tw: douleur, sang, panique

Somewhere safe - le coeur de Carrie explose dans sa poitrine quand elle atterrit de son transplanage dans un craquement sinistre, une douleur fulgurante se réveillant sur sa hanche alors qu'elle atterrit à quatre pattes sur le seuil d'une porte qu'elle ne reconnait pas sur l'instant. Sa main tremblante vole jusqu'à sa taille, revient humide d'un sang vermeil terrifiant: désartibulation. Carrie enfonce ses ongles dans la plaie à vif en étouffant un gémissement de douleur, où se mêlent même quelques larmes. Somewhere safe. En relevant la tête, Carrie s'attend à voir se dessiner la décoration opulente de l'appartement de Jin, l'espace épuré de Stan, ou le bric-à-brac improbable du studio de Verdi; mais c'est seulement la façade de la maison miteuse de Liverpool de son Wolf le plus crasseux qui accueille son regard. En temps normal, peut-être aurait-elle quelques réticences à se faire inviter à l'intérieur, et quelques questions à se poser sur le pourquoi du comment elle associe la sécurité à ce triple idiot de Garfield - mais ce n'est pas un temps normal.

La respiration de Carrie s'accélère alors qu'elle a l'impression de sentir une poigne de fer se refermer sur sa nuque - est-ce que Bao l'aurait suivie? "Garfield... GARFIELD!" Sa voix enrouée ne porte pas, ou en tous cas elle l'entend très mal au-dessus du tumulte de son coeur battant frénétiquement dans sa poitrine, et d'autres larmes impuissantes tombent sur le trottoir crasseux. Quand elle se retourne, personne n'est là. Mais la mauvaise impression ne la quitte pas. "GARFIELD! GARFIELD!" Sa voix monte dans des aïgus improbable, ses joues prenant une teinte livide et grisâtre, ses cheveux virant au blanc - plutôt que la colère, c'est la panique qui lui redonne sa petite forme de monstre et d'hybride, la laisse tremblante et pathétique à voir dans le noir une ennemie (?) qui n'y est pas.

Quand la porte s'ouvre dans un grincement, les pleurs redoublent et Carrie trouve tout juste la force de se jeter en avant dans les jambes de Garfield comme un enfant éploré pour le pousser à l'intérieur. Des mots commencent dans sa bouche, explosent dans sa poitrine, ricochètent dans son crâne, mais rien ne sort à part des sanglots étouffés et des respirations hachées douloureuses. "Garfield, please, we need--" Il faut prévenir tout le monde, ils ont Jin, ils savent, ils vont tous mourir, ils ont Jin, ils ont forcément Jin, ils savent, et il y a trois mille choses à faire, mais rien ne fait de sens, et elle a peur, et elle a mal, et elle est confuse, et rien n'a jamais été aussi clair, et ils ont Jin-- "G-Garfield," chouine-t-elle en le cherchant à travers ses yeux flous de larmes, le corps en feu, le coeur prêt à exploser. Ses doigts se referment enfin sur ses épaules une fois que deux mains bourrues l'ont mises sur pied, et elle s'effondre contre lui sans retenue en relâchant toute la pression.

Se remettant avec peine de toutes ces festivités (vraiment, c'est plus de son âge), Garfield était à moitié endormi, à moitié cauchemardant, affalé au fond de son canapé avec une émission de téléréalité en fond sonore, une main écrasant une cannette (jusqu'au sang) et l'autre à ça de finir dans son futal.
Help! Help us, sir, please! Please let me out! I'm so cold! GARFIELD! i'm starving! i want to see my mom! i want to die, sir! it hurts! i can't! GARFIELD! help! help me! let us out! it's dark! i'm scared! i can't take it anymore! Please! help! GARFIELD!

Garfield ouvre ses yeux bouffis. En se redressant brusquement, il se cogne les pieds dans sa table basse, renversant les cadavres de bière qui s'entassaient en une pyramide branlante. Il s'extirpe du canapé en jurant, remontant élégamment le pantalon qui se faisait la malle sur son cul. Il n'entend plus les appels au secours (ceux de l'extérieur, pas ceux à l'intérieur), mais c'est limite plus mauvais signe qu'autre chose, aussi il se précipite pour ouvrir la porte.  

Il ne reconnait pas Carrie tout de suite. Son cœur se décroche et tombe au fond de sa poitrine quand il découvre la petite silhouette rabougrie et misérable de son boss sur le pas de sa porte.
Il va pour lui sortir un "c'est nouveau cette couleur" mais les sanglots de Carrie remontent jusqu'à lui et il se dit que c'est définitivement pas le moment.
"Garfield, please, we need— G-Garfield" "What the hell is going on?" qu'il grimace, confus comme jaja. Il passe une main sous l'aisselle de la jeune femme pour la redresser tandis qu'elle s'est vautrée dans ses jambes. Elle pèse rien, c'est pas un soucis, mais Garfield sent quelque chose de poisseux patiner ses doigts. "Woh, boss, you're bleeding!" Fine observation qui met finalement Garfield en branle. Sans la lâcher, un bras ceinturant sa taille avec précaution pour ne pas toucher la plaie, il referme la porte d'un grossier coup d'épaules, s'affairant pour fermer le verrou d'une main (comme si ça allait empêcher un sorcier de rentrer, mais soit).

"We need to patch you up," réplique-t-il, en la portant à moitié jusqu'au salon, son cerveau mis en pause, malgré les cris, bien qu'il brûle de questions qui parfois, débordent de sa bouche sous forme de grognements agités.
D'un agile coup de pied, il débarrasse le canapé des détritus de ses soirées solitaires et aide Carrie à s'allonger sur le côté encore en un seul morceau, relevant sa tête avec des fringues roulées en boule. Il pose sa grosse patte sur son front moite. "Stay with me, kiddo, don't fall asleep, alright?" Il chasse le souvenir de ses paroles prononcées trop de fois.

Il accio du linge propre (on entend un gros boum dans la pièce d'à côté, comme si le linge s'extirpait de sous une pile d'autres merdes). L'alcool pour désinfecter, lui, est plus facile à trouver. Il s'en boit une gorgée au passage pour se donner du courage, et après avoir imbibé les tissus, il referme les petites mains de Carrie autour du fond de bouteille. "You might want to chug it, kiddo."

Sans ôter sa main du front de Carrie, son pouce caressant la ligne torturée de ses sourcils (une sensation tiède et un peu réconfortante, bien que bizarre à cause de ses doigts manquants), Garfield imprime les compresses trempées contre la plaie crevant la hanche de la jeune femme. Ses gémissements de douleur (s'il y en avait) viendraient s'imprimer parfaitement avec ceux qui résonnent déjà sans relâche dans sa tête. "For fuck sake, Carrie, what happened to you?"

tw: mention de mutilation, de traffic d'enfants, d'avortement forcé, sang, douleur, panique

Carrie se souvient de la premère fois où elle a cru qu'elle allait se vider de son sang. Elle était encore petite, à peine une ado, et c'était dans la maison de Blake. Elle s'était réveillée avec un mal de ventre et de la nausée, et s'était mise à saigner pendant le petit-déjeuner. Blake lui avait dit de rester alors que les autres étaient partis faire la manche comme tous les jours. Elle avait passé les trois jours suivants dans un lit imbibé de sang, la douleur seulement apaisée par le thé pourvu par Blake. Plus tard, elle avait appris que ce dernier était fait avec de l'opium. Plus tard, elle avait aussi appris qu'elle était tombée enceinte, qu'on l'avait débarassée de ce problème, et de la source de ce dernier aussi. Qu'on l'avait littéralement vidée d'un organe comme on fait la vidange d'une voiture, et qu'on s'attendait à peine à ce qu'elle survive.

Mais elle avait survécu.

Le début d'une longue liste de mauvaises décisions.

"What the hell is going on?" Cette douleur est différente, elle est tranchante et profonde, réveille un feu incandescent sous sa peau, dans son ventre, dans sa poitrine, jusqu'à sa nuque. Elle l'aveugle et l'assourdit, et Carrie ignore si c'est la désartibulation ou la terreur que Bao a instillé en elle en détruisant l'intérieur de son appartement et les restes palpitants de son coeur. "Woh, boss, you're bleeding! - I need- I need--" Son coeur bat si fort et si vite, il va finir par clamser. Carrie ne sait même pas comment réagir, si elle doit hurler ou gémir, se battre ou abandonner; elle se laisse traîner par son Wolf, ses doigts s'enfonçant dans son épaule alors qu'elle gémit à la moindre vibration qui réveille la douleur de ce gouffre béant sur sa hanche.

Garfield continue de dire des choses inutiles en la traînant vers son salon miteux, et Carrie gémit de douleur quand il l'allonge sur le canapé avec maladresse. Elle se sent tourner de l'oeil, gémir un peu plus. Si seulement Verdi était là, si seulement Stan était là, si seulement Jin était là, sauf qu'ils ont Jin, ils ont Jin, et le coeur de Carrie remonte dans sa gorge avec un début de nausée à cett pensée. "Stay with me, kiddo, don't fall asleep, alright? - Don't fucking--" Les protestations meurent dans un gémissement alors qu'elle se contorsionne pour l'empêcher de s'éloigner (dans un élan de peur qu'il l'abandonne). La douleur et les larmes rendent sa vision floue, elle ne comprend rien à ce qu'il se passe, à ce que Garfield lui met entre les mains. "You might want to chug it, kiddo." L'odeur est reconnaissable, et Carrie ne fronce même pas du nez en s'exécutant avec des doigts tremblants, la bouteille lui faisant mal aux dents quand ça s'entrechoque.

La brûlure de l'alcool fait monter de nouvelles larmes amères à ses yeux et elle gémit de plus belle à mesure que Garfield appuie d'autres compresses de tissu sale sur sa blessure. Sa main sur son visage est étrangement réconfortante, et sa paume plus douce qu'elle aurait pu deviner. "For fuck sake, Carrie, what happened to you?" Elle gémit de plus belle alors qu'il fait pression sur la plaie, son corps tressautant pour essayer de lui échapper, gigotant comme un insecte sous le coup de la douleur, la confusion et la peur. "The Wangs, they- shit, they have Jin, Garfield, they have Jin." Les larmes se remettent à couler sur son visage, brûlantes et embarrassantes, salées quand elle en sent certaines finir leurs courses sur ses lèvres. "Got splinched- fuck- Garfield, it hurts, dO SOMETHING!" La bouteille tombe quand elle la lâche, et une main tremblante vient aggriper l'épaule de Garfield, cavaler jusqu'à sa gorge pour l'étrangler ou trouver un soutien quelconque, difficile à dire. L'air se charge d'ozone en réponse à sa magie qui commence à faire trembler les meubles comme un mauvais spectre, ses ongles s'enfoncent dans le cou de Garfield sans douceur et toujours ces larmes qui lui font mal à chaque fois qu'elles sortent. "You need, you need to get the others, Mao, Verdi... oh fuck." Carrie ferme les yeux en laissant tous ses muscles se crisper. "DO. SOMETHING."

Garfield empile les compresses sur la plaie. Il appuie et éponge, mais en même temps, il a peur de l'écraser; parce que c'est sûrement la première fois qu'il touche Carrie, et la différence de corpulence semble encore plus flagrante quand il sent la minceur de sa taille et les côtes sous la peau meurtrie, les tremblements et les hoquets de son corps qui se refuse aux soins douloureux. C'est dérisoire, presque risible, de réaliser à quel point l'une des têtes de l'hydre Warlocks est aussi menue, aussi fragile, malgré la férocité de sa personnalité, la cruauté de ses décisions. Y'a un côté malaisant à ce qu'une gamine de vingt ans d'apparence mène d'une main de fer et de sang une armada de malfrats sous psychotropes magiques.
Y'a un côté dramatique à la voir pleurer alors que c'est legit plus de son âge que de buter des gens à tour de bras.
Ils devaient être vraiment désespérés.

"The Wangs, they- shit, they have Jin, Garfield, they have Jin." Il sait pas que Jin est bien plus qu'un simple Wolf comme lui, et qu'avec sa disparition, c'est carrément la place de Lion qui est en jeu. "Your wound, is that—" "Got splinched- fuck- Garfield, it hurts, dO SOMETHING!" Garfield grogne et arrache sa baguette fichue dans la poche arrière de son jean (il se souvient seulement qu'elle est là parce qu'elle lui rentrait dans le gras du dos pendant qu'il roupillait).

A cet instant, elle est plus que jamais juste une gamine qui chouine, and yet, Angus ne s'est jamais montré aussi diligent à la servir. Il a même pas à réfléchir, ses mains s'animent toutes seules. Lui qui avait fait du mal à des enfants pendant tant d'années, il retrouve avec moins de difficulté qu'il le pensait comment leur venir en aide (ah, quel gâchis...). Dans le délire des cris dans sa tête, il se revoit porter secours à la gamine qu'il avait poursuivi un jour, dans la rue, et qui s'était faite renverser par une voiture par sa faute. La fragilité du corps est la même, trop de sang dans si peu de chair.

Des canettes se cassent la gueule dans le background, le ramenant à lui. Toute la pièce tremble comme si elle n'était qu'un prolongement de Carrie.
Il bronche à peine quand elle s'agrippe à lui, lui griffant le cou, les clavicules, appuyant sur sa pomme d'Adam. Un move qui parait bien insignifiant quand le flot de sa magie était capable de faire voler une pièce en éclats d'un instant à l'autre.  
Il cherche en vain le sortilège adéquat pour rafistoler cette plaie beaucoup trop béante, beaucoup trop grosse pour sa taille. Elle fait comme un genre de spirale et, dans les hallucinations propres à la douleur mentale, il a l'impression qu'elle grossit à vue d'œil.

"You need, you need to get the others, Mao, Verdi... oh fuck. DO. SOMETHING—" "Shut up!" aboie-t-il soudainement, aussi bien pour les voix intérieures que pour les ordres fiévreux de Carrie. Sa main quitte le front de la jeune femme, attrape ses griffes. "Shut. Up. Now is really not the time for you to give me any orders, ok? I ain't going anywhere; they'll be fine!"
Il songe quand même à convoquer un dog pour aller faire le tour des têtes dorées du gang. Mais là, tout de suite maintenant, c'est Carrie qui est sous sa responsabilité. "It's fine, qu'il répète, comme pour se persuader lui-même. They have Jin, so what? You're way more important than him; so you need to calm the fuck down and let me patch you up!" Il garde ses doigts comprimés dans l'une de ses mains, maintient avec force tremblements sa baguette dans l'autre, marmonnant des sortilèges qui ne s'extirpent qu'en gerbes inoffensives et inutiles de sa baguette.

Elle finit par glisser de sa main poisseuse de sang, et Garfield se met à voir trouble. "Fuck! What's wrong with you?! Do you lack self-preservation that much?!" gémit-il avec rage.
Y'a toujours eu un truc spécial entre Jin et Carrie, après tout, ils venaient du même background sombre et partageaient même un nom de famille. C'est peut-être ce genre de liens, du sang, d'un autre sang que celui qu'on partage, le sang des autres qu'on partage, que Garfield peut pas saisir. Parce qu'il s'est toujours gardé de se rapprocher autant de qui que ce soit. Et que dès qu'il avait vaguement l'impression que ça arrivait, c'était pour se voir arracher l'autre aussitôt. C'est ce que semble lui promettre, dans un silence assourdissant (malgré le vacarme), la blessure de Carrie.

tw: douleur, panique, langage cru, insulte créative

Carrie est loin d'être étrangère à la douleur, mais elle y a toujours été douillette tout de même. Parce que souffrir veut dire être vulnérable, et être vulnérable veut dire être à la merci de tous ceux qui ont un jour chercher à se servir d'elle, à la tuer, à la torturer, à la baiser - des hommes comme Garfield, grossiers et terribles, leurs regards pesants et leurs mains puissantes la réduisant à un tas de nerfs et d'os sur le point de se casser.
Et là encore elle est sur le point de se casser. Le monde devient douleur, et la perte de contrôle sur ce corps qu'elle déteste tant fait souffler un vent de panique dans la poitrine de Carrie qui ne sait plus trop si elle veut que Garfield dégage chercher quelqu'un ou reste avec elle: sous sa main aux ongles limés pour faire mal, elle sent chez lui une solidité qu'elle recherche désespérément et une puissance qu'elle déteste de tout son corps, et elle ne sait pas quoi en faire.

Heureusement que Garfield a un trait de génie inattendu qui a le mérite de faire momentanément taire cette panique enfleant dans son sein. "Shut up!" C'est tellement inattendu qu'elle ne sait pas quoi répondre, yeux écarquillés et main s'enfonçant un peu plus sur sa gorge. "Shut. Up. Now is really not the time for you to give me any orders, ok? I ain't going anywhere; they'll be fine!" They - à cent à l'heure, Carrie passe en revue les têtes dorées des Warlocks qui lui tiennent à coeur. Verdi, Stan, Jin, Elias, Maxim, Harper, Yanli, Sonia, Selma, Zora - comment est-ce que Garfield peut en être aussi sûr? Si ils ont Jin... si ils ont véritablement Jin... si ils ont lâché le chien sur elle... "It's fine. - You don't under-- - They have Jin, so what? You're way more important than him; so you need to calm the fuck down and let me patch you up!" L'abysse profond de l'intelligence de Garfield prend Carrie au dépourvu. Est-il obtus à ce point?

Carrie gémit quand il serre sa main dans la sienne, réalisant seulement qu'il l'a attrapée quand ses doigts commencent à lui faire mal. Sa peau pâle fait ressortir les veines bleues comme des cordes sous son épiderme trop fin, et elle essaye de refermer ses ongles autour de la patte de Garfield, en vain. Il va lui briser le poignet à ce rythmne. "Do something," grince-t-elle alors, admettant silencieusement qu'il a raison. Mais les gerbes s'échappant de sa baguette sont aussi moches qu'inutiles et quand elle lui glisse des doigts, Carrie a soudainement envie de lui arracher les yeux. "Fuck! What's wrong with you?! Do you lack self-preservation that much?! - You're hurting me you fucking stupid ass, thick skulled, bone headed, moronic, cretinous, bitch ass piece of fucking SHIT! IT HURTS, GARFIELD!" Les larmes continuent de couler, et Carrie découvre avec beaucoup de dégoût et de pitié que sa poitrine se soulève aussi de sanglots qui l'étouffent à moitié, dans un désespoir très peu caractéristique qui la rend malade de honte et d'angoisse.

Sa longue tirade, familière et facile à sortir, a le mérite de la calmer très légèrement. "FUCK YOU!" Elle envoie sa main libre, fermée en poing, vers la mâchoire de Garfield - bras trop court, elle manque juste de tomber du canapé défoncé sur lequel elle est en train de se vider de son sang. Elle s'égosille comme un poisson hors de l'eau. Elle n'a même pas envie de répondre à cette accusation injuste; elle n'a même pas envie de se battre; elle n'a même pas envie d'admettre qu'il a raison; alors elle essaye de le frapper de nouveau, de retirer en même temps sa main coincée dans la sienne, et de faire quelque chose pour faire réagir cet âne mort qu'elle a pour Wolf - "fucking knock me out, Garfield, before I fucking MURDER YOU."

Garfield s'essuie le nez et les yeux tandis que Carrie lui gueule dessus. Il sait absolument pas pourquoi il pleurniche, mais ça y va. "You're hurting me you fucking stupid ass, thick skulled, bone headed, moronic, cretinous, bitch ass piece of fucking SHIT! IT HURTS, GARFIELD!" Même si tout son corps épais est secoué de sanglots incontrôlés, il se dit que si elle a la force de lui pondre une liste d'insultes aussi interminables, c'est qu'elle ne va pas si mal que ça; ça pourrait aller mieux, c'est sûr, mais sa vie n'était plus en danger sur l'instant (du moins pas comme ça). Garfield retrouve un peu de la Carrie habituelle, tyrannique et grossière, et in some ways, ça le rassure, et lui arrache même un trait de sarcasme: "Well, sounds like it doesn't hurt enough for you to shut u—!" "FUCK YOU!" Carrie lance difficilement son microscopique poing dans sa direction. L'audace arrache à Garfield un haussement de sourcils qui lui décollent à peine les yeux et il arrête le poing avec une facilité déconcertante, se retenant gros comme ça de le lui réduire en miettes. "Oi, calm down, kiddo!"

Il rabat son poing contre l'oreiller de fortune, balance sa baguette de côté après avoir amené à lui un set de soins, moldu, cette fois-ci. "Fucking knock me out, Garfield, before I fucking MURDER YOU." Imperméable à la menace, il jette un œil bovin sous les compresses imbibées de sang. Puis le Wolf marmonne, la patience malmenée. "You throw your tiny hands at me one more time, I swear to Merlin I'll knock you out."
Il continue de soigner la plaie, assailli par les cris imaginaires et les pleurnichements bien réels de Carrie. "I'll need to stitch you up, you sure you don't want to pass out?" Un coup d'œil dans sa direction, accueilli par un fusillement du regard de Carrie, fiévreux. "Suit yourself." Il hausse une épaule et amorce l'opération avec laquelle il était étrangement familière, du fait de ses propres écarts de comportement.

De temps à autres, il grommelle un "Don't move" à peine intelligible. Il espère qu'au bout d'un temps, la pauvre jeune femme va laisser son corps se shut down un coup, histoire de se calmer. Mais d'un autre côté, il peur que le silence ne soit de mauvaise augure; ce silence-là. "Why don't you use your last drops of spite to explain what the fuck is going on? Hm?" Il arrose régulièrement la plaie et son gosier d'une rasade brûlante d'alcool de contrebande, essuie des gouttes de sueur perlant de son arcade bouffie, tamponne doucement le front trempé de Carrie. "Where the fuck is Jin?"
Il comprend rien à ce qui se passe. Quelques jours auparavant, tout le Syndicat roulait sous la table du cabaret Warlocks, à la suite de l'annonce du mariage de Machin et Machine. Autant d'alliances dont Garfield était censé être au courant, mais dont il ne se souciait réellement que si elles influençaient son propre trafic. Et puis, il faut dire que ce soir-là, il avait eu la main particulièrement lourde sur l'alcool.

tw: douleur, mention de ptsd, langage cru

"You throw your tiny hands at me one more time, I swear to Merlin I'll knock you out." C'est l'entendre lui refuser cette dernière grâce qui mène Carrie à bout - les larmes, silencieuses mais amères, redoublent à la lisière de ses yeux et sa poitrine continue de s'arc-bouter désagréablement sous le poids des sanglots qui les accompagnent. "Fuck you, fuck you, FUCK YOU!" Mais rien n'y fait: avec un zèle sérieux qu'elle n'aurait pas soupçonné chez lui, Garfield s'occupe d'elle et de sa blessure béante malgré ses protestations et ses poings faiblards qui volent dans l'air comme des moustiques.

"I'll need to stitch you up, you sure you don't want to pass out?" Elle en a envie plus que tout au monde. Quand elle est inconsciente, ce qui arrive à son corps arrive à quelqu'un d'autre. "Suit yourself." Elle ne trouve pas la force de répondre, et se laisse plutôt avaler par la douleur et par les larmes, une main crispée dans le tissu de son pantalon de pyjama couvert de sang et l'autre refermée autour du coude de Garfield qui s'attelle à la tâche.

Carrie ferme les yeux et repense au visage de Bao, à sa rage, à sa colère. Elle repense à Jin, et aux Wang, et au Syndicat. Ils ont vécu un mensonge pendant un an, et voilà que les pêchés de leur Lion les rattrapent: ils ne vont pas s'en sortir, pas cette fois. Jin... elle ignore si c'est ses nerfs qui s'endorment, mais Carrie sent une impression glaciale lui geler les entrailles en pensant à son frère. "Why don't you use your last drops of spite to explain what the fuck is going on? Hm?" Carrie revient aux bords de la conscience avec difficulté, assaillie de nouveau par la douleur et la confusion, même si c'est désormais quelque chose qui pulse sournoisement plutôt que des élans enflammés. "They have Jin," est tout ce qui sort d'entre ses lèvres dans sa confusion, sans que ça ne fasse sens. "Where the fuck is Jin? - The Wangs. They- they have him." Même si cette pensée tourne en boucle dans sa tête depuis son arrivée, la formuler de nouveau à voix haute la rend bien réelle; Carrie essaye de se redresser et de s'asseoir, et s'accroche aux bras de Garfield qui se tendent immédiatement pour l'y empêcher. "Dancing Phoenix. We need to go there - get Kamala, Elias, Mao, everyone- fuck, Garfield, stop--" Elle essaie de nouveau de se débattre. "We need to go!"

Ses ongles s'enfoncent dans les bras noueux de Garfield, et son regard trouble s'enfonce dans le sien, à peine discernables sous ses lourdes paupières. Elle déteste ce visage cruel et sale qui a causé la perte de temps de gamins comme elle. Si elle a toujours apprécié la loyauté étrange du Wolf, elle s'en est toujours méfiée aussi.
Mais ce soir, elle n'a pas d'autres choix. "Take me to the Dancing Phoenix," marmonne-t-elle. "We--" Comment lui expliquer la situation, déjà confuse pour elle, qui aura du mal à se faufiler à travers son crâne trop épais.
Un élan de douleur dans son flanc, à moitié (et mal) recousu la fait se crisper et gémir. Elle griffe Garfield à la recherche d'une accroche en vain, avant de brusquement se détendre dans ses bras et le laisser la rallonger. "Take me to the Dancing Phoenix when you're done. This- this is war," bredouille-t-elle, confuse, avant de complètement se laisser avaler par l'inconscience - cette fois, sans la moindre once de soulagement.