| | | Même si sortir d’Hogwarts peut être un poil terrifiant, la vie étudiante sied plutôt bien à Elspeth. Principalement parce qu’elle n’est plus obligée de supporter certains de ses camarades, qu’elle devait croiser quotidiennement dans la salle commune. Mais c’est une autre histoire, qu’elle oublie allègrement. Pour l’heure, elle évolue dans les méandres d’une soirée mondaine … qui ne lui dit rien qui vaille. L’air est chargé en électricité. Les tensions n’ont rien de rare dans ce genre d’événements, c’est une certitude. Elle ne saurait même plus dire pour quelle cause ils se sont réunis cette fois. Honorer un membre d’un département du Ministère ou lever des fonds pour une nouvelle aile à St Mungo’s. Mais ça n’a pas grande importance et c’est une chose qu’elle a rapidement apprise. Et si d’aventure le sujet venait a être abordé, elle n’aurait qu’à sourire avec grâce et tout se passerait bien. On n’attend pas réellement l’avis d’une demoiselle de quasiment dix-neuf ans – et c’est sans doute pour le mieux. Mais il y a quelque chose dans l’air ce soir qui la fait frissonner dans sa robe bleu nuit rehaussée de broderies dorées. Une splendeur qui lui vaut de nombreux compliments, ce qui ne peut que ravir ses parents aux côtés desquels elle se tient sagement, se contentant pour l’instant d’incliner la tête d’un air gracieux, ou de porter son verre à ses lèvres à intervalles réguliers. Son statut d’accessoire est facile à supporter quelques temps, mais devient souvent bien lassant. Il n’y a pas grand-monde de son âge dans les parages, desquels elle peut parfois espérer un brin de conversation intéressante et se résigne donc à passer la soirée en cette compagnie, espérant peut-être un miracle.
Et miracle il y a. Deux personnes s’éclipsant de son champ de vision – visiblement pour aller parler affaires un peu plus loin lui dévoilent un visage ami, à l’autre bout de la salle. Malia Shacklebolt ne l’a cependant pas vue, sinon nul doute serait-elle venue la saluer plus tôt. La demoiselle a accepté avec grâce et entrain d’être son ange gardien dans la haute société, à son arrivée au Royaume-Uni, les Gallagher ayant été recommandés à sa famille. Une jeune femme qu’on lui a dit d’observer pour se conformer aux usages, de prendre comme modèle … ce qu’elle s’est empressée de faire. Les prunelles rivées sur elle, Elspeth se désintéresse complètement de la conversation, qui ne la concerne aucunement de toutes les manières. Il y a quelque chose dans la posture de son amie qui l’interpelle, sans qu’elle ne parvienne directement à mettre le doigt sur le problème. Elle qui d’ordinaire rayonne sans effort semble … non, elle n’y arrive pas. Et n’y parviendra pas de si loin. Mais il y en a suffisamment en tous cas pour l’inquiéter légèrement. « Si vous voulez bien m’excuser, je m’en vais saluer les Shacklebolt. » Le regard que l’on lui lance suffit à la conforter dans son idée : il y a effectivement un souci. Et elle n’a pas la moindre idée de ce sur quoi elle est en train de mettre le doigt. La bénédiction d’avoir été dans un milieu cloisonné pourrait bien se retourner contre elle. Néanmoins, elle ne s’émeut pas le moins du monde et tourne les talons, pour se frayer un chemin à travers les groupes qui discutent. Personne ne lui prête attention jusqu’à ce qu’elle s’approche de Malia. Le sentiment est encore plus fort de près. Et la voir en-dessous de ce qu’elle est habituellement serre le cœur de la Gallagher. Ses doigts se tendent pour effleurer son coude alors qu’elle s’annonce, tout sourire et battements de cils innocents : « Messieurs dames, bonsoir. Pardonnez-moi, puis-je vous emprunter Miss Shacklebolt un moment ? » Qui refuserait quoi que ce soit à cet ange de douceur et de politesse, me direz-vous ? Et pourtant il y a dans l’air quelque chose qui lui fait se dire qu’elle risque peut-être de prendre un refus, ce qui n’est guère dans ses habitudes. « C’est une urgence. » Pour l’instant, elle n’a pas croisé le regard de Malia, pour ne pas créer de malaise. Elles en auront tout le temps un peu plus tard. L’important est pour l’instant d’interrompre ce qui brouille les traits de son amie, quelle que soit cette chose. |
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