Ce n’est pas qu’elle ne fait pas confiance à Penelope. Loin de là. Elles se connaissent depuis longtemps, et se comprennent très bien, toutes les deux. Hermione n’aurait aucun mal à aller voir l’ancienne Serdaigle avec toutes sortes de problèmes… Mais là, c’est spécial. Ça relève du domaine de l’intime, et c’est donc plus compliqué. Parler des runes, des détails de l’histoire du monde magique ou des derniers écrits de leur auteur préféré est simple : c’est du concret, c’est du factuel. Avec ce nouveau sujet, Hermione se lance sur un terrain un peu plus glissant et qui la met bien plus mal à l’aise. « I believe in curses. » répond Penelope. « And love. » Évidemment. Comment ne pourrait-elle pas y croire, en l’amour, alors qu’elle est enceinte de son premier enfant, et en couple depuis si longtemps avec Percy ? Cette remarque ne surprend en aucun cas l’ancienne Gryffondor. « What exactly do you mean Hermione? A curse on someone's love? A love that is cursed? A curse made out of love? » Hermione relève enfin les yeux vers son aînée, toujours un peu hésitante. Elle aimerait pouvoir répondre très précisément, choisir l’une de ses propositions sans le moindre doute, mais c’est bien plus compliqué que ça. Il s’agit de l’une de ces options, pour sûr, mais Hermione sait bien qu’il pourrait s’agir des trois en même temps aussi. Elle est complètement perdue, à ce stade, et les nuits passées à démêler ce problème ont probablement détruit quelques-uns de ses neurones les plus performants : elle ne sait même plus ce qui fait sens et ce qui ne fait pas sens.
« Is there something wrong Hermione? Do you think you have been targeted by one? » Les voilà, les questions qui la mettent le plus mal à l’aise. Hermione attrape l’élastique sur son poignet et noue ses cheveux, dans un geste purement nerveux. Des mèches rebelles retombent le long de son visage, elle s’est trop précipitée. « Has something happened? » Au moins, Penelope ne la regarde pas comme si elle était folle. Non, elle a plutôt l’air inquiète. Hermione ne sait pas si c’est une bonne ou une mauvaise chose. Dans tous les cas, maintenant qu’elle a lancé le sujet, elle ne peut pas s’arrêter là. Elle sait que Penelope continuera d’y penser si elle ne précise pas les choses, et elle ne veut pas lui donner trop de choses à ruminer, ou trop d’inquiétude, alors qu’elle est enceinte. « I’ve been in love with someone, for a long time. » Elle ne donne pas de nom, c’est déjà assez embarrassant de dire cela à haute voix à quelqu’un. « And… I’m pretty sure they love me too? Or at least they did, at some point. But I think they still do. » Hermione n’est certaine de rien. Elle a tendance à penser que l’amour partagé fait qu’ils ne parviennent pas à se toucher. Mais peut-être que ce sont simplement ses sentiments… Elle est perdue. Cela fait tant d’années, maintenant… Elle n’est vraiment plus sûre que ce soit partagé. « And me and this ...person… we have a problem. » Elle se rend compte que Penelope pourrait faire toutes sortes de conclusions suite à ces mots, alors elle s’empresse d’ajouter : « Everytime we try to be together, something gets in the way. But if it was only that, I wouldn’t worry. I mean… We’re in the middle of a war, right, this is no surprise that things get in the way. » Elle hausse les épaules et lâche un faux rire. « The thing is… we haven’t been able to touch each other… for years. Many, many years. » Presque dix ans. C’est très long, dix ans. « Everytime my skin touches his, it burns. We don’t get scars or anything. It’s just the feeling. It burns. It’s unbearable. » Hermione lâche un soupir. C’est la première fois qu’elle parle de ça à quelqu’un. « I’ve done a lot of research… A curse is the only thing that makes sense. At least for now. » Elle passe une nouvelle main sur son front. « This is crazy, right ? Am I crazy ? » demande-t-elle en grimaçant.

« I’ve been in love with someone, for a long time. » Penelope hoche lentement la tête et cale de nouveau son dos contre le dossier du fauteuil. Hermione va tout lui raconter alors. Enfin, pas tout puisqu'elle omet déjà un prénom qu'elle doit pourtant savoir que Penelope devine sans mal. « And… I’m pretty sure they love me too? Or at least they did, at some point. But I think they still do. » Nouveau petit hochement de tête, Penelope écoute silencieusement, laisse l'autre prendre son temps pour décrire ce que beaucoup de Phénix qui leur sont proches ont déjà remarqué à propos de Ron et Hermione. Elle sirote tranquillement son thé, une main machinalement posée sur son ventre arrondi. Jusque-là rien de trop dramatique à son histoire, mais Penelope se doute bien qu'il y a plus. « And me and this ...person… we have a problem. » Les sourcils de Penelope se froncent très légèrement, elle se doutait bien qu'il y avait un problème, mais la manière dont Hermione formule les choses laisse penser à quelque chose de bien moins compliqué qu'une malédiction. « Everytime we try to be together, something gets in the way. But if it was only that, I wouldn’t worry. I mean… We’re in the middle of a war, right, this is no surprise that things get in the way. The thing is… we haven’t been able to touch each other… for years. Many, many years. » Instinctivement Penelope se penche de nouveau en avant comme si ça allait l'aider à mieux comprendre les mots d'Hermione. Voilà qui est curieux, en effet. « Everytime my skin touches his, it burns. We don’t get scars or anything. It’s just the feeling. It burns. It’s unbearable. » Le soupir que pousse Hermione est presque plus fort et empli de sens encore que ses mots. Dans ce soupir Penelope voit l'exaspération, l'incompréhension que doit ressentir son amie devant tout ça. De prime abord, c'est effectivement assez incompréhensible, même pour quelqu'un qui aurait lu autant qu'elles deux. Penelope n'a jamais entendu parler de ce genre de choses, mais elle est suffisamment sage pour être bien consciente qu'elle est très loin de tout savoir et tout connaître.

« I’ve done a lot of research… A curse is the only thing that makes sense. At least for now. This is crazy, right ? Am I crazy ? » À la grimace de Hermione, Penelope offre un petit sourire bienveillant. Elle repose sa tasse et s'installe un peu plus confortablement, prenant le temps d'ordonner ses pensées et de bien réfléchir à ce que lui a révélé son amie. « I do not think so, no » commence-t-elle lentement, d'une voix précautionneuse, mais sincère. Penelope n'est pas du genre à considérer les gens fous pour rien. Elle est un peu du genre à considérer les gens stupides, facilement, mais c'est autre chose. Ce qu'Hermione décrit peut sembler un peu fou, mais le basilisk à Hogwarts était lui aussi une idée folle jusqu'à ce que toutes deux l'aperçoivent à travers le reflet de son miroir. Elles plus que d'autres devraient être capables d'une certaine ouverture d'esprit quant à ce que la magie est capable de créer. « I think it sounds well-thought-out and hm…well, it sounds logical to me. » admet-elle. « I mean- I don't think it's logical that you'd have been cursed of course, but the conclusion seems to flow rather logically from all the facts. » Et elle-même n'a pas beaucoup d'autres idées à contribuer. S'il c'était agi d'autre chose que d'une vraie douleur physique au moindre toucher, elle aurait pu penser à un problème plus psychologique, lié par exemple à la disparition de Harry, le troisième membre de leur trio inséparable. Mais là… Et puis si Hermione a fait des recherches, elle doit savoir de quoi elle parle. « Have you talk to him, I mean that person, about it? » Elle retient un petit sourire amusé ; si Hermione veut prétendre que l'identité de son amoureux est encore un secret pour son entourage, Penelope peut bien lui consentir au moins ça. « Where do you think this could have come from? Who could have cursed you? » Qui est suffisamment investi dans ce qu'il peut se passer entre Ron et Hermione pour aller jusqu'à les maudire ? C'est cette question-là qui peut faire paraître le reste un peu tiré par les cheveux parce que, spontanément, Penelope aurait tendance à répondre : personne. Penelope n'est pas Hermione cependant et nul autre que cette dernière, ou Ron, ne pourrait vraiment répondre à cette question.

Heureusement, Penelope ne la regarde pas comme si elle avait perdu la tête. Hermione se sent déjà un peu soulagée, même si elle attend les mots de la plus âgée pour s’assurer qu’elle n’est vraiment pas en train de la prendre pour une folle. C’est peut-être un peu extrême, cette peur qu’on la prenne pour une folle, étant donné qu’elle a des éléments clairs et précis sur ce qui lui fait penser qu’une malédiction est à l’origine de cette histoire, mais elle ne peut pas s’empêcher de s’inquiéter du regard des autres. Penny finit de la rassurer. « I do not think so, no » Hermione lui envoie un regard reconnaissant. « I think it sounds well-thought-out and hm…well, it sounds logical to me. » Bon. Elle n’est donc pas totalement à côté de la plaque, alors. Entendre Penelope le dire lui fait plus de bien que ce qu’elle attendait. « I mean- I don't think it's logical that you'd have been cursed of course, but the conclusion seems to flow rather logically from all the facts. » Hermione acquiesce.

« Have you talk to him, I mean that person, about it? » L’ancienne Gryffindor se doute que son amie a deviné l’identité de la personne dont elle parle. Après tout, ils sont nombreux à savoir, Hermione le sait, même si elle n’en parle jamais avec d’autres. Ron et Hermione n’ont jamais vraiment caché leurs sentiments l’un pour l’autre une fois qu’ils ont été suffisamment matures pour les comprendre. Elle a cependant évité autant que possible le sujet quand on le lui a mis sur la table, même quand ils n’avaient pas encore à faire face aux effets aussi concrets de cette drôle de… chose qui les empêche d’être ensemble. Ses sentiments pour Ron sont toujours restés derrière la porte de son jardin secret, et même ses amis les plus proches n’ont pas réussi à lui en faire parler sérieusement. Elle a échangé beaucoup de sous-entendus et de blagues avec Ginny à ce sujet, mais elle a toujours été inconfortable à lui en parler vraiment. Peut-être parce que Ronald est son frère. « Where do you think this could have come from? Who could have cursed you? » Hermione soupire. Elle n’a pas de réponse à cette question, bien évidemment.

« We talked about it. We talk about it, often. We’re both clueless. He didn’t tell me but I saw him reading weird books to try to understand what’s going on. And he’s not the type to do that, usually. » Ça la fait sourire, évidemment. Et puis ça la fait du bien de savoir que Ron, lui aussi, a cherché à comprendre : cela veut dire que cette situation le touche, et si ça le touche, c’est qu’il ressent toujours des choses pour elle, non ? « But yes… I’m still clueless as to why someone would curse us. » C’est le grand mystère qui l’empêche d’avance et de trouver une solution à cette histoire. Elle a beau chercher dans tous les sens, elle n’arrive pas à penser à une seule personne ou une seule situation qui aurait pu les mettre dans cette situation. Ils ont vécu beaucoup de choses ensemble, et pendant longtemps, elle s’est demandée si leur aventure avec Dumbledore pour récupérer le faux médaillon n’avait pas été à la base de tout. Après tout, des lieux sont bien maudits. Mais pourquoi la malédiction aurait-elle été celle-ci ? Ça ne fait aucun sens, et ce n’est certainement pas le genre de Voldemort. Elle a fini par abandonner cette piste, après avoir repassé avec un certain chagrin tous ses souvenirs de ce jour-là dans sa tête pendant longtemps.

« And nobody else seems to suffer the same… problem, so I guess it really was targeted. » Si d’autres membres du cercle 6 ou de l’Ordre avaient fait remonter le même problème, ça lui aurait presque semblé plus logique. « And when it started… Neither of us had had a girlfriend or boyfriend… » dit-elle, sous-entendant qu’il ne peut pas s’agir d’un prétendant ou d’une prétendante rejetée. Ils ont cherché ensemble, avec Ron, mais personne dans leur passé ne leur semble le candidat idéal. « I really don’t know. I hate to be so clueless. It makes me crazy. » admet-elle. « But it’s a good thing that you don’t think I’m crazy. » dit-elle, finalement, avec un petit rire. Elle sait que Penelope ne pourra pas grandement l’aider, mais c’est déjà beaucoup, qu’elle ne lui dise pas qu’elle est sur une voie farfelue.

« We talked about it. We talk about it, often. We’re both clueless. He didn’t tell me but I saw him reading weird books to try to understand what’s going on. And he’s not the type to do that, usually. » De ce que Penelope sait de Ronald Weasley, se n’est effectivement pas son genre de se perdre dans les bouquins. Mais le sujet est important, ils doivent souffrir de cette situation tous les deux. « But yes… I’m still clueless as to why someone would curse us. » Penelope hoche lentement la tête, c’est ce qu’il y a de plus étrange dans cette histoire. Et si même Hermione n’a aucune idée de qui cela pourrait-être… c’est encore plus curieux. « And nobody else seems to suffer the same… problem, so I guess it really was targeted. » Un nouvel hochement de tête pensif lui répond. Penelope sent bien que Hermione ne fait que réfléchir à voix haute, un processus souvent très utile et que l’ancienne Ravenclaw ne souhaite pas interrompre. Elle a comme l’impression qu’Hermione ne s’est pas ouverte à grand monde sur ce sujet et parler lui fait sûrement du bien. « And when it started… Neither of us had had a girlfriend or boyfriend… I really don’t know. I hate to be so clueless. It makes me crazy. But it’s a good thing that you don’t think I’m crazy. » Penelope esquisse un petit sourire amical avant de tremper ses lèvres dans son thé, réfléchissant toujours. De toute évidence ce n’est pas elle qui va pouvoir l’aider. Intelligence et érudition ne signifient pas que l’on ferait un bon détective, surtout quand on n’a pas tous les faits devant soit comme c’est précisément son cas. Elle ne va pas résoudre le mystère pour la Granger, en tous cas pas avec si peu d’information. « You would have to try a lot harder to get me to say you’re crazy Hermione, » la rassure-t-elle gentiment. « I trust you’re done your research. » Elles sont assez semblables sur ce point : la façon qu’elles ont d’ancrer tout raisonnement et pensées, dans des faits, dans des livres. Elles sont adeptes de la recherche très poussée, elle sait que Hermione n’arriverait pas à une conclusion aussi loufoque sans que toute la logique du monde ne l’y est justement amenée. « If you cannot think of anyone who could have purposefully done that, then maybe you should look to an unwilling act. Someone who was not in control. Or an object you would have touched by mistake and that was not necessarily put out there for you. » Propose-t-elle après quelques instant. Cela étendrait considérablement le champ des possibilités et rendrait de fait plus compliqué encore la rupture de la malédiction. Mais c’est peut-être une option qu’Hermione et Ronald n’ont pas encore exploré. Elle caresse son ventre machinalement, se disant que peut-être elle se penchera sur sa propre collection de livres, pour voir si elle trouve quelque chose à ce sujet. On lui a plusieurs fois apporté au laboratoire des artefacts aux airs “orientaux” pour savoir s’ils étaient chargés de magie noire ou non, une tâche qu’elle sait bien-intentionnée mais fondée sur des amalgames qui la dérangent. Toujours est-il que, bon gré mal gré, elle en a appris quelque peu sur les objets maudits. Non que ses recherches pourraient aider Hermione à retrouver quel objet qu’elle aurait touché il y a des années et probablement hors de sa portée aujourd’hui aurait pu la maudire. Ni quelle personne rencontrée même brièvement aurait pu la maudire sans y penser.