Elle ne comprend pas comment cela a pu arriver. Ce changement soudain en une demi seconde. Pourtant tout allez bien jusqu’ici. Elle s’était levée tôt comme à son habitude. Avait passé une bonne nuit, d’autant plus que Mikhail, trop occupé par ses affaires familiales avait découché. Elle s’était préparée et avait commandé aux elfes de maison un thé avec quelques muffins, profitant du calme qui régnait à cette heure dans le palais afin de prendre son temps. Avec le sourire elle avait transplané vers sa boutique et c’est là que tout avait dérapé. Oh bien sûr, à la première heure tout s’était bien passé. Elle avait pu remettre de l’ordre dans ses rayons. Réapprovisionner ses étagères. Discuter avec quelques habitués et… C’est là que la bouffée de chaleur était arrivée. La prenant à la gorge brusquement et lui donnant des vertiges. Elle s’était assise précipitamment dans l’arrière-boutique prise de nausées. Déboussolée par ce soudain revirement de situation. Vera n’était jamais malade, ou très rarement. Boostée par quelques potions vitaminées quand l’hiver venait. Mais là c’était… Différent. Fermant les yeux un instant, elle se concentre sur sa respiration qui semblait lui échapper quelques minutes auparavant. Inspirer, expirer. Elle tente de retrouver ses esprits avant de se lever avec précaution pour se diriger vers sa bouilloire et s’hydrater un peu.

Un instant passe, les secondes se transformant en de longues minutes pendant lesquelles elles se décident à aller voir un médicomage. Elle pourrait très bien faire de l’automédication ; après tout, un tas de plantes pouvant soigner ses maux lui viennent en tête… mais dans le doute, elle ne se risque pas à les ingérer. La belle pince ses lippes, reposant doucement sa tasse dans l’évier de l’arrière-boutique. Ses vertiges semblent s’être évaporés, sa nausée, elle, persiste encore un peu. Ses yeux papillonnent sur les étagères qui l'entourent et d’un murmure elle lance : Accio sac réceptionnant son petit sac en tissu, elle se dépêche d’un coup de baguette de fermer la boutique. Se concentre un moment avant de transplaner dans le Londres sorcier. Prenant appui sur le mur le plus proche, elle prend le temps d’inspirer une grande bouffée d’air et se dirige d’un pas sûr vers Sainte Mangouste. Après tout ce n’est peut-être qu’une vulgaire intoxication alimentaire qui sait…Se passant une main dans les cheveux, elle pénètre dans le hall et se présente à l’accueil où une jeune femme brune l’observe. Bonjour. Je souhaiterai voir un médicomage s’il vous plait je ne me sens pas très… elle n’a pas le temps de finir sa phrase qu’un nouveau haut le cœur la prend à la gorge. La jeune femme s’accroche au comptoir en essayant de reprendre son souffle. La brunette de l’accueil ayant certainement l’habitude de ce genre de chose réagit avec professionnalisme et d’un coup de baguette lance un accio fauteuil roulant et l’installe confortablement.

Je vais vous installer dans un box, un médicomage va venir vous ausculter. En attendant, il vous faudra remplir ce formulaire dit-elle en lui tendant une feuille et un stylo avant de l’installer dans une petite pièce. Soupirant un peu embarrassée, la nouvellement madame Strugatsky s’applique dans sa tâche en attendant qu’on vienne s’occuper d’elle. Dix minutes plus tard, alors qu’elle continue de se concentrer sur sa respiration, un homme entre dans la pièce. Vera l’observe un instant et répond à sa salutation. Il n’a pas l’air beaucoup plus vieux qu’elle, peut-être trois années de plus, mais après tout les apparences sont trompeuses. Celui-ci s’empare du formulaire sur lequel elle vient de décliner son identité, ses antécédents médicaux, ainsi que ses symptômes. Doucement il relève la tête, révélant des yeux bleus qui portent une attention toute particulière à la patiente, qui elle croise les mains sur ses genoux avec élégance, toujours. Si les manières de Vera sont raffinées, elles dénotent avec son caractère de feu mais pour le moment c’est le calme plat. Elle prend une nouvelle inspiration. C’est grave docteur ? dit-elle. Sans pour autant avoir la référence. Après tout, ce qui concerne les moldus, ça ne l’intéresse pas vraiment.

"Hé, Fitzroy! Ça fait une paye qu'on t'a pas vu dans le coin!" Les doigts de Nils se compressent autour de la plume, dont la pointe écrase un pâté d'encre sur le parchemin qu'il était en train de remplir. "Mendes." Il n'aurait eu besoin que de quelques minutes pour entrer et sortir de St Mungo, le temps de parapher quelques papiers et récupérer un stock de potions pour la Brigade. "Toujours l'air aussi frais! Alors, le mariage, les mômes, c'est pour quand?" Inconsciemment, Nils s'est mis à compter le nombre de fois que la lettre "a" apparaît sur le formulaire, restant désagréablement silencieux, comme à chaque fois qu'on lui bourre cette question sous le nez.
Quand on y pense, c'est quand même un pari risqué de maquer des Mangemorts avec plus de névroses que de meurtres au compteur... Mais pour ce que Nils en pense...

Le silence commençait tout juste à être particulièrement gênant, le collègue essayant de s'en extirper en cherchant un autre interlocuteur, lorsque l'hôtesse d'accueil déboule dans le couloir. Les deux hommes la remarquent aussitôt, chacun comme une issue de secours différente. Mais c'est Nils qui l'emporte, lorsqu'elle lui explique qu'une jeune femme vient d'arriver, pour une auscultation express. Nils fait la grimace ; il le sait, tout le monde le sait, les auscultations, c'est jamais express. Comme porte de sortie, on aurait pu faire mieux. Il proteste vaguement, comme quoi il n'était que de passage, il avait à faire ailleurs, parce que voyez-vous, il bossait sur le terrain lui, maintenant, sans que la jeune femme ne cède, l'invitant par la même occasion à simplement faire son taf.

Nils s'éclipse dans le box indiqué, la mine morose. Il toque quatre fois à la porte du bout de sa canne, s'engouffre dans la pièce sans attendre de réponse. Un hochement de tête (qu'elle ne voit sûrement pas). "Madame," coasse-t-il en récupérant ses informations médicales, prenant note de l'alliance à son doigt. Tandis qu'il épluche ce qu'elle a écrit, il l'observe discrètement par-dessus le papier. Elle est jeune, trop jeune, et déjà mariée, elle. Riche, sans doute, mince, trop mince. Si le reste des symptômes n'avaient pas été aussi évidents, il lui aurait simplement conseillé d'aller se payer une pinte de Bièraubeurre et un magico-fish'n'chips avec supplément gras au pub du coin.

Son nom lui rappelle vaguement quelque chose, et Nils se demande si elle ne fait pas partie de la jet set sorcière, ce qui expliquerait à peu près tout de son apparence... Et peut-être même aussi de son soucis de santé. Nils ne sait pas trop pourquoi il ressent une certaine antipathie envers cette jeune femme. Peut-être parce qu'elle l'empêche de se barrer et de retourner à ses affaires ; peut-être parce qu'elle a réussi où lui est encore en train de stagner. Peut-être parce qu'elle est trop belle pour lui. Ou peut-être parce que Nils est pas très bon pour les premières impressions.
"C’est grave docteur ?" Il plisse un peu les yeux. "Hm, ça dépend ; vous avez commencé à économiser pour ses études à Poudlard?" Bon ok, on lui avait conseillé, dans son service, de régaler les patients de ce genre de petites blagues, afin de détendre l'atmosphère, à ceci près qu'il fallait savoir délivrer la blague. Accessoirement.

Nils se râcle la gorge, compte le nombre de a sur le formulaire de cette madame Strugatsky. "Vous allez avoir envie de prévenir monsieur Str-u-gasky qu'il va être papa..." énonce-t-il en prenant place à côté de la jeune femme pour effectuer quelques examens bénins, du bout de sa baguette qu'il avait extrait de sa canne. "Inspirez par le nez..." La pointe de sa baguette touche le dos de Vera. "Expirez..." Elle a le cœur qui bat trop vite, et il sent que ce n'est pas par simple excitation. Il se demande si monsieur Strugatsky était bien le père ; après tout, le découchage était monnaie courante chez les sorciers de bonne famille. Mais il se dit qu'il réserverait cette blague pour plus tard... "Félicitations, d'ailleurs. Vous avez déjà d'autres enfants?"

Elle angoisse, elle qui à l’accoutumée reste si forte. Son palpitant joue une mélodie qui tambourine à ses oreilles. Bien droite sur la table d’auscultation, les épaules tremblantes. Elle n’aime pas les hôpitaux. Elle n’aime pas les médicomages. Elle n’aime pas être malade. Elle n’aime pas se sentir aussi fragile et impuissante. Non elle n’aime rien de ce qui est en train de se passer dans cette pièce étouffante. Elle n’est jamais mal Vera. Ses compétences d’apothicaire l’aide à booster son système immunitaire de manière efficace, et pourtant la voilà face à cet homme qu’elle qualifierai d’original si elle ne l’était pas elle-même. Elle pince les lèvres en attendant la sentence. Peut-être devra-t-elle dire adieux à ses rêves plus tôt que prévu ? Peut-être que les Strugatsky n’ont pas fait le bon choix en ce qui la concerne. Peut-être. Bien trop de peut-être. Et elle sent la panique la prendre tandis que l’homme relève les yeux vers elle.  La Strugatsky est tendue, bien trop tendue et ne peut s’empêcher de laisser s’échapper un « c’est grave docteur ? » semblable à un couinement plutôt qu’à une vraie question.

« Hum, ça dépend ; vous avez commencé à économiser pour ses études à Poudlard ? » La réponse tombe comme un couperet. Elle cligne des yeux bien trop de fois pour que cela puisse sembler naturel. Un long blanc s’installe entre les deux protagonistes. Peut-être attend-t-il une réaction enjouée ? Un léger rire à cette phrase qui en temps normal aurait détendu l’atmosphère. Rien ne vient. Si ce n’est une crise d’angoisse qui menace de lui compresser les poumons. Elle secoue très légèrement la tête. Ce n’est pas possible. Vera et Mikhail ne prennes jamais le temps pour ces choses-là…  La Russie. Soudain ça lui revient. Pas que ça ait été aussi terrible que ça mais elle préfère occulter cette nuit de sa mémoire. C’était bien, très bien mais ce n’était arrivé qu’une fois l’alcool détendant assez Vera pour qu’elle puisse enfin remplir sa part du contrat. Un peu trop bien d’ailleurs… « Vous allez avoir envie de prévenir monsieur Str-u-gasky qu’il va être papa… » commence-t-il tandis qu’il prend place à côté d’elle. Pas du tout. Non elle ne veut pas du tout lui annoncer qu’elle porte actuellement son enfant. Oh elle s’était préparé à ça mais c’était bien trop tôt. Il n’était marié que depuis deux mois et… Non. Non non non. Elle allait devoir lui dire ?

« Inspirez par le nez… Expirez » continu-t-il. Elle s’exécute tel un pantin. Les yeux dans le vide. Elle tente de calmer se cœur qui ne cesse de battre à tout rompre. Vera, mère. Vera, mère ?! Sa vie était gâchée avant même d’avoir commencée… Et ses voyages ? Son apprentissage de l’alchimie à travers le monde ? Elle allait devoir les oublier… « Félicitations d’ailleurs. Vous avez déjà d’autres enfants ? » elle lève la tête afin de dévisager son interlocuteur. Elle secoue la tête à la négative et soupire. « Non… Non c’est le premier. Je ne suis mariée que depuis peu. » souffle-t-elle. Sa main se pose instinctivement sur ce ventre qui ne laisse rien présager de ce qu’il se passe à l’intérieur. La vie qu’elle porte en elle est probablement son ticket pour la tranquillité à bien y réfléchir. C’était bien ce que voulait le prince russe ? Ça et rien d’autre ? « Je… Je ne sais pas vraiment ce qu’il va se passer par la suite. Je veux dire, je suppose que je vais devoir être suivi… Je vais avoir des restrictions ?... Les voyages sont-ils autorisés ? » elle a tant de questions la jeune Vera. Tant de tourments concernant son avenir. Tant de choses qu’elle voudrait éviter. Elle pince doucement les lèvres. « Est-ce qu’un rapport de ma visite va être envoyée à mon mari ?... Je… Je préfèrerai l’informer de… Ceci quand j’en aurai l’opportunité… Pas maintenant. » tente-t-elle alors.

Nils était loin d’être un jeune homme très imaginatif, et pourtant, il ne s’attendait pas à une réaction si peu enthousiaste de la part de sa patiente. Il ne doutait pas de la qualité douteuse de sa blague qui avait servi à annoncer la grossesse de la jeune femme, en revanche, il était persuadé qu’une telle nouvelle était censée réveiller bien davantage d’émoi. C’est un silence sourd, lourd comme une chape de plomb qui lui revient en réponse, tandis que l’air semble se comprimer autour de la jeune femme, alors même qu’elle semble en manquer, au vu de sa respiration lente et douloureuse. L’angoisse semble lui prendre à la gorge, rendant la saccade de ses épaules fébrile, son regard hésitant, papillonnant çà et là sans vraiment se poser où que ce soit, comme si elle cherchait à rassembler ses esprits, ses souvenirs.
Nils fronce un peu les sourcils ; il avait tendance à avoir l’esprit conspirateur (la seule fois sans doute qu’il faisait preuve d’un poil d’imagination, d’ailleurs), mais il était certain que quelque chose clochait.

"Non… Non c’est le premier. Je ne suis mariée que depuis peu. - Oh, félicitations," commente-t-il sans grand enthousiasme, plus par mécanisme qu’autre chose, tandis que sur son bureau, un parchemin se matérialise, indiquant succinctement la pureté du sang de sa patiente. Bah, elle avait dû avoir droit au classique mariage arrangé, afin de concevoir un héritier ou une héritière pour sa lignée et celle de son bienheureux mari. Il n’y a pas à dire, ils avaient fait preuve d’une fulgurante efficacité... à condition que le bébé soit bien de son sang-pur de père.

Mais là encore où Nils se serait attendu à une réaction de soulagement du fait de son devoir accompli, il ne sent qu’une réserve suspicieuse de la part de la fraîchement renommée Mme Strugatsky, suivi d’une salve de questions qui faisaient sens, et justifieraient presque son désarroi discret.
"Je… Je ne sais pas vraiment ce qu’il va se passer par la suite. Je veux dire, je suppose que je vais devoir être suivi… Je vais avoir des restrictions ?... Les voyages sont-ils autorisés ? - Pour le moment, c’est encore tout récent, je ne peux donc vous obliger à rien, mais simplement vous recommander de vous reposer et d’éviter de vous surmener." Nils griffonne encore quelques notes en bas de page de son parchemin. Il va pour convenir d’un prochain rendez-vous lorsque Vera reprend: "Est-ce qu’un rapport de ma visite va être envoyée à mon mari ?... Je… Je préfèrerai l’informer de… Ceci quand j’en aurai l’opportunité… Pas maintenant."

Cette fois-ci, Nils pose sa plume et croise ses mains sur le bureau. Si son regard est encore un peu fuyant et bancal, il se force à le fixer dans celui de son interlocutrice. "Un rapport de votre visite sera envoyé à votre domicile dans quelques jours, le temps qu’on transfère votre dossier de suivi dans nos fichiers." La machine est si bien rodée qu’il n’a qu’à réciter la marche à suivre. En revanche, lorsqu’il rouvre la bouche, il semble davantage concerné, et la tension dans ses doigts s’accentue, tandis qu’il se met à compter mentalement les grains de beauté sur le visage parfait de Vera. "Aussi, je ne tarderai pas trop à prévenir monsieur, si j’étais vous... Je me doute bien qu’il ne s’agit pas de mes affaires, et veuillez excuser d’avance mon intervention, mais si vous nourrissez quelque doute que ce soit quant à l’origine de cet.te enfant, vous devriez nous en faire part dès que possible."

L’accusation est conséquente, mais trop de fois, à la machine à café, Nils avait eu vent de ce genre de récits, des infidélités entrainant la naissance d’enfants hybrides, détruisant des lignées entières. Bien entendu, venant d’une famille de sang-mêlé, Nils ne comprenait pas la course à la pureté, et de fait, se révoltait en silence que l’avenir de certains enfants puisse être gâché (quand ça n’était pas écourté) par simple caprice de parents frustrés. "Ste Mungo est une institution médicale, madame, nous ne sommes pas là pour juger, mais pour faire en sorte que rien ne vous arrive, à vous, ni à votre enfant à venir." Il reprend sa plume, inscrit une série de numéros. "Aussi, si vous pensez que l’annoncer à votre mari risque de vous indisposer, voire même de vous mettre en danger, n’hésitez pas à nous contacter." Il fait glisser le parchemin dans sa direction: "Je vous ai joint le numéro de la ligne cristal de l’hôpital, il tapote du doigt la première suite de numéros, ainsi que ma ligne personnelle, son doigt glisse sur la ligne en-dessous. "Ne voyez pas là un manque de professionnalisme, mais plutôt un excès opportun de prudence."

Elle le sait, sa réaction devrait être toute autre. D’ailleurs une réaction c’est ce qui manque à la scène qui s’écoule, lui semble-t-il hors du temps. Il serait si facile pour elle d’oublier ce qu’on vient de lui annoncer. Si facile pour elle de continuer à vivre comme elle le faisait jusqu’à présent. Mais pour combien de temps ? Combien de temps jusqu’à ce que son ventre s’arrondisse au point de laisser entrevoir l’héritier des Strugatsky ? Combien de temps avant de s’inquiéter du sort qui lui sera réservé ? Dans ce genre de mariage, sa mère lui a bien fait comprendre que ce qui ne nous rends pas fou c’est l’amour que l’on attache à sa progéniture. Et elle ? Va-t-elle savoir l’aimer ? Elle ? Va-t-elle pouvoir l’élever ? Elle ignore tout de l’éducation que cet enfant aura mais elle est sûre d’une chose au moins, c’est qu’elle n’aura en rien de point similaire à la sienne. La famille à laquelle on l’a attaché de force n’a rien de bien commune. Ils ont leurs traditions et leur façon de fonctionner. Peut-être aurait-elle du s’en inquiéter avant de passer cet accord avec Mikhail. Peut-être aurait-elle du réfléchir avant de passer la nuit avec lui. Ont-ils au moins le temps pour un enfant ? Elle le prendra… Cette idée lui parait être improbable et pourtant…

C’est à ce moment que les questions affluent plus vite qu’elle ne le pense. La panique se lit aisément sur son visage et pourtant elle tente de se contenir. Elle qui d’habitude a un caractère bien affirmé, se sent fragile au plus haut point. Elle déteste ça. Mais elle est déstabilisée par la situation. Comment est-ce qu’on gère une grossesse ? Elle n’a jamais appris ça dans ses livres. Et ce n’est certainement pas maintenant qu’elle est enceinte qu’elle réussira à s’améliorer dans la pratique de l’alchimie. Elle en est consciente c’est bien trop dangereux. Il ne lui reste donc que les voyages et c’est cette première question qui vient lui chatouiller les lèvres. Elle parle, beaucoup plus vite qu’elle ne l’aurait souhaité. Sa voix quant à elle traduit une anxiété bien trop prononcée à son gout. Pour le moment c’est encore tout récent, je ne peux donc vous obliger à rien mais simplement vous recommander de vous reposer et d’éviter de vous surmener dit-il alors qu’elle hoche la tête, toujours aussi livide. Un rapport de votre visite sera envoyé à votre domicile dans quelques jours, le temps qu’on transfère votre dossier de suivi dans nos fichiers. Aussi, je ne tarderai pas trop à prévenir monsieur, si j’étais vous... Je me doute bien qu’il ne s’agit pas de mes affaires, et veuillez excuser d’avance mon intervention, mais si vous nourrissez quelque doute que ce soit quant à l’origine de cet.te enfant, vous devriez nous en faire part dès que possible.

Son regard se fixe enfin sur le médecin qui lui fait face. Elle devrait être offusquée par cette supposition mais elle sait que dans le milieu, les histoires d'un soir... ou plus, ne sont pas rarissimes. Après tout ce sont des choses qui arrivent lorsqu'on vous colle à vie avec une personne dont vous ne connaissez strictement rien. Elle ne peut pas lui en vouloir, non. Pourtant ses hormones semblent déjà lui jouer des tours et son coeur s'emballe à nouveau. Elle espère intérieurement que le prince russe n'aura pas la même supposition, mais elle a besoin d'encaisser la nouvelle. Besoin de dire aurevoir à sa liberté. Ste Mungo est une institution médicale, madame, nous ne sommes pas là pour juger, mais pour faire en sorte que rien ne vous arrive, à vous, ni à votre enfant à venir. Aussi, si vous pensez que l’annoncer à votre mari risque de vous indisposer, voire même de vous mettre en danger, n’hésitez pas à nous contacter. Je vous ai joint le numéro de la ligne cristal de l’hôpital, Ne voyez pas là un manque de professionnalisme, mais plutôt un excès opportun de prudence. Elle secoue doucement la tête et se racle légèrement la gorge. Non, mon mari est bien le père de l'enfant il n'y a aucun doute à ce sujet... commence-t-elle en replaçant une mèche de ses cheveux derrière son oreille. C'est plus compliqué que ça mais personne ne peut comprendre Vera Personne ne peut comprendre qu'avec cette annonce, elle perd toute possibilité de voir sa vie continuer comme elle l'avait négociée. Ce qui l'attend à présent c'est une cage dorée et un stress constant.

Doucement elle se mordille la lèvre inférieure tandis qu'elle s'empare des documents tendus par le médecin. Je ne risque rien docteur. J'ai juste besoin d'un peu de temps pour apprécier la nouvelle... Et de faire le point sur ce que cette annonce va entrainer. C'est si soudain. Mon mari a de grandes responsabilités, je souhaite faire mon possible pour ne pas lui ajouter une inquiétude supplémentaire quand aux préparatifs de l'arrivée d'un nouveau né au sein de notre famille. Voilà tout... tente-t-elle Il se contentera sûrement de cette réponse même s'il n'est pas dupe. Elle n'est sûrement pas la première personne à réagir ainsi en apprenant la nouvelle. Tout ce qui lui faut c'est du temps. C'est ça... Du temps.

"Non, mon mari est bien le père de l'enfant il n'y a aucun doute à ce sujet… - Oh, très bien…" murmure Nils, les yeux rivés sur le papier qu’il venait de lui tendre. Il se sent soudain un peu stupide d’avoir nourri de pareils soupçons. C’était la faute à son job à la Brigade, ça! C’était un repère à commères qui avaient tous les jours de nouvelles rumeurs et autres histoires de coucheries à répandre et à raconter à qui voulait bien l’entendre… La machine à café était devenue leur lieu de rendez-vous, bien que la plupart de ses commères étaient des vampires ou des loups-garous, si bien qu’ils ne faisaient même pas vraiment usage de la machine à café en question! Pour les fuir, Nils avait été contraint de réduire ses temps de pauses, voire même de ne plus pouvoir boire de café pendant plusieurs semaines!

Nils se demande s’il devrait récupérer son numéro cristal, mais la jeune femme récupère tous les documents… Bah, ça aussi, à la machine à café, ça pouvait faire bien, de se vanter d’avoir échangé son numéro à une femme mariée! (Oui, Nils avait le chic pour se mettre dans des situations très embarrassantes, juste pour avoir eu l’audace de se penser bon en conversations anodines!)

"Je ne risque rien docteur. Nils a un petit haussement nerveux de l’épaule; ça faisait longtemps qu’on ne l’avait pas appelé comme ça; les brigadiers de la VB avaient tendance à oublier qu’il était là pour prendre soin d’eux. De plus, ça lui donnait l’impression d’être plus âgé, plus expérimenté, alors qu’il se sentait un peu comme un adolescent prépubère, assez inconfortable et maladroit avec la grossesse de sa patiente. J'ai juste besoin d'un peu de temps pour apprécier la nouvelle... Et de faire le point sur ce que cette annonce va entrainer. C'est si soudain. Mon mari a de grandes responsabilités, il se disait bien qu’il avait déjà entendu ce nom quelque part… Cependant, il ne saurait mettre le doigt sur où et quand exactement, je souhaite faire mon possible pour ne pas lui ajouter une inquiétude supplémentaire quand aux préparatifs de l'arrivée d'un nouveau né au sein de notre famille. Voilà tout…"
Nils rectifie sa position sur sa chaise, hochant doucement du chef. "Responsabilités ou non, ce devrait être à votre mari de tout faire pour faire en sorte que votre grossesse se passe bien. Il n’a pas vraiment l’habitude de se prononcer aussi sincèrement sur la question, et il aimerait penser que c’est ainsi qu’il raisonnerait si un tel événement faisait surface dans sa vie (et pour ça, il devrait peut-être songer à se trouver une go, dans un premier temps) (as in, une go qui n’est pas une vampire, oups).

"Ce serait déplacé de ma part de dire que je peux comprendre ce que vous ressentez, mais ne vous en faites pas, vous avez encore le temps avant de prendre de telles mesures. Quel métier exercez-vous?" Il ne se souvient pas avoir vu quelle que mention que ce soit, ou du moins, il n’y avait pas tant prêté attention que ça, du fait de l’inquiétude pressante de sa patiente. "Et, si je ne m’abuse, j’ai l’impression d’avoir déjà entendu votre nom d’épouse, bien que je sois infichu de le prononcer correctement…"