(mom & son) à coeur ouvert

À COEUR OUVERT

septembre 2007 w/ @PERCIVAL WEASLEY

Tu avais tout organisé jusqu'au moindre détail : de la décoration choisie de la teinte parfaite de sa couleur préférée, aux mets que tu avais cuisiné toute la journée selon les gouts exacts de ton fils. Le timing avait été réfléchi à la minute prêt afin que ma surprise soit totale. Pendant les jours qui avaient précédés la date fatidique, tout n'avait été qu'organisation et prévision. La tornade Molly dans toute sa splendeur, au grand dam de ceux qui avaient subi ton enthousiasme débordant. Il y en avait eu, des soupirs et des haussements de voix face à ton irrépressible envie de tout contrôler. Tu étais comme ça, Molly la tigresse, prête à tout pour tes tiens. Et en ces temps troublés, quoi de plus important que de satisfaire ton fils à l'occasion de son anniversaire ? Un peu en retard, certes, mais les récents évènements ont décalé la plupart des agendas. Mais la surprise n'en serait que plus belle.

Et elle le fut.

La soirée avait été fabuleuse. Il faut dire que rien ne te rend plus heureuse que de voir ta famille réunie. Il y eu des rires, des blagues, des anecdotes racontées et des regards échangés. Tu as pu tenir Hope dans tes bras sous le regard bienveillant de Fleur. Tu as pu l'espace de quelques heures, oublier ces sombres semaines. Juste profiter de l'instant. De ces moments ô combien précieux. C'est pour eux que tu ne cesses de te battre, que tu remues ciel et terre à t'en oublier. Ce genre de moment te maintiennent en vie d'une certaine façon. Ils sont comme une lumière après la nuit. Et alors que la soirée tire doucement à sa fin, tu embrasses ceux qui rentrent chez eux ou vont se coucher. Épuisé, Arthur n'est pas resté tard. D'un coup de baguette magique, tu ensorcelles éponge et brosse afin de lancer la vaisselle. La fatigue est présente, elle marque ton visage de rides prématurées et de cernes sombres. Elle pèse sur tes os. Pourtant, tu aimerais que cette journée s'éternise, tu te refuses à aller te coucher et à passer à une nouvelle journée. Les quelques verres de vin masquent les effets de la fatigue, aussi tu attrapes une bouteille d'un vieux scotch écossais ainsi que deux verres que tu viens poser sur la table. Percy est encore là et malgré sa trentaine passée, tu le couves d'un regard plus évident que ne pouvaient l'être des mots. Tu ne cesses de penser à ce bébé roux que tu as porté, vu grandir, évolué. Parfois s'éloigner, mais toujours revenir.

Tu t'installes face à lui, vous versant deux verres de boisson ambrée. L'odeur de l'alccol vient titiller tes narines. Est-ce vraiment raisonnable ? Qu'importe, tu aimerais prolonger cet instant mère et fils. Jusqu'à l'éternité. « Promis, je ne te ferais pas le laïus de la mère qui se rappelle du jour de ta naissance comme si c'était hier, j'ai assez raconté cette histoire pour tes trente ans. » Tu inclines le verre pour laisser le liquide en napper sa surface lisse. « Encore un joyeux anniversaire mon fils, j'espère que tu auras apprécié cette soirée. Et que je n'en ai pas encore trop fait ! » Tu lèves ton verre. À lui. À toi. À vous.

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à coeur ouvert

septembre 2007, Fawkes Learning Center | @Molly Weasley

Il a eu peur Percy. Peur de s’être finalement trop éloigné pour que ses parents cherchent encore à le rattraper. Peur d’avoir été si mauvais dans son rôle de fils qu’on ne prenne plus la peine de chercher à avoir de ses nouvelles. Peur d’avoir été voler si loin qu’on ne veuille plus de lui dans le nid, le jour où il se sentira capable d’y revenir. Il a eu peur parce que cette année, on n’a pas fêté son anniversaire. Il a reçu quelques sms mais c’est tout. La date est passée inaperçue sur le calendrier. Le dernier ne s’était pas exactement déroulé comme voulu, il s’était éclipsé avant l’arrivée du dessert. Ça avait été trop pour lui. De l’amour où qu’il pose les yeux, des couples heureux, il avait essayé. Vraiment, essayé. Mais non, c’était trop. Alors il a eu peur cette année. Peur qu’on en ait eu assez d’essayer avec lui. De toute façon, les autres sont plus importants, ils ont un vrai rôle autant dans la famille qu’au sein de l’Ordre. Lui, il est juste Percy. Un gars qui réfléchit parfois trop et qui tend aussi à fuir un peu trop le monde depuis deux ans sans pouvoir totalement s’en passer.

Quand il a reçu le message de sa mère, il a paniqué.

Elle allait vouloir le voir, lui parler, lui expliquer qu’elle a tout fait pour lui, mais que c’est trop tard. Il s’est trop éloigné.

Encore une fois, il a merdé.

Encore une fois, il s’est trompé.

Personne ne l’a oublié.

Sa mère, sa maman, avait organisé un repas en son honneur – une surprise, même ! Un peu en retard, mais l’agenda avait été chargé, il l’avait reconnu lui-même. Les chaises autour de la table avaient été occupées, les assiettes remplies et ça lui avait plu. Derrière le mur de pierre, son petit cœur avait fondu devant tant d’amour, un phénomène qui n’était pas arrivé depuis longtemps.

Un sourire reconnaissant passe sur son visage quand elle évoque le fameux laïus, ils y ont tous eu droit au moins une fois. Moment un peu gênant, mais passage obligé pour un enfant Weasley semblerait-il, peu importe son âge et peu importe qui se trouve dans la pièce à l’instant où l’histoire commence. Il lève son verre vers le sien avant d’en prendre une gorgée. Rien à voir avec le vin qui coulait un peu plus tôt de la bouteille à leurs verres. « Merci maman. C’était parfait. » Vraiment, il le pense. Est-ce qu’elle en avait trop fait ? A une époque, il aurait certainement dit que oui. Il peut facilement l’imaginer faire trembler les murs pour obtenir le résultat souhaité. Aujourd’hui ? « Tu as fait juste ce qu’il fallait, ni trop, ni pas assez. » Juste ce qu’il fallait pour qu’il sente qu’il a peut-être encore une petite place au sein de la famille Weasley. Un bien beau cadeau. « Merci. » Le mot revient, à croire qu’il ne lui a jamais assez dit. Et il aurait pu s’arrêter là. Finir son verre trop vite, embrasser sa mère sur le front et rentrer à Little Italy. Mais il n’en fait rien. Il reste, bien installé sur sa chaise. D’un petit mouvement de la main, il désigne la bouteille qui trône entre eux sur la table. « Hm. Très bonne bouteille. » Le genre de bouteille qu’on sort pour les grands évènements ou pour les conversations sérieuses. Est-ce que l’heure est arrivée ? Après une belle soirée, elle va lui demander des explications sur son attitude ? Lui dire à quel point elle est déçue ? « Je suis désolé de pas passer aussi souvent qu’avant. » Il pourrait prétendre être occupé. Mais occupé à quoi ?

Il va regretter tout l’alcool ingéré ce soir, il le sait, il voit le truc venir. Un Percy qui boit, c’est un Percy qui parle, mais peut-être que s’il fait attention, tout se passera bien.

À COEUR OUVERT

septembre 2007 w/ @PERCIVAL WEASLEY

Aussi loin que tu t’en souviennes, tu as toujours su qur tu voulais une famille nombreuse. Tu t’imaginais entourée d’enfants dans une grande maison, riant avec eux en leur préparant de bons petits plats. Image parfaite semblable à celles des publicités animées qui se glissent entre les pages de sorcières hebdo. Malgré le manque de moyens, malgré votre jeune âge quand votre aîné est né, malgré les peurs et malgré les épreuves, tu as toujours su qu’ainsi été ta voie. Tu es une mère, une maman. À la fois mère ourse et maman louve. Et rien ne te rend plus heureuse que d’entendre les rires de tes enfants, de les voir grandir et évoluer. S’aimer et aimer. Vivre et non survivre. Tu as porté 7 enfants. Au creux de ton corps, niché dans tes chairs. Tu te rappelles de chaque moment partagé lors de ces mois de symbiose. Et, malgré cette nombreuse fratrie que tu as enfanté, tu te sens connectée à chacun de tes enfants. Un lien particulier vous uni, aussi singulier que vos personnalités. Il est construit de vos souvenirs et de vos attentes, de vos disputes et de vos rires. Autant de pierres à votre édifice. Certaines relations sont plus compliquées que d’autres, moins évidentes. Mais elles n’en sont pas moins précieuses. C’est le cas avec Percy.

Percy a toujours été le plus ambitieux des sept, avec une volonté farouche de réussir. Pas par nombrilisme, ni par volonté de tout écraser sur son passage. Non, pour réussir, briller, vivre heureux. Vous rendre fier et se rendre fier. Parfois, il s’est éloigné. Souvent, vous vous êtes éloignés car vous n’arriviez plus à vous comprendre. D’avoir voulu voler trop haut, il a pu perdre le chemin de la maison. Ou alors, à trop vouloir le garder auprès de toi, tu l'as étouffé. La vérité est libre d’interprétation et n’est finalement pas si importante.

L’important, c’est de se retrouver. Sans oublier, toujours en avançant. Ensemble, à votre rythme. Et c’était aussi le but de cette soirée. Célébrer, le célébrer. Percy, ce fils que tu as détesté voir s’éloigner, que tu n’as jamais cessé d’aimer. Le remercier, d’être celui qui l’est. De marquer, cette nouvelle année de sa vie, comme une rétrospective du chemin parcouru et un regard vers l’avenir. Une soirée hors du temps, comme avant. Avec des rires et des discussions endiablées, rythmées par ces blagues que l’on a entendues des centaines de fois. Celles pour lesquelles on râle, mais qu’on ne se lasse pas d’entendre même si l’on s’amuse à prétendre le contraire. En ce moment, tu souhaites le prolonger. Ne pas plonger dans ton lit à la recherche d’un sommeil qui ne viendra pas. Tu préfères partager ces quelques instants avec ton fils, car le passé t’a appris qu’on ne profite jamais assez. Les remerciements de Percy te touchent car tu les sais sincères, ça se voit à ses yeux. Souvent, on te reproche de trop en faire, d’être trop possessive, trop présente, trop mère poule, d’être étouffante. Tu as tendance à perdre le contrôle, à te laisser emporter par ton coeur qui est sans doute trop gros pour ton corps.

La boisson ambrée te réchauffe et te fait légèrement tourner la tête. Tu te sens légère, apaisée. À moins que ça ne soit la pression retombée ? Difficile à dire. Percy quant à lui, te semble soudainement un peu stressé, presque sur la défensive. Tu hausse un sourcil alors qu’il se confond en excuses. Ce n’est pas vraiment ce que tu attendais. Immédiatement, tu poses ta main sur la sienne. Te rappelant encore la sensation de ses mains potelées de bébé sous tes doigts. Aujourd’hui, ses mains dépassent les tiennes. « Je ne peux pas nier que ça me ferait plaisir de te voir plus souvent, c’est évident. Mais je comprends. Tu as ta vie, et tu as besoin parfois de t’éloigner. » Dans de pareilles circonstances, certains - comme toi - trouvent du réconfort en famille. Pour d'autres, c'est la solitude qui semble plus appropriée. « Tu sais, dans mon monde parfait nous vivons encore tous au Terrier et jamais vous ne quittez le nid, mais à force on se marcherait dessus. Et je pense qu’à force on ne se supporterait plus. » Puis ce temps là est loin, votre maison n’est plus la votre. Ça te manque. « Je veux que tu vives comme tu l’entends, et surtout en accord avec qui tu es, qui tu veux être. Tu n’as pas à te chercher des excuses, je veux juste que tu sois heureux. Et que tu n’oublies pas d’appeler ta vieille mère de temps en temps. » Un sourire, timide et embué de vapeurs d’alcool. « Je t’ai déjà dit à quel point j’étais fière de toi ? »

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à coeur ouvert

septembre 2007, Fawkes Learning Center | @Molly Weasley

Il regarde cette main qu’il a longtemps tenu, posée sur la sienne, douce, pleine de tendresse et en même temps si forte. Aujourd’hui peut-être plus que d’habitude il le remarque, sa mère est forte, c’est un pilier solide, un phare au milieu de la tempête qu’est leur vie. Et elle en parle de cette vie, sa vie à lui, même – une vie qu’il n’a pas, qu’il n’a plus – de ce besoin de s’éloigner qu’elle a bien entendu décelé. Un besoin de fuir, plutôt qu’il manque de corriger. Le Choixpeau à Poudlard l’avait envoyé au milieu des lions, la maison des braves, mais l’est-il seulement, brave ? Il ne s’est pas éloigné, il est parti, il a voulu s’échapper, trouver une issue sans jamais y parvenir. Il n’est pas courageux. Sa mère a décidément une vision bien trop belle de lui. Mais qui est-il pour la briser ? A-t-il seulement envie de briser cette belle image qu’elle semble avoir de lui ?

« Tu sais, dans mon monde parfait nous vivons encore tous au Terrier et jamais vous ne quittez le nid, mais à force on se marcherait dessus. Et je pense qu’à force on ne se supporterait plus. »

Dans son monde parfait à lui, il n’y a pas cette guerre. Il n’est plus au Terrier mais il fait l’effort d’y aller au moins une ou deux fois par mois. Dans cette réalité inexistante, il est heureux, vraiment heureux. Sa famille est en bonne santé, tout va bien pour eux. Il a retrouvé le sourire, l’ambition, il a un travail qu’il aime – un poste à responsabilité comme il en a toujours rêvé – et puis il a retrouvé l’amour, aussi. Mais tout ça, ce n’est que dans son imagination, ce n’est lorsqu’il se permet une pause, qu’il parvient à se détendre suffisamment pour imaginer une éclaircie dans cet horizon trop sombre.

Comme toutes les mères, elle ne souhaite que son bonheur et qu’il n’oublie pas de donner des nouvelles. Ce n’est clairement pas son fort, il met des jours à répondre à un simple sms alors un appel ? Mais il fera un effort. « J’essayerai d’y penser. » Il lui rend un petit sourire. Il essayera, parce qu’il ne peut prendre le risque de promettre ce genre de choses. Mais il tentera. Au moins dans les prochains jours.

« Je t’ai déjà dit à quel point j’étais fière de toi ? »

Ça le cloue sur sa chaise. Ses yeux se reposent à nouveau sur celle qui l’a mis au monde. Surpris.

Percy n’a de son point de vue jamais été un fils parfait, pas de quoi susciter une forme de fierté chez ses parents ou même sa fratrie. Il a essayé, beaucoup trop. Une fois, deux fois, dix fois même. Mais c’était bien une des rares choses qu’il n’était pas parvenu à devenir. Et pourtant, ce soir, sa mère dit être fière de lui. Il serait bien incapable de décrire les émotions qui l’assaillent tant elles sont nombreuses. Il est touché, c’est quelque chose de fort à ses yeux que de savoir que sa mère est fière de lui. Heureux, à n’en pas douter. Fier, aussi. Comment ne pas l’être un peu aussi ? Il a toujours voulu les rendre fiers, la rendre fière, lui prouver que tous les sacrifices qu’ils avaient pu faire n’avaient pas été en vain. Mais au milieu de toutes ces émotions positives, il y en a une qui résonne dans le fond. Elle est loin, mais on peut l’entendre si y prête attention. La honte ? La gêne ? Pourquoi est-elle fière de lui alors qu’il n’a rien fait de bien ces dernières années ? Par sa faute, il a perdu Penelope. Par sa faute, ils ont dû repenser le système de communication. Il n’a rien apporté à sa famille et encore moins à la cause qu’ils défendent tous.

« Je suis pas certain de la mériter. » Confession faite à mi-voix. Un peu honteux, comme les fois où il devait reconnaître avoir tort. « Comment tu fais pour continuer à croire en moi ? » Comment fait-elle alors que lui peine à le faire certains jours ? « Comment tu fais pour encore avoir de l’espoir ? » Comment tu fais maman ? On lui a souvent dit que les mères savent toujours tout alors il compte sur la sienne pour l’aider à y voir plus clair. Au moins un petit peu, tant qu'il est en mesure d'avoir ce genre de conversation.

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