Don’t disturb nosferatu - Marlowe

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Novembre 2004

La télévision crachait ses inepties depuis trop longtemps ; Sis’ ne supportait plus les voix criardes des personnages qui envahissaient l’écran. Pourtant, le dessin animé avait son spectateur - une mioche d’une dizaine d’années, allongée sur le ventre, le menton au creux d’une paume. « Vivi, diminue. » Grommela Comyn à l’attention de la gosse. N’ayant rien à péter de l'ordre donné, la gamine se contenta de battre l’air des pieds, feignant avoir entendu une quelconque requête. « .. Vivi ... » Peste ne s’exécuta pas, elle augmenta le son. Sisyphe balança un coussin sur la caboche de l'effrontée. Quitta le canapé qu’il occupait, s’approcha d’une fenêtre et lorgna entre les lames d’un store vénitien ; Au dehors, l’obscurité commençait à envelopper la ville. Il prit congé de sa jeune congénère.

*

C’était un fait ; tous les aïeux colportaient un fumet désagréable - un mélange ranse de transpiration et d’autres fluides douteux. Ce n’était pas spécialement de leur faute, mais plutôt au temps, qui passait et érodait tout. Au temps qui consumait les hommes et les gangrenait avant même qu’ils n’aient un pied au dessus la tombe. Celui que Sisyphe pistait trainait lesdites exhalaisons, associées à un parfum bon marché. Cocktail détonant pour un pif délicat. Heureusement que la magie, particulièrement forte chez celui-ci, prévalait sur tout le reste - auquel cas Comyn aurait fait marche arrière et ne l’aurait pas traqué jusqu’à son domicile.

Il ne pénétra pas immédiatement dans la bicoque du vieillard. Mais l’observa un temps, par les fenêtres, guettant faits et gestes. Lorsque, attablé, le quidam commença à piquer du nez au-dessus de sa gazette, Sis’ entra dans la baraque grâce à un sort. Dans ce qui devait être un sas d’entrée, il tomba sur un énorme chat qui hérissa les poils, yeux exorbités. Le quadrupède commença à gronder après l’intrus, puis, sur la défensive, feula. Avant de pousser un miaulement interminable.

« Elvis ? » Le cri de la bestiole réveilla son propriétaire. Il se leva, contourna sa table avec peine « Elvis , qu’est ce qu’il se passe mon tout beau ? » puis cessa sa progression, lorsque la carcasse inanimée de son matou atterrit lourdement à ses pieds. « Nom de... » Le vieux sorcier leva les yeux. Devant lui, impavide, se tenait l’être de la nuit. Et dans ses orbes, brillait la faim.

*

C’était toujours avec le même emportement qu'il ôtait la vie, bercé par les palpitations d'un myocarde qui allaient en s’amenuisant. Or, cette fois-ci, un intrus l’importuna dans sa lancée - Repas avorté. A l’écoute de bruits nouveaux dans le vestibule, il laissa choir le vioque à ses pieds. Se planqua fissa, ombre parmi les ombres. Et laissa approcher celle ou celui qui avait osé le déranger. Un seul sort, franchit les lippes carmines, lorsque l’autre apparut dans son champ de vision ; « Flipendo ! »

Marlowe voudrait se dire que la vie n’est pas si mauvaise, mais ce serait mentir. Bosser en tant que Hound est encore pire que ce qu’elle avait pensé – et elle qui n’est pas particulièrement portée sur la violence s’est découvert une froideur qui l’effraie. Manger ou être mangée. Faire son boulot ou être décommandée. Elle se serait contentée de vivre de plusieurs petits boulots dans un trenchcoat et prétendre avoir une vie normale, plutôt que de chasser ses semblables pour le compte d’un gouvernement qui ne souhaite que les exterminer. Et si elle peut (en quelque sorte) tenter de fermer les yeux lorsqu’elle n’est pas en service, son Handler n’accepterait rien d’autre de sa part qu’un excellent travail.

Son seul iota de chance, alors qu’elle est pratiquement coincée à Londres, se trouve être un bonhomme vieillissant et (dangereusement) compatissant – pour quelques Mornilles, il lui fait chercher ses courses. Parfois à la semaine, parfois moins. Ça n’est rien d’extravagant, mais Marlowe n’est pas du genre à refuser une gentillesse (un peu de pitié) si ça peut lui permettre de mieux vivoter.
Et donc, ce soir, elle passe après le travail pour lui apporter la boîte de thé oubliée pendant les courses du matin – oubliées, ou volontairement laissées ? – non sans espérer se mériter une courte conversation. Quelques mots échangés avec courtoisie, sans le mépris habituel qu’on lui réserve.

La porte s’ouvre sans bruit, sans même qu’elle doive tourner la clé (étrange) et ce n’est pas une chaleureuse salutation qui l’accueille, mais bien une odeur familière, qui n’a pourtant pas sa place là.

Oh, et un sort, aussi.

Il s’en faut de peu pour qu’elle ne se le prenne dans les dents; le mouvement brusque vers la gauche suffit à peine à l’éviter. Marlowe trébuche dans les chaussures du vieil homme et s’échoue contre un mur, désorientée (son Handler en serait bien peu fier). « What the– » Et enfin l’odeur ferreuse, mais pas moins appétissante du sang lui emplit le nez, à lui faire tourner la tête. Un vampire et du sang : il ne lui faut pas plus de quelques secondes pour comprendre ce qu’il se passe. Pour comprendre que c’est trop tard pour celui qui choit sur le plancher de la modeste salle à manger. There goes the easy money. Un instant de regret pour le revenu supplémentaire. « Putain, mais le chat aussi ?! » Ça, c'est vraiment le pompon.

Son regard sombre passe du chat, à l’inconnu, au propriétaire du chat, avant de se poser sur l’inconnu de nouveau. Et, avant qu’il ne songe judicieux de tenter une approche plus agressive, Marlowe agrippe le manche de sa baguette et lance le sort le plus simple qu’elle connaisse – le plus aisé pour sa pauvre baguette bridée : « expelliarmus ! »

S’il est désarmé, au moins seront-ils peut-être sur un pied d’égalité.

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@Marlowe Hanmer

Strigoï adverse parvînt à esquiver le sort lancé, mais se gaufra néanmoins, fléchissant sur le corps inerte de papy. Durant une fraction de seconde, la nocturne resta statique. Court laps de temps durant lequel elle analysa la situation et décida de l'attitude à emprunter, face à l'intrus - Il était temps pour elle de passer à l’offensive. Un éclair rougeâtre jaillit de sa baguette, toucha Sis’ de plein fouet. Assassin se vit désarmé ; sa propre baguette voltigea quelque part dans l’habitation, tandis qu’il ploya sensiblement sous le sortilège ; carcasse centenaire recula jusqu’à cogner contre une commode.

S’il présenta lentement ses mains en avant, en signe de pseudo-capitulation, son regard, quant à lui, devint lourd. Lourd de rancœur. Lourd de contrariété, frustration d’avoir été ainsi touché. Car il était désormais en position d'infériorité, à contrario de l'autre. « D'accord, d'accord… Tout doux, ok ? » Tempéra t-il, à peine culotté. N’était-ce pas lui qui avait lancé les hostilités ? « Je n’ai pas voulu vous porter préjudice, seulement.. Vous m’avez surpris et je.. » Il ponctua sa salve de mensonges par un haussement d’épaules, secoua la tête. Imita le mec faussement gêné d’avoir réagi un peu trop promptement.

Son regard se posa sur le mage inanimé. Il avança d’un pas et dit ; « … J’espère qu’il ne s’agissait pas de l’un de vos proches.. ? » En réalité, il s’en foutait royalement. Toutes ces mimiques, ce cinéma, ne servaient qu’à lui faire gagner du temps. Parce que, mine de rien, ses billes céruléennes lorgnaient alentours, à la recherche de sa baguette, ou celle du vieux. Il approcha encore d’un pas. « Vous savez ce que c’est, lorsque la soif devient plus forte que la raison.. » Que des conneries. Sa bête, il la maitrisait depuis un bail maintenant. Il n'avait plus rien du néonate inexpérimenté. Au contraire, ça se voyait bien, à sa sale gueule, qu'il tenait plus du fossile que du bamby fraîchement transformé. Dans son champ de vision, plus sur la droite, il capta un bâton magique. Pas le sien, mais qu’importe. Il ferait l’affaire, pour peu que l'objet soit décidé à fonctionner. ( après tout Comyn venait de tuer son maitre et c'était un fait ; les baguettes étaient torves, parfois. ) Fallait-il encore qu’il puisse l’attraper ! « N'est ce pas ? » [...]

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