Maeve termine de se préparer rapidement dans sa chambre. Elle a étalé son dressing un peu partout et la pièce déborde de vêtements. Shõta n'est jamais là quand on a besoin de lui. Maeve a une soirée de prévue, pour participer à la promotion de Wizardgram. Le réseau social a été lancé en juin dernier, mais le Gouvernement n'a apparemment pas la visibilité souhaitée pour le moment. Plusieurs personnalités du show business soricer ont donc été conviés à cette soirée pour en parler au maximum, avec un gros chèque à la clé. Maeve aurait aimé s'y rendre avec son accolyte, mais il a décidé d'aller s'amuser dans un club. Elle s'y rendra donc sans cavalier, puisqu'elle est supposée être en couple avec Purville.
Après des heures à mettre sa chambre sens dessus dessous, Maeve se décide sur un tailleur envoyé par une marque. D'un coup de baguette, elle plie et range tout ce qui traine par terre et sur le lit. Puis deuxième coup de baguette pour arranger ses cheveux et se maquiller juste comme il faut. Elle se contente d'une couleur carmin sur ses lèvres.

Un dernier regard dans le miroir, puis elle transplane en direction de la soirée. Maeve n'est pas particulièrement fan des événements organisés par le Gouvernement. Elle n'est pas non plus une admiratrice des idéaux de ce dernier et de la politique de Voldemort. Mais Maeve a le sang pur et ça change tout. Dans cette société, tout est fait pour elle, tout est à porté de main, encore plus depuis qu'elle est devenue la nouvelle coqueluche en vogue. Maeve a des privilèges et elle ne veut pas les voir disparaître, pour rien au monde. Elle a trimé pendant des années pour en arriver là, ce n'est pas pour tout laisser tomber parce qu'une loi la dérange.
A son arrivée, Maeve est accaparée par quelques journalistes. Elle prend la pose et réponds à plusieurs questions, ne manquant pas de vanter les mérites de Wizardgram, le futur de la stimagie. Evidemment, on lui demande où est Shõta, pourquoi ils ne sont pas venus ensemble, quand vont-ils se fiancer, se marier, avoir un enfant. Autant de questions auxquelles elle essaye de répondre avec le sourire et un air convaincant. C'est ce qu'elle sait faire de mieux. Après de longues minutes à jouer les amoureuses transies, Maeve se dirige vers la scène où un speech aura lieu d'une minute à l'autre. On lui propose un verre, toujours sans alcool, et elle l'accepte volontiers. La salle est rempli de têtes connues du show business, mais également de membres éminents du Gouvernement dont plusieurs mangemorts marqués. Chouette ambiance. C'est à ce moment-là, qu'un certain Lestrange passe juste à côté d'elle et ne manque pas de la regarder au passage. Evidemment, Maeve lui adresse son plus beau sourire. ─ Monsieur Lestrange, quel plaisir de croiser votre route.

Tu avais insisté pour que le Ministère crache les gallions comme s’il en pleuvait, afin de louer le tout nouveau club sorcier en vogue. Ce soir, on ne célébrait pas n’importe quoi. C’était la grande soirée de lancement de Wizardgram, tout premier réseau social du gouvernement, qui avait terminé sa beta démarrée en juin. En tant que chef du bureau de régulation et censure des médias, tu avais tenu à fourrer ton nez jusque dans les moindres détails afin de t’assurer que tout serait parfait. Tu avais toi-même dressé la liste des potentielles égéries, qu’il convenait d’inviter pour faire la promotion de ton nouveau bébé. C’est ainsi que de jeunes sorciers populaires comme la brillante Maeve Castellan, ou le talentueux Corvus Travers s’étaient retrouvés sur la liste des invités. Tu savais bien que Marlon n’était pas le plus grand admirateur de son neveu, mais qu’importe, les jeunes appréciaient Corvus et c’est tout ce qui comptait. D’ailleurs en parlant du chef de la brigade, tu l’aperçois se frayer un chemin à l’intérieur du club tout en prenant bien soin d’éviter les journalistes postés devant l’entrée principale. Habile. Mais s’il pensait pouvoir t’échapper à toi aussi, voilà qu’il se trompait royalement. Alors que tu l’apostrophes tel un vautour plongeant sur sa proie, tu le salues brièvement avant de lui demander s’il avait déjà posté une story de sa présence à l’évènement sur sa page Wizardgram. Ce à quoi il répond par la négative, d’un air parfaitement blasé. “T’es au gouvernement et t’as toujours pas de compte Wizardgram, mais allô quoi !” Ni une ni deux, tu farfouilles dans la poche intérieure de ta cape de soirée pour en extirper ta boule de cristal. “Si l’Elite de la société ne donne pas l’exemple, personne ne se lancera. Tu comprends bien qu’un réseau social base sa réussite sur les vies rêvées des personnes influentes.” Tu réprimandes Travers d’un air tout à fait sévère. Après tout, le département de la justice magique serait bien content de récolter toutes sortes d’informations sur la population via Wizardgram, non ? Fallait vraiment que Marlon se modernise. “Et voilà ! Hot_cop_marlon2007, ça te va comme nom d’utilisateur ? Tu t’en souviendras hein ?” Tu ricanes alors devant sa mine déconfite, et tu sais pertinemment qu’il est en train de se demander si tu plaisantes ou si tu l’as véritablement inscrit sous ce pseudonyme douteux.

Alors que la campagne de propagande pour la Values Brigade est diffusée en boucles sur l’ensemble des boules de cristal disposées un peu partout dans le club, tu te diriges à nouveau vers l’entrée afin de ne pas manquer l’arrivée de tes égéries. Etonnamment la trombine blafarde de Bagshot rend plutôt bien dans ce spot, tu lui offriras peut-être un exemplaire de ton eau de toilette pour le récompenser de son travail. Malheureusement, le budget consacré à son salaire avait été dépensé ailleurs... Soudain, les journalistes s’agitent telle une foule en délire, et lorsque l'actrice principale de The Bold and the Witch fait son apparition, tu comprends les raisons de tout ce remue-ménage. Tu l’attends déjà avec ton sourire le plus satisfait. “Mademoiselle Castellan ! A défaut de pouvoir vous nommer Madame Pureville.” Un rire complice s’échappe d’entre tes lèvres, comme si tu ignorais complètement qu’un bon millier de personnes avant toi avaient dû la gratifier de la même plaisanterie lourde. “Je vous en prie, appelez-moi Rodolphus.” Tu te sentais toujours rajeunir d’une bonne dizaine d’années lorsque tu dégainais cette réplique. Et puis pour être honnête, ça donnait toujours un petit côté humain aux mangemorts quand on les appelait par leur prénom. Pas que toi t’en aies eu besoin, bien sûr… “Je suis ravi que vous ayez trouvé le temps de nous honorer de votre présence entre deux tournages. Dommage que votre compagnon n’ait pas pu faire de même.” Ce genre de remarques à double sens étaient généralement la spécialité de Travers, mais peu à peu, tu commençais à comprendre pourquoi il en raffolait. Assaisonner ses paroles d’une pincée de menace avait ce petit quelque chose galvanisant. Et en effet, l’absence de Pureville, l’autre moitié du power couple que tout le monde adulait, te déplaisait suffisamment pour que tu le signales. Mais comme toujours, les bonnes manières priment, et tu ne départis pas de ton sourire mielleux, qui cachait bien de terribles choses. “Mais après tout c’est vous l’ambassadrice de Wizardgram, le visage sur lequel tous les regards se posent ce soir. Et j’espère bien qu’entre deux photos avec les membres de la haute société, vous trouverez quelques minutes pour me révéler les secrets de la prochaine saison de TBATW.” Au moins, le ton était donné, et les consignes étaient claires. Le gouvernement ne payait pas mademoiselle Castellan pour se goinfrer de petits fours et de jus de citrouille. En tant qu’ambassadrice de Wizargram, ce soir, elle avait du pain sur la planche.

tw: mention de propagande
De toutes les injonctions, devoir pavaner devant des membres du Gouvernement et des mangemorts marqués est de loin la plus pénible. Son talent d'actrice lui est d'une grande utilisé ce soir. Tout ce qui importe à Maeve, c'est d'être riche à en crever, d'être populaire et d'avoir tout ce dont elle rêve. Malheureusement, cela passer par de la propagande et quelques compliments hypocrites. Elle est loin d'être stupide. Elle a compris depuis longtemps comment cela fonctionne. Maeve ne crache pas dans la soupe. Après tout, c'est au Royaume-Uni que sa carrière a explosé. Même si maintenant, elle pourrait certainement s'exporter dans un autre pays sans difficulté et y trouver des premiers rôles. Une possibilité qu'elle garde dans un coin de son esprit, si jamais la situation à Londres devient critique.
En attendant, Maeve parade dans son tailleur, un sourire éclatant sur ses lèvres rouges. Elle pose pour les journalistes et photographes. L'absence de Shōta lui donne mal au ventre. Même s'il est insupportable la majorité du temps, il comprend ce qu'elle vit. Sa présence lui apporte toujours un brin de réconfort. Elle doit faire sans ce soir.

Maeve est contente de quitter les médias affamés pour se rendre à l'intérieur. Le repos n'est que de courte durée, lorsque Lestrange l'aborde dans la foulée. Son masque de puppet du gouvernement s'affiche sur son visage. Elle rit à sa remarque sur son nom de jeune fille qui persiste, à défaut d'avoir pris celui de Shōta. Cela n'a rien de drôle, mais elle se plie au jeu. ─ Rodolphus, appelez moi Maeve dans ce cas. Elle lui sort son plus beau sourire à faire chavirer un coeur épris. ─ J'ai toujours du temps pour les événements importants. Evidemment. ─ Shōta est encore plus occupé que moi, mais il m'a chargé de le représenter comme il se doit. Mensonge. Elle porte à ses lèvres son verre de jus et manque de grimacer. Elle aurait préféré du champagne ou toute autre chose. Hélas, les événements mondains sont devenus ennuyants à mourir depuis le passage de certains décrets.
Maeve n'a pas manqué de remarquer la marque sur l'avant-bras du Lestrange. Son statut de mangemort n'a jamais été un secret, évidemment. Le voir de ses propres yeux est autre chose encore. Elle ne s'y attarde que durant la moitié d'une seconde. Maeve porte son attention sur le sorcier, dont le discours ne manque pas d'allumer quelques alarmes dans son esprit. Elle sait ce que l'on attend d'elle, mais l'entendre est toujours autre chose. ─ Vous savez que je n'ai hélas pas le droit de révéler quoi que ce soit.. Maeve sirote de nouveau son verre, sans arrêter de le regarder pour autant. ─ Mais pour vous, peut-être que je pourrais faire une exception. Elle arque un sourcil et le joint à un rire mélodieux. ─ Je ne savais pas que vous étiez un fan de la série. Vous m'en voyez ravie ! Vous devriez venir sur le tournage un jour.

L’organisation de la soirée avait été peaufinée jusque dans le moindre détail. Pour accompagner la dernière campagne de propagande qui tapissait les murs, on avait fait appel à un groupe de musique à la mode (dont tu avais déjà oublié le nom farfelu), qui était même parvenu à faire oublier la “disparition” soudaine d’Andrès Nunier Garcia. Le sort qu’avait connu ce garçon était regrettable. Tu te souvenais encore de la chanson émouvante qu’il avait interprétée durant le second mariage de Marlon, avant de se retrouver brutalement à fuir tes sortilèges dans les plaines de Gracefield. Espérons que la talentueuse Maeve Castellan ne connaisse jamais le même destin funeste. “Je vais faire des jaloux parmi vos fans, si je me permets de vous appeler par votre prénom, Maeve. Mais c’est un plaisir de faire résonner ce charmant patronyme.” Si n’importe quel mangemort appréciait être brossé dans le sens du poil, rares étaient celles et ceux qui usaient de flatteries à leur tour. Et pourtant, en dépit de ton nom et de ton statut, tu raffolais de ce genre de formules idéales pour la surenchère. Tu en faisais toujours trop, et le pire dans tout cela, c’est que ce sens aigü de l’excès te comblait au plus haut point. Profitant d’un instant d’inattention de la part de Maeve, qui portait son verre à ses lèvres, tu extirpas nonchalamment ta boule de cristal de la poche intérieure de ta cape et la fit virevolter autour de vous, afin de capturer cette délicieuse conversation à coups de clichés animés. Tu ne pris même pas la peine de lui demander son avis, puisqu’après tout, elle était gracieusement payée par le gouvernement pour être là et jouer les porte-parole. “N’ayez crainte, vous représentez votre fiancé à la perfection. La prochaine fois, on s’arrangera pour faire décaler ses tournages, afin qu’il puisse profiter de la soirée à nos côtés.” Difficile de dire ce qui était le plus inquiétant entre ce “n’ayez crainte” sortant de la bouche d’un monstre de ton espèce, ou bien la menace d’une intrusion dans la vie professionnelle de monsieur Pureville. Avec les agents du gouvernement, on ne savait jamais véritablement à quoi s’attendre. Un décalage de tournage aurait très bien pu signifier le renvoi pur et simple de la star, sur un coup de tête d’une personnalité un peu trop haut placée. Mais quelles que soient tes arrières-pensées sur le sujet, tu les dissimulais toujours avec un enthousiasme certain derrière tes larges sourires de façade. “Je ne répèterai à personne ce que vous me confierez. Je suis même prêt à en faire un serment inviolable.” Un grand éclat de rire immanquable s’échappe d’entre tes lippes alors que ta boule de cristal prend une nouvelle photographie. Cette touche d’humour peu subtile mettrait certainement les talents de comédienne de Maeve à rude épreuve, et c’était justement l’effet escompté. Il était essentiel que l’égérie de Wizardgram conserve les apparences en toute circonstance. “Ma famille et moi ne manquons pas un seul épisode ! Je serais ravi d’assister au tournage entre deux évènements presse. Je ferai de la place dans mon agenda.” Il ne serait certainement pas très compliqué de trouver un créneau horaire entre ton essayage de costume pour le purity ball et ton soin du visage à base de bave de lutin de cornouaille. Quant à cette soi-disant famille que tu évoques, il était évident que cela faisait référence à la dépouille de Bellatrix (demeurée intacte grâce à une ancienne magie de conservation) et non au troll rabougri qu’était ton frangin Rabastan. “Mon assistant a préparé quelques questions à votre égard. Nous souhaiterions partager l’interview sur le profil Wizardgram du Ministère, si vous n’y voyez pas d’inconvénient.” Ces derniers mots sont uniquement là pour servir d'apparat, et ne relèvent que de la rhétorique. Avant de te lancer dans un nouveau monologue, tu saisis un verre sur le plateau d’un serveur de passage et le vides cul-sec comme s’il s’était agi d’un digestif particulièrement alcoolisé. Prenant bien soin d’afficher ton meilleur profil à la boule de cristal chargée de capturer ce moment, tu te raclas la gorge avant de commencer. “Alors, Maeve, si vous décidiez de stopper votre carrière de comédienne pour travailler au Ministère de la Magie, auprès de quel service postuleriez-vous ? Plutôt à la Values Brigade de Corban Yaxley, au trépidant Département des Mystères, ou bien au service des médias en ma compagnie ?” Que de choix exaltants ! A n’en pas douter, la soirée allait s’annoncer particulièrement longue pour Maeve Castellan.