Dans un craquement, Nils déboule au milieu de la place publique. Il n'y a pas à dire, ça fait du bien de transplaner sans se soucier de là où on va atterrir, sous peine de se faire remarquer par des moldus. Il n'ira pas jusqu'à dire que le fond de l'air semblait plus pur, quand il est arrivé, mais il y a de ça ; ou peut-être est-ce simplement dû au fait que la ville est brand new, et qu'il n'y a visiblement pas encore beaucoup de nouveaux locataires.
Et ça lui convenait parfaitement, à Nils. Il avait grandi dans une maison calme, et était lui-même un garçon silencieux. "Hé oh là, on n'a pas idée de rester dans le passage comme ça!" Sauf quand il décidait de faire des manières et de jouer au plus chiant.

Apparemment, aujourd'hui, c'était tombé sur une sorcière (Meredith) qui venait tout juste de poser ses valises aussi, dans le passage de Nils, semble-t-il. Il reste planté derrière comme si elles étaient insurmontables, appréciant la dureté du cuir du bout de sa canne. "Je tiens à vous signaler que vous squattez devant mon futur chez moi, miss." Rien n'est moins sûr, en revanche, puisqu'il n'avait pas la moindre idée de quel logis lui avait été attribué.

C'était également la raison pour laquelle il ruminait son mécontentement. La personne en possession de l'exacte adresse de sa nouvelle et tant espérée demeure n'était autre que son futur et pas si espéré que ça colocataire : Hector, vilain petit canard de la meute Rowle, flemmard émérite, potentiel hypocondriaque et retardataire confirmé.
Nils s'était trouvé bien penaud, quand il avait réalisé qu'il n'avait pas d'ami.e.s à qui suggérer de faire une colocation, et que l'un de ses seuls contacts dans la mémoire de sa boule de cristal était Hector qui était parvenu à soutirer ses infos, sûrement dans l'espoir de dégoter quelques consultations médicales gratos...
D'un autre côté, le Rowle avait démontré un tel enthousiasme à la perspective de cette coloc que, bon seigneur, Nils lui avait laissé choisir l'emplacement... Grave erreur? It's more likely than you think.
Pour la dix-huitième fois depuis la fin de l'après-midi, Nils se dit que c'est une mauvaise idée d'avoir proposé à Hector. Il le voyait d'ici flemmarder comme une âme en peine dans les couloirs, laissant traîner ses pieds et de la junk food commandée sur WizardEats.

Alors, si en plus de ça, la voisine se mettait à grignoter du terrain, il n'était pas sorti de l'auberge.
Les déménageurs sorciers n'avaient pas non plus aider à éclaircir la situation ; ils semblaient avoir livré les effets personnels des nouveaux arrivants tous en même temps et largués tous au même endroit. Aussi, la valise de Meredith aurait dû être le cadet de ses soucis, à voir comment ils étaient encerclés de cartons et de coffres, qui renseignaient certes le contenu ("livres", "n'ouvrir sous aucun prétexte"), mais pas le propriétaire...
"Si vous voulez bien m'excuser..." Dans un effort considérable, Nils passe par-dessus de la valise, exagérant l'effort, et trotte jusqu'au perron de sa maison (qui est en fait, comme vous l'avez compris, celle de Meredith). Il n'a pas le temps d'arriver jusqu'à la porte quand celle-ci s'ouvre toute seule. "Oh... je vois qu'ils ont ensorcelé la p-" Il s'interrompt lorsqu'il découvre que le battant avait été poussé par une créature humanoïde courte sur patte, le regard vide. Sans se démonter, Nils fait volte-face en direction de Meredith. "Ah ; ça doit être le propriétaire ; voilà qui va répondre à nos questions!"
Le jeune homme n'a vraisemblablement pas l'air de réaliser que le logeur en question était plutôt du genre squatteur intempestif...

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