NEW ORDER

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nom prénom(s)  » Vent glacé qui souffle sur la taïga, Светлана (Svetlana) est la lumière que ses parents ont toujours rêvé d'avoir dans leur famille. Un éclat de rire à la place des premiers pleurs, une personnalité à la fois discrète et éclatante. L'héritière Орлова (Orlova) s'est tout de suite imposée parmi les siens grâce à un charisme hors du commun chez une petite fille. Tout à la fois sensible et indéniablement féminine, elle est aussi intrépide, parfois sauvage, avec une volonté insatiable de faire mieux que les autres, mieux que ses frères, et d'avoir autant de reconnaissance qu'eux. On croit souvent que son mariage avec un Von Bäume l'a rendue plus froide et réservée, que c'est avec les années qu'elle a mûri pour devenir aujourd'hui la matriarche forte et éloquente qu'elle est aujourd'hui. La vérité est que la sorcière a laissé sur les rives gelées de la Volga des souvenirs qu'elle n'a pas désiré partager avec qui que ce soit depuis, bâtissant une nouvelle vie sans jamais jeter de regard en arrière.

surnom(s)  » Ses proches n'ont jamais été d'une grande originalité. Свет (Svet) est sans doute ce qu'elle entend le plus quand on l'interpelle. Elle a également pris l'habitude que ses enfants l'appellent Мама (maman), et il est bien des fois où Engel lui glisse un autre surnom de son cru à l'oreille, et dont ils sont seuls à connaître la nature.

date de naissance » Svetlana est née le 23 novembre 1952, ce qui fait d'elle une sagittaire indépendante, ascendant scorpion et lune en balance. Elle a aujourd'hui 54 ans et fêtera ses 55 très prochainement.

origines & nationalité  » Si le prénom ne donne pas un indice suffisant, c'est son accent qui trahira sans doute ses origines russes. Née dans le petit village de Дубовка (Doubovka), sur les côtes de la Volga et non loin de Volgograd, elle y a passé toute son enfance avant d'avoir été envoyée en Allemagne pour y épouser un bon parti. Ce n'est qu'ensuite qu'elle s'est installée en Angleterre avec le reste des Von Bäume. Elle n'a jamais voulu prendre la nationalité britannique, gardant malgré tout une attache émotionnelle assez forte avec la Russie, toujours inscrite sur ses papiers d'identité.

pureté du sang  » Des générations de sorciers se rencontrent dans ses veines. Un sang pur et préservé depuis des siècles. C'était la condition de son mariage avec Engel et son droit d'entrée sur le territoire britannique.

métier/études  » Après une scolarité brillante à Колдовстворец (Koldovstoretz), où elle s'est tout particulièrement illustrée dans le domaine des potions, Svetlana a d'abord cru que sa place était au sein de la Bratva, où toute sa famille travaillait depuis des générations. Formée depuis son plus jeune âge par son père qui voyait en elle un fort potentiel, elle maîtrisait notamment la création de bombes magiques très puissantes qui aiguisaient l'intérêt de ses futurs employeurs. Mais suite à la tragédie qui emporta son plus jeune frère, Svet a préféré suivre les recommandations de sa mère et s'éloigner de la mafia. Depuis son mariage arrangé, la sorcière est principalement connue comme étant une figure mondaine, un personnage qui, à défaut d'être au premier plan, est malgré tout connu de tous. Femme au foyer, elle s'occupe de protéger sa famille et leur réputation, usant notamment d'un impressionnant réseau d'informations sur l'ensemble des personnes qu'elle côtoie.

orientation & état civil  » Pansexuelle et hétéroromantique, si Svetlana n'a jamais eu de préférences quant aux personnes qui partagent ses draps, elle n'a eu de sentiments que pour des hommes, deux en particulier. Mais cela fait maintenant plusieurs années qu'elle est mariée à Engel Von Bäume, un mariage compliqué dans ses débuts et étonnamment heureux à présent. Ils sont parvenus à trouver une forme d'harmonie, d'équilibre où chacun peut aller vivre des aventures extraconjugales mais où tous deux sont liés d'un amour fidèle, indéfectible, plus solide que tout ce que Svetlana aurait pu imaginer par le passé.

camp  » Si Svetlana est sympathisante au régime de Lord Voldemort, qui rejoint d'une certaine façon les principes qu'on lui a inculqués dès sa naissance, elle n'hésiterait pas une seconde à carboniser le visage camus du Seigneur des Ténèbres s'il en venait à s'en prendre à sa famille.

baguette  » Façonnée par un grand maître moscovite, sa baguette est sculptée dans du bois de pin relativement souple. En son cœur est enfermée une épine du monstre du Fleuve Blanc. Elle mesure en tout 27,5 centimètres.

patronus  » C'est un majestueux cygne qui s'échappe encore de sa baguette, après toutes ces années. Elle revoit encore la bête, tatouée sur le bras de son frère. L'animal incandescent est depuis une présence familière, rassurante, un ultime vestige de son passé oublié.

épouvantard  » Comme beaucoup de mères, ce sont les corps de ses enfants qui apparaissent tour à tour sous ses yeux. Malheureusement pour elle, le cauchemar devient réalité et les ténèbres semblent s'en prendre à sa famille sans qu'aucun Riddikulus ne parvienne à résoudre la situation.

particularité(s)  » C'est alors qu'elle était encore élève à Koldovstoretz que son père a commencé à lui apprendre l'occlumancie. La pratique était indispensable si elle souhaitait rejoindre les rangs de la Bratva aux côtés de ses frères, et le charisme de Svetlana la destinait à se spécialiser dans les renseignements. L'entraînement était extrêmement difficile, mais elle n'a jamais baissé les bras, encaissant chaque coup la tête haute, ne se laissant jamais déstabiliser. Si après son départ de Russie, elle aurait pu cesser tout contact avec l'occlumancie, elle a décidé au contraire de parfaire son apprentissage, jusqu'à devenir maître aujourd'hui. Il n'est pas un jour où elle regrette cette décision.

mama  » La mère Orlova était un personnage assez discret, souvent en retrait, on l'apercevait à peine aux grands dîners entre généraux de la Bratva. Pourtant elle était bien là, partout à la fois, comme une ombre qu'on voit à peine passer. Elle était dans les somptueux repas confectionnés avec soin et servis aux palets mal éduqués des hauts gradés. Elle était dans la décoration raffinée du séjour et dans le choix du costard que portait son mari. Et elle écoutait, sans qu'on ne s'en rende compte, les conversations qui se tenaient dans sa maison. Pas seulement celles qui venaient ricocher sur les murs rouges du salon, entre deux rires gras, mais aussi celles murmurées dans le creux d'une oreille, avec cette confiance mal placée de ceux qui se pensent seuls. Pourtant, aussi discrète fut-elle, Irina était extrêmement appréciée par les collègues de son mari. Parfois un peu trop, mais elle est toujours parvenue à se tenir éloignée des attentions non désirées. Elle était, sans jamais avoir appartenu à la Bratva, une fidèle alliée, une oreille attentive et un havre de paix pour beaucoup. Elle se complaisait dans ce rôle, n'avouait qu'à demi-mot la peur qui lui nouait l'estomac à chaque fois que son mari ou ses enfants partaient en mission. Elle était terrorisée à l'idée de les perdre, à juste titre. Mais elle n'a jamais rien dit. Il n'y a que quand Dimitri et Lev sont morts qu'elle a imploré sa fille de ne jamais rejoindre la mafia - il était déjà trop tard pour son fils aîné. Svet n'a jamais été très proche de sa mère. Elles étaient trop différentes. Svet aimait courir, sortir, se battre, elle rêvait de suivre les pas de son père et de Youri, et sa mère a longtemps été celle qui la retenait, lui demandait de se marier plutôt que de rejoindre la Bratva. Ce n'est qu'aujourd'hui que Svet comprend sa mère. Maintenant qu'elle se retrouve dans sa situation et qu'elle réalise, à contrecœur, à quel point elles se ressemblent. Aujourd'hui, Irina a près de 90 ans et vit toujours sur les rives de la Volga. Cela fait près de vingt ans que Svetlana ne l'a pas vue.

papa  » Lev Orlov a toujours été le héros de Svetlana. Pour tout dire, il était un héros pour beaucoup, un général dévoué à la Bratva, un mari aimant, un père formidable. Bien sûr, c'est surtout que Svet l'idéalisait énormément. Il avait toujours le beau rôle face à sa mère. C'est lui qui l'emmenait courir, lui qui lui racontait des histoires incroyables sur ses nombreux voyages en Russie, lui qui lui apprenait de nouvelles capacités hors du commun, comme la confection de bombes artisanales ou l'occlumancie. Il était cet homme fort, intouchable, indestructible. Celui qui la faisait rire, celui pour qui elle pleurait des heures quand il partait en mission. Et il partait souvent en mission. Lev était très haut placé dans la Bratva et servait la mafia depuis ses seize ans. Il avait, plus d'une fois, sauvé la mise à l'organisation et participé à des missions périlleuses pour le compte de ses supérieurs. La Bratva était sa deuxième famille, et il comptait y intégrer la sienne dès que possible. Et puis un jour, Lev est mort, soufflé par une explosion à Omsk. Et soufflé de son piédestal par la même occasion.

youri  » Le grand frère de Svetlana a toujours été un homme droit. Suivant fièrement les pas de son père, il s'est engagé très tôt dans la Bratva. Extrêmement doué aux combats de corps à corps, il s'est également illustré dans une magie sans baguette très fluide et aérienne, quelque chose de très poétique qui fascinait énormément Svetlana. Pourtant, les deux n'ont jamais été proches. Youri était bien trop sérieux pour Svet, qui déjà à l'époque s'armait d'un sarcasme à toute épreuve. Trop premier degrés, trop fier, il l'ennuyait royalement. Après l'explosion, Youri s'est réfugié dans le travail et dans ses missions au sein de la Bratva, alors que Svet est partie en Allemagne. Ils ont perdu contact, n'ayant pas pour habitude de s'envoyer des hiboux. Ils se sont revus pour la dernière fois il y a quinze ans. Aux dernières nouvelles, Youri, aujourd'hui âgé de 61 ans, est à la tête de plusieurs clubs de combats souterrains.

dimitri  » Âgé d'un an à peine de moins que Svet, Dimitri était le frère préféré de la sorcière. Élevés presque comme des jumeaux, ils avaient tous les deux une certaine candeur de vivre, une innocence et une malice qui plaisait beaucoup à Lev. Cette complicité les amenaient la plupart du temps à commettre des frasques qui mettaient en porte à faux leurs parents ou leur frère aîné, mais on leur pardonnait tout ou presque. Dimitri, bien que trop jeune, suivait souvent son père dans ses missions. Il avait ce besoin irrépressible d'apprendre et de faire ses preuves, tout comme Svetlana, qu'on forçait malgré tout à rester en retrait, Lev ayant trop peur de perdre sa fille adorée. C'est principalement la mort de Dimitri, soufflé par la même explosion que son père, qui poussa Svetlana à prendre ses distances avec la Bratva. On ne l'a jamais forcée à rejoindre l'organisation, bien que ses talents souvent loués auraient été parfaitement appréciés par les anciens collègues de son père. La mort de Lev et Dimitri a assuré pour Irina et Svet une certaine intouchabilité, une protection tacite. Lev était un général respecté, Dimitri un jeune homme plein de bonnes volontés. C'était la moindre des choses. Si Svetlana n'a jamais cherché à se venger de la Bratva, elle n'a jamais demandé leur aide, du moins jusqu'à présent. Aujourd'hui, Dimitri est un souvenir douloureux, qu'elle ne semble pourtant pas prête à oublier.

nikolai  » Nikolai était le meilleur ami de Dimitri. De la même année, ils étaient formés tous les deux pour rejoindre la Bratva. Il passait énormément de temps chez Lev et Irina pour être formé par le général. Svet est tombée irrémédiablement amoureuse de lui alors qu'il avait seize ans et elle dix-sept. Il avait une certaine confiance en lui, une assurance qui lui donnait un air plus âgé. Il avait cette façon de parler, ce charme indéniable, qui lui plaisait énormément. Pourtant Svet a longtemps lutté contre son attirance pour lui, le jugeant trop immature, trop sûr de lui. C'est évidemment avant que lui aussi ne parte pour Omsk et ne meure aux côtés de Lev et Dimitri qu'elle l'embrassa pour la première fois.

engel  » Après la triple tragédie qu'elle venait de subir, Svetlana avait en quelques sortes perdu goût au bonheur. Elle ne voulait plus s'attacher, essayait juste d'oublier son passé et de mettre autant de distance que possible entre la Russie et elle. Alors, même si c'était à contrecœur, elle a accepté de partir pour l'Allemagne, y épouser un certain Engel Von Bäume. Un bon parti, héritier d'une famille respectable... Le mépris. C'est ce qu'elle a d'abord ressenti à son égard, quand ses yeux se sont posé sur lui au loin. Il lui paraissait si inintéressant après Nikolai. Elle ne l'aimait pas. Mais ce n'était pas ce qu'on lui demandait, après tout. On lui demandait d'être une gentille femme et d'unir leurs deux familles. Alors elle a accepté. Mais à sa grande surprise, il ne lui fallu qu'une conversation avec lui pour avoir un nouveau coup de foudre. L'homme avait un caractère impétueux, une force d'esprit qui rivalisait avec la sienne. Il ne se laissait pas abattre et très vite elle a adoré être avec lui, se disputer avec lui, se battre avec lui, rire avec lui, aimer avec lui. Et s'ils s'autorisent tous deux à aller voir ailleurs, Engel est clairement l'amour de sa vie. Le seul qui la complète, son égal. Il est également le seul à qui elle ne ment jamais - bien que sa franchise soit aussi glaciale que légendaire. Elle ne lui a seulement jamais parlé de la Bratva, plus parce qu'elle ne veut plus y penser que pour lui cacher réellement. C'est aussi pour cette affiliation à une autre mafia qu'elle n'a jamais désiré mettre son nez dans les affaires de son mari, une fois arrivés en Angleterre.

valeska  » Sa fille aînée, sa fille chérie. Par bien des aspects, Valeska lui rappelait sa jeunesse et la femme qu'elle était alors. Et même si Valeska semblait avoir, tout comme elle à l'époque, une affection toute particulière à l'égard de son père, Svetlana a toujours veillé à avoir une bonne relation avec son héritière. Elle ne voulait pas répéter les mêmes erreurs que sa propre mère et brimer par inquiétude les ambitions de sa fille. Alors elle l'a toujours soutenue quand elle a commencé à suivre Engel dans ses affaires, malgré l'inquiétudes qui la taraudait au quotidien. Sa mort a réveillé en elle beaucoup trop de souvenirs douloureux. L'histoire se répétait. Mais elle avait maintenant l'impression que c'était ses tripes qu'on venait de lui arracher. Sa fille est morte... Sa fille est morte.

niklas  » Svet commence à avoir la voix éraillée à force de reprendre son fils aîné. Si elle a toujours loué son ambition, elle la trouvait aussi démesurée, et ses méthodes plus que douteuses. Malgré les reproches, Svetlana aime Niklas, comme elle aime tous ses enfants. Et peu importe ses erreurs, peu importe le mal qu'il est capable de faire autour de lui... Elle le protège, envers et contre tout.

markus  » Si Engel avait Valeska, Svetlana a Markus. Celui pour qui elle a toujours eu un faible, sans jamais l'avouer. Markus ne partage pas seulement sa passion pour les potions, inculquée après de nombreuses heures passées ensemble au-dessus d'un chaudron. Il ne partage pas seulement sa franchise rude. Il n'est pas seulement le portrait de son père. Il est aussi le garçon qu'elle doit protéger de lui-même. Markus n'a jamais peur. Il ne l'a pas appris. Et Svet sait à quel point la peur est un sentiment essentiel pour se préserver. Alors à défaut de lui apprendre la peur, elle lui a appris la prudence. Et aujourd'hui encore, Svet a un soft spot pour lui. Une fierté accrue devant tout ce qu'il fait, un rire plus franc à chacune de ses blagues douteuses.

anya  » L'autre plus grande fierté de Svetlana, c'est Anya, la jumelle de Markus. Beaucoup plus posée que le reste de la famille, elle est incroyablement intelligente et Svet s'en félicite chaque jour. Elles ont toujours nourri une certaine complicité, un penchant pour le pouvoir calme et discret, une érudition certaine et une curiosité pour le monde et la société. Il n'est pas un jour qui passe sans que Svetlana ne lise pas attentivement les articles de sa fille, ou qu'elle ne mentionne son travail avec fierté dans la voix. Parfois un peu étouffante, elle a d'abord eu du mal avec l'éloignement des jumeaux, quand ils sont partis s'installer hors du manoir, et leur retour provisoire est sans doute la meilleure chose qui soit arrivée suite à la mort de Valeska.

Il ne fait pas froid, pourtant Svetlana s'est installée près du feu, dans ce large fauteuil romanesque acheté il y a dix ans dans une échoppe de Bärnau. Elle joue distraitement avec les coutures, tire les fils et les entortille autour de ses doigts, le regard plongé dans les flammes. Elle ne cille pas, comme hypnotisée, comme irrémédiablement attirée par la chaleur suffocante de la cheminée. Il ne fait pas froid, mais Svetlana sent ses cheveux se dresser sur son échine, comme si un courant d'air imperceptible venait troubler l'atmosphère brûlante de la salle de séjour. Il ne fait pas froid, mais Svetlana a l'impression que ni le brasier qui se consume sous ses yeux, ni l'épaisse couverture posée sur ses genoux, ni l'affection rassurante de Markus ou d'Anya ne parviendra à lui réchauffer le cœur. Ce n'est pas un froid, qu'elle ressent, c'est un vent glacé, un blizzard douloureux et pénétrant qui ne laisse plus rien sur son passage. C'est un gouffre, une cavité obscure et menaçante qui s'est creusée dans ses entrailles et qui ne saura s'éclairer à la lumière d'aucun feu. Ses jointures blanchissent tandis qu'elle serre vainement la couverture rouge et blanche. C'était celle qu'ils avaient acheté à la naissance de Valeska. Dans les flammes qui dansent, elle revoit le poupon joufflu qu'on a déposé dans ses bras pour la première fois dans son salon en Allemagne. Et par mimétisme, Svetlana serre son bout de tissu un peu plus fort, comme si elle tenait dans ses bras son enfant. Elle cherche un réconfort dans cette étreinte, un brin de chaleur, enfin, une preuve qu'elle est bien là, quelque part, qu'elle ne l'a pas abandonnée. Mais le silence pesant qui l'entoure ne fait que s'alourdir. Elle est seule, définitivement seule. Et si c'est toute la famille Von Bäume qui pleure la mort de l'aînée de la fratrie, elle est seule, plus que jamais.

Dans ses iris qui se perdent dans les flammes, on peut voir le reflet des plaines arides et enneigées qui bordent Volgograd. Elle se remémore le regard de sa mère, Irina, après la disparition de Lev et Dimitri. Miroir l'une de l'autre, Svetlana comprend aujourd'hui plus que jamais sa mère, et se surprend à regretter de ne pas avoir été plus comme elle. Peut-être que si elle avait mis en garde Engel, peut-être que si elle avait tenté de convaincre Valeska pour la protéger... Peut-être.

Les rides autour de ses yeux se pincent imperceptiblement, son regard se fait plus dur. C'est qu'elle sait à présent ce qu'il lui reste à faire. L'unique solution qu'elle a pour, à défaut de protéger son enfant, lui obtenir vengeance et s'assurer de la sécurité du reste de la famille. Pas sûr que ça plaise à Engel, mais il a perdu son droit d'avoir un avis le jour où leur fille est morte à cause de ses affaires. Le pire dans tout ça, c'est qu'elle ne lui en veut pas. Pas vraiment, du moins. Elle a toujours su faire la part des choses, être très pragmatique. Si Valeska est morte, ce n'est pas nécessairement à cause d'Engel. C'est à cause des Warlocks. Comme la mort de son frère n'était pas la faute de son père, mais celle de ceux qui ont planté la bombe à Omsk.

Elle se lève finalement avec l'allure d'une panthère, replis soigneusement la couverture et la pose sur le fauteuil. Elle défroisse les plis de sa robe en prenant une inspiration, puis s'élance hors de la pièce. Une fois dans le jardin, elle disparaît dans un CRAC sonore.

***

L'écho de son arrivée ricoche sur les façades rougeâtres de la ruelle londonienne, mais personne ne fait attention à l'étrange silhouette qui vient d'apparaître mystérieusement entre deux voitures. Svetlana relève la tête, vérifie à droite puis à gauche que la voie est libre, puis traverse la rue jusqu'en bas de l'hôtel particulier. Arrivée au portail en fer forgé, elle demande :

— Shklyarov Piotr, please.

Son accent impeccable ne semble pas émoustiller le jeune homme adossé au mur en pierre. Sans doute a-t-il l'habitude de voir défiler toute l'armada russe dans la résidence. Pour Svetlana en revanche, parler sa langue maternelle lui procure une sensation étrange, satisfaisante - cela faisait si longtemps - et triste tout à la fois - la Russie est à tout jamais teintée de souvenirs difficiles. Sans plus de cérémonie et en manifestant un désintérêt certain, le garde lance :

— Come with me.

Avec un sourire, Svetlana hoche la tête et emboîte le pas du sorcier, qui ouvre le portail pour la laisser passer. Toujours pimpante et apprêtée en toute circonstance, Svetlana n'est pas une sorcière à la carrure menaçante. C'est sans doute la raison pour laquelle on la laisse entrer si facilement dans la demeure.

La sorcière suit le garde jusque sur le perron et pousse un soupire discret. Elle sait qu'elle ne pourra pas revenir en arrière. Qu'une fois qu'elle se sera impliquée avec la Bratva locale, elle devra leur rendre des comptes. Elle ne s'est jamais fait d'illusion, quand on lui a promis à l'époque une protection pour elle et sa mère après la mort de Lev. Peu importe la fidélité des Orlov à leur cause, la Bratva n'est pas une association caritative. Rien n'est gratuit. C'est bien pour ça que Svetlana a tenu ses distances pendant toutes ces années. Pour ça également qu'elle s'est tenue éloignée des affaires mafieuses de son mari. Elle n'avait pas envie d'être à nouveau mêlée à tout ça. A juste titre. Mais à présent, elle n'a plus le choix. Elle sait que pour faire face aux Warlocks, pour protéger sa famille, elle va avoir besoin de toute l'aide qu'il lui est possible d'avoir. Et sans doute devra-t-elle avouer à son mari qu'elle sait confectionner des bombes artisanales... Ce qui est une autre histoire.

La porte principale s'ouvre avec un léger tintement de cloche. On la guide vers le petit salon. Un homme grand à la mâchoire carrée semble engagé dans une discussion intense avec une femme à la chevelure dorée. Tous deux cessent de parler en entendant les pas des deux intrus. Après un court moment de silence, Svetlana se présente.

— Светлана Орлова. Приятно познакомиться.
    (Svetlana Orlova. Enchantée.)

Il n'est plus question de retour en arrière à présent.