C'est incroyable, comment tout peut paraître différent et pourtant si similaire à ses souvenirs. Chaque rue qu'il traverse en compagnie de son épouse, chaque mur et chaque porte sur lesquels il pose son regard lui procure une sensation des plus ambivalentes. Comme être chez lui et voir que rien n'a changé excepté sa propre personne. Ce n'est pas tant la langue dont les sons gutturaux coulent sur sa langue et qu'il continue de pratiquer en Angleterre, ce n'est point non plus le repérage, rien n'a réellement changé, ou si peu qu'il sait encore se déplacer les yeux fermés et atteindre ses destinations. Peut-être ce sentiment si particulier réside dans le fait que - passée la première journée dans l'empire commercial des Strugatsky - il s'est toujours trouvé au côté de son épouse.  Après avoir dit à Vera qu'il ne pourrait l'emmener en lune de miel pour le moment, l'occasion s'est présentée en une affaire à régler en Russie et le mois de juillet pas encore terminé les deux époux ont obtenu un passe-droit pour se rendre dans le pays natal de Mikhail.

Il ne s'est pas encore habitué à l'idée de passer toute sa vie avec la femme qui avance à ses côtés, une main délicatement posée sur son bras. Alors qu'il s'est préparé toute son enfance à ce moment, ses yeux se posent encore avec surprise sur la brune, sur la bague à sa main et sur ce lien magique qui les unit. Cependant, malgré la puissance de cette union, ils demeurent des étrangers l'un pour l'autre. Mais il s'est promis qu'il serait un époux honorable à défaut d'être aimant, et cela n'est qu'un devoir de plus à ajouter à la longue liste qui emplit sa vie. Protéger ses sœurs, trouver le coupable, faire florir l'empire, ne pas faire de faux pas, tout calculer, produire des héritiers, respecter sa femme...

Cette semaine leur permettra, il l'espère, d'emprunter le pont qui les sépare et se retrouver à mi-chemin. Cela commence par les cadeaux pour ses sœurs. Mikhail transporte Vera de boutiques en boutiques, achète une arme rare dans une vieille boutique obscure pour Vasilisa, commande un casse-tête architectural pour les méninges expertes de Brygida, sans oublier un bijou avec une imposante pierre aux propriétés supposément protectrices, et une myriade de petits cadeaux pour Zoya. Mikhail a dépensé sans compter. Il laisse à son épouse tout le temps qu'elle souhaite, allant même jusqu'à l'entraîner dans une boutique d'alchimie et l'observer silencieusement vaquer entre les quatre murs. Cela va sans dire qu'il lui paye tout ce qui attire son regard. C'est bien la seule façon qu'on lui a appris à montrer un intérêt et il se sent pourtant droit comme un piquet, tendu comme une baguette prête à lancer un sort, sur le qui-vive de la plus petite erreur sous une nonchalance feinte.

Une fois rentrés, les cadeaux organisés dans un coin de la chambre, après avoir repris leur taille d'origine ; Mikhail commande le repas qu'ils mangeront dans le salon, réticent à l'idée de l'emmener dehors après une longue journée d'emplettes et de marche. Peu enclin aux grandes salles emplies de monde et de potentielles menaces. C'est sans compter le manque de conversation et le silence qui règne autour de la grande table, de temps à autre dérangé par les bruit des couverts sur l'assiette (mais si discret, parce qu'on leur a appris à se nourrir correctement) et un mot échangé ci-et-là. Le silence ne le dérange pas tant que le constat que s'il a toujours été un homme social, Mikhail est à court de mots en présence de celle qui partage son lit, son nom et sa vie. Ils tentent bien d'échanger des platitudes qui se terminent par un "hm" de sa part ou un hochement de tête du côté de la nouvelle madame Strugatsky. Si la journée s'est bien déroulée, la soirée s'annonce compliquée.

Dans un soupir résigné et un claquement de doigt, Mikhail appelle un serviteur "il nous faudrait notre meilleure vodka," indique-t-il sans un regard. Quelques secondes plus tard, deux verres apparaissent remplis d'un liquide transparent aux reflets iridescents. L'attrapant, il le lève en direction de son épouse "Je me suis dit que nous devions célébrer cette journée et tout ce qui va avec. Un sourire s'étend sur son visage crispé. Et vous n'avez sans doute jamais goûté une vodka aussi exquise que celle-ci." il se souvient encore du visage d'Ephraim lorsqu'il lui avait fait goûter le breuvage. Mikhail se force à repousser cette impromptue pensée qui n'a rien à faire dans la domesticité de la scène. Se disant, il porte le verre à ses lèvres et en avale le contenu. Celui-ci se remplit immédiatement. Qui a dit que la magie ne faisait pas le bonheur ? Réchauffé, les mains occupées par le verre, il se laisse aller d'un millimètre pour ajouter "Comment trouvez-vous ma ville jusqu'à maintenant ?" c'est autant une platitude que tout le reste, mais ainsi on ne pourra pas lui reprocher de n'avoir pas essayé.

Ses yeux verts noisettes, filent d’une vitrine à l’autre, pétillants d’émerveillement. Elle essaie de se contenir devant le spectacle qui défile sous ses yeux, la main sagement posée sur le bras de son époux. Elle marche au pas, profitant de ce petit moment que Mikhail daigne lui offrir. Surprise par la venue de cette lune de miel qu’elle n’attendait pas de si tôt. Quelque peu gênée par l’idée de passer un séjour avec lui, mais agréablement surprise par sa façon d’agir envers elle. Respectueux, gentlemen. Elle n’en demande pas plus. Elle sait que cette bague qui orne son annulaire n’est que le signe de son approbation, quelque peu forcée, au contrat qui les lient l’un à l’autre. Mais à son grand étonnement, l’enfer qu’elle s’imaginait vivre n’est pour l’instant pas encore venue la frapper. Alors elle profite de son séjour, bien heureuse de ne pas encore avoir eu besoin de passer du temps seul à seul avec le Strugatsky. Du moins pas en privé. Elle jette un coup d’œil discret à celui-ci, constatant qu’il est depuis leur arrivée, toujours plongé dans ses pensées. Elle le devine nostalgique. C’est une chose normale. Simple constatation, mais elle ne se sent pas encore prête à s’immiscer dans les pensées du grand brun. Le sera-t-elle vraiment un jour ?

Doucement elle secoue la tête, essayant de penser à autre chose, ses yeux passant du visage de son mari aux vitrines qui longent la rue. Le programme du jour consiste à trouver des cadeaux pour leurs familles. Elle se contente donc de suivre son hôte qui connait, semble-t-il, les lieux sur le bout des doigts. Son intérêt se porte donc sur une magnifique plume ainsi qu’un papier à lettre délicat pour Elias, songeant que cela lui ferait plaisir ; une magnifique écharpe en soie pour Tonyah, et un set de thé russe pour sa mère. Pour Eileen, elle choisit une paire de gants en cuir, parfaite pour les matchs de quidditch. Si elle trouve ce sport dénué d’intérêts, elle sait que ce cadeau lui attirera surement la sympathie de sa petite sœur. Une fois ceux-ci fait, elle retourne au bras de Mikhail, le suivant jusqu’à une boutique d’alchimie, appréciant cette attention qui ; elle l’avoue ; la touche particulièrement. Ne manquant pas de commenter avec fascination chaque article qui attire son attention. Faisant tomber légèrement ses barrières le temps d’un instant. Elle ose un sourire à l’attention de Mikhail. Songeant aux merveilles qu’elle aura l’occasion de montrer à Ephraïm lors de son retour à Londres, son cadeau de mariage, toujours bien à l’abri dans son sac. Nouveau sourire, quelque peu rêveur et la voici qui retourne docilement auprès de son mari.

L’heure de rentrer arrivant à grand pas, elle prend le temps d’aller se rafraichir à la salle d’eau tandis que son époux commande le diner, jugeant plus convenable de ne pas sortir ce soir. Elle approuve mentalement la démarche tandis qu’elle relève ses cheveux en un chignon légèrement lâche. Observant son reflet dans le miroir quelques instants, elle se saisit de sa baguette afin de ranger ses affaires convenablement dans ses tiroirs et retourne auprès du Russe pour savourer un repas délicieux mais étonnement silencieux. Seul le bruit aussi léger soit-il, de leurs couverts résonnent entre une ou deux banalités lancés de part et là. La jeune femme trouve un soudain intérêt à son assiette, légèrement mal à l’aise. Mais il en est ainsi entre les deux époux et même si elle à passer une excellente journée, il ne faisait aucun doute quant au silence qui régnerait entre eux lors des seuls moments qu’ils passeraient en privé. Et si cela ne la dérange pas, lorsqu’il partage le même lit, la belle ne sait comment agir face au mur qui lui fait face.

Elle relève alors la tête étonnée lorsqu’elle entend le son de sa voix résonner tout à coup. Il nous faudrait notre meilleure vodka, dit-il sans même un regard pour l’elfe de maison qui se dépêche d’exécuter ses ordres. Soudain un verre apparait devant elle et elle s’en saisit alors que son mari tend son verre en sa direction. Je me suis dit que nous devions célébrer cette journée et tout ce qui va avec. Et vous n'avez sans doute jamais goûté une vodka aussi exquise que celle-ci. lance-t-il à son intention avant de vider le contenu du petit verre d’un trait. Vera l’imite, bien qu’elle apprécie de prendre un bon verre de whisky pur feu de temps à autre, elle reconnait que cette vodka aussi délicieuse soit-elle vient réchauffer presqu’immédiatement sa gorge et ses joues, révélant un éclat pétillant dans ses yeux verts. Délicieuse en effet ! dit-elle avec un sourire en coin. Rien à voir avec celle que j’ai pu gouter Angleterre… ajoute-t-elle pensive. Comment trouvez-vous ma ville jusqu'à maintenant ? continu-t-il sur sa lancée alors que Vera observe son verre se remplir à nouveau avec un sourire indéchiffrable. Elle est merveilleuse… commence-t-elle avant de boire un autre verre, songeant que ce breuvage est réellement délicieux, avant de porter à nouveau son attention sur Mikhail. Pour tout avouer elle vous ressemble beaucoup, elle est en apparence froide, mais agréablement surprenante… continue-t-elle en plongeant son regard dans ses yeux céruléens. Remarquant que comme à son habitude elle porte bien son nom, révélant des vérités inattendues mais qui font tout son charme. Nouveau sourire, elle penche la tête légèrement de côté et la voilà qui lève son verre vers son mari Délicieuse… dit-elle en déviant cette fois le regard, les joues légèrement rosées par la boisson … ou par son éternelle franchise.

Un verre ne suffit pas à enivrer l’esprit du Strugatsky, trop habitué à laisser ce genre de breuvage corsé se répandre dans son corps. Il constate cependant que tel n’est pas le cas pour son épouse, dont les pommettes s’empourprent déjà et qui fait apparaître un sourire délicieux sur ses lippes. Elle est exquise sa femme, pense-t-il analytiquement, comme l’on observerait un tableau qu’on ne souhaite ni acheter ni posséder. Dans cette constatation réside toute la difficulté de la tâche qui lui incombe. Il la regarde placidement reprendre un deuxième verre, mais ses traits à lui ne se détendent qu’en entendant les paroles qui suivent. “Pour tout avouer elle vous ressemble beaucoup, elle est en apparence froide, mais agréablement surprenante…” une sensation étrange s’insinue contre son torse, un mélange d’appréciation et d’autre chose d’indéfinissable. Mikhail se sait d’une froideur égale à celle des murs de son Palais, que le masque qui entoure son visage est pareil aux statues de marbre que l’on peut contempler dans les immenses musées. Que tout ce qui fait de lui un homme plus simple, plus ouvert, plus … humain est enfoui bien en profondeur et que peu de gens ont la grâce d’en découvrir les échos. Même ses sœurs ces derniers temps pourraient se demander où est passé l’enfant qui jouait aux échecs simplement pour le plaisir, qui les prenait sur ses épaules, qui les accompagnait au piano. Lui-même se le demande parfois quand il n’a que pour seule compagnie la nuit et ses propres pensées tortueuses. Vera semble voir au travers, peut-être ne fait-il donc pas un assez bon travail pour dissimuler cette faiblesse, ou bien alors est-il assez bon comédien pour lui faire croire qu’il y a quelque chose de bon à trouver en grattant la saleté pure du Suprême. Après tout, sa femme ne sait rien des opérations illicites d’une grande partie des Strugatsky, pas plus qu’elle ne connaît les secrets sombres qu’enferment leur famille dans les recoins de leur demeure et de leur cœur. La ligne entre ces deux possibilités est si fine, si infime que lui-même serait bien en peine d’y trouver une réponse. Le jeu ou l’absence de jeu ? Le vrai ou le mensonge ? Mikhail reste silencieux, même devant le “délicieuse” prononcé avec un verre levé puis un regard dévié sur le côté. son sourcil s’agite, se soulève, ses lèvres s’étirent gaiement d’un sourire de velours. Et même en cet instant, il ne peut déceler la vérité autant des propos que de ses mimiques. Il ne la croit pas aussi experte en subterfuge et peut aisément mettre sur le compte de l’alcool fort, cette déclaration soudaine et inattendue à défaut d’être entièrement indésirable.

A son tour, son verre se remplit et Mikhail reprend une gorgée, ferme les yeux quelques secondes pour déguster plus sérieusement la chaleur et la froideur qui se mêlent tour à tour contre son palais et dans sa gorge.  “J’en déduis que le voyage autant que la compagnie est à votre convenance,” affirme-t-il avec satisfaction. Si tout le reste lui échappe, il y aura toujours ce mariage qu’il n’a pas le luxe de laisser s’étioler aussi rapidement, dont il se doit d’attiser les braises depuis peu présentes dans un âtre nouveau. Et parce que la curiosité vibre en lui autant ses obligations, il interroge d’une voix adoucie et alanguie par le moment en suspens qu’il peut contempler à l’envers dans son verre. “Pourquoi as-tu toujours souhaité voyager ?” Pas de trace de jugement et aucun changement sur le visage pour indiquer un quelconque intérêt. Tout peut se lire à qui s’y essaie dans l’inflexion de sa voix et le changement de sa posture. Dans des signes si discrets qu’on pourrait croire les avoir inventés. Mais rien n’est jamais entièrement laissé au hasard.

Joueuse. Vera l'a toujours été. Taquine et malicieuse. Cependant quand il s'agit de son époux, elle doit avouer qu'elle reste sur la retenue. Il fait ressortir la femme d'affaire en elle et c'est ainsi que leur mariage se base quasi exclusivement sur des accords visant à rendre leurs vies aussi simple que possible. Cela lui convient parfaitement en temps normal, moins elle a à passer de temps avec Mikhaïl, mieux elle se porte mais il y a des jours comme celui-ci où elle se surprend à presque apprécier la compagnie du prince russe. Oui, Vera doit bien l'avouer, sa vie n'a rien du cauchemar qu'elle s'imaginait vivre quelques semaines auparavant. Oh bien sûr sa liberté ne lui appartient presque plus mais au moins elle peut se vanter d'être tranquille et d'avancer l'esprit léger. De plus son mariage avec Mikhaïl a mit sur sa route des personnes plus que délicieuses. Oui, cette union Vera préfère la voir d'une manière positive et elle arriverait presque à se convaincre que c'est le cas. Son sourire se veut sincère alors que ses joues virent au rose. Elle ne peut s'empêcher de faire une de ces petites remarques dont elle seule a le secret. Du Vera tout craché. Elle n'est pas dupe. Elle sait, malgré l'alcool, que ce sourire qui se dépeint sur son visage qu'elle juge trop froid à l'accoutumé n'est pas sincère et pourtant... Elle ose croire qu'elle arrivera tôt ou tard à piquer sa curiosité. Bien trop consciente que ce qu'il faut à leur couple c'est une base de confiance qu'elle est bien loin d'avoir gagné. Si un jour, elle la gagne.

Alors que son esprit devient quelque peu brumeux, elle se détend légèrement tout en observant l'homme qui lui fait face tout en prenant une nouvelle gorgée. Elle savoure le liquide transparent qui réchauffe sa gorge autant que son cœur. “J’en déduis que le voyage autant que la compagnie est à votre convenance,” dit-il d'une voix qu'elle ne reconnait pas. Il est difficile avec Mikhaïl de démêler le vrai du faux et pourtant, elle ose croire qu'il lui porte presque intérêt. Bien droite sur sa chaise, elle n'oublie pas ses bonnes manières. Une personne quelconque ne remarquerait pas les effets de l'alcool sur elle, mais Mikhaïl n'est pas une personne quelconque n'est-ce pas ? Non. Elle baisse probablement trop la garde mais n'est-ce pas elle qui attend de lui ne serait-ce qu'un peu de confiance ? Cela marche dans les deux sens. Doucement, elle laisse son doigt dessiner les contours du verre qu'elle vient de vider et qui se rempli déjà. La belle hoche cependant la tête pour confirmer ses dires. “Pourquoi as-tu toujours souhaité voyager ?” demande-t-il de sa voix platonique. Vera lève alors les yeux. Prends le temps de le transpercer de ses yeux verts. Si elle pouvait s'y essayer elle sonderait son âme. Son visage reste de marbre et pourtant quelque chose à changer. Ils attirent ne serait-ce qu'un peu l'intérêt de l'autre sans pour autant le montrer et chacun abat ses pions lentement mais sûrement.

La nouvellement madame Strugatsky sourit à nouveau. Ses yeux toujours aussi pétillants de malice. "Pourquoi me contenter de ce qui se trouve en Angleterre alors que le monde a tant à m'offrir ?" répond-elle avec amusement. Elle a toujours aimé ça, voyager. Toujours aimé fuir ce quotidien qu'elle juge trop monotone. Elle n'a jamais été comme les autres Vera. Trop intelligente pour rester sagement à sa place. Trop franche et pas assez lady-like aux yeux des autres. Elle en rirait bien si aujourd'hui elle n'était pas marié à Mikhaïl mais elle se retrouve à une place qui la dérange, elle doit l'avouer. Doucement elle pose son menton sur sa main, le regard toujours posé sur son mari. "Il faut avoir de l'ambition Mikhaïl, sans quoi la vie est bien trop monotone." elle se redresse afin de boire une nouvelle gorgée de la vodka qui a de nouveau pris place dans son verre. "Et quelque chose me dit que tu n'en manque pas toi non plus..." fini-t-elle par dire. Elle n'est pas bête Vera, loin de là.

"Pourquoi me contenter de ce qui se trouve en Angleterre alors que le monde a tant à m'offrir ?" Vera est une contradiction à ses yeux, pour chaque mystère qu'il croit résoudre, un autre s'ajoute juste en dessous. Eprise de liberté et pourtant liée pour toujours à un inconnu ; princière par moment mais capable des plus simples réponses. Délicate quand elle pose son menton sur sa main mais avec une force qu'il croit entrevoir sous les apprentissages du à son sang. "Il faut avoir de l'ambition Mikhaïl, sans quoi la vie est bien trop monotone." joueuse et sérieuse. "Et quelque chose me dit que tu n'en manque pas toi non plus..." Mikhail hausse des épaules sans se cacher de la vérité flagrante dans les propos de son épouse. — S'élever ou mourir. Il n'y a pas d'entredeux possible par chez nous. Les Strugatsky n'ont jamais caché ni l'ambition ni tout ce qui les définit et cela même si cela a pu les faire passer pour des monstres froids aux yeux des autres. Ce qu'ils ne sont pas, la chaleur est bien réelle, brûlante et volcanique mais dissimulée sous des icebergs glaciaux. Le paraître et l'être sont deux choses bien différentes après tout.

— Pourquoi as-tu accepté ce mariage ? Tu devais te douter pourtant que cela viendrait mettre un frein à tes ambitions de voyage ? S'il lui a promis la possibilité de découvrir le monde le jour de leur mariage, il n'en reste pas moins que Vera a maintenant des devoirs - dont elle semble heureusement parfaitement consciente - qui viendront forcément se confronter à cette envie qui relève presque de la nécessité. — Qu'avais-tu à y gagner ? Lui demande-t-il ensuite en approchant quelque peu son siège d'elle, un bras nonchalamment posée sur l'accoudoir, les jambes qui se croisent et le liquide transparent à portée de lèvres.

Mikhail se demande à quel point Vera a eu son mot à dire dans ce contrat. se fiche en réalité de la réponse car cela ne changerait en soit rien. Le fait est qu'elle a accepté et que dans leur Monde on n'a pas le luxe (ou très rarement) de se marier par plaisir. Il souhaite sonder son esprit et ses motivations, trouver dans ses réponses des éclaircissements aux parts d'ombre. De quoi lui faire suffisamment confiance - un pilier des plus nécessaires quand il est question d'un mariage, plus encore quand on dispose d'un statut comme le sien.

Après tout, leur union est à la vie à la mort.
Si Mikhail a un quelconque pouvoir sur le sujet, il préfère à la vie. N'a pas prévu de rejoindre le Voile pour l'instant, souhaite retarder l'échéance tout en sachant que le danger se tapit partout, même dans leur rang. Pour cela, il a besoin d'informations. Knowledge is power. Power is control. Control is everything..