tw: chirurgie, douleur, sang

"Hm... could you please stop moving?" Kingsley jette un regard noir au chirurgien magique qui est en train de lui reconstituer les os de la main, et se force à détendre les doigts de cette dernière autant qu'il le peut. Pas facile quand il est encore conscient - quoiqu'anesthésié - et qu'il peut voir les outils du sorcier réarranger tendons, os et vaisseaux sanguins à coups de magie discrète et grâcieuse... Ce n'est pas la première fois que Kingsley se retrouve sur le billard pour cette foutue main - ni la deuxième, ni la troisième -, mais il espère que ce sera la dernière. Ça fait plus d'un mois qu'il ne peut pas utiliser pas utiliser sa baguette, et autant dire que ce n'est pas un avantage quand la quasi-totalité des gens avec lesquels vous vivez ont une franche envie de vous casser la gueule.

Après la dixième gueulante à six heures du mat' autour d'un café, Sofia a fini par gentiment indiquer à Kingsley qu'il devrait peut-être habiter ailleurs qu'à St-James. Et puis, en tant que simple cercle cinq, normal qu'il puisse avoir une planque sous son commandement. Même si il serait le seul à y vivre. Et que personne ne viendrait le voir. Et qu'il n'aurait pas de mission particulière à accomplir.

Juste le temps qu'ils se calment, lui a dit Sofia. Ils finiront à comprendre. L'Histoire pardonne toujours tout aux vainqueurs. Fantastique. En attendant, Elena lui adresse à peine la parole, Javier lui a dit qu'il avait besoin d'espace et de temps, et Rip lui a foutu un tel crochet du droit dans le coin de la mâchoire qu'il en a encore mal aux dents deux semaines plus tard. Ils ont été nombreux, à prendre un ticket et à attendre leur tour pour lui dire le fond de leurs pensées, Kingsley se transformant en statue indifférente et distante haussant parfois une épaule ou une autre sans réagir jusqu'à ce que les objets et les sorts se mettent à voler dans tous les sens.

Ils ont gagné. Ils ont récupéré une majorité de prisonniers en état de se battre (du moins quand ils pourront enfin faire des nuits complètes, quand ils arrêteront de rejoindre les rangs des Avengers, quand ils reprendront contrôle de leurs magies, quand ils cesseront de penser qu'il est un traître), ils ont tué Lord Voldemort (jusqu'à ce qu'il revienne) et confirmé la théorie d'Hermione (sur laquelle ils travailleront quand le cercle six arrêtera de le penser comme un ennemi), ils ont blessé et tué de nombreux Mangemorts (et failli tuer Myrthild, et perdu Lee), ont coffré Moran (mais Numa a filé, Sav aussi), ont récupéré Tristram (qui a bien failli le trucider la dernière fois qu'il était dans la même pièce que Kingsley) et sont en train de guérir (même si Sofia est plus distante que jamais, que Remus a disparu et Sirius aussi, que Molly lui parle à peine, qu'Elena est aussi fragile qu'une brindille dans le vent, et qu'ils ont des dizaines de blessés sur le point de mourir at all times dans diverses planques de l'Ordre).

Ils ont gagné. C'est ce qui compte, non? Et l'Histoire pardonne aux vainqueurs.

"Alright, can you make a fist?" Kingsley papillonne des yeux, regarde d'un oeil impavide sa peau recoupée et lève lentement la main pour fermer le poing. Ou essayer de, du moins. Une douleur fulgurante se réveille dans le dos de sa main, comme toujours, et il l'ignore, comme toujours - mais le soudain tremblement de son bras et le pli entre ses sourcils n'échappent pas au médicomage. "Don't force it, please. You need to practice with it. Don't use too much magic with your wand." Donc elle n'est pas guérie, ni réparée. Le médicomage ignore la colère silencieuse dans les yeux de Kingsley en rangeant ses affaires. "I'll check up with you in two weeks, okay? We can figure out how it goes from there. Do the exercises I told you about. - Yeah. Thanks." Il le raccompagne à la porte. Le médicomage lui adresse un sourire crispé. Kingsley réalise qu'il a oublié son nom, et ce constat l'énerve encore plus, main valide crispée sur la porte, malaise grandissant dans la poitrine. Il le regarde transplaner comme si il se trouvait en la présence d'un pestiféré.

Bon, peut-être bien qu'il l'a mérité.

Il s'apprête à rentrer à l'intérieur mais s'arrête en voyant le début d'un transplanage face à lui. Il va chercher sa baguette à sa taille dans un réflexe puis se souvient de la dernière recommandation du doc - à la place, il détend les doigts de son autre main, y préparant un sort offensif, le coeur se mettant à battre follement dans sa cage thoracique. Il se détend en reconnaissant Maxine, et soupire de soulagement. "Max." Sa main passe sur son visage et il lui fait signe d'approcher. "Come on in, I was just about to make some tea." Il l'a vue en coup de vent quelques fois depuis son retour, toujours occupé ailleurs, mais il l'a invitée à venir le voir dans cette petite planque du nord de l'Angleterre quand elle le voulait. L'intérieur est chaotique, avec des notes partout, des photos tirés du Daily Prophet - du Lord, de Harry, d'Umbridge, de Dolohov, et d'autres -, des restes de café et quelques verres vides de whisky. D'un mouvement magique de la main, il fait s'ouvrir les stores, ouvre une fenêtre ou deux, débarasse un peu de poussière. Un fauteuil se précipite vers Maxine pour l'accueillir. "I'm very glad that you're here, we have much to talk about. Have a seat," lui dit Kingsley avant de disparaître vers la cuisine mettre de l'eau à bouillir, après lui avoir adressé un petit sourire et un clin d'oeil.

Maxine a la main posée dans le pelage d’Archie qui dort à ses côtés. Elle sent qu’il ne dort pas vraiment, mais il sait que ça apaise la jeune femme qu’elle puisse le penser. La culpabilité l’a encore réveillée et il l’a senti ployer sous les larmes, se recroqueviller sur elle-même et serrer son oreiller contre elle. Il est venu se blottir contre elle et enfouir son museau dans son cou, collant sa truffe humide contre sa peau. Et puis, comme depuis quelques jours, elle s’est redressée sur son lit et s’est collée dos contre le mur, jambes repliées contre sa poitrine et le regard fixé sur le mur d’en face. Elle se sent inutile, un boulet qu’on se traîne à défaut de pouvoir s’en débarrasser parce que c’est pas trop humain. Depuis qu’elle a grillé sa couverture, depuis les horreurs qui se sont passées sur cette île, Maxine a l’impression d’être bloquée dans une spirale infernale où elle est martelée par les images qui se sont passées là-bas, l’empêchant de se maîtriser. Comme un syndrôme post-traumatique qui l’empêche d’utiliser l’occlumancie pour protéger son esprit. Et ce sentiment terrible qui lui dit qu’elle aurait pu mourir là-bas ne la quitte plus. En plus d’avoir totalement foiré la mission importante et avoir trahi la confiance de Kingsley, elle se traîne l’impression qu’elle n’aurait pas dû survivre alors que tant d’autres étaient tombés.

C’est étrange pour elle de se retrouver dans une planque de l’Ordre et d’être coupée de sa famille. Elle a appris qu’on la présentait comme une traître au sein de la société. Elle s’inquiète pour sa famille. Est-ce qu’ils vont les tuer ? Les torturer ? Les deux ? Sa gorge se noue, elle libère Archie pour entourer ses jambes de ses bras et poser sa tête entre. Elle prend une profonde inspiration avant de la relâcher. Si le gouvernement fouille les souvenirs de sa mère et de son beau-père, ils vont finir par comprendre qu’ils ne savent rien, Maxine a toujours veillé à ça. Ils ont toujours cru qu’elle était la petite sang-pure parfaite, silencieuse, qui ne donne jamais son opinion sur le pouvoir en place et qui obéit quand il le faut. Elle était en couple avec un Rosier après tout. Elle resserre un peu plus sa prise en pensant à Benjamin. Elle n’arrive pas à oublier le regard qu’il lui a envoyé avant… avant qu’elle disparaisse. Mue par une soudaine envie de bouger, Maxine se propulse hors de son lit. Elle sent sa respiration se bloquer dans sa poitrine. Archie est déjà sur ses pattes et tente de la calmer comme il peut, mais la crise continue de monter. Avant que ça devienne un peu trop compliqué, elle doit bouger. Impérativement. Elle ne veut pas descendre rejoindre les autres ou déranger Alexis alors elle décide d’attraper une veste et de transplaner voir la seule personne qu’elle a peur d’affronter depuis son retour, mais qui peut être la seule à pouvoir comprendre.

Elle atterrit non loin de l’entrée et aperçoit la grande silhouette de Kingsley. Il la salue et elle se contente d’hocher de la tête."Come on in, I was just about to make some tea." Mains dans les poches, Maxine le suit à l’intérieur de sa planque, Archie sur ses talons. A peine a-t-elle le temps de s’avancer dans la pièce qu’un fauteuil arrive jusqu’à elle pour qu’elle puisse s’asseoir. "I'm very glad that you're here, we have much to talk about. Have a seat," Elle se laisse tomber soulevant un peu de poussière qui fait éternuer son renard qui s'installe à ses côtés. Elle pose une main sur sa tête alors que Kingsley disparaît, la laissant étudier l’endroit à sa convenance. Est-ce que la solitude lui convient ? “I--I needed to see you. I’m glad to be here too.” Fait-elle en un souffle, la voix un peu tremblante. “How are you? How is your hand?” Elle gigote un peu sur son siège, nerveuse d’être face à son mentor et se trouvant idiote d’avoir accouru vers lui alors qu’elle est incapable de le regarder dans les yeux sans avoir envie de lui demander pardon au moins cent cinquante fois. “I’'m sorry it took me so long to come and see you.” Déclare-t-elle finalement tout en tordant ses doigts dans tous les sens montrant sa nervosité.

Encouragée par la magie, la bouilloire ne met pas long à siffler et Kingsley jongle avec deux tasses et deux sachets de thé en les ramenant dans le salon, attrapant au passage un paquet de biscuits à la limite de la date de péremption pour compléter le petit-déjeuner impromptu. “I--I needed to see you. I’m glad to be here too.” Kingsley hume en réponse, posant son attirail sur la table basse en face du fauteuil de Maxine. Il adresse un sourire de salutations à Archie, notant sans y penser la voix tremblante de Maxine, la fébrilité qui émane d'elle en vagues nerveuses et mal à l'aise.
Kingsley prend place sur le canapé en face du fauteuil, qui a l'air d'avoir vu des meilleurs jours (et quelques nuits: il cache sous un coussin un caleçon de nuit porté trop de fois et s'assoit confortablement sur le trou qu'il a fait dans le tissu en s'endormant dessus avec un cigare à la main). “How are you? How is your hand?” La bouche de Kingsley se presse en une ligne crispée et furieuse, et il se force à expirer lentement. Les admissions de faiblesse ne sont pas sa spécialité, et encore moins devant quelqu'un qu'il apprécie autant qu'il apprécie Maxine. "I'm fine. My hand is..." Il la regarde ostensiblement, la fait tourner pour mieux montrer les cicatrices douloureuses et franchement effarantes à Maxine. "...recovering," finit-il par dire, après avoir cherché un mot convenable.

Mais ils ne sont pas là pour parler de lui - du moins, Kingsley n'espère pas. Si c'est le cas, il n'hésitera pas à montrer la porte à Maxine (comme si il pouvait leur résister, à elle et à Archie, quand ils sont comme ça: nerveux et vulnérables, terriblement jeunes). “I’'m sorry it took me so long to come and see you. - Maxine." La voix de Kingsley est ferme, alors qu'il se penche pour envoyer les sachets de thé dans leurs tasses et verser de l'eau chaude dessus. "Do not apologise. These last few weeks have been crazy for all of us, you especially. I am glad that you are here now. It's all that matters."
Une fois pleine, d'un geste magique de la main, Kingsley envoie la tasse de Maxine jusqu'à elle. Il s'empare de la sienne en s'enfonçant un peu plus dans le canapé, gardant sa main blessée sur sa cuisse. Il refuse d'accepter le fait qu'elle lui fasse si mal lorsqu'il essaye d'entourer sa tasse de thé avec. "How are you doing? Are you adjusting well to life in St James?" lui demande-t-il d'une voix douce qu'il réserve à peu de gens, véritablement prévenant - okay, c'est définitivement la dad voice qu'il a apprise de Remus. Il serait embarassant de révéler combien de fois le loup-garou a utilisé cette voix sur lui et combien de fois c'est parvenu à le calmer lors de grands moments ridicules de grandeur dramatique démesurée...

Les yeux de Kingsley, eux aussi, sont d'une tendresse sans pareille alors qu'ils cherchent le regard de Maxine sans désespérer de les croiser un jour. "I would like to hear from you what happened on the island," dit-il d'une voix sûre. Il a laissé d'autres gens faire le débriefing avec elle, l'a vue rapidement sans lui poser la question, mais ce qu'il a entendu de Sofia l'a déjà alerté que Maxine allait mal le vivre. "If that's alright with you, of course."

“Maxine." Elle ferme les yeux un court instant. "Do not apologise. These last few weeks have been crazy for all of us, you especially. I am glad that you are here now. It's all that matters." Maxine sent ses yeux se remplir de larmes, elle garde la tête baissée toujours incapable de croiser son regard. Oui, mais elle aurait pu faire mieux. Elle aurait dû faire mieux. Ses mains se serrent l’une contre l’autre. Elle est obligée de lâcher prise lorsqu’elle voit arriver à elle la tasse de thé que Kingsley lui a préparé. Le chaud lui fait à la fois du bien et à la fois lui donne encore plus envie de pleurer. Elle ne mérite pas autant de sollicitude. "How are you doing? Are you adjusting well to life in St James? I would like to hear from you what happened on the island. If that's alright with you, of course." Il lui dit ça avec une voix tellement rassurante et tellement encourageante qu’elle relève enfin la tête. Le visage de Royal n’exprime que de la tendresse là où Sofia s’est montrée impassible. Maxine, pourtant, n’arrive pas à tenir bien longtemps avant de détourner la tête. Archie a toujours le museau baissé en écho au comportement de son humaine. La brune prend le temps avant de répondre, elle boit une gorgée de son thé et retient un grimace en sentant le liquide lui brûler la langue. Elle a voulu aller trop vite. Elle garde ses mains autour de sa tasse avant de trouver le courage d’affronter de nouveau le regard de Kingsley.

Elle note la main couverte de cicatrices et se demande s’il va réellement aussi bien qu’il le dit. Maxine prend une grande inspiration avant de se lancer. “I’m… okay, I guess. I’m alive so I’m okay.” Elle hoche la tête et tente un sourire tremblant. Oui, physiquement ça va, c’est indéniable. Elle a eu quelques courbatures et des égratignures, mais rien de trop alarmant. “I try to adapt little by little. Alexis helps me a lot.” Confie-t-elle. Alexis a toujours eu le don de la rassurer et de l’apaiser. Et ce n’est pas évident pour l’ancienne Gryffondor de réussir à s’en tenir à St James. Elle reste inquiète pour sa mère. Elle reste inquiète pour celleux qui sont toujours dans la société sorcière. A quoi va-t-elle servir maintenant ? Elle trouve finalement suffisamment de courage pour se lancer dans la suite. “Cette île… cette île était un véritable cauchemar. J’étais avec Benjamin Rosier et sa mère avant que… que la chasse commence. Quand ils parlaient de chasse, je pensais que c’était des animaux, pas des… êtres humains. On a progressé avec un autre groupe de mangemorts, j’ai essayé d’aider les personnes que je croisais comme je pouvais sans me griller, mais c’était compliqué. J’aurai voulu faire plus, Kingsley… je suis désolée.” Elle s’arrête un court instant, prend une autre gorgée de son thé devenu un peu moins chaud puis reprend en essayant de s’en tenir aux faits et taire ses émotions. “Puis vous êtes arrivés et c’est là que les combats ont pris une autre tournure. C’est un peu confus dans ma tête je ne sais plus trop ce que j’ai fait ni ce que les mangemorts ont fait non plus.” Par moment, tous les souvenirs se mélangent à force de répéter les choses. “Ce qui est sûr c’est que j’ai vu Alexis manquer de se faire tuer par Benjamin Rosier et je n’ai pas pu me résoudre à voir cette scène alors j’ai… je me suis interposée. Elle a hurlé à la traîtrise et ma couverture est tombée comme ça.” Elle termine son récit non sans un tremblement dans la voix. Se remémorer cette scène et revoir le regard de Benjamin lui font beaucoup de mal. Elle n’aurait jamais dû s’attacher à lui comme ça et pourtant…

Kingsley observe posément Maxine, silencieux en attendant sa réponse. Son coeur se brise dans sa poitrine à l'idée de tout ce qu'elle a dû abandonner si subitement pour rejoindre l'Ordre: il n'a jamais été du genre à être impartial, et il a toujours eu une énorme tendresse pour la sorcière. Il lui a appris l'Occlumancie, l'a formée à son rôle d'agent-double, attendait le moindre de ses rapports avec une trépidation inquiète et curieuse... et si il est ravi de la voir désormais avec l'Ordre et sous sa protection, il sait ce que ça coûte de tout laisser derrière soi ainsi.

“I’m… okay, I guess. I’m alive so I’m okay.” Les lèvres de Kingsey se tordent en une grimace maladroite quand il l'entend. Elle lui rappelle Elena, à lui dire ça... Le sourire tremblant que Maxine porte n'est pas très convaincant mais Kingsley lui laisse le confort de son petit mensonge: il ne connait que trop bien son utilité. “I try to adapt little by little. Alexis helps me a lot.” Alexis, une autre des chouchous de Kingsley, qui accueille cette nouvelle avec un hochement de tête mi-rassuré mi-compréhensif. "That's good." Il ne vit plus à St-James et il ne pourra pas garder un oeil sur Maxine comme il aimerait - ou sur Alexis, d'ailleurs, qui d'après ce qu'il a compris se retrouve à gérer le retour de son époux disparu depuis peu. Il compte sur les filles pour veiller l'une sur l'autre.

“Cette île… cette île était un véritable cauchemar. J’étais avec Benjamin Rosier et sa mère avant que… que la chasse commence.” À ces mots, les yeux de Kingsley se plissent, presque méfiants. Benjamin Rosier. Il a suivi de près l'évolution de sa relation avec Maxine, à travers les rapports de cette dernière mais aussi d'autres agents, et n'a jamais vu leurs fiançailles d'un bon oeil. “Quand ils parlaient de chasse, je pensais que c’était des animaux, pas des… êtres humains. On a progressé avec un autre groupe de mangemorts, j’ai essayé d’aider les personnes que je croisais comme je pouvais sans me griller, mais c’était compliqué. J’aurai voulu faire plus, Kingsley… je suis désolée. - Ne t'excuse pas, Maxine," lui dit Kingsley d'un ton ferme et catégorique - presque sévère - alors qu'elle boit une gorgée de thé. "Tu as fait ce que tu as pu. - Puis vous êtes arrivés et c’est là que les combats ont pris une autre tournure. C’est un peu confus dans ma tête je ne sais plus trop ce que j’ai fait ni ce que les mangemorts ont fait non plus. Ce qui est sûr c’est que j’ai vu Alexis manquer de se faire tuer par Benjamin Rosier et je n’ai pas pu me résoudre à voir cette scène alors j’ai… je me suis interposée. Elle a hurlé à la traîtrise et ma couverture est tombée comme ça.” Kingsley, qui était dans le manoir à ce moment-là, n'a pas pu voir la scène, les affrontements sur le terrain, qui ont duré jusqu'à la seconde où le Tempest a pris le large. Il ne peut que se l'imaginer, et en voir le reflet dans les yeux sombres de Maxine qui esquivent les siens.

"Maxine, Benjamin Rosier est un Mangemort." Sa voix est ferme et son regard, dur, alors qu'il attend que Maxine trouve le courage de l'affronter. "Je comprends que vous avez pu être... proches à un certain moment," fait-il d'un ton précautionneux. "Mais il a pris la Marque, et il agit au nom de Lord Voldemort partout où il va. Il aurait tué Alexis sans le moindre remord si tu l'avais laissé faire. Il a déjà tué auparavant. Et il tuera de nouveau. Il n'y a rien que l'on puisse faire pour le sauver - nous pouvons simplement nous battre, et espérer un jour leur faire payer toute la douleur qu'ils ont répandu sur leur chemin." Kingsley aimerait lui offrir du réconfort, de la tendresse, quelque chose qui puisse la convaincre qu'elle a fait le bon choix - mais il ne connait pas les mots qu'il lui faut dire, et il ne peut qu'enchérir: "Ce que tu as fait est incroyablement courageux et je suis content qu'on t'ait récupérée. Tu as fait tout ce que tu pouvais."

Il amène sa propre tasse de thé à ses lèvres, trouve un certain réconfort dans le liquide encore chaud. "Tu l'aimais bien," déclare-t-il soudainement. "Tu comprends que c'est dangereux? Le Benjamin qu'il était avec toi n'est pas le vrai. J'ai connu son oncle," à ces mots, Kingsley grimace désagréablement, "et je peux t'assurer qu'aucun Rosier ne mérite d'être sauvé."

Tu as fait ce que tu as pu. On ne peut pas dire que ça lui fait rien d’entendre ça. Elle a toujours su ce que son rôle d’agent-double voulait dire pour l’Ordre mais surtout pour elle-même. Elle a vu les injustices que ses camarades de sang moins purs ont subi quand ils étaient encore élève à Hogwarts. Elle a vu ce que le monde sorcier réservait aux hybrides, aux traîtres, aux personnes qui sont un peu moins obéissantes et elle s’est toujours jurée de rentrer suffisamment dans le moule pour pouvoir apporter quelque chose à l’Ordre, que son sang pur serve à autre chose qu’à juste faire partie des privilégiés. Et le résultat ? Bah il est là. Elle est assise dans un fauteuil, face à son mentor après un échec cuisant. Tu as fait ce que tu as pu. Effectivement. Allez, respire, ça va aller. Ils ne vont pas te laisser toute seule dans un coin. Maxine sait très bien que, de toute façon, elle ira s’imposer pour qu’on la laisse aider.

"Maxine, Benjamin Rosier est un Mangemort. Je comprends que vous avez pu être... proches à un certain moment," C’est là qu’elle redresse enfin la tête pour croiser de nouveau le regard de Kingsley. Elle ouvre la bouche pour démentir cette affirmation. Non, elle n’était pas proche de lui. Enfin pas vraiment. Enfin peut-être. Et puis c’est pas le sujet. Elle sait que Benjamin Rosier est un mangemort, elle a vu sa marque de trop nombreuses fois sur son avant-bras. Cette marque hideuse. "Mais il a pris la Marque, et il agit au nom de Lord Voldemort partout où il va. Il aurait tué Alexis sans le moindre remord si tu l'avais laissé faire. Il a déjà tué auparavant. Et il tuera de nouveau. Il n'y a rien que l'on puisse faire pour le sauver - nous pouvons simplement nous battre, et espérer un jour leur faire payer toute la douleur qu'ils ont répandu sur leur chemin. Ce que tu as fait est incroyablement courageux et je suis content qu'on t'ait récupérée. Tu as fait tout ce que tu pouvais." Maxine pince les lèvres et ne peut rien faire de plus qu’hocher de la tête. Elle a posé sa main libre sur sa cuisse qu’elle a refermée en un poing bien serré. Elle sait tout ça, mais Kingsley n’a pas vu le Benjamin qu’elle a côtoyé avant. Celui qui était triste devant la tombe de sa sœur. Celui qui cachait le fait qu’il a eu une sœur cracmole et qui se rendait encore dans la maison de la famille moldue qui l’a adoptée. Celui qui n’avait rien du Benjamin des derniers mois. Alors elle garde ses suppositions pour elle, cette blessure qui gratte toujours un peu plus, parce que Kingsley ne comprendrait pas pourquoi elle accorde autant d’importance à Benjamin Rosier. Il ne verrait que le fait qu’elle s’est adoucie face à un mangemort, un soldat de Voldemort. Et Maxine n’a pas la force de se lancer dans un quelconque argumentaire sur le sujet pour l’instant. "Tu l'aimais bien. Tu comprends que c'est dangereux? Le Benjamin qu'il était avec toi n'est pas le vrai. J'ai connu son oncle, et je peux t'assurer qu'aucun Rosier ne mérite d'être sauvé." A-t-il compris ses pensées sans qu’elle ne les formule ? Elle se mord l’intérieur de la joue. Elle se repositionne dans le fauteuil, Archie redresse une oreille en sentant de nouveau la nervosité envahir Maxine.

“Je sais ce qu’il est. Je sais que…” Elle se tait, pince les lèvres avant de reprendre. “Mais il n’a…” Soupir, main dans les cheveux pour les remettre en arrière. “Tu as raison, les mangemorts ne pourront pas continuer à pavaner éternellement, ils finiront par payer.” Les mangemorts, elle n’a pas précisé Benjamin. Parce qu’il doit forcément y avoir quelque chose avec lui. Il n’a jamais dit clairement qu’il était aligné avec les idées de Voldemort ni être partant pour avoir la marque. Enfin, Maxine n’imaginait pas qu’il la prendrait un jour plutôt. C’est un peu comme Malfoy, ils sont des enfants de, mais ils n’ont jamais été interrogés sur leur réelle conviction semble-t-il. Et si ? Doit-on ranger tous les mangemorts dans les mêmes cases ?
Préférant changer de sujet, Maxine termine sa tasse de thé avant de reprendre la parole. “Qu’est-ce que je peux faire ?” Elle déglutit avant de préciser : “Pour aider. L’Ordre.” Puis d’avancer, de nouveau, après quelques secondes de courte pause. “Quand vous me jugerez apte à reprendre sur le terrain. Je crois–j’imagine que je fais partie des traîtres désormais–hé tu sais comment je pourrais avoir des nouvelles de ma mère ?” Elle enchaîne un peu les mots les uns derrière les autres. Sauter d’un sujet à un autre c’est ce qu’elle fait quand elle se sent nerveuse, pas à sa place. “Je guette un peu les nouvelles sur Rise FM mais pour l’instant, il n’y a rien.” Si rien n'est sorti sur Gracefield, c’est que le gouvernement doit probablement étouffer l’affaire d’une manière ou d’une autre. C’est ce qui est le plus sensé.