Elle observe son reflet dans le miroir, affublée d’une belle robe aux tons gris/argenté que Mikhail lui a acheté lors de leur lune de miel écourtée. La couleur lui va à ravir, souligne ses yeux verts noisettes. Illumine son visage et souligne sans trop révéler ses courbes. Cette robe n’est pas vraiment de celles qu’elle a l’habitude porter, bien trop accoutumée à revêtir son style original, encore un point commun avec son frère Herbert, mais elle l’aime bien. Preuve que son mari a du goût. Chose qu’elle apprécie chez lui. Elle doit bien avouer qu’elle le trouve surprenant, loin de ce qu’elle avait imaginé. Pour tout dire, il n’était pas difficile pour Vera de penser qu’après son mariage, elle aurait probablement dû vivre avec un ours, enfermée dans une cage dorée. Il n’en est rien, du moins pour le moment. Elle a bien évidemment moins de liberté, elle se contrôle afin de ne pas ternir d’une quelconque manière le nom des Strugatsky, mais on lui laisse le droit de continuer son activité à la boutique et Mikhail la laisse se dévouer à l’alchimie sans lui imposer de barrière. Alors elle se rassure en se disant que bientôt elle pourra parcourir le sol d’un nouveau pays et se laisser bercer par un flux de savoir continu.

Cette simple pensée suffit à lui arracher un sourire rêveur, tandis que d’une main experte elle noue ses cheveux en une queue de cheval basse. Soupir qui franchit la barrière de ses lèvres alors qu’elle se détache de son image pour sortir de ses appartements. De ceux qu’elle partage avec Misha. D’un pas léger, elle avance dans les couloirs du palais avec lequel elle commence à se familiariser. Pour tout dire, elle sent qu’une force parcourt ses murs, hostile envers certain, peu intéressé par elle. Tant mieux. Des yeux elle cherche un elfe de maison, qui apparaît aussitôt que la pensée lui vient. Avec un sourire, qui elle le sait surprend parfois les elfes elle demande : Un ami à moi doit venir boire le thé ; j’ai l’autorisation de le faire entrer dans le vestibule. Pourriez-vous nous le faire servir sur la petite table dans l’entrée ? elle n’a pas le temps d’en ajouter plus et voici qu’il disparaît après un hochement de tête. La belle hausse les épaules avant de continuer son chemin vers le vestibule. Arrivée en haut des escaliers, elle prend le temps de jeter un œil à l’horloge magique qui se trouve non loin de là. Bientôt 16 heures. Son sourire s'élargit alors qu’elle tient encore dans sa main la lettre d’Ephraïm arrivée plus tôt dans la matinée. Elle a hâte d’échanger avec lui à nouveau. Après tout, elle ne l’a pas vu depuis son mariage, il y a de cela un mois.

Elle descend marche après marche, songeant à cette chose qu’il a à lui demander et à toutes les trouvailles ramenées de Russie qu’elle va pouvoir lui montrer. Elle jette un coup d’œil vers la table déjà dressée par les elfes de maison. Une bouilloire fumante, ainsi que deux tasses en porcelaine et un assortiment de biscuits maison sont joliment disposés. D’un hochement de tête satisfait, elle se dirige vers la porte d’entrée là où l’attend l’elfe qu’elle a sollicité quelques minutes auparavant. Maitresse Vera, votre invité est là dit-il en ouvrant la grande porte avant même, elle le devine, qu’Ephraïm ai eu le temps de faire quoique ce soit. La belle penche la tête de côté avec un doux sourire, détaillant l’homme qui se tient devant la porte et plonge son regard dans le bleu profond de ses yeux. Bonjour Ephraïm, vous êtes tout juste à l’heure. dit-elle en lançant un regard à l’horloge qui sonne les coups d’une nouvelle heure. Je suis heureuse d’avoir de vos nouvelles ! Si cela vous va j’ai fait préparer du thé. continue-t-elle en l’invitant d’un geste à la suivre. Elle lui lance un regard pétillant, dont elle seule a le secret. Nul doute que cette conversation sera intéressante. Après tout, jamais elle ne s’ennuie quand cet homme est dans les parages.

Ephraim découvre le manoir Strugatsky pour la deuxième fois avec un certain plaisir. Si la première invitation était de la part de Mikhail, celle-ci lui provient de Vera - un état de fait qui n'a de cesse de l'amuser, parce qu'il peut d'ores et déjà imaginer l'agacement certain du prince russe si il venait à l'apprendre. Et en ces temps troubles, il lui faut bien de l'amusement dans sa vie pour ne pas se laisser abattre par le nuage de malheur qui s'est abattu sur lui depuis Gracefield.

Il a dit au revoir à Feodora avec une véritable déception, lui faisant promettre de prendre soin d'elle et de demander à ses cousins cousines de lui écrire. Il a fait examiner sa gorge et son bras blessés par une tripotée de médecins qui lui ont tous assuré qu'il irait bien. Il s'est tourné les pouces en attendant un hibou de Mikhail qui n'est jamais venu, en sachant pertinemment qu'il était parti en lune de miel. Il a continué ses recherches. Ignoré Django, travaillé avec Ariel, s'est disputé avec Benyamin, n'a pas su quoi faire de Caleb. De plus en plus, Ephraim regarde Salomon avec l'idée qui se précise de l'utiliser dans ses sombres desseins. Mais de ça, il n'en a pour l'instant parlé à personne. Et cette histoire de Suzanne, aussi... il a beaucoup à penser, et les quelques missives que lui et Vera se sont échangées l'ont aidé à garder tête à flôt. L'idée qu'il pusise dépendre de cette jolie femme est risible. Elle et lui sont très différents. Mais elle s'est taillée une place de choix dans le paysage d'un Ephraim agréablement surpris de son propre attachement soudain - un hasard bienheureux et bien trop rare dans son existence.

Seize heures sonnent alors qu'on lui ouvre les portes du palais, apparemment hautement sécurisé. "Bonjour Ephraïm, vous êtes tout juste à l’heure." Ephraim incline la tête en souriant. "J'aurais volontiers été en avance pour vous voir plus vite, mais j'ai cru comprendre que les surprises n'étaient pas appréciées par ici. - Je suis heureuse d’avoir de vos nouvelles ! - Et moi donc. - Si cela vous va j’ai fait préparer du thé." Il sourit en hochant la tête, lui emboîtant le pas en défaisant lentement l'agrafe de sa cape. "Cela m'a l'air parfait."

Ils s'asseyent ensemble dans le petit salon, Ephraim produisant de la poche de son manteau une petite boîte enveloppée d'un velours sombre. "Je vous ai déjà offert vos cadeaux de mariage à la réception," un set de pièces d'échec blanches taillées par lui-même pour Mikhail, et un alambic israélien très précieux qu'il a acheté rubis sur l'ongle pour Vera, "mais les voilà enfin." Dans cette boîte, une dizaine de ses carnets de voyage et de recherche, comme il le lui en avait parlé lors de leur première rencontre. Il a fait attention à retirer les passages compromettants parlant de meurtres et autres choses aussi savoureuses qui pourraient la choquer (ou au moins la faire le reporter aux autorités). "J'espère qu'ils vous plairont," dit-il avec un sourire, découvrant à sa propre surprise qu'il est sincère.

Elle n'a pas souvent le luxe de recevoir de la visite notre douce Vera. Pas souvent le plaisir d'échanger des mots avec des personnes qu'elle juge intéressantes, ni même le loisir de se sentir comme les autres. Elle est loin la vie qu'elle menait au sein du manoir Slughorn. Loin la vie où tout ses petits problèmes étaient futiles. Loin la vie où un sentiment de liberté la bercée à chaque instant. Oui, elle est loin sa vie. Elle pourrait d'ailleurs précisément vous citer l'instant où elle s'est envolée. A cause de qui elle lui a échappée. Oui. Et même si elle voulait rejeter la faute sur sa mère ou même sur son frère... Elle sait pertinemment qu'elle a perdu le contrôle le jour où Herbert a disparu. Elle lui en veut, profondément. A du mal à panser la plaie béante qu'il lui a laissé dans le cœur. Elle a espérait d'ailleurs, longtemps, que celui-ci ferait une réapparition spectaculaire. En grande pompe, avec un sourire idiot, du grand Hebert. Elle lui aurait passé le savon du siècle. L'aurait probablement traité de tous les noms d'oiseaux mais intérieurement elle aurait remerciée Merlin de lui avoir rendu son frère et sa vie.

On dit qu'on se rend compte de ce que l'ont a seulement lorsqu'on le perd. Vera peut le confirmer. Tout avait été si vite, qu'elle s'était retrouvée la bague au doigt avant même d'avoir pu dire "ouf". Fort heureusement elle était tombée sur Mikhail. Elle l'avait d'abord jugée durement. N'avait éprouvée aucun intérêt pour cet homme au regard froid et au piètre talent de comédien. Elle savait intérieurement qu'elle ne pourrait jamais s'attacher à lui. Pas comme elle aurait voulu le vivre du point de vue amoureux mais il l'avait surprise à chaque instant passer ensemble. A chaque échange qu'ils avaient eut. Intenses. Des joutes verbales avec une pointe de curiosité autant chez elle que chez lui et des perspectives qui se dessinaient devant eux. Si bien qu'elle avait baissé la garde le temps d'une nuit. Une fois, une seule et si elle n'avait pas autant détesté que cela, elle n'avouerait non plus jamais avoir aimé cet instant.

Un sourire étire ses lèvres alors qu'elle reprend ses esprits. Se concentre sur son invité qui elle doit l'avouer et bien plus digne d'intérêts que ses petits tracas. Ephraïm. Si cet homme est une énigme pour elle, elle doit avouer aimer particulièrement sa compagnie. Elle ne comprend pas non plus comment une personne telle que lui peut avoir réussi à nouer un quelconque lien d'amitié avec son mari. Elle se demande même comment celle-ci réagira lorsqu'il apprendra qu'elle aussi à tisser une relation avec lui.  "J'aurais volontiers été en avance pour vous voir plus vite, mais j'ai cru comprendre que les surprises n'étaient pas appréciées par ici." Dit-il toujours aussi charmant. Charmeur. Tout en lui intrigue Vera. Il pourrait facilement mettre la plupart des gens mal à l'aise avec son regard transperçant et ses phrases bien trop bien placées. Pas Vera. Non. Elle l'invite à la suivre pour le thé et s'installe face à lui afin d'avoir tout le luxe de ne manquer d'aucune miette de ses expressions si... Plates. "Je vous ai déjà offert vos cadeaux de mariage à la réception," commence-t-il alors que Vera penche la tête de côté afin de comprendre de quoi il parle. Doucement elle se penche curieuse et si, la plupart des personnes dans ce château jugeraient son geste maladroit, la jeune femme ne peut contenir sa curiosité. "mais les voilà enfin." il lui tend une boite qu'elle ouvre avec des gestes contenues. Loin d'elle l'idée de passer pour une huluberlue mais lorsqu'elle aperçoit les petits  carnets, la belle à du mal à retenir son sourire "J'espère qu'ils vous plairont" dit-il.

Vera relève alors un regard pétillant vers son invité. Dans le mille Ephraïm ne peut-elle s'empêcher de penser. "Est-ce bien ce à quoi je pense ?"   dit-elle en commençant à faire défiler les pages entre ses doigts fins. "Ce sont vos carnets Ephraïm ? Vous ne pouviez pas me faire plus beau cadeau..."   continue-t-elle avec sincérité. "Vous n'imaginez pas à quel point cela me fait plaisir, j'ai hâte de les lires et de pouvoir en parler avec vous. Merci, sincèrement."  dit-elle en les serrant contre sa poitrine. Et si pour le moment ses rêves de liberté sont quelques peu atténués, elle sait qu'à travers ces pages c'est tout un monde qui s'offre à elle. "Mais je manque à tous mes devoirs. Souhaitez-vous une tasse de thé et des biscuits ?"  

L'intérêt évident de Vera pour son cadeau l'amuse et, pour être honnête, lui fait plaisir. Peu de choses font plaisir à Ephraim. Il se contrarie rarement, se félicite encore moins souvent - sa vie est un long fleuve tranquille, où tous les troubles l'agitent si profondément qu'ils ne viennent jamais perturber la surface. Beaucoup s'ennuirait d'une existence sans joie ou tristesse véritables mais Ephraim trouve ça sécurisant.
Surtout quand, à l'occasion, il peut atteindre ce que ses frères essayent désespérément de partager avec lui: le plaisir simple mais honnête de voir quelqu'un sourire grâce à soi.

Il regarde la femme de Mikhail s'emparer des carnets et commencer à les feuilleter. "Est-ce bien ce à quoi je pense ?" Le sourire fin sur les lèvres d'Ephraim s'étire en toute réponse. "Ce sont vos carnets Ephraïm ? Vous ne pouviez pas me faire plus beau cadeau..." Il se demande ce que pourraient penser les autres invité.es du mariage si ils l'entendaient dire... à la réception, il a eu le loisir de voir monts et merveilles être offerts aux deux mariés. Même lui, qui n'est pas matérialiste, a été impressionné par la fortune dépensée par certain.es invité.es dans les cadeaux pour le nouveau couple - et avec Guterman Financial derrière lui, Ephraim n'est pas étranger à la richesse.

"Vous l'entendre dire est comme de la musique à mes oreilles. Je suis contente si ça vous plaît." Il sait aussi que les cadeaux les plus précieux sont ceux qui sont proches du coeur. Voilà pourquoi il a offert des pièces d'échec à Mikhail, et un alambic alchimique à Vera. Et maintenant, ces carnets, hautement personnels, dont il lui avait parlé. "Vous n'imaginez pas à quel point cela me fait plaisir, j'ai hâte de les lires et de pouvoir en parler avec vous. Merci, sincèrement. - Tout le plaisir est pour moi, Vera. Vous me direz ce que vous en pensez." Au delà du fait qu'elle est la femme de Mikhail, Vera l'intrigue sincèrement et il espère avoir accès à ce qu'elle pense réellement de ses carnets.

"Mais je manque à tous mes devoirs. Souhaitez-vous une tasse de thé et des biscuits ? - Avec plaisir." Le thé est servi et les biscuits distribués. Ephraim ne mange pas, mais il apporte le thé à ses lèvres, ses doigts en métal tapotant distraitement sur la porcelaine alors qu'il hume de satisfaction en goûtant le liquide brûlant. "J'ai bien entendu fait faire quelques copies magiques de mes carnets, pour mes archives. Je me suis dit que vous préféreriez avoir les originaux," dit-il en reposant la tasse sur sa coupelle. "Vous me pardonnerez quelques passages ennuyants ou confus, je n'ai pas pris le soin d'éditer leur contenu." C'est un mensonge, bien entendu, mais rien ne l'indique sur l'expression faussement désolée d'Ephraim. "J'ai vu et vécu beaucoup de choses et rencontré beaucoup de gens. Votre mari parmi eux - sans doute l'une de mes plus belles rencontres."

Ephraim s'apprête à continuer d'une voix posée, pour lui faire un résumé de ce qu'il a vu du monde à travers ses multiples voyages, mais s'interrompt parce que la porte du petit salon où ils se trouvent est ouverte un peu brusquement. Sans violence, mais avec hâte. Ephraim tourne la tête vers l'interruption avec un froncement de sourcils, s'attendant à voir un elfe de maison s'enquérir de la princesse; et tombe des nues en croisant le regard bleu de Mikhail.

Ephraim est rarement surpris. Pourtant, rien ne le montre alors qu'il se met à sourire et se lève en inclinant la tête en direction de son ami. "Mikhail," fait-il d'une voix chaleureuse. "Quel plaisir de te voir. Nous étions en train de prendre le thé avec Vera et de parler d'alchimie." Il adresse un clin d'oeil complice à Vera de l'autre côté de la table. "Nous étions en train de parler de toi, mais rien de terriblement compromettant, je te le promets..."