BIENVENUE SUR SMOKE & MIRRORS. Un forum Harry Potter alternatif qui diverge du canon à partir du tome 5 où Harry est capturé par les Death Eaters lors de la bataille du Département des Mystères. L'action se situe 12 ans après, en 2008, dans un Royaume-Uni gouverné par Lord Voldemort.

Le forum a pour but d'être collaboratif et possède donc un système de collaboration participative où tous les membres peuvent proposer des nouvelles annexes, évènements, voire même des idées de personnages pour les futur.es joueur.euses !

Malgré son contexte sombre et mature, SM, c'est une communauté qui aime le drama et les rebondissements et qui a un Discord très actif sous l'égide du safe space et de la communauté bienveillante. Qu'attendez-vous pour nous rejoindre ?
FORUM À ACTIVITÉ LIBRE — PAS DE RESTRICTIONS
14 février 2023 — v12 installée, forum mis en activité libre. 19 octobre 2022 — préparation de la V12 et départ de mahrun. et midoriya du staff. 4 juillet 2022 — v11 installée, arrivée de castace dans le staff. 22 mars 2022 — v10 installée. 5 décembre 2021 — v9 installée. 13 septembre 2021 — v8 installée, départ de kazhan du staff. 21 février 2021 — v7 installée. 8 novembre 2020 — v6 installée. 2 août 2020 — v5 installée, départ de jeyne du staff, arrivée de tofu et jool. 1 mars 2020 — v4 installée. 19 octobre 2019 — v3 installée. 18 juillet 2019 — v2 installée. 12 avril 2019— ouverture du forum par mahrun, kazhan, midoriya, poupoune et jeyne. 16 mars 2019— préouverture du forum. juin 2018 — début du projet.
      
Le Deal du moment :
Réassort du coffret Pokémon 151 ...
Voir le deal


 

 Hysteria - [Sonate II]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Invité
Invité
Anonymous
Hysteria - [Sonate II] Empty
MessageSujet: Hysteria - [Sonate II]   Hysteria - [Sonate II] EmptySam 11 Mai - 13:48


Hysteria
Sonny & Hécate

« It's bugging me, grating me And twisting me around »


Nouvelle Orléans, 2003.

Il est étendu là. Entre les draps froissés d’une nuit qu’elle s’est empressée d’oublier à force de mirages qu’elle a tenté de lui greffé à la place de son visage. Transfert nécessaire à lui offrir la force de ne pas vomir ses tripes à chaque fois qu’il la touche ou qu’il la scrute. D’autres yeux pour la regarder se dévêtir. D’autres main pour la pétrir. Une autre voix pour révérer son prénom. D’autres lèvres sur lesquelles semer sa vertu. Elle se redresse dans le lit défait, observe le corps alangui  de l’autre ; y’a rien à faire, l’achèvement idéal de ses courbes masculines ne suscite rien d’autre qu’une profonde lassitude chez la belle : sa perfection à elle est loin. Très loin. Perdue.

Elle se sent à l’étroit dans sa propre vie. Y’a pas de sens à tout ce qui s’y passe depuis quelques temps de toute manière. C'est drôle, cette impression constante qui lui colle à la peau. Celle que son existence est un peu comme un château de carte ; Fragile royaume qui s’écroule au moindre coup de vent. Elle en a passé des nuits sans sommeil. Des nuits sans rêver. Des nuits Blanches aux pensées noires qu'elle n'a pas su laisser sur l'oreiller. Rien n'y a fait ; le bruit du silence lui crève le coeur à chaque fois qu’elle se cogne contre cette latente atonie. Et puis, on ne chasse pas des images. On ne résorbe pas des absences. Il y a des  brèches invisibles qui se creusent au fond des entrailles, impossible à combler. Alors elle se contente de vivre avec, de colmater les fissures assez solidement pour que cela ne s'étende pas au-delà des sourires qu’elle renvoie pour donner le change. C’est comme ça. On ne fait pas taire toutes ces résonances, ni les souvenirs qui hurlent lorsque le soleil se couche ou se lève ; le temps comme un sablier fêlé dont les grains de sable s’entassent les uns aux autres. Elle l’entend toujours  résonner : cet écho persistant de tout ce qui a été perdu.
L’homme ouvre les yeux et croisent ceux céruléens de sa promise. Il sourit. Harassée par les faux semblant, Hecate espère que la nuit couvre assez son visage pour couvrir les idées nauséabondes qui la traverse à cet instant.
La main d’Ezra cherche la peau veloutée de l’anglaise. Un instant, elle hésite à se soustraire à la caresse, comme s’il s’agissait d’une gifle. S’y résigne. Comme toutes les autres fois où elle déguise sa répugnance a cet hymen imposé. Si Ezra y a trouvé satisfaction et rayonnement, Hecate s’est contenté de laisser flétrir son coeur, enroulé dans le linceul de son amour avorté : puisque le seul a qui elle l’a offert n’en a pas voulu, elle se refuse à en faire présent à qui que ce soit d’autre. En apparence, Hecate est parfaite. Qui se risquerait à chercher au-delà du minois ingénu et satiné qu’elle renvoie ? C’est ainsi que ça fonctionne pour les gens de son rang : l’apparence a bien plus de valeur que la vérité camouflée par des sourires fétides.
Alors que les doigts tiède de intrus voguent sur la surface lisse de sa peau diaphane, Hecate est ailleurs. Que fait-il ? Où est-il ? Avec qui vit-il ? La situation s’envenime de jour en jour au royaume unis et laisse quelques craintes en suspend dans le coeur de la jeune femme. Pas pour elle. Pour lui. Rompre le lien, elle en a jamais été capable, et ce, même lorsqu’il s’est éloigné d’elle. Lorsque la main flatte la naissance de la poitrine de la belle, Hecate imagine d’autres sensations. Quel goûts ont ses lèvres, à lui ? Crierait-il aussi fort son prénom si ses hanches provoquaient son émoi ?
Le fantasme érige quelques frissons sur son échine. Elle se glisse a nouveau sous les draps, accueillie par les bras de l’homme contre son flanc pour la ramener vers ses reins. Elle ferme les yeux. Gomme la silhouette de l’indésirable. Excite son imagination d’une toute autre forme masculine. « Je t’aime tellement Hecate. » Les larmes lui brûlent les rétines, elle se félicite d’avoir clos ses paupières et museler son dégoût derrière des illusions obsessionnelles. Elle pourrait en mourir de ce vague à l’âme permanent, ce manque qui irradie chaque particule de son être. Ferme là. «  Ne parle pas. Viens. » soupir contre la bouche affamé de l’autre. Il s’offusque presque de l’empressement à le faire taire, chercher à cracher tout son amour avec véhémence. Ezra n’est pas de ceux qui savent prendre les femmes sans amour. Et celui qui lui porte est incendiaire. « Si tu me quittes un jour, j’en mourrais. » Alors crève. Crève. Crève.«  Tu es mienne. » Non, je suis déjà a quelqu’un d’autre, jamais tu ne me possèderas. Alors elle s’active. Se presse. Se cogne contre le corps de l’homme en espérant s’y disloquer pour ne plus à voir le jour se lever. Les mensonges sont cousus du fil de ses délires. Il y a toujours l’autre dans ses pensées, quoi qu’elle fasse, où qu’elle aille.


******

Aujourd’hui.

Elle se laisse glisser contre le mur. Tremblante. Le morceau de parchemin froissé entre ses mains. Les souvenirs la percute. Son passé se glisse à nouveau dans ses angoisses. Passé bien présent qui condamne un futur qu’elle n’envisageait pas : celui du paiement de sa perfidie, de la dette dont elle doit s’acquitter. Ces dernières semaines, aux côté de Sonny, elle en avait oublié cette semi vie qu’elle avait traînée durant des années : celle à moitié endormie à endosser le rôle d’une autre, à jouer à un jeu dont elle se laissait être marionnette. Cette fille là, elle l’avait abandonnée à l’instant même où elle était revenue quémander le véritable sens de son existence auprès du Loup. Sa respiration est saccadée. Quelques souffles éraillés se perdent parmi les décombres de ses pensées. C’est a peine si elle arrive à respirer tant son diaphragme semble compressé.
Elle relit le mot. L’écriture est calligraphiée, soignée. La langue en français et une seule initiale qui ne laisse aucun doute quant à son expéditeur.   Tu n’aurais pas du partir, mon amour, les promesses ont un prix et je viens chercher celui que tu me dois. N’oublie pas que tu m’appartiens.  E. 
Elle relit encore et encore. Cherche l’image d’Ezra dans cette sommation inflexible, n’y retrouve pas l’homme qu’elle a connu, peine à imaginer qu’il ai pu écrire ces quelques écrits qui sonnent comme un glas à l’oreille de la blonde. Ça ne lui ressemble pas. Ça sent l’amertume là où il n’y avait qu’un fignolage de noblesse, autrefois. Ça sent l’animosité là où elle ne lui a connu qu’une affabilité naïve, presque candide. Pourquoi ? Pourquoi. C’est ce qu’elle tourne dans sa tête, incessamment. Ezra avait laissé des souvenirs fades quoique teinté d’élégance aux sourires aussi pur que son âme. Ne s’était jamais avilie à laisser claquer des funestes desseins entre ses doigts ou sa langue. Aujourd’hui, Hecate sent les fractures qui s’étendent par delà de ses mots.  Est-ce ainsi qu’elle l’a laissé lorsqu’elle est partie? Exsangue de toute grâce. Prêt à revenir lui arracher sa vie et réclamer son du ? Elle. l’intolérable créature qui a mutilé son palpitant et laissé des plaies ouvertes dans la vie de cet homme qu’elle n’a jamais voulu. C’est vrai ; A force de poursuivre sa psychose amoureuse, elle ne s’est jamais préoccupé des ombres qu’elle a flanqués sous les yeux de ceux qu’elle a trahit. Ça ne lui a jamais semblé important. La réalité, celle qui blesse, c’est qu’il n’y a jamais eu que lui dans sa foutue tête pour fouetter son empathie, et que c’est encore parce qu’il est solidement ancré dans son esprit qu’elle considère la lettre comme une menace. Elle ne lui laissera pas prendre ce qu’elle a. Jamais plus.
Pensées nébuleuses accompagnées d’une inquiétude grinçante. Pour la première fois depuis ces derniers mois, elle l’imagine comme l’épée de Damoclès en suspend au dessus de sa tête. Tu m’appartiens. L’invective la glace autant qu’elle excède sa contrariété. Propriété qu’elle ne lui a jamais octroyé qu’autrement que par son corps vidé de toute passion, affecté à d’autres mains que celle de son amant de fortune. Hecate envisage la situation dans laquelle elle se trouve plongée ; la récupérer, est-ce la son projet ? Elle ne sent pourtant aucun désir de s’offrir une telle machination entre les arabesques de ses lettres. Mais alors quoi ? Figée dans de ténébreuses idées, Hecate frémit d’une angoisse oppressante. Ça tambourine a nouveau là haut.  

On frappe à la porte. Hecate avise l’heure sur la vieille horloge du salon. Il est si tard qu’il en est presque tôt, elle en a passé du temps à relire cette saleté de parchemin. La visite n’a rien d’impromptue, son quotidien est rythmée des allées et venues du seul homme de sa vie, mais cette fois, les coups donnés sur le bois brut la font sursauter. elle se mord la lèvre. C’est qu’elle ne sait pas trop comment lui parler du lugubre présage qui l’enveloppe. Elle ne s’est jamais épanché sur son passé, avait cru que seul le présent dans lequel ils se fondent suffisait. Elle ouvre la porte, arbore une mine déconfite, fatiguée. De quoi d’ores et déjà impacter les attentions du loup. Hecate recule d’un pas, laissant entrer Sonny dans le loft qui, ne ressemble plus vraiment à son repère d’habitude si bien rangé. La bibliothèque a été presque totalement épuré de ses livres, jonchant le sol. Bien sûr, ses emportements l’incitent souvent à tout remuer autour d’elle : mettre la pièce sans dessus dessous comme ses propres idées dysfonctionnelles dans sa tête. Impulsion du moment qui n’a de limite que la fatigue émotionnelle qui vient bien vite stopper ses gestes.
Il comprend. Il tique. Et Hecate ne dit qu’il n’est pas nécessaire de laisser traîner les choses. Elle lui tend alors le parchemin qu’elle tient toujours dans sa main. Laisse le loup en prendre connaissance. Les yeux rivés sur lui, la belle décortique la moindre réaction de sa part. «  C’est Ezra. » Une main fébrile passe dans sa propre chevelure, libère l’une de ses boucles blonde sur son épaule. Il relève le regard vers  Hecate. Elle y décèle la querelle qui se trame dans ses pensées, pour autant, il convient de ne pas cacher la situation à l’être aimé. S’est promis de tout lui dire à l’instant même où la lettre lui est parvenue. «  Il est a Londres, je crois. »  Un soupir s’étiole entre ses lèvres. Malgré tout, elle tente de faire bonne figure, essaie de ne pas attiser une quelconque tension. Voix calme, un peu trop douce pour l'intégralité de ce qu'elle camoufle «  Il est venu pour moi. » ça tombe comme un couperet. Cette ombre au tableau. La tâche qui noircit la page de leur histoire. « Je sais pas comment il m’a retrouvé … » A nouveau, elle se sent comme prise au piège. Sa voix s'affole un peu, son regard fuit celui sombre du Lycan « … Je pensais pas qu’il viendrait jusqu’ici.  » Hecate perd ses mots. AU final, elle ne lui a jamais raconté toute l'étendue de cette histoire, endossée par une autre qu'elle. N'a fait qu'effleurer le sujet en pensant qu'il resterait enfermé à double tour. Et puis, à la manière dont il s'arrime à elle, qu'il la subjugue sans cesse, Hecate n’imagine pas qu’il puisse y avoir des doutes dans les idées de son homme. C’est dans cette foi ultime qu’elle esquisse une caresse sur la joue de Sonny, espoir d’y trouver le réconfort au passé qui revient la hanter. «  Je vais m’occuper de ça… Ne t’en fais pas. ».

loft:

(c) DΛNDELION
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Hysteria - [Sonate II] Empty
MessageSujet: Re: Hysteria - [Sonate II]   Hysteria - [Sonate II] EmptySam 11 Mai - 23:02
H Y S T E R I A
Hécate & Sonny

« I was dreamin' of the past, and my heart was beating fast »

Ecosse. 1995.

La canicule était tombée sur les terres d'Ecosse comme un coup de marteau derrière la boîte crânienne. L'asphalte brûlait sous ses baskets défraîchies, et à mesure qu'il se rendait vers le garage du vieux McConnor, des perles de sueur roulant sur sa nuque, Sonny regrettait d'avantage de ne pas avoir suivi Silas dans ses lubies de tire-au-flanc. Boire quelques bières fraîches au bord de l'étang tout en reluquant les sœurs Buchanan. Trois jolies rousses, frivoles et stupides, avec lesquelles les frangins Berrington aimaient à se retrouver parfois. Sonny voyait le monde changer tout en restant figé de l'intérieur. Plus d'un an qu'il avait quitté Poudlard et qu'il ne L'avait plus revue. Ca lui grattait la gorge, lui égratinait tout l'intérieur. La douleur sourde partait de ses organes sans qu'il ne puisse rien y faire, sans que cela n'endolorisse la poitrine. Ses battements cardiaques n'avaient pas changé, le cœur ne se pinçait pas. Parce qu'il avait enfoui en lui la honte de ne pas avoir su lui plaire. Aussi et pour ce qu'elles valaient, les Buchanan n'arrivaient pas même à la cheville d'Hécate. Sonny avait beau clamer son indifférence face aux souvenirs d'Elle, il ne demeurait franchement pas crédible lorsque son esprit vagabondait. Parce qu'il avait ces regards absents, ces soupirs réguliers, ces pensées volubiles. Il était plus aisé de se montrer placide, affirmer de s'en foutre puis feindre de l'oublier dans les bras des autres. Ces autres, si faciles à ferrer. Pas qu'elles étaient plus farouches qu'ailleurs, mais on s'emmerdait vite dans les environs de Livingstone. Les commérages et les histoires de libido affûtaient rapidement la curiosité des badauds. Pire qu'un feu de paille. Et Sonny en usait ; forgeait sa fausse réputation de coureur de jupons afin d'éviter les regards interrogatifs de Placid et Silas. Mais ne jamais se lover dans la chaleur des autres filles. Il était froid à l'intérieur, du fait de ce vide d'elle. Et comptait, songeait-il, bien le rester.

Sitôt arrivé au garage, la voix criarde du vieux bougre résonna contre les murs fissurés. Le sommant d'enfiler son bleu de travail, sans même présenter son faciès d'ours mal léché. Mc Connor était un homme bourru et solitaire, une propension pour les jeux d'argent, le cognac et une affection sans faille pour ses trois caniches. Au-delà de son physique repoussant et de son caractère corrosif, il nourrissait une certaine sollicitude à l'encontre de la jeunesse de Livingstone. Mélange d'empathie, de pitié et de volonté de bien faire. Aussi, lorsque Sonny s'était présenté à son garage en dépit de son inexpérience, le vieux l'avait pris sous son aile. Ce qui ne l'empêchait guère de lui gueuler ses invectives depuis son bureau mal isolé, seulement affublé d'une vieille table et d'un ventilateur défaillant. « T'es en retard ! Va t'habiller et t'avises pas de t'en griller une ! » Sonny grimaça à la vue de la lourde veste bleue qu'il se devait d'endosser, se contenta de gueuler un « Ouais. » à son supérieur tout en s'allumant un cigarette. Le plomb du soleil se déployant de manière tentaculaire même dans les coins d'ombre ne l'empêchait guère de s'infliger le supplice de la nicotine. Ôtant son T-shirt dores et déjà trempé de sueur, l'adolescent se dirigea vers une vieille berline à la carrosserie usée. C'était pas sa vocation première ; foutre les mains dans le cambouis et comprendre la mécanique moldue. En vérité, Sonny n'avait jamais vraiment élaboré de projets viables pour son avenir. Peut-être à cause de son parcours scolaire calamiteux, sans doute au regard de sa condition de lycanthrope qui lui fermait les portes de l'intégration sorcière, probablement en raison de l'influence néfaste que Silas et ses mauvais plans avaient sur lui. Preuve en était que Sonny venait de sortir de taule ; quelques mois passés à l'ombre, pour une histoire de vols de voiture et quelques débordements violents. Ca ne l'avait pas assagi, pas plus que cela l'avait acéré. Il avait sucé la misère avec le lait de sa mère, avait assimilé l'injustice au rythme des cris sous la pleine lune. Peut-être trop pessimiste pour son jeune âge, Sonny se contentait de vivre, sans se trouver une raison. Car elle s'était fait la malle quand il eut quitté Poudlard. « Ah ouais. On t'a pas loupé, en taule. » Un sifflement d'admiration fantoche accompagna la tirade. La propriétaire de cette voix nasillarde se prénommait Jenny ; petite brune de dix-huit ans, toujours haut perchée sur ses interminables talons. Elle avait le teint frais de celles qui s'étaient préservées soit en frôlant les murs à la recherche d'un peu d'ombre, soit en se hâtant de se refaire une beauté dans les toilettes crasses d'un rade du coin. L'intruse – qui lui était familière – avisa son dos d'un œil gourmand qu'elle s'efforça de dissimuler. « Ta gueule Jenny. C'est toujours plus agréable quand tu parles pas. » Ces cicatrices ornant sa peau comme un réseau routier, il les cachait usuellement avec plus d'habileté. Porteuses de sa condition de lycanthrope, Sonny se refusait à donner du grain à moudre aux commères. Pour un peu, on viendrait cracher sur le dos de Placid en assurant qu'il battait son frère.« Moi aussi j'suis ravie de te revoir, Sonny. » Elle s'approcha de lui, envahissant son champ de vision. Ils avaient l'air de deux adolescents paumés. Elle plus que lui, avec ses airs de grande dame fantoche. Persuadée de son charme parce que les caïds en manque ne crachaient jamais sur ses invitations. C'étaient peut-être l'ennui, les gens qu'ils fréquentaient, le milieu dans lequel ils évoluaient. Ca leur donnait la conscience de l'inéluctable. Sonny ouvrit le capot de la bagnole, y fourra son nez sans lui prêter d'attention. Dix ans qu'il connaissait Jenny. Et à son départ de Poudlard, il avait trouvé comme seule excuse un aller simple chez sa daronne. Cette information bénigne avait suffi à éveiller de manière intempestive la curiosité de Jenny à l'encontre de Sonny. Elle n'en était pas amoureuse, pourtant. Mais elle aimait ses airs de vilain garçon et ses manières de gentleman. Enfin, c'était relatif. Sonny ne la sifflait pas comme une chienne ni venait la sermonner sur ses jupes trop courtes ou ses talons trop longs lorsqu'elle se plaignait des vieux en manque. Elle semblait toujours d'humeur égale, dans l'exubérance et l'excès de confiance. En réalité, Jenny avait la trouille. Elle détestait cette ville, et voyait étonnamment en Sonny une issue pour en réchapper. Vexée qu'il ne porte aucun regard sur sa silhouette, lui préférant les entrailles de la voiture, Jenny soupira : « Je pensais que trois mois de taule et l'abstinence qui va avec t'auraient rendu plus mort-de-faim. » « Sérieux Jenny, c'est pour ça que t'es venue ? » « Je m'emmerde. » Nouveau soupir. Plus poussif que le premier. Dans le jargon de Livingstone, affirmer son ennui clarifiait sa volonté de baiser pour y remédier.

Le concerné tiqua à peine. Fourra ses mains dans la mécanique, tirant de temps à autres sur sa clope. Les traces de cambouis qu'il laissait sur ses joues lui donnaient des airs libidineux, pensa Jenny et ses hormones d'adolescente. Ce n'est pas qu'il la trouvait laide, bien au contraire. En dépit de ses goûts vestimentaires passablement inélégants, Jenny était belle. Mais elle n'avait pas Son éclat. Malgré l'année passée durant laquelle il eut souffert de son absence, Sonny l'avait laissée dans un recoin de son cerveau. Inaccessible, mais bien présent. « T'as une fille en tête, c'est ça ? » Le sérieux de sa question colora sa voix d'une maturité qu'il ne lui connaissait pas. Sonny daigna rouler vers elle un regard grave et volubile. C'est con. Hécate et lui s'étaient perdus, dissous, dissociés. Mais demeurait toujours quelqu'un pour lui rappeler à elle et à ce vide tonitruant. « Elle devait être exceptionnelle, pour que tu lui accordes autant d'importance. A part tes frères et Shani, y a jamais personne d'autre qui compte. » Jenny devint nostalgique, rendue blême par la tristesse de ses propres souvenirs. Le ton sentencieux de sa voix tomba comme un timbre bienveillant, presque compatissant. Sonny se redressa, cigarette en bord de lippes. Déglutition difficile. « Elle devait surtout être une fille bien. Du genre les ongles propres, la jupe jamais plus haute que les genoux. » Ce qu'elle soufflait avec conviction n'avait rien de moqueur, au contraire. L'on sentait de la révérence pour le miroir de cette inconnue qu'elle dépeignait. « Ou en tous cas, une fille de bonne condition. Sinon tu l'aurais amenée ici. » Jenny soutint son regard, y perçut de la souffrance derrière ses deux pupilles sombres et durcies. Sonny désapprouva du chef sans un mot. Il l'aurait amenée ici, s'il avait su qu'elle put l'aimer. La belle enlaçant la bête. Mais, au regard de Jenny embrassant la crasse des environs, Sonny comprit ce qu'il n'avait jamais su voir : jamais, il n'aurait supporté de faire vivre à Hécate la misère de sa condition. « Elle est sans doute plus heureuse, là où elle est. Ici, c'est pire que l'enfer, sauf qu'on se pèle le cul en hiver. Et qu'on n'en sortira jamais. » Haussement d'épaules corroborant la fatalité qu'elle avançait. Sans vouloir le blesser, juste étaler sa franchise. Jenny elle-même serait plus heureuse ailleurs, loin de ce trou à rat. Puis, comme elle tourna les talons, Sonny sortit de sa léthargie puis l'interpella : « Tu fais quoi ce soir ? » Un sourire, la concernée continua son chemin non sans se retourner : « Je couche avec toi. » C'était ça, les antidouleurs. Se prendre la réalité en pleine face et réaliser qu'il se devait de l'oublier. Opération à cœur ouvert.

***

Aujourd'hui.

L'après-midi semblait s'être distendue. Il n'avait attendu l'heure de sa relaxe que pour enfin venir la voir. Alors, enfin libéré du carcan de son travail, Sonny se dirigea sans ambages dans la rue menant chez Hécate. Comme une envie de la serrer dans ses bras et de lui faire l'amour sitôt qu'elle l'eut invité à entrer. Cela lui était déjà arrivé, par ailleurs. La prendre tout contre la porte, sitôt celle-ci fermée. C'était viscéral. Ni pernicieux, ni pervers. Sonny avait envie d'elle parce qu'il avait constamment besoin de la sentir en lui. La posséder ne l'intéressait guère. Il voulait la goûter, la respirer puis la vivre. C'est dingue, l'effet qu'elle provoquait en lui. Pire que la cocaïne, le LSD ou les amphét'. C'était de l'amour au sens camé du terme. Mais lorsque la porte s'ouvrit sur le visage livide et déconfit de Hécate, Sonny sentit ses tripes se retourner. Son sourire licencieux s'était gommé pour mieux se tordre d'empathie. Comme il rentra non sans appréhender les causes de sa souffrance, le loup avisa les environs dissolus. Elle était comme ça, Hécate. Si le bordel s'était immiscé en son crâne, il fallait qu'elle le foute aussi dans sa réalité. Le loft sans dessus dessous reflétait son état d'esprit. D'apparence sereine en dépit de ses craintes, Sonny se montra réceptif. Accueillit la missive qu'elle fit tomber dans sa main, vint la lire sans en comprendre un traître mot. «  C’est Ezra. »  Ce nom, exécrable, lui était familier. Et bien qu'il s'assurait de vouloir l'oublier, sa jalousie le ramenait sans cesse aux larges de ses pensées. Ezra, cet autre. Cet homme désespéramment parfait, parfaitement désespérant. Sonny usa de tempérance malgré le feu se propageant dans ses tripes. Et qu'il se trouve être à Londres, et qu'il est venu pour elle. Un rire mauvais s'échappa de ses lippes alors qu'il avisait encore ce mot indéchiffrable. Moquerie en étendard. Sonny lui ouvrirait le ventre avant que son rival n'ait le temps de toquer à la porte de chez Hécate. «  Je vais m’occuper de ça… Ne t’en fais pas. » « Non... » Et cette caresse chaude sur sa joue d'attiser son instinct protecteur envers elle. Sonny coula enfin vers son amante, un regard. « J'vais m'occuper de son cas. Je le retrouverai en un rien de temps. » Rendu confiant par la hargne, Sonny sentait déjà son regard s'empourprer d'une vendetta sanglante. Mais ce fut tendrement qu'il s'adressa à Hécate, lui rendant son message illisible pour ses yeux ignares de la langue française : « C'est ça qu'il t'écrit ? Qu'il vient te chercher ? » Qu'il essaie, et qu'il goûte à sa funeste jalousie.
(c) DΛNDELION


Dernière édition par Sonny Berrington le Sam 18 Mai - 23:37, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Hysteria - [Sonate II] Empty
MessageSujet: Re: Hysteria - [Sonate II]   Hysteria - [Sonate II] EmptyDim 12 Mai - 17:10


Hysteria
Sonny & Hécate

« It's bugging me, grating me And twisting me around »
C'est revenu comme un uppercut en plein foie. Toutes les choses qu'elle a laissé la bas. L'autre elle. Celle vidée de sa substance mais policée de cette vomitive bienséance, de cette allure rangée qui ne lui a jamais sieds. Ces quelques années lui semblaient avoir été vécues par une autre ; c'était comme endosser un costume trop étroit, comme être spectatrice de la pièce de théâtre absurde de son existence dont les rôles avaient été distribués à d'autres. Vision dramatique, tragique, que de la voir se débattre avec ses péripéties passées où l'insipide Hecate avait prit le dessus sur celle au cœur brisé. A l'époque, la joli carcasse de la belle n'avait accueilli qu'une âme épurée de tout sentiments après se les être fait volés par l'unique amour de sa misérable vie. Naïvement, elle avait scellé son tombeau en arborant des gestes mécaniques ; androïde vivant, il n'avait plus été question pour elle de s'agiter, de lutter contre ce qu'ils avaient tant de fois chercher à la faire devenir. Un mensonge fignolé de sourires fades et d'attitudes hypocrites. Poupée de chiffon, son esprit vindicatif et ses idées singulières cadenassée quelque part dans sa tête. Ils avaient voulu l'enfermer dans le carcan d'une perpétuelle mascarade, elle avait revêtu le masque de l'immaculée fiancée et avait entamé une parade nuptiale ridicule. Et c'est ainsi que sa prison maritale, elle en avait fait son enfer quotidien. État second sans fin, comme gavée de Prozac, saturée de psychotropes. Pastiche moqueur du mariage parfait. Illusion bancale qui suffit pourtant à donner le change puisque personne ne cherche l'anticonformisme nécrosé dans ses yeux délavés.
C’est ainsi que la beauté solaire de Hecate n’a été, pour un temps, qu’une vaste arnaque, de la poudre aux yeux dans le seul but de tromper. Elle avait perdu de sa superbe, s’était laissé simplement écrasée par le surplus, laissant l’ingérence à d’autres. Et lui, avait été assez sot pour y croire. Pire encore, il s’était tatoué si fort le mensonge sous sa peau qu’il en avait fini par se convaincre qu’elle avait pu l’aimer de manière égale. Mais ces mots là, ont toujours été les seuls qu’elle n’a jamais pu lui sacrifier ; des syllabes qu’elle n’a finalement jamais prononcé pour qui que ce soit, réservé à l’unique être qui ai su parquer ses sentiments. C’était prévisible, il aurait du s’y attendre ; cette indifférence crue qu’il confondit pourtant avec de la pudeur. Cette froideur, jusque dans la moelle, qu’il assimila à de la décence. Il n’en avait été rien, n’avait fait qu’accroître son désir d’en faire son éternelle captive. Parce qu’elle était peaufinée de tout ce qu’une femme de son rang se devait d’être ; l’imposteur régentait habilement, l’authentique se mourrait au fond du cachot . Et parce que ce simulacre nauséeux leur convenait bien assez pour la polir de grâce. Mais malgré tous, elle n’avait réussi à taire ce besoin maladif de lui au détriment de ses raisons et de tout le reste. La brûlure avait été telle qu’elle y avait laissé des maux calcinés dans son âme.
Alors, aujourd’hui, payer la dette de cette fraude amoureuse l’effraie. Parce que les Beauvais sont aussi puissants qu’ils sont impitoyables. Et ce n’est pas tant pour elle qu’elle tremble, mais bien pour l’homme qui partage désormais sa vie et dont la condition ne répugnerait que trop leur famille. Elle devient nerveuse. Observe le visage de Sonny tenter de déchiffrer le morceau de papier sans y parvenir. Et bien sûr, il ne peut comprendre le danger qui s’étend derrière les lignes calligraphiés, quand bien même il saurait déchiffrer la langue ; la dimension nocive lui échapperait totalement. Elle s’en veut Hecate. D’avoir cru pouvoir laisser le déguisement à leur pieds et reprendre simplement le véritable rôle dont le destin l’a affublé. N’avait imaginé qu’après cette humiliation, Ezra se jetterait à corps perdu dans une battue qui ne lui ressemble guère. L’obsession de Sonny avait effacé l’ampleur des conséquences potentielles ; n’avait, de toute façon, jamais été de celles dont la raison était le principal atout. Trop impulsive. Trop instable. Et a cause de son insolente fougue, elle les mettait face à une menace qu’il ne fallait pas prendre à la légère.
Sonny avise sa belle. Il y a des vibrations dans ses yeux. Elle le sait ; pour elle, il briserait le cou de chaque homme, chaque femme, chaque enfant qui oserait tenter de la blesser, pire, de la lui voler. Dans d’autres circonstances, cette possessivité protectrice excite ses sens, attise ses désirs de lui. Savoir qu’elle lui appartient, qu’elle est pour lui plus précieuse que tout ce qui existe sur cette terre de crasses, ça la subjugue toujours. A lui. Mais là, le rempart qu’il érige de sa personne entre elle et Ezra réveille quelques peurs primales. « J'vais m'occuper de son cas. Je le retrouverai en un rien de temps. » Hecate déglutit difficilement. Ses souffles s’accélèrent trahissant à nouveau une indicible tension. La peur que la vendetta ne les sépare d’une funeste façon. Il lui tend le parchemin dont il n’a pas su traduire les mots en se fiant à la douceur de sa voix.  « C'est ça qu'il t'écrit ? Qu'il vient te chercher ? » Hecate reprend la lettre et soupire. «  Je… crois. Je ne sais pas vraiment… attend. » D’un geste tremblant, Hecate sort sa baguette qu’elle pose sur le mot. Les lettres calligraphiées vibrent un peu. L’encre couile à nouveau et s’enroule, forment de nouvelles arabesques sur le papier jauni. Sous leur yeux, la langue de shakespeare éjecte celle de molière. Elle hésite pourtant à donner une fois de plus le mot à Sonny. Tu m’appartiens. Cette gravure insolente a de quoi attiser sa colère. Pourtant, elle se résigne à lui donner. «  Qu’est ce que tu vas lui faire ? » elle demande, la voix blanche, déjà certaine de la réponse lorsqu’elle croise l’animosité dans le regard de Sonny. Un frisson s’étale sur son échine. Pas que le sort de Ezra lui soit important, mais celui de Sonny en revanche est essentiel. «  Il ne faut pas que tu lui fasses de mal... » Elle voudrait lui expliquer, mais elle est certaine qu’il se refusera à écouter dès l’instant où elle réfrène les envies meurtrières de Sonny. L’incompréhension se lit sur son visage. Elle tente pourtant. «  C’est sa famille. » comme si ça suffisait à éclairer ses pensées carnassières. «  Tu ne sais pas ce dont ils sont capables… Je ne...Il ne faut absolument pas qu’ils apprennent ton existence. » Elle se rend compte que sa demande est maladroite. Peut-être se risquera t-il a y voir une certaine honte jetée là. Il n’en demeure pas moins qu’il ne s’agit rien d’autre que sa façon à elle de le protéger. Lui éviter une traque criminelle. Cette simple idée lui donne des frissons et glace son sang. Hors de question. En seraient-ils capables ? Oui probablement, leur influence s’étend par delà l’océan. Sa voix se fait plus douce, cachant l’angoisse qui la parcourt. «  Laisse moi régler ça… S’il te plait. ». Mauvaise stratégie. Pour l’heure, elle se fait tout de même louve carnassière.


(c) DΛNDELION


Dernière édition par Hecate Fitzgerald le Dim 19 Mai - 17:56, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Hysteria - [Sonate II] Empty
MessageSujet: Re: Hysteria - [Sonate II]   Hysteria - [Sonate II] EmptySam 18 Mai - 23:27
H Y S T E R I A
Hécate & Sonny

« I was dreamin' of the past, and my heart was beating fast »
Rager et ne rien pouvoir faire d'autre. La jalousie déployait ses tentacules dans ses artères à mesure que se dévoilait l'énigme sous ses yeux. Il y lisait des mots nuisibles voire délétères : promesse, amour, appartenir. Et la fatalité de lui retomber comme ça sur la tête, gratuitement, sans qu'il ne l'ait demandé mais mérité peut-être. Se souvenir subitement qu'elle avait été fiancée à un autre, puis gratter le peu de contenance qu'il lui restait pour ne pas éructer, ne pas fouiller dans son intimité d'antan. L'envie farouche de savoir pourtant si elle avait glissé sous ses draps, à quelle fréquence et pour quelle durée. Si elle s'était délectée de ses caresses, s'il perdurait en son crâne des miasmes de ces souvenirs. Mais sa jalousie se tarit à mesure qu'il vint relire la menace ; Hécate n'y était pour rien. Simplement captive de la psychose d'un amant éconduit, dont l'ombre encore succincte n'effrayait pas Sonny. L'on pouvait dores et déjà lire en ses pupilles sombres la haine vorace qu'il éprouvait pour le rival ; comme une envie de l'éviscérer et de barbouiller le mur de ses intestins, observer son corps rongé par les vers virer dans ces teintes d'un gris bleu... «  Qu’est ce que tu vas lui faire ? » Elle annihile tout ce qui le relie à la folie et à l'incontrôlable. Sonny lève enfin les yeux et l'observe sans vraiment la voir, se contente de demeurer mutique. Se confesser ne voudrait rien dire ; il pourrait tout à loisir changer ses plans. C'est que le loup est créatif, lorsqu'il s'y met. Mais plus que le retour à la réalité, c'est la pâleur de Hécate qui l'ébranle. La façon dont sa voix tremble un peu, comme un peu d'appréhension grattant sa gorge. Ca l'interpelle ; il fronce les sourcils. Mauvais signe. «  Il ne faut pas que tu lui fasses de mal... » Le mouvement est déclenché, cela commence. Ce voile rouge sur ces yeux, cette facilité qu'il a à se faire des films. Il y a les cris jouissifs d'Hécate qui cognent contre sa boîte crânienne et l'enjoignent à tisser le fil de ses pensées. Ca chamboule son cerveau, perturbe sa lucidité ; toute cette jalousie toxique qui l'embrase. La certitude qu'elle défend cet autre pour une raison qu'il ignore mais qu'il brode malgré tout : elle l'aime encore. De ce constat abrasif, Sonny pétrit en lui les affres de la rage. Serre les poings, froisse la missive. Crispe sa mâchoire courroucée, emplit ses yeux d'une noirceur abyssale. Son amour est infini mais sa tendresse est friable. Ca se voit sur sa gueule qu'il a l'envie brutale de tout défoncer autour de lui. «  C’est sa famille. Tu ne sais pas ce dont ils sont capables… Je ne...Il ne faut absolument pas qu’ils apprennent ton existence. » Le mutisme perdure et brode les géhennes à venir. Plus il se tait et moins il tolère. Cette façon qu'elle a de lui trouver des excuses, c'est dégueulasse. Sonny s'aventure dans des délires de romancier à l'imagination frénétique ; elle aime cet autre et s'évertue à dissimuler la bête. Une double-vie qui se profile sans doute, à l'instar d'un amour clandestin. Il a cet envie de lui gueuler de se taire, se réfrène durement non sans tourner les talons et faire les cent pas. Sa main nerveuse ébouriffe ses cheveux d'ébène, sale habitude corroborant son anxiété ou son courroux. «  Laisse moi régler ça… S’il te plait. ». Merde, elle se fout de lui. « Il t'a fait jour si fort que ça ? Alors raconte-moi : c'était comment ? » La colère était devenue trop puissante pour être contrôlée, le poussant à cracher sa jalousie d'une manière qui le rendait plus minable qu'il ne l'aurait cru. Ce n'était pas tant que Sonny avait l'envie de savoir comment il l'avait prise et de comment elle s'offrait à ce fiancé perdu. Il avait ce besoin de s'assurer qu'Hécate avait toujours pensé à lui, autrefois comme aujourd'hui. Surtout aujourd'hui. Avait-elle songé à cet Ezra lorsqu'il posait ses mains sur elle ? Etait-ce vraiment pour lui-même que ses soupirs lascifs étaient soufflés, n'inscrivait-elle pas le visage d'un autre en ses sens lorsque vibraient les premiers orgasmes ? « RACONTE ! » Bien sûr qu'Hécate accuse l'absurdité de sa démence par le mutisme. Sonny a la langue trop affûtée pour que le cœur y introduise une dimension tendre. « Tu l'aimes encore. » Sa plaidoirie suinte la confiance de l'homme tout puissant, celui qui juge la femme de lui avoir été infidèle par le passé et de l'être encore. Il l'affirme de sa voix claire et tonitruante. Elle aime cet autre, ça le dévaste.  « Tu l'aimes, et t'es pas foutue de me dire la vérité en face. T'es pas foutue de le voir crever sous tes yeux. » S'entrechoquent en lui une colère noire, une jalousie rauque, un dégoût de lui-même et des envies de bête. Reprendre possession de Hécate, et promener la tête éclatée de l'autre con au bout d'une pique.
(c) DΛNDELION
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Hysteria - [Sonate II] Empty
MessageSujet: Re: Hysteria - [Sonate II]   Hysteria - [Sonate II] EmptyDim 19 Mai - 17:54


Hysteria
Sonny & Hécate

« It's bugging me, grating me And twisting me around »
Elle a pas le gène Lycanthrope, Hecate. Son nom n'est que résidu de la nuit la où Sonny en est l'enfant. Pour autant elle se sent louve. La sienne. Carnassière dans les desseins qu'elle envisage, meurtrière dans sa manière de l'aimer lui et personne d'autre. Cependant, elle se refuse à le mettre en danger, se préfère être seule proie à chasser plutôt que de l'obliger à endosser l'habit de l'agneau. C'est que ça ne lui siérait pas. C'est qu'elle est prête à sacrifier ce qu'il faut pour acheter sa protection. Sonny est bien des choses ; il y a cette bestialité sourde qui écrase chacune de ses paroles, ces instincts primaires cadenassés derrière ses regards affamés. Le danger au creux de ses mains et une sensibilité propre qu'il lui voue avec autant de fureur que de passion. Sa beauté à lui à des allures de l'enfer,  ça lui brûle les rétines chaque fois que ses yeux se posent sur lui : flammes léchant son bas-ventre en même temps que son cœur calciné de sa présence. Amour Métaphysique soigné d'ébats lascifs comme seul remède à ce débordement de rage amoureuse. Il est tout : bête sauvage pour les uns, idéal de ses fantasmes, geôlier de pierre au cœur tendre puisqu'elle s'est faufilée dans chacune de ses alcôves pour l'imprégner. Mais il ne sera jamais le gibier. Elle y veillera. Quitte à troquer sa peau.

Elle les a vu faire. Les Beauvais. Prôner la suprématie de leur race sur les autres ; là où Ezra était la modération, le reste de la famille exigeait une purge radicale de tout être différents d'eux. L'abomination que représenterait Sonny a leur yeux ne lui octroierait rien de moins qu'une place au fond d'une tombe par simple idée que telle est la place de la bête dans ce monde. La traque. La magie noire. Elle n'a jamais rien redouté pour elle, même lorsqu'elle les a laissés avec leur fanatisme pur, persuadée que l'humiliation jetée en opprobre sur leur cercle ne vaudrait tout de même pas le prix de sa misérable vie à leur yeux. De toute manière, elle n'aurait craint leur courroux, ne se serait pas apitoyer de voir son existence s'arrêter par leur main : à cette époque, mourir ne lui paraissait rien comparé à la souffrance imposée par l'absence de Sonny. Sans lui, y'avait rien. L'inertie. Voilà pourquoi elle s'affole désormais face à l'indicible menace qu'il ne peut digèrer. Parce qu'elle a fait l'erreur de ne jamais prononcer leur nom. Parce qu'elle a fait l'erreur de taire l'obscurantisme de leur idéaux par crainte de le voir la répudier, l'assimiler à cette race d'adorateurs de la pureté. Et parce qu'elle à manqué de vigilance à leur égard. Elle aurait dû s'en douter : on ne bafoue pas les Beauvais. Même quand on a rien a perdre. Maintenant, Hecate elle a tout à perdre. Et ça la déchire. Lui ôte les mots. La rend fébrile. Sonny, c'est son repère dans cet univers dévasté, le mal qu'on pourrait lui faire la crève. Elle tique. S'exprime mal. Panique de cette épée de Damoclès au dessus de leur tête.

Alors bien sûr, il imagine déjà d'autres contours à sa prévenance. N'envisage même pas qu'il puisse s'agir de la terreur de le voir se faire traquer. Évidemment puisqu'il lui est impossible de comprendre le danger, convaincu qu'il est le danger. Elle voit que ça l'affecte, est bien loin d'envisager ce qui se trame dans sa tête, pourtant.
Alors, elle ne s'attend pas à cette réaction là lorsque son visage se rembrunir et qu'il se met à tourner en rond comme un fauve en cage prêt à lacérer. Sonny ne lui a jamais fait part de cette obsession douloureuse de la voir avec un autre. C'est qu'elle était persuadée qu'il avait comprit qu'Ezra n'était rien à ses yeux. Rien qu'un écho éraillé. "Il t'a fait jour si fort que ça ? Alors raconte-moi : c'était comment ? » Le voir s'outrager attise sa contrariété. “ Fais pas ça Sonny." Elle prévient, voix douce mais  sifflante. Lui ne l'entend pas.« RACONTE ! » La suite ne présage rien de bon. Orgueil affûté, ça la touche qu'il envisage la chose comme possible. « Tu l'aimes encore. » Elle reste d'abord muette, le laisse gueuler son amertume. « Tu l'aimes, et t'es pas foutue de me dire la vérité en face. T'es pas foutue de le voir crever sous tes yeux. » L'acidité de ses paroles suscite chez la belle un profond sentiment d'injustice : après ces dernières semaines, après le périple de leur retrouvailles, apres son dévouement, l'amour porté au divin qu'elle lui manifeste, comment peut il émettre de telles inepties sans honte ? Crachats vocaux. La mine de Hecate s'obscurcit, témoignage d'une réaction vindicative à venir. A paroles odieuses, réponse provocatrice pour mieux acculer la bête dans ses simagrées. C'est la mâchoire serrée qu'elle se plante devant lui. Venimeuse. " Tu veux savoir quoi?" Elle l'oblige à lui faire face. Puisqu'il a voulu lui faire mal, Hecate ne cherchera pas à l'épargner.  Ça se lit dans ses yeux qu'elle s'offusque de son délire. " Si j'ai hurlé son nom à chaque fois qu'il m'a sauté?" S'il savait à quel point elle a haït ça. S’est sentie souillée à chaque caresses sur sa peau. Ne compte pas pour autant rétablir la vérité là où il a douté d'elle. Pas tout de suite ; colère disséminée dans ses veines. Quitte à user de sa langue comme un couteau sur ses accusations. " Où alors dans quelles positions il m'a prise?" Lapidaire. Hecate fronce le nez. Tu vois, moi aussi je peux faire mal. Elle se fait Tyran à chaque parole proférée. Sait qu’elle touche, entaille. "En fait il aimait bien me dominer. Me prendre sans voir mon visage. Ça l'excitait tellement qu'il jouissait avant même que je le sente en moi" le mensonge est indécent. Elle s'époumone à tisser de sordides affabulations. Revanche nocive quoique gorgé des désillusions de son absence. Elle ne lui pardonne pas de croire à de telles sornettes . " moi je préférais quand il me laissait diriger ses mains sur mon corps." Elle glisse quelques doigts sur son propres cou, sur la naissance de sa poitrine. Accentue ainsi l'indécence de ses paroles. " la sur mes seins..." qu'elle touche, assénant chez l'autre l'image blasphématoire de ses courbes sous d'autres mains.  " ...sur mes reins aussi." Le venin est corrosif entre ses lèvres. Les pupilles de Sonny se dilatent. Il pourra lui en vouloir. La griffer de jurons. Lui asséner le coup de grâce, elle ne tend pas à replacer les pièces du puzzle à leur place pour l’instant  "Faut dire que je savais y faire a force de mouvement de hanches. Ça le rendait fou!" Elle vomit encore ses palabres. N’ose imaginer qu’il puisse tout de même concéder ces ridicules insanités.  " Imbécile" Le sobriquet en français s’échappe de ses lèvres, elle plaque une main sur son front. Dépitée. " C'est ça que tu voulais entendre ?" Ses yeux cherchent à nouveau ceux de Sonny, sachant pertinemment les dégats qu’elle a causé.  " tu crois sérieusement que je l'ai aimé ? Même maintenant t'as toujours rien compris. Tu es ridicule." Hecate refrène l’envie de lui envoyer une gifle en plein visage. Ne serait-ce que pour le sortir de sa torpeur délirante. "Ça t'arrive de réfléchir 3 secondes?!" Regard soutenu. Attitude implacable. Chienne féroce qui n’en demordra pas. Elle est revenue pour lui, a renoncé à tout pour lui. Ne lui laissera pas le loisir de se détourner d’elle. "Tu t'egosilles comme le dernier des cons. Faudrait voir à faire rétrospection dans ton crâne." ça lui fait mal, mais elle pestifère encore, comme déconnectée du présent. Hors contrôle. "C'est toi qui t'es barré. Si tu me voulais, fallait me garder et pas te taper la moitié du royaume uni" Et pour ça, elle ne peut pas lui en vouloir. Mais c’est qu’elle ne peut envisager Sonny dans les draps de toutes ces autres. "En fait. Ça t'arrangerait foutrement bien d'imaginer que j'ai pu l'aimer. Ça te permettrait de te débarrasser de la culpabilité de m'avoir laissée.". Droit au coeur. Ultime provocation. Yeux embués de larmes. Frénésie distillée dans son palpitant. La colère, la vraie. Celle qu’Hecate ne peut réprimer.


(c) DΛNDELION
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Hysteria - [Sonate II] Empty
MessageSujet: Re: Hysteria - [Sonate II]   Hysteria - [Sonate II] EmptyLun 20 Mai - 17:20
H Y S T E R I A
Hécate & Sonny

« I was dreamin' of the past, and my heart was beating fast »
Elle claironnait sa défense, tout dans la provocation agressive. Et à mesure qu'elle parlait s'évaporait  son odeur sur l'oreiller, se distillaient les rires complices et les regards de connivence. Sonny la toisait de haut, figé dans une fierté qui s'émoussait à mesure qu'Hécate le livrait en pâture à sa propre jalousie. Ses pupilles durcies par le courroux se striaient peu à peu d'un voile humidifié par la rage puis la douleur. L'acide de ses mots fondit droit sur son cœur, le fit se rétracter de peine comme de ressentiments. La violence de ses sombres émois mouilla ses lèvres, engonça dans sa gorge un nœud rendant la déglutition difficile, se déploya jusque dans son estomac plié sous la torture. " moi je préférais quand il me laissait diriger ses mains sur mon corps."  Il frissonne. Ca lui lacère la peau. Cette envie de gerber, à force de cette vérité vomitive qu'il entend malgré lui. Bien sûr qu'elle provoque et accule l'amant fou de rage dans ses retranchements. Mais Sonny peine à discerner les mensonges de la réalité, écoute sa peine comme s'il montait à l'échafaud. Courberait presque la nuque, à force d'y sentir la lame vengeresse de son amante glacée. Il a le cœur qui ploie sous des vérités fantoches et une cruauté souveraine.  Hécate, reine de ses propres géhennes, s'érige en bourreau sous l'arme qu'il a lui-même forgée. Et elle persiste, impitoyable dans son laïus, à l'acculer dans son propre jeu. Le plus ridicule, c'est qu'elle parvenait à le convaincre. la sur mes seins..." Son mutisme abrite sa déchirure. C'est qu'elle a l'audace de le faire taire en le muselant par le chagrin comme l'humiliation. Termine ses suppliques par quelques offenses à son intellect à plusieurs reprises. Pour autant Sonny ne tique pas. Il sait qu'il l'a cherché. Plus encore, les terribles palabres de l'amante se heurtent en son cerveau sonné. Shooté à la déroute, c'est l'abattement qui l'empoisonne. Le myocarde se serre sous les griffes invisibles d'un oiseau de proie. Faut dire que je savais y faire a force de mouvement de hanches. Ça le rendait fou! Ca percute en lui comme un tambour, quand son impuissance blesse son amour propre. Incapable de rétorquer puisque la gorge resserre son étau, indécis dans sa démarche car Hécate l'a abattu au sol. Cette fièvre amoureuse présente les symptômes d'une maladie incurable ; son front brûle, sa langue est pâteuse, sa vision se trouble. Mais il demeure droit et fier, malgré la pâleur de sa peau et son mutisme inusité face à une telle situation. Les invectives s'entremêlent, s'entrechoquent et se bouleversent. Sonny peine à suivre la violence des mots qu'il encaisse, tente comme il le peut d'en tirer quelques miasmes intelligibles. Il n'en ressort que la silhouette fantasmée d'Hécate jouissant nue dans les mains de cet autre, affairée à  son plaisir charnel et celui, incisif, qu'elle put éprouver en pointant du doigt l'inintelligence du loup. C'est enveloppé d'un suaire cousu de défaite, d'orgueil, de solitude et de souffrance, qu'il la toise sans la voir vraiment. "C'est toi qui t'es barré. Si tu me voulais, fallait me garder et pas te taper la moitié du royaume uni" Un son, enfin, passe la barrière de ses lèvres. Hybride d'un souffle poussif et d'un rire étranglé. L'ivresse de son revers le prend aux tripes ; Sonny a la lucidité vagabonde. "En fait. Ça t'arrangerait foutrement bien d'imaginer que j'ai pu l'aimer. Ça te permettrait de te débarrasser de la culpabilité de m'avoir laissée.".« Quelle culpabilité ? » Étonnamment, la voix est posée, limpide et vaporeuse. Contraste avec le timbre inquisiteur de tout à l'heure. Mais le regard, glacé et glaçant, corrobore le mépris qu'il siffle de ses lèvres rubis. « J'étais là, Hécate. A te faire comprendre chaque putain de jour qui passait que tu me plaisais. C'est toi qui ne répondais jamais à mes avances. Fallait que je fasse quoi pour que tu comprennes... » La constance de sa voix rauque interpelle. Elle porte l'inhibition de son cœur replié sur lui-même, se farde d'une froideur implacable. « Que j'te prenne de force ? » Leur conversation est une valse calomnieuse, un son en rencontre un autre, se heurte, s'interpose puis se retire. Entaillant la peau de ses syllabes de verre pilé. Voilà que Sonny coule brièvement un regard sur la poitrine de l'amante ; c'est une oeillade dont il aurait aimé se passer. La provocation de Hécate s'est infiltré hélas dans ses veines et c'est alors qu'il l'imagine sans cesse sur l'entrecuisse de cet autre dont elle aima guider les mains.

L'estomac se rétracte à l'instar du myocarde. Sonny a soudain ce geste qu'il n'eut jamais pour Hécate ; il s'éloigne. Se refuse à l'effleurer. Non pas qu'il s'en dégoûte, bien au contraire. Mais subsiste persistante en sa rétine l'image de ce qu'elle lui conta tout à l'heure. Le loup préfère se retirer dans l'ombre et, bien qu'il eut avisé plus tôt la porte avant de se rétracter – puisqu'il songea à quitter les lieux, trop accablé par la cruauté de sa blonde mais rattrapé par son ego – se contente de diriger vers la fenêtre. Rien ne l'y attire cependant ; ni la beauté diaphane de la lune, ni la laideur abjecte des ruelles feutrées. Il s'accroche seulement à ce qu'il peut, s'efface volontiers de la vue de l'amante - pourvu qu'elle n'y décèle pas la déchirure. Puis c'est mutique qu'il s'engonce dans ses pensées, affirme volontiers que Hécate put faire preuve d'une loyauté intrinsèque dans son retour comme dans sa volonté de faucher avec lui quelques pauvres âmes. Sonny tente ainsi de se raccrocher à ses beaux gestes quand il se rappelle que la parole n'a guère suivi. Hécate se tenait toujours présente à ses côtés, toujours absente dans ses échos. Il se rend compte, soudain, que chacun de ses 'je t'aime' demeurait lettre morte. Dans le creux de ses reins, dans le sel de ses larmes ou l'allégresse macabre de leur premier meurtre, Hécate n'y avait jamais répondu. Légitimement, le doute s'installe dans le recoin de ses synapses : jouait-elle un jeu ? «  Marrant, d'ailleurs, comme les choses n'ont pas changé. » Le loup pénètre le bleu de ses yeux de sa pupille glacée, cernée des orbes safran que révèlent la lumière tamisée. « Y a moi, le dernier des cons... » Sifflement persistant, rappel lugubre des insultes proférées à son encontre. « … qui  te balance tous mes sentiments. Puis y a toi, qui n'a jamais su cracher un 'je t'aime'. » Et s'il étouffe un rire fantôme en cet instant, c'est pour mieux dissimuler l'humiliation qu'il encaisse. « Tu vois. J'sais la faire, la rétrospection dans mon crâne. » Malgré tout, le loup demeure, la toise sans la juger. Préfère rester dans l'ombre, bougonne ce qu'elle a semé en lui. En réalité Hécate a beau jouir si elle le souhaite sur le souvenir de son ancien fiancé, Sonny ne parvient pas à se détacher d'elle. Il aimerait tant la haïr et l'abandonner. La noyer dans sa solitude. Malgré les blessures, l'amoureux langui s'y refuse. Dague plantée en son cœur, il se résigne à la soutenir et la protéger, quand bien même elle s'y oppose. « Alors, à ton avis. » Mâchoire contrite. Sonny peine à teindre son timbre d'une chaleur même surfaite, jugule encore sa jalousie comme sa certitude de sentir sur elle le parfum de cet autre. Seul l'amour intarissable qu'il porte pour la belle l'assagit. « Il est déjà à Londres ? » Changer de sujet non pour pardonner mais pour mieux lui prêter main forte. Avancer dans son sermon qu'il la protégerait malgré son refus comme l'hémorragie du cœur. C'est qu'il parle de ce timbre rauque et froid qu'il invoque usuellement pour d'autres. Chasser le gibier puis la laisser tranquille. La distance qu'il met entre eux corrobore par ailleurs fortement ses intentions tacites ; c'est à nouveau dans l'ombre que Sonny se surprend à l'aimer.
(c) DΛNDELION
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Hysteria - [Sonate II] Empty
MessageSujet: Re: Hysteria - [Sonate II]   Hysteria - [Sonate II] EmptyMar 21 Mai - 0:31


Hysteria
Sonny & Hécate

« It's bugging me, grating me And twisting me around »
 Despote suprême.  Impératrice cruelle. Hecate annihile la fierté de l’autre sans ménagement. Elle les voit ; ses pensées derrière la paroi sombre de ses iris, se désagréger au fur et a mesure que sa langue frappe plus coupante que des lames de rasoir. Ça fait comme des miettes cinabres dans ses yeux. Poussière d’illusions qu’il camoufle d’un regard obscurcit par la colère. Il s’est tu ; coeur brutalisé des coups obscènes de la belle. Âme brimer de missive venimeuses. Étrillé jusqu’à la moelle, il se contente de l’observer, ébahi par les douloureuses élucubrations. Hecate et ses discours toujours extrêmes ; ses paroles exacerbées qui se fondent sans cesse dans le tourbillon de ses émotions. Aussi Belle qu’Empoisonnée, elle se dit – malgré sa colère- qu’il n’y a encore que lui pour l’aimer avec autant de volonté et de fureur. Dans chaque nuance de son être, il se trouve là, à fignoler son amour pour elle autant que sa passion dévorante. Mais il doute de sa place à lui, et ça, elle ne peut se résoudre à l’absoudre de son courroux.

C’est une femme qui châtie tout autant qu’elle affole. Se réserve le droit de se blottir contre sa frénésie amoureuse pour légitimer les odieuses représailles qu’elle inflige. Sanction impudente qui ne découle que de sa folle divagation à lui : C’est pas sa faute à elle s’il n’est pas foutu de voir à quel point elle s’est imprégné de lui. Le blesser, c’est tout ce qu’il lui reste comme riposte à la suspicion âcre qu’il a osé lui flanquer comme une ogive entre les deux yeux. Insulte ayant lapidé son ego avec brio. Elle le toise, nez retroussé en une mimique offusquée. Tremble de tout son corps alors même que les dernières paroles condamne Sonny à une amère camisole d’idées. Tu comprends que je mens là ? Tu comprends que tu ne dois jamais plus contester mon adoration ? Je te ferais mal à chaque fois que tu te risqueras à soupçonner un autre dans ma vie. Je serais le boomerang de tes doutes. L’injustice comme diversion à la propre blessure qu’il a molesté en elle. Hecate se mord la lèvres, se recule pour mieux l’observer. C’est qu’elle s’attendait à des cris de sa part. De la violence peut-être, à vouloir le pousser à bout. Se heurte à un mutisme assourdissant car il n’ose la déchirer de l’outrage dont elle l’a puni.
Instantanément, ça calme l’ardeur de son ressentiment. Déstabilise ses attitudes. Elle se savait tortionnaire, n’imaginait pas pour autant l’estropier de tout orgueil au point où il en perdrait son envie de gueuler sa rage, sa frustration, sa peine, sa rancœur. Dictatrice en herbe contre oppresseur devenu oppressé. Toute ces choses qu’il garde dans sa chair comme funeste punition. À le voir résigné, ça ravive la tendresse de ses sentiments, la pousse à calmer le brasier qui sévit dans ses mots. C’est essoufflée qu’elle le regarde désormais. «  J'étais là, Hécate. A te faire comprendre chaque putain de jour qui passait que tu me plaisais. C'est toi qui ne répondais jamais à mes avances. Fallait que je fasse quoi pour que tu comprennes... » Ce temps gâché, elle a jamais pu s’y faire.  « Que j'te prenne de force ? » Hecate s’est radoucit, ne cherche plus à éventrer le reste de son amour propre, pour autant demeure encore les brisures de hargne hébergé par sa voix éraillée. «  Tu aurais du comprendre que j’étais déjà à toi. » Et maintenant, il devrait au moins y croire mieux. Plus fort. Ne pas se réfugier derrière de fanatiques accusations. Le silence s’installe quelques secondes. L’envie de se jeter vers lui, lui demander d’oublier tout ça, de se vautrer dans leur passion s’empare de ses entraille. N’y cède pas ; non qu’elle n’ai plus le besoin de lui mais parce qu’elle ne sait pas trop comment revenir sans heurter. Le loup se recule, elle devine les meurtrissure qu’elle a semé dans son derme. Son visage disparaît derrière un voile d’ombre et d’obscurité ; l’image la touche.    L’opacité de la nuit enveloppe la silhouette de l’homme ; il y a le désenchantement qui se greffe à ses lèvres mutiques, puis les yeux dont elle ne voit plus la profondeur. La fenêtre filtre sur lui une auréole macabre de lumière. Même dans la peine, elle ne peut s’empêcher de penser que sa beauté est transcendante.   «  Marrant, d'ailleurs, comme les choses n'ont pas changé. »  La voix rauque attise les sens de la belle. Atrophiée de toute volonté, elle reste plantée au milieu de la pièce. « Y a moi, le dernier des cons... » Figée, elle ne bronche plus, prête à récolter ce qu’elle a semé. « … qui  te balance tous mes sentiments. Puis y a toi, qui n'a jamais su cracher un 'je t'aime'. »  Le rictus est comme un uppercut au coeur ; ça se sent qu’il camoufle la honte autant que la douleur de ne jamais avoir reçu la réponse mérité à son coeur en offrande.  « Tu vois. J'sais la faire, la rétrospection dans mon crâne. » Se fondre en lui. Lui répéter ces syllabes tant attendu jusqu’à ce qu’elle se tatoue sur lui et que plus jamais il ne puisse en douter. A la place, elle avise son visage dévasté par quelques regrets.  « Alors, à ton avis. »  Elle l’entend pas. Est resté coincé derrière la douleur de ses semies confessions.  « Il est déjà à Londres ? »  Hecate s’approche. Un temps pour chaque chose. Et à cet instant, elle sent qu’il y a des soins qu’elle se doit d’appliquer sur l’âme perturber de son loup. Réparer les fissures qu’elle a laisser et les hémorragies qu’elle a ouverte. La distance la séparant de lui se restreint. «  Tu as raison. » Balaye les dernières paroles de l’homme. Y reviendra plus tard. Souveraine lapidaire, pas amoureuse desuette. « Tu sais ce que ma grand-mère a fait quand j’ai tout quitté pour toi ? » Yeux contre les siens, elle froisse ses pupilles, lêche ses iris disloqués par l’amertume. Cette humiliation qu’elle s’apprête à lui confier n’est pas difficile à prononcer pourtant. « Elle a rayé mon nom de l’arbre généalogique familial. Je le sais car il est entouré d’un maléfice. Lorsqu’on est ainsi disgracié on le ressent. Ça fait comme une piqûre. » ça s’était produit quelques semaines après son départ. Une pique dans la poitrine ; fugace mais intense, assez pour lui couper le souffle. Alors, elle avait comprit. Hecate n’était plus qu’un souffle invisible chez les Fitzgerald. Quelques pas de plus vers l’homme qui l’observe. « Désormais mon état civil ne se résume qu'à une rature honteuse. En d'autres termes c'est comme si je n'existais pas. Comme si je n'avais jamais été personne. » Elle hausse les épaules. C’est pas pour elle que cette situation la touche, mais pour sa jeune sœur qu’elle n’a pas retrouvé et qui s’affligera probablement de la répudiation de son ainée. «  Je suis devenue une paria pour tout sang pur qui se respecte. Pour toi. Sans regrets. Et je préfère ne porter aucun nom plutôt que de devoir me passer de toi. C’est le choix que j’ai fais il y a un an et que je referais sans hésiter.» La confession brise quelques barrière dans son propre coeur. Si, plus jeune, elle masquait ses désirs par des laïus volatiles, elle ne peut désormais plus prendre le risque de cacher ce qui se trame dans chacune de ses pensées gorgées de lui. Arrivée à sa hauteur, elle pose ses mains  sur les rebords de la fenêtre, enserrant sans le toucher, le corps de l’homme. Carcan de ses bras gracile, visage à quelques centimètres du siens, envahissante. « Tu veux qu'on parle de Ezra? »  Elle n’attend pas sa réponse bien sûr, enchaine avec le reste de vérité qu’elle lui doit tant elle l’aime. « La vérité c'est que chaque fois qu'il me touchait je m’efforçais à penser que c'était toi pour pas vomir mes tripes. » Elle bouscule l’homme avec douceur. L’oblige a courber l’échine et à tomber lentement sur la méridienne à la droite de la fenêtre. Surplombant à présent le loup, ses yeux ne le quittent pas. Convaincre autant par les mots que par le regard.  «Très honnêtement, imaginer ton visage à la place du sien, te fantasmer, n'était pas difficile tant le manque était prégnant » Elle arrange ses cheveux, vient surmonter l’homme. Au dessus de lui, les mots glissent de sa bouche redevenue douce. « Alors que tu puisses penser un seul instant que je l’aime ou bien que je l’ai aimé, ça me fout en l'air » Défense simple mais réelle. Ça l’offusque encore qu’il y ai cru assez pour lui en jeter toute la douleur au visage. Elle se penche. Pose une main sur sa joue ; geste qui jure avec ce qu’elle prévient. «  M'oblige plus à être si cruelle et à te mentir de la sorte. Si tu maltraites mes sentiments, je tyranniserais les tiens avec autant de violence. Tu comprends ? » Il l’a aimé pour la dynamite de ses mots autrefois et la finesse de ses traits. Aujourd’hui il faut qu’il l’aime un peu plus pour le cyanure de ses phrases et sa vengeance amoureuse. Parce que la démence habite son être et qu’elle ne peut envisager de le laisser croire aux sornettes qu’il s’est empressé de déduire de  ses fébrilités.  «  Y'a toujours eu que toi. » Le murmure ricoche contre ses lèvres pourpres. Presque comme un chuchotement qui gomme tous les silences qu’elle lui a offert à la place. « Je ne l'ai jamais aimé. Tout ce que j’ai vécu avec lui, c’est comme les souvenirs d’une autre. Je ne me souviens même pas de la voix qu’il avait, ni même de la couleur de ses yeux. J’en ai jamais rien eu à foutre. » Elle sait pas trop y faire. Ne s’attendait pas à ce que l’exercice soit si compliqué. Elle a tant de fois souffert de l’absence de Sonny, tant de fois révoqué le passé en imaginant lui dire ces mots qu’elle ne sait plus y faire. Se trouve absurde dans la fragilité qui émane d’elle à cet instant. L’aimer c’est tout ce qu’elle sait faire ; pas correctement, elle en a conscience,  ni même avec équilibre et stabilité, mais au moins, elle se dit qu’elle à sa manière brute et native d’être à lui. Alors quand le souffle éraillé de ses sentiments transgressent les barrages de son égo, elle frissonne un peu, se sent vulnérable, friable. «  Je n'ai jamais aimé que toi. Tu le sais Sonny. » C’est faible. Dans le ton de sa voix, parce qu’elle a l’impression qu’elle va se briser là comme une vulgaire poupée de porcelaine. C’est ridicule, puisqu’elle n’a fait que prononcer à voix haute un dévouement intangible  pourtant visible pour quiconque croise leur route.  « C'est vrai, j'aurais dû écarter tes doutes depuis le tout début. » Les regrets ont ce goût amer dans la bouche. Bouche qu’elle s’empresse de mordre pour se donner l’impulsion de persévérer dans son soliloque sentimental. « Je t'aime à en crever...» Pause où elle accroche ses pupilles. Lui exprime silencieusement tout l’étendu que cela implique. Ne respire plus le temps que l’aveu résonne contre l’oreille de son aimé. Hecate vacille contre lui, la tête qui lui tourne anesthésie le reste de sa raison. Mais la menace est toujours présente, et elle se souvient aussitôt qu’il lui faut protéger l’homme. « ...Et c'est justement pour ça qu'il ne faut pas qu'ils sachent. Je ne veux pas qu'ils te traquent. » Là, sa voix n’est plus qu’un soupir. Épuisée par les confidences, Hecate grelote de sa déficience. « Je sais pas s'il est déjà à Londres mais...Est ce que tu es disposé à m'écouter maintenant ? »


(c) DΛNDELION
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
Hysteria - [Sonate II] Empty
Revenir en haut Aller en bas
 

Hysteria - [Sonate II]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

SMOKE AND MIRRORS :: PLAYGROUND :: DEATHLY HALLOWS :: rps abandonnés