BIENVENUE SUR SMOKE & MIRRORS. Un forum Harry Potter alternatif qui diverge du canon à partir du tome 5 où Harry est capturé par les Death Eaters lors de la bataille du Département des Mystères. L'action se situe 12 ans après, en 2008, dans un Royaume-Uni gouverné par Lord Voldemort.

Le forum a pour but d'être collaboratif et possède donc un système de collaboration participative où tous les membres peuvent proposer des nouvelles annexes, évènements, voire même des idées de personnages pour les futur.es joueur.euses !

Malgré son contexte sombre et mature, SM, c'est une communauté qui aime le drama et les rebondissements et qui a un Discord très actif sous l'égide du safe space et de la communauté bienveillante. Qu'attendez-vous pour nous rejoindre ?
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Ça doit bien faire trois quart d'heure que tu es allongé sur ton lit, le nez dans les poils roux de ton chat qui ronfle comme un vieux devant le Tour de France. C’est dans ces moments-là où tu te dis que Moncho est con parfois. Parce que lui il dort et il n’a pas l’air de savoir ce qu’il se passe autour de lui. C’est vrai qu’en soi, ça ne change rien pour lui, le fait de te voir pleurer toutes les nuits comme une madeleine, ou bouger moins qu’avant : il mange toujours à sa faim, fait sa petite gymnastique habituelle pour monter et descendre les escaliers de la Tour, pour finalement rester avachi le trois quart de la journée sur ton duvet Quechua un peu froissé. C’est dans ces moments-là que tu te rends compte à quel point tu peux être con aussi, de croire qu’un chat saurait comprendre, voire, s’y prendre pour t’aider dans ces situations-là. C’est vrai que la première fois,  t’as pas eu le temps d’y réfléchir, puisqu’au delà du fait qu’il faille réfléchir, la chimie de ton organisme était encore moins équilibrée et saine qu’aujourd’hui.

Y’a plus personne à la Tour, maintenant. Vous êtes que deux en général, la plupart sont partis en renfort, s’occupent de leurs proches, des rescapés. Toi t’as pas réussi à y retourner — t’as cru que t’allais vomir sous l’émotion, c’est pour dire. Tout ça te dépasse tellement que t’as cherché à fuir, comme tu le fais souvent quand il se passe des trucs chiants. Très chiants en l’occurrence. C’est parce que t’arrives toujours pas à oublier mamá et Pili, tous tes amis aussi. Tu repenses à Lee et tu pleures en pressant ta paume contre ton front, qui devient aussi rouge que la fois où t’es resté trop longtemps au soleil sur la petite terrasse de la voisine, à Séville. Alors oui, t’es tout seul avec Moncho et même lui n’arrive pas vraiment à te consoler. Tu te demandes même combien de temps tu devras le serrer fort contre toi pour que tous ces morceaux  de cœur éparpillés finissent par se recoller. Et le pire dans tout ça, c’est que de tout temps, y’a une part de toi qui ne s’est jamais tue ; celle qui dit « tkt ça va aller », y’a plus grave, ça passera, tranquille. Et aujourd’hui tu ne l’entends plus.

Alors quand y’a ton binôme qui grimpe à ton étage pour te dire que Lena est à la porte, t’y crois pas trop. Elle est à la porte mais il l’a fait rentrer aussitôt, les temps sont durs, t’as bien compris, vous l’avez même très bien imprimé, vous tous. T’as l’air d’une vieille chaussette qu’on aurait laissé traîner au soleil et qui aurait fini par perdre ses couleurs. Tu réponds à la personne concernée que t’arrives — elle te paraît bien loin l’époque où tu dévalais toutes ces marches comme un fou furieux pour aller embrasser ta soulmate préférée. T’as à peine le temps de te dire qu’il faut bouger, de faire une caresse longue et empreinte de tristesse à Moncho, que tu entends les pas las et bien réels de Lena monter, déjà.
Tu sors de ta piaule, enfin, celle que tu partages avec Irina, Irina qui n’est pas là. Ton tee-shirt est plein de poils de chat, t’espères que Lena a prit sa potion, t’as pas envie de lui faire du mal. Tu descends les escaliers aussi difficilement, l’air de flotter dans un espace qui n’existe même pas, te tenant un peu au mur de pierre froid.

Vous vous croisez enfin, et c’est comme si tout le poids que tu voulais oublier revenait là, mille fois plus lourd au creux de ta gorge, et contre ton torse de gnome. Y’a rien qui sort parce que y’a rien à dire, pour une fois. Vous êtes juste là.
Et la seule chose que tu as au fond de toi, qui te pousse, c’est ça : t’as besoin de l’avoir contre toi. C’est aussi naturel que de danser pour toi, aussi naturel que de déblatérer mille et une bêtises en quelques souffles arrêtés. Alors tu vas la chercher et tu te retiens de tout, sauf de la serrer fort. C'est la première fois que tu la sens vaciller sous ton étreinte, et pour toi cela semble être l'une des rares fois où ce sont tes bras qui la soutiennent.
Si ça marche pas avec Moncho, ça marchera peut-être avec ta Lena. Peut-être même qu’elle aussi elle aura le cœur réparé si vous faites ça.
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Elena Alvarez
ORDER OF THE PHOENIX
Elena Alvarez
Date d'inscription : 14/11/2020
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Crédit : strangehell (avatar), pp (signa), tumblr (gifs), florence + the machine (lyrics), jool-jool (crackship damnn).
Âge : vingt-neuf ans (13/04).
Occupation : fugitive, bomb maker™ back in town, chercheuse d'Horcruxes.
Allégeance : agent spécial™, membre de la Task Force de l'Ordre depuis dec. 2007, après des années de bons et loyaux services (meh) en tant que C5. (Ouistiti)
Particularité : meilleur coup de poing du quartier + chouchou de Kingsley. (elle apprend aussi l'occlumancie et la magie sans baguette depuis peu, ew.)
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tw: langage cru, deuil
Elena a une sale gueule, elle le sait. Elle le sait même si bien qu’elle a hésité à rebrousser chemin à encore trois pâtés de maison de la Tour, quand elle a avisé sa dégaine complète dans un reflet de vitrine. C’est que les poings d’Al-Massri, ça ne pardonne pas (ça aussi elle le sait mais elle ne le dira jamais pour autant), et que ce n’est pas exactement comme si elle était revenue fraîche comme une jolie fleur de Gracefield. Elle a dû reprendre des béquilles, depuis hier, et s’arranger pour qu’on la dépose à York ; ça la fait grincer des dents, elle pourrait en chialer de frustration, elle aurait pu ne pas venir juste pour ça.

Mais y a Nacho.

Nacho, qui fait partie des dommages collatéraux de ses dernières conneries, quille renversée parmi les strikes à répétition – à croire qu’elle a laissé ses deux derniers neurones sur l’île de l’enfer. Elle a enchaîné, ces dix derniers jours : les choses qu’elle n’aurait pas dû dire, les gens qu’elle n’aurait pas dû repousser, les bouches qu’elle n’aurait pas dû embrasser, les occasions qu’elle n’aurait pas dû donner de se faire cogner. Furie ambulante tout juste bonne à semer la débâcle derrière elle, se jeter sur la peau des autres mais ne pas pouvoir en assumer les conséquences, se faire attraper au collet pour avoir une chance de s’en tirer… Elle a appris à se barrer, aussi. C’est pas son genre, mais fuir ça lui va de mieux en mieux. Des conversations avec Sofia ou Kingsley ou même Javi, des infirmeries, des chambres où elle devrait pas se retrouver, de sa propre planque, de la Tour aussi.

Alors elle est pas fière Elena, voire carrément un peu piteuse, quand elle finit par se signaler à l’entrée de cette planque qu’elle connait un peu trop bien. Pendant la poignée de secondes qui s’écoulent avant qu’on lui ouvre, elle cherche un nouveau coin où se cacher, se tailler, se replier jusqu’à ce qu’ils oublient, qu’ils l’oublient. C’est pas ce qu’elle s’apprête à faire de toute manière ?
Les babioles dans son sac à dos ont l’air de peser une tonne.

Elle ne connait pas bien le type qui lui ouvre, et c’est une première chose qui lui fait bizarre. C’est peut-être pour ça aussi qu’elle s’accroche aussi fermement à son sac quand il lui demande s’il peut la débarrasser ; pour ça aussi sûrement qu’elle préfère d’abord attendre en bas que Nacho descende.
Nacho, son si petit Nacho qui descendait toujours en hurlant et en courant avant, qui se jetait systématiquement sur le premier venu en beuglant en espagnol, même si le premier venu était toujours Lee et jamais Lena, que ça avait toujours été comme ça – Nacho qui n’est pas descendu aujourd’hui.
Elena essaye de ne pas s’attarder sur ce détail, d’attendre le plus calmement possible l’arrivée de son chiquito. Elle parcoure un peu la pièce du regard, chose qu’elle n’a pas pris le temps de faire en débarquant à la vitesse de la lumière la dernière fois. C’est moins en bordel que d’habitude, sûrement parce qu’il y a beaucoup moins de squatteurs et un peu moins d’habitants. Y a quand même un petit coin qui ressemble à des objets trouvés et où elle distingue une (??) de ses chaussures, sûrement ici depuis des mois sinon des années ; puis un petit bracelet perlé, un peu à l’écart sur un semblant de table – un tout petit bracelet, mais dont la vision lui fout quand même un sacré coup à l’estomac. Il a l’air juste oublié, juste posé à attendre que son détenteur vienne le rechercher, et Lena a de nouveau une furieuse envie de se barrer, et elle sait qu’elle ne doit pas davantage tourner la tête ou elle va tomber sur le canapé à affaires défoncé où ils se sont embrassés la dernière fois, et elle sait que—
Elena raffermit sa prise sur ses béquilles et file tout droit direction les escaliers. (Enfin file c’est vite dit, claudique plutôt).

C’est pas facile de monter des escaliers en béquilles, avec les bras creusés comme le reste et les cheveux anormalement défaits qui cachent la vue, mais c’est encore moins facile de voir (genre, vraiment voir) Nacho. Lena relève la tête en l’entendant arriver, tente un petit sourire, parvient à articuler un « Hola chico, » qui se veut enthousiaste, ou affectueux, et qui voudrait surtout dire vachement plus que ça. Nacho a les yeux gonflés, le même air vaguement zombiesque qu’elle, et elle voudrait pincer ses joues, ou défaire ses cheveux comme d’habitude, ou arriver à articuler quelque chose de pas trop bête, mais rien ne sort et elle reste plantée là un peu connement, avec son sac qui semble peser de plus en plus lourd à chaque instant (mais plus trop l’envie de disparaître six pieds sous terre, déjà).
Puis Nacho, Nachiquito querido, c’est celui qui a le plus de jugeotte et de cojones finalement, puisqu’il finit par l’attraper – et ça semble tout naturel, d’atterrir contre lui, de laisser tomber un peu trop fort ses béquilles pour s’agripper à son tee-shirt plein de poils de chats qui la fait tousser (mais pas suffisamment pour l’empêcher d’enfouir sa tête contre son épaule). C’est pas le premier à la prendre dans ses bras depuis l’incident loin de là, mais à part peut-être avec Javi c’est la première fois qu’elle se sent aussi soutenue, dans tous les sens du terme, puis qu’elle a pas l’impression d’être une bombe à retardement ou un tout petit truc en porcelaine qu’il ne faudrait surtout pas trop approcher. Elle se sent à sa place, tout bêtement, alors elle s’accroche au moins aussi fort que lui même si les forces lui manquent un peu et que les larmes sont jamais bien loin ; elle s’accroche parce qu’elle en avait un peu trop besoin, et qu’elle n’est pas sûre de pouvoir le lâcher, parce qu’elle se sent méchamment vaciller, et que peut-être bien qu’elle pourrait s’effondrer comme ils le craignent tous.

Y a pas grand-chose à dire, pas grand-chose à faire à part serrer fort fort fort son tee-shirt entre ses doigts. Elle réalise que ça aurait peut-être suffit la dernière fois, qu’il y avait pas besoin de toute cette esclandre et que ça leur aurait sûrement fait vachement plus de bien à eux deux. Qu’elle peut pas laisser tomber Nacho, pas maintenant, pas comme ça, et qu’elle peut peut-être même le laisser un peu l’aider elle, pour une fois. Ils se connaissent suffisamment maintenant, y a plus à faire autant semblant.
A le serrer comme ça, de toute manière – elle sait qu’elle ne pourra pas faire sans lui.

« Lo siento Nach’… » Elle renifle contre son épaule, un peu trop fort (les reniflements) (elle aimerait mettre ça sur le compte de son tee-shirt poilu voire de Moncho qui est venu traîner dans leurs pattes, mais que nenni). « Siento mucho, muchísimo » -- à ne plus savoir de quoi elle s’excuse, sûrement un peu de tout, d’avoir été aussi nulle, de ne pas avoir ramené Lee, de ne pas réussir à être une épaule fiable ou même une épaule tout court—elle n’a plus que ça à la bouche, l’articulation pâteuse en prime, les doigts toujours résolument fichés contre les os la soutenant tant bien que mal.

Et elle pourrait bien rester comme ça encore un ou deux ans, Elena, mais c’est concrètement peu faisable, alors elle recule doucement ; un ou deux pas seulement, histoire de se détacher tout en continuant à cramponner ses bras. Y a bien une main qui se lève pour venir se poser presque délicatement sur une joue de Nacho, comme pour balayer les sillons laissés par les larmes nocturnes – pour le reste, ça bouge pas. « On est toujours là, hein chico ? » Yeux qui cherchent les siens, pour une ombre d’approbation et d’espoir, ou d’encouragement, ou de suffisamment d’affection, histoire de compenser son regard à elle trop humide ou sa voix ou ses membres trop tremblants pour une fois. « On se lâche pas, hein ? » Les gestes illustrent la parole, et elle se raccroche de plus belle à son mijito, le temps de sécuriser un minimum d’équilibre et d’aplomb.

« ‘Fin j’veux dire, tu peux me lâcher là. » Ombre de sourire qui apparaît tant bien que mal sur les lèvres – le genre de sourire qui fait un peu mal, parce qu’il a l’air un peu déplacé et surtout revenu de très loin, suffisamment pour qu’on ait oublié comment faire vraiment. « T’es tout seul ? (ton de reproches, l’instinct maternel jamais très loin non plus finalement, même au fond du puits). On se pose quelque part ? (Nacho et Lena, se poser, what the fuck) J’ai deux-trois trucs pour toi. » Et y a déjà le sourire qui tremblote un peu, parce qu’elle peut pas faire comme si ça lui avait pas retourné le ventre au point de la faire vomir une trois ou dix fois de mettre un peu d’ordre dans leur chambre – mais y a le sourire qui persiste quand même un peu, parce que c’est vrai : ils sont toujours là, ils ont toujours l’un l’autre, et surtout ils n’ont pas le choix.
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tw: deuil

C'est la première chose qu'elle te dit et sa voix presque rauque, sortie des profondeurs de sa carcasse affaiblie, perce tes défenses d'une traite.
T'as jamais pu être détaché de ta Lena querida, c'est à la fois ta grande sœur, ton héroïne, un morceau de toi qui marche et qui fait presque autant de bruit. Émotionnellement, et physiquement, et surtout viscéralement, c'est tout simplement impossible pour toi de te l'imaginer hors de ta vie. C'est sans doute ce qu'elle se disait vis à vis de Lee aussi, avant qu'il s'en aille, ne laisse derrière lui que des larmes, des rires en écho creux dans vos mémoires. Alors tout d'un coup, ça fait plus mal, parce que tu te dis qu'elle a perdu aussi une partie d'elle, ce qui veut dire que t'as aussi perdu une partie de toi. Tu ne réfléchis pas comme ça, non, t'es aussi simplet que t'en as l'air parfois, parce que tes émotions sont aussi brutes que celles que tu déverses aux gens que tu croises, elle y comprit. Elle dans tes bras, toi qui la soutient, c'est tout pareil : y'a pas l'ombre d'une pensée qui te traverse, t'es juste là, en symbiose avec celle que tu présentes parfois comme ta meuf.

Tu fais d'autant plus attention que t'as réussi à oublier - t'as honte, très même - qu'elle avait des béquilles, mais une fois faite prisonnière entre tes bras de danseur, ça t'es revenu, et tu l'as soulevée un peu plus fort encore. Et sur le moment, t'es bien incapable de dire quoi que ce soit : les seuls mots sont ceux qui sont endormis au fond de vos gorges respectives, et les seuls interlocuteurs des coeurs qui battent trop fort et des pleurs qui se meurent.

"Lo siento Nach'… Siento mucho, muchísimo" et tu secoues un peu la tête de droite à gauche, imperceptiblement, mais elle le sent que tu bouges un peu ; tu te sens même investi d'une force que tu ne te connaissais pas. Y'a encore quelques minutes encore tu pleurais comme une larve dans ton lit, recroquevillé sous les sanglots. T'as peut-être tant pleuré que ton cœur a besoin de soulager celui d'un autre. Tu sais pas. Encore une fois, tu réfléchis pas à tout ça. T'es juste pas capable.

Vous vous séparez un peu mais tu la gardes sous le coude, littéralement, même si ses béquilles aident, tu ne leur fais pas confiance et y'aura jamais assez de tes bras. Tu ne sembles même pas sentir l'humidité lourde sur ton tee-shirt, sur ton épaule entre autre. Elle te fait tout oublier d'une traite, et t'insuffle à nouveau la vie d'un regard et par quelques mots échangés.

"On est toujours là, hein chico ?S-Sí," que tu dis en hochant la tête, tes yeux trop gonflés en train de boire la mer triste qu'elle te sert, "On se lâche pas, hein ?J'te lâche pas querida, venga," que tu lui assures d'une voix qui te rend soudainement plus adulte que tu ne l'as jamais été. Non seulement tu la lâches pas, vous ne vous lâchez pas, mais tu te décales et tu l'aides de manière plus judicieuse, aka d'un bras dans le dos. À vrai dire, t'étais bien à ça de la prendre dans tes bras et aller la monter comme ça — mais tu te dis qu'elle t'aurait tapé avec ses béquilles, et que tu fais aussi bien de t'épargner ça (elle n'aurait jamais fait ça).

"'Fin j'veux dire, tu peux me lâcher là." sa phrase sourit et il ne t'en faut pas plus pour la rejoindre à l'unisson. Pour autant tu la lâches pas d'un morceau. Ou d'une miette. "Toi d'abord, nena," tu refuses de la laisser seule dans son ascension, puis tu la laisses à nouveau sur ses points d'équilibre une fois sur le palier — ton palier, ou votre palier ? Tu sais plus quoi dire, c'est chez elle ici, comme partout où tu mets les pieds. "T'es tout seul ?" t'as un peu perdu ta langue, beaucoup même, tu renifles un coup et hoche à la positive, pour ça et la prochaine question. "On se pose quelque part ?Ouais viens," c'est que y'a Moncho étalé de tout son gras sur ton plumard, mais vous allez rester à distance de ça.

De toute façon, vous êtes un peu tous et toutes seules, ces derniers temps, même ensemble.

"J'ai deux-trois trucs pour toi.T'as ramené à manger? Y'a assez de boîtes de conserve pour cinq jours encore t'sais…"

Comme d'habitude, t'es à côté de la plaque. Mais sans ça, personne n'aurait autant le sourire aux lèvres avec toi.

"Moncho va pas bouger t'inquiètes," que tu dis d'une voix à moitié brisée, juste après avoir jeté un coup d'œil vers ledit Moncho. En fait, avoir regardé par ici te rappelle tes nuits d'insomnies et tes pleurs incessants, qui t'aspirent toujours un peu plus profond. "J'espère que tu seras pas trop malade," parce que ça va déjà pas toi, j'ai pas envie que t'ailles encore plus mal querida.

Alors tu vas t'assoir sur le vieux canap éventré qui a vu passer toutes vos soirées, tu l'as redescendu de la chambre de Deanito un peu avant "tout ça", sans savoir que vous n'alliez plus pouvoir tous vous y assoir. T'as l'impression de sentir encore l'odeur de Lee et des autres, d'entendre les rires, les odeurs de chips et de rots à bière mal gérés. T'as l'impression que tout ça vit encore alors que sur vous plane le voile de cette fameuse mort. Todas las cosas buenas tienen un final. "Quieres agua?" t'en as de la fraîche, même si elle est grave calcaire. Tu te réfugies dans un coin du canap, assit comme une pauvre merde recroquevillée, tu te forces à ne pas la coller, alors tu laisses juste ton bras retomber par delà le dossier, comme si tu voulais le garder contre toi. Alors que de tout temps, vous étiez greffés l'un à l'autre comme des siamois. T'en as physiquement mal, que ce soit pas le cas.

Ton esprit essaie de se focaliser sur autre chose, à savoir ce que sont ces deux-trois trucs, et ce qu'ils représentent : sans doute que ton esprit embrumé par la tristesse et les restes de weed t'empêchent vraiment de penser au pire, parce que tu l'as déjà trop retourné dans tous les sens, ce pire.

"C'est quoi ?" des chips, allais-tu même rajouter naïvement. Que nenni.
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Elena Alvarez
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tw : deuil ++, angst (ouistito#1) we're in this together now 4140770214

"J'te lâche pas querida, venga." Elena a un reniflement humide et le regard fuyant ; mais elle hoche la tête, resserre sa main autour du bras de Nacho, parce qu’elle le sait mais que c’est quand même tout ce qu’elle avait besoin d’entendre, qu’ils ne vont pas se lâcher, et qu’il est là, sera toujours là, comme Lee devait l’être. Nacho a une voix d’adulte qui lui tord le ventre – mais Nacho a aussi un bras dans son dos, quand elle doit se pencher pour récupérer ses béquilles, puis quand il s’agit de finir de monter péniblement les escaliers. Il la porte, littéralement, et Elena aimerait moins l’écraser de son poids et davantage pouvoir se débrouiller seule. Et elle aimerait ne pas l’accabler, et savoir lui sourire, et pouvoir lui dire que tout va bien aller (qu’elle va bien aller)… Mais elle a trop besoin de lui, de ses bras et de ses larmes, pour se risquer à lui mentir de la sorte.

Ils gagnent sa chambre sans beaucoup plus de mots, les quelques questions franchissant le cap de leurs lèvres pouvant se satisfaire de réponses silencieuses. C’est seulement sur le pas de la porte que Lena parvient à articuler la raison de sa venue ; là aussi que Nacho parvient à lui arracher un sourire timide et clairement bancal, et qu’elle presse encore son épaule sous ses doigts. "T'as ramené à manger? Y'a assez de boîtes de conserve pour cinq jours encore t'sais…" Elle hoche la tête, négativement cette fois, puis plus doucement aussi. Ce qu’il y a dans son sac à dos lui paraît peser vachement plus lourd qu’un rayon entier de boîtes de conserve, mais elle sait bien que ce n’est que l’effet d’une imagination encore un peu trop meurtrie.

Elena clopine à travers la chambre familière, a un regard pour l’habituel gros félin qui traîne comme un pacha sur le lit de Nacho (même à lui, elle trouve une mauvaise mine). "J'espère que tu seras pas trop malade…T’inquiètes pastelito," qu’elle répond comme dans un automatisme (et en pensant que ça peut pas vraiment être pire de toute manière) (elle se garde bien de le dire, ça). Une fois n’est pas coutume, Lena a même une gratouille pour la tête du chat ; elle en a presqu’aussitôt les bronches encombrées, mais décide que le regard que lui tend Moncho en valait la peine.

Et puis elle tourne la tête, et elle voit le canapé. Leur canapé. Ça menace de provoquer une telle remontée lacrymale que Lena préfère mettre ça sur le compte de son contact avec le chat, et se promet de ne plus y toucher.
Sans le bras de Nacho pour la soutenir, avec ses béquilles comme seul soutien, Elena se sent soudainement les jambes atrocement trop faibles ; elle a le cœur qui manque un ou deux battements, en se demandant si elle va réussir à le rallier. Nacho est trop affairé à la mettre à son aise – il ne remarque pas son teint soudainement blafard, son début certain de détresse. "Quieres agua?" Elle hoche la tête (encore) avec l’air ailleurs, même pas franchement consciente de ce qu’elle vient d’accepter (ça pourrait être de l’eau comme les services d’un tueur à gages qu’elle aurait sans doute eu la même réaction).
Parce que c’est une des premières fois qu’elle se retrouve inconsciemment aussi près d’un objet qui lui rappelle aussi viscéralement sa présence. Son absence. Merde.

Elena avale les derniers mètres qui la séparent du canapé trop rapidement, comme à bout de souffle. Nacho y est déjà assis, mais pas affalé (sur elle) comme en temps normal – elle l’y trouve recroquevillé, et puis beaucoup trop loin.
Elle y trouve surtout les taches de brulures qu’ils y ont fait, avec les années, et puis l’odeur de l’herbe qu’ils y fumaient jusqu’à la veille au soir ; puis pour un peu, elle croirait y sentir son odeur, discerner dans le plaid les plis qu’il y faisait toujours à force de triturer ses doigts, une fois un peu ivre.
C’est sûrement pas très rationnel mais elle s’y croirait. Ce canapé, il pue les rires et la connerie et l’insouciance et la fureur de vivre malgré tout ce qui pouvait se passer au-dehors. Il empeste la bande de potes qui ne sera plus jamais la même, maintenant qu’un des membres fondateurs en a été arraché. Explosé. Seul.  
Elena ne se sent pas se laisser tomber sur le canapé ; elle sait simplement qu’elle se retrouve à son tour blottie tout contre, et que pendant au moins quelques secondes elle y a les yeux fermés et le nez collé au dossier, comme pour essayer de discerner ses dernières traces.

C’est plus tôt dans la journée, en fouillant leur chambre, qu’elle s’est rendue compte qu’elle avait une nouvelle phobie : plus seulement celle d’oublier sa voix, qui la pousse à écouter compulsivement les mêmes messages nuls qu’il a pu laisser sur son répondeur, mais aussi celle de voir disparaître son odeur. Toutes ces traces minuscules, a priori insignifiantes au quotidien tant elles sont omniprésentes, mais qui rendent une chose tangible, et une personne réelle, présente.
Elle sent déjà lui échapper la sensation de son corps contre le sien, sa peau sur la sienne, sa chaleur réconfortante qui lui était pourtant si familière, presque naturelle.

Elena rouvre lentement les yeux et tombe sur ceux de Nacho – réel, présent. Loin, secoué, mais là.
Elle n’ose pas lui imposer son contact, qu’elle imagine chargé de négativité ; alors à la place elle le regarde juste avec de grands yeux redevenus humides (ont-ils jamais été secs ?), sursaute presque quand il finit par ouvrir la bouche. "C'est quoi ?" Lena se rappelle soudain du sac à dos vissé à ses épaules, qu’elle n’a pas daigné toucher depuis son arrivée ; elle s’en débarrasse aussitôt, trop rapidement sûrement, pour venir le placer sur la banquette entre eux deux.
Sauf qu’au moment de l’ouvrir, Elena se sent se figer. Et si c’était une connerie… ?

« J’ai… Tu sais… J’ai commencé à trier ses affaires—Les affaires de Lee. » Chaque mot est une épreuve, comme en plein milieu d’une attaque de panique où le sol semble se dérober sous les pieds et les gens se retrouver hors d’atteinte. Mais Elena refuse d’être de ces gens qui ne prononcent plus son nom, lui refusent même ça ; et tant pis si au passage elle a l’impression d’entendre son cœur se briser si nettement que Nacho, lui non plus, ne pourra pas l’ignorer. « De—de notre chambre, » elle précise en bégayant (elle ne bégaye que quand elle est gênée (donc pas souvent) ou saoule (donc plus fréquemment), habituellement). Ça paraît stupide (puis est-ce que c’est encore leur chambre maintenant qu’il est mort et qu’elle n’arrive plus à y mettre les pieds ?), mais Lena a parfois tellement de mal à comprendre pourquoi on lui confie ou on lui dit certains trucs par rapport à ça qu’elle se sent obligée de le souligner. C’est vrai quoi, pourquoi elle et pas… N’importe qui d’autre, vraiment ?!

« Et… Enfin je sais pas, j’ai trouvé des trucs et je me suis dit que ça pourrait te faire plaisir de les avoir. Ou du bien. Je sais pas. » Elle peut difficilement être plus honnête. Peut-être que les affaires dans son dos lui ont servi de prétexte pour repasser à la Tour, qui sait. Peut-être qu’elle avait juste besoin de quelqu’un avec qui chialer un bon coup, plutôt qu’une épaule a priori solide mais qui préfère la regarder pleurer et tout encaisser. Plus elle y pense Lena et plus ça semble être une idée de merde, même ; et elle commence à sérieusement se sentir mal d’imposer ça à son Nachiquito qui n’a rien demandé, comme toujours-- « C’est pas grand-chose, hein, mais ça prend la poussière et… » Elle ne s’arrête pas pour autant, comme une voiture-bélier qui n’aurait plus les freins.
Et ses mains commencent à tirer les premières babioles du sac. « Y a des trucs, je sais même pas pourquoi on avait ça… » Ça coïncide avec le moment où elle sort une paire de chaussettes dépareillées appartenant à Nacho et retrouvées sous le lit de Lee (vraiment aucune idée de ce que ça foutait là). Ensuite viennent des dessins un peu cons et clairement alcoolisés, notamment un magazine de mode moldue largement annoté par les cerveaux les plus productifs du gang une fois enfumés ; puis une sorte de petit calumet sur lequel elle sait qu’il avait des vues. Ses doigts viennent maintenant trouver le fond du sac, et Elena se fige une nouvelle fois.

Parce que y a le début du cadeau d’anniversaire de Nacho, et qu’elle n’est pas sûre de pouvoir (vouloir) lui donner, puis parce que—
Sa main ressort crispée du sac, mais elle finit par en émerger, solidement (ou trop fragilement, selon les points de vue) refermée sur l’historique casquette de Lee historiquement-toujours-piquée-par-Nacho.
Celle-là, elle a toujours indubitablement son odeur, et elle porte presque encore son rire ; c’est qu’on pourrait presque l’entendre résonner dans la chambre, une fois celle-ci dégainée.
Elena a une grosse boule dans la gorge au moment de la tendre à son gatito – alors elle relève un peu les yeux, pour se donner du courage, et remarque aussitôt que quelque chose ne va pas. Genre, vraiment pas. « C’est trop tôt ? C’est trop con ? Bizarre ? Nach’ ? Ignacio ?! »
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tw: deuil, abandonment issues, ouin-ouin intensifies

Paradoxe du bel idiot naïf que tu es, couronné de tristesse et d'envie de faire plaisir, de soutenir, de protéger même, celles et ceux que tu crois embêter avec tes propres humeurs. T'as toujours été un rayon de soleil, même dans les pires moments, faut croire, sauf ce pire-là. T'as toujours réussi à remonter la pente, à ta façon c'est vrai, et pas sans mauvais mécanismes de survie peu appropriés. C'est qu'à toi, au lieu de te proposer de l'eau plate, on t'aurait plutôt offert une tequila, avec un super bon spliff sa mère pour effacer tout ça. Mais même tes belles roulées comme tu sais si bien les faire ne parviennent pas vraiment à faire passer tout ce mal qui te traverse, et qui, tu le sens, stagne autant dans ta tête que dans ton corps tout entier. Comme un vieux parasite de merde que t'arrives pas à chier, alors que tout ce que dont t'as besoin, c'est juste de ne plus y penser.

C'est peut-être ça, le truc, oublier un peu, une fois que le temps passe, que t'auras fumé tout ce qu'il te restera de tes réserves illicites, ça ira peut-être. Mais tu peux pas t'enfermer dans tout ça en laissant les autres, tes amis, ces gens qui font toute ta vie. Plus de Mama, Papa, Pili, plus personne sauf eux, et tu leur dois tout aujourd'hui.

Alors tu lui files ta moitié de bouteille d'eau minérale entamée, rien de fou, t'es pas un quatre étoiles, ça se saurait. Elle est déposée entre vous, sur le canapé qui sent encore trop lui, eux même, pour ne pas avoir envie de pleurer à nouveau. Mais si vous vous étiez assis sur le lit d'Irina, elle vous aurait maudit sur six, voire sept générations. Même pour ça. (C'est faux : elle t'en aurait pas voulu, mais Irina t'intimide, et elle aussi, tu veux pas l'emmerder avec tout ça.)

Ça prend le temps qu'il faut pour que Lenita laisse glisser son sac à dos pour le mettre sur la banquette, contre la bouteille d'eau qu'on entend encore le plastique craquer un peu. "J'ai… Tu sais…" T'es inquiet et il te semble même ressentir l'immense peine de ta querida amorosa, et ton réflexe est de vouloir lui prendre la main — mais t'y arrives pas, parce que "J'ai commencé à trier ses affaires—Les affaires de Lee." soudaine nausée à l'entente du prénom qui déchire tes entrailles, rouvre la brèche, même celle dans ta gorge où trop d'émotions se sont coincées. Y'en aura jamais assez. "De—de notre chambre," est-ce que c'est pas trop tôt ? Non ? T'arrives pas à l'imaginer mort, tu veux pas, tu veux pas vraiment y croire, alors que tu le pleures depuis trop longtemps déjà. Tu as les bras croisés contre ton torse de gnome fatigué, deux de tes doigts appuyés sur ta tempe. T'aimerais te dire qu'il a un sourire sur les lèvres, alors que son corps n'est certainement plus qu'un amas de chairs éparpillées, laissées à l'abandon dans cet endroit funeste où t'as même pas eu les couilles d'aller.

T'es même pas allé les aider (à quoi tu sers sérieux) alors que t'aurais, tu sais pas, ptet pu leur filer à bouffer, ou aider les prisonniers à monter sur le bateau des Bullstrong qui font peur, un truc du genre. Tout ça t'aurais pu le faire, que tu te dis, alors que c'est pas vrai ; t'y connais rien en magie, ta baguette préférée c'est tes cigarettes, et t'es même pas foutu d'aligner une droite à quelqu'un qui t'aurait pas manqué de respect directement. "Et… Enfin je sais pas, j'ai trouvé des trucs et je me suis dit que ça pourrait te faire plaisir de les avoir. Ou du bien. Je sais pas." Ça te fait pas plaisir à toi, de les avoir, querida ? C'est trop dur pour toi alors tu me les files ? Je sais pas si je suis plus fort que toi, moi. C'est toi qui sait mieux faire.
À mesure qu'elle cherche, qu'elle tâtonne, tu sens tes larmes remonter. "C'est pas grand-chose, hein, mais ça prend la poussière et…" la poussière, comme… comme… "Y a des trucs, je sais même pas pourquoi on avait ça…" les goodies et autres objets souvenirs sont sortis comme des trésors d'un ancien temps, et tu pinces le haut de tes lèvres en serrant les dents, ton petit cerveau d'idiot allant à mille à l'heure. Tout te revient, et t'as presque envie de rire nerveusement quand tu vois le magazine avec des dessins de teub aux mauvais endroits. Y'a quelques larmes qui commence à te couler par le pif, alors tu renifles, puisque tu retiens plutôt bien le reste.

Mais lorsque Lenita sort du sac cette dernière relique, tu ne t'y attendais pas — d'abord parce que t'étais persuadé que Lee était parti avec, que c'était pas possible qu'elle ait survécu à cette explosion que tu crois ressentir en écho, tremblotant sous l'émotion qui déborde. Tu te prends le visage dans tes mains, retenant si fort un sanglot que tu en penches vers l'avant, tout crispé. Y'a des mots qui sortent de tes lèvres pincées, des jurons psalmodiés en espagnol, que tout ça n'était pas possible, que c'était trop, que…
Comment… comment c'est possible ? Comment elle a pu-- Il est--

"C'est trop tôt ? C'est trop con ? Bizarre ? Nach' ? Ignacio ?!" la dernière fois que ton amie bien-aimée t'a appelé par ton prénom, c'était bien la fois où elle avait dû te veiller pendant ta première désintox, quand vous vous connaissiez à peine, qu'il fallait qu'elle éponge ton front toutes les heures, sèche tes draps noyés de sueur et de sel, relayée par Mama qui elle, avait finit par trop en souffrir, de te voir comme ça. Qu'est-ce qu'elle te dirait si elle était là ? Mama te prendrait dans ses bras si fort que t'en aurais mal à la nuque, et aux pecs aussi.
Tu laisses crever le silence par un sanglot que t'arrives pas à retenir, secoué par l'horreur de t'imaginer qu'elle ait réussi à le récupérer avant qu'il ne se sacrifie pour eux tous. Ça te prend au moins trente secondes, puis tu t'essuies vulgairement avec tes bras, tes yeux tout mouillés, et t'essaies de reprendre contenance, secoue la tête (enfin) à la négative pour au moins un début de réponse, réponse qui veut pas dire grand-chose sans tes mots.

Ils peinent bien à sortir : t'as vraiment pas le courage de Lenita.

"Ça va," que tu dis, c'est ce que tu dis toujours dans ces cas-là, "j-je gère" et alors que tes petites billes de chat hyperactif (mais clairement las, ce jour-là) recommencent à se voiler et à troubler ta vision, tu tires un peu la main pour toucher du bout des doigts la casquette, celle que tu lui chourrais toujours, parce qu'elle était un peu le symbole de votre amitié, votre bro-code même, un truc indicible matérialisé dans ce petit objet en apparence banal. Tu parviens à la récupérer, doucement, la ramener à toi, et tu la fixes, longtemps, cette dernière tremble un peu, au même titre que tes mains. Tu marques un temps où tu fermes les yeux forts, pour faire passer ce sanglot sans hoqueter, et quelques larmes s'échouent sur le tissu de la casquette. "T-Tu-- tu veux pas…" c'est qu'à ton habitude, tu penses à elle avant toi. Elle est importante Lenita.

"Tu voulais p-pas la garder ?" est-ce que t'as le droit de l'avoir, vraiment ? C'est ce que tu lui demandes, pour de vrai. Est-ce qu'elle n'en avait pas plus besoin que toi, pour passer cette épreuve ? Et elle, qu'a-t-elle gardé ?

T'arrives pas à rester si loin, alors tu déplaces un peu le sac, tes lombaires s'écrasent sur la bouteille, et tu vas étreindre ton amie comme un gamin, te couchant sur son ventre qui doit lui faire beaucoup plus mal que le tien, puis sur ses cuisses, parce que y'a que cette position-là qui soit à peu près confortable pour l'un et l'autre, alors que tu la serres fort, le nez emmitouflé dans son haut. Ça fait trop mal tout seul, trop mal, tu veux pas lui faire mal non plus, en étant comme ça, mais c'est trop pour toi.
J'veux pas qu'il parte, que tu te dis, tu veux pas que Lee disparaisse vraiment, pour de bon, que même son odeur s'en aille de ce canap, que t'oublie sa voix.
"Perdóname" que tu baragouines contre sa fringue, tout fébrile, "J-J'sais pas-- j'sais pas si--" si tu vas y arriver. Si tu arriveras à accepter qu'il soit plus là. Andrés est parti lui aussi. Deanito, lui aussi, que vous vous disloquiez tous et toutes, empêtrés dans votre peine mutualisée. Ça fait mal. "T-Te quiero m-muchísimo Lenita", et t'as pas envie qu'elle parte non plus, t'as plus jamais envie qu'on t'abandonne comme ça.
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Elena Alvarez
ORDER OF THE PHOENIX
Elena Alvarez
Date d'inscription : 14/11/2020
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Crédit : strangehell (avatar), pp (signa), tumblr (gifs), florence + the machine (lyrics), jool-jool (crackship damnn).
Âge : vingt-neuf ans (13/04).
Occupation : fugitive, bomb maker™ back in town, chercheuse d'Horcruxes.
Allégeance : agent spécial™, membre de la Task Force de l'Ordre depuis dec. 2007, après des années de bons et loyaux services (meh) en tant que C5. (Ouistiti)
Particularité : meilleur coup de poing du quartier + chouchou de Kingsley. (elle apprend aussi l'occlumancie et la magie sans baguette depuis peu, ew.)
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La Tour - Début août 2007
tw : ah bah on est sur un deuil ++ et on un niveau de ouinouin / angst +++ on va pas se mytho

Ça va pas ; ça va pas du tout, même.
Nacho baragouine en espagnol contre ses paumes et Lena ne comprend pas la moitié de ce qu’il dit – et quand même, ça ne suffit pas à l’arrêter. C’est peut-être l’instinct qu’elle a envers lui, presque maternel des fois, qui la pousse à l’assommer de questions quand elle a l’impression d’avoir la gorge aride et les mots pâteux depuis des jours, des semaines (depuis l’île) ; peut-être l’inquiétude d’avoir fait une (nouvelle) énorme connerie, de risquer de se manger une (nouvelle) explosion en pleine face. Ignacio elle dit, tant elle s’inquiète de sa réaction, et ses jointures blanchissent à la mesure de son angoisse (non, de son anxiété véritablement, de celle qui vous creuse un trou dans le bide à la pioche).  

Mais Ignacio, Nacho, Nachiquito, ne dit rien.
Il a un sanglot, plutôt, du style plus gros que lui ; un truc qui fait réaliser à Elena que ses joues à elle aussi sont humides, alors qu’elle sait pas exactement si ça vient d’arriver ou si c’est le cas depuis qu’elle a franchi la porte du repère, de leur repère.
Elle voudrait crever le silence, rompre la distance comme elle sait habituellement si bien le faire – parce qu’Elena est bien incapable de rester loin des gens ou de la fermer, habituellement, mais que sur le moment, elle se sent bien petite (bien plus petite que Nacho, même) et misérable et inutile et incapable tout court. Peut-être que Nacho comprend qu’elle ne va pas (ne peut pas) venir à lui : toujours est-il que c’est lui qui s’agite en premier, sous ses yeux impuissants et surtout brouillés de larmes.

"Ça va," il dit, et il lui brise le cœur. Parce que ça va pas – ça va pas du tout, même, ni pour lui ni pour elle. Il arrive pourtant à refermer les doigts sur l’objet du délit (la fameuse casquette de Lee), sur laquelle Elena a l’impression que sa propre main s’est gluée : elle lui échappe sans qu’elle ne la relâche vraiment, garde les phalanges libérées crispées en une drôle de raideur presque cadavérique (Lee, lui, n’aura pas eu la chance de la connaître, cette conne de raideur – elle n’arrive pas à ne pas y penser). L’œil qu’elle a pour la casquette désormais détrempée par Nacho n’est pas franchement plus vigoureux, parce qu’Elena se sent vide, si vide d’avoir tant pleuré, ne comprend même pas comment les larmes peuvent encore couler alors que chaque part de son corps lui semble desséchée, atrophiée.

Elle n’arrive pas à regarder Nacho. Elle n’arrive pas à bouger et, pense-t-elle dans un instant qui s’éternise, peut-être même qu’elle ne pourra plus jamais se lever de ce foutu canapé.
Peut-être même qu’elle voudrait y rester. Il paraît que si un objet, même de taille minime, reste suffisamment longtemps (infiniment longtemps) à un même endroit, il peut finir par le traverser – peut-être que si elle reste prostrée ici, elle finira par se fondre dans le tissu, que tout le monde lui foutra la paix et qu’elle pourra rester planquée dans un endroit noyé de rires, d’herbe, et d’amour.
C’est Benny qui lui a dit ça, en revanche ; et Benny a quand même tendance à lui raconter un sacré paquet de conneries.
Avait tendance à.

"T-Tu-- tu veux pas…" Chaque mot, chaque syllabe amochée est pénible à endurer. "Tu voulais p-pas la garder ?"

Elena ne sait pas franchement pourquoi ce sont ces mots-là qui la réveillent ; mais elle sort un peu de son apathie, tend la main engourdie pour mieux refermer les doigts de Nacho sur la casquette-relique.
Elle n’arrive pas encore à parler, la gorge trop serrée, l’impression qu’elle va hurler sans plus jamais s’arrêter si elle ouvre la bouche, et elle voudrait sourire, et le prendre dans ses bras – mais ça non plus, elle n’y arrive pas.
Nacho est plus fort qu’elle, ou plus volontaire, ce jour-là. Comme si une courbature insupportable l’empêchait de libérer l’espace (ce qu’elle ferait pourtant immanquablement pour lui, en temps normal), Lena se contente de le réceptionner contre elle : contre son ventre, contre ses cuisses, partout où il veut bien venir se nicher. Un semblant de réflexe lui vient tout de même, quand elle glisse à son tour ses bras là où elle peut bien l’atteindre, et qu’elle se recourbe sur lui comme pour le protéger (ou parce que son ventre lui fait beaucoup trop mal, à force de refuser d’hurler, elle saurait pas franchement dire). "Perdóname-- J-J'sais pas-- j'sais pas si--" Elle aimerait souffler, murmurer des mots apaisants, dire que ça va aller, mais la vérité c’est qu’elle n’en sait foutrement rien et que de toute manière, elle a la mâchoire comme soudée. Elena ne peut que glisser ses doigts dans les bouclettes de Nacho, et y tracer des mots sans queue ni tête, mais qu’elle espère réconfortants – et peut-être que c’est un peu le cas, vu comme il lui souffle un "T-Te quiero m-muchísimo Lenita" tout contre son tee-shirt. “Yo también, querido,” c’est un réflexe, à ce stade, mais ça lui fait du bien de voir qu’elle peut encore parler, tellement même qu’elle ne sait pas combien de fois elle le répète, son “yo también”, puis son “moi aussi, mucho, muchísimo”.

Ils restent comme ça cinq minutes ou trois heures, elle ne saurait pas dire – mais Elena ressent un semblant de chaleur, sous les larmes qui roulent et viennent s’écraser de part et d’autre de son chiquito. Elle finit par se redresser un peu en arrière pour que son dos retrouve le dossier du canapé, puis pour pouvoir relever le menton et ravaler ce qu’il lui reste d’eau dans les yeux, mais bouge pas d’un iota concernant Nacho : au contraire, ses mains restent presque fermement sur lui, là où elles semblent finalement être le plus à leur place ces dernières semaines.
Y a quelque chose d’étrangement réconfortant, à se heurter à son chagrin et à sa douleur de plein fouet : ça lui rappelle qu’elle est pas toute seule, qu’elle est pas folle, que c’est réel, que c’est horrible, qu’elle est pas plus fragile qu’un.e autre. Puis y a toujours quelque chose de réconfortant, vraiment, à sentir le poids familier de Nacho sur elle – de, même si c’est mal fait, avoir l’impression de pouvoir reprendre son rôle de tía, presque. Elle a promis à Lauren de pas le lâcher, alors elle l’a jamais fait.
Elle va le faire, un peu, au pire moment, mais elle peut bien attendre encore un poil avant de lui annoncer.

Elena renifle bruyamment, les yeux rougis et à bout de souffle comme si elle avait couru pour arriver jusqu’ici – elle passe une main sous son nez, tente tant bien que mal de se secouer et dénouer sa gorge. Ça marche pas ça marche pas ça marche pas.
« Il serait content que tu l’aies », elle dit finalement, et elle a même pas franchement l’impression d’avoir prononcé ces mots, ni même qu’ils sortent de son propre corps ; Elena a la drôle de sensation d’être un automate, de—« Il voudrait que tu l’aies. » C’est vrai, elle le sait – puis même si ça l’était pas, c’est à elle de décider de tout ça, maintenant, non ? (Pourquoi pourquoi pourquoi) « Elle traînait sur la tête d’un elfe de maison, j’pouvais pas laisser faire ça. » Sa voix est toute sèche et l’expiration amusée qu’elle voudrait avoir ressemble vachement plus à un grognement souffreteux. (De la même manière, l’histoire est longue, mais elle est pas certaine de pouvoir / vouloir tout lui raconter. Elle veut pas repenser à ça, vraiment pas, elle y pense suffisamment la nuit déjà—) « Puis j’ai… J’ai tout le reste, moi, sabes. » Vraiment tout le reste même, y compris des trucs qu’elle a jamais demandé, dont elle sait pas quoi faire – tout le reste, quoi. L’expression lui tord le ventre. Tout le reste de Lee. Il n’y a plus rien d’autre.

Lena laisse le silence se réinstaller – un truc qui leur ressemble pas, qui lui donne l’impression d’avoir une tonne sur chaque épaule. Elle veut dire que ça va bien aller, que—« P’tain mais c’est tellement horrible, j’suis tellement désolée Nacho, j’avais promis et je… » Le reste se perd dans un nuage de sanglots incontrôlables, le genre qui agite compulsivement les épaules et la pousse à venir se planquer dans ses paumes, quitte à plaquer ses coudes presque sur son petit ; le genre qui la prend que la nuit, normalement, quand elle est toute seule ou que tout le monde est endormi. « ….tellement….désolée… » C’est un peu incompréhensible, ce qui sort tout juste de ses mains entre deux hoquets douloureux. Elle y arrive pas, elle y arrive pas, peut-être même qu’elle y arrivera plus jamais même—

Elena prend une grande inspiration, d’un coup, la garde bloquée dans ses poumons cinq bonnes secondes (cinq bonnes années, peut-être). Elle plaque ses poings contre ses yeux, comme un bébé geignard, jusqu’à ne plus voir que des petits points de couleur, jusqu’à avoir l’impression de rouvrir les contusions datées d’à peine quelques jours plus tôt ; prend une nouvelle inspiration, encore plus longue que la précédente. Elle y arrive pas. « J’vais… J’vais partir un peu, Nach’. Une ou deux semaines, je sais pas, mais—J’te laisse pas, je te promets que je te laisse pas, mais je peux pas… Je peux plus… » J’peux même plus être là pour toi, alors à quoi bon ? Lena laisse retomber ses poings, le plus doucement possible, contre son petit Nacho ; lève encore les yeux au plafond, comme si y avait la solution au deuil écrite dessus, ose pas vraiment les rabaisser vers lui. « En plus ça va être ton anniv’, j’oublie pas, hein. » Elle a le sourire de travers quand elle le fait – c’est qu’elle a rien de mieux à lui offrir, même si elle voudrait lui donner tout le love et les diamantes du monde.
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