humour, ou une politesse dont il ne se débarrasse pas), mais la bouteille est bien passée, et Lou en tire une rasade, disons, correcte. Une gorgée d’adulte. Le goût épicé lui arrache une grimace bien malgré lui, sans pourtant qu’il regrette la brûlure attendue de l’alcool fort dans tout son gosier. Son visage devenu blême sous la pluie en reprend à peine quelques couleurs moins inquiétantes, la chaleur diffuse sous son épiderme de sa langue jusqu’à son ventre. Il rend son bien à Logan, chacun bougeant de façon à ce que leurs doigts ne se touchent pas, un « Merci » au bout des lèvres (bleues, paraît-il).

Une inspiration. Une expiration. Le bruit de la pluie le garde calme, détendu, alors qu’il fixe la nature automnale à travers les gouttes, et se gorge autrement du paysage écossais. Être forcé de vivre dans les Highlands, si loin de la mer, l’a toujours fait considérer le pays avec une certaine amertume, et il a davantage privilégié les côtes battues par la mer aux vaux et aux monts qui se lèvent ça et là. En parcourir une parcelle avec le lycanthrope confère à l’endroit un éclairage nouveau et nimbe le moment, autant qu’An Steall Bàn d’un indicible sentiment. « Je n’avais jamais marché, comme ça, en Écosse, dit-il à voix basse, sans cesser de détailler les pitons rocheux, moussus, plus loin. Je vole toujours. Ses doigts dessinent pensivement quelques arabesques sur le sol, alors qu’il cherche le mot exact à prononcer. C’est… beau. »

Il pourrait dire majestueux, superbe, sublime, et une multitude d’autres synonymes, mais aucun ne lui paraît aussi simple et aussi vrai que le beau qu’il peut accoler à la nature sauvage de l’Écosse.

(ce n’est pas la première fois qu’il utilise ce mot)
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MessageSujet: Re: the great escape   the great escape EmptyJeu 11 Nov - 20:47
"Seulement si signore Alvarez a ramené le reste."

Alvarez ?
Le geste qu'il te fait, risible et théâtral au possible, ne parvient pas à évanouir cette sensation étrange qui te vient ; étonné qu'aucune part de toi ne daigne le reprendre pour un Yaxley tout à fait désuet.
Il ne semble d'ailleurs clairement pas s'apercevoir d'à quel point ce simple patronyme te fait te sentir - faut dire que tu n'es pas le plus expressif du monde, et que tu as seulement cligné plus vite des yeux, rien de plus ni de moins.
Quelque chose qui aurait clairement pu te faire avoir une fausse route avec ta gorgée, si t'avais pas été encore à l'étape de sortir la bouteille de ton sac à dos rapiécé. Tu retiens seulement la bourde qui n'en est pas une, l'étrange sensation que cela te procure, qu'il soit à côté de la plaque sans l'être.
Comment sait-il que Yaxley est mort ?
Le loup n'apprécie toujours pas, et se rappelle de la première fois, la première nuit, où il a cru qu'il lisait dans sa tête comme dans un livre ouvert.
Jamais il ne lui permettrait.
Pourtant, Alvarez - pas toi, de fait, l'autre - t'a bien dit qu'il ne pouvait pas faire ça. Mais qui sait, l'aurait-il apprit sur le tas ?
Tu n'aimerais pas ça.

Le minois du guérisseur qui se moue dans un léger sourire, que tu aperçois d'un coin de l'œil, sitôt après l'avoir fui. C'est mieux ainsi, de ne pas te laisser piéger là où tu ne devrais pas l'être. Ça te rappelle ces fois-là où t'avais plus les mots avec Vince, alors tu lui offrais juste une tisane maison, et tu l'aidais pour ses cours. Pourquoi est-ce que ça te ramène à ça ? T'en sais rien et, une fois n'est pas coutume, tu ne veux pas savoir.
Tu prends une gorgée de ta bouteille (et pas une petite, en plus)(lèvres bleues)(ça t'agace qu'il t'ait dit ça, monsieur le guérisseur), la chaleur irradiant à la fois tes lèvres et l'intégralité du trajet de ladite boisson dans ton organisme. À peine as-tu pincé tes lèvres pour récupérer ses restes discrètement que Lucjan sort une petite flasque, qui capte aussitôt ton attention. Flasque fermée, que tu t'imagines remplie d'un liquide fort, et pas d'un jus de betterave épicé. "J'avais prévu ça, en cas d'urgence.Hm." le loup a une furieuse envie d'aller renifler son contenu. Peut-être même le goûter, si ça lui inspire quelque chose. De quelle urgence pouvait-il parler ? Une blessure ouverte ? Avec tout ton sel à revendre, tu te suffirais à toi-même pour guérir. Lui en revanche…

"Est-ce que je peux en avoir ?" tu suis le chemin de son regard, vers ta bouteille que t'as laissée reposer sur ta cuisse. "Pour m'hydrater. S'il te plaît." La première réponse qui te vient est non, parce qu'il a sa flasque, d'abord, et que t'es pas là pour partager, c'est qu'avec tout ça tu lui as dit merci deux fois au lieu d'une, même qu'il s'en est même pas rendu compte, de l'effort que ça t'a prit, et… et le loup n'est pas de cet avis-là, il veut lui donner.

"T'as pas pris ton jus d'ananas ?" que tu railles, dernier rempart contre l'instinct — tu sens bien qu'il a envie de goûter et que ça te ferait peut-être envie à toi aussi de le voir goûter. Pensée non relevée car bien trop inconsciente, voire interdite d'accès. "J'veux voir ta flasque d'urgence, alors" il te la cède sans trop de problème, monnaie d'échange un peu arbitraire s'il en est. Il te rend un "Merci" que tu ne lui remets pas de ton côté, déjà trop intrigué par le contenu de ce petit contenant en métal froid (qui sent Lucjan, fermée comme ça)(ça sent bon)(tu lui diras pas).

Tu le laisses faire son affaire, dévissant la flasque pour humer un peu - et le mot qui te vient c'est whisky. Pourquoi est-ce qu'un guérisseur aurait besoin d'un whisky d'urgence ? Pour désinfecter ? Ça colle quand même pas mal. La magie ne pourrait-elle pas faire davantage effet ? Tu te demandes bien pourquoi il ne t'a pas saupoudré de ça le soir où tu t'es bouffé le bras, alors.
T'as bien envie de la lui vider, mais tu te fais violence pour ne pas le faire, et tu lui remets dans son sac entrouvert, récupérant ton bien en évitant de le frôler. À ton contact, la bouteille a un côté embué.

Tu ne t'en préoccupes pas et va boire un coup.

Et encore, une fois une petite minute passée.

Le réflexe est bien présent, vos regards étant toujours coincés vers le paysage vous faisant face. T'as des frissons dans le dos. T'as froid. Et tes cheveux gouttent sur tes épaules, rendant la sensation de fraîcheur un peu trop infinie sur ta carcasse. Ce silence t'apaise. Ça te rappelle les fois où t'étais avachi sur Argos près du loch. Ces fois-là où y'avait personne pour t'emmerder, ou te sous-entendre que t'es un connard fini.

"Je n'avais jamais marché comme ça, en Écosse" tu l'écoutes sans rien dire, ni émettre aucun mouvement particulier. T'es juste là, comme lui, dans l'instant T. "Je vole toujours." tes clairs s'échouent sur la bouteille que t'as entre tes doigts, pensifs. Le son de la pluie ponctue, enveloppe ses mots prononcés presque en messe basse. "C'est… beau." pas la première fois qu'il utilise ce mot en ta présence, et c'est pas ces gorgées d'alcool qui te feraient effacer la mémoire. Encore moins quand il s'agit de Lucjan Sacramoni.

Les lèvres scellées, tu persistes dans ton silence, te demandant par la même ce que ça pouvait faire, de voir ça d'en haut. T'as un soudain élan de tristesse qui te prend — comme si quelque chose que tu ne connaissais même pas te rappelait de vieux souvenirs, enflant ton âme d'une mélancolie hautement incompréhensible.
Sans doute une chose que tu t'étais imaginé faire, une fois parti : être libre de ne plus être ici.

"Ça fait quoi là-haut ?" à part être beau. C'est quoi la sensation de voler ? Est-ce que ça fait un peu comme la sensation de mourir, mais pas assez ? Est-ce que c'est comme ces fois où tu sembles te détacher de ton corps, tout en y demeurant un peu ? Tu vas enfin chercher son regard, l'air soudainement plus sérieux. Calme, tu l'es toujours un peu, en apparence. Mais y'a quelque chose dans l'air qui a changé. Tu passes tes doigts humides sur la surface de la bouteille, dessinant des trucs qui n'existent pas, sans réfléchir.
"J'espère que ça fait pas le même effet que voir des plaies suintantes." rappel nécessaire, boomerang revenu de ta première pleine lune avec lui à ses côtés. Tu n'as pas oublié le mot qu'il a employé, pour te répondre. Tu te rappelles très bien d'à quel point tu as trouvé ça déplacé. Peut-être que tu y comprendrais quelque chose aujourd'hui, à défaut de pouvoir y retourner. "T'as l'air de bien aimer les plaies suintantes." que t'insistes, sans doute à cause de l'alcool qui commence à monter. Raison de plus pour en reprendre une gorgée, avant qu'il ne t'en redemande pour se rincer le gosier.
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MessageSujet: Re: the great escape   the great escape EmptyVen 12 Nov - 6:38
L’échange bouteille de rhum contre flasque de whiskey lui semble juste et probablement même que si le lycanthrope voulait en prendre une gorgée (on ne parle pas de vider tout le contenant d’un coup), il n’en dirait rien. Un échange juste qu’il proposera peut-être plus tard, si l’humeur y est ― s’ils ne sont pas déjà trop avancés dans leur fatigue, car il suffira alors uniquement de quelques gouttes pour les envoyer dans les bras de Morphé. Et peut-être étrangement, s’il a invité Logan à participer à cette expédition hasardeuse, c’est parce qu’il veut de sa compagnie et donc pas spécialement envie de l’assommer avec le whiskey irlandais offert par Mike.
Ça ne l’empêche pas d’épier le brun du coin de l'œil. Toujours pas méfiant. Que curieux.

L’hybride pourrait être surpris du confort éprouvé dans le silence qui prend ses aises autour d’eux, mais ça lui semble tout aussi naturel que le reste. « Ça fait quoi là-haut ? » Il inspire et sa respiration s’égare en un oh silencieux, surpris. Déstabilisé, mais pas déplu. Lou tourne à peine le visage vers le lycanthrope et soutient son regard de glace le temps de quelques secondes, avant de porter ses prunelles sur les dessins tracés sur la bouteille de rhum (il n’a pas cessé son propre manège, sur la roche humide, et ne repère pas la similitude leurs gestes). Déjà concentré à circonscrire la question de l’homme et surtout, la réponse qu’il y apportera (il ne sait pas par où commencer). « J'espère que ça fait pas le même effet que voir des plaies suintantes. Le commentaire est trop pointu pour ne rien sous-entendre et il fronce légèrement les sourcils, comme pour encourager Logan de poursuivre sur sa lancée.  T'as l'air de bien aimer les plaies suintantes. Elles ne me dérangent pas. C’est mon métier », précise-t-il. Histoire que le brun ne s’imagine pas qu’il trouve vraiment quelque chose d’excitant, ou Helga soit quoi, dans les blessures qu’il soigne sans être troublé par leur vue. Dans son cas, c’est même sa spécialité, tout ce qui touche aux créatures magiques. Ce que Lucjan ne sait pas tout à fait préciser est pourquoi il a utilisé ce mot sans avoir l’air plus étrange.

Sans expliquer (mal) que chaque blessure est un état présent et que le guérisseur la regarde ainsi, mais que ce n’est jamais que cela. Qu’il y a l’après à considérer, à chaque fois. Lorsque la chair s’est refermée, que la plaie est guérie, que la vie poursuit son cours après avoir marqué un être de plus de ses crocs et de ses griffes.

« Ce sont les cicatrices qui sont… » jolies. Son souffle timide meurt dans le constat que ce qu’il dit est bien pire que toute autre explication boiteuse qu’il aurait pu tenter de bricoler. Et que franchement, il ne lui manque plus qu’à préciser que ce sont ses cicatrices, à Logan, qui sont jolies pour faire le tour du chapeau de la gênance, avec pourquoi pas en sus un de ces lapsus dont il est le roi. Ses joues brûlent un peu et il se retrouve à y plaquer sa main pour en calmer le feu, et peut-être aussi pour éviter de croiser les prunelles du sorcier (et peut-être même qu’il prendrait une autre gorgée de rhum pour oublier ça, merci, sans qu’il ose demander). Il en vient même à préférer l’autre sujet de conversation pas moins complexe, mais définitivement moins gênant.

« Voler, c’est… » Sa voix se bloque dans sa gorge, là où sa pomme d’Adam hésite et tressaute, à la recherche du bon mot. Il n’a jamais eu à décrire ce qu’il ressent lorsqu’il emprunte le plumage blanc de la sterne arctique, qu’il zigzague au-dessus de l’océan et monte en piqués gracieux jusqu’au plus haut des cieux. On tend à comparer la chose au vol sur balai, à se dire que ça doit être super, sans s’attarder à vraiment lui poser la question et tenter de comprendre que ça n’a rien à voir avec ce qui est connu, ce qui est imaginable par les néophytes. L’ivresse du vol lui semble uniquement cela : une ivresse incroyable qui surpasse tous les alcools, probablement toutes les drogues, et que le vol sur balai ne peut même pas égaler. Le vol est un instant… liminaire. Le vol est numineux. La voix est basse, lorsqu’il reprend la parole, ses yeux marron fixés sur le profil de Logan : « Comme quand tu retiens ton souffle trop longtemps, sous l’eau. » Allez savoir pourquoi il a confiance que Logan sait très bien de quoi il parle. De la brûlure des poumons, de l’envie de se dépasser et d’attendre encore, du noir qui enveloppe l’esprit peu à peu, des sens qui s’engourdissent et s’aiguisent d’un même battement, de la peur instinctive, animale, à l’idée de se noyer, celle qui fait toujours remonter jusqu’à la surface, et à chaque nouvelle baignade recommencer au moins une fois.

Lucjan ferme les yeux afin de puiser dans les sensations qui remontent en lui à l’évocation de cet instant sacré où il survole les lacs, les montagnes, les forêts, et que le lointain l’appelle de plus en plus fort avec les années. Il ne se doutait pas, en devenant Animagus, qu’il s’assurerait de ne jamais être tout à fait heureux sur la terre ferme, toujours déchiré entre la mer et les cieux. Il appuie ses deux mains sur le sol de la grotte, le corps placé en une position plus détendue, le visage tourné vers le plafond. « Il n’y a que toi, là-haut. »

Une longue expiration, d’un souffle qu’il lui semble avoir retenu depuis de longues minutes. Ses paupières s’entrouvrent et ses prunelles courent sur la silhouette voisine de la sienne. Sur les bras nus de Logan, une nuée de frissons se dessine jusqu’à son cou pâle, si la pénombre de la grotte ne lui ment pas. C’est ce qui lui fait remarquer qu’ils ne se sont pas séchés : son camarade a froid et peut-être qu’un peu comme lui, il ne le remarque pas tout à fait. Du sac de voyage, il tire un plaid en laine qui semble avoir autant de vécu que toutes ses affaires, sans pourtant être en lambeaux (c’est cela d’avoir appris à aimer les tissus de qualité). La laine d’autant plus douce, patinée à sa façon. La couverture est déposée non loin d’eux, à portée de bras, sans qu’il dise quoi que ce soit, ou la propose clairement au lycanthrope (à tous les coups, il va lui dire que lui aussi a froid et ils vont revenir à l'argument précédent). Invitation tacite.

« C’est quoi les tatouages, dans tes paumes ? » Il ne les avait pas remarqués, lors de la première pleine lune et des heures qui ont suivi, et seuls les gants en peau de dragon ont éveillé sa curiosité. Il en a à peine entrevu le dessin à la seconde, il y a quelques jours. Et aujourd’hui, il a bien vu qu’il y avait quelque chose. Quelque chose qui réveille la nature endormie de l’Écosse autant que son intérêt, bien que celui-ci soit tout aussi mesuré que le reste de Lucjan. Prudent.
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