Doxy, I'm sorry for what happened. Please make your way to Sweet River ASAP. I'll send you an owl next week so that we can meet. You'll be roomed with Dean and Lucjan. Dean will be out soon. Hendrix will bring you your stuff. Stay strong. — Alhambra

Missive en main, Cormac est apparu dans un crac! à la lisière de Sweet River en compagnie d'Elijah. La main de celui-ci s'est abattue sur son épaule d'un mouvement brusque mais réconfortant, et un sourire l'a accueilli quand Cormac a tourné la tête vers lui. "Ça va aller, mon grand." Elijah est un Halfer lui aussi, et il a passé la quasi-totalité de la semaine précédente au chevet de Cormac à la Fawkes. C'est un homme grand et solide, avec un sourire contagieux et des longs cheveux bruns qui recouvrent sa nuque, mais ne cachent pas les cicatrices argentées qu'on devine à l'orée de ses pulls épais. Cormac les a fixées pendant presqu'une heure, ces cicatrices, lorsqu'il l'a rencontré. Il n'a pas pu s'en empêcher. Elijah n'a pas été gêné, s'est contenté de sourire, de lui demander si il avait la moindre question. Cormac n'a rien dit.

"On y va?" Cormac ne dit rien, hausse une épaule et se laisse entraîner, renforgné. Sweet River est plus grand que ce qu'il pensait et n'a pas l'air aussi terrible que ce qu'il a entendu. Mais il imagine bien qu'on puisse devenir fou, coincé entre quatre murs contre sa volonté. C'était toujours le problème des hybrides, ça. Jamais le sien. Et maintenant...

Cormac renifle et se passe une main dans les cheveux, rattrapant Elijah qui est déjà en train de saluer les premiers sorciers sortis les accuellir. "C'est toi Cormac? - Ouais." On l'accueille comme si il faisait partie de la famille, on lui serre la main, l'épaule, on se présente. Cormac répond par monosyllabes, sourit un peu, reste évasif. "Tu déposes ton sac et on mange un truc? - Okay." Il monte les escaliers sans se faire prier, agressé par les odeurs et les sons mais essayant de ne pas le montrer. Chaque marche lui donne l'impression de faire un mètre, chaque pas est plus lourd que le précédent. Il va habiter ici, avec d'autres loups, d'autres vampires, d'autres êtres de l'eau, d'autres hybrides. Il est un hybride.

La chambre est vide quand il arrive après avoir demandé son chemin à un sorcier à l'air aussi sympathique que lui. Trois lits l'attendent, un seul semble occupé. Il pose son sac auprès de celui le plus proche de la fenêtre, disparaît dans la petite salle attenante à côté, tremblant. Cormac se passe de l'eau sur le visage, réprime un sanglot et regarde son reflet. Il se reconnait à peine, avec ces quatre lacérations qui traversent son visage comme les barreaux d'une prison, ratissent sa joue et descendent jusqu'à son épaule. C'est pas réel, c'est pas réel, c'est pas réel, c'est pas réel.

Un bruit dans la chambre. Cormac se redresse, glisse ses doigts dans ses cheveux pour les recoiffer, et sort de la salle de bains après s'être essuyé les mains. "Tu dois être... Luke-john?" bredouille-t-il, tout d'un coup intimidé, avec la peur (l'espoir) qu'on lui dise qu'il n'a rien à faire là. "Moi c'est Cormac." Il lui tend une main hésitante. "Euh... y'a pas de baignoire, c'est normal?" Ça reste mieux que la salle de bains unique de Sheffield et son matelas gonflable là-bas; mais repenser à la maison de banlieue où il a dû laisser Riley lui donne encore plus envie de pleurer, alors il bannit cette pensée de son esprit.

Lucjan, Cormac se répète en se disant qu'il a peut-être mal lu. Entre la correction - douce et ferme à la fois -, l'hésitation du jeune homme quant à lui serrer la main, et le fait qu'il se l'essuie ensuite, Cormac ne peut pas s'empêcher de penser avec une pointe d'angoisse qu'ils partent déjà du mauvais pied. Calme-toi. Une chose à la fois. C'est ce que Riley lui dirait, si elle était là. Respire. Les gens ne te détestent pas automatiquement. Respire.
« Oui. Ce n’est pas mon choix. » Cormac sent s'échapper d'entre ses lèvres une expiration qu'il était en train de retenir sans se rendre compte, et il hoche sèchement la tête, comme si il avait quoique ce soit à rajouter à ce propos. Il se sent stupide de demander après une baignoire - il a vécu pendant des années dans un camp improvisé du Lake District où ils se douchaient dans une rivière gelée la plupart du temps. Il s'est toujours imaginé que les planques plus posées - comme Sheffield, ou St James évidemment - cachaient des monts et merveilles en leur sein.

Mais il sait que Sweet River est... différente. Que sa position de planque a toujours été menacée par ses habitants. Cormac ne s'est jamais attardé sur la question. La perspective qu'il y soit obligé maintenante est terrifiante... « Mais si tu veux, je sais où en trouver une. Baignoire. Tu veux venir la chercher avec moi ? » Cormac cligne des yeux sans comprendre. Il y a un sourire rapide sur le visage de Lucjan, et quelque chose qui pétille dans ses yeux. « C’est mieux de s’occuper, les premiers jours ici. De ne pas rester enfermé. - Oui, bien sûr, je veux venir, avec plaisir, enfin, je peux t'aider, ça me dérange pas, non, j'ai envie," balbutie un Cormac bien trop eager de plaire, d'aider, de se sentir utile et, surtout, évidemment, accepté.

Avance. Pas à pas. Jour par jour. Ça va aller. Il fait un mouvement vers son sac pour récupérer sa baguette, les membres déjà agités de frissons à l'idée de sortir de cette chambre qui lui fait l'effet d'un mausolée en l'attente de cadavres. En se redressant après avoir refermé son sac, il voit quelque chose dépassé du coin de la chambre qui semble appartenir à Lucjan - un t-shirt de foot aux couleurs criant la défaite. "Hmm..." Il ne commente pas, trop maladroit pour faire la conversation pour l'instant, et se tourne plutôt vers l'autre.
Qu'est-il? Si il est ici, c'est qu'il est quelque chose. Un hybride. Il ne sent pas comme Elijah - qui est comme lui, un Halfer, et qui sent très légèrement l'odeur qui empeste cette pièce: le loup. Il ne sent pas non plus comme Johannes, que Cormac a rencontré rapidement à la Fawkes et dont la simple présence lui a donné envie de vomir. Non, c'est quelque chose d'autre. Quelque chose de salé, d'entêtant, qui lui rappelle des vacances en Cornouailles avec sa mère, des longues après-midi passées sur la plage, des horizons s'étendant à l'infini.

Cormac se force à déglutir. "On sera assez, à deux?" Il fait un geste vers le dernier lit inoccupé. "Je sais pas si Dean peut venir, ceci dit. Il est encore..." Le coeur de Cormac se serre (il a failli, Dean est presque mort par sa faute, il aurait dû le protéger, le tirer de là sain et sauf, il a déçu Sofia) et il reprend après une courte pause: "Quoiqu'il en soit, je te suis."

« Ça fera une surprise pour Dean, lorsqu’il nous rejoindra ici. » Cormac hoche lentement tête en entendant Lucjan, se détournant rapidment du lit mortellement vide de Dean pour ne pas se laisser engloutir par la culpabilité qui explose déjà dans sa poitrine. Ce sera le début d'une longue liste de choses qu'il fera pour se rattraper auprès de l'autre Gryffindor... « On devrait s’en sortir, à deux. - Super." Cormac emboîte le pas à Lucjan quand ils sortent, reste silencieux quand Lucjan s'explique face au regard surpris et méfiant d'Elijah, et lui promet au final de revenir le voir quand il pourra. La tape que l'autre Halfer lui pose sur l'épaule quand Lucjan et lui sorte est étonnament rassurante, et c'est le coeur léger que Cormac sort de Sweet River, sans penser au fait qu'il y sera de retour bien vite.

« Je peux ? » Cormac hoche la tête à l'adresse de Lucjan, qui lui attrape le bras et transplane. Il s'en détache bien vite quand ils sont sur place, alors que Cormac a les genoux tremblants à l'arrivée, coeur dans la gorge. Même l'intensité de la magie devient presqu'insupportable à cause de sa nouvelle... condition. C'est plus fort que lui, il suit la trajectoire de la main de Lucjan qui ne s'essuie pas sur ses vêtements cette fois. Il ne sait pas quoi en penser.

« Bienvenue à Kinloch Castle. » L'accent n'est pas mauvais, mais attire tout de même un sourire sur le visage de Cormac alors qu'il tourne à son tour les yeux vers l'imposante demeure. Il jette un regard aux alentours. Pas un chat, et, plus loin, la mer. "D'accord...?" tente-t-il de faire parler Lucjan, parce qu'il ne comprend pas très bien comment ce château moldu va leur permettre d'obtenir une baignoire. Mais l'autre hybride est déjà en train de lancer un sort pour s'assurer qu'ils sont bien seuls. Par réflexe, Cormac attrape sa propre baguette et le suit quand Lucjan le mène vers l'arrière du bâtiment.  « T’es déjà venu ? - Non. Ma famille passait ses vacances en Cornouailles ou dans notre maison de campagne près de Norwich." Cormac grimace pour lui-même en s'entendant, et tourne rapidement la tête pour ne pas regarder Lucjan et faire mine d'observer le château avec la crainte de se faire juger. "Je ne connais pas trop l'Écosse." Malgré le fait que tout le monde le tanne à cause de son nom ("it's gay-lick not gal-lick!"). "On essaye d'entrer?" s'empresse-t-il de rajouter pour noyer le poisson et l'écho du garçon qu'il a été un jour, et qu'il n'aimerait pas revenir. Après confirmation, sans se poser plus de questions que ça - il assume que Lucjan a plus d'expérience que lui en tant que cercle cinq, et qu'ils ont une très bonne raison d'être venus -, il s'approche de la porte à l'arrière du château et d'un rapide "Alohomora," la déverrouille puis l'ouvre d'un même mouvement.

Aussitôt, il est assailli par l'odeur de renfermé, de poussière et... quelque chose d'autre. Quelque chose de magique qu'il n'a jamais senti avant. Elijah l'a prévenu que ce serait difficile de s'habituer au début, et que beaucoup des sensations les plus intenses finiraient par filer dans le background. Pour le moment, Cormac ne peut que froncer du nez avant de se mettre à renifler automatiquement, cherchant la provenance de ce parfum qui lui rappelle très vaguement les couloirs bondés de Hogwarts et le charme indolent de Nick-Quasi-Sans-Tête... Il laisse passer Lucjan devant lui puis referme la porte derrière lui, allumant le bout de sa baguette pour les éclairer même si la bâtisse n'est pas encore particulièrement sombre: ils arrivent dans ce qui ressemble aux anciens quartiers des domestiques, cuisine qui prend la poussière et chambres étroites alignées le long d'un couloir. "Hm... et du coup, la baignoire, on va, euh..." Il réfléchit au bon terme, en faisant quelques pas dans la cuisine, surpris de voir à quel point elle est bien rangée. "L'emprunter?" propose-t-il avec un regard en direction de Lucjan.

«Oui. » Cormac garde son regard sur Lucjan même alors qu’il semble l’éviter et penche la tête sur le côté avant d’hausser les épaules. “D’accord.” Il ne connait pas très bien l’autre hybride, mais il assume qu’il sait ce qu’il fait et, de toutes manières, la propriété n’a pas l’air d’être habitée par des sorciers ou, pire, des Mangemorts. Ils ne devraient pas avoir trop de soucis à faire ce que veut Lucjan et Cormac est trop content de sortir de Sweet River (et de ne, peut-être, jamais avoir à y poser les valises) pour protester avec trop de véhémence.

Il n’a pas besoin de plus pour continuer de balayer l’endroit du regard, prêt à continuer. « C’est, euh. » Il reste silencieux en attendant l’explication - superflue mais appréciée. « Le château est abandonné. Il n’y a même pas de visites touristiques. Il appartient à la famille royale et… et ce serait juste un emprunt. On pourra la ramener quand on voudra, ou quand on trouvera mieux. » Okay, c’est donc définitivement du vol, ils n’ont aucun intérêt à être là et ils pourraient avoir des ennuis avec les têtes pensantes si ils se faisaient prendre la main dans le sac. Ils n’ont qu’à pas se faire prendre la main dans le sac.

Rien que comme ça, Cormac décide qu’il aime bien Lucjan même si il se sent gêné du fait qu’il refuse de croiser son regard. Il se demande si c’est à cause de ses cicatrices... à plusieurs reprises, elles fourmillent et Cormac a envie de les gratter mais la perspective d’attirer l’attention dessus est paralysante. Il se contente de dévisager Lucjan, le suppliant silencieusement de le regarder, et de ne surtout pas le faire. « Je ne crois pas que le prince Charles ait besoin d’autant de baignoires. » Il est sympa, et en plus, il est plutôt drôle. Même si, sur le coup, Cormac n’est pas sûr que ce soit une blague. “Y’en a beaucoup ici?” Et puis, après un clignement d’yeux. “Évidemment qu’il y en a beaucoup.” Il n’y connait pas grand-chose à la royauté, mais il sait qu’ils font dans le faste. « Ça te va ? - Nickel. Je te suis.” Il lui adresse un sourire encourageant avant de lui emboîter le pas dans la bâtisse.

Cormac reste vigilant, grimaçant à chaque fois que le plancher craque sous leurs pieds et quand l’odeur de poussière se fait plus intense encore. Il déglutit difficilement alors qu’ils montent à l’étage, baguettes en main, et fronce les sourcils quand ils arrivent au sommet des escaliers. Il pose une main rapide sur le coude de Lucjan avant de la détacher, pour l’alerter, et lui demande à mi-voix: "Il n’y a personne, c’est sûr? J'ai, euh." Ses traits se ferment alors qu'il cherche ses mots. "Une- une impression."